Gef's Contributions to the Oulipo Mailing List

[0. Classification of the constraints]
[1. Old oulipian page (90s)]
[2. Translation exercises (96-97)]
[3. Miscellaneous constraints (97)]
[4. Oulipian games & poetry (97-98)]
[5. Oulipoetic constraints (98-99)]

6. Oulipoetry in 1999
[7. Y2k texts]
[8. Grannets, tanka & Nerval]
[9. Poetry & symmetry (2000-01)]
[10. Sonnets et al. (2001-02)]
[11. Homophonies, anagrams, etc. (2003)]
[12. Combined constraints (2003-04)]
[13. Some original constraints (2004-06)]
[14. New literal constraints & pangrams (2006)]
[15. Holorhymes, pangrams, etc. (2006-08)]
[16. Polysemy & Pastior (2008)]
[17. Collective poems & vocalic sonnets (2008-09)]
[18. Lists & saturation (June-July 2009)]
[19. Anagram pairs, Loyd & Fournel (2009)]
[20. Rhymes, anagrams et al. (2010-11)]
[21. Cut-up, outlaw, Mathews, etc. (2011-12)]
[22. Complex rhymes, multi-lipograms & self-justification (2013)]
[23. Doublets, arithmonyms, alpharhymes, etc. (2014)]
[24. Homoconsonantisms et al., braids, anagrhymes (2015)]
[25. Anagrams, holorhymes, Morse, etc. (2016)]
[26. Rhythm & pangrams (2016)]
[27. Compositions, holorhymes and new constraints (2016-17)]
[28. Syllabic squares, vocalic sequences, music, etc. (2017)]
[29. Paradoxical constraints (2018)]
[30. Extensions of anancograms & other constraints (2018)]
[31. Express palindromes (2018)]
[32. Digrams, mesonyms et al. (2019)]
[33. Intervals, primes, n-grams & Queneau (2019)]
[34. Statistics and prime ASCII art (2020)]
[35. Extensions of HOGs & palindromes (2020)]
[36. Acrostics, rhythm and many other constraints (2020)]
[37. Block designs, neo-gematria, paronyms & boundaries (2020)]
[38. Metatogs, irrational sonnets, neo-sestinas, etc. (2021)]
[39. Prouhet-Thue-Morse, generalized sonnets and other forms (2021-22)]
[40. Architogs, polysympathy et al. (2022)]
[41. Paronyms, protehogs, dichotomy, etc. (2022)]
[42. Tropes and generalized palindromes (2022)]
[43. Block designs, binary gematria et al. (2023)]
[44. New express palindromes and octina (2023)]
[45. Paronyms, surdefinitions & palindromes (2023)]
[46. Recent stuff (2024)]
[Appendix: Homages to a few oulipian friends]


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8 mars 1999

Sonnet en -ix de Mallarmé à traduire sans "o" ni "x"
[Jeu proposé par Stéphane Barbery sur la liste sabirs]

Sonnet IV

Ses purs ongles très haut dédiant leur onyx,
L'Angoisse, ce minuit, soutient, lampadophore,
Maint rêve vespéral brûlé par le Phénix
Que ne recueille pas de cinéraire amphore

Sur les crédences, au salon vide : nul ptyx,
Aboli bibelot d'inanité sonore,
(Car le Maître est allé puiser des pleurs au Styx
Avec ce seul objet dont le Néant s'honore.)

Mais proche la croisée au nord vacante, un or
Agonise selon peut-être le décor
Des licornes ruant du feu contre une nixe,

Elle, défunte nue en le miroir, encor
Que, dans l'oubli fermé par le cadre, se fixe
De scintillations sitôt le septuor.


Version monovocalique (& sans "x")

Thrène en vers

Les serres élevées se présentent en gemmes :
Des ténèbres, le Stress défend, en réverbère,
Les rêves desséchés, cendres des vêprées blêmes
Rejetées de Cerbère et des stèles de terre

Cette terne crédence est sevrée de ses schèmes,
Secrets sèvres de vent, emblèmes d'éphémère
(En effet le Régent cherche en Enfer ses thèmes
Et se sert d'éléments pêchés en ce Désert)

Près de cette fenêtre et près de l'est, le fer
En cette scène tend de prestes bêtes vers
Les déesses des mers, des perches et des brèmes

Décédées en ce verre, elles restent légères;
En même temps l'ensemble en sept reflets se sème
Et l'ébène s'enferme en cette perte d'erres.

Emmêlant la phrase_
(Pharèse : mal mental)


Version conservant certaines sonorités & ambiguïtés de l'original

Chant IV

L'émeraude très haut ses lunules restaure;
La Terreur, ce minuit, épaule d'un ménisque
Maint rêve vespéral crevé par le Centaure
Qu'aucune urne funèbre à recueillir ne risque

Sur les vides buffets du hall : nulle pliaure,
Beau bidule biffé d'un taciturne disque,
(Car le Maître a puisé des pleurs auprès d'un Maure
Avec ce seul dessin que le Néant ne bisque.)

Mais près de l'embrasure au pur sud, une brisque
Passe alliée du tableau d'un ardent damalisque
Ruant sur la naïade amie du hareng saure,

Elle, défunte nue en cette psyché, puisque,
Dans l'amnésie fermée par le cadre, s'instaure
En scintillants éclats brusquement l'astérisque.

Sam, l'éléphant amer_
(Plan : thème à larmes)

Autres réponses

[Voir aussi ces traductions du sonnet en i de Mallarmé]


26/03/1999

Démence de e

Je présente cette thèse : e est dément.

