El Torteliado
[Pour conserver facilement l'information des
dièses et des bémols, le violoncelliste
Paul Tortelier avait proposé
de remplacer les sept notes habituelles de la gamme
française, do ré mi fa sol la si,
par les 7×3 = 21 syllabes :
da ra ma fa ga la sa pour les bécArres,
dé ré mé fé gué lé sé pour les diÈses,
do ro mo fo go lo so pour les bémOls.
Il en avait aussi proposé pour les doubles dièses
et les doubles bémols, mais j'ai
choisi de ne pas m'en servir ci-dessous. Le 9 juillet 2016,
chez notre ami Nicolas
Graner, le compositeur et créateur de
l'Oumupo,
Valentin Villenave, a ainsi organisé
un atelier où il fallait écrire des chansons
selon ce système de solmisation. Cela
m'a donné envie de tenter un
Desdichado
complet trois semaines plus tard. Veuillez
y pardonner quelques liaisons modernes
ainsi que des h abusivement muets. Je
regrette aussi une faute d'alternance entre
les quatrains et les tercets, qui serait
facile à corriger en intervertissant quelques vers ou
hémistiches, mais j'ai préféré
respecter le sens approximatif des vers successifs
de l'original. Les 21 syllabes
autorisées sont présentes
dans le sonnet ci-dessous.]
L'agha délaissé
L'homme au sort érodé — l'âme à l'arrêt laissée :
S'affaissa la façade au fort, et décéda
L'aleph aux faisceaux d'or, à rare ode effacée
Dès la Mélasse amère au mal-aimé rôda.
Dame à la mort assez solaire, aide amassée,
Léguez l'eau, les galets, les sommets, l'hamada,
La forêt des régals à ma face harassée,
L'airelle et les desserts, ô l'arum au soda !
Faire Éros et Fauré ?... Mêler golem, héros ?
S'affoler, hâler fard à la femme adorée ;
Lors au somme, amarrer la galère à marée.
Mais ramer raide au ras des marais fémoraux,
Démarrer la gamme et l'éphémère auloffée :
S'égaler à l'oral à la messe et la fée.
(Farèse a fait ça)
La partition
est disponible au format PDF
ainsi qu'un enregistrement MP3 (de 536 Ko)
Le 19/02/17, Valentin Villenave a composé un
subtil accompagnement de cette
mélodie, qui la rend plus supportable
(fichier PDF de 115 Ko)
Voici même Valentin au piano dans
une première version
(fichier MP3 de 2,9 Mo) — parfois
légèrement
différente du texte du sonnet, mais c'est
peut-être ce qui lui donne plus d'âme !
[Voir aussi mes autres expériences oumupiennes]
La réception
Enrico Pelta arriva le premier, un pot de fleurs entre les mains. Ou plutôt de fleur au singulier, car il n'y en avait qu'une, mais d'une étonnante couleur grise. « C'est un napel côtier », dit-il en tendant son cadeau à Caroline Tep, qui s'était hélas déjà détournée pour accueillir un deuxième invité. Patrice Noël offrait quant à lui un luxueux livre d'art sur l'or capétien, rareté qu'il venait de dénicher en Croatie. « Ça lui plaît encore plus que mon aconit perle », marmonna jalousement Pelta dans la barbe qu'il portait tel Poincaré. La couverture du bel ouvrage était assortie au ton ocre platiné du visage de Patrice Noël, qui avait attrapé un ictère lapon durant son dernier voyage près d'un certain pôle. « Ce crétin opale est une lope criante » commenta Pelta juste assez fort pour que Caroline l'entende. Le troisième à se présenter fut Peter Nicola, un ancêtre poli et discret, que l'hôtesse surnommait tendrement son « paternel coi ». Son présent était délicatement enveloppé dans un réel capiton : une reproduction en porcelaine d'une statue de jeune fille grecque. Ses bras et jambes étaient articulés, et une étiquette « corê pliante » était attachée à son cou. En guise de remerciement, Caroline arbora un sourire rayonnant, et demanda à Peter à quelle heure arriverait son ami Éric Polenta, qu'elle ne connaissait pas encore. Faisant clairement un effort pour construire une phrase aussi longue, le vieil homme répondit qu'il l'ignorait, et qu'il valait donc mieux ne pas l'attendre. Il manquait aussi le curé, mais ses retards étaient habituels, donc Caroline invita les trois convives à prendre place autour de la grande table.
« Épaule de boeuf ou poisson ?
– Je goûterais volontiers du paleron cité, répondit
immédiatement Pelta.
– Permettez-moi de profiter au contraire de la pisciculture de
votre lac protéiné, enchaîna Patrice Noël. Ça me rappellera le
grand Nord.
– Exocet ou merlu ?
– Votre colin aptère me ravirait.
– Je vous sers en même temps l'accompagnement mexicain,
n'est-ce pas ? Et pour vous, cher paternel ?
– Ce taco plénier suffira.
– Ces oeufs d'un blanc immaculé proviennent de la dernière ponte
claire de ma poule albinos, et je vous recommande aussi ce pain
récolté par Alice Pronet. Comme boisson, vous avez le choix entre
la douceur de ce rosé alsacien, fait à partir de grains de raisin
préalablement découpés en lamelles, ou la subtile amertume d'un
mélange maison qu'Éréac Lipton n'aurait point recalé. »
Patrice choisit le pinot lacéré, Enrico et Peter le Picon altéré.
Tous connaissaient l'exceptionnelle qualité des desserts de Caroline, donc s'efforcèrent de rester peu voraces pour les plats principaux. Elle avait cette fois commandé une impressionnante pièce montée au côté praliné — car elle savait le praliné coté par ses amis.
