Une myriade de myllions de byllions de sonnets (1028)

Robert Rapilly

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Le transparent glacier

L’instrumental limpide albatros gourd de fuir
À temps tourmente-t-il sevré d’intime arbitre
Ces mascarets planants dont émane d’une hydre
Le transparent glacier des thermes sous nadir

Un harfang d’autrefois prie un vieux repentir
Qui tranquille soudain n’en dispense d’épître
Depuis qu’il n’a gagné la couture et la mitre
Dès que du fjord borné les grâces font mourir

Sa touche pleine émeut l’art d’ébauche honnie
Par la strophe arrivée à brasque encor garnie
Excepté l’affreux clos qu’exaltent les écrits

Fantôme qu’à l’endroit tut l’ire qui trépigne
Le grimoire achoppe au frimas d’ifs assombris
Qu’accentue au décroît d’une treille la vigne

Il s’agit du poème no 
Vous pouvez choisir un poème précis en tapant son numéro dans ce cadre, suivi d’un retour chariot.

Il est aussi possible d’indiquer le numéro dans l’adresse de la page, sous la forme

<http://www.gef.free.fr/Myriade.php?n=6402581429936735775526102370>


Présentation

Dispositif poétique plagié par anticipation & Harry Mathews lors d’une réunion de l’Oulipo le 28 août 1987.

Cette page expose une étape de travail en octobre 2020. La mécanique combinatoire tourne bien, mais il reste à creuser le lexique. Pour édition définitive (un recueil à double reliure et une version musicale), beaucoup de nouveaux mots seront puisés au corpus mallarméen, poésie et prose.

On manipulera 1028 sonnets symbolistes imprimés comme les 1014 poèmes de Queneau, sauf que le recueil sera relié à gauche et à droite.

Les hémistiches ont une largeur typographique invariable.

Il y a 10 sonnets souches scindés à la césure, générant donc 10 × 10 = 100 combinaisons par vers.

Les 14 étapes de 100 vers potentiels génèrent alors
10014 = 10 000 000 000 000 000 000 000 000 000 sonnets :
pour ordre de grandeur, le nombre d’atomes dans le corps d’un type costaud.

La syntaxe est reprise du Cygne de Mallarmé.

Comme chez Queneau, l’absence de ponctuation donnera davantage de latitude à la lecture.

À part Cygne présent deux fois, un même sonnet ne répète aucun mot signifiant.

Le sonnet souche de Mallarmé :

Le vierge, le vivace et le bel aujourd’hui
Va-t-il nous déchirer avec un coup d’aile ivre
Ce lac dur oublié que hante sous le givre
Le transparent glacier des vols qui n’ont pas fui !

Un cygne d’autrefois se souvient que c’est lui
Magnifique mais qui sans espoir se délivre
Pour n’avoir pas chanté la région où vivre
Quand du stérile hiver a resplendi l’ennui.

Tout son col secouera cette blanche agonie
Par l’espace infligée à l’oiseau qui le nie,
Mais non l’horreur du sol où le plumage est pris.

Fantôme qu’à ce lieu son pur éclat assigne,
Il s’immobilise au songe froid de mépris
Que vêt parmi l’exil inutile le Cygne.

Rimes 2-3-6-7 féminines des quatrains, le choix était entre :

  • a) des rimes régulières en nombre suffisant (40) dans le lexique,
    par ex. dans « Cent mille milliards de poèmes » de Queneau :
                valise / surprise / marchandise / bâtardise / etc.

  • b) ou des assonances des rimes de Mallarmé, plus rares :
                ivre / libre / hydre / chiffre / registre…
    jusqu’au total de 40 mots distincts.

J’ai retenu la seconde option, davantage chargée poétiquement.

Robert Rapilly

[Voir aussi, du même auteur, ces dix millions de sonnets palindromes et ce sonnet combinatoire de lui-même.]


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Dernière modification : 20 octobre 2020