Gef's Contributions to the Oulipo Mailing List

[0. Classification of the constraints]
[1. Old oulipian page (90s)]
[2. Translation exercises (96-97)]
[3. Miscellaneous constraints (97)]
[4. Oulipian games & poetry (97-98)]
[5. Oulipoetic constraints (98-99)]
[6. Oulipoetry in 1999]
[7. Y2k texts]
[8. Grannets, tanka & Nerval]
[9. Poetry & symmetry (2000-01)]
[10. Sonnets et al. (2001-02)]
[11. Homophonies, anagrams, etc. (2003)]
[12. Combined constraints (2003-04)]
[13. Some original constraints (2004-06)]
[14. New literal constraints & pangrams (2006)]

15. Holorhymes, pangrams, etc. (2006-08)
[16. Polysemy & Pastior (2008)]
[17. Collective poems & vocalic sonnets (2008-09)]
[18. Lists & saturation (June-July 2009)]
[19. Anagram pairs, Loyd & Fournel (2009)]
[20. Rhymes, anagrams et al. (2010-11)]
[21. Cut-up, outlaw, Mathews, etc. (2011-12)]
[22. Complex rhymes, multi-lipograms & self-justification (2013)]
[23. Doublets, arithmonyms, alpharhymes, etc. (2014)]
[24. Homoconsonantisms et al., braids, anagrhymes (2015)]
[25. Anagrams, holorhymes, Morse, etc. (2016)]
[26. Rhythm & pangrams (2016)]
[27. Compositions, holorhymes and new constraints (2016-17)]
[28. Syllabic squares, vocalic sequences, music, etc. (2017)]
[29. Paradoxical constraints (2018)]
[30. Extensions of anancograms & other constraints (2018)]
[31. Express palindromes (2018)]
[32. Digrams, mesonyms et al. (2019)]
[33. Intervals, primes, n-grams & Queneau (2019)]
[34. Statistics and prime ASCII art (2020)]
[35. Extensions of HOGs & palindromes (2020)]
[36. Acrostics, rhythm and many other constraints (2020)]
[37. Block designs, neo-gematria, paronyms & boundaries (2020)]
[38. Metatogs, irrational sonnets, neo-sestinas, etc. (2021)]
[39. Prouhet-Thue-Morse, generalized sonnets and other forms (2021-22)]
[40. Architogs, polysympathy et al. (2022)]
[41. Paronyms, protehogs, dichotomy, etc. (2022)]
[42. Tropes and generalized palindromes (2022)]
[43. Block designs, binary gematria et al. (2023)]
[44. New express palindromes and octina (2023)]
[45. Paronyms, surdefinitions & palindromes (2023)]
[46. Recent stuff (2024)]
[Appendix: Homages to a few oulipian friends]


For your first visit, I suggest this selection

5 novembre 2006

Deux miniatures autoréférentielles
pour l'inauguration de ma 15e page oulipienne

Sonnet

Un beau jour le prince
Des chantres amorce
Quelque tour de force
Hors de sa province

Parce qu'il en pince
Pour la rime torse
Bientôt ça se corse
Et sa muse coince

Est-ce le divorce
Pour la mince entorse
D'un nombre qui grince

Comme vieille écorce
Érato l'évince
Au verset quatorze

Ou peut-être quinze



Distique sans rime ni raison

Si ne rime à rien  quatorze pour un historien des Sforze1
   La terminaison de quinze    donnera raison    à Linze2


(1) dynastie italienne
(2) poète belge


16 novembre 2006

Anagramme
[Ce texte utilise les mêmes 999 lettres que l'Annan de Le Tellier, mais imite
Ulud, une autre de ses Cités de mémoire. Je l'ai construit pour jouer avec
mon vérificateur d'anagrammes, programmé deux jours auparavant.]

Après un jour à naviguer dur, nous entrâmes tard dans l'archipel rassurant d'Annan -- non sans nous sentir dérangés, la mer ayant été forte. Mais nous fûmes fêtés en empereurs, et avons bu de la liqueur du chef insulaire des trois monts.

On peut rejoindre à pied tout endroit de la rade. Des gués de corail envahi d'un sable jaune ondulent entre des eaux bleues. Les résidents d'Annan vivent de mets de merlans frits et de fruits ronds, mais la nature est florissante et l'on n'a jamais faim. Les enfants vont jouer en liberté, dorlotés par tous, ignorant qui est leur mère.

Il règne sur les îles d'Annan une tradition surprenante : leur Dieu grognard y refuse aux hommes et femmes le don de connaître le bonheur physique deux fois avec tel même partenaire. Les ménages se font et défont donc aussitôt, et sans hasard, l'on quête de récif en récif un nouvel ami de lit. Il arrive parfois, après tant de corps et de têtes, que l'on ne se souvienne de rien. Le coït est alors autorisé, car le Dieu, sans doute, y est inattentif.

Nous avons toutefois rencontré certains ménages qu'on prétend unis depuis des années. C'est qu'ils vivent dans l'abstinence totale, voire, plus souvent encore, qu'ils simulent l'un comme l'autre, pendant l'acte, un parfait déplaisir sexuel.

[Voir aussi mes normalisation statistique & ananyme de la même nouvelle
« Annan » de Le Tellier, et cette autre anagramme d'Élisabeth Chamontin]

21 novembre 2006

Programmation d'un vérificateur de palindromes
en général pas trop stupide pour signaler les possibles erreurs

Et en rab un simpliste testeur de contrainte du prisonnier


5 décembre 2006

Programmation d'un calculateur de gématrie
[saviez-vous que Georges/Perec ~= (Georges+Perec)/Georges ~= 1,618 donne le nombre d'or avec trois décimales ?]

Et un pangramme assez cohérent de 29 lettres, obtenu quelques jours auparavant [gadjo = non-gitan]
Trinquez encore, amis Gitans :
Pour nous ça n'est débilitant.
Buvez cinq flux, whisky rompt gadjo.

En complément, un hétéropangramme utilisant le nom d'une commune française, trouvé le 12/02/07
Préférez-vous les espaces cloisonnés & mal fréquentés
de la Meuse, ou bien le serpolet des plateaux norvégiens ?
Warcq : box, zig punk ; vs fjeld : thym


12 décembre 2006

Programmation d'un traducteur automatique de pages Web en « baragouin »


9 janvier 2007

Vœux en rase-mottes


7 – 12 février 2007

Hétéropangrammes épelés
[En juillet 1997, Patrick Flandrin a construit un hétéropangramme (= contenant une seule fois chacune des 26 lettres de l'alphabet) dont l'épellation donne un texte remarquablement fluide & cohérent : MUOBZLNDSATÉGPYWQFIJKCRXHV, c'est-à-dire « Ému aux baisers d'Hélène (déesse athée), Égée, pays grec, doux, bleu, vécut effigies cassées et rixes achevées. »
J'ai suggéré à la liste oulipo de chercher d'autres énoncés de ce type, mais comme l'élégance de Patrick est imbattable, j'ai aussi proposé d'imposer une surcontrainte à l'exercice : y interdire l'utilisation des mots « double » et « grec ». Plusieurs abonnés de cette liste ont une nouvelle fois démontré leur virtuosité. Mes propres solutions sont données ci-dessous.]

[Voir aussi les trouvailles de Patrice Besnard et Frédéric Schmitter]
Triangle rectangle sur la carte de France

14 février 2007


19 – 21 février 2007

Sélénets holorimes
[Robert Rapilly a défini sur la liste oulipo la forme fixe du « sélénet ». Il s'agit de deux quatrains de pentasyllabes à rimes alternées, chantables sur l'air d'« Au clair de la lune ». Les holorimes qui suivent sont de ma plume -- ou plutôt de celle généreusement prêtée par mon ami Pierrot.]