Juste avant que ce gâteau ne soit servi, hélas, le curé Pol Nectaire arriva enfin, avec une bonne heure et demie de retard. Il était surnommé « le Saint », car son odeur d'arpion celte témoignait de la solidité de sa foi. Mais contrairement à son habitude, ce père calotin n'avait pas les mains vides : un vagabond venait de lui remettre une lettre du dernier convive attendu, Éric Polenta. Le piéton raclé n'avait rien expliqué, disparaissant aussitôt en un lopin écarté de l'ocre patelin, au delà du pont éclairé. La réception de ce pli bouleversa la réception.
Polenta avait visiblement déchiré dans l'urgence une page d'un cahier d'écolier. On y lisait :
Le courtisan
sire coulant crétin saoul suçon altier
rôle cuisant
curé isolant calotin rusé coeur lisant
talion sucré
suc oriental oursin lacté colin sauret
soluté ranci
Caroline sut
câliner tous
conter laïus
Secourant il
lut scénario
Ô rutilances
clonerais-tu
cristal noué son articulé scieur tonal
ocre luisant
« Ça n'est tout de même pas d'une grande limpidité, osa
Patrice Noël.
– Et qu'est-ce qu'il me reproche, ce Polenta ?, râla le Saint.
Je ne l'ai encore jamais vu dans mon église ! Puis, s'adressant
à Caroline d'un ton sirupeux : Comment vous remercier, mon enfant,
pour le nouveau crépi que vous avez offert à notre monastère ?
Le ciel, opérant mes prières, vous préserve de toute peine !
– Je regrette l'aspect de cloître pané que ça lui a donné,
sourit Caroline. Mais concentrons-nous plutôt sur ce message. »
Le recopiant pour y réfléchir seul un moment, Patrice Noël
finit par avouer qu'il ne comprenait rien à un conte pareil.
N'y trouvant ni rime ni mètre régulier, Pelta se résolut à
y examiner les lettres.
« Aucun b n'est employé !, s'exclama-t-il soudain. Ni aucun
d, d'ailleurs. Ni f...
– Mais que veut donc nous dire Polenta ?, demanda Caroline.
– Sans doute qu'il ne peut tout nous révéler, et peut-être par
élection personnelle, continua Pelta. S'il est menacé par une
vendetta, nous pourrions le sauver une fois le mystère de ce
talion percé.
– Voilà Enrico parti dans ses fictions, ricana Patrice. Seule
une licorne apte au décryptage pourrait ici nous aider !
– Ne plaisantez pas : si Polenta n'a pu venir ce soir et qu'il
a tenu à nous transmettre cette liste, c'est forcément que nous
devons la comprendre et lui venir en aide. Regardez, tous les
groupes de deux mots comptent exactement douze caractères. Ce
ne peut être le fruit du hasard, donc Polenta a certainement
dû travailler chaque détail de son texte.
– J'ai entendu dire que c'est l'une des contraintes d'écriture
les plus faciles, déclara Patrice. Rien n'est bien dur avec une
telle forme agrammaticale, de toutes façons : on accumule juste
des mots sans liens sémantiques ni logiques. Cette liste me
semble au contraire le résultat d'un travail bâclé.
– C'est donc qu'il devait être pressé. Il y a certainement
urgence, voire danger de mort ! Regardez encore : sa liste est
formée des mêmes sons qui se répètent sans arrêt. Ça interpole
du “courtisan” du début au “luisant” final.
– Je ne vois aucun son “an” dans “crétin saoul”, railla Patrice.
– Il y a tout de même une voyelle nasale. Mais vous faites bien
de souligner cette expression, car il semble que Polenta vous y
désigne : n'êtes-vous pas le seul à avoir descendu la bouteille
de rosé ?
– Et, docte cabot, pointer calé, espérez-vous être le “suçon
altier” ou le “rôle cuisant” ? »
Au verso, l'oeil perçant de Pelta remarqua quelques lignes au crayon, presque effacées :
Suis-je Amour ou Phébus par devant ?...
Lusignan ou Biron par derrière ?
Mon front est rouge encor par devant
Du baiser de la reine par derrière.
Il tenta sur-le-champ l'exégèse de cette copla ternie :
« Ennéasyllabes à rimes riches respectant l'alternance !
– Pourquoi la quatrième ligne a-t-elle donc un pied de trop,
selon votre loi perçante ?, se moqua Patrice Noël.
– Il ne s'agit pas de lignes et de pieds, mon cher, mais de vers
et de syllabes. Et allonger le dernier vers crée une rupture que
n'aurait pas reniée Apollinaire.
– Les rimes entre mêmes mots ne sont toutefois pas recommandées,
remarqua Caroline.
– Verlaine l'a fait, répliqua Pelta avec un sourire charmeur.
– Ce quatrain est surtout d'une singulière vulgarité »,
s'offusqua le Saint.
Le vieux Peter Nicola eut alors un
sursaut d'énergie et sortit de son silence :
« Vous n'y êtes pas. Éric expérimente ici un procédé classique
de Raymond Queneau, et le poème du recto pinéal est ce qu'on
appelle une morale élémentaire.
– Élémentaire ? demanda Patrice.
– Pinéal ? demanda Enrico.
– Morale ? demanda le Saint.
– Caroline vous expliquera », finit par répondre Peter après
une longue hésitation.
Elle désigna de l'index, à travers la baie vitrée, un
oracle peint sur le muret au fond du jardin. On pouvait y
déchiffrer « El Carpineto », accompagné d'un couteau tagué
à l'encre rouge sang.
