Le Grand Palindrome de Georges Perec


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Il existe de nombreuses pages Web reproduisant le Grand Palindrome de Georges Perec, par exemple celle-ci de mon ami Nicolas Graner, dont l'adresse est elle-même palindrome : <http://graner.name/nicolas/salocin/eman.renarg//:ptth>. J'en ai ici corrigé plusieurs coquilles, en me servant des pages 97 à 102 du livre de l'Oulipo intitulé la Littérature potentielle [qui contient lui aussi quelques erreurs, dont les trois que j'indique entre crochets]. Mais la principale nouveauté est qu'on peut ci-dessous passer sa souris sur le texte pour faire apparaître sur fond rouge les paires de caractères symétriques — à condition d'avoir activé JavaScript dans son navigateur. Comme le texte est long, il est toutefois nécessaire de choisir une taille de police assez petite pour que l'ensemble soit visible sur son écran. Si ça n'est pas le cas pour vous, pensez à agrandir votre fenêtre ou à réduire la police de votre navigateur. Pour gagner de la place en hauteur, j'ai remplacé par des barres obliques les alinéas de Perec au sein d'un même paragraphe.

Juste après le concert de l'Oumupo du 3 mars 2015, le pianiste Jean-François Ballèvre m'a suggéré une autre présentation, disponible dans ce fichier PDF : les deux moitiés anacycliques sont disposées tête-bêche, et j'ai fait en sorte que leur décalage ne dépasse jamais quelques lettres, pour faciliter leur comparaison. Les passages à la ligne de Perec n'y sont toutefois pas respectés. (Avec l'aide cruciale de Valentin Villenave, j'en ai aussi tenté une version HTML, mais l'affichage dépend tant du navigateur qu'il vaut mieux se servir du fichier PDF.)

Si vous désirez lire ce texte dans sa présentation originale, je vous recommande bien sûr le livre mentionné ci-dessus, mais vous pouvez aussi consulter cette page où j'ai corrigé toutes les fautes d'accents et autres minimes erreurs que j'ai trouvées.



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EDNA D'NILU
O. MÛ. ACÉRÉ. PSEG ROEG

Trace l'inégal palindrome. Neige. Bagatelle, dira Hercule. Le brut repentir, cet écrit né Perec. L'arc lu pèse trop, lis à vice-versa. / Perte. Cerise d'une vérité banale, le Malstrom, Alep, mort édulcoré, crêpe porté de ce désir brisé d'un iota. Livre si aboli, tes sacres ont éreinté, cor cruel, nos albatros. Être las, autel bâti, miette vice-versa du jeu que fit, nacré, médical, le sélénite relaps, ellipsoïdal. / Ivre il bat, la turbine bat, l'isolé me ravale : le verre si obéi du Pernod – eh, port su ! – obsédante sonate teintée d'ivresse.

Ce rêve se mit – peste ! – à blaguer. Beh ! L'art sec n'a si peu qu'algèbre s'élabore de l'or évalué. Idiome étiré, hésite, bâtard replié, l'os nu. Si, à la gêne secrète – verbe nul à l'instar de cinq occis –, rets amincis, drailles inégales, il, avatar espacé, caresse ce noir Belzébuth, oeil offensé, tire ! / L'écho fit (à désert) : Salut, sang, robe et été. / Fièvres. / Adam, rauque ; il écrit : Abrupt ogre, eh, cercueil, l'avenir tu, effilé, génial à la rue (murmure sud eu ne tire vaseline séparée ; l'épeire gelée rode : Hep, mortel ?) lia ta balafre native. / Litige. Regagner (et ne m'...). / Ressac. Il frémit, se sape, na ! Eh, cavale ! Timide, il nia ce sursaut.