Le pâle astronome attire sa bien-aimée dans la coupole en imitant le chant des oiseaux. Émerveillée par la beauté de la voûte céleste au travers du télescope, elle en oublie sa pauvreté et finit par s'endormir. Mais après avoir décroché la lune, il remet tout de même le matériel à sa place.

Araignées et toiles
Jamais ne seront.
Ah régnez étoiles,
J'amène ce rond !

L'appeau Pierrot range ;
Colombine occlut
La paupière orange
Qu'au long binocle eut.



Tentative d'épuisement onomastique de la commedia dell'arte (dans l'état d'esprit de ses farces)

Polichinelle entre
Ou serpente : Allons,
Poli, chiner l'antre
Où sert Pantalon,

Briguer la richesse
Du cossu crétin.
Brighella rit chez ce
Duc au sucré teint.

Dix abbés l'arriment
Comme un chat pelé
D'Isabella, riment
Commun chapelet.

Ta soupière opale,
Sélène hôte, Râ :
Tasse où Pierrot, pâle,
Ses lais notera.

Et Matamore ose
L'as, car à moucher
Aima. Tas morose,
Là Scaramouche est.

Nippe Arlequin porte
Mais ne se bat tôt
Ni parle ; qu'importe,
Mène ce bateau !


1er mars 2007

Sélénet épelé paraphrasant l'original (c'est-à-dire la chanson « Au clair de la lune »)

Mon ami le mime s'appelait Matthieu et non Pierrot. J'ai certes
frappé à sa porte pour qu'il me prête sa plume, mais je n'ai su
parler à ce lunatique ! Ma chandelle verte s'est alors éteinte.
J'aurais donné tout mon argent pour retrouver un peu de clarté.

OZSLNE - Ose aider, sélène
MMATO  - Aimé Matteo !
JVZMNE - J'y vais et démène,
NLHMO  - Et n'ai lâché mot.

WISSE  - Doux bleu, veille et cesse,
FNXVQ  - Et Phénix vécut.
FEZLSE - Aie feux et délaisse
CKODQ  - Ces cahots d'écus.
[Voir aussi mes deux « phonnets » et ces haïkus & hétéropangrammes épelés]

Une semaine auparavant, j'avais aussi osé cet alourdissement et ce résumé de la même chanson

J'avance ténébreux au seul clair de la lune
Et je m'adresse à toi, mon cher ami Pierrot :
Pourrais-tu me prêter ta plume et l'encre brune
Car il me faut écrire une missive au trot ?

Je dois même avouer que ma chandelle est morte
Et sans feu je deviens un aigle privé d'yeux.
Aurais-tu la bonté de m'ouvrir donc ta porte ?
Ne pense pas à moi mais à l'amour des dieux.

8-/

Clarté de la lune
Porte ouverte plume offerte
Un haïku s'écrit

:)

2 mars 2007

Quatrain holorime offert à Mélissa Goutte
[ébéniste qui s'est inspirée des violettes et du miroir imparfait des homophonies pour concevoir un meuble]

Lorsque le doux rongeur mauve d'une ébéniste s'est scandaleusement enfui dans un
égout, elle s'est d'abord posé de sérieuses questions métaphysiques, mais a su trouver
une consolation dans la création de meubles inspirés par diverses plantes & fleurs :

Vie au létal arôme, es-tu l'hyperbole où
Parme et lisse agouti part mais lie sa gouttière ?
Violette à l'arum et tulipe, herbe au loup,
Parmélie, sagou type : art ! (Mélissa Goutte, hier)



Le 29/03/07, j'ai aussi composé pour elle ce distique holorime plus poétique,
évoquant plusieurs de ses thèmes d'inspiration (nuage, métal, ébénisterie, violette, douceur, rime et reflets)

Sous de pluviaux laitons brillants, la seule armoire
Soude plus violette ombre, y enlace l'art : moire !


15 mars 2007

L'âne, ô le crédule
[sélénet dont chaque vers contient les phonèmes d'« Au clair de la lune » --- à quelques « L » escamotés près]

Un imbécile vous propose une chanson incomplète. Il
cherche à décrire poétiquement la face cachée de la
lune dans l'obscurité d'une éclipse partielle, mais
aucune prophétie ne s'en déduit. Non seulement il a
oublié la reprise du dernier thème musical, mais ce
sélénet emmêlé ne termine même pas sur la tonique :

               L'ode lacunaire,
               Quel drôle âne l'eut ?
               Khôl de l'annulaire,
               Dos nacré l'élut.

               Nul oracle d'elle,
               Nul relais caudal,
               Nul do : la querelle
               Du laineux choral.
[Notez que la contrainte anaphonétique choisie pour ce sélénet en implique une autre : l'absence
de consonnes labiales ou labiodentales lui permet d'être aisément prononcé par un ventriloque.]

26 mars 2007

Borges y la brújula
[quatre quadrisyllabes holorimes]

Ce livre, aimant se livrer, ment ;
se lit vraiment seul, ivre aimant.


Variante sous forme de sonnet de monosyllabes (avec alternance des rimes)

Pose

la
prose !

Ose
ça :
sa
glose.

Ce
livre
se
livre

sans
sens.


29 – 30 mars 2007

Autres « monnets » (sonnets de monosyllabes)

Flammes
Dieux fiables : « Viables lieux ! »
Vieux diables : « Niables cieux ! »
Drame : l'âme d'yeux pieux
crame mieux.

Coi
Sors mettre hors mètre
(lors m'être tors, Maître)
vers verts, prestes !
Tu restes tu ?



Monomono (sonnets de monosyllabes monovocaliques)

Dèche
Hère grec, j'erre sec.
Frère, mec, serre bec !
Rentre ventre ! Vends
veste, dents, reste...

Plan
Sans black-jack, francs,
grand frac, snack, sang,
champ', vamp, bal...
l'art part mal.

Fric
Bill rit : « Prix vil ! »
Il dit : « Dix mil. »
Flic chic vint :
« Si, vingt-six ! »

Scotch
Vos sons sont sots,
font gros rots dont
« bock » sort fort.
Schnock dort, mort.

Must
Dur « chut ! », brut, sûr.
Sur luth, l'ut pur
fut vu d'un
duc hun : Puck.

Psych
Try fly by sky,
my spry sly spy!
Why thy dry cry?
Wry shy!

Traduction française de ce dernier « monomono » monorime :
Psycho
Essaie de voler à travers ciel,
mon vif et astucieux espion !
Pourquoi ce cri sec de ta part ?
Quel faux bond tordu !

[Voir aussi mes sonnets d'alexandrins monosyllabiques lipogrammatique & monovocalique,
ainsi que mon générateur de sonnets de monosyllabes aléatoires programmé six ans plus tard]

1er avril 2007

Avocalisme

Sonnet utilisant l'ensemble des onomatopées avocaliques
du « Petit Robert », y compris leurs diverses graphies.

  Zzzz   [traduction]  Sieste
  ----                 ------
« Pst !              « Hé, petit paresseux !
- Pff...             - Toujours tu me réveilles...
- Psst !!            - Tu vas être chanceux !
- Pfft !             - Je proscris tes merveilles.

- Pcht ?             - Un verre de mousseux ?
  Pchts ?              J'en ai plusieurs bouteilles.
  Pscht ?              Champagne archigazeux ?
  Pschts ??            Vingt litres de mes treilles !

- Tss-               - Je blâme fortement
  tss.                 ton vil comportement.
- Grrr !             - Ta langueur m'exaspère !

