Premier tour (28 septembre 1998) Lettres tirées : AAENNOT. Contrainte : lipogramme en E
Proposition à caractère linguistique
(le quatrain n'utilise que les lettres AENOT)
Scrabblon mis d'H8 à H14 = (6+2)x2 + 50 = 66 points
ANATONE, adj. :
[d'"ana" = pas standard, suivi par "ton" = modulation du son dans la phonation]
prononciation qu'on choisit pour avoir l'air subtil, sur la plupart du
sol papou. On fait allusion à l'agitation d'un combat par un soupir; un
cri traduit la paix; on bâtit un discours clair ou franc pour garantir
sa vacillation d'opinion; l'affirmation a pour trait distinctif un son
final plutôt aigu. Anton Vitäz l'introduisit au public français autour
d'avril 68, mais aujourd'hui, on paraît parfois plus original si l'on
dit son propos sans façon. Pourtant, Marot composa jadis maints blasons
au goût quasi-anaton, amalgamant aux canons d'amour d'amusants staccati
consonants. Voir surtout sa chanson :
En ôtant ta natte entêtante,
en tâtant ton tentant téton,
on a tôt, nonnette étonnante,
noté ton attente et ton ton.
Proposition isocèle inspirée de 3 définitions du Robert & du Littré (hanneton, âne, taon)
Scrabblon mis d'H2 à H8 = 66 points
ANETAON, n.m. [du bas latin asnitabô]
animal volant à longs pavillons, nain mais gras, surtout
roux, qui naît du 21 mars au 21 juin à partir du sang bu
par sa maman. Fam. Vx. non moins distrait qu'un grisaon.
Fam. Mod. "pas point du bourdaon", pas affaibli du tout.
"Voilà un grand froid pas point du bourricaon" (Aragon).
Deuxième tour (3 octobre 1998) Lettres tirées : BIOQRRU. Contrainte : lipogramme en E
[Surcontraintes choisies : lignes isocèles, alexandrins, citation n'utilisant que les lettres BIOQRU]
QUORBIR (152) [15D], v.tr. (du latin "quorum" = qui,
puis "bir", contraction dans l'argot carabin du long
"sont sortis du billard panards à l'avant"). Travail
du postillon d'un corbillard. Il conduit son fourgon
au columbarium. "Nous poussions un soupir quand nous
voyions quorbir d'obscurs landaus, à Bir... qu'aucun
n'osait fourbir." (S. Tourbir dans "La mort à Oran")
ANATONEB, n.f. (mot musulman mis au goût du jour par
Ibn OTAN dans sa production d'inouïs rubaiyat - voir
la citation). [NB : il m'aurait paru abusif d'offrir
six points pour avoir l'air ici plus français]. Amas
d'hamada, ou plutôt sablon mis par gros tas, où l'on
s'assoit pour accomplir huit oraisons avant la nuit,
dans un sabir aussi confus qu'anaton. "Qu'ouïr ? Qui
quoi où ? Urbi ou orbi ? Oui, bruir ! Oui, rouir ! ô
ru, or bu, or bio ! ô brio ! ô urubu ! Roi riquiqui,
roi bourru !" (chant pour l'invocation d'un cumulus)
EDAMAEL (155) [O9], n. m.
(du hollandais "Edam" = port de l'IJsselmeer, et "malen" = moudre).
Fromage étuvé / dont la pâte compressée / est servie râpée. [haïku]
"L'âme malade, madame Adèle mêla de l'édamael lamellé à de la mamelle
de lama mâle." ("Elle alla même à dada de l'allée damée à l'emmêlé
dédale dallé d'aléa", de l'aède Adam de la Malle) [lipogramme]
ALIQUORBIREUIIL, n. m.
Treuiil utilisé à Montreuiil par la famille de Brogliie pour
l'aliquorbireuum de la nourriture des chevreuiils, des bouvreuiils
et des écureuiils. [homéotéleutes & épenthèses]
Cinquième tour (26 octobre 1998) Lettres tirées : ADEGIIP. Contrainte : thématique érotique
[Choix personnel : allusions aux "Papous dans la tête" et à Harry Mathews. Surcontrainte : hexasyllabes]
AGAIPIED (128) [8H], n. m.