Hasard repu, tel, le magicien à morte me lit. Un ignare le rapsode, lacs ému, mixa, mêla : / Hep, Oceano Nox, ô, béchamel azur ! Éjaculer ! Topaze ! / Le cèdre, malabar faible, Arsinoë le macule, mante ivre, glauque, pis, l'air atone (sic). Art sournois : si, médicinale, l'autre glace (Melba ?) l'un ? N'alertai ni pollen (retêter : gercé, repu, denté...) ni tobacco. / Tu, désir, brio rimé, eh, prolixe nécrophore, tu ferres l'avenir velu, ocre, cromant-né ? / Rage, l'ara. Veuglaire. Sedan, tes elzévirs t'obsèdent. Romain ? Exact. Et Nemrod selle ses Samson ! / Et nier téocalli ? / Cave canem (car ce nu trop minois – rembuscade d'éruptives à babil – admonesta, fil accru, Têtebleu ! qu'Ariane évitât net. / Attention, ébénier factice, ressorti du réel. Ci-gît. Alpaga, gnome, le héros se lamente, trompé, chocolat : ce laid totem, ord, nil aplati, rituel biscornu ; ce sacré bedeau (quel bât ce Jésus !). Palace piégé, Torpédo drue si à fellah tôt ne peut ni le Big à ruer bézef. / L'eugéniste en rut consuma d'art son épi d'éolienne ici rot (eh... rut ?). Toi, d'idem gin, élèvera, élu, bifocal, l'ithos et notre pathos à la hauteur de sec salamalec ? / Élucider. Ion éclaté : Elle ? Tenu. Etna but (item mal famé), degré vide, julep : macédoine d'axiomes, sac semé d'École, véniel, ah, le verbe enivré (ne sucer ni arrêter, eh ça jamais !) lu n'abolira le hasard ? / Nu, ottoman à [l']écho, l'art su, oh, tara zéro, belle Deborah, ô, sacre ! Pute, vertubleu, qualité si vertu à la part tarifé (décalitres ?) et nul n'a lu trop s'il séria de ce basilic Iseut.

Il à prié bonzes, Samaritain, Tora, vilains monstres (idolâtre DNA en sus) rêvés, évaporés : / Arbalète (bêtes) en noce du Tell ivre-mort, émeri tu : Ô, trapu à elfe, il lie l'os, il lia jérémiade lucide. Pétard ! Rate ta reinette, bigleur cruel, non à ce lot ! Si, farcis-toi dito le coeur ! / Lied à monstre velu, ange ni bête, sec à pseudo délire : Tsarine (sellée, là), Cid, Arétin, abruti de Ninive, Déjanire... / Le Phénix, ève de sables, écarté, ne peut égarer racines radiales en mana : l'Oubli, fétiche en argile. / Foudre. / Prix : Île de la Gorgone en roc, et, ô, Licorne écartelée, / Sirène, rumb à bannir à ma (Red n'osa) nière de mimosa : / Paysage d'Ourcq ocre sous ive d'écale ; / Volcan. Roc : tarot celé du Père. / Livres. / Silène bavard, replié sur sa nullité (nu à je) belge : ipséité banale. L' (eh, ça !) hydromel à ri, psaltérion. Errée Lorelei... / Fi ! Marmelade déviré d'Aladine. D'or, Noël : crèche (l'an ici taverne gelée dès bol...) à santon givré, fi !, culé de l'âne vairon. / Lapalisse élu, gnoses sans orgueil (écru, sale, sec). Saluts : angiome. T'es si crâneur !
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Rue. Narcisse ! Témoignas-tu ! l'ascèse, là, sur ce lieu gros, nasses ongulées... / S'il a pal, noria vénale de Lucifer, vignot nasal (obsédée, le genre vaticinal), eh, Cercle, on rode, nid à la dérive, Dédale (M... !) ramifié ? / Le rôle erre, noir, et la spirale mord, y hache l'élan abêti : Espiègle (béjaune) Till : un as rusé. / Il perdra. Va bene. / Lis, servile repu d'électorat, cornac, Lovelace. De visu, oser ? / Coq cru, ô, Degas, y'a pas, ô mime, de rein à sonder : à marin nabab, murène risée. / Le trace en roc, ilote cornéen. / Ô, grog, ale d'élixir perdu, ô, feligrane ! Eh, cité, fil bu ! / Ô[h !] l'anamnèse, lai d'arsenic, arrérage tué, pénétra ce sel-base de Vexin. Eh, pèlerin à (Je : devin inédit) urbanité radicale (elle s'en ira...), stérile, dodu. / Espaces (été biné ? gnaule ?) verts. / Nomade, il rue, ocelot. Idiot-sic rafistolé : canon ! Leur cruel gibet te niera, têtard raté, pédicule d'aimé rejailli. / Soleil lie, fléau, partout ire (Métro, Mer, Ville...) tu déconnes. Été : bétel à brasero. Pavese versus Néandertal ! Ô, diserts noms ni à Livarot ni à Tir ! Amassez. / N'obéir. / Pâli, tu es ici : lis abécédaires, lis portulan : l'un te sert-il ? À ce défi rattrapa l'autre ? Vise-t-il auquel but rêvé tu perças ? / Oh, arobe d'ellébore, Zarathoustra ! L'ohcéan à mot (Toundra ? Sahel ?) a ri : Lob à nul si à ma jachère, terrain récusé, nervi, née brève l'haleine véloce de mes cassemoix à (Déni, ô !) décampé. / Lu, je diverge de ma flamme titubante : une telle (étal, ce noir édicule cela mal) ascèse drue tua, ha, l'As. / Oh, taper ! Tontes ! Oh, tillac, ô, fibule à rêve : l'Énigme (d'idiot tu) rhétoricienne. / Il, OEdipe, Nostradamus nocturne et, si né Guelfe, zébreur à Gibelin tué (pentothal ?), le faiseur d'ode protège. / Ipéca... : lapsus. / Eject à bleu qu'aède berça sec. Un roc si bleu ! Tir. ital. : palindrome tôt dialectal. Oc ? Oh, cep mort et né, mal essoré, hélé. Mon gag aplati gicle. Érudit rosse-récit, ça freine, benoît, net. / Ta tentative en air auquel bête, turc, califat se (nom d'Ali-Baba !) sévit, pure de – d'ac ? – submersion importune, crac, menace, vacilla, co-étreinte...