- Kss                - Si tu sens le roussi,
  kss,                 viens donc le dire ici :
  brrr. »              tu me fais peur, pépère. »

4 avril 2007

Scrabblonnet conceptuel

Nicolas Graner a proposé & illustré sur la liste oulipo la notion de scrabblonnet. Il s'agit d'un sonnet écrit en utilisant les 102 jetons d'un jeu de Scrabble français, y compris ses deux jokers. Nicolas s'interrogeait sur la taille maximale des vers d'un tel poème. Eh bien j'ai la preuve qu'il suffit de 20 lettres pour écrire un sonnet d'alexandrins, et de 30 seulement pour obtenir un sonnet malherbien d'alexandrins ! Mieux : les 102 jetons du Scrabble permettent en fait de composer un sonnet malherbien d'alexandrins césurés à l'hémistiche, qui rime avec beau style et parle d'optatif joug fou (voire gaz, wok...).


8-15 avril 2007

Escalier illimité
[Les illusions sont souvent plus spectaculaires quand les polygones ont un faible nombre de côtés. Le triangle impossible en est un exemple caractéristique. L'illusion de l'escalier illimité semble toutefois très bien fonctionner sous cette forme circulaire. Ci-dessus, chaque marche tourne d'un angle constant. On peut au contraire imposer des marches de profondeur constante, comme ci-dessous.]
Escalier illimité

23 avril 2007

Bout-rimé
Le premier (et le meilleur !) sonnet de monosyllabes a été publié par Paul de Rességuier en 1835. Une rumeur prétend toutefois que le poème ci-dessous fut écrit par Hugo Vernier quelques années auparavant. L'auteur y avait indiqué ses mots-rimes en capitales, pour attirer l'attention du lecteur sur leur polysémie. Se pourrait-il que Rességuier les ait juste recopiés sans même en changer la casse ? On dit aussi que Gérard de Nerval se serait inspiré du même poème pour écrire son Desdichado de 1853. Mais je démens formellement ces allégations, car Vernier est né en 1836 et n'a publié son célèbre recueil qu'en 1864. Il reste néanmoins possible que ce poème soit de son oncle homonyme, car il rimaillait aussi à ses heures.

Je suis le ténébreux dont on a pris le FORT,
Le prince d'Aquitaine endeuillé de sa BELLE.
Combien d'astres éteints ma guitare peint-ELLE
De la Mélancolie et de l'Ombre qui DORT ?

Un charitable esprit hors de sa tombe SORT
Pour me rendre les monts d'Italie où la FRÊLE
Ancolie épousa la treille telle QUELLE
Et la mer qui ravit mon coeur avant sa MORT.

Suis-je Amour ou Phébus ? Mon front est toujours ROSE
Du baiser de la reine ; en cette grotte CLOSE
Une sirène nage et me donne le LA.

Traversant l'Achéron deux fois vainqueur, je BRISE
La glace de mon luth, car fée ou sainte L'A
Modulé comme Orphée en des chants que je PRISE.


18 mai 2007

Scrabblonnet épelé
Sonnet d'heptasyllabes obtenu en épelant les 102 jetons d'un jeu de Scrabble français, y compris ses deux jokers (signalés entre parenthèses). Cette contrainte combinant panscrabblogramme et phonnet est particulièrement difficile, d'où quelques hiatus, absences de laisons et e caducs entre voyelle & consonne. L'accord des rimes en genre & en nombre est en revanche respecté. Notez aussi la présence de trois paires de rimes non triviales dans la colonne de gauche à épeler : IN/JN, AC/KC, YU/VQ. Sept yods (semi-consonne [j]) sont volontairement utilisés pour atteindre le bon nombre de syllabes. La traduction en prose qui précède le sonnet est un exercice de style : comment faire croire qu'un texte surcontraint a du sens ? ;-)

[Certains se moquaient de la candidate aux dents longues. Les vainqueurs, prompts à mater toute agitation, prônaient le nettoyage des banlieues, l'examen au cas par cas des sans-papiers et la tolérance zéro. Ma révolte est-elle celle d'un stupide humanitariste débutant ? Que soit inaltérable la quiétude céleste ; ô Dieux, préservez-la dans votre royaume ! Fatigué, vais-je abandonner mes armes et mon bouclier, voire mourir sans linceul ?]

LÉTULAIN     Elle était huée, la hyène.
SEATIDO      Et se hâtaient, idéaux
ASUIRODO     à essuyer rodéos,
ELUEAIJN     eux : élus heu... à hygiène,

NARÉÉGN      haine aérée et géhenne.
WTHMO        Doux bleu, vêts tes hachés mots
ÉBTFXMO      hébétés ! et fixe émaux,
PBATARIN     paix béate et aérienne !

MEDSEZIE     Aime déesses et dieux
LAOSLSIE     et là-haut essaie les cieux,
RHEVFAC      ère achevée, effacée !

EIU(Z)NYU    OEil usé, dénigre écu,
REGTPKC      et rejette épée cassée
SURE(G)VQ    et suaire ! J'ai vécu.


Une semaine auparavant, divers palindromes incluant des noms de personnalités politiques ont été postés sur la liste oulipo. J'avais moi-même obtenu ce palindrome de phonèmes de façon quasi-automatique, en inversant la prononciation de quelques noms. Veuillez excuser un terme insultant, mais la contrainte ne permettait que cela ou des choses comme « crasse à l'eau ».

Et l'État l'adoubera. Bon.
Mais repos, chemise ocre,
ah ! salaud qui nage...
Et des lésés s'en moquerait.
Malte, la mer recommencée !
Zélé, déjà Nicolas Sarkozy
me chaut peu. Raymond Barre
boude à la télé.



Début janvier 2008, Robert Rapilly a composé de nouveaux palindromes & anagrammes politico-people sur la liste oulipo.
Conservant le même état d'esprit, j'ai moi-même osé ce sizain d'alexandrins homophones :

Déclaration & commentaire

« Ah 2008 !
Ravis, votez pour les chansons !
S'y tromper ? C'est Carla Bruni,
l'affriolante amie
dont les dupes amants,
gars niais, m'étalent ! »
...
À demi l'huître a vivoté,
pourléchant son citron pressé,
car l'abruti la frit
au lent amidon laid
du pesamment gagné métal.


3 juin 2007

Participation à un recueil collectif pour fêter la naissance de Raoul,
fils de Martin Granger & Yasmine Damiens, petit-fils d'Élisabeth Chamontin


18 juin 2007

Création de l'OuBiPo, ouvroir biblique potentiel,
dont le but est d'illustrer les diverses contraintes d'écriture par des citations de la Bible


21 – 22 juillet 2007

Robert Rapilly a proposé à la liste oulipo de récrire la page suivante en respectant les contraintes que l'on veut :

En partant de là et en allant trois jours vers le levant, l'homme se trouve à Diomira, une ville avec soixante coupoles d'argent, des statues en bronze de tous les dieux, des rues pavées d'étain, un théâtre en cristal, un coq en or qui chante chaque matin sur une tour. Toutes ces beautés, le voyageur les connaît déjà pour les avoir vues aussi dans d'autres villes. Mais le propre de celle-ci est que si l'on y arrive un soir de septembre, quand les jours raccourcissent et que les lampes multicolores s'allument toutes ensemble aux portes des friteries, et que d'une terrasse une voix de femme crie : hou !, on en vient à envier ceux qui à l'heure présente pensent qu'ils ont déjà vécu une soirée pareille et qu'ils ont été cette fois-là heureux.
Italo Calvino, « Les villes invisibles » (Seuil), traduit de l'italien par Jean Thibaudeau


Ma première réécriture est une anagramme de ce texte,
comme je l'avais expérimenté l'année précédente sur l'Annan de Le Tellier.
Cette anagramme paraphrase la page suivante du même livre d'Italo Calvino.

