Mise au point de ma galerie d'ambigrammes
contenant notamment une inversion toute récente du nom de
Jorge Luis Borges,
et une liste de sites
remarquables consacrés à cet art.
Sonnet dactylographié sur la première rangée d'un
clavier français, c'est-à-dire avec les caractères
[Tab] a z e r t y u i o p ^ [Retour]
mais sans majuscules, sans apostrophe, sans trait d'union, et sans accents à part
le circonflexe.
Les espaces sont en réalité des tabulations
(vérifiez le fichier-source HTML, si vous ne me croyez pas !)autoportrait au rapporteur par pierre arturo azerty
traître typo arrête et tire ta rature
ta pure pitrerie aurait treize errata
raye tout titre auteur patati patata
trop petit papetier porte au trou ta pâture
prote au rare toupet apparaît ta rupture
oui ta torte utopie atterrit et rata
tout autre trope eut tort et au pire tâta
pour perpette ta tare irrite et te torture
prie apôtre ou pater pour ôter ta terreur
pour payer peu ou prou ta patriote erreur
et taire a priori tout trait prioritaire
ô reporter au trot ta tête a pu tarir
opte pour ta retraite au pupitre ou par terre
ta roture oratoire ira partout pourrir
12 décembre 2001
Sonnet palindrome de phonèmes
Chaque mot me cache (*)
L'or happe le sonnet du ténu récit nu :
Hier tôt, rêvant là, son père attend son thème.
Lors douze drames, shows - comédie et poème
Y a porté Perec à POL, logeur connu.
Et sans s'ingénier, l'os - lune en deuil - est venu...
Est-ce achevé ? Le sang coule à Jérusalem
Une taie de défunts. Son écrit ne vous sème
Mes souvenirs qu'énonce un fait de détenu.
Mais l'azur est jaloux quand se lève, chassée,
Une veille dans nul soleil, neige insensée,
Une ocre geôle opaque, air épais trop haï.
Mais au pays des mots cauchemardeux ou drôles,
Mettons, sans ta réponse, à l'envers au treillis
Unies ces rune, étude, et nos seules paroles.
(*) On rend ici l'hommage à mot licite en rond.
[Voir aussi ce grannet palindrome phonétique]
4 janvier 2002
Diérèses, synérèses & pharèses
Selon la façon dont on place ses diérèses ou
synérèses, le sonnet suivant est constitué d'hexasyllabes,
d'heptasyllabes, d'octosyllabes, d'ennéasyllabes, de décasyllabes,
d'hendécasyllabes ou d'alexandrins. Il y a 2^(6x14) =
19 342 813 113 834 066 795 298 816
(~= 2 x 10^25) façons de lire ce poème, parmi
lesquelles plus d'un milliard et demi de milliards sont des sonnets à
mètre fixe (et à césures fixes pour les vers de plus de
huit syllabes). Ça dépasse donc de quatre ordres de grandeur
les cent mille milliards de poèmes
de Raymond Queneau.
Ouais, y est hué !
Hier lion doué, pionnier louable,
Fier dieu rieur skiant cieux quiets,
Nuit puis lueur, juin fruitier,
Sioux bien pieux, douanier fiable ;
Hui vieux chien, truie point viable,
Buandier cuit, tuilier niais,
Huissier fui, noueux buis scié,
Suant pion muet puis huant diable...
Hier jouissions, puisions miel ;
Hui suis rien - pouah, suif, fiel !
Couard pioupiou boueux, puant zouave...
Puisse Io m'ouïr mieux qu'Ian Jouet !
Viens via l'ouest, viens pluie suave
Bruir cuir mien, ruer huit fouets !
25 janvier 2002
Grandeur & décadence de l'holorime
La chute
S'amuse Icare pris dans ses plumes unies.
Sa musique a repris : dansez plus mesurés,
Vos sens - urée de larme - au niveau censuré
De l'harmonie. Vos sangs surs aident l'arme honnie :
Ô temps ! Ça rajeunit autant sa rage nie.
L'aigle est venu leurrer les glaives nus. L'heure est
À l'usagé talus, âgé camp d'enterrés
Quand Dante errait sans songe, hennissant son génie.
Là je sais : l'âge c'est l'Enfer. Mais l'enfermer
En démodant des mots de remèdes remet
À l'état les désirs des irraisonnées zones.
Chevauche vautour, hante, ou rends dégâts des gars !
Faux faucon, conçois soif affadie d'ionone !
L'ailé mais méchant chant sans sens suit : suis gaga.
----------------------------------------------------------
Cette mise en scène d'un gâtisme progressif est constituée
d'holorimes successifs de 11, 8, 6, 4, 3, 2 & 1 syllabes :
(11 / + 1
/ 11) + 1
(8 / 4 +
4 / 8)
(6 / 6)
(6 / 6)
(4 / 4) (4 /
/ 4) (4 / 4)
(3 / 3) (3 / 3)
(3 / 3) (3 / 3)
(2 / 2) (2 / 2) (2 / 2)
(2 / 2) (2 / 2) (2 / 2)
(1 / 1) (1 / 1) (1 / 1) (1 / 1) (1 / 1) (1 / 1)
(1 / 1) (1 / 1) (1 / 1) (1 / 1) (1 / 1) (1 / 1)
Les alexandrins demeurent pourtant césurés à l'hémistiche.
