Robert Rapilly a proposé à la liste oulipo de récrire cette page de Harry Mathews en respectant les contraintes que l'on veut :
C'est un soir de vent, de tonnerre et de pluie. Elle est
plongée dans la lecture des Hauts de Hurlevent
en bande dessinée. Un brusque coup de tonnerre et la
pluie persistante se change en pluie d'orage, avec des
éclairs nets ou diffus, et un tonnerre qui dirait-on
fouette les frondaisons dans les gris du soir. Par le cadre de
sa fenêtre s'infiltrent des minces fils de pluie
poussée par les coups de bélier que le vent
assène contre l'abondance soudaine d'une pluie que ne
veut ni homme ni herbe, pas plus que le tonnerre qui vous fait
sauter comme un enfant, ou ce vent qui arrive presque à
étouffer le gong du soir.
Harry Mathews, « Sainte Catherine »
(P.O.L. 2000)
Commençons par un
S+7 automatique,
obtenu par mon
programme
d'août 2008. Aucun nouveau travail de ma part ici,
donc, mais je trouve le
résultat particulièrement réussi. [L'S-1
avec dictionnaire inverse commence par un « C'est un
ouvroir... » prometteur, mais la suite est
faible.]
C'est un soleil de verbiage, de toréador et de poésie. Elle est plongée dans la législation des Hauts de Hurlevent en bande dessinée. Un brusque courage de toréador et la poésie persistante se change en poésie d'ordonnateur, avec des écoliers nets ou diffus, et un toréador qui dirait-on fouette les frustrations dans les gris du soleil. Par le cadre de sa fermeture s'infiltrent des minces fils de poésie poussée par les cous de bénédictin que le verbiage assène contre l'absinthe soudaine d'une poésie que ne veut ni hortensia ni hernie, pas plus que le toréador qui vous fait sauter comme un enfant, ou ce verbiage qui arrive presque à étouffer le gosier du soleil.
Couples anagrammatiques
[tous les mots significatifs sont suivis d'une anagramme]
Ce soir rosi ventera sans entrave, car l'ornèrent
tonnerre et averse avérés. Elle va relire
l'irréel Hurlâmes malheurs et trips en
strip dessiné à dessein. Qu'un violent ventilo se
permette de tempêter, on le pressentait, et la persistante
bruine brunie se déglue en déluge. Nous attendons
de détonants courants sourçant tout
électron. Soit ils cèleront leurs marques à
masquer, soit on les sent nets. On dirait que se raidit la
récolte électro-fusillée dans les feuilles
des arbres, barrés, mornes ou qu'un sermon
vespéral a prélavés. Le cadre carde sa
vitre, pour la vêtir de câbles bâclés
et ténus que suent les ondées, sondée par
la bastonnade d'abondantes soupes que pousse et libère le
bélier, qu'assène l'ânesse. J'estoquai cette
aquosité infiltrée, infertile mâtine que
n'aiment ni Hébreux ni herbeux pâturages. Aux
tapageurs tonnerres, enterrons-nous tels des mômes, en
somme, pour sauter. Les autres oiront le noroît qui
semblait les timbales interrompre, et réprimeront leur
crainte criante.
« Sainte tisane entichera Catherine »,
Swarthy Harem (Rhythms Aware, MM)
Pangrammes progressivement paresseux
[toutes les phrases sont des pangrammes]
Ce soir de vent frisquet, de tonnerre et de pluie, je bois mon
whisky gazeux. En fez et k-way, je me plonge dans la lecture des
exquis Hauts de Hurlevent en bande dessinée. Un
brusque coup de tonnerre et la pluie persistante se change en pluie
d'orage würmien, avec de joyeux éclairs nets ou diffus
qui, dirait-on, zèbrent les frondaisons dans le kaki du soir.
Par le cadre de ma bay-window s'infiltrent de minces fils pluvieux
poussés par les coups de bélier que le vent
assène contre l'abondance soudaine d'une pluie que ne veut ni
homme ni gazon, pas plus que le tonnerre qui vous fait sauter comme un
jeune, ou ce chinook qui arrive presque à étouffer le
gong du soir.
Jozef Mathews, « Saint Dexter »
(Paul Otchakovsky-Laurens, Belgique, 2000)
L'âme d'automne erre
En trépidant, ho !
Lames d'eau, tonnerre
Entraient, pis, d'en haut.
Peu sec, l'air est louche
et, second, glaçant :
Peut s'éclairer l'ouche.
Hais ce gong lassant !
Sainte Quatrine
Elle est en train de lire un orageux roman
Quand déborde le ciel que la foudre traverse
C'est un soir de mistral de tonnerre et d'averse
Qui s'abat sur le gris de l'arbre en l'assommant
L'épanchement de pluie en devient assommant
Car les coups de bélier du vent sont un roman
C'est un soir de mistral de tonnerre et d'averse
Ni l'homme ni le champ ne veut telle traverse
Éclairs et bise ont pris leur chemin de traverse
Pour que l'enfant sursaute au vacarme assommant
C'est un soir de mistral de tonnerre et d'averse
Qui parvient à couvrir les coups du gong roman
Rimes à l'oeil
[rimes
homographes allophones, en hommage à
la BO 70
d'HM]
C'est un soir où tonnerre et pluie et vent se pressent.
Plongé dans un volume, il dévore, content,
Les Hauts de Hurlevent que les dessins lui content.
Mais net ou flou, voici l'orage qu'on pressent.
La persistante pluie et les éclairs convient
Un vacarme oppressant, quand soudain le vent d'est
Fouette les frondaisons ; le gris vespéral s'est
Insinué partout où cela lui convient.
La vitre laisse entrer de fins liquides fils
Et la foudre nous fait sauter comme nos fils.
Même l'herbe ne veut de ce déluge, hélas !
Lorsqu'un assourdissant coup de tonnerre chut,
Au loin comme toujours, ô gong, tu nous hélas ;
Mais tu fus étouffé par cet aquilon — chut.
Jean Forte, « Mater à mater » (Ben, mil bis)
Sans répétition
[Chaque mot n'est employé qu'une fois, histoire de
prendre le contre-pied du style de Mathews dans ce livre. Seule la
graphie compte dans cette règle, donc « le, la, les,
l' » sont par exemple considérés comme quatre
mots distincts.]
Ce soir est venteux, tempétueux et pluvieux. Elle se plonge dans sa lecture des Hauts de Hurlevent en bande dessinée. Quelque brusque détonation puis cette pluie persistante devient orageuse, avec maints éclairs nets ou diffus, au tonnerre fouettant, dirait-on, les frondaisons parmi leur gris vespéral. Via chaque fenêtre encadrée s'infiltrent plusieurs minces fils liquides, poussés par ces violents coups ovins que notre vent assène contre l'abondance soudaine d'une averse qu'homme ni herbe ne veut, rejetant aussi la foudre qui vous fait sauter tel un enfant, tout comme cet aquilon arrivant presque à étouffer le gong crépusculaire.