Le lent rôdeur qui chevauche à travers champs a envie d'une ville. Sa quête zen aboutit en Asettorah, où les tours ont des montées en colimaçon texturées de nacre, où l'on fabrique d'usuels violons et lunettes, où lorsque l'expatrié hésite entre deux femmes il en rencontre toujours une troisième, où les combats de coqs dégénèrent en rixes féroces entre quelques buveurs. C'est à tout cela qu'il pensait quand il désirait une cité. Asettorah est donc celle de ses doux rêves : à une rupture près. Dans son rêve pur, la ville le comprenait lui-même, jeune ; il parvient en Asettorah à un âge avancé. Il y a sur la place le petit mur des vieux qui voient passer la jeunesse ; et il s'y trouve, parmi les autres. Les désirs sont déjà des souvenirs.


Une grande quantité de réécritures automatiques est également fournie par mon programme de baragouinage
(certaines pages fournissent des versions différentes à chaque visite) :

choix aléatoire parmi les options ci-dessous,
dyslexie de lettres & de mots,
anacyclique,
métathèses,
tautogramme,
monovocalisme,
voyelle + 1, 2, 3, 4 et permutation aléatoire,
langues étrangères 1 & 2,
orthographe ubuesque & villonienne.


Version ventriloque, interdisant les consonnes labiales [bmp] et labiodentales [fv],
ainsi que la semi-consonne
[w] qui est assez difficile à prononcer sans bouger les lèvres :

En quittant ce lieu et en allant quatre jours en direction de l'est, le héros atteint Dionira, une cité riche de cinquante cathédrales d'argent, de statues en airain de tous les dieux, de rues dallées d'étain, d'un théâtre en cristal, d'un coq en or qui chante chaque aurore sur une tour. Toute cette grâce, le touriste la connaît déjà car il l'a rencontrée aussi dans d'autres cités. Or la singularité de celle-ci est que si l'on y accède en août au coucher du soleil, quand les jours raccourcissent et que les torches de toutes les couleurs s'éclairent de concert aux entrées des restaurants, et que d'une terrasse une dulcinée crie : hou !, on est tenté de jalouser ceux qui à cet instant se disent qu'ils ont déjà goûté une heure identique et qu'ils ont alors été heureux.
Italo Luthero, « Les cités secrètes » (Seuil), traduction de l'italien de Jean Thardieu


25 – 28 juillet 2007

Éric Angelini a suggéré à la liste oulipo de construire un pangramme surcontraint, dont les nombres de lettres des mots successifs donnent les premières décimales de pi (comme dans le célèbre « Que j'aime à faire apprendre... »). Il a d'abord proposé de se restreindre aux 7 premières décimales (pi ~= 3,1415926), mais cela semble trop difficile pour que l'énoncé puisse aussi faire allusion au nombre encodé. C'est à peine plus abordable avec une huitième décimale (pi ~= 3,14159265). Voici mes réponses -- dont la première, en 7 décimales, peut être considérée comme un décasyllabe correctement césuré :


Dans le même état d'esprit, j'ai proposé le 1er août 2007 de construire des pangrammes-boules de neige, c'est-à-dire dont les
nombres de lettres des mots successifs soient les premiers entiers (ici de 1 à 8). La deuxième solution forme un alexandrin.


28 juillet 2007

Autres réécritures de la Diomira de Calvino

Pars de là. Marche trois jours. Choisis l'est. Voici Diomira. Cent dômes dorés. Statues d'airain. Rues d'étain. Théâtre de quartz. Coq d'argent. Il chante l'aube. C'est beau. Mais tu connais. Ailleurs aussi...
La nuance ? Viens un soir. Vers fin août. Les jours déclinent. Soudain des lampes. Quel chatoiement ! Chaque porte luit. Alors écoute. Hou ! Une voix de femme. Te souviens-tu ? L'as-tu vécu ? Non. Tu es jaloux. Eux sont heureux.
D'après Calvino. « Villes cachées ». Seuil. Version Gef.
[Phrases courtes. Sans autre loi. Calvino fut lourd. Cette rare fois.]


[En rab deux bêtises dans le même état d'esprit que les réécritures automatiques ci-dessus,
d'abord en remplaçant certains mots par des anagrammes existantes, ensuite en échangeant
des lettres (métathèses) pour faire parfois apparaître des sens peu convenables.]

Palper de l'original (renvois fascinera) :
Ne partant de là et en allant rôtis jours vers le vêlant, l'homme ès ouvert à Diomira, une ville cave soixante coupoles d'gérant, des statues en bornez de oust les dieux, des ruse épaves d'ténia, nu théâtre en cristal, un coq en or qui tanche chaque mitan rus nue trou. Toutes sec beautés, le voyageur les connaît jade prou les avoir vues suais dans d'restau villes. Amis le propre de celle-ci tes que si l'nô y virera nu rosi de septembre, quand sel jours raccourcissent te que les palmes multicolores s'allument toutes ensemble aux tropes des terrifiés, té que d'une tressera nue voix de femme cire : hou !, on ne vient à enivré ceux qui à l'heure espèrent pensent qu'ils ton jade cuvé une soirée pellerai et qu'lis ont tee cette soif-là heureux.
Italo Calvino, « Sel villes invisibles » (Luise), traduit de l'litanie rap Jean Thibaudeau

Non, défolé, je sais un peu de dyslexie. Revoici doinc l'orignal :
En parlant de tà et en allant tros jouirs vers le lovant, l'hemme se troude à Viomira, une pille avec soixante couvoles d'ardent, tes stagues en bronze de tous les vieux, des rues patées d'édain, un chéâtre en tristal, un con en qor qui chate mhaque catin sur une trou. Toutes ces veautés, le boyageur les cornaît déjà poun les avoir sues ausvi dans v'autres drilles. Mais le prope de ce-cille est que si l'on y arrise un voir de leptembre, quand ses cours raccourjissent et que les tampes mullicolomes s'allurent soutes entemble aux pitres des froteries, et que d'une verrasse une toix de ferme cime : ou !, on en vient à enchier veux qui à l'herre peusente densent qu'ils ont péjà sécu une voirée oreille et qu'ils pant été cette feu-lois hareux.
Vitalo Calino, « Les billes invisivles » (Treuil), saduit de l'atalien pir Jeau Thibaudean


29 – 31 juillet 2007

Réécriture de Diomira selon la contrainte du snob
[deux mots voisins n'ont aucune lettre en commun]

Partant de là puis allant dix jours à l'est, l'homme s'introduit à Diomir, un pôle urbain se glorifiant de vingt coupoles d'or, d'un viril panthéon d'airain, d'un théâtre d'opale, d'un coq d'argent qui chante sur ce donjon le matin. Ce grand luxe d'apparat, le fin voyageur l'a vu et connu déjà, sous d'autres choix de climats. Or la spécificité d'ici s'exprime quand l'on y arrive un soir d'octobre, quand le jour s'abrège, l'instant où s'allument shops à poissons et lampions de millions de coloris, et où la voix d'une vamp crie « hou ! » d'une villa : on s'étonne d'envier la mémoire d'autrui, de l'être qui a vécu la même nuit déjà, qui n'oublie pas qu'il fut alors dûment ravi.