Le premier distique forme un exemple de "poème-barre" à la
Le Lionnais (cf. "La littérature potentielle", p. 231), et
le dernier de "poème pour bègue" à la Jean Lescure (cf. le
fascicule n° 36 de la "Bibliothèque Oulipienne"). L'auteur
prie son aimable lectorat d'excuser ses quelques "h" muets
à tort, ainsi que ses "e" caducs entre voyelle & consonne.
Notez que certaines liaisons sont nécessaires pour que les
homophonies soient correctes. L'ionone est le parfum de la
violette. Le reste est limpide, ou bien vous êtes séniles.
Premiers essais d'hétéropanphonèmes :
énoncés contenant une seule fois chaque
phonème de la langue française, donc utilisables comme exercices de prononciation.
Ces 36 phonèmes se décomposent en 16 voyelles (i, é, ê, a, â, o, ô, ou, u, eû, e caduc, e, in, an, on, un) :
17 consonnes (p, t, k, b, d, gu, f, s, ch, v, z, j, l, r, m, n, gn) :
et 3 semi-voyelles ou semi-consonnes (y, w, u) :
Notez que le g nasalisé
des terminaisons anglaises en « -ing »
n'est pas pris en compte dans cette liste.
Une gouvernante vieillissante et moqueuse traîne derrière elle son mari
débutant et mal à l'aise :
Un jeune époux suit
inconfortablement
chauve duègne gouailleuse.
Si vous préférez, vous pouvez rendre l'époux chauve et la
duègne jeune. Je ne sais pas quelle version est la moins sexiste !
Comme le rythme des trois hexasyllabes le suggère, il est ici
nécessaire de prononcer le verbe "su-it" avec une diérèse,
de telle sorte que le phonème vocalique [y] soit représenté,
la semi-voyelle correspondante étant déjà employée dans "dUègne". Notez que ce premier essai est très imparfait, car le son
du "e" caduc est présent trois fois : ... inconfortablEment chauvE duègnE...
C'est certain, les synonymes de « gouvernante » et de
« danger » sont si grossiers et si difficiles à articuler
qu'ils en deviennent une bouillie :
Oui, vos goûts, « duègne », « écueil » : un jus
fâcheusement imprononçable !
N'oubliez pas la liaison entre les deux derniers mots. Nicolas Graner propose d'éviter
les guillemets en réordonnant les mots ainsi : Oui, j'eus vos goûts, duègne : un fâcheusement
imprononçable écueil.
Dans ce pays, les enfants sales ou prétentieux
ont systématiquement deux bosses sur le front. Il
est difficile de savoir s'il s'agit d'une tradition.
Un gosse puant, jeune, a deux gnons.
Coutume ? Ouais, chose invérifiable !
Il existe des variantes plus obscures mais parfois plus économiques
en nombre de lettres
(ce qui n'a en principe aucune importance dans un tel exercice phonétique).
Par exemple : Coutume invérifiable : chaud, un jeune osseux puant gagne onze oueds.
Coutume invérifiable, choix dû, ô jeunesse : un gazeux pognon.
Cette dernière proposition ne comporte que 49 lettres, mais nécessite
que l'on prononce dû ô en une seule syllabe, comme s'il s'agissait du mot
duaux avec une synérèse.
Petite annonce d'un vieux mais riche goujat,
incitant les jouvencelles à la débauche :
Oui, couche, ose et gagne !
Un insupportable
don Juan veuf est mieux !
Mais pourquoi cet exercice conduit-il à de telles phrases ???
[15/03/02] Nouvel hétéropanphonème, inspiré du pangramme
anglais « The quick brown fox jumps over a lazy dog » :
Mon tuant goupil beige a cogné
sur un de vos neuf oiseux chiens.
Deux octosyllabes, pour souligner qu'il y a une synérèse sur « tuant ». L'inversion de l'adjectif « oiseux »
(inutile, et non oisif) évite une liaison qui donnerait un
phonème [z] de trop. La prononciation du son [a] de cet adjectif [wazø]
n'est d'ailleurs pas claire dans les dictionnaires. Il faut ici que ce soit un [â]
postérieur, le [a] antérieur étant déjà représenté
avec l'auxiliaire « a ».
[L'écriture en Alphabet Phonétique International
de ce dernier hétéropanphonème est donnée dans
ce fichier GIF (7 Ko)
en une taille nettement supérieure.]
[19/03/02] Hétéropanphonème inspiré cette
fois des « Exercices de style » de Raymond Queneau :
Huez dans mon bus
un jeune oiseux guignol
au couvre-chef teint paille.
Cette phrase présuppose que l'on prononce « oiseux »
avec un [a] antérieur.
Si vous préférez le prononcer avec un [â] postérieur, comme
dans l'exemple précédent du « goupil beige »,
il suffit de modifier l'énoncé ainsi :
Tiens, un couvre-chef
au jeune oiseux guignol
a pué dans mon bus.
[19/03/02] Panphonème incluant le g nasalisé
des mots anglais en « -ing ».
Il comporte deux fois le « e » caduc (et même
deux fois le « z » si l'on effectue les liaisons),
mais c'est un parfait haïku (5-7-5 syllabes), qui met en scène
un amoureux de vieille mécanique :
Boueux parking mensuel.
Dingue neuf-chevaux âgée.
Oh zut, ouille : un gnon !