« Peter et moi avons découvert cette inscription il y a trois
jours, et nous voulions vous en entretenir ce soir. Éric Polenta
a promis à Peter de nous expliquer tout ce qu'il sait à ce sujet.
– Je vous l'avais dit !, s'écria Enrico. Cet opinel tracé prouve
que nous sommes en danger, et il nous faut retrouver Polenta
avant qu'il ne soit trop tard.
– L'auteur de ce graffiti est fort malhabile, affirma Patrice.
Sans doute un peintre du dimanche habillé de velours. Ce rapin
côtelé ignore que l'orpin éclate toujours quand on le badigeonne
sur du copal inerte. Voilà pourquoi il a obtenu ce paradoxal
pontil acéré.
– Son espagnol n'est pas correct non plus, ajouta le Saint.
Voulait-il écrire “Carpintero”, ou serait-ce de l'argot, une
sorte de calo repenti ? Si l'on ne respecte pas les règles de
la corrida, on risque un tercio pénal.
– Vos analyses incompréhensibles nous font perdre du temps et
ne valent pas un sou, pas un pélot carien, se fâcha Enrico.
Ce Croate plein de pinot et cet atèle porcin en soutane ne
cherchent visiblement pas à sauver Polenta.
– On dirait que le pécore latin s'énerve, souffla Patrice.
Pirate cloné, va !
– Lepton carié au pectoral nié et au tarin éclopé ! Cancer
hippique, capelet noir issu du pénil atroce d'un tapin créole !,
improvisa Enrico avec davantage de créativité.
– Chers amis, intervint Caroline, nous devrions immédiatement
chercher Polenta dans le parc. Je crains le pire pour lui.
– Il m'a dit qu'il visiterait votre île cette après-midi,
ajouta le vieux Peter.
– C'est donc par là-bas qu'il faut commencer », conclut
Caroline.
Plus soucieux d'agréer à leur ravissante hôtesse que de tirer un rimailleur inconnu d'une mauvaise passe, ils sortirent dans l'incertaine lumière précédant le crépuscule. Ils traversèrent le palc orienté sud, où Caroline pratiquait parfois l'acrobatie contorsionniste, firent le tour d'un cairn potelé dont le cône partiel était planté d'un cep oriental, et arrivèrent au bord du lac où les attendait un triple canoë. Séduit par cette trinité, le Saint embarqua le premier, invitant Enrico et Patrice à le rejoindre dans cet « éon triplace », mais recommandant à Peter et Caroline de rester sur la rive, par déférence et par galanterie respectivement. Le trio lacustre se trouva bientôt devant l'entrée d'une caverne assez luxueusement aménagée. De chaque côté brûlaient des torches imbibées de pétrole inca, l'une constituée d'un pilot caréné pour résister au vent, l'autre d'un piolet nacré fermement ancré dans la roche. La divine beauté des flammes se reflétant sur cette seconde torche plongea le Saint dans une sorte de transe mystique, et il se lança dans une étrange prière incantatoire au « palot incréé ». Enrico et Patrice pénétrèrent dans l'antre policé, dont les parois étaient recouvertes de laiton crêpé. Vers la gauche, un écriteau signalait la présence d'un élevage de lapins, mais il n'y avait aucune trace du clapier noté. À droite trônait une sculpture de chèvre en fer-blanc, dont les cornes étaient faites d'un ancien clairon pété. Cette tôle caprine cachait une armoire tapissée de soie, et sa porte câline ouvrait sur un écran plat de la technologie la plus avancée. L'écran pilote se comportait comme un miroir déformant : en s'y regardant, Enrico vit le visage de Patrice, et Patrice celui du Saint. Ils se demandèrent quel reflet aurait eu ce dernier s'il avait pu les suivre.
Peter et Caroline étaient retournés au manoir. Le vieil homme alluma une cigarette avec un bonheur non dissimulé, et se servit de sa clope riante pour démarrer le réchaud à gaz. Il déposa par dessus un chaudron gris clair, et attendit que le liquide contenu commence à bouillir. Lorsque le couvercle de la pâle cortine tinta suffisamment, il enfourna la lettre d'Éric Polenta dans le poêle craint, et la regarda se consumer. Caroline ne comprenait toujours rien, mais proposa d'entamer la pièce montée, en attendant le retour improbable des trois ou quatre autres invités.
[Voir aussi ma précédente longue prose et mon autre logo-rallye à groupes nom+adjectif anagrammatiques]
Trois nouveaux Desdichados
El Desequilibrado
(La Déstabilisation)
Je suis le veuf, — le sombre anathématisé,
Le grand prince à la ruine épidémiologique :
Mon astre est mort, — mon luth conceptualisé
Porte le noir d'un deuil psychopathologique.
Dans la tombe où tu m'as déculpabilisé,
Rends-moi le mont, le golfe océanographique,
La rose où fond mon coeur insensibilisé,
Et la treille à la fleur sympathomimétique.
De qui me sens-je mieux l'identification ?
Rouge est sans fin ma tête aristotélicienne ;
Je vois la nymphe en l'eau méditerranéenne...
J'ai fait du Styx la kitch circumnavigation,
Et j'ai joint sur ma lyre inexpérimentée
Cris de fée ou de sainte emberlificotée.
(Gil Espositofarèse)
[Premiers hémistiches en mots d'au plus une syllabe,
seconds hémistiches en hexasyllabes. Pour être aussi
fidèle que possible à Nerval, le titre pourrait être
« El Desafortunado (La Déconsidération) », mais j'en
ai choisi un autre mieux adapté à cette contrainte.]