Version monovocalique en E
[les voyelles AIOUY sont interdites]

Je ne reste en ces terres et je me rends vers l'est. Près de sept cents verstes de sentes me mènent en Démèbre, centre de trente temples de perles, de stèles en fer d'êtres vénérés et de déesses, de venelles gemmées de tesselles d'ébène, de scènes en verre, et de merles très chers perchés en des flèches dressées, excellents ménestrels des levers célestes. Certes l'ensemble de ces effets recherchés se présente de même en des terres externes. Le secret, l'élément-clé de Démèbre se ressent en septembre, vers les vêpres. Les ténèbres s'étendent et règnent derechef ; les réverbères pervenche, pers céleste, verts, blé, pêche, henné se déclenchent en même temps près des entrées des selfs et des mess ; telle femme hèle de chez elle : hé ! En ce bref présent éphémère, des gens se remettent en tête les mêmes vêpres égrenées précédemment et s'en délectent... Et ce déferlement de rêves me tente.
Chresten de Gênes, « Les terres secrètes » (Entrée), exégèse de Gef


En plus de trembler, et n'allant ces jours-là le corriger, l'octogénaire se mit à radoter une minute :
« Avec tes coupoles sans argent, tu statues quoi ? Bronze bien ! Tous sans dieux... Te rues-tu d'abord un peu en scène ? »
Un prophète en annonça qui dénonceraient chaque irrégularité sur le tour de ces élections. Le vieux les avait déjà repérées. Les doubles vues foisonnaient dans les autres départements, mais notre propre circonscription, celle d'est, prit si peur :
« On panique ! Arrive ce soir, avenue Septembre.
-- Que les infirmiers raccourcissent pépé ! Que tu lampes (il s'égosilla) toutes boissons aux pensionnaires des hospices, et puis d'urgence terrasse-les ! (Voix brutale) Femme, sors ! »
Hou, nous en avions à nettoyer ! Ceux-ci, à toute heure ils pensent trop... Ils avaient déjà fichu une pagaille pareille, hélas, qu'octante ont ressuscité cette nuit-là, illuminés.
Italo Esposito, « Les justiciers invisibles » (Pocket), traduit pour l'oulipo par Gilles Thibaudeau

[Cet extrait de roman policier et de science fiction contient dans l'ordre tous les mots de rangs impairs de la Diomira de Calvino. Chaque mot de rang pair a été remplacé par un seul autre mot, en cherchant un contexte modifiant le sens des mots conservés. Autrement dit, je n'ai touché qu'aux étoiles du paragraphe suivant :
En * de * et * allant * jours * le * l * se * à * une * avec * coupoles * argent * statues * bronze * tous * dieux * rues * d * un * en * un * en * qui * chaque * sur * tour * ces * le * les * déjà * les * vues * dans * autres * mais * propre * celle * est * si * on * arrive * soir * septembre * les * raccourcissent * que * lampes * s * toutes * aux * des * et * d * terrasse * voix * femme * hou * en * à * ceux * à * heure * pensent * ils * déjà * une * pareille * qu * ont * cette * là *
Italo *, « Les * invisibles » (*), traduit * l * par * Thibaudeau]


5 août 2007

Homoacronyme autoréférentiel de la Diomira de Calvino

Essayons, pour diversifier, l'évidente échappatoire anti-Thibaudeau. Je vais laisser la loi hasardeuse se traduire autoréférentiellement. D'un vocable ayant ses caractères déterminés au départ, seul -- en bout de tracé -- le début demeurera répété par d'éventuels usurpateurs, trouvant en Calvino un certain élan opérationnel qui contraigne chaque mot sans un travail trop considérable. Bref, la voyelle/la consonne dite première lettre aura vocation à démarrer d'abord votre manuscrit, le projetant dans ce cosmos étonnant que suscite l'original. Youpi ! avec un soupçon de satisfaction que le jeune rédacteur estime quasi légitime, la métatextualité s'affirme toujours en aval, par définition. Façonné en quelques dix unités temporelles, un véritable discours formaliste chemine hors opus et vante avec énergie cette qualité authentique : l'harmonie perçoit peu quelles initiales on doit vraiment utiliser -- sans pourtant être quelquefois inutilement obligatoires. Et cela finit l'homoacronyme.
[Initiales copiant la version imprimée selon Thibaudeau, « Diomira, l'inimitable pays jadis tendre »]

e p d l e e a t j v l l l h s t a d u v a s c d a d s e b d t l
d d r p d e u t e c u c e o q c c m s u t t c b l v l c d p l a
v a d d a v m l p d c c e q s l o y a u s d s q l j r e q l l m
s a t e a p d f e q d u t u v d f c h o e v a e c q a l h p p q
i o d v u s p e q i o e c f l h - [ i c l v i s t d l i p j t ]

7 – 8 août 2007

Abécédaires rimés
[Le premier est un Desdichado sous forme de quintil d'alexandrins à rimes alternées. Son schéma abaab fut notamment cher à Musset & Lamartine. Le deuxième évoque la Diomira de Calvino en un dizain de pentasyllabes à rimes simplement orales. Son schéma abab/cddc/ee est peu courant mais respecte la caractéristique des dizains, à savoir contenir à la fois des rimes croisées, embrassées et plates.]

Aquitain bilieux, -- chassé, -- déshérité,
Empereur foudroyé, grand hôtel introuvable :
Je kidnappe la mort, -- notre orgue pailleté
Quête Rê, soleil triste, -- une Viduité
Würmienne xérophile, ypérite zirable.

Diérèses sur bili-eux (mélancolique) et vidu-ité (veuvage)
Würmien = de la quatrième période glaciaire
Xérophile = vivant en milieu très sec
Ypérite = gaz moutarde
Zirable = dégoûtante (régionalisme notamment acadien & vendéen)

   Allons bienheureux
chercher Diomira,
état fastueux
générant hourra.
   Il jure : Kublai,
le mieux nous obvient
plutôt quand revient
septembre, trouvaille !
   Une voix : warum ?
Xénophile y zoome.


25 août 2007

Programmation d'un générateur de sonnets lettristes
La langue est inventée mais respecte la plupart des règles prosodiques françaises.
Divers schémas de rimes sont prévus, les plus réguliers apparaissant plus fréquemment.
Le mètre peut aussi varier de 8 à 12 syllabes par vers, les alexandrins ayant une
probabilité supérieure d'apparition. Exemple au hasard :

Éseaux se pus nés sheuz memous sirus secinent
Sovus a girolus urac es paleclar
Les meaucs suz osec nal cilerénéteclar
Is qui sijeuprapu skofluisco psuds pecinent

Flad vli lus osucez lasbort sesbo rucinent
Tadux eusens virert téni dadec poclar
Suis miteus gers cus xas inetiqui shuclar
As pedon shourénoz naurint resints nocinent

Céjénonoc xex fui piluis tuteuradeus
O dent faho sce ta lodal gu rers sideus
Nauripunt nedevruts neu sarilasuithoude

Drads quar cu neus raisel nimaurts brésonai dins
Mo mulaques nalos nivuisira quothoude
Areupu quis savos teuréfirirts stedins


Lourde charge de la Diomira de Calvino dans sa version française, sans autre contrainte formelle

En allant de là d'ahan et en fuyant huit nuits vers le graveleux levant, l'homme est localisé à Domila, une vieille ville avec quatre-vingts voûtes en vermeil, des statues de tantale des trente dieux, des boulevards pavés couleur d'étain au soleil, un théâtre en cristal trichrome, un chic chapon en argent qui chante la chamade chaque jour chez un châtelain. Toute cette somptuosité, le commis la connaît déjà parce qu'il l'a aussi détectée dans d'autres districts. Mais la particularité qu'a celui-ci est que quand on y arrive quand le soir tombe et qu'on est en septembre, quand les jours raccourcissent et que les lampes qui sont de toutes les couleurs s'allument toutes ensemble à tous les MacDo qui ouvrent leurs portes, et que d'un balcon une voix d'une cocotte crie : coucou !, en ce moment présent on en vient à envier les vieux qui avouent avoir vécu auparavant une veillée qui y équivaut et qu'ils avaient été à cette heure-là plus qu'heureux.
Albino Calvino, « Les vils risibles » (Écueil), cacariture de Gentil Baudet


Plus sérieusement, une autre réécriture de la Diomira de Calvino, où
l'impression de « déjà vécu » des habitants se traduit dans le texte
même : ses deux moitiés sont homophones (holorimes de 122 syllabes).