Je prends x réel et je rejette les n ébréchés. [Les règles permettent x rêvé, de même.] ex est l'ensemble des xn/n! entre n désert et n extrême. Je le représente en ces termes :

ex = 1 + x + x2/2 + x3/3! + ...
Bref, ex dépend de x. Mes recherches se resserrent vers l'essence démente de e. Je préfère cerner le renversement de ce réel, entendez l'élément 1/e = e-1. C'est en effet le même thème. Je me permets de relever le sens de cet élément :
1/e = 1/2 - 1/3! + 1/4! - 1/5! + ...
Cette sentence révèle le bercement des termes : être élevé, descendre, se relever, redescendre, etc. Et en même temps, ces termes désenflent éternellement. Bref, j'entends cette belle règle entre 1/e et ces réels près de 1/e :
0 < 1/e - [1/2 - 1/3! + ... - 1/(2n-1)!] < 1/(2n)!
Je mets (2n-1)! en présence de ces termes, et l'effet en est :
0 < (2n-1)!/e - N < 1/(2n).
Relevez cette preste pensée : N est net, préservé. Je répète : N n'est ébréché ! Et vers l'extrême dextre, 1/(2n) n'excède 1/2. C'est certes très près de l'événement recherché.

Je tente de prétendre : 1/e n'est dément. [En termes lestes : e est sensé.] Je prends n très élevé, je mets (2n-1)! en présence de 1/e, et cette recette le rend exempt de reste. Bref, je déterre le réel net (2n-1)!/e - N, et je le serre entre 0 et 1/2. C'est fêlé ! Et c'est le terme de l'errement : 1/e est dément, et e l'est de même.

Mes révérences et mes respects; Gef_

[Cf. ces préceptes, de même]


29 mars 1999

Étude rythmique à la Steve Reich
où le schéma vocalique AAAOAAOAOAAO se décale progressivement par rapport à la structure fixe des alexandrins

Alcools (A.O.C.)

Lascar pas monacal, Oscar goba d'abord
nos armagnacs, nos marcs, la vodka, l'or à bar...
Alors à l'athanor alla l'oral pochard :
l'anarcho-malabar osa l'aldol à tort.

« O tracas stomacal ! » s'affola l'as trop tard.
Pathos paradoxal : « Fatal grog ! Pas d'accord ! »
grogna Oscar pâlot, flagada, fort hagard,
« Anormal flot vachard, bocal à charognard ! »

Matador amoral, cabochard pas ad hoc,
Oscar absorba tôt calvados, schnaps, arack;
s'accorda kwas, cognacs, scotch, cacaos kanaks.

Ça l'assomma : chaos gastro-vagal, coma.
L'anar maso plana : polka, toccata, rock...
Or par là s'approcha la mort. Tchao alma !


1er avril 1999

Taré
Gag obtenu avec une version encore plus dure de cette contrainte : les consonnes respectent la structure
fixe TTTRTTRTRTTR, et les voyelles le schéma AAAOAAOAOAAO se décalant progressivement

Explication préalable :
Une avare joue aux cartes avec sa nièce Tara. Celle-ci n'hésite
pas à exploiter les goûts ludiques de sa tante pour la plumer à
la manière des Turcs de la Volga. La dame pingre comprend qu'il
lui faut amadouer sa nièce en évoquant l'Ancien Testament, puis
en lui offrant son propre exemplaire de ces saintes écritures !

Illustration sonore :
Ta tatare ôta tard au tarot ta tare. Oh, tôt ta Tara t'ôta rate
au râteau. Tara tâte au tas ras, tâte or à tarot. « T'as tord !
Ah, t'as ta thora ? » tata rota, rate au tarot. Tôt tata rota :
« Tara, t'auras ta thora ! » (etc., je vous épargne la suite !)


25 avril 1999

Traduire le texte suivant sans A ni L
[Jeu proposé par Stéphane Barbery sur la liste sabirs]

« Manifeste de M. Antipyrine
DADA est notre intensité : qui érige les baïonnettes sans conséquence la tête sumatrale du bébé allemand; Dada est la vie sans pantoufles ni parallèles; qui est contre et pour l'unité et décidément contre le futur; nous savons sagement que nos cerveaux deviendront des coussins douillets, que notre antidogmatisme est aussi exclusiviste que le fonctionnaire et que nous ne sommes pas libres et crions liberté; nécessité sévère sans discipline ni morale et crachons sur l'humanité.
DADA reste dans le cadre européen des faiblesses, c'est tout de même de la merde, mais nous voulons dorénavant chier en couleurs diverses pour orner le jardin zoologique de l'art de tous les drapeaux des consulats.
Nous sommes directeurs de cirque et sifflons parmi les vents des foires, parmi les couvents, prostitutions, théâtres, réalités, sentiments, restaurants, ohi, hoho, bang, bang. [...] »
Extrait du Premier Manifeste Dada de Tristan Tzara

Chant dada à la Tzara sans "la"
[Version respectant le mètre & le schéma de rimes de la Chanson dada du même auteur]

  « Profession de foi mutine
de Monsieur Contrepyrine
HOBBY est notre turbine :
qui s'érige et qui surine
    inconséquemment pour toi,
front réduit du bébé boche;
Hobby, c'est vivre ce choix
de se priver de brioches
    et de soie,
d'origines,
d'uniformité crétine;
    contre et pour toute union,
c'est décidément sûr,
voyons,
soyons
contre un futur;

    nous sommes bien informés
que nos méninges brimées
deviendront de renommés
coussins mous pour nos mémés;
    notre rejet des doctrines
est méthodique, entêté
comme un greffier de routine;
en prison sommes restés,
    et devine :
nous crions
permission et rédemption;
    dure nécessité
ni stricte ni éthique,
je tique
et chique
nos sociétés.