Le petit Harry
[modification de tous les
mots de rangs impairs
du texte d'HM]
Harry est pénible. Soir pourri. Vent et tonnerre sont de
retour. Elle, la plongée sportive la gonfle : des crapauds
de caoutchouc, en tenue dessinée à brusque trait de
marqueur. Et quelle pluie pourrait se retenir, en riant d'eux avec
leurs éclairs café ou chocolat ? Et quel tonnerre
ne dirait pas Fouette ! Quelles frondaisons ne les
ridiculiseraient, du coup, par un cadre bucolique ? Sa figure
s'empourpre : Des petits-fils prodigues ! Pluie
glaçante par à-coups. Quel bélier nébuleux
le zodiaque assène pour l'année... Soudaine embellie,
une lumière que Dieu veut. L'homme en herbe demande plus
encore : le scaphandre qui évidemment fait pro. Comme
l'enfant réclame ce clafoutis qui pourrait presque
l'étouffer, son gong carillonne. Soir glauque.
« Mathews agace Catherine Binet », O. Pastior
(2000)
Saint Quentine
[La deuxième moitié de ce texte est
constituée des mêmes mots que la première
(à quelques rares distorsions orthographiques
près) mélangés selon la permutation
de la 50-ine. En
numérorant les premiers mots de 1 à 50,
ceux de la fin sont donc dans
l'ordre 50, 1, 49, 2, 48, 3, ..., 27, 24, 26, 25. Il s'agit ainsi
d'un ananyme surcontraint,
et c'est assez monstrueux à construire.
Bien évidemment, les 48 autres itérations de
cette permutation fournissent la suite du roman d'HM
;-).]
Exprès, convient Cassandre, certes le la soudain sonne ! Sa lecture lui en évoque l'état de pluie, tonnerre et vent où est ce douloureux soir. Du gond noyé s'insinue le terrifiant déluge. Ces contrecoups orageux encore plus qu'avec malaise dans la grisaille pressent Catherine et les feuillages aussi. Aussi exprès feuillages convient les Cassandre, et certes Catherine le pressent : la grisaille soudain la sonne dans sa malaise lecture avec lui, qu'en plus évoque encore l'orageux état, contrecoup de ces pluie, déluge, tonnerre terrifiant. Et le vent insinue où s'est noyé ce gong douloureux du soir.
Neutre
[Tous les mots peuvent être aussi bien masculins
que féminins — qu'ils soient juste
épicènes ou plus subtilement homographes. Harry
Mathews a lui-même joué avec de telles
ambiguïtés dans son roman « Les verts
champs de moutarde de l'Afghanistan », traduit par
Perec.]
L'après-midi crépusculaire est humide,
électrique et cyclonique. Camille se plonge dans
Tlooth, oeuvre romanesque mais graphique. Quelque
brusque acmé de foudre et l'opiniâtre
hydromètre devient colérique, avec des
météorites vagues ou discernables, et l'effroyable
trompette qui dirait-on fouette les arolles dans
l'après-midi grisâtre. Par l'ope de son
échiffre peu étanche s'infiltrent de minces et
filiformes schappes liquides, que poussent soudain les amples
beignes des balistes météorologiques dans
d'extrêmes périodes aquatiques, nuisibles aux gens
et à l'orge, autant que ces bamboulas dantesques qui vous
font sauter comme chaque enfant, ou l'adversaire
atmosphérique qui arrive presque à étouffer
l'immuable percussionniste nocturne.
Claude Dominique, « Juste Camille »
(P.O.L. 2000)
[Voir aussi ma version neutre du Desdichado]
Abécédaire
Alors bienheureuse Catherine déchiffre en format graphique Hurlevent. Infiltrant jardin, kiosque, le mistral nocturne ourdit pluie qui rugit son tonnerre, usurpe votre wagnérien xylophone, y zigzague.
Monosyllabes stricts
[c'est-à-dire sans e caducs finals]
C'est un soir d'air, de feu et d'eau. On lit les Hauts
des cris du vent en B.D. Un coup très fort et le
grain sans fin se fait plus dru, pris dans des flashs nets ou
flous, et un bruit qui croit-on bat le bois dans les gris du
soir. L'eau sourd par le bord de l'oeil-de-boeuf, en de fins
fils que les grands chocs du vent font sur le mur de flots, ce
bain que nul ne veut, ni les gens ni les prés, pas plus
que les tirs du ciel qui vous font choir tel un chiard, ou ce
vent qui rend plus ou moins vain le gong du soir.
Marc de Saint-Phal (POL, 1900)
Cryptogramme
[code secret utilisé par Harry Mathews dans
son roman « Tlooth »]
(all!w xnap '.l.o.d) « au!lape anla,l » 'smassew hlley .aqne,l ap auoydolhx np a!xhydse-!senb el auawe !nb uol!nbe,l no 'awow un,nb ua!q !ssne alossnoqap snou !nb uo!soldxa,l anb snld sed 'asnolad !u awwoy !u apuewap au anb a!nld aun,p u!epnos snqe,l suep aauasse 'anssew es ap assnod uol!nbe,l anb a!nld ap sass!el sanuaw ap ua nea,l anu!su!,s a!eq es ap ued un snos .awalq aqne,l ap aley al suep s!oq al awwosse 'asuad al uo '!nb wnoq un ua 'sasnalnqau no sap!dw!l salnodwe,p na!l!w ne 'ass!eda e asuap ap assed a!nld el s!nd 'auolhd un,p no oweuhp aun,p uo!soldxa aau!dou!,l .aau!ssap apueq ua « as!qauuos ap swnwwns sal » au!nbnoq alla .anb!wyo a!nld anb !su!e uol!nbe alaw aqne,l
Explication
(animation Flash de 64 Ko)
[Comme le format Flash n'est plus disponible depuis
2021, en voici une traduction
au format SVG.]
[Voir aussi ce sonnet
patagon d'il y a 11 ans]
Autoacronyme
[les initiales des mots de l'ensemble du texte en
redonnent sa première phrase]
C'est soir tempétueux : ses ondées intenses reviennent traverser encore ma porte, et tapent unanimement en un xylophone suintant. Et si Olympiens niveaux d'Égosillevent en schémas illustrés ne t'ennuie nullement, sept éclairs soudain rayonnent en vitesse, imprécis et nets. Nous entendons naître ton tonnerre, retentir avec violence, et rouer sans égards ramures et nature crépusculaires. On réagit en môme, avec peur : on reste tremblant, exaspéré envers tel tapage. Aucun, pluie éternelle, ne t'utilise : ni anthropoïde ni ivraie. Mise en minces effiloches nattées, ton eau noie un nième xéranthème. Yodle l'obstinée percussion : heure obscure notifiée. Et souffle un irrespirable noroît, ton aquilon, notre tramontane...
lɛʀk | ɔ̃ | vɔ | ka | bɔʀ | a | u | lø |
ɔ̃ | ly | lɛ | o | də | yʀ | lə | vã |
vɔ | lɛ | la | fu | dʀɔs | i | sɔ̃ | ku |
ka | o | fu | kãl | a | bɛ | su | vʀi |
bɔʀ | də | dʀɔs | a | kø | ze | kip | lø |
a | yʀ | i | bɛ | ze | də | no | gɔ̃ |
u | lə | sɔ̃ | su | kip | no | zə | dy |
lø | vã | ku | vʀi | lø | gɔ̃ | dy | swaʀ |
Diagonnet
[Matrice carrée symétrique de syllabes,
lisible aussi bien horizontalement que verticalement. La
« drosse » est un cordage marin.]