C'est sûr, détournons-nous vraiment d'Ibulkar pour tenter mer géante, rive à l'est, éthiquement ébaudis d'émotion : l'orient vagabondant, site où trôna Crésus et pas nous. Ici, ce content ploutocrate, en l'espèce, y fit cité dionysiaque. Elle révèle des coupoles, vantarde ; y fait des concerts tant et plus, chansons pas sévères ; y table sur vos lambris collés d'étain ; des irisés mémoriaux de bronze ; ajoutant de faux rhinocéros de jade his-
sés sur des tours. Non, n'ouvrez mandibules car pourtant émerge et hante rivale, esthétiquement. Et beaux, dix dèmes, aussi, ont l'or riant -- vague abondance itou trop, nacre, aise, us épanouis... Si se contemple août ocre, attends les spécificités d'Ionisie : ah ! quel rêve elle découpe au levant tardif et déconcertant, épluchant son passé véritable, survolant bricole et déteints désirs, ris et même or, iode, bronzage -- ou tant d'euphorie, noce, éros de jadis !
Hit à lots qu'alevine eau, « Ainsi villes inciviles » (I.1. Ionise-y Ionisie)


26 août 2007

Le 22 septembre 2006, Michel Clavel a concocté cette délicieuse recette autoréférente sur la liste oulipo :
Ajoutez du whisky à n'importe quel texte, ça vous fera un beau pangramme.
En août 2007, Michaël Cadilhac a suggéré de la traduire en anglais, mais a remarqué que la présence du whisky n'est plus vraiment nécessaire. Dans ma proposition de traduction ci-dessous, j'ai tenté un compromis entre fidélité & concision (47 lettres) :

Save ouzo juice with any text to bake a qualified pangram

(~= Sauvegardez du jus d'ouzo avec n'importe quel texte pour cuisiner un pangramme de qualité)


23 septembre 2007

Monomono
[sonnet de monosyllabes monovocaliques (avec alternance) inspiré par la Diomira de Calvino]

Cherche
l'est :
perche
Brest.

Serres
très
chères,
grès.

Mêmes
gemmes ?
Sens :

Elle
scelle
temps.


25 septembre 2007

Hololololololorime (sonnet)

Le lèche-vitrine de ta mère alpine et de sa frangine
toujours te chagrine. La deuxième est lente dans chaque
brocante où l'on met en vente des jouets d'estivante.
Lors dans ton échine se greffe l'épine du temps qui lambine.
La tante là t'ente l'attente latente : la tente la tente.


16 octobre 2007

Bandes de sonnets

Hé ! Bandes de sonnets, ne serait-ce une insulte ?
Non, c'est l'ultime oupus d'Étienne Lécroart,
le grand dessinateur. Il faudrait être inculte
pour ne pas admirer son oeuvre allègre, oh art !

Quatre cases par strip, quatorze strips : j'ausculte
la structure formelle inhérente à l'Ouvroir
de bédé potentielle. Assurément, il sculpte
de véritables vers, des rimes en miroir.

Il itère en effet chaque case de droite
mais détourne le sens de façon très adroite
pour construire in fine des contes hilarants. (*)

D'autres ruses, bien sûr, d'autres lois s'accumulent,
comme l'ont illustré Drunken Boat et Formules :
la liberté, c'est toi, Contrainte, qui la rends !

(*) La rime milliardaire en « hilarants » a été construite avant de lire la totalité du recueil d'Étienne Lécroart. Plusieurs sonnets sont évidemment très drôles, mais il y a aussi des pages politiques, philosophiques, voire métaphysiques ou abstraites, et surtout un sonnet carrément poignant -- et cela malgré la présence de calembours répétitifs qui participent en fait à l'émotion.
[Voir aussi mon sonnet à rimes homographes, variante moins dialoguée d'un scénario que j'avais offert à Étienne Lécroart en janvier 2004]


24 octobre 2007

Pangramme
[hétéroconsonantique de 34 lettres, alexandrin si l'on fait une diérèse sur Wi-azemsky]

Révélée par son rôle dans « Au hasard Balthazar », Anne fut
actrice durant une vingtaine d'années. Elle se tourna alors
vers l'écriture, à l'instar de son grand père & ses oncles.
Tous les critiques furent élogieux, à l'exception d'un seul
qui qualifia ses romans d'agrégats prétentieux et laborieux
de mots du dictionnaire :

        « Wiazemsky vend fat job lexicographique. »


Distique holorime [sur le vague thème du reflet]

La méditation transcendantale rend la conscience aussi
fluctuante que de vieux souvenirs, mais si l'on arrive
à faire en soi le silence, l'illumination se produit :

   Semblable à la mémoire -- insidieux mirage, îles --
   Sans blabla, l'âme est moire : ainsi Dieu mira Gilles.


9 décembre 2007

Monovocalopalindrome
improvisé en croisant une affiche parisienne de la danseuse mentionnée
[Ni la particularité de son nom ni le couple anacyclique l'arc astral / l'art sacral ne sont des nouveautés.]

-- Cette danseuse fut intronisée reine du flamenco malgré sa médiocre prestation dans le rôle de Nout (déesse égyptienne du ciel).
-- Tu cogites trop, mon vieux : c'est bêtement la version disco d'indigestes mythes indo-scandinaves.

-- L'arc astral à part, ta Sara Baras attrapa l'art sacral.
-- Sa nana-là lampa râgas à la saga rap. Mal à l'ananas ?


Autre palindrome composé de tête dans le métro parisien, cette fois en prenant la ligne 13 (cinq ans et demi plus tard, le 26/05/13)

L'élève favori de Haydn corrige son maître qui vient d'exploser la corde aiguë de son violoncelle :
La note la je détonai ; Pleyel pianote déjà le tonal.


28 janvier 2008

Grandeur & décadence
[anagrammes de « Baudelaire » (trop) rapidement construites après avoir écouté ce poème de l'oulipien Oskar Pastior]

Barde, il a eu
l'arabe Dieu ;
dira le beau
râle ébaudi.
Aider l'aube,
lire aubade :
are audible,
aria de bleu !

L'air bedeau
de blaireau
aura le bide,
aura débile
ère du balai :
adieu, le bar !
Rue à diable,
eau de baril...


29 janvier 2008

Sonnet dicté
[Alexis Rime a proposé sur la liste oulipo de transformer de la prose en vers à condition d'en dicter explicitement la ponctuation. Cela rejoint nos recherches d'alexandrins minimalistes de février 1999, ainsi que la fin de ce sonnet de 13 lignes de septembre 1999. J'ai adapté ci-dessous notre habituel Desdichado à cette contrainte : si l'on en dicte la ponctuation, cette prose devient un sonnet régulier avec alternance des rimes.]

El Punzado
(Le Poignant)

Je suis le ténébreux - le veuf, le prince d'Aquitaine exclu de sa pension dont le soleil devient noir ! Une mélancolie odieuse me jugule. Mon front a rougi d'un baiser ; j'ai rêvé dans la grotte où... Suis-je Amour ou Phébus ? S'approche un revenant dont le sang coagule. J'implore : « Rendez-moi Naples. » et je module au luth (après avoir deux fois traversé l'infernal Achéron en vainqueur) les soupirs de la sainte et ses cris.
Henri.2

[Ce sonnet décodé en toutes lettres est disponible sur le site des avatars de Nerval chez Nicolas Graner]

En complément, voici un sélénet de ponctuation, écrit le 31 août 2008 :

°;<-",*:{!}...