[20/03/02] Hétéropanphonème incluant trois sons rares
mais présents en français contemporain, à savoir :
le g nasalisé des mots anglais en « -ing »,
le [h] des interjections essoufflées,
le [x] de la jota espagnole, des « kh » arabes
et de certains « ch » anglo-saxons.
Il s'agit de la réaction violente d'un touriste découvrant les
conditions prévues pour ses vacances par son agence écossaise :
Ha, chiens tueurs !
Me jouez-vous un fongueux bagne
au camping du loch Ness ?
[21/03/02] Avec les mêmes 39 phonèmes, un hommage enthousiaste
aux brillantes improvisations de Jean-Sébastien sur les nombreux pianos
de Frédéric II en mai 1747 :
Hourra !
Volts, gnons, punch et fugue en jeu,
Bach swingue un quinzième duo !
Cet hétéropanphonème contient hélas deux
faiblesses : 1. Jean Fontaine m'a d'abord signalé que le dictionnaire Robert transcrit le
verbe « swinguer » avec le phonème du g nasalisé
suivi de celui du [g] normal (contrairement au substantif « swing »,
transcrit avec le seul g nasalisé). Tous les spécialistes de
phonétique ne semblent pas d'accord à ce sujet, mais ma phrase
risque néanmoins de contenir deux [g]. On peut donc essayer des variantes
du type : Hourra ! Volts, gnons, punch et swing en jeu, Bach fugue : un quinzième duo ! Hourra, punch, gnons ! Jeu en vol, Bach swingue un quinzième duo futé ! Hourra, punch ! Vos gnons en jeu ! Bach swingue un quinzième duo flûté ! 2. Jean-Claude Breton m'a ensuite appris que « Bach »
se prononce en allemand avec un [a] antérieur, et non postérieur
comme dans mon [bâx].
On peut s'en tirer en décidant que l'orateur a une prononciation
âristocrâtique, par exemple lors de l'exclamation [hurâ]. ;-)
[04/04/02] Toujours avec ces 39 phonèmes, un haïku
hétéropanphonétique qui gagne sa 17ème
syllabe grâce à une onomatopée :
Jota au dancing.
Je vois un grincheux couillon
huer : « Hum, pff, nul baigne ! »
Une nouvelle fois hélas, j'ai constaté que mes dictionnaires
conjuguent le verbe « voir » avec un [a] antérieur,
contrairement au substantif « voix » [vwâ].
[05/04/02] Une seule fois ces 39 phonèmes en deux octosyllabes,
sous forme de mise en garde contre les dangers du sirocco égyptien :
Hou ! Bang ! Voix gueuse, un chaud khamsin
--fin piège tueur-- ondule et cogne.
[L'écriture en Alphabet Phonétique International
de ce dernier hétéropanphonème est donnée dans
ce fichier GIF (9 Ko)
en une taille nettement supérieure.]
Rimes impossibles Écrire un sonnet dont les rimes sont les suivantes : -icre / -èple / -èple / -icre
-icre / -èple / -èple / -icre
-agle / -agle / -odre
-ousme / -odre / -ousme Il se trouve qu'aucune d'entre elles n'existe en français,
ce qui oblige à des contorsions...
[Jeu proposé par moi-même sur la liste
oulipo]Réponse utilisant toutes les astuces que j'ai trouvées,
à savoir dans l'ordre :
enjambements, accents, noms propres, mots anglais,
onomatopées, fautes de frappe, et mots inconnus.
Il me faut pour demain calculer sans anicr-
oche les éléments de cette orbite képl-
erienne. Mais je ne comprends plus rien : le dépl-
acement einsteinien n'est même pas d'un micr-
on ! Che me reficore et ruchis comme un ticre.
J'utilise Maple (qu'il faut prononcer Mèple)
sur un ordinateur Apple (doit-on dire Èple ?)
comme l'a conseillé mon patron Jean-Paul Icre.
J'aimerais m'exclamer : « At last I did finagle ! »
mais je suis congelé par ma bêtise -- agle agle...
Quand pourai-je voir soudre ici bas un peu d'odre ?
La honte m'envahit : je devine que tous m'
accusent de paresse et d'amour de la gaudre.
Gloire à Dieu ! Mon programme a trouvé l'apochlousme !
Jean-Paul Icre
existe vraiment : les moteurs de recherche sur Internet
m'ont appris qu'il est le président de la Fédération de l'Ariège.
Le verbe anglais
to finagle
signifie "réussir quelque chose par des moyens plutôt tordus".
Le protagoniste confirme ici son incompétence en prononciation anglaise,
puisque ce verbe ne rime pas du tout avec l'onomatopée suivante.
L'onomatopée
"agle agle" est attestée comme équivalent d'"aglagla".
Les mêmes moteurs de recherche vous prouveront que la quantité de
personnes à écrire
ordre
sans son premier "r" est inquiétante.
Mon onzième vers élimine volontairement deux autres "r".
Le mot "gaudre" n'existe pas, mais peut être considéré comme une
apocope de "gaudriole".
Le dernier mot pourrait signifier l'apoastre d'une orbite autour de
l'étoile Chlousmos, mais à ce jour aucune n'a été baptisée ainsi. L'"apochlousme" ressemble plutôt à un mot-valise construit sur les
deux précédentes figures de rhétorique : l'apocope et le chleuasme.
Deux autres réponses sous forme de sonnets dissyllabiques Le premier décrit de façon méprisante certaines
mélodies ennuyeuses, et en donne au passage un exemple;-).