L'air convoqua bora, houleux.
On lut les Hauts de Hurlevent.
Volait la foudre, aussi son coup.
Chaos fou quand la baie s'ouvrit,
bord de drosse aqueuse, et qui pleut
ahuris baisers de nos gonds
ou le son soûl qu'hypnose dut.
Le vent couvrit le gong du soir.
[Voir aussi mes diverses explorations passées de cette contrainte]
Ananymes
anonymes polysémiques
Latelio a proposé à la
liste oulipo un nouveau jeu,
baptisé ananymes anonymes : écrire
une phrase ou un court paragraphe, en classer les mots par
ordre alphabétique, demander à un ou plusieurs
partenaires de composer d'autres phrases à l'aide de
ces mots (sans leur fournir la version originale), et jouer
finalement à découvrir qui a écrit quoi.
Généralement, l'original se repère assez
vite, car aucun mot n'y semble forcé. Pour
expérimenter l'idée et laisser le plus de
liberté possible aux réécrivains, j'ai
construit un petit texte accumulant beaucoup de mots
polysémiques. Les voici par ordre
alphabétique :
J'ai reçu six réponses d'oulipotes, données ici par ordre alphabétique, l'original y étant mêlé :
Les auteurs en étaient, toujours par ordre alphabétique :
Avant de lire ce qui suit, vous pouvez chercher
l'original, voire attribuer un texte à chaque auteur si
vous en connaissez certains. La solution est, cette fois par
ordre chronologique : 3c (original), 7b, 1d, 5g, 6a, 2f,
4e.
Les quatre oulipotes ayant participé au
« diagnostic littéraire à
l'aveugle » ont tous trouvé correctement un
texte (en plus du leur quand ils faisaient partie des auteurs).
5g a été démasqué une fois, et 3c
trois fois. Comme on s'y attendait, un original même tordu
se repère donc plutôt bien. En revanche, il est
amusant d'apprendre que 2f puis 1d ont été un
moment pris pour l'original. Ces ananymes ne sont donc pas
beaucoup plus bizarres que ce que j'avais initialement
écrit ; félicitations à leurs
auteurs !
On pourra noter que presque tous les mots ont été
employés dans plusieurs sens différents selon les
participants. Seul « car » n'est jamais
devenu un autobus (c'était a priori possible
avec l'expression « en car »), ni
« vers » une direction (mais il prend
tout de même plusieurs significations).
Tous ces textes gardent néanmoins un air de famille, et
c'est en effet le problème des ananymes : ce sont non
seulement des anagrammes surcontraintes, laissant donc moins de
liberté aux écriverons, mais ils conservent surtout
un même champ lexical (malgré les polysémies
ici explorées) donc nous étonnent sans doute moins.
Mais ce jeu de Latelio reste très
intéressant.
Couple anagrammatique
[copie d'un message adressé à la
liste oulipo]
[Voir aussi mes précédents textes à couples ou multiplets anagrammatiques]
Il n'y a pas d'hétéropangrammatiste heureux
Pour tester quelques drogues
douces mais illégales
Owain IV de Galles
se cachait dans les gogues
Moralité
Box chez Glyndŵr : kif vs qat, jump !
Buvons à la dèche (toast grec)
[sélénet holorime]
Lors suzerain signe
deux mille douze, oh
l'or s'use — heure insigne,
demi-leude : ouzo !
Hip ! ô crise ivre : aie
serfs peu gras, vassaux.
Hypocrisie vraie,
serpe, grave assaut.
Vœux
[quatrain d'hexasyllabes holorimes, à une
aphreuse rime normande près]
Sans théorbe ordinaire,
deux mille douze offrait
santé, hors-bord, dîners
de mil, œufs, d'ouzo frais.
AA+
[Une belle floraison de lipogrammes en A est
apparue sur Internet depuis la dégradation de la
note phynancière de la France d'AAA à AA+.
Comme l'a souligné Alain Zalmanski sur la
liste oulipo, nous devrions toutefois nous
contenter d'éliminer un A sur trois pour le moment.
C'est ce que je me suis efforcé de faire ci-dessous,
en modifiant le moins possible un célèbre
monovocalisme de Georges Perec. Pour des raisons de
droits, je ne cite que sa première moitié,
et en la « dégradant »
de surcroît :
What a m+n !
Smart à f+lzar d'alp+ga nac+rat, frac + rabats, br+ssard à l+
Franz Hals, ch+pka d'astr+khan à gl+nds à la Cr+nach, bas bl+ncs,
gants blancs, gr+nd crachat d'+pparat + strass, ragl+n afghan +
falbal+s, Andras M+cAdam, m+chant d'ag+çants part+gas, ay+nt à
dad+ l'art d'Al+n Ladd, cav+la dans l+ pampa.
P+ssant par l+, pas par h+sard, march+nt à grands p+s, bras
ball+nts, Armand d'+rtagnan, cr+ck pas banc+l, as à l+ San A,
l'+grafa. C+r l'an d'av+nt dans l'Ark+nsas...
FLASH-B+CK !
— Caramb+ ! clama M+x.
— Pas cap ! l+nça Andr+s.
— Par All+h, t'as pas l+ barak+ ! cracha M+x.
— Par Sat+n ! bava +ndras.
Match p+s banal : +ndras Mac+dam, camp+gnard pas b+vard, brav+nt
Max Van Z+patta, m+labar p+s marrant.
Ç+ barda. Ç+ castagn+ dans la c+gna cracr+. Ça bal+fra. Ça +lla
mal. +h la la ! Spl+tch ! Paf ! Scratch ! B+ng ! Crac !
Ramd+m astral !
M+x planta s+ navaj+ dans l'av+nt-bras d'Andr+s. Ça rat+ pas.
— Ça v+ pas, fad+ ! brama +ndras, s'aff+lant à gr+nd fracas.
M+x l'accabl+.
— Ha ! Ha ! C+s flagrant d'+sthma sagr+da ! Ça v+, à part ç+ ?
— Bâtard v+chard ! Castr+t à la fl+n ! râla +ndras, blaf+rd.
Bang ! Bang ! +ndras Mac+dam crach+ sa vald+. Max l'attr+pa dans
l'b+ba, flanch+, flagad+, hagard, r+plapla.
