Voeux 2010
Chers amis, vos bons voeux m'ont fait un grand plaisir et j'aurais adoré vous écrire un poème pour vous remercier, souligner combien j'aime lettres, cartes, courriels, mots d'esprit à saisir. Le temps est preste, hélas, et j'ai peu le loisir de rimer ma réponse ou de chercher un thème, une règle oulipienne ou quelque stratagème rhétorique, malgré mon sincère désir. C'est ainsi platement, sans nulle fioriture, que je vais envoyer ma page d'écriture pour souhaiter à tous un nouvel an radieux. Que deux-mille dix offre à la fois réussites, créativité, joie et bonheur explicites, sans oublier santé ni rêves mélodieux. Gef_
Complément oubipien :
un verset biblique
(Jean XII 35) de gématrie 2010,
c'est-à-dire tel que la
somme
des rangs de toutes ses lettres (A = 1,
B = 2, C = 3, ..., Z = 26)
soit égale à 2010.
Par ailleurs, le logarithme népérien
de 262 537 412 640 768 744
divisé par la racine carrée de son
nombre de lettres donne les trente premières décimales de
π = 3,141592653589793238462643383279...
La lumière est encore pour un peu de temps au milieu de vous. Marchez, pendant que vous avez la lumière, afin que les ténèbres ne vous surprennent point : celui qui marche dans les ténèbres ne sait où il va.
Gématries extrêmes & isogématrie des alexandrins
Au soir de leur vie, des lutins avaient légué sans hésitation leur collection de (piteux) cristaux à un prêtre, mais il les offrit bêtement à un ménestrel fou qui l'avait impressionné :
À l'aède fada,
baba, l'abbé céda
Vingt quartz (moins trois quarts noueux)
qu'ont joints maints prompts schtroumpfs vieux.
Ce distique d'alexandrins à rimes
intérieures est le plus dissymétrique que
j'arrive à construire au sens de la gématrie
(A = 1, B = 2, ..., Z = 26).
Le premier vers a en effet une somme de 81 et le
deuxième de 1128.
On peut en fait descendre à 6 avec « A
A A A A A » (à lire « ampère
ampère ampère ampère ampère
ampère »), voire à 0 avec l'un des
alexandrins vides
que nous avions explorés en février 1999,
et monter à 1896 avec nos
douze
« schtroumpfs » de juillet 2000,
mais le rapport signal sur bruit diminue.
[P.S. du 6/7/11 : Des distiques encore plus dissymétriques sont possibles en se servant de nombres écrits en chiffres, si l'on décide que leur gématrie est donnée par leur valeur — comme le fit le fou littéraire Jacob-Abraham Soubira, et comme le calcule d'office le gématron. Voici par exemple un premier alexandrin de somme nulle, et un deuxième impossible à écrire explicitement dans notre Univers tant il est hénaurme : « 0, 0, 0, 0, 0, 0, // Le nombre de Graham puissance un googolplex. »]
Rapide traduction isogématrique du
Desdichado de Nerval,
c'est-à-dire telle que chaque vers ait la même
somme gématrique
(de 400)
L'Asservissement [200] Je suis le ténébreux, — le deuil, — l'inconsolé, [400] Preux caissier d'Aquitaine à la tour abolie : [400] Ma cafetière est morte, — et ce luth constellé [400] Transperce un soleil noir de sa Mélancolie. [400] Dans la nuit du caveau, toi qui m'as consolé, [400] Rends-moi le Pausilippe et l'argent d'Italie, [400] Le fard qui plaisait tant à mon coeur désolé, [400] Puis la souche où le pampre à la rose s'allie. [400] Suis-je Amour ou Phébus ?... Emmanuel, Biron ? [400] Mon crâne est rouge encor du baiser de la reine ; [400] J'ai rêvé dans la grotte où tremble la sirène... [400] Et j'ai deux fois bestial traversé l'Achéron : [400] Alternant à mi-voix sur la lyre d'Orphée [400] Les soupirs de la sainte et les arts de la fée. [400] Gregorius de Nerval [200]
Losange gématrique
[Beaucoup plus difficile à construire que la
précédente version
isogématrique,
comme la lourdeur des vers
centraux en témoigne. Cet exercice est
à comparer à mes alexandrins
fondants &
gonflants
de 1998–99.]
Gil desdichado [100] Je fus le dépecé, — l'aède, — l'affolé, [200] Le baron d'Aquitaine à la tour abolie : [300] Ma cataracte est morte, — et ce luth constellé [400] Porte un profond trou noir vers sa Mélancolie. [500] Sous les nuits des tombeaux, sphinx qui m'eus consolé, [600] Vouons-nous maints hauts monts saints puis ta mer souahélie, [700] Trois fleurs qui troussaient tant mon squirrheux stress saoulé, [800] Outre aux stouts moult prompts moûts qu'un rossolis spolie. [800] Suis-je Ouvroir ou Schtroumpf vert ?... Lévi-Strauss ou Biron ? [700] Vos coeurs voient pourpre encor son baiser de Touraine ; [600] J'ai chuté dans la grotte où sprinte une sphyrène... [500] Et j'ai deux fois majeur traversé l'Achéron, [400] En codant à gogo par la lyre d'Orphée [300] Ce défi de la sainte et ce fa de la fée. [200] Adam de Nerval [100]
[Voir aussi ces images codées par la gématrie binaire de poèmes qu'elles illustrent, composés en 2023]
Programmation
en PHP de
l'automate cellulaire
inventé par
Éric Angelini,
et
participation
à
ses
diverses
explorations.
Réponse personnelle à la blague classique
"What's an anagram of Banach-Tarski?
—Banach-Tarski Banach-Tarski."
transmise sur la
liste oulipo par le même
Éric Angelini
Son paradoxe d'une boule qui peut se diviser en deux boules identiques se prouva rapido ! Snack-bar thaï_
Sesvigintine
Avant Bernard Cerquiglini, des élèves fatigués grognaient
hargneusement, injuriant Joyce, Kafka, Lautréamont — mais non
Oskar Pastior qui révéla se taper un vieux whisky (xérès yankee
zymotique).
Zigzaguant alors, y braillant xénophobes chants wagnériens,
devises vulgaires et ultimes foutaises, tous glorifièrent
Sherlock Holmes, rigolant illico quand Jouet présuma K.O.
le nageur mort.
Mais zou, Noël Arnaud lestement y objecta : bacheliers,
khâgneux, X, portez ce jeune whisky quand donc il verra rouge
encore, héritier usé, son front galamment titillé.