[Pour le déchiffrer, il suffit de se souvenir de la définition du sélénet : deux quatrains de pentasyllabes à rimes croisées respectant l'alternance, chantables sur l'air d'Au clair de la lune. Une fois décodé, celui-ci respecte même la règle de la liaison supposée, c'est-à-dire ce que l'on appelle la rime pour l'oeil.]

4 février 2008

Pangrammes très courts & hétéropangramme
[Éric Angelini a indiqué à la liste oulipo les mots nouvellement admis dans l'Officiel du Scrabble (5e édition, 2008),
et notamment le chant breton nommé « gwerz ». Voici les pangrammes que cela m'a permis de construire.]

Complainte d'un félin agile : Donne-nous aujourd'hui notre gallinacé ;
ô grand Bond vers l'au-delà, que ton nom soit sanctifié !

Gwerz du lynx vif : Coqs ; Jump, bhakti ! [octosyllabe de 28 lettres]

Notre bar breton vous offre fines herbes et choix
de danses inspirées de ballades traditionnelles :
Pub : thym, cinq javas d'ex-gwerz folk ! [octosyllabe de 28 lettres]

Cet Officiel du Scrabble 5 permet pour la première fois un hétéropangramme sans nom propre (c'est-à-dire un énoncé contenant une seule fois chaque lettre de l'alphabet). Éric Angelini en avait déjà obtenu un vers 1997-98, mais il employait l'hapax mallarméen « ptyx ». Il est maintenant possible de s'en passer :

Quand l'islam a châtié le trafic portuaire
Nous chantions la complainte antique des bretons
Mais puisque le félin regardait nos jetons
Nous avons décidé de tripler notre enchère

Fiqh bat dock : gwerz, vs lynx : jump ! [octosyllabe de 26 lettres]

Vocabulaire :
fiqh = jurisprudence islamique
bat = 3e personne du verbe battre
dock = quai où l'on échange les marchandises
gwerz = complainte bretonne
vs = versus = par opposition à
lynx = félidé à la vue perçante
jump = enchère à saut au bridge


Autres hétéropangrammes (obtenus les 12 – 13 mai 2008)
ne présentant ni les mêmes qualités ni les mêmes défauts que le précédent


Bien qu'autorisée par l'Officiel du Scrabble, l'abréviation « vs » est une faiblesse dans l'hétéropangramme ci-dessus (ainsi que dans celui d'Éric Angelini). On peut l'éviter grâce à quelques termes franglais attestés dans le dicomono du Dr  Joinul :

Visitez le hameau voisin, célèbre pour ses cristaux, sa complainte bretonne et son stupide torcol fourmilier.
Vicq : spath, gwerz folk, dumb jynx. [hexasyllabe monosyllabique de 26 lettres]

Outre l'absence de noms propres et d'abréviations dans cet énoncé, il est également l'un des seuls pangrammes hexasyllabiques français. J'en avais obtenu trois autres en septembre 2006, mais ils se servaient d'un nom propre bizarre -- et le suivant emploie un hapax.


Le même dicomono permet aussi d'éviter l'abréviation « vs » dans un hétéropangramme contenant le « ptyx » mallarméen :

Ce perroquet jaune du Sénégal est un véritable bibelot sonore : non seulement il sait chanter d'entraînantes histoires bretonnes, mais il joue aussi aux cartes !
Jacq blond, ptyx : gwerz vifs, khum. [hexasyllabe monosyllabique de 26 lettres]


Et puisque nous avons osé nous servir de franglais, pourquoi se priver du plus célèbre avocalisme anglais ?

Ce drôle d'oiseau ne montre de l'attachement que pour sa lyre galloise et pour la femme fatale qui lui a fait tourner la tête.
Vamp, crwth folk : besq du zig jynx. [monosyllabique, 26 lettres]


Oserons-nous un peu d'argot des grandes Écoles ?

Thème de la chanson : un macho musulman rase une polytechnicienne allumeuse.
Gwerz : buck fiqh, j'y tonds l'X vamp. [monosyllabique, 26 lettres]

Ballades bretonnes et droit islamique : tels sont les domaines dans lesquels renchérit ce polytechnicien d'origine africaine.
Gwerz, fiqh : jumps d'X black y vont. [monosyllabique, 26 lettres]


Signature utilisant dans l'ordre deux prénoms américains, deux noms portés en Alsace-Lorraine, un porté dans l'Indre et un dernier du Sud-Ouest :
Bryn Dwight Lux-Kempf Vas-Jocqz [hexasyllabe monosyllabique de 26 lettres]


Puis-je en profiter pour vous donner aussi le résultat d'élections municipales auvergnates ?
Les deux premiers candidats sont d'origine flamande, le 3e d'origine polonaise et le 4e d'origine allemande :

Jax : Vincq 47,2 % - Dhulst 38,0 % - Grzybów 9,6 % - Kempf 5,1 %. [hétéropangramme hétéropanchiffre]


Hétéropanconsonantismes tétratrichotomisés (6 – 11 février 2008)
[les deux premiers se servent d'une coïncidence que je n'avais encore jamais remarquée : la marque de bière MDCLXIV forme un panchiffre romain !]

J'ai travaillé dans la publicité : c'est moi qui ai trouvé le slogan comparant la nouvelle bière 1664 à une légère brise chinoise.
Job fut « Kwas MDCLXV : zéphyr qing ! » [26 lettres]

-- Comment caractériseriez-vous notre nouvelle bière, marins ?
-- Gazelle chinoise !
Wharf, typez jus MDCLXV : kob qing ! [26 lettres]

Tourner de 225 degrés suffit pour passer des gallinacés aphrycains aux glaciers norvégiens :
Coq kwa, phyxez vingt rumbs : fjeld ! [27 lettres, cacographie jarryenne, rajouté le 22/05/08]

Dans un petit fort arabe, un prisonnier russe discret comme un chat prévient ses compagnons, en argot ubuesque, qu'un policier libéral anglais vient de passer :
Bordj ; zek manx : « Pst ! flycq whig vu ! » [26 lettres, monosyllabique mais cacographique, rajouté le 22/05/08]

Dans le cabinet de l'analyste chinois, les Africains discutèrent longuement d'une citadelle arabe :
Bordj mut flvx kwa chez psy qing. [26 lettres en identifiant le V au U]

Savez-vous ce que le juge blond fumait, et ce qu'il a commandé après son whisky ?
Phlox fumé, zig but cinq kwas dry. [26 lettres en identifiant le J au I et le V au U]

Après « Sea, Sex & Sun » :
Fjord blanc, vamp, qat, whisky gazeux [octosyllabe de 29 lettres, juste 3 A en trop]

À certaines questions récurrentes, je réponds sans plus réfléchir : en cas de fuite de butane, enveloppez-vous dans un tissu africain ; et en cas d'attaque de femmes fatales, munissez-vous d'un poignard !
Faq batch : Gaz ? Wax ! Vamps ? Kandjlar ! [monovocalisme en A de 27 lettres]

J'étais perdu et affamé sur un plateau africain, à mille miles de toute terre habitée, quand j'aperçus au loin une chéchia rouge. L'homme qui la portait m'interpella dans sa langue : il m'offrait miraculeusement un repas composé de porc, de vin et de fromage !
Veld... Fez ! Jet éwé : « Hem ! Speck, brenq, gex ? » [monovocalisme en E de 29 lettres]

Le leader albanais propose de la glu en échange de monnaie locale, mais il fait crédit à tous ceux qui lui chantent une ballade bretonne.
Chef vend besq (lek) : « J'exempte gwerz ! » [monovocalisme en E de 28 lettres, rajouté le 16/05/08]

Jouer aux cartes ou respecter le droit islamique ? Faire des blagues ou étudier l'opéra de Pékin ? Être un garnement ou un spécialiste des microprocesseurs ?
Crib / fiqh ? Witz / jingxi ? Vil kid / mips ? [octosyllabe monovocalique en I de 28 lettres]

Sauriez-vous citer une demi-douzaine de monosyllabes monovocaliques en O ?
« Coq, fjord, phlox, smog, wok, zob » vont. [monovocalisme en O de 27 lettres]

On a senti passer les différentes périodes glaciaires comme un palet de hockey, comme le courant fourni par un concentrateur.
Günz, würm : flux vu, jus qu'hub dut, puck. [octosyllabe monovocalique en U de 29 lettres]

[Voir aussi mes précédents quasi-pangrammes monovocaliques ou lipogrammatiques]

12 février 2008

El Decepcionado

Je suis le punk chyleux, -- le junky, -- l'aptéryx,
L'ex-khan khmer zéro kyu dont le kreml-blockhaus plie :
Mon krypton meurt d'un krach, -- et mon wok, binz d'onyx,
Porte un puck black de würm, toxique Physalie.