    Certes HOBBY reste ceint
du terroir européen
des déficiences, dessein
merdique et même mesquin;
    nous désirons toutefois
dès cette minute chier
en des teintes qui ondoient
des pennons du monde entier
    pour que soit
esthétique
notre zoo poétique.
    Nous sommes directeurs
de cirque et serinons
un son
du fond
du choeur moqueur,

    en même temps que ces vents
des foires, que ces couvents,
scènes et déguisements,
prostitutions, sentiments,
     vérités, rôtisseries,
ohi, hoho, bing, bing, toc. »
Portion du Premier Édit
Hobbiste d'S. Rosenstock.
    Je finis
ce poème
et j'indique son système :
    ici fut reproduit
un tempo et un schème
d'un thème
du même
pionnier Hobby.

Autres réponses


14 mai 1999

         Quelques courts pangrammes
         --------------------------
         Buvez, mes jeunes amis, et
         n'hésitez pas à déprotéger
         les logiciels commerciaux.
Jouvenceaux, trafiquez : déplombage, whisky !
         [alexandrin; une lettre de
         moins que le "juge blond"]

         On peut gagner une seconde
         lettre en insultant Stefan
         Zweig, le grand romancier.
 Zweig : psychonévrotique ex-judoka flambé !
         [oui, c'est un alexandrin]

         J'avais en fait déjà gagné
         une troisième lettre, il y
         a un an, avec ce conseil :
  Objectif gravidique : asphyxiez walkman !
         [encore un alexandrin ;-)]

         Comme Pascal Kaeser me l'a
         indiqué, la ville suivante
         possède un grand potentiel
         pangrammatique. Imaginons-
         la donc en train de vendre
         diverses marques d'alcools
         sur sa plus grande place :
    Magnifique Walbrzych juxtapose vodka.
         [toujours un alexandrin et
         seulement 33 lettres, soit
         4 de moins que le "juge".]

         Qui fera encore plus court
         en 4 mots et 12 syllabes ?

Autres essais de pangrammes (moins contraints)

Télégraphiez c'week-end vos fous joyaux iambiques (42 lettres, "alexandrin")
Magnifique sovkhoz ! Taxiway préjudiciable... (37 lettres, comme le "juge blond")
Magnifique walkyrie, objectivez hexapodes ! (37 lettres)
Walkyrie, adjugez pacifiquement vos hiboux ! (37 lettres)
Zweig modifia le juke-box psychonévrotique. (37 lettres)
Ô juteux bavardage pacifique. Why ? Zalmanski ! (37 lettres, hommage à AZ)
Pub : jugez-vous faux ce tomahawk cylindrique ? (37 lettres, 12 syllabes)
Exhibez votre k-way disloqué, poncif méjugé. (36 lettres)
Objectif : exigez un k-way de marque Elvis, hop ! (36 lettres)
Planchez votre fameux k-way basque : je guide. (36 lettres, alexandrin)
Fugitive, enjambez dyslexique patchwork ! (35 lettres, alexandrin)

Placez quelques mots brefs mais riches sur votre plateau de Scrabble (9 juillet 2003) :
Mouvez « kif », « won » : bijoux dactylographiques ! (35 lettres, +- autoréférentiel)
Variante plus brève mais moins claire :
« Kif », « won » : m'obviez jeux dactylographiques ! (34 lettres, décasyllabe)

Schwarzkopferies  mettant en scène le général et non la cantatrice (9 décembre 1999)

Joyeux, Schwarzkopf balade une ogive atomique. (39 lettres, alexandrin)
Jovial, Schwarzkopf goba un oxyde atomique. (36 lettres, alexandrin)
Joyeux Schwarzkopf, vaguement diabolique. (36 lettres, décasyllabe de 4 mots)
Joyeux Schwarzkopf ! Va, diablotin magique ! (35 lettres, décasyllabe)
Bioxyde jovial : magnétique Schwarzkopf. (34 lettres, alexandrin de 4 mots)

Breitschwanz
Frédéric Schmitter a remarqué que cette variété d'astrakan est particulièrement bien
adapatée à la construction de pangrammes, et a proposé cet énoncé de 40 lettres :
Vieux pelage que je modifie : breitschwanz ou yak ?
En déformant sa trouvaille, j'ai moi-même obtenu ceci (27 avril 2001)

Ah, ces trafiquants de fourrures de l'ancienne Russie :
Le moujik équipé de faux breitschwanz voyage. (38 lettres, alexandrin)
On se fait toujours arnaquer quand on en achète près de Tchernobyl :
Pyjama de faux breitschwanz ? Logique à Kiev ! (36 lettres)

Nouveaux pangrammes assez cohérents (janvier 2002)

Le nom scientifique de l'oiseau néo-zélandais "kiwi" est "aptéryx" (= qui n'a pas d'ailes).
Cette bête passe son temps à courir, et ses pattes fournissent une viande appréciée :


Kiwi fade, aptéryx, quel jambon vous gâchez ! (35 lettres, alexandrin)

La monnaie zambienne porte le nom de "kwacha". Je viens d'en
découvrir un plein sac, dont je doute de l'authenticité mais
qui me permettra de réaliser mon rêve de voyage en Afrique :


Faux kwachas ? Quel projet de voyage zambien ! (36 lettres, alexandrin)

Hervé Le Tellier, qui prétend avoir une mémoire défaillante,
s'est déjà intéressé de près à la politique phynancière non-
inflationniste de ce pays, lorsqu'il a voulu changer de nom.
J'ai en effet retrouvé cette phrase visiblement signée HLT :


L'ex-pays zambien veut figer kwach... quoi déjà ? (36 lettres, alexandrin ?)