Le deuxième évoque les détournements d'argent de certaines
églises, qui profitent de la superstition des ouailles, effrayées
de devoir bientôt revêtir un linceul. Ces deux poèmes
immortels sont censés être répétés
indéfiniment, le premier comme une rengaine, le second comme une
prière. Cela permet à la dernière rime en -ousme
d'être respectée.
Écrire un palindrome d'hémistiches
[Jeu proposé par moi-même sur la liste
oulipo] Réponse sous forme de sonnet d'alexandrins
Parabole
Épanche un sommeil noir sur ta paupière close.
Puis reste quiet une heure et guette les rayons
Du matin : jusqu'au soir goûte-les ! Réveillons
Un esprit qui affleure aux rives de l'hypnose.
Amène, sans délai croque la vie en rose,
Comme un cycle de lais ivres de tourbillons
Quand sourd l'apothéose. Évite les bâillons,
Évite-les ! Bâillons quand sourd l'apothéose,
Ivres de tourbillons, comme un cycle de lais
Croque la vie en rose. Amène sans délais
Aux rives de l'hypnose un esprit qui affleure.
Goûte les réveillons du matin jusqu'au soir
Et guette les rayons. Puis reste quiet une heure...
Sur ta paupière close épanche un sommeil noir.
Réponse sous forme de sonnet dissyllabique
Grivois, c'est l'avril assez froid.
Verdoie vers là : voilà la voie !
L'avère doigt-vert froissé :
L'avril lassé voit gris.
[Rémi Schulz a suggéré par la suite le joli jeu
de mots borgesien « April March » comme titre de ce
sonnet dissyllabique.]Réponses
d'autres abonnés à la liste oulipo
18-25 février 2002
Écrire un texte en "tlönien austral"
[Jeu proposé par moi-même sur la liste
oulipo]
La première nouvelle des « Fictions » de Jorge Luis Borges, intitulée
« Tlön Uqbar Orbis Tertius », est fortement inspirée par la mécanique
quantique. En particulier, la langue imaginaire de l'hémisphère austral
de Tlön est un analogue de ce que les physiciens appellent la « seconde
quantification » : ce qui était considéré jusque là comme un objet
(fonction) devient une action (opérateur), celle que l'objet peut
avoir sur le reste de l'univers. Voici le célèbre passage où Borges
décrit cette langue (dans la traduction de P. Verdevoye) :
Les peuples de cette planète sont -- congénitalement -- idéalistes.
Leur langage et les dérivations de celui-ci -- la religion, les
lettres, la métaphysique -- présupposent l'idéalisme. Pour eux,
le monde n'est pas une réunion d'objets dans l'espace ; c'est une
série hétérogène d'actes indépendants. Il est successif, temporel,
non spatial. Il n'y a pas de substantifs dans la conjecturale
Ursprache de Tlön, d'où proviennent les langues « actuelles »
et les dialectes : il y a des verbes impersonnels, qualifiés par
des suffixes (ou des préfixes) monosyllabiques à valeur adverbiale.
Par exemple : il n'y a pas de mot qui corresponde au mot lune,
mais il y a un verbe qui serait en français lunescer ou luner.
La lune surgit sur le fleuve se dit hlör u fang axaxaxas mlö
soit, dans l'ordre : vers le le haut (upward) après une fluctuation
persistante, il luna. (Xul Solar traduit brièvement : il
hop-après-fluence-luna. Upward, behind the onstreaming it mooned.)
Je vous propose pour lundi prochain (25/02) d'écrire un paragraphe
en français, mais imitant les caractéristiques du tlönien austral.
Il ne s'agit pas seulement d'éviter tout substantif -- contrainte
chère à l'OuLiPo --, mais également de se passer de la notion d'objet
matériel, pour se concentrer sur les événements passagers. Certains
des « Exercices de style » de Queneau se rapprochent de cette deuxième
idée, d'ailleurs, mais ils ne se privent pas de substantifs.
Réponse inspirée d'un fabuleux classique
Il croasse noir puis il glapit roux
Il vente noir pendant qu'il frémit vert.
Ça sent ensuite plutôt fort.
Il bruisse roux soudain à découvert
Glapissant flou mais photophore :
« Qu'il fasse bon quand ça croasse !
Qu'il chatoie constamment et jamais ne décroisse !
Sans mentir, si ça vocalise
Autant qu'il brille et qu'il stylise,
C'est renaître aujourd'hui cendré puis mordoré. »
Alors il enfle noir comme à s'évaporer
Et pour crânement pérorer,
Il se fend largement ; ça choit expectoré.
Mais ça s'arrête roux en glapissant moqueur :
« Retenir à contrecoeur
Qu'en flagornant, ça s'est ravitaillé.
Y penser vaudra bien qu'il sente moins caillé. »
Il rougit sombre en croassant
Certes un peu trop tard : « Rien n'est plus agaçant ! »
Réponses
d'autres abonnés à la liste oulipo
1er avril 2002
Holorhume
Balèze bien dosé, décidé, aux bords raides
au milieu de marrons mufles : ô mec mouché !
Ô bilieux de barons, buffles aux becs bouchés :
malaise mien, nausée dessinée aux morts reines.
Ta bise est adulée par ta torride laide.
Chers amis encornés, sales mines mâchées ;
chers habits encordés, sales bides bâchés !
Ta mise est annulée par ta taurine laine.