(de a- privatif, gai, et pied) Union conforme aux prédispositons
chromosomiques; syn. hétérodéo, sporthodoxe. « Aux portes de l'amphi,
une étudiante rousse m'appelle et me défie de sa gente frimousse :
"Monsieur, venez chez moi si l'agaipied vous tente." Elle sent mon
émoi, la diablesse envoûtante. Dans son appartement habitent ses deux
soeurs, auburn également et de même douceur. Je comprends que je
glisse au milieu d'un guêpier tendu par Vassilis, mon cher coéquipier.
Mais la seule pensée de triangles de flammes me maintient terrassé,
sans volonté, sans âme. (...) » (Gilbert Lascault)
DEDAMAEL, adj.
(de l'espagnol "ama el dedo", digitophile) Relatif à l'onanisme féminin.
"Mathieu, dans la pièce voisine, attend qu'Henriette termine sa toilette
ponctuée de récréations dédamaelles." (Marie Chaix, "Joies singulières")
Sixième tour (2 novembre 1998) Lettres tirées : JLNRSU(joker). Contrainte : n'utiliser que les consonnes JLNRS
JURLI(O)NS (106) [K4] ("jurler" se réalise en
"nous jurlions" à la saison ajournée) Laisser
résonner ses railleries en sales jurons. Nous
ironisons aussi sur un jaune ensoleillé ou un
rose enjôleur s'il ose nuire à l'oeil, ou sur
un son assassin s'il soûle l'oreille : "Alors
là, il jurle !", insinuons nous. Si nous nous
unissons à une jolie nana en un jeu sensoriel
ou salasse, si nous en jouissons sans réussir
à enrouer ni insonoriser les râles nourris en
nos saillies, on les narrera JURL(O)NS-À-GAI-
PIED (128) [8A]. "Le jurlon loin / un jour en
juin / je ronronne // Le rire roi / rallie la
joie / je rayonne" (Saül Jerlaine : "Uranus")
Septième tour (9 novembre 1998) Lettres tirées : ECHLPSX. Contrainte : à la manière du "Petit Prince" de Saint-Exupéry
SCHIPLEX (146) [K5], n. m. (du
bas latin schisma = séparation
et plectere = tresser). Réseau
de lézardes du cortex provoqué
par la mycose synaptique; syn.
tissures. "Ça fait donc vingt-
sept-mille-neuf-cent-sept pour
le plexschagaipied orbital, si
nous le calculons en secondes.
- S'il vous plaît... qu'est-ce
que signifie plexschagaipied ?
- Il a déjà diminué. Calculons
sa dérivée. Ça, c'est sérieux.
- Explique-moi ce que signifie
plexschagaipied. - C'est celui
du PSR B 1913+16. Il accélère.
Je n'ai plus le temps. Je suis
un homme sérieux ! - Qu'est-ce
que signifie PLEXSCHAGAIPIED ?
- Que tu me les casses. Soyons
sérieux. En position verticale
8A, le pulsar émet 185 points.
- Mais ce n'est pas un homme !
C'est un schiplex. - Un quoi ?
- Un schiplex !" (A. de St-Ex)
Huitième tour (16 novembre 1998) Lettres tirées : ADESUYZ. Contrainte : uniquement des verbes du deuxième groupe
[Surcontraintes choisies : score deux fois trop faible, lignes isocèles deux fois trop longues]
ZYEUTADES (106, 11D) n.f.pl. Clins accomplis pour attendrir sa chérie
qui rougit, pour avertir un abruti qu'on se divertit, parfois afin de
trahir un pourri mal dégrossi mais surtout quand le jour faiblit, que
le ciel rosit, blêmit puis noircit et pour finir... qu'on s'assoupit.