Nouvelle moisson de pangrammes dont quelques records (11 mars 2003)

Pangramme perecquien (16 juin 2003)

Voyez Gaspard Winckler, fantôme que j'exhibe. (37 lettres dont 2 N et 2 R, alexandrin)

Variante avec une seule consonne répétée (dans le nom propre), mais un total supérieur de lettres  :
Voyez Gaspard Winckler, fou tabou que j'exhume. (38 lettres dont 2 R, alexandrin)

Autre variante plus économique mais plus cryptique :
Voyez Gaspard Winckler que j'exhume : feu but. (36 lettres dont 2 R, alexandrin)

Sans répétition de consonne mais encore plus abscons :
Je veux que Booz Winckler démythifie sa page. (37 lettres, alexandrin si « Booz » est prononcé en une seule syllabe)

Les allusions à Perec sont perdues dans ce dernier essai plus concis :
Ô bedeaux, jugez vif -- sympathique -- Winckler ! (35 lettres, alexandrin)

Autres pangrammes onomastiques (17 juin 2003)

Le mathématicien arabe dont le nom a donné « algorithme » cherche à décomposer un réseau équipotent :
          Qu'Al-Khuwârizmî oxyde
          son pavage bijectif ! (36 lettres)
Variante abstruse gagnant une lettre :
J'y pique vingt os bifocaux d'Al-Khuwârizmî.(35 lettres)

Un philosophe exorbité pris en flagrant délit de luxure :
Jozef Wronski bégaya de vice exophtalmique. (37 lettres)
Remplacer « bégaya » par « y goba » pour gagner une lettre et perdre en clarté.

Un théologien allemand finit par profiter de la vie :
Bavez joyeux, pragmatique Schwenckfeld ! (décasyllabe de 4 mots et 34 lettres dont 2 C)

Un canton suisse diffuse illégalement diverses rengaines :
Fi ! Schwyz repique maint juke-box galvaudé ! (35 lettres, alexandrin)

Frédéric Schmitter m'a signalé l'intérêt littéral du linguiste polonais Jerzy Kurylowicz.
Je l'imagine en plein travail :

Kurylowicz (fameux job) sa diphtongue évoque. (37 lettres, alexandrin)
Si le nombre de syllabes vous importe peu, remettez le complément d'objet direct en fin de phrase.
Dans le genre incohérent mais en quatre mots, il y a aussi des choses comme :

Mah-jongs ? Kurylowicz bivouaque, expéditif. (36 lettres, alexandrin)
dont le sens m'échappe...
Frédéric a quant à lui obtenu un énoncé en prose mais superbe de cohérence :

Kurylowicz fut gavé de bijoux phonémiques. (36 lettres, pangramme trouvé par Frédéric Schmitter)

Une chaîne de télévision ose trouver le champion prétentieux ! (8 juillet 2003)
Quel vif showbiz y juge Merckx pédant ? (31 lettres, décasyllabe)

Femmes fatales flamandes fascinées par un distributeur automatique de chansons (25 septembre 2022)
Quel juke-box fige vamps à Zwÿndrecht ?
          (31 lettres, décasyllabe, digramme « ij » écrit comme sa ligature néerlandaise « ÿ »)
Que vaut la boisson alcoolisée que Sibylle Riquetti de Mirabeau fabrique en Flandre ?
Quel kvas Gyp mixe à Zwijndrecht ? Bof ! (30 lettres, octosyllabe)

Cet apothicaire alsacien du XVe siècle confond polémoniacées et célastracées (27 septembre 2022)
Dom Brunswyck, jugez phlox qat vif (28 lettres, octosyllabe)

Défi si difficile (30 juin 2003)

En piochant parmi les pangrammes ci-dessus et en ne gardant que des alexandrins
pouvant rimer entre eux (souvent pauvrement), on peut tenter une sorte de sonnet :

Joyeux, Schwarzkopf balade une ogive atomique. (39)
Fi ! Schwyz repique maint juke-box galvaudé ! (35)
TGV : plomb... Jeux : ranz, whisky ! CQFD. (26)
Asphyxiez walkman : objectif gravidique. (34)

Télégraphiez c'week-end vos fous joyaux iambiques ! (42)
Zweig : psychonévrotique ex-judoka flambé ! (35)
Kiwi fade, aptéryx, quel jambon vous gâchez ! (35)
Pub : jugez-vous faux ce tomahawk cylindrique ? (37)

Magnifique Walbrzych juxtapose vodka. (33)
L'ex-pays zambien veut figer kwach... quoi déjà ? (36)
Le moujik équipé de faux breitschwanz voyage. (38)

Jouvenceaux, trafiquez : déplombage, whisky ! (36)
Je veux que Booz Winckler démythifie sa page. (37)
J'imposai faux whisky au czar blond qui vagit. (37)

Ce « poème » comporte exactement 500 lettres. À part ses rimes pauvres et
l'absence de sens suivi, on peut aussi noter la présence de 3 « faux » et de 3
« whisky » dans cette suite amorphe. Il reste donc beaucoup de travail si l'on
désire composer un sonnet malherbien dont chaque vers soit un pangramme !