Toutefois Michelle Grangaud zozota franco, non sans avoir un
langage habile, y entraînant outre rire Beaudouin Valérie, korê
imitant Xénophon du Péloponnèse (que commenta William James).
Jugeant tout western mauvais, ce garçon que zieute Paul
Fournel dit noter « xième » s'il a klaxonné un vélo, Levin
Becker habituellement rusé y obliquant exprès.
Et jalousant ouvertement tout yacht, wagon restaurant,
montgolfière, hélicoptère, Claude Berge gémit là que viendra
zoner un pousse-pousse kanak, feu Arnaut Daniel inspirant nos
sextines xylographiques.
Xéranthème estimée, suis-je noir ou inconsolé, — ténébreux
de Yongin aux wons faibles (rappelant Kostrowitzky, Métail
paraphrase Hanshan), — unique cordeau zinzinulant, — Biron vs
guère que Lusignan ?
Lettré xylophoniste qui espérait gagner sa vie, Jacques Bens
nous zézaya onze chansons irrationnelles, un texte historique
déclarant « Publions-y Michèle Audin, Karl Weierstrass, Robert
Fano. »
François LeLionnais relata x walkyries qui kidnappaient, et
Anne Garréta maints sphinx y visualisant peintures, juxtaposant
Dora, Buchenwald — horreurs nazies totalitaires zigouillant un
onirique Italo Calvino.
Ces fous indiscutablement littéraires ont rempli un
xérophile zoo wallon, tel que notre kabbaliste hyper érudit
Blavier André désire garder journaux, manuscrits pour ses
voyages yankees.
Y complotez-vous ferme, s'ils portent la Mélancolie où
Jacques Roubaud guigne une divine xanthie, au zénith : bon week
end, tendre Hortense, que kifons-nous ?
N'y kilométrons cette quenine vraiment hétéroclite, fixons
ta seule étoile immortelle, wisigothique panorama biculturel,
la zappant momentanément aux ondes X, Jacques Duchateau
radiodiffusant un galimatias.
Glosons néanmoins un ysopet remarquablement kaléidoscopique
du clinamen Jean Queval, xiphoïde variation où huit ALVAs
forment miraculeusement ton zutique sonnet, l'envoi bizarre
incluant « poire Williams ».
« W » : Georges Perec nia inventer une bourgade, Yvazoulay,
en regardant le kibboutz, sa disparition zodiacale cachant trois
jeux métatextuels, quatre fascisants xystes amérindiens, vingt
hallucinations olympiques.
Or Werner Heisenberg galéra visiblement pour apprendre
Nerval, Xénakis Iannis fit un quatuor brownien mais y joignit,
en traduisant Ross Chambers, le zeugme kitsch, digression
scripturale.
Sept ouvrages de Wilhelm Killing honorèrent Zermelo, Gauss,
Lie, voire ce Pierre Rosenstiehl anticipé, traçant numériquement
en x (jumelant imaginaires y) fonctions mathématiques un brin
quaternioniques.
Que savourait bien ostensiblement un Duchamp Marcel :
wargames, fontaine karstique, yéyé hirsute incarnant ze Joconde,
garçonnière X, Luc Étienne versifiant nos contrepèteries, Teeny
parlant à rebours ?
Raymond Queneau, Albert-Marie Schmidt, Paul Braffort, tous
ont composé une N-ine d'ordre vingt-six, mais Edward Witten la
fit xérographier, Kurt Gödel y jetant heureusement zéro
indécision.
Ils répétèrent zététiquement qu'Hugo a joué ses yeux pour
grimper beaucoup, Kant travailla xérophtalmiquement, ou François
Caradec lança un « waouh » nommant « El Desdichado » merveille
véritable.
Voici Ian Monk racontant des zonards en quenoum, notre
humaniste wasp anticonstitutionnellement urbain ; Jean Lescure
substituant chaque yod facultatif par onze gravures Xerox,
bégayant trente kôan.
Kippa vêtue, tête inclinée, Bénabou Marcel xénogreffe
rimes, glossaires, dictons originaux, zygomatiques proverbes ;
et Forte, qui y note cent hymnes, scande « Webern longtemps a
jugulé Ubu ! »
Un kaki jaillissement vaseux articule « Tlooth » lentement,
inharmonieux woofer bas, souligne Mathews Harry ; « xièmes
cigarettes » rabâche notre gargouillis, y demandant qu'on
finisse zélé espion panaméricain.
Par une expérience kinesthésique zen, je fis venir Outrapo
(à quel théâtre de l'Yonne ?) interpréter « glaçons würmiens »,
nommant bientôt régent Stanley Chapman, majesté Xerxès
humoriste.
Honneur 'pataphysique xénophile, un membre est considéré
« khan » si zéro remingtonien juge blond fume, notre vieux
whisky offert gratuitement ayant illustré qu'y trinquait Latis,
dame !
Devant Hervé Le père Tellier, Xavier yoyote usuellement
(quels mémoires il espère avoir cités, Gorce ?) ; kifkif Olivier
Salon warrantant zoomorphisme, versants rocheux, néologismes
jubilatoires, fables bigarrées.
Boniment de fin haletant : justes lecteurs, ne partez
réveiller trop vos xénélasies ! — zoomez-y : weltanschauung
utilement singulière qu'Oulipo maîtrise, karma indéterminé
galvanisé en cet art.
Les initiales (seule la première pour les mots composés)
reproduisent cette 26-ine alphabétique chère à Roubaud :
a b c d e f g h i j k l m n o p q r s t u v w x y z
z a y b x c w d v e u f t g s h r i q j p k o l n m
m z n a l y o b k x p c j w q d i v r e h u s f g t
t m g z f n s a u l h y e o r b v k i x d p q c w j
j t w m c g q z p f d n x s i a k u v l b h r y o e
e j o t y w r m h c b g l q v z u p k f a d i n s x
x e s j n o i t d y a w f r k m p h u c z b v g q l
l x q e g s v j b n z o c i u t h d p y m a k w r f
f l r x w q k e a g m s y v p j d b h n t z u o i c
c f i l o r u x z w t q n k h e b a d g j m p s v y
y c v f s i p l m o j r g u d x a z b w e t h q k n
n y k c q v h f t s e i w p b l z m a o x j d r u g
g n u y r k d c j q x v o h a f m t z s l e b i p w
w g p n i u b y e r l k s d z c t j m q f x a v h o
o w h g v p a n x i f u q b m y j e t r c l z k d s
s o d w k h z g l v c p r a t n e x j i y f m u b q
q s b o u d m w f k y h i z j g x l e v n c t p a r
r q a s p b t o c u n d v m e w l f x k g y j h z i
i r z q h a j s y p g b k t x o f c l u w n e d m v
v i m r d z e q n h w a u j l s c y f p o g x b t k
k v t i b m x r g d o z p e f q y n c h s w l a j u
u k j v a t l i w b s m h x c r n g y d q o f z e p
p u e k z j f v o a q t d l y i g w n b r s c m x h
h p x u m e c k s z r j b f n v w o g a i q y t l d
d h l p t x y u q m i e a c g k o s w z v r n j f b
b d f h j l n p r t v x z y w u s q o m k i g e c a
Participation à un recueil collectif pour fêter le soixantième anniversaire du grand cabaliste Rémi Schulz.