Tu comptes tes moutons, quel honneur amusé !
Tu comptes tes boutons, quelle odeur abusée !
Sans gerber, la boisson est fade et abolie.
Tu décodes ces bouts de doux enduits cordiaux :
sans germer, la moisson est fanée, amollie...
Tu déconnes ; c'est mou ! Ne nous ennuie, corniaud !
Chilles Ezbozido-Varèsse
22 avril 2002
Contrepoint
Rechante
(rondeau l'après-midi -- et que nocturne tait)
Reine des piccolos, traîne accrus demi-tons ;
Aux toniques réponds des murs de clarinettes !
Rions des cors punis -- lamento de requêtes --
Au rythme du cornet, de patinés clairons.
Dès que note m'étripe, unir l'accordéon
Aux lyre et harpe dont une hymne, air de coquette,
Écrit mon ode unie, et deux crotales prête
Au net prélude, tic d'énormes carillons.
Épinette, lecture aux rondes d'harmoniques,
N'être du piano contraire mélodique,
Quérir au nez -- piquer -- d'Ondes Martenot l'ut.
Que crient altos, ténors !... Muet père d'ondines,
Aède inepte qu'ont ridé cromorne, luth,
Et l'unique cordeau des trompettes marines.
J'ai phrase au style poésie
gef@iap.fr
Tous les vers sont des « anaphonèmes » les uns des autres, c'est-à-dire
des anagrammes après transcription en alphabet phonétique international.
Comme le mélange des sons est ici total, on ne peut plus parler de
contrepèteries, ni même de « contrepèteries décadentes », bien que ces
deux catégories soient des cas très particuliers d'anaphonèmes. On peut
d'ailleurs aussi considérer les holorimes comme des cas encore plus
particuliers d'anaphonèmes [« Elle eut ni queue : corps d'eau détrompé
te marine. » (La petite sirène)].
Ce poème est donc un analogue phonétique de mon sonnet anagrammatique
« Tranche ! »,
dont le dernier vers était aussi le célèbre monostiche « Chantre »
d'Apollinaire. Comme la contrainte est ici légèrement moins dure,
j'ai respecté l'alternance des rimes, et saturé les vers du plus
possible d'allusions musicales. Les instruments sont presque classés
comme sur une partition d'orchestre, par catégorie et par hauteur.
Rappellons que la trompette marine est une contrebasse antique à une
seule corde (comme le vers d'Apollinaire la décrit et l'illustre).
Mis à part mes récents « hétéropanphonèmes », il s'agit de mon premier
essai de poème « anaphonétique », et j'avoue trouver cette contrainte
fort intéressante. J'ai volontairement choisi un thème différent de
« Tranche ! » pour ne pas radoter, mais rien n'interdit évidemment
d'être plus profond que cette vague orchestration contrapuntique. Par
exemple, dans le genre macabre, on peut construire des choses comme
Haine inepte, la mort dut contredire Écho.
ou bien dans l'autre sens
Écho : ne perdre donc une immortalité.
Dans le style autoréférent, il y a aussi des phrases du type
Contrepèterie d'art ? Ô quelle ode inhumaine !
(Contrepèterie drôle, ad hoc et inhumaine...)
Bref, bien que ça demande du travail, j'ai l'impression qu'on peut dire
à peu près ce qu'on veut en respectant cette contrainte...
Bien amicalement (aïe, mine immanquable !) ; Gef_
[30/04/02] L'alexandrin suivant est à la fois une anagramme et un
anaphonème du « Chantre » d'Apollinaire (mêmes lettres & mêmes phonèmes) :
Phonnet II
utilisant plusieurs fois le I comme un yod (i mouillé
semi-consonne). Le thème du poème peut être
interprété de façon métatextuelle, puisque
la version en lettres capitales paraît
« dénudée » et que la
littérature à contraintes déplaît souvent
au lecteur coincé. La présence de
l'écuyère a deux justifications : de nombreuses
lettres épelées sont en effet « à
cheval » sur deux mots, et jouer avec les lettres est mon
dada (auquel j'ai cédé, comme l'indique le dernier
vers).
[texte nu] [version habillée]
ROCX Éros (et X)
CTQIRAVDPIZMR Cette écuyère avait dépaysé des maires,
LNIZYAPZMHO Hellénisé dix grecs, apaisé des machos.
LMLHRIFEISMAIO Elle aimait, la chérie, effeuiller ses maillots
SEDVTDVTILFMR Et se dévêtait : d'Ève étayait l'éphémère.
LRMRVIEZNUDHR Elle errait, merveilleuse et dénudée. Ah, chair !
OQICPCQLNNSIO Ô cuisse épaisse et cul, et les nénés si hauts,
LMAIDKPLEIWIO Et l'émail décapé ! Et l'oeil doux, bleu, veille au
KILHNRVLAQZEIR Caillé, lâche, énervé, et l'accusait d'oeillères.
AVKCDZRUZLIK Avec assez d'aise et des rusés délicats,
LOZRIDABATCK Elle osait dérider abbés, athées -- ces cas
DTTRICZEKZIR D'étêtés hérissés et de casés d'hier.
LAJTLNARINSFS Elle agitait et l'aine, aérienne, et ses fesses :
GVQDZNDTTZSR J'ai vécu des édens, des tétées et desserts.
BAGCDACBZEDS Béat, j'ai cédé à ses baisers de déesse.