Trois nouveaux pangrammes de 30 lettres et de 4 mots (27 août 2006)

Les tourne-disques publics & anglais devraient éviter les diminutions temporaires de volume
(« QWERTY » n'est pas un sigle mais bel & bien un adjectif invariable selon le petit Robert) :

Champlevez fadings, juke-box QWERTY ! (30 lettres, taratantara de 4 ou 5 mots selon la manière de compter)

La cantatrice la plus célèbre du monde pangrammatique possède une bibliothèque complète consacrée aux néo-platoniciens, et certains volumes sont même fermés par de petits cadenas métalliques. Une récente inondation a hélas abîmé deux bonnes dizaines d'entre eux :
Schwarzkopf oxyde vingt Jamblique. (30 lettres, octosyllabe de 4 mots)

Le général américain le plus célèbre du monde pangrammatique, aux muscles d'acier, vient de remporter un match de tennis en trois sets, dont deux au tie-break :
Vingt jeux, molybdique Schwarzkopf ! (30 lettres, octosyllabe de 4 mots)

Deux alexandrins de moins de 30 lettres (27 août 2006)
Un alexandrin contient a priori au moins 12 voyelles, soit 6 de plus que dans l'alphabet. On peut donc penser qu'un pangramme alexandrin ne pourra jamais être plus court que 26+6 = 32 lettres. Patrice Besnard a obtenu le 24/08/06 ce pangramme alexandrin de 32 lettres et de 4 mots seulement : Ex-myoglobine, qat adjuve Schwarzkopf !, gagnant donc une lettre par rapport à mon résultat du 14/05/99. Les astuces suivantes prouvent que descendre en dessous de 32 lettres est possible, mais avec plus de 4 mots et certes de façon assez malhonnête...

Dis, on danse ? On va s'marrer !
-- Voyons, mon frère, préfères-tu l'apparat à la prière ?

Jerk ? Zygoma fendu ! -- Pcht, wax vs qibla ? (29 lettres, alexandrin)

Le festival du Navet touche à sa fin. Il ne reste qu'à départager les deux pires, à savoir un porno et un montage des échecs les plus cuisants :
N'y jugez que film X vs bide patchwork ! (30 lettres, alexandrin)

Évidemment, on peut réduire encore la taille de l'énoncé en employant des abréviations.
Il suffit alors de remplacer le deuxième navet par une compilation de dessins animés :

N'y jugez que film X vs BD patchwork ! (28 lettres, alexandrin)

Toutefois, seul « vs » est considéré comme un mot à part entière dans « l'Officiel du Scrabble ».
En utilisant de telles abréviations, j'avais en fait déjà atteint des pangrammes alexandrins de 26 lettres en mars 2003.

Deux pangrammes de 3 « mots » seulement (29 août 2006)
grâce à l'emploi combiné d'un nom propre et d'un préfixe

Il te faut dédommager Norman, dont les muscles ne sont pas vraiment en acier spécial (contrairement à ce qui est affirmé plus haut), mais presque :
Venge juxta-molybdique Schwarzkopf ! (31 lettres, décasyllabe de 3 « mots »)

Après son heure de gloïre au Koweit, il est en effet quasiment devenu un clochard alcoolique :
Schwarzkopf, juxtamylique vagabond. (31 lettres, décasyllabe de 3 « mots »)

Cette astuce des préfixes revient tout de même à forger des néologismes, donc on s'éloigne de la ferpection du juge blond qui fume...

Et pour finir un pangramme alexandrin de 4 « mots » et 31 lettres (29 août 2006)
toujours grâce à l'emploi combiné d'un nom propre (W) et d'un préfixe

Aplanissons cet ancien îlot néo-nazi de Terre de Feu à l'aide d'explosifs. Nous les allumerons grâce à des mèches couramment employées en électrocardiographie :
Nivelez W, bickford juxta-sphygmique ! (31 lettres, alexandrin de 4 « mots »)

Un « bickford » est une mèche d'explosif, et l'adjectif « sphygmique » signifie relatif au pouls. Notez que la césure de l'alexandrin est correcte. Il existe au moins deux autres énoncés similaires, mais peut-être encore plus abstrus. La rime féminine laisse entendre qu'on pourrait encore diminuer le nombre de lettres tout en conservant 12 syllabes. Avis aux amateurs masochistes !...

[Voir aussi ce sonnet panphonétique, cette version « belle absente » du Desdichado de Nerval, et ces traductions pangrammatiques de courts poèmes et de prose.
Depuis septembre 2006, tous mes pangrammes sont aussi rassemblés sur une même page Web.]


17 mai 1999

Donner une fausse définition du mot kala-azar
[Jeu proposé par Stéphane Barbery sur la liste sabirs]


Version en "prose"
(inspirée de certains contes de Borges)

KALA-AZAR, n. m. (de l'espagnol "cal al azar")
Infection tropicale provenant de la région d'Assam, au nord-est de l'Inde, se traduisant par une aversion pour les couleurs sombres. Les patients en phase terminale sont pris de graves troubles psychologiques, les poussant à répandre aléatoirement de la chaux sur tout objet obscur, y compris sur les ombres. La majorité d'entre eux succombe à un infarctus précisément au coucher du soleil. Il est probable qu'Arthur Gordon Pym l'attrapa à Tsalal, ce qui expliquerait l'arrêt brutal de son récit. Au siècle dernier, les patients étaient séquestrés dans des cages et exhibés à la population moqueuse. De nos jours, l'épidémie s'est tellement généralisée qu'elle ne fait plus rire, et l'on préfère enfermer des animaux dans ces mêmes prisons. Certaines expressions populaires reflètent pourtant l'antique coutume, comme l'exclamation « Vous ici ! Kala-azar ! Je vous croyais au zoo ! ». Les progrès de la médecine ont su contrôler les symptômes les plus violents, mais il est prouvé que 90 % des êtres vivants subissent des accès de fatigue au crépuscule. Les 10 % restants sont plus gravement atteints, et leur résistance aux traitements actuels laisse craindre l'apparition d'une mutation plus robuste du même protozoaire. (Voir racisme.)