— P+r Achab, M+haradj+ d'Al-Kant+ra, va + Barrab+s ! scanda +ndras.
— Al+s, alas ! +hana M+x, clamçant.
(G+rgas Par+c)
Vous pouvez vérifier que j'ai conservé
ci-dessous les mêmes A, et remplacé les + par
toute autre voyelle.]
What a sir !
Smart à futal d'angora flamboyant, frac et rabats,
dossard d'après Franz Hals, turban d'animal à
fils à la Rembrandt, bas gris, gants blancs, gros
crachat théâtral en strass, plaid afghan fort
chamarré, Andras FitzAdam, mordant d'arrogants
Craven A, assez fana de l'art d'Alex Ladd, galopa dans
les pampas.
Venant par ci, sans aléa, alternant pas longs, bras
lâchés, Armand d'Espagnat, géant stable,
as d'après San A, l'entrava. Or l'an passé dans
l'Angola...
FLASH-LEFT !
— Hallali ! clama Mitch.
— Pas cap ! jeta André.
— Par Arès, t'as pas de la chance ! cracha
Mitch.
— Par Dagon ! bava le gars.
Match brut d'annales : Andras FitzAdam, rural pas oral,
bat Mitch Van Maupassant, dur lascar menaçant.
Déjà ça se castagne dans l'abri cracra. Et
ça taillada, fila mal. Oh la la ! Splotch !
Paf ! Scratch ! Bing ! Crac !
Raffut astral !
Mitch planta son cran d'arrêt dans l'ample bras d'André.
Ça manqua pas.
— T'es fada, non ? Andras chiala, chutant
à vif fracas.
Mitch l'accable.
— Ha ! Ha ! Un cas d'asthme
sacralisant ! Alors, ça gaze ?
— Bâtard méchant ! Tante
banale ! Andras grogna, pâle.
Bang ! Bang ! FitzAdam céans crache sa balle
dans l'anorak à Mitch, flanchant et aplati, abattu,
hagard.
— Ô Achab, vil rajah de Lakhdaria, à
Judas va-t'en ! Andras jura.
— Las, hélas ! haleta là Mitch,
clamçant.
(Geargas Perac s'ajustant à
Gil Aspasita-Farez)
[Voir aussi ces anciennes traductions monovocaliques]
Auto-inclusion
Pascal Kaeser a rappelé, sur la
liste oulipo, que la notion de phrase est
difficile à définir, et il a illustré que
n'importe quel roman pourrait devenir une seule phrase sous la
forme « Jean dit : [le roman complet] puis Jean se
tut. » Le fait qu'une phrase puisse en citer d'autres
m'a donné envie d'en construire une se citant
elle-même — étape cruciale de la
démonstration du
théorème de Gödel.
Attention, l'exemple ci-dessous illustre deux
autoréférences indépendantes. La
première est la simple autodésignation, comme dans
le paradoxe d'Épiménide « Cette phrase
est fausse », car le début explique le propre
intérêt de la phrase. La deuxième est la plus
complexe auto-inclusion, sous forme codée à la
toute fin.
Ceci est une phrase un peu longue mais qui présente l'intéressante propriété de se citer elle-même in extenso, à l'aide d'un codage très simple, à savoir qu'on représentera les guillemets ouvrants par le chiffre 1, les fermants par le chiffre 2, la virgule (suivie d'une espace) par le chiffre 3, le point final par le chiffre 4, la chaîne de caractères « par le chiffre » par le chiffre 5, la chaîne de caractères « la chaîne de caractères » par le chiffre 6, la chaîne de caractères « Ceci est une phrase un peu longue mais qui présente l'intéressante propriété de se citer elle-même in extenso, à l'aide d'un codage très simple, à savoir qu'on représentera les guillemets ouvrants par le chiffre 1, les fermants par le chiffre 2, la virgule (suivie d'une espace) par le chiffre 3, le point final par le chiffre 4 » par le chiffre 7, la chaîne de caractères « 7 3 6 1 5 2 5 50 3 6 1 6 2 5 60 3 6 1 7 2 5 70 3 6 1 8 2 5 80 3 6 1 9 2 5 90 3 9 1 8 2 4 » par le chiffre 8, la chaîne de caractères « les chiffres de 1 à 9 en les multipliant par 10, et elle se termine par le cryptogramme gödelien » par le chiffre 9, les chiffres de 1 à 9 en les multipliant par 10, et elle se termine par le cryptogramme gödelien « 7 3 6 1 5 2 5 50 3 6 1 6 2 5 60 3 6 1 7 2 5 70 3 6 1 8 2 5 80 3 6 1 9 2 5 90 3 9 1 8 2 4 ».
Homographes masculins & féminins
[Nous avons déjà
plusieurs
fois
discuté sur la
liste oulipo des difficultés
des traducteurs automatiques comme celui de
Google.
Se servant du fait que les adjectifs possessifs s'accordent
avec le genre du possesseur en anglais mais celui du
possédé en français, le grand
Douglas Hofstadter
a construit ce bel exemple :
In their house, everything comes in pairs — his car,
her car, his towels, her towels, even his bed and her bed. He
never sleeps in her bed, and she never sleeps in his.
Google le traduit lamentablement par :
Dans leur maison, tout vient en paires — sa voiture,
sa voiture, ses serviettes, ses serviettes, même son lit
et son lit. Il ne dort jamais dans son lit, et elle ne dort
jamais dans la sienne.
Ça m'a donné envie de construire quelques vers
français employant des couples
d'homographes des deux genres.
Les traductions de Google sont tellement cacastrophiques
qu'elles ne méritent même pas d'être
citées ici.]
Ragueneau rimaillait ses bonnes épigrammes
Pour louer la cuisson de ses bons épigrammes
Pour libérer le bataillon
Jupiter infligea sa foudre
Au sabre levé de son foudre
Et l'aigle de son médaillon
Et son beigne tomba quand il reçu sa beigne
Son baliste mordait, sa baliste tuait
S'intoxiqua son serpentaire
En picorant sa serpentaire
Puisque le tribunal accordait sa merci
L'accusé se leva pour lancer son merci
Le fromager mit son hollande
Sur sa plus précieuse hollande
Sa chantilly souilla son gracieux chantilly
Son couple de chevaux fut lié par sa couple
C'est en restant sur son transat
Qu'il fut dernier à sa transat
Nous avions enfermé son cave dans sa cave
Au son de tous leurs bamboulas
Ils font toutes leurs bamboulas
Deux nouveaux courts pangrammes
Parité
[Éric Angelini
a proposé une nouvelle contrainte sur la
liste oulipo : chaque mot doit compter
autant de consonnes que de voyelles. J'ai d'abord illustré
sa dureté relative en en cherchant un exemple involontaire
dans la Bible, puis j'ai
bâclé une adaptation du premier quatrain
du Desdichado,
immédiatement
complété par quatre
colistiers.]