Robert Rapilly a proposé à la
liste oulipo de récrire
cette page d'Olivier Salon en
respectant
les contraintes que l'on veut. Je me suis contenté de lui
apporter un soupçon de métatextualité.
[Facile mais adapté au thème du texte, non ?] Crochet à goutte d'eau ---------------------- Le granit est compact. Lisse. Magnifique. Ici pas la moindre fissure pour le barrer. Pas le moindre creux pour lui esquisser un oeil. Pas d'arête qu'on pourrait échancrer. Il bombe le torse. Le nom de cette voie est "The Shield", le bouclier. Quand les aspérités font défaut, que poser son matériel d'assurage comme celui de progression s'avère illusoire, il reste un moyen. Unique. Ultime. La réserve des grandes occasions. Vous prenez votre crochet à goutte d'eau. C'est un simple crochet de métal, fort pointu et acéré. Votre hameçon à granit. Vous le posez sur l'écaille qui saille d'un infime millimètre : voilà, il est mis. À l'extrémité inférieure du crochet, vous suspendez quelque petite échelle à trois marches en corde. Vous respirez. Délicatement vous posez le pied sur la première marche. Et vous chargez lentement tout le poids de votre corps sur cette maigre margelle. Ou même très lentement. Un geste un peu trop vif suffirait pour sortir le crochet de sa fluette encoche. Progressivement, votre poids se déplace alors à l'aplomb du crochet. Au fur et à mesure, le crochet insère sa fine pointe dans le roc, et s'en trouve consolidé. Encore plus lentement, vous vous élevez. Vous résistez à tout prix à l'envie d'observer sur quoi vous reposez tout entier. L'air vibre... "El Capitan" d'Olivier Salon, éditions Guérin 2006 (p. 29), poncé en septembre 2010 par Gef
Tentative de
sélénet
holorime [29/10/10]
« Corps de Mars » est lisse,
Ô si sec rocher !
Cordes Marcel hisse,
Aussi ses crochets.
L'avions, la goutte,
Qu'en l'aspérité ?
La vie, on la goûte
Quand l'aspect rite est.
Ça brame macabre (insister sinistre)
[Même type de contrainte que dans
El Destripado de la
posteridad, c'est-à-dire saturation de
multiplets anagrammatiques. Le thème macabre
m'aide à me libérer de cauchemars
vécus.]
Conservation de la conversation
Tu redis, amnésie, en semaine mes rides,
Mes anémies maniées à taire, où s'itéra
L'avenir raviné qu'un navire enivra,
Et perdais tout désir en de diaprés rapides.
Si s'englua ma langue en disputes stupides,
Organisé, le mètre à terme soignera
Dysphonie et glosant sanglot, m'isolera
Du verbe oralisé — béances hypnoïdes.
Solaire sablier, certes tu libéras
Ton orgue sans secret, rouge tu t'éteindras
En une brève enclise, ô sidérante absence.
Discuter crudités dentaires, baliser,
Spéculer d'éboulis oubliés en silence,
Puis trucidés, dans un sépulcre agoniser.
Recherche informatique d'images
autoréférentielles indiquant leur propre nombre de pixels
(plutôt que la taille en octets de leur format GIF, comme les
« pixies »
d'il y a sept ans).
Quelques résultats sont disponibles sur le site
d'Éric Angelini, vers le bas de
cette page.
Ongles
[Alain Chevrier a rappelé à la
liste oulipo l'existence d'un
« sonnet » de treize vers de
Saint-Amant,
antérieur donc à
celui de Le Lionnais. Saint-Amant
n'avait pas écrit de quatorzième vers parce qu'il
ne trouvait pas de rime à « ongles ».
Il était pourtant facile de proposer quelque chose comme
Mais pour cela, lecteur, il faudra que tu jongles.
Et il y avait aussi la jungle, qui se prononce ophyciellement
comme jongle, sans parler du ver
strongyle qu'on nomme aussi
strongle. Tristan Derême avait
déjà repéré ces possibles rimes
dans son ouvrage théorique « le Violon des
Muses », mais sans composer de vers correspondants
(information de nouveau apportée par Alain Chevrier).
Je me suis donc amusé à combiner ces quatre
mots-rimes rares dans un quatrain polysémique.
Le double sens de « vers de douze pieds »
provient en fait d'un message (en prose) que m'avait
adressé Nicolas Graner en 2007.]
Dans les feuilles cachés comme en d'obscures jungles
Des vers de douze pieds viennent ronger tes ongles
Car ce n'est pas avec la raison que tu jongles
Mais trois mètres ou plus que mesurent les strongles
Gématrie autoréférentielle
Le 6 janvier 2011,
Frédéric Schmitter
a envoyé cette superbe phrase
autoréférentielle à ses amis :
En
écrivant cette phrase qui contient cent
soixante-cinq lettres
et dont la
somme gématrique est égale à
deux
mille onze, Frédéric
Schmitter
vous présenta ses meilleurs voeux pour la nouvelle
année.
Ça m'a donné envie de chercher des
énoncés de même
gématrie 2011, mais comptant
individuellement les occurrences des lettres utilisées.
C'est donc encore beaucoup plus contraint que
ce que nous avions
exploré en juillet 1998, à l'aide d'un
programme C de Nicolas Graner implémentant un
algorithme de
Jacques Pitrat. Non seulement la somme
gématrique imposée réduit
considérablement l'espace des solutions, mais la liste des
lettres prend tant de place qu'on n'a presque aucun jeu. Voici ce
qui me semble être mon meilleur résultat, obtenu en
modifiant le programme de Nicolas :
Deux mille onze naît de gématrie : tu sommes quatre a, trois c, neuf d, dix-neuf e, trois f, deux g, un h, quinze i, trois l, cinq m, onze n, dix o, trois p, cinq q, sept r, dix s, douze t, douze u, un v, sept x et six z.