Pour éclaircir ses agissements, on choisit de les définir par des ;-)
qui fleurissent l'ASYII = American SYstem for Information Interchange
[à mugir a-ès-y-deux-i = AESYDEUZI (210, N7) en français]. Envahir un
bâti de telles zyeutades aboutit à l'alourdir, à l'enlaidir, et il en
pâtit. Agir donc sans surenchérir, ne pas trop remplir, sinon au lieu
d'ébahir, vos vagissements avachis nous infléchiront à vomir ! « Pour
réussir un clin, enfouissons notre iris sous notre paupière, que nous
rétrécissons comme un calisson, et obscurcissons cette prunelle, sous
le buisson de notre sourcil. Alors les cheveux de l'étourdissante, de
de la resplendissante se durciront comme ceux d'un hérisson endolori.
Nous l'envahissons de frissons ! » (Henri Bergson, in "Le guérir" ;-)
Neuvième tour (23 novembre 1998) Lettres tirées : EIMNRRU. Contrainte : définitions en alexandrins
[Surcontrainte choisie : rimes aussi à l'hémistiche. La première définition forme un sonnet]
MURNOREXIE (130) [12D] n.f.
(du mot grec "orexia", qui veut dire "appétit",
et de l'expressionniste allemand F. Murnau)
Soif de cinéma triste et de sang en tonneau,
mais allergie aux croix et dégoût des hosties.
Accompagnée parfois de gestes ralentis,
de haine du dentiste ou de maux infernaux,
cette lubie persiste en des bourgs régionaux,
de l'Écosse au Kenya, chez quelques pervertis.
« Quand il passe le pont, le fantôme d'Orlock,
chevauchant un harpon et costumé de loques,
survient à sa rencontre en criant "T'es foutu !"
Une chauve-souris coltine entre ses pattes
notre murnorexique au tréfonds des Carpates. »
(Bram Stoker dans "Le comte Henri Nosferatu")
RUMINOREXE (130) [12C] n.m.
Grand lama du Tibet. "Quand il est fulminant,
on le voit saliver, ce roi des ruminants." (J.-C. Carrière)
RINRUNMAE (139) [13C] n.m.
(de "ringard" et de "rune", autrement dit "pas neuf",
et de "maestoso", rapide comme un boeuf)
Vieux qui a l'infortune et la naïveté
d'ouvrir son gros museau sans y être invité
par ses petits-enfants. Ce terme est estimé
carrément décoiffant par les punks allumés.
RLI, n.f.
"Religion" en argot abrégé des banlieues.
IUQ
Pronom relatif "qui" en extrême verlan.
NRU, n.f.
En parler parigot : "une rue" (c'est sérieux).
RJO, adj.
Aphérèse yankee pour "barjo" (désolant !).
UIR, n.m.
En latin archaïque : "homme" (on l'a oublié ?).
MNI, n.m.
Procédé mnémonique utile pour nier.
SCHIPLEXE, n.m.
Orthographe choisie par certains troubadours
pour un mot défini lors du septième tour.
Dixième tour (30 novembre 1998) Lettres tirées : EGHMNTT. Contrainte : allusions à la Bible
[Surcontraintes choisies : lignes isocèles et diagonnet]
GHIMENETTI (92) [M6]
[ou khiménetti, ximénetti, jiménetti, chaque fois prononcé
avec le raclement de gorge de la jota espagnole] n. m. pl.
(1765; du nom du missionnaire Ghiménès). Fruits minuscules
de la "ximénie", arbuste des régions tropicales (Oléacée).
On les appelle plus couramment "pommes de mer" ou "citrons
du désert". Un descendant de Khiménès, le poète Juan Ramón
Jiménez (prix Nobel litt. 1956), les identifia à la manne,
nourriture divine trouvée au seizième chapitre de l'Exode.
Le nom exact des choses lui fut donné par son intelligente
analyse des ressemblances entre les ghiménetti, les grains
de coriandre et le bdellium. Un fin calcul de cabalistique
lui fit également découvrir un diagonnet caché, au sixième
chapitre de l'Évangile de Juan : « Allah tout près câlin /
avisé sut vous faire / tout ces ghiménetti / présumés fort
mielleux / car vous n'aimiez pas ça / l'infertile sablon »
Onzième tour (14 décembre 1998) Lettres tirées : ELTTUV(joker).