El Desolado
Je suis le mystérieux, – le veuf déboussolé,
Monarque de Bordeaux avec tour ramollie :
Ma comète décède, – et ce violon hâlé
Exhibe un soleil noir de la Mélancolie.
Quelqu'un se tape le
reliquat ? ;-)
Camaraderies, Esposito-Farèse
Poème bouturé
[Lucien Suel a inventé et
illustré une nouvelle contrainte littéraire,
cousine des
bouts
rimés : découper une bande verticale
dans un poème connu, et re-compléter les vers
à gauche & à droite pour en faire autre
chose. L'originalité de ce procédé est
surtout de taillader au sein même des mots. Voici mon
premier essai dans ce domaine.]
+----------+ El Esquejado ¦ ¦ ¦ ¦ Je suis le grave scri¦be, à l'he¦ptacorde ombré, Le prince en suspen¦s–tu, je s¦ubis ma disgrâce. Mon étoile en ar¦rêt, j'ira¦i m'enténébrer Sans détour pour m'ænc¦rer loin d¦e la gaîté grasse. ¦ ¦ Toi qui clignas des¦ yeux fixé¦ dans un tombeau, Rends-moi l'air d¦u dehors, ¦et la mer d'Italie Où nage sur l¦e dos cour¦ageux, un barbeau, Et resplendit la fle¦ur pour mo¦n âme affaiblie. ¦ ¦ Ne suis-je ni l'amour¦ ni l'or d¦es Lusignan ? J'ai deux fois –ou pas¦ loin desc¦ellé l'infernale Porte du Min¦erai, je m¦odule, gnangnan, Les chants d'un vielle¦ux vert et¦ l'Internationale. ¦ ¦ ¦ Hugo V¦ernal +----------+
Sans doute avez-vous reconnu le greffon :
+----------+ ¦ ¦ ¦ ¦ Demain, dès l'au¦be, à l'he¦ure où blanchit la campagne, Je partirai. Voi¦s–tu, je s¦ais que tu m'attends. J'irai par la fo¦rêt, j'ira¦i par la montagne. Je ne puis demeu¦rer loin d¦e toi plus longtemps. ¦ ¦ Je marcherai les¦ yeux fixé¦s sur mes pensées, Sans rien voir a¦u dehors, ¦sans entendre aucun bruit, Seul, inconnu, l¦e dos cour¦bé, les mains croisées, Triste, et le jo¦ur pour mo¦i sera comme la nuit. ¦ ¦ Je ne regarderai¦ ni l'or d¦u soir qui tombe, Ni les voiles au¦ loin desc¦endant vers Harfleur, Et quand j'arriv¦erai, je m¦ettrai sur ta tombe Un bouquet de ho¦ux vert et¦ de bruyère en fleur. ¦ ¦ ¦ Hugo V¦ictor +----------+
[Même bouture hugolienne, cette fois en
pentasyllabes assez polysémiques.
Rajouter peu de lettres à l'extrait imposé rend
cette contrainte d'autant plus dure.
Les quatrains emploient les trois schémas de rimes
possibles, avec alternance.
Le sparte est, entre autres, une plante donnant du papier par
enchevêtrement.]
+----------+ Alfa ¦ ¦ ¦ ¦ Vitreux glo¦be, à l'he¦rbe sèche, oi¦s-tu, je s¦uis p¦rêt, j'ira¦i les nuits giv¦rer loin d¦u verbe. ¦ ¦ Sans¦ yeux fixé¦ lors en ver n¦u dehors, ¦ d¦e dos cour¦ir contre le temps, l'he¦ur pour mo¦ntre. ¦ ¦ Car¦ ni l'or d¦'écrins Ni de¦ loin desc¦artes cré¦erai, je m¦'astreins a¦ux vert et¦ gris spartes. ¦ ¦ ¦ Hugo V¦olf +----------+
Essai en prose ce coup-ci, d'après le Mathews de Zazipo. +----------+ C'est un soir de vent…¦ ¦ ¦ ¦ Orageuse, la pluie tom¦be, à l'he¦rbe se substitue de la boue infertile. Pantoi¦s-tu, je s¦uis pris par les Hauts de Hurlevent en BD. Fo¦rêt, j'ira¦i voir tes frondaisons se faire battre et zéb¦rer loin d¦ans l'ombre vespérale. ¦ ¦ Désormais je garde les¦ yeux fixé¦s sur la fenêtre, dont le cadre fait entrer d¦u dehors, ¦par l'action des coups de bélier du noroît, l¦e dos cour¦be d'une hydre aqueuse et son tonnerre trop d¦ur pour mo¦n vif système nerveux. ¦ ¦ Tel déluge, ni l'homme¦ ni l'or d¦es champs de blé ne le supporte, soudain plus¦ loin desc¦ellant alors ma vitre. Nets ou diffus, je not¦erai, je m¦audirai les éclairs et leur défi, d'un courro¦ux vert et¦ dru, au gong du soir. ¦ ¦ ¦ Hugo V¦erger, Sainte Marcotte +----------+
Nouvelle moisson de pangrammes onomastiques
Mes collègues astrophysiciens sont tout
excités : une raie d'absorption dans un spectre haute
fréquence les persuade d'avoir enfin découvert un
type d'étoile jadis conjecturé.
Quel gap X, mecs : vif
objet de Thorne-Zytkow !
[dodécasyllabe de 34 lettres, dont 3 T]
NY Times : Quand avez-vous compris que votre
téléviseur fonctionnerait ?
Zworykin :
Je vis méga-flux cathodique, bip !
[34 lettres]
Ayant reçu plusieurs messages encourageants, un
pionnier de l'aéronautique s'en félicite
ouvertement.
Cinq fax :
Joseph Szydlowski mugit bravo !
[33 lettres, dont 3 S]
Au lieu du résumé de sa conférence, le
prix Nobel nous a envoyé la couverture d'un magazine
masculin !
Bug : vamp
qu'Andrzej Wiktor Schally faxe.
[33 lettres, dont 2 RL]
Encore roi de Pologne, le futur Henri III organise une
fête, mais réclame anachroniquement des femmes
fatales & des remixages jamaïcains des années
1970.
Henryk Walezy :
j'exige faste, coq, vamp,
dub.
[33 lettres]
Qu'as-tu demandé au père Noël, mon grand
Toto ?
Je veux Pif,
Kyle Schwartz,
B.D., manga, quoi !
[32 lettres]
Maestro, pourquoi un tel sforzando sur la tonique ?
Jerzy Semkow explique :
Chef vit do, bang !
[32 lettres]
Course cycliste
Merckx bat
Wolf,
jugez : divin physique !
[31 lettres]
Comment expliquer cette victoire : est-ce juste du travail
routinier, a-t-il foncé, ou mieux que ça ?
Merckx vs
Wolf,
quid : job, gaz, typhon ?
[28 lettres]
[J'avais déjà mis en scène Merckx
dans ce pangramme
de 31 lettres, il y a 9 ans.]