Vous pouvez vérifier le total gématrique en
cliquant sur l'année 2011, et le décompte des
lettres en cliquant sur leur liste. Le faible jeu dont on dispose
consiste évidemment à anagrammatiser les lettres ne
participant pas à ces deux informations, et la solution
ci-dessus (intéressante précisément parce
que ces lettres supplémentaires sont assez nombreuses)
peut par exemple être transformée en :
• Quatre
a, trois c, neuf d, dix-neuf e, trois f, deux g, un h, quinze i,
trois l, cinq m, onze n, dix o, trois p, cinq q, sept r, dix s,
douze t, douze u, un v, sept x et six z m'amusent, soit
deux
mille onze de gématrie.
Pour information, j'avais commencé de
façon semi-manuelle (c.-à-d. avec le programme
de Nicolas non modifié) et étais tombé
sur :
• Un
a, deux b, deux c, dix d, seize e, trois f, un g, trois h, quinze
i, un j, un k, trois l, deux m, douze n, sept o, deux p, trois q,
six r, huit s, neuf t, dix-huit u, un v, un w, dix x, un y et
cinq z : bref, deux mille onze !
dont la somme gématrique est hélas
2012 !
En y perdant davantage de temps, j'avais obtenu ces deux
énoncés utilisant les mêmes
lettres :
• En
deux
mille onze, tu liras
cinq
a, un b, deux c, neuf d, dix-huit e, deux f, un g, trois h,
quinze i, un j, quatre l, deux m, dix n, quatre o, trois p, six
q, huit r, sept s, treize t, dix-sept u, un v, dix x et quatre
z.
• Unir
cinq
a, un b, deux c, neuf d, dix-huit e, deux f, un g, trois h,
quinze i, un j, quatre l, deux m, dix n, quatre o, trois p, six
q, huit r, sept s, treize t, dix-sept u, un v, dix x et quatre
z :
deux
mille onze est là !
Puis un programme plus sophistiqué m'a
fourni ces nouvelles solutions (et quelques autres encore moins
claires) :
• Deux
mille onze a la gématrie datée de
sept
a, deux c, huit d, vingt-trois e, deux f, trois g, trois h, seize
i, quatre l, trois m, six n, huit o, trois p, quatre q, neuf r,
onze s, seize t, dix u, deux v, sept x et cinq z.
• Gématrie :
deux
mille onze idéalise
sept
a, trois c, six d, vingt e, quatre f, trois g, un h, quatorze i,
quatre l, trois m, neuf n, neuf o, trois p, sept q, dix r, neuf
s, quatorze t, douze u, deux v, cinq x et cinq z.
• En émoi, il donne la gématrie de
cinq
a, quatre c, treize d, vingt-deux e, un f, trois g, deux h,
dix-huit i, cinq l, quatre m, dix n, sept o, deux p, six q, six
r, six s, dix t, douze u, deux v, douze x et cinq z :
deux
mille onze !
• Ponds
deux
mille onze, gématrie de
trois
a, un c, neuf d, vingt-deux e, quatre f, trois g, un h, onze i,
trois l, trois m, onze n, douze o, trois p, deux q, neuf r, neuf
s, douze t, treize u, deux v, six x et sept z !
• V'là la date
deux
mille onze, gématrie de
huit
a, quatre c, sept d, vingt e, quatre f, trois g, deux h, quatorze
i, cinq l, trois m, neuf n, sept o, cinq p, sept q, neuf r, neuf
s, dix-sept t, dix u, trois v, cinq x et trois z.
• Voici
deux
mille honze, gématrie de
quatre
a, trois c, sept d, vingt e, quatre f, trois g, deux h, quinze i,
trois l, trois m, neuf n, onze o, deux p, cinq q, neuf r, neuf s,
douze t, douze u, trois v, six x et six z.
ainsi que celle affichée en gras ci-dessus. Aucune
ne me satisfait pleinement du point de vue du sens, surtout
comparées à la ferpection des voeux de
Frédéric !
Eh bien c'est justement Frédéric Schmitter qui a su améliorer l'un de mes résultats pangrammatiques du 14/01/11, dans lequel j'avais initialement proposé « Deux mille onze a noté trois a, ... » Voici l'élégante phrase obtenue :
Trois a, un b, deux c, huit d, quinze e, un f, un g, trois h, seize i, un j, un k, trois l, deux m, treize n, six o, deux p, quatre q, six r, huit s, dix t, dix-sept u, un v, un w, dix x, un y, cinq z, et on a deux mille onze.
Rimes à l'oeil homographes
[pour illustrer la notion d'« homographe
allophone », sujet du
chapitre 47 du livre
Mots en forme
d'Éric Angelini & Daniel Lehman, et dont de
longues
listes sont aussi disponibles sur
Internet.]
Pinocchio
Geppetto, sois content :
en classe nous notions
les leçons qu'ils nous content
et toutes les notions.
Ce nez rend évident
pourtant que nous mentions,
car nos têtes s'évident
sans piger leurs mentions.
Honteuse de ton fils,
la fée offrit ses fils
aux ciseaux : Guignol chut.
Pauvre âne, tu hélas
l'Éternel mais hélas
braire fut mal pris — Chut !
Quatrain selon la même contrainte [22/01/11]
Inflation Gais comme des pinsons, nous chantions et trillions Quand l'impôt galactique apportait des trillions Mais le chef dit Il faut qu'alors nous quadrillions Le Grand Attracteur pour gagner des quadrillions
[Voir aussi mes quelques autres textes utilisant des homographes]
Poèmes-barre à rimes homographiques
[Les homographes allophones ci-dessus m'ont donné
envie de les utiliser pour composer des
« poèmes-barre » (concept de
François Le Lionnais), c'est-à-dire des vers
quasi-holorimes dont le dernier mot rime à l'oeil
mais surtout pas phonétiquement.]
Voici tout d'abord une déformation du plus célèbre distique holorime de Charles Cros, utilisant le dernier homographe allophone cité par Éric Angelini :
Dans ces meubles laqués, rideaux et dèche en jean,
Danse, aime, bleu laquais, ris d'oser des chants, Jean.
J'ai ensuite tenté un quatrain plus original mais laborieux :
Technocuité
Deux freaks d'opéra, qu'inonde l'immonde rave
De fric, dope et raki (non de limon, de rave),
Avalent rouge suc à sec, racoleur punch :
Ah valeur où je sus qu'assez craque oh! leur punch.