Nos masses, elles dorment ? Etc... Axé ni à mort-né des bots. Rivez ! Les Etna de Serial-Guevara l'égarent. N'amorcer coulevrine. / Valser. Réfuter. / Oh, porc en exil (Orphée), miroir brisé du toc cabotin et né du Perec : Regret éternel. L'opiniâtre. L'annulable. / Mec, Alger tua l'élan ici démission. Ru ostracisé, notarial, si peu qu'Alger, Viêt-Nam (élu caméléon !), Israël, Biafra, bal à merde : celez, apôtre Luc à Jéruzalem, ah ce boxon ! On a écopé, ha, le maximum

Escale d'os, pare le r[s]ang inutile. Métromane ici gamelle, tu perdras. Ah, tu as rusé ! Caïn ! Lied imité la vache (à ne pas estimer) (flic assermenté, rengagé) régit. / Il évita, nerf à la bataille trompé. / Hé, dorée, l'Égérie pelée râpe, sénile, sa vérité nue du sérum : rumeur à la laine, gel, if, feutrine, val, lieu-crèche, ergot, pur, Bâtir ce lieu qu'Armada serve : if étêté, éborgnas-tu l'astre sédatif ? / Oh, célérités ! Nef ! Folie ! Oh, tubez ! Le brio ne cessera, ce cap sera ta valise ; l'âge : ni sel-liard (sic) ni master-(sic)-coq, ni cédrats, ni la lune brève. Tercé, sénégalais, un soleil perdra ta bêtise héritée (Moi-Dieu, la vérole !)

Déroba le serbe glauque, pis, ancestral, hébreu (Galba et Septime-Sévère). Cesser, vidé et nié. Tétanos. Etna dès boustrophédon répudié. Boiser. Révèle l'avare mélo, s'il t'a béni, brutal tablier vil. Adios. Pilles, pâle rétine, le sel, l'acide mercanti. Feu que Judas rêve, civette imitable, tu as alerté, sort à blason, leur croc. Et nier et n'oser. Casse-t-il, ô, baiser vil ? À toi, nu désir brisé, décédé, trope percé, roc lu. Détrompe la. Morts : l'Âme, l'Élan abêti, revenu. Désire ce trépas rêvé : Ci va ! S'il porte, sépulcral, ce repentir, cet écrit ne perturbe le lucre : Haridelle, ta gabegie ne mord ni la plage ni l'écart.
Georges Perec. Au Moulin d'Andé, 1969.


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Voir aussi mon vérificateur de palindromes et mes propres textes oulipiens

Gilles Esposito-Farèse <gef@iap.fr>

Page créée le 7 mars 2015 (79e anniversaire de Georges Perec)
Dernière modification : 11 mars 2015