Contrainte : texte isocèle finissant
cycliquement en "ou", puis "li", puis "po" (tirets acceptés)
Définitions souvent de type "mots croisés"
L(E)TTUNVAE (154) [13C], n.f.pl. : Novæ ou
supernovæ observables uniquement en un pli
de la Lettonie. Leur existence reste hypo-
thétique. Voir serpent marin & loup garou.
LLI, n.m. d'origine catalane : Deux milli-
détritus de ghiménetto bouilli dont un po-
ète a dévoré un bout. Ne vaut plus un sou.
MEUQ, n.m. : Verlan du verlan "keum", éli-
minant le vocable "mec" qui signifiait po-
te au début du siècle. Voir "reubeu" itou.
UTRU, n.m. d'un morceau d'autruche ramolli
dont les Papous raffolent : Terme incorpo-
ré au français par des anthropologues vou-
lant illustrer l'antiracisme des incivili-
sés, car son sens figuré signifie fort po-
liment "autrui moins haï qu'on le pense ou
même étranger transformé en ami accompli".
RTJO, n.m. du jargon scénographique suppo-
sé provenir de l'acronyme de "restent tou-
jours les jeux d'ombres" : Projecteur cli-
gnotant de couleur vert-jaune, dont la po-
pularité est salvatrice quand un amphigou-
rique metteur en scène veut étaler ses li-
mites créatrices non pas en un jour despo-
tique, ni même en un demi-jour, mais crou-
pissant au sein d'un quart-jour préétabli.
NUIR, v.tr. : Soirer. "Le rtjo nuit le po-
lysémique théâtre sombre." (Jean Ricardou)
RVNI, n.m. : Ovni du IVème type, générali-
sant les pvni et qvni. Jamais vu en diapo.
SCHIPLEXE, n.m. : Fissures vues sur le cou
et le cortex d'un mycosynaptique affaibli.
(GEF, auquel on donne parfois le nom Espo)
Alexandrins isocèles à déviations diverses
(définition peu crédible; jeu sur sur l'orthographe, les diérèses & les synérèses dans le deuxième tercet)
(V)ULVETTAGAIPIED (125) [8A], n.f. :
Valve dont on se sert comme un étroit verrou
à l'entrée d'une ruche ou d'un guêpier empli
de frelons, de bourdons ou d'approchant topo
L'orthographe idiote est due au fermier soûl
qui l'inventa lors d'une altruiste apiphilie
afin de préserver tant les taons que sa peau
Douzième tour (21 décembre 1998) Lettres tirées : BEEEFFS. Contrainte : « De la réalité du Père Noël »
BESEFFEUTRU (126) [E5] n.m. les foyers à pas feutrés en
(de bésef = beaucoup, feu = plein solstice, périt en 97
ignescence, puis tru = trou au milieu d'un béseffeutru.
sans eau). Est employé pour Selon feu Pierre Laroussie,
désigner une combustion peu on lui attribue le proverbe
contrôlée dans sa cheminée. empyrique "Qui trop embrase
Noël de St-Claus, le ventru mal éteint", crié au moment
chaperon rouge qui visitait de son incandescent trépas.
Quatorzième tour (18 janvier 1999) Lettres tirées : ACKORVW. Contrainte : « Pénultième »
(A1-A8), 419
CROWVSKA, n.f. (issu
de la russification d'un
terme américain). Présage de
malheur incarné par un corbeau
femelle voletant d'ouest en est.
La superstition fait référence aux
menaces de missiles occidentaux de
la Sov. War, plutôt qu'aux augures
latins. Le néologisme est attribué
à Oscar Wok, ancien tsar devenu le
roi des bouviers d'Hollywood, et
gentiment surnommé "cow-ksar":
"Le roi de la pampa retourne
sa chemise pour annoncer
l'avant-dernier flux
de corbeaux"
WORKCSAV (419) [A1] n.m. du jargon
informatique : Commande du
C-shell permettant une
sauvegarde presque
parfaite de tout
travail bogué.
L'erreur est
corrigée par
le système à
condition de
figurer dans
le dernier bit
du programme. Au
contraire, si elle
concerne le pénultième
bit, la totalité du disque
rigide est instantanément effacée.