El Descompuesto
(Le Décomposé)
Maniacodépressif anathématisé,
Restons l'infant privé d'enceinte ensevelie :
L'obscurité s'abat, — l'astral cistre prisé
Porte l'aigu chagrin qu'enfermait l'ancolie.
Nonobstant l'hypogée, aide m'ayant grisé,
Rendez l'îlot marin, l'Allemagne jolie,
L'iris qu'affectionnait notre torse brisé,
Comme l'uval cépage avec l'oeillet s'allie.
Personnification d'Amour ?... D'Agamemnon ?
M'embarrasse l'onction déstabilisatrice ;
Psychanalyserai sirène tentatrice...
J'enjambai l'Achéron d'autosatisfaction,
Refamiliarisant l'exceptionnel Visée
Avec l'enchanteresse instrumentalisée.
[Toutes les décompositions possibles d'un alexandrin
césuré à l'hémistiche en mots de 2 à 6 syllabes, les
onze solutions à quatre mots étant ici interdites ――
en contrepoint du
poème de
Robert Rapilly du 6/6/16.
6 / 6
2 2 2 / 2 4
4 2 / 2 2 2
2 2 2 / 3 3
3 3 / 2 2 2
2 2 2 / 4 2
2 4 / 2 2 2
2 2 2 / 2 2 2
6 / 2 4
4 2 / 6
6 / 3 3
3 3 / 6
6 / 4 2
2 4 / 6]
P.S. du 13/08/16 : morale élémentaire en alexandrins
Potentialisation phénoménologique
déconsidération démoralisatrice anéantissement inconstitutionnel antigravitation déstabilisatrice
ensevelissement quadridimensionnel
désincarcération démystificatrice réinvestissement omnidirectionnel aromathérapie identificatrice
réaménagement organisationnel
caractérisation dépersonnalisée appesantissement céphalorachidien culpabilisation homogénéisée
approfondissement méditerranéen
Quand Gérard
Labrunie
adopta
son pseudo
il composa
son poème El
Desdichado
circumnavigation océanographique inassouvissement intercontinental béatification psychopathologique
tintinnabulement infinitésimal
Défis pangrammatiques
[message adressé à la
liste oulipo]
Le 17/06/03, Éric Angelini nous offrait ce superbe quatrain rimé constituant un pangramme :
Il m'en avait aussi envoyé des variantes en privé, par exemple celle-ci comptant deux lettres de plus mais d'une remarquable cohérence :
Je lui avais alors suggéré de construire un sonnet en vers très courts dont toutes les strophes soient des pangrammes (et non les vers, comme je le proposais depuis quelques mois à divers amis, et comme cela a finalement été fait les 03/09/03 et 17/11/03). Il me semble que cette idée des strophes pangrammatiques est restée inexplorée depuis.
Cette contrainte est assez perverse, car les rimes obligent à répéter certains sons, en contradiction avec la concision recherchée pour les pangrammes. Mais comme pour les pangrammes holorimes explorés plus récemment, on peut essayer de ne pas employer les mêmes lettres pour obtenir les mêmes sons. Comme preuve de concept, voici un exemple en vers trisyllabiques respectant l'alternance.
Mais qui saura être plus poétique ? On pourrait aussi oser des vers dissyllabiques, ce qui donnerait des pangrammes de six syllabes dans les tercets. Quelques uns très tordus ont été trouvés (et on est même descendu aux pentasyllabes avec des noms de villes), mais leur emploi dans un sonnet me semble difficile. Les syllabes supplémentaires offertes par une ou deux rimes féminines pourraient toutefois légèrement faciliter la tâche.
En relisant ces discussions de 2003, je suis retombé sur cet
excellent pangramme animalier posté par Claire Grivet le
09/10/03 :
Zoo : vieux coq, jars, boeuf, daim, hyène, wapiti, koala, geai. [44]
Elle gagnait d'ailleurs trois lettres
le lendemain :
Coq, daim, fou, hase, jaguar, lynx, veau, wapiti, yak, zébu. [41]
et Alain Zalmanski
encore davantage en utilisant l'hapax
dozeb, néologisme
anglais
jadis attribué à un hybride
zèbre-ânesse (mais qui n'est hélas
plus utilisé
même
en anglais,
et n'a
jamais été
intégré aux dictionnaires du Scrabble) :
Jument, kiwi, phoque, dozeb, gavial, oryx, fou, scie. [38]
Jument, kiwi, phoque, dozeb, gavial, oryx, cerfs. [36 dont 2 R]
Y revenant donc treize ans plus tard, voici ce que je trouve
de plus bref :
Kiwi, biquet, fjords (chevaux), lump, zygène. [décasyllabe de 33 lettres]
L'une des acceptions de
fjord désigne en effet un petit
cheval norvégien, et le
zygène est le requin
marteau. J'ai bien sûr trouvé d'autres pangrammes
animaliers un peu plus longs, par exemple :
Vache, bizet, jaguar, manx, yapok, foulque, daws. [alexandrin de 36 lettres]
Le bizet
& le manx
sont respectivement une race de mouton & de chat, le
yapok & le
foulque
sont respectivement un marsupial & un oiseau aquatiques,
et le daw est un drôle de zèbre.
Y a-t-il plus court ou plus naturel, et quelle taille est
nécessaire pour qu'un sonnet à strophes pangrammatiques
puisse être « sublime » ?