Le 26/01/11, j'ai construit ce distique mal césuré mais isocèle et surtout métatextuel (autoréférentiel) :
Les défis d'une surcontrainte Méta-vers, vos assassins paris me convient, Mais ta verve osa : sa sympa rime convient.
Le 28/01/11, j'ai proposé ces
trois nouvelles micro-traductions d'holorimes classiques,
respectivement
d'après Alphonse Allais, Marc Monnier et Daniel
Marmié (cf. ci-dessus
pour Charles Cros) :
Par les bois du Djinn où s'entassent calme et rhume,
Parle et bois du gin ou cent tasses qu'almée
rhume.
Gall, amant de la reine, alla, laid d'en
quimper,
Galamment de l'arène à l'allée, dans Quimper.
Là, quand, à Panama, Lesseps itéra Suez,
Lacan, à Paname, à l'essai psy taira « Suez ! »
[Le distique original de Daniel Marmié est :
Là, quand, à Panama, Lesseps y canalise, //
Lacan, à Paname, à l'essai psychanalyse.]
Le 01/09/11, j'ai poussé le
masochisme encore plus loin avec la notion d'holorime-
barre discret. Au lieu d'éviter toute rime aux
douzièmes syllabes, il s'agit ici d'en
choisir de volontairement imparfaites, voyelles ouvertes &
fermées se faisant écho :
Dans ces meubles laqués, rideaux et dais baroques,
Danse, aime, bleu laquais, ris d'oser des bas rauques.
Par les bois de ce Djinn où s'entasse la paix,
Parle et bois de ce gin ou cent tasses lapées.
[Voir aussi mes précédentes explorations des poèmes-barre, en 2001 et 2008]
Contes à rebours
Fin janvier 2011, Latelio a proposé sur la
liste oulipo une contrainte d'écriture
inédite, bien que voisine des
tireurs à la ligne oulipiens (et un
peu plus éloignée des
cadavres exquis surréalistes). Deux
personnes écrivent à tour de rôle une phrase
d'un texte, ou un vers d'un poème, en s'efforçant
de le rendre aussi cohérent que possible mais sans
pourtant se concerter. Jusque là, rien d'original. Mais
Latelio propose surtout de commencer par écrire la
dernière phrase, puis la précédente et ainsi
de suite, jusqu'à terminer par la toute première du
texte. Il a évidemment nommé cette contrainte
« conte à rebours » (mais rappelons
que c'était déjà le titre de l'un des contes
de l'oulipien Olivier Salon dans son livre
les Gens de légende).
Plusieurs autres contraintes nous avaient jadis poussé
à écrire des textes en commençant par leur
fin, et c'est loin d'être facile, mais nous ne l'avions
jamais essayé à deux. Nous avions également
déjà expérimenté
plusieurs
formes
d'écriture
collective, mais dans le sens normal de lecture.
Un bon nombre de tels « contes à
rebours » ont été composés
par des membres de la liste oulipo en
février 2011. Selon la règle
définie par Latelio, ils devaient compter 28 phrases ou 28
vers. Vous trouverez ci-dessous ceux dont je suis coauteur.
Le premier est une ballade écrite
avec
Rémi
Schulz,
qui a proposé son vers-refrain à tout oulipote
intéressé, et qui a donc cosigné
plusieurs poèmes le contenant. Dans
le cas de notre collaboration, notre goût commun pour les
contraintes dures & cachées a conduit à une
relative obscurité, mais aussi à quelques perles
à découvrir. Si l'on numérote les vers de 1
à 28 de haut en bas (c'est-à-dire dans le sens
inverse de leur écriture), Rémi est l'auteur
de tous les vers de rangs pairs, y compris quatre fois le
vers-refrain, et j'ai écrit ceux de rangs impairs
(en commençant donc par l'avant-dernier).
Quelques indications sur les subtiles contraintes
respectées par Rémi sont disponibles sur ses
sites
Web et dans les
archives de la liste oulipo.
Les miennes ne méritent pas d'être
explicitées, car leur but était essentiellement
de stimuler ma racontouze et d'obtenir des images ou
sonorités intéressantes.
Notre ballade orale en vers
Vers l'an 4808, un dieu gourmet
Gardait là, chaud devant, l'incendie à la butte
Qu'allumait son démon. Sondez mon calumet
Traquant ce chu banni : tout renaît... et rechute.
Quand le tohu-bohu sous les débris débute,
Fricotent des cieux nuls. Trouvez un firmament
Noyé dans un miroir, verre où l'asti commute
Jusqu'à ce que la fin soit un commencement.
Il faut qu'on nage en vers du rebut au sommet
Ou de la brute à l'ange — ou de l'ange à la brute ! —
Pour rester tu dans l'île où s'ouvre un guillemet :
« Perd-on au je ? » nous dit l'échange ou la dispute.
Si l'asile à récits mirés d'or est la hutte,
En mi son motet cesse, et cette eau mon ciment,
Car Machaut aime assez que sa chanson chahute
Jusqu'à ce que la fin soit un commencement.
Le bal, anciennement cantilène, m'aimait
D'un lieu pur que bannit l'heure de sa culbute ;
Le balancier ne ment quand il est neume, et met
Ses reins sur l'échafaud qui chaque instant réfute...
Sans me fier comme un Pan à l'écho ni la flûte,
Le prompt dessein m'est dire en délire dément :
Votre verve se love en une ivre volute
Jusqu'à ce que la fin soit un commencement.
Prince au luth qu'on alla cesser, l'anacoluthe
En mots maints appendras, gardant pas un moment,
Et tu lamineras gags à reni, ma lutte,
Jusqu'à ce que la fin soit un commencement.
Rémi
Schulz & Gilles Esposito-Farèse
CR avec CR [19/02/11]
Conte à rebours en collaboration avec la conteuse
Chantal
Robillard. La contrainte de Latelio laisse
des traces évidentes dans l'évolution du texte, et
c'est justement ce qui nous intéresse donc nous n'avons
volontairement rien modifié in fine. Le résultat
diffère sensiblement de la ballade
précédente. J'ai ici proposé la
dernière phrase, et nous avons alterné nos
contributions jusqu'à la première, écrite
par Chantal Robillard. Vous trouverez sur
son blog
(partagé avec la compositrice Marybel Dessagnes)
ce même texte dans l'ordre d'écriture des
28 phrases.
Tu étais une fois, dans une galaxie lointaine, très lointaine,
un pilote de ligne qui n'arrivais pas souvent à décoller, mais
qui piquas un jour droit sur un mirage que tu voulus décrire.