Un prédicateur inflexible face au droit islamique :
Jack Wyrtzen d'aplomb vs
fiqh exigu
[29 lettres]
Si rigide qu'il finit par avoir des ennuis :
Jack Wyrtzen,
gus d'aplomb, vexa
fiqh.
[29 lettres]
Au fait, savez-vous pourquoi les islamistes chinois
méprisent l'Oulipo ? [18/05/12]
Car bavant,
Âfâq Khwâja
gaza l'amas d'apax.
[33 lettres, monovocalisme
hétéropanconsonantique]
Hé! mec, ces news RSS révèlent des
ventes de défenses de jets en excédent.
Pst! zig, flux : broc vend
AQM-37 Jayhawk.
[28 lettres]
Le professeur de
Sept autour du monde
est aussi alcoolique que le juge blond [10/05/12] :
Vingt rhums, Zwyckx ? Quel job de paf !
[28 lettres, monosyllabique]
P.S. de l'année suivante [26/04/13],
en 37 lettres comme le juge blond, utilisant
une graphie attestée du nom du
compositeur, et se passant
d'explication :
Méjugez Strawinsky, perfide ex-bolchevique
[alexandrin de 4 mots et 37 lettres, dont 2 RS]
Bouturnine
[Noël Bernard &
Robert Rapilly ont eu l'idée de partir de
quenines
littérales
pour faire croître
des poèmes bouturés.
Leurs premiers exemples se servaient de quatrines (permutations de
4 lettres), donc j'ai pour ma part expérimenté
la sextine (permutation 123456 –> 615243).]
Bonne invention vaut mieux que ceinture dorée +--------+ Sans repen¦tirs, aè¦de, j'¦étais r¦esté soumis au flo¦rès, tia¦re laide. J'ai v¦arié ts¦unamis, gri¦sâtre i¦vresse, amis, pour qu'à sa gu¦ise, Art¦ m'aide. +--------+
ALVAs à élisions
[Didier Bergeret a proposé à la liste oulipo
de construire des alexandrins devenant des hexasyllabes lorsqu'on
en élide oralement tous les e caducs. Cela
exagère les propriétés des
alexandrins jouetiens maximaux, en sortant
donc du cadre de leur définition.
Une nouvelle fois,
je n'ai osé massacrer que le premier quatrain de notre
tête de turc
favorite, mais aucun oulipote n'a eu le masochisme de
continuer. La version élidée est d'une lourdeur
difficilement supportable, mais celle en alexandrins garde une
certaine élégance, malgré ou peut-être
grâce à cette accumulation d'e muets.]
El Elidido
[alexandrins]
Je suis le veuf, – je suis le sombre harcelé,
Le prince de Bordeaux, forteresse que lient
De mortes hyades, las!, – que ma lyre de blé
Plonge dans le velours repeint de noir de lie.
[hexasyllabes]
Chuis l'veuf, – chuis l'sombr' harç'lé,
L'prinç' d'Bordeaux, fort'ress' qu'lient
D'mort's hyad's, las!, – qu'ma lyr' d'blé
Plonj' dans l'v'lours r'peint d'noir d'lie.
[Voir aussi ces autres ALVAs (alexandrins de longueurs variables), construits sur le principe des pharèses plutôt que des gillisions.]
Beaucoup d'articles pour le prix de quelques uns
[Un spam intitulé « 3 articles
pour le prix de 2 » m'a donné envie
d'être plus généreux encore :
dans la réécriture ci-dessous du
Desdichado de Nerval,
chaque mot commence par « le »,
« la », « un » ou
« des », sans accents ni apostrophes.
J'ai osé les strophes impaires, et
l'oulipote Françoise Guichard s'est chargée
des paires (deuxièmes quatrain & tercet).]
El Eliminado
Leucémique lettré, lentement lessivé,
Leader letton, lequel lesterait les levis ;
Leitmotiv legato : le lendemain leurré
–Lentigo lexical– lemmatise lesdits.
Lapez la larme, las !, Lamartine larvé !
Larges latifundia, lac lapis-lazuli.
Lavande lacérant lapidaire lassé :
Laçage labourait... labyrinthe, lacis.
Unifions Univers, Untel, Unamuno !
Unguis unicolore unit unipolaire
Unau unijambiste, une universitaire.
Despote des destins dessert Desdichado !
Descends desperados dessus des destriers !
Desdémone, dessous, desséchait, dessillée...
Denis de Derval
(Françoise Guichard & Gef)
Les muses musellent zèle mû
Gris tel chat, j'ai sans cause au fond bavé, dupé.
Peu gai, d'ire évitable et fâcheuse j'encaisse
Cent pics, gouges des arts. Chauve ophite lobé,
Bis l'optique fugue où vous juchez diérèse.
Zèbre au sud lâche page et t'évoque gaffé,
Faux ingambe écrivain sentant déjà la pêche.
Chef épousant langage abdique tard, sauvé :
Va schuss, fée arpenteuse au cool indigo-beige !
Je vais bouches ganser de fleurs qui pèsent tant,
Tiges et vaps, bouquets, chaud réglisse fondant
Dans ton fat joug sans zèle un vague apprêt bachique.
Kaddish, tombe franc jeu, hui pince exacts violons !
Lacs vidés, échouez gueux : tous bipent fous jurons.
Heure algique, fuis vamps dont baisers sèchent igue !
Vocabulaire
Algique : relatif à la douleur.
Diérèse : en faire une, SVP.
Échouez : synérèse, siouplaît.
Igue : gouffre.
Kaddish : prière juive.
Ophite : roche vert sombre, ou adorateur du serpent de la Genèse.
Pêche : fruit, ou prise de poissons.
Pic : piolet, entre autres (mais pas pique, parole blessante).
Réglisse : souvent masculin pour la racine ou la confiserie.
Vaps : graphie apparemment acceptée de vapes, vapeurs.
Quatorzine de consonnes phonétiques, choisies parmi les 17 (ou 20) de la langue française : [p t k b d gu f s ch v z j l r]. Leur ordre a été décidé afin d'obtenir des rimes honnêtes. Le schéma consonantique de ce sonnet est donc gu r t l ch j s k z f b v d p p gu d r v t b l f ch z j k s s p k gu j d z r ch v f t l b b s l p t k f gu v j ch d r z z b r s d l ch p j t v k gu f f z gu b k r v s t d j l p ch ch f p z l gu j b d k t r s v v ch s f r p t z k l d gu b j j v b ch gu s d f l r k p z t t j z v p b k ch r gu l s f d d t f j s z l v gu p r b ch k k d ch t b f r j p s gu z v l l k v d z ch gu t s b p f j r r l j k f v p d b z s ch t gu
[Voir aussi mes sextines & douzine syllabiques de 2009]
Robert Rapilly a proposé à la
liste oulipo de récrire
cette page de François
Le Lionnais en respectant les contraintes
que l'on veut.