Va, l'équipe ! Bûchez, joyeux network d'amis ! Gef_ [36]
Cinq jours plus tard, j'ai trouvé
d'autres pangrammes animaliers assez courts,
en décasyllabes :
Ver, jaquet, yak, daw, chimpanzé, fox, bigles. [33]
Fox, greyhound, spitz, java, kiwi, coq, omble. [33]
Manx, kiwi, coq, fjord, veau, bizet, aglyphes. [33]
ces deux autres contenant hélas un e caduc avant consonne :
Quetzal, pic, fox, kob, daw, java, mye, hongres. [33]
Fox, cheval, daw, springbok, jaquet, zée, mye. [33]
en hendécasyllabes :
Java, bizet, fox, greyhound, kiwi, coq, lumps. [33]
Chipmunk, jaquet, ver, fox, daw, gayal, zébus. [33]
et en alexandrins :
Moro sphinx, coq, java, daw, guib, yak, flet, zoé. [34]
Java, daw, kob, coq, fou, phragmite, lynx, zoés. [33]
Et j'ai fini par réduire le record de concision
à un décasyllabe de 32 lettres :
Coq, fox, java, daw, springbok, luth, zée, mye. [32]
Pour éviter l'e caduc du « zée
» avant consonne, on peut augmenter
l'énoncé d'une syllabe tout en conservant
le même total de lettres :
Coq, fox, java, daw, springbok, luth, zoé, mye. [32]
Comme certains de ces noms d'animaux sont peu courants,
précisons que
le chipmunk est un rongeur
(anglicisme pour tamia),
le manx est un chat,
le bigle (graphie française possible
du beagle),
le fox(-terrier),
le greyhound,
et le spitz sont des chiens,
le java est un poney
(ou une poule),
le fjord est un cheval,
le hongre est un cheval castré,
le daw est un zèbre,
le guib,
le kob
et le springbok sont des antilopes,
le gayal,
le yak
et le zébu sont des bovidés,
le bizet est un mouton,
la mye est un mollusque,
les zoés sont des larves de crustacés,
le flet,
le lump,
l'omble
et le zée (saint-pierre) sont des poissons,
le luth est une tortue,
les aglyphes sont des serpents non venimeux,
le fou,
le jaquet (petite bécassine),
le kiwi,
la phragmite (fauvette),
le pic
et le quetzal sont des oiseaux,
et enfin le moro sphinx est un papillon.
P.S. du 14/08/16 : sonnets de monosyllabes globalement pangrammatiques
Quand on a la chance de croiser un poisson-lune, il
faut nager le plus calmement possible pour ne pas l'effrayer.
Mais
n'oubliez pas votre matériel de glisse si vous visitez
la banquise — certes rendue boueuse par le
réchauffement climatique :
[Les 10e et 11e vers ont été ajoutés uniquement pour obtenir un sonnet, mais ils peuvent être supprimés sans abîmer le pangramme.]
Un silence absolu était requis quand le
souverain pratiquait son sport favori. Même les
oiseaux savaient se taire, mais un soldat était
discrètement chargé de bâillonner le
poète :
Cruauté de la cuisine :
Amitiés,
Garvy Jochbed Tewfik Pasquale Ximenez [33, alexandrin formé de prénoms attestés]
P.P.S. du 17/08/16 : chaque couple de vers
(de rangs impair & pair successifs) constitue un
pangramme
[extension de la pangrammisation
globale de janvier dernier]
El Desdichado
(jugez typique mon breakdown fiévreux) [44]
Je suis le ténébreux, — le veuf, — l'inconsolé,
Le Kolwézien mythique à pagode abolie : [65]
Ma walkyrie est morte, — et mon luth constellé
Va gazer mes bijoux opaques de Folie. [66]
Dans le joug du tombeau, voix qui m'as consolé,
Rendez-moi le Puy khmer et le wharf d'Italie, [71]
Fabriquez du whisky pour mon coeur désolé
Jouxtant treille où la vigne à la rose s'allie. [72]
Suis-je Phébus, Woyzeck, Lusignan ou Biron ?
Que mon front vibre encore aux baisers de la reine ! [75]
J'ai rêvé du bunker où crawle la sirène...
Zombi deux fois vainqueur pagayant l'Achéron [69]
Visqueux, j'ai modulé sur la lyre d'Orphée
Le play-back de la sainte et le gwerz de la fée. [69]
Fabio-Gérard-Ishaq-Max-Paul de Nerval-Wojtyczki [40]
Desdichado en strophes pangrammatiques mais en vers quadrisyllabiques :
On peut noter que les trois vers
Quel vieux khan suis-je, / Dey, tzar sans cap : / Mon biwa fige
constituaient déjà un pangramme (de 44 lettres).
P.P.P.S. du 19/08/16 :
Comme les pangrammes les plus concis agglutinent beaucoup de
consonnes dans chaque syllabe (cf. le pentasyllabe urbain
Jax, Pfrentsch, Qwilk,
Vogdz, Yumb), une autre surcontrainte perverse serait
d'en composer respectant la rigidité de l'okapi
(alternance consonne-voyelle). Même en considérant
l'y comme une voyelle, il faudrait alors au moins 39
lettres et 17 syllabes (en commençant et terminant par
une consonne, avec une liaison sur un h muet, et en
terminant par une rime féminine au pluriel). C'est
juste ce qu'il faut pour un haïku :
Puisque l'ove est un ornement ovale, son adjectif
hexagonal transforme en effet la poêle en objet
non-identifié. ;-)
Mais seule la concision en nombre de lettres est requise pour
les pangrammes, donc pourquoi ne pas monter à 18 syllabes
pour en faire un distique d'ennéasyllabes rimés,
par exemple en -vez/-wés, ou en modifiant les -oq/-ok
de ci-dessus :
On peut préférer un tercet d'hexasyllabes blancs (l'adjectif abusif concernant surtout mon Ô en fin de vers !) :
J'ai en fait l'impression que la surcontrainte de
l'okapi facilite la construction de tels pangrammes,
puisqu'on a une excuse pour employer tant de voyelles !