L'alcool avait rendu ta complexion citrine au lieu de t'inspirer,
aux fictions t'inciter. Un vieil écrivassier fatigué : voilà
ce que tu étais, voilà où tu en étais !
Déjà fort éméché, tu croisas la vitrine d'un marchand de sorbets
qui semblait t'inviter. Tu crus entendre dire : « Sésame,
ouvre-toi ! » et la bobinette de la porte chut sur un palais
de glaces. Ton reflet n'était plus un triste lamantin mais une
drôle oiselle au souris diamantin. Cette chimère avait bien
corps de poisson, buste et tête de femme, grandes ailes d'aigle
ou d'ange — du moins est-ce ce que tu crus voir dans le vieux
miroir.
« Que ça t'amuse ou non, je suis ta muse, et veuille traverser
ce paquet d'ondes comme de Broglie. Ah, Jean-de-la-lune,
atterris, amerris donc ! » te susurrait cette voix féminine
inconnue.
Or, tu n'entendis plus ses conseils abyssaux quand tu terminas
ton dixième curaçao. Des méharistes bénévolents t'avaient
transporté, semi-inconscient, jusqu'aux faubourgs du Caire,
te laissant aux mains expertes et aux camions déglingués des
pompiers. Bercé par les klaxons des véhicules d'aide, tu rêvais
au comptoir du bar la Danaïde. Mais pourquoi monter dans ce
zinc de malheur ? Avais-tu pris dans l'aile un sommeil en plomb,
Jean, pour salir à ce point ta chemise et ton jean ?
Oublier cette panne dans ton moteur, à mille mille de toute terre
habitée : tu sortis de la carlingue et, les mains pleines de
cambouis, attrapas ton dictionnaire de rimes, qui s'ouvrit tout
seul à la page 289. À chaque incohérence et tout ordre brisé tu
devais réagir, t'avait-elle avisé. Oublier cette faille, oublier
l'espace-temps, ce trou incompréhensible dans ta mémoire, celui
dans ta chaussette gauche, et le pourquoi de ton réveil, une
plume d'oie en main. Inventer, rédiger, même au son des alarmes,
était la solution qui sécherait tes larmes.
Tu relus les trois phrases que tu venais d'écrire, avant de jeter
ce qui, décidément, ne collait pas avec ce que t'avait dit hier
la sirène :
« Ton récit nous rendra tous fous, jugea Kublai, qu'on te lise
ou t'écoute, ermite ou samouraï.
— Oh, Grand Khan munificent, dit Marco, moi, ton ambassadeur,
je fais ici serment solennel que toutes ces merveilles que je
t'ai décrites sont véritables et vues de mes propres yeux dans
tes vastes contrées, où jamais ne se couche le soleil.
— Tu n'as que peu de temps pour choisir dans quel monde tu veux
rester : l'humus, le vent, la flamme ou l'onde ? »
La réalité, la « vraie vie des vrais gens », te dégoûtait depuis
l'accident. À quoi pouvait servir ton manuscrit pompier, si ce
n'est de navire ou d'avion de papier ?
Assise sur son rocher, la sirène te contemplait de loin, et sa
mélopée t'enchantait, t'envoûtait, te ravissait. Plus le chant
s'élevait en volutes cornues, plus la falaise allait se perdre au
sein des nues... plus dure serait la chute, tu te lanças pourtant
dans le vide, rebondis sur le sable, et voilà, elle était là. Tu
la dévisageas, comprenant, audacieux, que tout disparaîtrait si
tu fermais les yeux.
Chantal Robillard & Gilles Esposito-Farèse
Doublet de Carroll
[Les mots-rimes ne diffèrent que d'une lettre à
chaque vers, permettant d'interpoler entre deux verbes antonymes.
Je me suis servi d'un programme C écrit par
Nicolas Graner en février 1999
pour trouver cette chaîne de mots.]
Anar sonnet Pour voir notre liberté naître Osons clamer ni dieu ni maître Qu'on soit fourmi grenouille ou martre Qu'on soit Fourier Anouilh ou Sartre Rester au fin fond de la Sarthe Vaut mieux que tout l'Empire parthe Car vivre une fin de partie Nous fait rejeter les partis De leur geôle il faut que tu partes Ouvrons grand fenêtres et portes Afin qu'inspirent les poètes Tenons nos révolutions prêtes À s'envoler outre les crêtes Même si nous sommes crevés N'attendons jamais de crever
Sonnet carrollien régulier [06/03/11]
[Le faux sonnet ci-dessus a poussé
Nicolas Graner à lancer
un défi sur la
liste oulipo : est-il possible d'obtenir
un schéma de rimes banvillien ABBA ABBA CCD EDE avec une
chaîne de Carroll minimale (c'est-à-dire telle que
la suppression d'un ou plusieurs mots de cette chaîne la
brise nécessairement) ? La solution que j'ai
trouvée utilise l'astuce de
« -é » accentués à la
rime, pas forcément nécessaires pour répondre
à ce défi, mais particulièrement efficaces
pour changer de son sans changer de lettre. Ils permettent en
outre de respecter aussi l'alternance des rimes masculines &
féminines.
On notera que les cinq rimes ABCDE ci-dessous sont
différentes, bien qu'elles présentent
d'intéressants échos allitératifs. Les
féminines n'ont pas la même consonne d'appui dans
les deux quatrains, ni dans les vers 12 & 14, mais ça
n'aurait pas été critiqué même par les
Parnassiens (des consonnes d'appui différentes dans deux
strophes successives sont courantes, et les consonnes
« v » & « f » sont
phonétiquement proches donc la dernière rime est
toujours considérée comme riche).
Le chemin carrollien de « seriné »
à « défère » est minimal
au sens défini plus haut, mais cet
excellent programme PHP de Nicolas Graner
prouve qu'il existe des chemins plus courts via d'autres mots de
l'Officiel du Scrabble, par exemple en 10 étapes au lieu
de 13 en reliant « butiné »
(4e mot-rime) à « reviré »
(11e mot-rime) par juste
« rutine-rétine-retire ».
Comme je suis rentré ci-dessous dans le droit chemin
de la versification classique, après l'anarchie de mon
précédent sonnet de quinze vers à rimes
plates voire orphelines, j'ai choisi le thème de la
rédemption ;-).]
Conversion Papa me l'avait seriné : « En cas de problème, surine ! Que dans ton esprit se burine Le mal que j'ai tant butiné. » Ainsi je me suis mutiné, Gardant longtemps l'âme mâtine, L'aspect plus rêche que ratine Et le visage raviné. Mais aujourd'hui je me ravise Car l'Évangile je révise : En vieillissant j'ai reviré. Désormais les saints je révère, À l'abbé j'en ai référé Et toujours à Dieu je défère.