J'ai commencé par un bref hommage à un
concept proposé par le même FLL le 11/3/64 : le
« poème-barre ».
Comme dans
mes
précédentes
explorations
de cette contrainte, j'ai perversement fait
rimer
entre elles ces
paires d'holorimes imparfaits, pour prendre
le contre-pied du contre-pied d'FLL.
C'est tard et, fait méritant, en songe qu'on ose
cet art éphémère, y tentant son jeu concis.
L'étoile qu'on pose est couleur ara : d'hypnose
les toiles composées coulent, rare adipsie.
J'ai ensuite plus minimalistement utilisé mon ancien programme de dissociation pour rendre ce texte autoréférentiel, en diminuant à chaque phrase le nombre de caractères consécutifs à respecter. La première phrase est celle de Le Lionnais. La deuxième est engendrée en imposant que toute suite de 10 caractères existe dans le texte original. La troisième passe à 8 caractères, puis 6, 4, et 2 seulement pour la dernière. Notons au passage qu'FLL s'était lui-même intéressé à de telles chaînes de Markov littérales [voir le livre « Oulipo, 1960–1963 » de Jacques Bens].
C'est surtout le soir que je me livre le plus
volontiers à cette sorte d'exercice. Malheureusement, mes
tableaux ne durent généralement pas plus de
quelques minutes, quelquefois même quelques minutes,
quelquefois même quelques secondes. En termes de
radio-activité, leurs
« périodes » sont comprises entre
celles du Thorium A (0,14 seconde) et du Radium C (3
minutes, quelques seconde) et du Radium C (3 minutes,
quelques minutes, quelques seconde) et du Radium C (3
minutes). Tout se défait avec rapidité, comme des
camemberts. Le plus volontiers à couler comme les du
Thorium A (0,14 seconde) et je m'accroche, je me le plus
souvent, mes tableaux ne durera d'authentiquescence pour en
pleine durera d'authentiquer hâtivement
généralement un autres fois même quelques de
radio-activité, leurs pas plus volontiers à cettent
pas plus longtemps. D'autre périses et la de
décomme m'exer hâtilise à aute de minuthent
désine le je sure comps.
Fran-René Le Lion, La Dissociation a
paru — pH éclopé, 1999
Et puisque j'ai osé être paresseux ci-dessus, rappelons qu'on peut engendrer automagiquement plus de deux cents trédécillions de versions différentes (nombre de 81 chiffres) à l'aide de mon autre programme lescurien S+N. Voici par exemple une Dora politisée, une snob, et une étude de la stabilité des tabourets. J'ose à peine mentionner cette version de gématrie 10000, dont le but était en fait de corriger l'erreur de Le Lionnais concernant la période du Radium C.
Mise en pages d'un recueil
collectif pour fêter le cinquantième
anniversaire de Nicolas Graner.
J'y ai moi-même contribué avec un
pinacogramme,
un homoconsonantisme phonétique,
des anaphones
et une p'tite anagramme.
Frasques basques
[Les rivières
Midouze (formée de la jonction du
Midou & de la
Douze) et
Bidouze sont des affluents de
l'Adour, fleuve d'Aquitaine. La commune de
Vidouze (65700) est aussi dans le
Val d'Adour. En revanche,
Cohade (43100) est en Auvergne, et on se
demande ce que ses villageoises phychaient dans le sud-ouest.
L'adjectif anoure s'emploie généralement
pour les amphibiens qui perdent leur queue en devenant
adultères ; son usage dans ce
contexte est donc
licencieux. « Mis à
jour » plutôt
qu'« au jour » n'est pas plus
vertueux.]
Taquinai dodéca,
Aquitain décoda
Cherchant le doux Amour,
J'ai descendu la Douze,
La Midouze et l'Adour,
Remonté la Bidouze.
Enfin j'ai mis à jour
Qu'on savoure à Vidouze
Les atours, le glamour,
Non l'anoure tantouze.
Comme un lourd troubadour,
J'ai collé mes ventouses
Sur plusieurs Cohadouses :
Tour à tour fis la cour
À chacune des douze
Pour finir en partouze.
(un
collègue
d'Audouze)
P.S.1 : alexandrins
anagrammatiques de
comptoir
Fixant zincs, exhortez qu'un droit distique épouse
Trois quatre cinq six sept huit neuf dix onze douze
P.S.2 : ouvroir de
pangrammologie
disparate
Magnifique labo, j'y veux douze patchworks
[35]
P.S.3 : Une pensée aussi
pour l'oeuvre cinématographique d'Ouz,
pardon d'Ozu, né un 12/12 et mort un 12/12
à 12
lustres pile.
P.S.4 posté le
12/12/12 à 12:12:12 PM :
Allusion à la
maldiction dans
« la Disparition », ou à
« l'enfer, c'est les gens »
d'« Entrée fermée » de
JPS ?
La fin du monde, c'est E.
Gymnase d'essais poétiques
Le poète préfère un mot-rime opportun
Aux tropes surannés, calembours hasardeux.
L'inspiration le guide et jamais il n'octroie
D'importance aux propos tenus par son psychiatre.
Pourquoi s'émerveiller qu'un formaliste vainque
Une contrainte dure ? Il s'agit d'exercices.
La Beauté ne se cache en aucune recette
mais en nos coeurs, notre âme, hyaline et gratuite.
Certes, comme Satie, on peut faire du neuf
Avec la rhétorique osée au temps jadis,
Parfois trouver un vers à couler dans le bronze.
Mais comment tolérer la déplorable bouse
Qui finit ce sonnet d'Esposito-Farèse :
Tout reposait dans Ur et dans Jérimatorze...
Sonnet
des pendus
[Belle absente en vers courts respectant
l'alternance des rimes : chaque vers contient toutes
les lettres de l'alphabet sauf k, w, x, y, z et une
sixième lettre, qui épelle « en
négatif » le nom du poète
François Villon. J'avais déjà
tenté en 2000
de couler une belle absente dans des vers mesurés,
mais il s'agissait d'alexandrins à rimes pauvres
sans alternance. C'est ici la taille réduite des
octosyllabes (comptant 28 lettres en moyenne) qui m'a
donné le plus de fil à retordre, et ça
explique leur relative cacophonie. D'un point de vue purement
technique, on pourrait pourtant descendre à des
pentasyllabes, comme ces
pangrammes de 2008 le
prouvent ou cet exemple sans kwxyz : « Fjeld,
burg : cinq hot vamps ».]
Dupé, jugé, humé, béqueté
Va, mage blond, justice orphique,
Fi ! bloque joug, poids m'achevant.
Je chougne et bref, puisqu'il me vend,
Veuf, clos, gît djembé séraphique.
Je vins mi-gourd, faible, atrophique.
Blafard, je gémis : pcht, quel vent !
Ponds-je au gnouf que l'humble crevant
Vient donc jouer film biographique ?
Hep ! quignon froid, jambon sélect
Que dompte verglas, foehn abject,
Piafs qui jà vous mangent, baudruche.