On pourrait alors imposer une alternance de deux consonnes pour
une seule voyelle (...-c-c-v-c-c-v-c-c-...), ce qui conduit du
coup à des pangrammes plus compacts mai aussi plus
difficiles à obtenir. Voici un premier essai en un
dodécasyllabe obscur contenant un sigle :
Si l'on accepte les consonnes isolées aux extrémités, il suffit de cinq lettres de plus pour éviter le sigle et obtenir un alexandrin correctement césuré (l'adjectif phynal auto-désignant cet exercice !) :
J'ai adressé par télécopie ma
fable la Fleur et le Gallinacé à un
grand écrivain congolais.
Sa secrétaire la lui a présentée en disant :
Sywor Kamanda, jugez : coq vit phlox, bof. [31]
Et le conteur m'a immédiatement renvoyé un E,
ce que je trouve
vexant. Prenez donc ma défense !
Vu ce fax alphabétique, jugez Sywor Kamanda ! [36]
Me faut-il contacter le magistrat blond tabagique ?
Il n'est certes plus alcoolique, mais ses goûts
ont empiré :
Dix brownies au ketchup ? Voyez quel juge fume ! [37]
Ce goujat continue à fréquenter le zoo,
mais j'ignore dans quel sens
emprunter les allées pour le retrouver.
Les animaux ont été classés
dans un ordre peu logique :
Ara, maki, paon, aspe, setter, velle, taret, rat, saï, pipa, mulette, ver,
crabe, dogue, lama, daine, tétra, matamata, marte, ténia, dama, leu, gode,
bar, crevette, luma, pipi, astarte, ratel, levrette, seps, anoa, pika, mara.
[perroquet,
primate,
oiseau,
poisson,
chien,
veau femelle,
mollusque,
rongeur,
singe,
grenouille,
moule,
invertébré,
crustacé,
chien,
camélidé,
daim femelle,
poisson,
tortue,
fouine,
ver plat,
daim,
loup,
deux
poissons,
crustacé,
escargot,
mouche,
mollusque,
zorille,
lévrier femelle,
lézard,
buffle,
deux
lièvres]
Mille conquérants
(voguez, juke-box de happy few) [39]
Comme un vol de bazas qu'un wargame natal
Fatigue d'enkyster jusqu'aux peines hautaines, [72]
Du wharf de Mozelos, routiers gueux, capitaines
Partaient, junkys d'un rêve héroïque et brutal. [77]
Voyageant pour quérir ce fabuleux métal,
Know-how du Japon zen en ses mines lointaines, [71]
Il voyaient qu'alizés juchaient prompts leurs antennes
Aux far west kafkaïens du bagne Occidental. [83]
Le soir, dans leurs bons voeux gonflés de jours épiques,
L'azur nickel des mers d'Hawaï, lys des Tropiques, [84]
Subjuguait leurs yeux quiets de films, patchworks dorés ;
Ou penchés lez l'avant des blanches caravelles, [86]
Ils checkaient l'upwelling qu'en des cieux ignorés
Jouaient du fond d'abyme onze étoiles nouvelles. [82]
José-Gustave de Przybków (1842-1905) [59]
[sonnet à
distiques pangrammatiques,
d'après un
autre classique
que j'ai déjà
plusieurs
fois
martyrisé]
Tétrapangramme sélénite
[recyclage de quatre de mes pangrammes
(de 2012,
1999,
2006 et
2003
respectivement — légèrement
retouchés à cette occasion), illustrant
qu'un sélénet
à distiques pangrammatiques est en principe
possible]
Jadis vaincu par un Flamand
À la résistance incongrue,
Carsten, grand cycliste allemand,
Conseille Eduard, jeune recrue :
Détends tes muscles et ton pouls
En buvant de la bière slave !
Son nom savant nous rendrait soûls ;
Nul mot ne peut nourrir un brave.
Jugez ce physique :
Merckx bat Wolf, divin. [33]
Va, Schwarzkopf magique,
Joyeux diablotin ! [35]
Filandreux, sphygmiques ?
Kwas objectivez ! [35]
Dactylographiques
Jeux : wok, faim n'obviez ! [35]
P.S. des 30-31/08/16
Commentaire de la
distillerie Glenfiddich après
la
colère
d'un milliardaire américain, fin 2012 :
Je file cinq box de whisky : gavez Trump ! [31]
Le mug dont il se sert pour sa bière est décoré
d'un joli félin en train de déchiqueter un zèbre.
Je me demande ce qu'en pense le droit islamique.
Bock : lynx vs daw. Fiqh, jugez Trump ! [27]
Invitons l'un de ses cousins éloignés à étudier ce
droit, qui n'est tout de même pas la loi de la jungle.
Jack Trump, gobez fiqh : lynx vs daw ? [27]
Trois anciennes expériences musicales
De 1993 à 2002, j'ai utilisé mon piano
MIDI pour un grand nombre d'expériences musicales ou sonores,
totalisant une vingtaine d'heures sur cassettes audio. Comme
je viens de les numériser, en voici trois extraits
d'intérêts très différents. D'abord
mon tout premier enregistrement de 1993, juste après
l'achat de ce piano : la
« Danse du
dingue ». C'est une simple improvisation, en
laissant mes mains frapper au hasard sur le clavier, mais je
continue à trouver qu'elle a une sacrée pêche
— et je n'ai plus jamais fait aussi bien par la
suite !
Ensuite une monstruosité comique de 1995 :
une version
« cubiste » de la fugue II-6 de Bach.