Version retravaillée, mais moins claire
(lipogramme en E & lignes isocèles)

KALA-AZAR, n. m. (du castillan "cal al azar")
Typhus tropical issu du pays d'Assam, tout au
sud du Bhoutan, traduit par un goût abusif du
blanc ou du clair, assorti d'un instinct fort
inamical pour tout coloris obscur. L'individu
l'ayant acquis voit sa raison s'appauvrir pas
à pas puis il finit par accomplir d'incongrus
forfaits, à savoir : couvrir à la chaux, sans
organisation, tout corps assombri, qu'il soit
marron ou gris. Ça va parfois jusqu'aux coins
du sol qui sont à l'abri du jour ! La plupart
ont un infarctus quand la nuit paraît. On dit
qu'Arthur Gordon Pym l'attrapa à Tsalal, d'où
l'abandon brutal du journal qu'il consignait.
Tout humain trop maladif finissait jadis dans
un cachot qu'on baladait parmi la population,
l'humiliant par son humour. Mais aujourd'hui,
la contagion a conquis tant d'individus qu'on
n'a plus aucun goût pour ça. Ainsi donc, nous
substituons maints animaux à nos fous. On dit
toujours, pourtant, d'amusants propos faisant
allusion à nos traditions d'antan, à l'instar
du « Vous ici ! Kala-azar ! L'on vous croyait
au zoo ! » [La disparition, p. 69, l. 5]. Nos
toubibs ont l'art d'assoupir nos plus brutaux
tracas dus au kala-azar, mais l'on sait qu'il
y a au moins huit humains sur dix (soit 80 %)
qui sont tout avachis, au soir tombant. Quant
aux 20 % s'y additionnant, on a la conviction
qu'ils sont plus souffrants, car nos calmants
n'y sont d'aucun profit. On craint donc qu'il
y ait apparition d'un mutant plus puissant du
virus. [Voir chauvin, anti-immigrant, front.]
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24 mai 1999

Écrire des alexandrins raciniens utilisant les mots suivants :
homoncule, protosinaïtique, nouille, intime, fédéral, poutre, irisé, frisson,
lie-de-vin, mascara, sarcler, dysphorique, in-quarto, glaïeul, teigneux

[Jeu proposé par Stéphane Barbery sur la liste sabirs]


Surcontrainte choisie : mots imposés dans l'ordre et à la rime (riche)

Ah ! Que m'apportez-vous ? Juste une renoncule ?
Mais vous n'êtes, Crassus, qu'un minable homoncule !
Je croyais votre ardeur protosinaïtique (*)
Et je découvre hélas ! votre âme jésuitique.
Le héros tant rêvé qui pour nous s'agenouille
S'avère une grenouille, une apathique nouille.
Nous sentîmes enfin sa valeur : le centime.
Tu peux toujours courir pour être mon intime,
Vide intersidéral, impotent fédéral !
Va te faire soigner ton surcroît pondéral,
Tes fesses dans la paille et dans tes yeux la poutre !
Apprends donc que Tertulle aux affronts ne passe outre
Et si tu veux encore être satirisé,
Conserve ton sourire au chicot irisé
Sur ton mufle édenté de vilain nourrisson !
Malheur ! L'échantillon me glace d'un frisson.
Malheur à ces bajoues de couleur lie-de-vin !
« Évite l'échevin » m'avait dit le devin
Déchiffrant l'avenir au jeu de baccara;
Mais cachant sa laideur sous un gras mascara,
L'hypocrite Crassus a voulu m'encercler.
Dieux ! Cette mauvaise herbe allez-vous donc sarcler ?
Balayez ce microbe au nom métaphorique !
Sauvez mon coeur altier d'un dégoût dysphorique
Pour cet épais buvard imbibé de porto,
Ce débris d'avorton, moitié d'homme in-quarto
Déjà tout rabougri comme son trisaïeul !
Si la prochaine fois tu m'offres un glaïeul
Voire un crocus, Crassus, ridicule teigneux,
Sache bien que t'attend mon venin dédaigneux !

(*) Vraisemblablement, Racine fait ici allusion au buisson ardent de l'antique Sinaï (Exode 3).

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7 juin 1999

Un court cours sur l'art sans lard
(lied sans nul E, en mots qu'on dit d'un seul trait)

Un non-dit qui n'a plus cours
                                                            à Jürg Luis Borg pour "Undr",
                                                            à Garg Parc pour "Un trou blanc",
                                                            puis à R. Droin pour "Tom".

Mon roi m'a dit : « Ton lai m'a plu au plus haut point
car tu y as tout mis, la loi, la foi, la mort.
Tu as joint là maints tours, du plain chant du grand nord
au rock 'n roll du sud. Oui, ton art a du soin.

Mais il faut qu'on soit franc : vingt mots trop longs vont moins
droit au but qu'un plus court. Tu fais du lourd à tort.
Crois-moi, mon fils, sois prompt; fuis la voix du plus fort;
crains tout vain bric-à-brac; tais-toi donc vois plus loin !

J'ai soif d'un ton qui soit ni froid, ni noir, ni gourd,
mais un zoom du Big-Bang sur un fin rai du jour.
Vis coi cinq ou six mois, puis lis-moi ton vrai choix. »

Pour lors, à mon grand dam, j'ai dû fuir sans mon luth...
Plus tard, j'ai mû mon doigt au ras du ris du roi;
il a pris l'air d'un fou quand j'ai dit un vif « Chut ! »


Un plus bref en rab :
Un jour un roi, doigts gourds, a froid.
Il court tout droit au four. Il croit
la mort du corps,
si frais son cuir, pas vrai ? Où fuir ?