Monorime rare
[M. Pierre Guillard a réattiré mon
attention sur le poème « Fenouil »
du fraisident-pondateur de l'Oulipo, déjà
considéré ici
même en 2006. Ça m'a donné envie de
combiner, en un simpliste bout-rimé, toutes les rimes
masculines en -ouil que j'ai trouvées, histoire de faire
mentir les dictionnaires classiques.
Rémi Schulz m'a soufflé les
deux mots cités au dixième vers, ce qui m'a permis
de donner à ce « poème » un
aspect de sonnet.]
Le Lionnais écrivit son poème
« Fenouil »
Peut-être pour montrer qu'aucune
rime en -ouil
N'est aussi masculine, aveugle à
Jean Anouilh,
À l'épi de maïs égrené dit
panouil
Et la ville de l'Yonne au doux nom de
Bernouil.
La consonne d'appui change à
Nieul-le-Virouil
(Charente-Maritime), en Lorraine à
La Rouil,
Ou quand l'horizontale est décrite en
verrouil.
Mais si la canne à pêche attend sur un
travouil
Qu'une bouil-abaïsso soit cuisinée au
Bouil,
La rime s'appauvrit : je suis en grand
tribouil.
Je me sens tournoyer au milieu d'un
ragouil
Comme si j'avais bu le contenu d'un
douil,
Et soûl tel un cochon, je me vautre en un
souil.
Comme me l'a écrit Alain Chevrier :
J'en sais plus d'un à qui ces vers cassent les couil
(le mot est lui-même cassé, c'est la grosse
astuce)
P. Guillard a lui-même écrit un quatrain
beaucoup plus élégant que mon horrible exercice,
citant quelques unes des rimes que je lui avais
signalées.
Ça se passe après Le Cid, m'a-t-il
expliqué. Rodrigue et Chimène sont mariés,
ils vivent heureux et ont beaucoup d'enfants.
Rodrigue
J'ai acquis au marché deux stères de fenouil,
Mais je les cherche en vain. Je suis en plein tribouil !
Chimène
Va vers la soue aux porcs, je les ai mis au douil.
Mais garde-toi de choir en verrouil dans le souil !
Quatrine argentine
[respectant la règle imaginée en septembre
2008 par
Robert Rapilly ; le troisième
vers est une citation approximative de Borges]
Tu m'as laissé le jaune
et l'ombre, cécité,
comme un lent soir d'été
recouvre flore & faune.
En évoquant le faune,
mon rire devint jaune
comme un lent soir d'été
naquit ma cécité.
Serai-je à cécité
pour en rester à faune
comme un lent soir d'été,
dieu que l'aube a dit jaune ?
[Voir aussi ces quatrines collectives de fin 2008]
Ha ! FAQ : le jeu
[Éric Angelini & Daniel Lehman avaient
déjà classifié, dans le
chapitre 57 de leur livre
Mots en forme, les mots français qui
en donnent d'autres par décalage de leurs lettres d'un
nombre de rangs fixé dans l'alphabet. J'ai cherché
pour ma part à construire de courtes phrases
pouvant subir un tel décalage, et permettant ainsi de
donner un deuxième éclairage à une
même histoire. C'est si contraint que ça ne peut pas
mener loin, mais je livre tout de même ici mes humbles
essais.]
Insulté par un policier, un SDF répond
avoir froid et ne toucher aucun revenu :
Papa jappa : « Eh, bêta !
Ha, gale ! – Je pèle.
Je nie. »
Remplaçons maintenant chaque lettre par la
quatrième qui la suit dans l'alphabet (L+4). On obtient
une autre version de la même histoire :
Tête nette, il fixe le képi :
« Ni tipi, ni RMI ! »
Interviewé par la bavarde Ruggiéri,
le venimeux Goscinny prend soin de ne pas trop
l'épingler :
Naja jà rata ara.
Version L+4 :
René ne vexe Ève.
Notre colistier Jean Fontaine connaît maintenant
toutes les ficelles des paradoxes zen :
Jean (ha !) cerna kôan.
Le L+4 fournit d'ailleurs celui qu'il a
composé :
Nier le givre, oser !
Anagrammes de métro – le retour
[Fin mars 2006, Iván Skvarca m'avait signalé des
plans anagrammatiques du métro de
plusieurs villes, et m'avait suggéré de me mettre
à celui de Paris. Je l'avais
expédié en quelques jours (ce qui explique ses
faiblesses), afin de le terminer pour le 1er avril 2006
– que j'aime appeler « 60 douzembre
2005 ». Mon humble plan a récemment
incité d'autres internautes à tenter
l'expérience pour le métro de leur ville. Je n'ai
pas résisté au plaisir de participer, et je cite
donc ci-dessous les quelques anagrammes que je leur ai
proposées.]