Pends, magique hiver objectif,
Vamps qu'un fier diable au gibet juche.
Que Christ m'absolve, adjuge au pif.
(Il vola frics, non ?)
Lipangrammes
[Le serveur de Free sur lequel se trouvent
ces pages est resté en panne une dizaine de jours
fin 2012. Pour fêter sa remise en route le 25/12/12,
le père Noël Bernard a écrit
cinq variations lipogrammatiques sur le
pangramme du juge blond qui fume, qu'il a vérifiées
avec mon programme PHP. Charmé par son
idée proche des « micro-traductions »
de Perec, je l'ai généralisée à tout
l'alphabet, en reprenant sa solution pour le F, en retrouvant
moi-même la sienne pour le O, et en recyclant
l'un de mes vieux
résultats pour le E.]
A : Portez ce vieux whisky du juge blond qui fume
B : Portez ce vieux whisky au juge gland qui fume
C : Portez un vieux whisky au juge blond qui fume
D : Portez ce vieux whisky au juge blanc qui fume
E : J'imposai faux whisky au czar blond qui vagit
F : Portez ce vieux whisky au juge blond qui hume
[Noël Bernard]
G : Portez ce vieux whisky au joli blond qui fume
H : Portez ces vieux k-way au juge blond qui fume
I : Portez-y chaque ex-wok vers juge blond fumeur
J : Portez ce vieux whisky au sage blond qui fume
K : Portez-y ce vieux show au juge blond qui fume
L : Portez çà du whisky, bon vieux juge qui fume
M : Portez ce vieux whisky au juge blond qui fige
N : Portez ce vieux whisky au bled, juge qui fume
O : Prêtez ce vieux whisky du juge blanc qui fume
[Noël Bernard]
P : Tirez ce vieux whisky au juge blond qui fume
Q : Portez ce vieux whisky au juge blond infâme
R : Tapez ce vieux whisky au juge blond qui fume
S : Portez ce vieux Mohawk au juge blond qui fraye
T : Prônez ce vieux whisky au juge blond qui fume
U : Joignez cinq-six whiskys à ce blond vif et prompt
V : Portez ce faux whisky au juge blond qui fume
W : Portez ce vieux husky au juge blond qui fume
X : Portez ce vil whisky au juge blond qui fume
Y : Portez ces vieux kwachas au juge blond qui fume
Z : Porte ce vieux whisky au juge blond qui fume
Du coup, on peut maintenant coder n'importe quel
message par une accumulation de juges alcooliques
micro-retouchés. Par exemple cette
autoréférence :
Tirez ce vieux whisky au juge blond qui fume !
Prêtez ce vieux whisky du juge blanc qui fume !
Tapez ce vieux whisky au juge blond qui fume !
Prônez ce vieux whisky au juge blond qui fume !
J'imposai faux whisky au czar blond qui vagit.
Porte ce vieux whisky au juge blond qui fume !
Portez un vieux whisky au juge blond qui fume !
J'imposai faux whisky au czar blond qui vagit.
Portez ce faux whisky au juge blond qui fume !
Portez-y chaque ex-wok vers juge blond fumeur !
J'imposai faux whisky au czar blond qui vagit.
Joignez cinq-six whiskys à ce blond vif et prompt !
Portez ce vil whisky au juge blond qui fume !
Portez ce vieux husky au juge blond qui fume !
Portez ces vieux k-way au juge blond qui fume !
Portez-y chaque ex-wok vers juge blond fumeur !
Portez ce vieux Mohawk au juge blond qui fraye !
Portez-y ce vieux show au juge blond qui fume !
Portez ces vieux kwachas au juge blond qui fume !
Portez ce vieux whisky du juge blond qui fume !
Joignez cinq-six whiskys à ce blond vif et prompt !
Portez ce vieux whisky au sage blond qui fume !
Joignez cinq-six whiskys à ce blond vif et prompt !
Portez ce vieux whisky au joli blond qui fume !
J'imposai faux whisky au czar blond qui vagit.
Portez ce vieux whisky au juge gland qui fume !
Portez çà du whisky, bon vieux juge qui fume !
Prêtez ce vieux whisky du juge blanc qui fume !
Portez ce vieux whisky au bled, juge qui fume !
Portez ce vieux whisky au juge blanc qui fume !
Portez ce vieux whisky au juge blond infâme !
Joignez cinq-six whiskys à ce blond vif et prompt !
Portez-y chaque ex-wok vers juge blond fumeur !
Portez ce vieux whisky au juge blond qui hume !
Joignez cinq-six whiskys à ce blond vif et prompt !
Portez ce vieux whisky au juge blond qui fige !
J'imposai faux whisky au czar blond qui vagit.
Math plaqua job vif
[Belle absente, comme il y en
déjà eu de bien meilleures sur la
liste oulipo. Mais mon but est toujours
d'explorer de nouvelles idées, en laissant les contraintes
choisir ce qu'elles ont envie d'exprimer. Ici, (i) il s'agit
d'un sonnet à rimes riches & alternées.
(ii) Les vers à rimes masculines sont des lipogrammes
en E. (iii) Ceux à rimes féminines sont
presque monovocaliques en E : ils gaspillent les quatre
autres voyelles en un seul mot. (iiiiiii) Il y a un clinamen
au premier vers : deux lettres manquent, en plus des kwxyz,
pour permettre deux lectures possibles du mot en négatif.
(paf) Ces deux mots sont parmi les rares monovocalismes en E
de 14 lettres autorisant l'alternance des rimes.
(pimpon) Certains vers utilisaient déjà toutes
les lettres obligatoires en 8 ou 10 syllabes, donc j'ai
été obligé de les dilater pour respecter le
mètre. (arrgh) J'ai pourtant conservé d'autres
vers assez courts, malgré leur lourdeur, bien qu'il
existait des variantes plus élégantes mais plus
gourmandes en lettres.]
Bel aquilon se venge, éjecte « pff ! », me hèle,
M'oubliant sous un poids, un vrai joug qui fraîchit.
Narquois, je perds le verbe et derechef je mêle
À jamais son poing vif à mon fard qui blanchit.
Speech déréglé moquai-je ? et vers fêlés je bêle
Jubilant à vos ris, puis quand la faim gauchit,
Le vent pèle des gens. Je choquai femme belle
Par mon jargon banal du fou qui s'avachit.
Égée invoqua Phèdre et j'enfle d'encre blême.
En l'herbe, paniquons : je végète de flemme,
D'inhibant glas qui vaut son parfum d'acajou.
Ce thème j'obliquai vers le flegme des plèbes :
Vainquons pègres et fjelds, et menés près de Thèbes,
Fauchons la saga d'or, provoquons maint bijou.
J'ai aussi programmé un
vérificateur de belles absentes,
permettant de les décoder facilement,
et de repérer les possibles erreurs ou utilisations
des kwxyz (autorisées mais peu courantes).