[Voir aussi mon premier sonnet alphabétique,
plus obscur mais plus « noble ».]
En rab : cinq haïku alphabétiques et palindromes
Présentation de l'héroïne du « phonnet »
ci-dessus à notre ami Éric Angelini :
CTQIR Cette écuyère
ARINIRA aérienne y erra :
RIQTC Éric, hue ! T'essaies ?
Autoréférence :
QVCAG Cuvez ces âgés
TAIQIAT thés ! Haïku y hâtez !
GACVQ J'ai assez vécu.
Don Juan et la botaniste :
NIMLU Nième élue
NAVDVAN et n'avait d'hévéa haine.
ULMIN Hue ! Elle est mienne.
Les règles du souverain :
JRNFH J'y ai reine et fâche.
GADCDAG J'ai à décéder âgé.
HFNRJ À chef, énergie !
Infusion laxative :
KKOIR Cacao hier ;
RITDTIR héritez des théières,
RIOKK et ris de tes selles !
16 juillet 2002
Monosyllavocalisme
Sonnet autoréférent monovocalique et monosyllabique
(e caducs élidés avant voyelle ou en fin de vers). L'alternance
des rimes est respectée.
Thrène
Frère en fête et en zen, je te tends ces sept vers.
C'est net, ce texte en E se sert de très brefs termes.
Je les cherche et les pêche en des rets chers et fermes
Et les trempe en cette encre, et les verse en ces mers.
De lettre en verbe, en thème, et en thèse ès prés verts,
Je prends le temps de mettre en mètre et en cent germes
Le hêtre et le né en des jets de verve en thermes...
Frère en spleen et en stress, tes sept vers, je les perds.
Je n'en sens de sens dense, et ce speech lent me pèse.
Je mets des vers de terre en règle, en schème, en tmèse,
Et les rends tels des ergs de grès, tels des pets secs.
En tweed nègre et en stretch, ce spectre erre en mes rêves :
L'elfe entre, enfle, et me ferme et le nez et le bec.
Ce tertre en est le terme et je crêve en ses trêves.
Gef_
[Voir aussi ce sonnet monosyllabique et lipogrammatique.]
21 août 2002
Version holorime d'El Desdichado de Nerval
El Dolorimado
(Le Déshérimé)
C'était toi le sombre homme et l'odieux solitaire,
Désastreux Aquitain tant grisé d'aise et rites.
Cette étoile sombre : ô mélodieux soli taire
Des astres à qui teint en gris et déshérite !
Tombeau lisse et marron, douce âme arrêtée hier,
Oh ! rends ton eau de mer et veux-tu geler vite !
Ton beau lys est ma ronde où s'amarraient théières,
Or en tonneau de mes rêves tus ; je lévite.
Je crois être éternel - en fer - et, laquais rond,
C'est ainsi, Reine m'a brûlé dans ses rapports.
S'éteint Sirène, ma bru laide en ces ras ports.
Je croisais, très terne, et l'Enfer et l'Achéron,
En modulant mes chants - comme Orphée peut sa lyre -
En mots du lent méchant qu'aux morts fait peu salir.
Gégé deux Nerval
[Voir aussi mes autres réécritures
de ce sonnet de Nerval, une précédente
version holorime
de Patrick Flandrin,
et mes autres poèmes holorimes comme ce
sonnet barbare ou cette mise en
scène d'un gâtisme progressif.]
Lettre d'un vieux gourmand
à une gente damoiselle,
suivie de sa réponse
J'étais un vigneron pas bien,
homme aux choix luxueux, doux gants neufs.
Présentons-nous chu comme un veuf,
agneau bleu : je suis gai doyen.
Chanceux, j'avais plus d'un moyen :
te cuire aux oignons gnou et boeuf.
Vois : du rhum luit. Je goûte un oeuf
-seize oeufs !- et champagne ô combien...
Viens chez moi, jeunesse, aux campagnes :
un loup on fut, gobeuse d'huîtres !
J'eus un vin chinois, ô compagne.
-- Mais ce gluant bouffeur est odieux !
Jeune, un cochon suant vos épîtres
fait bagne moins goulu. Adieu !
Ce sonnet respecte une contrainte très dure. Chaque
couple de vers (1-2, 3-4, ..., 13-14) doit contenir
une et une seule fois la totalité de ces phonèmes :
i, y semi-consonne, é, è, a, â, o, ô, ou, w
semi-consonne, u, u semi-consonne, e fermé,
e ouvert, e caduc, in, an, on, un, p, t, k,
b, d, g, f, s, ch, v, z, j, l, r, m, n, gn.
Ce sonnet d'octosyllabes est donc constitué de sept
hétéropanphonèmes consécutifs - sans les 3 phonèmes
un peu à part que sont le h soufflé, la jota, et le
g nasalisé des terminaisons anglaises en -ing. Il y
a parfois des ambiguïtés sur la prononciation des a
antérieurs et â postérieurs ; j'en suis tout mârri.
Le thème de ce poème a presque été choisi tout seul
par la contrainte, mais si l'on veut, on peut quand
même lui chercher une signification métatextuelle :
à gober tous les sons, l'on devient indigeste. Gef_
Sept distiques holorimes
Honorim de Balzac
(chaque volume pèse
un bon demi-kilo ;
lire tout cet obèse
est un sacré boulot)
Le roman se veut livre et m'enlise en ses tomes :
L'heure oh! m'ensevelit vraiment, lisant cet homme.