Au dyke plein de khôl, zig doux comme un bombyx,
Fais-moi le swap du neck et du wharf d'Italie,
Du qat kitch qui plut tant à mon quartz de phénix,
Et du bock où whisky, kirsch et képhyr s'allient.

Suis-je Kid ou Zéphyr ?... Clown, whig wasp, ou kif-kif ?
Le sandyx d'un smack sikh teint en kermès mon kyste ;
Jugez le show sexy d'un crawl au dock du xyste...

J'ai franchi le zyklon en yawl, ketch, brick et skif :
Rythmez comme un gwerz folk sur la syrinx d'Orphée
Le witz d'un rock de daw, le schwa d'un slow de fée !

                                                  Gerick de Newman

[Contrainte Canada Dry : ça a la sonorité du pangramme, ça a l'érudition du pangramme, ça a la lourdeur du pangramme, mais ça n'est pas un pangramme.
Fi les glossaires, poète !]


15 février 2008

Histoires en six mots
[Guy Deflaux a indiqué à la liste oulipo l'impressionnante histoire en six mots qu'Ernest Hemingway avait composée pour répondre à un défi: « For sale: baby shoes, never worn. » Il nous a suggéré d'expérimenter cette contrainte -- ce qui est bien difficile après un premier exemple d'une telle qualité ! Voici tout de même les trois miniatures que j'ai osées.]

(policier)
Tu vas mourir au sixième mot.

(métaphysique)
Ai-je vu Ra ou El ?

(déséquilibré)
Miséricordieusement, précautionneusement, professionnellement, il fit feu.


17 février 2008

Rimes pour l'oreille
[utilisant des graphies aussi différentes que possible à l'écrit]

El Disimilado

Je suis le ténébreux, -- le veuf, -- l'inadéquat,
Le prince d'Aquitaine aux tours prises d'assaut :
Ma seule étoile est morte, -- et mon astral biwa
Porte le soleil noir de moroses marsaults.

Dans la nuit du tombeau, toi qui fis contrepoids,
Rends-moi le Pausilippe et les romains ruisseaux,
La fabuleuse fleur dont mon coeur s'engoua,
Et la treille unissant la rose au curaçao.

Suis-je Amour ou Phébus ?... Lusignan ou de Broglie ?
Mon front est rouge encor d'une tendre interview ;
J'ai rêvé dans la grotte où nage une âme sioux...

De l'Achéron deux fois j'ai su franchir l'écueil :
Modulant tour à tour sur la lyre d'orphies
De la sainte un soupir, de la fée un toffee.

                                                  G. fit les poésies orales


18 février 2008

Pangramme palindrome
de 81 lettres, composé du plus possible de couples anacycliques attestés dans l'Officiel du Scrabble (seul « ni que / eu qin » déplace l'espace)

[L'intérêt oulipien de l'exercice est en fait concentré dans la glose qui précède, où l'on cherche à donner du sens à ce qui n'en a guère ! À mon avis, les pangrammes courts sans explications sont comme des grilles de mots croisés sans définitions. Par exemple, l'Atlas de littérature potentielle cite en page 231 le pangramme de 29 lettres « Whisky vert : jugez cinq fox d'aplomb », qui semble a priori sibyllin. Mais il acquiert une parfaite clarté quand on lit la conférence donnée par Perec le 29/10/81 à Copenhague (pp. 307 – 323 du deuxième tome de ses Entretiens et conférences), où l'on apprend aussi qu'il en est l'auteur. Dans la Bibliothèque oulipienne n° 44, Jacques Jouet prend aussi le prétexte de quatre hétéropangrammes capillitractés pour créer une nouvelle d'espionnage.

L'idée de pangrammes palindromes n'est pas neuve : Jean Roche en a composé en juillet 2001 puis janvier 2002, date à laquelle Frédéric Schmitter a trouvé celui qu'il donne au bas de sa page de pangrammes. Bien sûr, les longs textes palindromes sont aussi très souvent pangrammatiques, par exemple cette impressionnante liste d'Éric Angelini -- dans laquelle mon vérificateur de palindromes pourrait vous aider à découvrir plusieurs subtilités !]

J'ai longtemps vécu dans une oasis perdue au milieu des dunes sahariennes. Elle offrait une miraculeuse petite rivière aux lèvres desséchées des voyageurs. Je m'y étais installé comme guide, et me servais d'un canoë pour transporter les touristes d'une rive à l'autre. Un jour, l'un d'eux m'apostropha de façon plutôt vexante, en me désignant du nom de mon chapeau et en raillant ma mèche à la Tintin. Il désirait savoir si l'on trouverait quelque espèce de grand lézard en descendant le cours d'eau. Je rétorquai 1/ que la recherche de minerai était la seule activité autorisée sur mon embarcation, 2/ que l'on m'appelait Psaltérion Véloce, et 3/ que ma pirogue avait quant à elle conservé le nom de l'arbre dont elle provenait. Le simoun se leva et acheva de calmer cet individu. Je lui demandai tout de même si ma réponse lui convenait, mais il resta coi.

Erg...
« Hé, téjus aval ? Fez, épi !
-- Wad, ni que mon taxi-bac (kayak-cab) ixât.
    Nom eu : qin daw ; ipé. »
Zef lava sujet. « Eh ! gré ? »


[téju = grand lézard ; wad = minerai de manganèse ; ixer ~= classer comme honteux ; qin = cithare ; daw = zèbre ; ipé = bois dur ; zef = vent]


20 février 2008

Pangrammes assez longs mais autodescriptifs
[L'énoncé de Thérèse Amiel cité sur Wikipédia est à la fois plus court et plus
élégant, mais il décrit en fait un sous-ensemble des consonnes & voyelles utilisées.]

Si vous lisez la liste oulipo sur votre téléphone portable,
je suis intimement persuadé que vous appréciez la concision
de mes pangrammes, en dépit de leur effroyable hermétisme :

Eh, wap ! Kifez trente consonnes, vingt voyelles, deux Y que j'abîme.

[wap = connexion de téléphones à Internet ; kifer = aimer]

Que votre taille soit subatomique ou planétaire,
faites donc une enchère à 47 lettres seulement !

Quark, web ! Jumpez dix-huit voyelles, vingt-neuf consonnes !

[Notez que l'Y de « voyelles » est ici considéré à tort comme l'une d'entre elles.]


Pangramme antiréférentiel de 30 lettres [11/03/08]

À « Questions pour un champion », vexez le
candidat grâce à ce pangramme défectueux :

Vex quiz jock by this flawed pangram! (30)


En rab, deux alexandrins plus longs mais moins menteurs :
Qu'y jetez-vous du Web, Khan ? Ce faux lipogramme ? (37)
Qu'y jetez-vous du bic : faux khôl, pangramme wu ? (36)


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Last modified : September 16th, 2008