Cet adjectif signifie qu'on ne voit pas toutes les
parties de l'oeuvre selon le même angle. Plus
précisément, j'ai désaccordé
les voix d'un demi-ton (vers le haut pour la deuxième
voix, vers le bas pour la troisième), et je les ai
surtout décalées d'une croche (en retard pour la
deuxième voix, en avance pour la troisième), de
telle sorte que leurs silences se produisent en même temps
vers le milieu de la pièce. Au lieu de se répondre
comme en contrepoint classique, les voix acquièrent ainsi
un aspect claudiquant qui m'amuse. Cette mise en phase des
silences peut aussi être rapprochée des moirures
(visuelles) obtenues en superposant deux réseaux de
hachures d'inclinaisons légèrement
différentes.
Enfin un exemple des variations automatiques
que j'avais programmées sur mon piano MIDI en 1997
(analogue musical de mon
baragweb
de fin 2006 modifiant les pages Web). Il y en avait une bonne
quinzaine, mais elles donnaient souvent des résultats
aussi monstrueux que la fugue ci-dessus. Quelques unes
créaient toutefois de belles choses, et j'avoue
être particulièrement sensible à
celle-ci, appliquée à
une petite danse médiévale pour guitare. Son
procédé était assez subtil, donc inutile
de le décrire ici ; seul le résultat sonore
m'intéresse.
(Pour comparer, voici la
danse originale
)
Le 22/10/16, le véritable X-Man musical
Valentin Villenave
(compositeur, pianiste & créateur de
l'Oumupo actuel) m'a fait
l'honneur de transcrire cette danse sous forme de
partition au format PDF :
[Voir aussi mes autres expériences oumupiennes]
Anapangrammes
[John Acnée a proposé à
la liste oulipo de construire
des couples de pangrammes anagrammatiques.
J'en ai trouvé plusieurs dizaines d'involontaires
dans ma liste personnelle,
mais surtout parmi les plus
courts. Voici un premier essai avec les 37 lettres du
juge blond, sous forme
de distique d'alexandrins rimés.
On y apprend que le cuistot apprécie à la
fois son troquet puis l'en-cas végétarien
qu'il s'est préparé.]
Portez ce vieux whisky au juge blond qui fume ! [37]
Pub joui, queux, kifez-y votre sandwich-légume ! [37]
P.S. du 3/7/18 : Noël Bernard est revenu
indépendamment à cette contrainte
deux ans plus tard,
cette fois sans imposer de rime en -ume. Ma réponse a
été un commentaire autoréférentiel à
propos de ces anapangrammes :
Voyez quel défini patchwork subjugue mieux. [37]
Vie imaginaire de l'Oulipo
– Tu ne t'intéresses pas au bon Marcel,
plaisanta Bénabou.
– J'espère qu'il mentionne les
flatulences de Cratès, répondit Ian.
Monk fit : « Je veux que Schwob y parle de gaz. » [33]
Conseils d'écoute musicale :
Gombert, Jacques Duphly, Fux, Vézina, Kawai. [34, alexandrin]
Fux, Jolivet, Magny, P.D.Q. Bach, Rzewski. [29, alexandrin]
Ces compositeurs sont presque classés
par ordre chronologique.
Seul Johann Joseph Fux est en fait antérieur
à Jacques Duphly.
N.B.: il n'y a pas d'abréviation dans
« P.D.Q. ». Le nom
de ce compositeur satirique est en entier
« P.D.Q. Bach ».
Conseils de lecture :
Fauquez, Gustave Kahn, Max Jacob, Weil, Duperey. [37]
Fiévée, Pichot, Jean Giraudoux, Wiazemsky, Boulouque. [43]
Ordre chronologique encore, mais pas d'alexandrins.
Dommage d'atteindre 43 lettres
en utilisant l'extrêmement pangrammogène
nom d'Anne
la comédienne & écrivaine.
Mais mon but était ici d'obtenir des pangrammes
hétéroconsonantiques avec uniquement
des noms d'écrivains attestés.
J'avais jadis trouvé
plus court
sous forme de phrase.
P.S.: Si vous désirez lire les livres d'abord
dans le sens normal puis du dernier mot
au premier, comme
l'oulipien
Eduardo Berti l'a raconté
lors d'une
lecture
à la BnF
l'année dernière, je ne vois que
Canési, Sénac
à vous proposer. C'est légèrement
plus riche pour la musique :
Rossé, Visée, Nono, Nees, Ives, Sor.
Pour les restaurants de poissons, vous avez plusieurs
formules :
Arôme mora.
Arôme vive, mora.
Arôme bar, crabe, mora.
Arôme bar, cèpe, crabe, mora.
Arôme bar, chapon, opah, crabe, mora.
La dernière est évidemment nettement
plus chère, car les
restaurants de poissons dominent mal
la castration des coqs.
Cinq jours plus tard, j'ai trouvé quinze
autres listes d'écrivains constituant des pangrammes
hétéroconsonantiques, de 35 à 44 lettres.
Voici les plus courts, en classant de nouveau par
ordre chronologique les écrivains au sein de chaque
pangramme.
D'abord un assez long mais mentionnant un autre nom presque
aussi pangrammogène
que celui d'Anne Wiazemsky, à savoir celui
d'un prix Nobel de littérature
nigérian :
Fauquez, Max Jacob, Wole Soyinka, Pivot, Hediger. [38]
Ensuite deux citant
un brillant Papou dans la tête puis
l'un des fondateurs
de l'Oulipo :
Kawabata, Half, Jacques Izoard, Max Genève, Pouy. [38]
Swift, Péguy, Max Jacob, Queneau, Levi, Khadra, Oz. [37]
Enfin mes deux résultats les plus courts :
Max Jacob, Zweig, Peter Handke, Faye, Lévesque. [36]
Stefan Zweig, Huxley, de Beauvoir, Jacq, Kemp. [35]
Certes la particule de Simone aurait dû
se désintégrer dans une telle liste,
mais décidons
que c'est une licence de pangrammeron.