Lewis Carroll
(l'héroïne insoucieuse
a vu paraître au bord
du lac une faucheuse
obscure qui la mord)
Alice, une oie, rôdait au lac à marc de larmes
À l'issue noiraude et tôt la Camarde l'arme.
Georges Perec
(un baryton s'effondre
au milieu de l'action
laissant Conson répondre
à sa malédiction)
Anton hélas t'a tu deux mots à râler car
Entonnait la statue de Mozart à l'écart.
Paul Fort
(vois, l'amour est tout près,
fais donc le premier pas ;
cours vite dans le pré :
le bonheur n'attend pas)
Ah tendre ami, pars ! Cours ! Danse, chantonne et va
Attendre à mi-parcours, dans ce champ, ton Éva.
Jean-Roger Caussimon
(la fille de vingt ans
à chevelure rousse
apparaît à l'instant
où la douleur s'émousse)
Sa mort sûrement porte aux tempes plaid orange.
Sa morsure m'emporte au temps peuplé d'or, ange.
Jorge Luis Borges
(au jeu diffamatoire,
un gros mot moins odieux
lui fait apercevoir
l'existence de Dieu)
Rot (que le fécal mot assimile) eut miné,
Rauque, le fait qu'Almotasim illuminait.
Italo Calvino
(si ta vie trop amère
est amorphe, ennuyeuse,
observe dans la mer
ton image rieuse)
La ville est trop molle au galant versifiant :
Là vit l'être homologue à l'envers, s'y fiant.
[03/11/02] Sombre quatrain d'octosyllabes holorimes à mettre au point.B-|
(Le temps nous a coupé
notre goût des cépages,
et l'oeil inoccupé,
nous sombrons sans ambages)
La mort ose : elle a ses scies, tait
l'âme aux rosés lassée. Si t'es
là morose, hélas est citée
l'amaurose et la cécité.
L'oeil figera ses postes
gef@iap.fr
12 septembre 2002
Polysémie
Peut-être pensez-vous que cet hendécasyllabe fait allusion
aux événements du 11 septembre ?
ô pays ouvrons les avions nous le ferment
Pas du tout ! C'est un alexandrin correctement césuré, qui
suggère à plusieurs nations de supprimer les droits de
douane sur les produits peu courants comme le bifidus.
Syllabaire bafouillant
Victor est un gamin déluré. Son oncle s'est marié à une
rwandaise volage. Le môme en profite donc pour la caresser,
lui enlever son corsage, et la chatouiller depuis la tête
jusqu'à sa poitrine si affriolante. Mais les frères de la
jeune fille se vengent en rasant le crâne de Totor, puis en
le bâillonnant et en le forçant à marcher à quatre pattes
vêtu d'une jupette africaine. Ils ont de plus aspergé de
solvant les bandes dessinées du gosse, mais celle qu'il
préfère a heureusement conservé toutes ses couleurs.
Tâte à ta tata !
Toto tôt t'ôte haut :
titi t'y titille
tes tête & tétés
tant tentants ; t'entends ?
Tontons t'...(honte !) ont ton-
du. Tu, t'eus tutu
tout hutu, toutou ! Tintin tint teinte, hein.
8-/
21 septembre 2002
Bibliographie probablement exhaustive de Georges Perec
présentée à la manière du timbre à son effigie
paru ce samedi 21/09/02
24 septembre 2002
Haïku avec l'accent : diacritique de l'oraison pure
[Toutes les voyelles portent un accent.
Le würm est la quatrième période glaciaire]
Blé brûlé très tôt
L'été déjà détrôné
Ô würm déréglé !
(Bâshósìtô)
File les poésies gratos !
gef@iap.fr
28 septembre 2002
Haïku polysémique (tanka faire)
Cul-de-jatte ou fou ?
C'est un mensonge en tout cas :
Le dément l'infirme.
(Tu Fu, « Tukas »)
Église à fols estropiés
(Le fol estropié, sis sage)
gef@iap.fr
6 octobre 2002
Haïku totalement réaccentuable
[Une voyelle par mot change d'accent dans le haïku. La
difficulté principale est de conserver le bon nombre de syllabes.]
Toux devient ténue : nous pouvons maintenant chanter des
rengaines ensemble, mais je reste ici pour surveiller le repas.
Mêlons d'aiguës scies,
mais où ? Muré là, planté
à cause du rôt.
(Comte Dâgen, « Nô : us rimés »)
Toux dévient tenue : ces plats ont provoqué un renvoi prévisible.
Melons d'Aigues sciés,
maïs ou mûre : la plante
a causé dû rot.
(Comté d'Agen, « Nous rîmes »)
Le repas fit glose sosie
gef@iap.fr
15 octobre 2002
Version aboyée d'El Desdichado de Nerval
[Chaque syllabe contient le son
« oi »]
L'hoir boite
Broie noir. Sois proie.
Toit choit. Couac : noise.
Watts cois, voix coite.
Quartz froid. Pouah, poisse !
Soir. Toi, crois-moi :
Dois square ! Oie squatte.
Soie seoir : joie ! Quoique.
Noix. Soif ? Bois poire !
Quoi ? Choix : croix, gloire ?
Roi gouache où as coiffe.
Vois squale --ouah !-- moite.
Trois fois : wharf, voile.
Doigt droit loua moine :
soit foi, soit foire.