[Voir aussi ce sonnet monosyllabique et monovocalique.]


28 juin 1999

Écrire trois descriptions (en 15, 50 et 100 mots) d'un instrument de
musique impossible ou imaginaire et de ses productions sonores
[Jeu proposé par Stéphane Barbery sur la liste sabirs]
                 L'antiphone
                 -----------

               Effaceur de son
         occasionnant sans violence
             un profond silence.
             Joué par aspiration
          des oreilles, attention !
              [15 mots - tanka]

Plus connu sous le nom de gomme à tintamarre
cet instrument produit des ondes acoustiques
dont les fréquences vont parodier la musique
mais en opposition de phase : il contrecarre
ainsi tout ronflement, diffusant le silence.
Son emploi nécessite une immense expérience,
car il faut aspirer de l'oreille en cadence.
      [50 mots - alexandrins isocèles]

Aussi appelé Typex musical, l'antiphone sert
à supprimer tout bruit parasite au moment de
l'enregistrement d'un concert. Seuls de très
grands virtuoses savent le manier, et maints
amateurs couvrent souvent un grand orchestre
de leur silence strident. Le plus célèbre de
tous les solos se situe     dans le deuxième
entracte de "Tristan           et Isolde" de
Richard Wagner. On               trouvera ci
contre un exemple                 de note en
pizzicato. Il est                 délicat de
produire des sons                 si purs et
si ronds. Celui-ci               est dû à la
technique incroyable           de John Cage,
qui respirait l'oxygène     par ses tympans.
        [100 mots - lignes isocèles]
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3 septembre 1999

Réchauffage d'une ancienne discussion de la liste (fin février 1999) à
propos du nombre de caractères des alexandrins. Pour lire correctement
les deux derniers vers de ce sonnet, sachez que les rimes sont riches.
Le contraste entre un thème tragique et une forme plutôt grotesque est
voulu, en hommage à l'auteur mis en scène. Tragicomiquement vôtre, Gef
W6W0146

L'écrivain cherche un titre aux souvenirs qu'il forge
Extraits d'une amnésie vacillante. Il espère
Éclairer son histoire et la mort de son père
Écrasé sous les tirs allemands près de l'Orge

L'orphelin bâillonné d'un serrement de gorge
Sait qu'en perdant sa mère il perdit tout repère
Et cachant des signaux chiffrés il récupère
Éclaté le soupçon de ne pas rester hors-je

De ces lieux disparus où il fut élevé
Le premier caractère il a donc prélevé;
Dans son âme Villard et Vilin se bousculent

D'une main à trois doigts l'homme audacieux met
« W ? »

Notez que les rimes en "-père" sont toutes suivies de rejets en "Ec-", et que le prénom "Georges" a été évité à la rime.
Notez aussi la fausse piste des rimes en "-levé" incitant à lire en "W" en fin de vers, et la diérèse d'"audaci-eux"
enrichissant l'une des rimes cachées. La solution décompose évidemment la treizième ligne en deux alexandrins :
Ouvrez les guillemets, double-vé majuscule, / Point d'interrogation, fermez les guillemets.
Le titre est une inscription cryptique de Perec en tête de son manuscrit de "W ou le souvenir d'enfance".
David Bellos a compris qu'il s'agit de l'image dans un miroir du mot "Mémoire".


6 septembre 1999

Patrick Flandrin a écrit le superbe poème ci-dessous, en respectant une contrainte qu'il a baptisée « montagnes russes » : chaque mot contient une lettre de plus ou de moins que le précédent.

Lac

Je lis dans tes yeux noirs tous les plus beaux poèmes,
Livre ouvert, mille mots, livre noir, mille vers,
Quand sous tes cils bleus nuit, tes yeux ronds grands ouverts
Clignent, tendres, mouillés -- Diamant, sombre gemme.

Dans ces lacs aux eaux pures, tout est là, dit déjà,
Jeu pour qui sait les voir, pages-puzzle, miroirs.
Silences éblouis, reflet tremblé, grands soirs,
Tout est en toi -- tu ris. Qu'est-il que tu n'as pas ?

Le fil de nos vies qui va son long cours sans bruit
Creuse notre sillon, tracé jour après jour.
Une ride qui naît, voici donc notre tour,

Qui nous prend sous son bras, voici donc notre nuit.
Sur le pli de mon coeur, gît face comme pile
Une roue qui, sans heurt, tourne -- Instant immobile.

Impressionné par la poésie de ce sonnet, j'en ai tenté une traduction lipogrammatique (sans E),
en conservant bien sûr la contrainte des « montagnes russes » :

Lac

On lit dans ton iris ton plus royal blason,
Album sans fin, mots nus, noir atlas, chants obscurs,
Lorsqu'admis sous ton toit aux cils satin-azur,
Ton clin câlin sombra -- Joyau, saphir profond.

Inclus parmi tout lac, où ton iris vit rond,
Maint propos inconnu, miroir saisi fort pur,
Luit vif sans vains fracas. Frisson, minuit futur,
Tout fut pour toi -- tu ris. Qu'ira fuir ton doux front ?

Mais ton sort, fil trop fin, va son long cours sans bruit
Forant sillons, rayons mûris nuit avant nuit.
Car un pli naît ici, lors voici donc ton jour,

Qui la mit sous son bras, voilà donc ton vrai but.
Dans mon plat moral font vingt-cinq tours sans cri brut
pivot, cadran, nadir pour finir -- Sursis court.


11 octobre 1999

Sonnet dont tous les vers sont des anagrammes
du dernier, à savoir le « Chantre » d'Apollinaire

Tranche !
(Des mots de requiem : sépulture à contrainte)

La mort qui sans merci, détendue et porteuse
De superstitions, quémande arme et clôture;
La poussière de mort qui t'attend me censure
Quand rit turpidement rosée l'escamoteuse.