L'avant-dernière liste donne un alexandrin,
mais sa cérure tombe entre un prénom et un nom.
On peut l'améliorer en oubliant l'ordre
chronologique (et ça donne presque l'ordre
alphabétique, à la position de Zweig
près) :
Faye, Peter Handke, Max Jacob, Zweig, Lévesque. [36]
La dernière est un taratantara (décasyllabe
césuré 5/5), mais on peut aussi la césurer
plus classiqement 4/6, par exemple dans l'ordre
alphabétique inverse :
Stefan Zweig, Kemp, Jacq, Huxley, de Beauvoir. [35]
P.S. du 8/9/16 : ayant appris que sa
créatrice ne saurait être invoquée que
par une formule magique assez brève, Harry fait de gros
efforts de concision.
J.K. Rowling, vous mythifiez d'épiques bocaux. [36 dont 2 S]
J.K. Rowling, qu'y chipotez-vous de bien fameux ? [36 dont 2 N]
J.K. Rowling, qu'y bachotez-vous de peu fameux ? [35]
J.K. Rowling, vous démythifiez ce pub aqueux. [35]
J.K. Rowling, qu'asphyxiez-vous de combatif ? [34 dont 2 S, alexandrin césuré 4/4/4]
J.K. Rowling, bavez fax psychodramatique ! [33 dont 2 R, alexandrin]
J.K. Rowling, qu'abymez-vous, dépit fâcheux ? [33, alexandrin césuré 4/4/4]
Nouveau sonnet à
distiques pangrammatiques,
d'après
cet original de
Georges Fourest,
dont les premiers vers ont attité mon oeil
de pangrammolâtre :
La mélancolie du dipsomane
(Georges-Xavier-Jacques Fourest-Baryzhnikow) [61]
Hydromel !! vieux wisky !!! kümmel !!!! zythogala !!!!!
J'ai bu de tout ! parfois soûl comme une bourrique [72]
L'Archiduc de Weimar, jadis, m'y régala
De vodka fine et suze à grand prix la barrique ! [67]
Dans le crâne scalpé du chef sioux Ko-Gor-Roo-
Boo-Woo, j'ai zyeuté l'eau de fleuves d'Amérique ! [73]
Mixez au Chambéry l'acide sulfurique !
Petit clown, j'avalais le lait d'un kanguroo* ! [66]
(Mon père est employé dans les pieux shows funèbres :
C'est un viking puissant ! j'attelle quatre zèbres [82]
À mon petit rickshaw gazeux qui file au trot !)
Mais aujourd'hui, noyé de vermouths et d'absinthes, [77]
J'expire plus knock-down que feu Jean des Esseintes :
Bon Dieu ! n'avoir goûté zythum ni vespétro** ! [76]
* un kanguroo (daw, sphynx ou java) femelle, bien entendu
(Notez que c'est de l'auteur) [64]
** liqueur ancienne aux vertus carminatives reconnues,
joyau à fond de Zubrowka ou de champagne [78]
Acrostiche phonétique pangrammatique
[Toutes les lettres de l'alphabet latin, ainsi que
la première et la dernière du grec,
sont reproduites phonétiquement aux premières
ou dernières syllabes des vers.
L'ordre de celles qui apparaissent à la rime a
été choisi pour obtenir un schéma
de rimes régulier de sonnet anglais.
Le poème
dans son ensemble est aussi un
pangramme littéral.]
El Pangracróstico
(e) Euthanasié comme un ténébreux macchabée (b)
(f) Effondrant son château, je vais cahin-caha (a)
(h) Achever mon étoile à lyre nuancée (c)
(l) Et la couvrir de noir chagrin sans baraka. (k)
(m) Émerge de la tombe où t'es barricadée (d)
(n) Et nantis-moi des mers qui m'avaient ébahi. (i)
(o) Offre montagne et fleurs à mon âme affligée (g)
(r) Et roses qui sur treille encor font du benji. (j)
(s) Est-ce Amour ou Phébus ?... Ou l'abbé de L'Épée ? (p)
(x) Hic : ce front rougit trop de ce qu'il a vécu. (q)
(y) Y grée canot, dans l'antre où l'ondine est jetée, (t)
(z) Zée devant traverser l'amer tohu-bohu... (u)
(α) Alphabétise alors au biwa de Chavée, (v)
(ω) Homme égaré, ta voix comme el Majdoub levée. (w)
P.S. du 11/09/16 :
Sonnet pangracrostiche en vers aussi courts que possible, avec
cette fois un
vide dans le coin inférieur gauche. Le 5e
vers accumule deux phautes prosodiques
d'un coup ; on va dire que l'e caduc
intérieur compense son absence à la
rime ;-).
La glose initiale est un sélénet.
Vé est le nom d'un dieu nordique.
Ne dénigre mie
tes iris fanés
de mélancolie :
fais-en des sonnets !
Mets plutôt les voiles
sans craindre le temps ;
retourne aux étoiles
où l'aleph t'attend.
(x) Ixïas (a)
(s) estompées (p)
(z) et daubées, (b)
(e) eurêka ! (k)
(y) Y grée qui (i)
(o) au sujet (g)
(n) énonçait (c)
(l) élégie : (j)
(r) Éroder, (d)
(f) effriter, (t)
(m) et main nue, (u)
(h) achever (v)
d'où bleu Vé (w)
t'évacue. (q)