Joual
Hoir : héritier.
Wharf : quai.
[Voir aussi mes autres réécritures
de ce sonnet de Nerval, et cette version holorime plus
récente.]
21 octobre 2002
Version cruciverbiste d'El Desdichado de Nerval
El Descruzado
I Je suis comme un lépreux banni, discriminé,
II Prince d'une région dépouillée, amaigrie.
III Mon luth et mon étoile au trou vont terminer :
IV La Dépression m'appelle - au fond de sa patrie.
V Toi qu'on a vu s'abattre et se disséminer,
VI Retourne-moi l'État yonnais sans symétrie,
VII Mon antique jeton romain foraminé,
1 La treille où fanent pampre et rose rabougrie.
2 Suis-je une citadelle au faîte vermoulu ?
3 Mes tempes ont pâti du sceau de la vérole
4 Car je brade à nouveau mon rêve et ma parole.
5 J'ai vu - plein de bon sens - the terme révolu,
6 Et je sais engendrer les chants à la cithare
7 De nymphe évaporée ou d'inverse cathare.
Tristard de Bernal
Notes techniques :
Les cinq rimes du sonnet utilisent des sons vocaliques
différents, et l'alternance est respectée. Il y a deux
rimes en -né, deux en -ner, deux en -grie et deux en -trie.
Un e caduc enfreignait au début les règles de Malherbe
dans mon dixième vers : « Mes paupières seront
marquéEs par la vérole ». Rémi Schulz a
immédiatement trouvé la solution donnée ci-dessus.
Les définitions contiennent en principe suffisamment d'indications,
mais hélas mêlées à d'autres informations inutiles,
afin d'évoquer de temps en temps le Desdichado original. Ça
les rend donc particulièrement difficiles à résoudre.
Quand plusieurs mots sont à définir dans un même vers, ils sont
séparés par des tirets.
Au sixième vers, « yonnais » signifie « de La Roche-sur-Yon ».
Au septième vers, « foraminé » signifie « percé de petits trous ».
Le savoir ne vous aidera hélas pas pour la résolution. ;-)
ATTENTION, je donne plus bas la solution, donc si vous avez envie
de chercher, arrêtez ici votre lecture !
Note technique :
La grille est monovocalique. Il en existe sans aucune case noire mais
elles sont symétriques, c'est-à-dire qu'elles utilisent les mêmes
mots horizontalement et verticalement. Pour avoir droit à des vers
différents dans le sonnet, j'ai donc été forcé à
quelques contorsions en plus de la case noire.
Explications :
I SÉGRÉGÉ = banni, discriminé.
II ÉCRÉMÉE = dépouillée, amaigrie.
III CRÈVENT = vont terminer au trou.
IV HÈLE = appelle.
EN = au fond de.
V ÉTENDRE = abattre, disséminer.
VI NEÉDNEV = vendéen à l'envers. La Roche-sur-Yon est le chef-lieu
de la Vendée. L'expression « Retourne-moi » est censée
mettre sur la voie de cette inversion, tout en faisant
allusion au « Rends-moi » du Desdichado original. Notez
que cet adjectif est effectivement « sans symétrie ».
VII TESSÈRE = jeton utilisé dans l'antiquité romaine.
1 SÈCHENT = fanent.
2 ÉCRÊTÉE = dont le faîte est érodé. Le féminin est indiqué par le
genre de « citadelle ».
3 GRÊLÉES = marquées par la vérole (un des sens de cet adjectif).
La correction de Rémi Schulz garde l'information du féminin
pluriel dans le mot « tempes ».
4 REVENDS = brade à nouveau.
5 ÈME = régionalisme pour « jugeote ». Quel que soit le sens dans
lequel on le lit, c'est le bon (comme l'indique la définition).
DNE = end à l'envers. Le terme « terme » signifie la fin, et
l'article anglais « the » est censé mettre sur la voie.
« Révolu » signifie étymologiquement « qui a subi une
rotation », donc l'inversion est aussi indiquée.
6 GÉNÉRER = engendrer.
7 EÉTNEVÉ = éventée à l'envers. « Évaporée » est synonyme, et l'on évente
parfois pour purifier, d'où la présence d'une cathare (= pure).
L'« inverse » donne une indication pour la résolution, tout en
évoquant l'opposition nervalienne entre la fée (nymphe) et la
sainte (cathare).
Recevez mes révérences enchevêtrées ; Gef_
[Voir aussi mes autres réécritures
de ce sonnet de Nerval, et ces versions holorime &
aboyée plus récentes.]
Apoastre
[Juste les règles classiques du sonnet
& un jeu sur les rimes]
Fini le premier trimestre
Et ses tracas magistraux
Célébrons la Saint-Sylvestre
En nos canons ancestraux
Lorsqu'une blancheur alpestre
Orne les plans cadastraux
Le rêve astral est terrestre
Et nos psaumes orchestraux
Frère humain tu n'enregistres
En t'accompagnant de cistres
Qu'un chant de Zarathoustra
Ses révélations illustres
Ont prouvé depuis des lustres
La mort de Dieu -- c'est extra
En rab, deux alexandrins blancs, anagrammes l'un de l'autre
[d'après une idée d'Éric Angelini
& de Frédéric Schmitter]
Un deux trois quatre cinq six sept huit neuf dix onze :
Douze pieds sûrs qui ont chaque nuit fini trente (XXX).