Qu'un repos éternel soit dit, Madam, et creuse
Destin moqueur sans tact, oeil et remède pur
De notre ultime acmé, des paniques tortures,
Piment qui soûlera de cendres ma trotteuse.

Camarde trop menteuse, intruse, te disloque
L'espoir d'éternité. Dans ta mue tu me croques,
Me dorlotant, sadique, irrespectueusement :

Tu t'admets qu'éditée pour clore mes narines...
Sers drame quotidien ! Coupe leur testament
Et l'unique cordeau des trompettes marines !

Glose le trépas ossifié
gef@iap.fr

[Voir aussi ce micro-quatrain macabre à rimes rares et ce sonnet anaphonétique]


Petit échantillon des nombreux vers finalement abandonnés pour le sonnet ci-dessus

La mort qui nous attend durcie, très empesée
La mort qui nous trucide et danse, mère peste
La mort qui m'éperonne et sue des dictatures
Quand rit turpidement l'essorée comateuse
Destin moqueur sans tact, plume détériorée
Destin moqueur sans tact, tromperie éludée
Et la danse des morts qui cette proue rumine
Et la danse des morts qui noue cette primeur
L'espoir d'éternité. Tu m'as damnée, tu croques
Cette soeur de l'amour qui pissa tendrement

Diverses tentatives de sous-titre
Poème contraint sur la quiétude des termes
Doute à contraintes sur le temps de requiem
Requiem de douleurs et contraintes à temps
Poème et son distincts (remarque de l'auteur)
Ode à mètre contraint sur l'équipe des muets
Rimes : squelette dur du poème à contraintes
Contrainte saturée sur le temps qui démode
Étude à contraintes sur le temps qui m'érode


Quelques anagrammes moins lugubres de ce même « Chantre » [04/10/99]

(Monstres, ce mot truqué est dédié à Pauline R.)

Socrate soutint que l'esprit émane du derme
[Socrate soutient que l'âme merde d'un esprit]
Platon destructurera son déisme émétique
Aristote claudique pédestrement : remuons !
Euclide s'est moins trompé qu'un radar étêté
Que Nostradamus le dicte postérieurement
Sensé et têtu, Merlin pique à mort ce soudard
Mettre que Napoléon meurt, suicidé des rats
Mulâtre, Poincaré numérote des disquettes
Mémère n'atteint plus que trois dés à coudre
Et l'unique cordeau des trompettes marines


Quatrain anagrammatique écrit par Nicolas Graner [07/10/99]

Un dur secret n'emmerde Esposito : il attaque,
se pique de muter et l'amour des contraintes
et l'unique cordeau des trompettes marines,
et meurt de l'amour des contraintes épiques.

Signature
Nicolas qui, têtu, promet de t'adresser ce menu (???)
Puis corrigeant un "c" de trop :
Nicolas, qui promet de t'adresser une muette (??????)

Variations sur l'OuLiPo, toujours par Nicolas Graner
Des cadres oulipiques émettent un mot rare.
Oulipo : cadre unique, et en mettre des smarts !
Qu'Oulipo n'est triste, raseur, décadent même.


Poème anagrammatique écrit par Stéphane Susana [08/10/99]

Contrainte pure : Quel mot dédier à tes muses ?
Destin muet ? Déclare ton amour qui te presse !

Immortel trac : tu désespères d'une équation,
d'un mot drôle, ému, qui tracerait tes pensées.

Ému d'un art en code qui poserait mes lettres,
tu creuses dans le mot aride qui ne t'emporte.

Ordre lu, piste. Mais tout manque en ce désert,
Et l'unique cordeau des trompettes marines
m'est un mur de silences, et qui rôde à ta porte.

Commentaire de Patrick Flandrin [10/10/99]
Mister Susana trime dur, code net : quel poète !
Réponse de Stéphane Susana
Un merci de sa lettre, qui sans doute me porte !


Commentaire de Jean-Claude Breton [11/10/99]

Prouesse !!! De l'art.com sidérant qui me tue net !!!
Signature
blue jean de carton


19111999

Beau présent pour S. Susana


29 novembre 1999

Sonnet phonétique
empruntant plusieurs expressions à Alphonse Allais, Louise de Vilmorin et Patrick Flandrin
                Phonnet

HAKGCDCWGT      À chaque âge est cédé ses doubles végétés,
CGNEQVCBZSUR    Ses géhennes cuvées, ses baisers des suaires.
GACDDCDPIZMR    J'ai assez des décès des pays et des mers !
MUJFUILOJKJT    Ému, j'y ai fui et logique agité :

GOZMOWQZAT      J'ai osé des mots doux, bleus, vécus et datés,
DKODKPDQLFMR    Des cahots décapés d'écuelle éphémère.
JMUJNIFMXAJR    J'y ai mugi, henni, et fait mixage hier
DZYUZLISEDT     Des édits grecs usés, des liesses d'été.

LOHURILAMLID    Et l'eau a chu et ri : elle a aimé l'idée.
LAHLFEFACLID    Elle a haché les feux, effacé, élidé,
HEVCROCKCZSU    Achevé ces héros, ces cassés et déçus.

DSLOJEZOTLAJ    Déesse élogieuse et dotée, elle agit :
LARLRODHOJSU    Elle aère, elle érode; et à chaud j'y ai su
SANRIGSHNMAJ    Et sa haine érigée et sa chaînée magie.
[Voir aussi mon deuxième phonnet, moins "noble" mais plus clair.]
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