Fin février 2011, « mosieurj » s'est lancé dans le plan de Rouen, en invitant chacun à contribuer à ce document collectif (cf. aussi cette archive). Voici les anagrammes que j'ai construites, en évitant évidemment celles qui avaient déjà été trouvées :
Avenue de Caen = Nuance évadée / Caveau en Éden / Avancée de nue Beauvoisine = Boue si vaine Boulingrin = login: Bruni Champ de Courses = Schéma du procès Charles de Gaulle = Échelles du Graal Ernest Renan = Étrenner ans François Truffaut = Tu coffras un tarif / Fuir art suffocant Gare-Rue Verte = Guerre à trêve / Revue à regret Garibaldi = L'airbag Di Georges Braque = Qu'orbe s'agrège ! Honoré de Balzac = Enrobez-la ad hoc / La branche de zoo Hôtel de Ville-Sotteville = L'helvète voit Tell solide J.F. Kennedy = J'y donne filtre d'ange kHz Jean Jaurès = Jaser à jeun Jean Zay = Âne jazy / Y'a zen, ja ! Joffre-Mutualité = Joli Tartuffe ému Le Parc = Lac, pré Léon Blum = Nul bémol Maryse Bastié = Embrassa yéti Palais de Justice = Plaidais ce sujet / Il décapita Jésus Paul Cézanne = Nuancez pâle / Un palace zen Place du 8 Mai = 8 cm l'aida peu 14-Juillet = Eut le joli quartz Saint-Julien = L'asti en juin Saint-Sever = Tes navires / Tes avenirs / Inversâtes Technopôle = Oh ce lepton / Poncho l'été Théâtre des Arts = Thésard à tester Toit Familial = Allô imitatif Voltaire = Vérolait / Traviole / Olivâtre
Début avril 2011, Olivia Billington s'est attelée au métro de Bruxelles, et j'ai proposé ces anagrammes sur son blog :
Alma = A mal Arts-Loi = L'aristo Aumale = A lu âme Beaulieu = A eu lubie Beekkant = Tank béké (béké : créole antillais) Belgica = Bic égal / Bi-glace / Ciblage Bizet = Bitez Bockstael = Stock à blé Botanique = Quai béton CERIA = Acier / Carie Clemenceau = Ce menu cale / Amène ce cul / Mec a enculé Comte de Flandre = Clef de dormante / Merde d'oncle fat Crainhem = Ni charme / Ni marché / Cher ami N. De Brouckère = Décoré « beurk » Delacroix = Exil crado Delta = D'étal Demey = Émyde (tortue) Eddy Merckx = Dry Mex deck (pont sec mexicain) Erasme = Amères / Armées / À semer / Sa mère Étangs Noirs = Osant singer / Transigeons ! Gare Centrale = Créa l'étrange / Are rectangle Gare de l'Ouest = Le sage détour Gare du Midi = Digue Mardi Gribaumont = Mira ton bug Hankar = Ra khan (soleil mongol) Herrmann-Debroux = Exhumer bran rond Heysel = Eh, Lyse ! Hôtel des Monnaies = Émondai les hontes / Ah les ondoiements ! / Hante les monodies Houba-Brugmann = Oh, barman, un bug ! Jacques Brel = Jars, quel bec ! Joséphine-Charlotte = Orphée est joli chant / Je croise heptathlon La Roue = Euro là Madou = Du Mao Maelbeek = Béké mâle Merode = Ô merde ! / Modéré Osseghem = Hem, gosse ! Pannenhuis = Hun pas inné / Un pénis, han ! / Pansu henni Parc = Crap Pétillon = Ont pillé / Ont le pli Porte de Hal = Hôtel drapé Ribaucourt = Courir à but Rogier = Ô régir Roi Baudouin = Baroud inouï Roodebeek = Ode Reebok / OK, dérobée Saint-Guidon = On distingua Sainte-Catherine = Chine se ratatine / Niais achetèrent Schuman = Manchus Simonis = Mission / Soin mis Stockel = Le stock Stuyvenbergh = Seventh rugby Thieffry = Her fifty Tomberg = Orbe GMT Trône = Étron Vandervelde = Veld à vendre / Le DVD énerva / Land de verve Veeweyde = Weedy Eve (Ève chétive) Yser = Ryes (whiskys)
Fin avril 2011, Jacques Ponzio a travaillé sur le plan de Marseille, et a proposé à la liste oulipo d'y contribuer début mai 2011. Voici les quelques anagrammes que j'ai construites pour les stations qu'il n'avait pas encore traitées :
Bougainville = Ô le vilain bug ! Chartreux = H extra-cru (H : haschisch) Cinq Avenues = Van scénique Cinq Avenues - Longchamp = Champagne ? Quel vin, cons ! Colbert - Hôtel de Région = Hétéroclite ogre blond / Hétéroclite globe rond Désirée Clary = César y délire Euroméditerranée - Arenc = On remercie ta rude arène Euroméditerranée - Gantès = Ne regardas une météorite Foch - Boisson = Fi, boss ! Oh, con ! La Blancarde - Chave = Le Chancel bavarda / Le vachard balance / Chable de carnaval (chable : voleur) La Fourragère = Large fou rare La Rose - Technopôle de Château Gombert = L'herbe est otage de ton cauchemar, Polo / Or, dégoûté, l'analphabète écorche mots / Merde, ce boa catastrophe l'ethnologue / Photo d'électroménagère louche ? Basta ! La Timone = Ton e-mail / L'ont aimé / Ni l'atome Les Caillols = Lilas collés Louis Armand = Mordu à l'anis / Dilua romans / D'amour salin / Adonis mural / Salon du mari / A surnom laid / Animal sourd National = On naît là / Il annota / Alto nain Notre Dame du Mont - Cours Julien = Le roman du disjoncteur, tome un / Jalonneur tordu de communiste / Commandons le jouet d'un tireur Réformés - Canebière = Féeries à encombrer / Ô ce brasier enfermé William Booth = Oh, biwa mollit ! (biwa : luth japonais)
Sonnets de monosyllabes isogrammes
[Les sonnets
de
monosyllabes
ont déjà fait couler beaucoup d'encre, mais
Philippe Saint-Raymond a eu l'idée
de les combiner à un nombre de lettres
constant par mot. Le 8 mai 2011, il a en effet posté
ce bijou sur la
liste oulipo :
Sale coup ! Tout mâle, pâle, flou, bout,
râle. Sens : sans ruse, leur peur fuse.
L'élégance de ce premier exemple m'a
donné envie d'explorer d'autres nombres de
lettres.]
Descendons d'abord à trois lettres par mot, tout en conservant l'alternance des rimes :
Âne --- Rue. Cri qui tue : Hue ! Hui lui sue. Pas las. Vie fut lie, pus.
Comme les monuments verticaux sont généralement des symboles phalliques, on peut aussi oser des rimes uniquement masculines :
Nue --- Roi mûr, pur, coi, moi dur sur toi : jeu peu con. But : mon rut.
Une sorte de mysticisme nihiliste est plus adapté à des mots de deux lettres :
Fi -- As- tu vu : Ra va nu, tu, là. An en os né au dé.
On peut au contraire chercher à augmenter le plus possible le nombre de lettres par mot, tout en les maintenant monosyllabiques. Les heptagrammes ci-dessous sont tous donnés en une seule syllabe dans « le petit Robert » (mais le titre « Truisme » aurait en revanche été dissyllabique) :
Science ------- Joueurs croient, skieurs choient, noueurs ploient, scieurs broient. Chiards couards braient. Gnioufs traient chnoufs.
L'alternance des rimes aurait encore pu être respectée avec des mots de 8 lettres, par exemple avec des tautologies comme « Joueuses jouaient, skieuses skiaient... », car ces imparfaits sont classiquement considérés comme masculins, mais les rimes masculines des tercets auraient dû employer les mêmes sons.
Pangrammes holorimes
[Les pangrammes et les
holorimes
sont deux jeux littéraires classiques, mais ils n'ont
jamais été combinés,
à ma connaissance. Voici mes premiers essais dans ce
domaine surcontraint. Les titres à rallonge sont
évidemment inspirés de ceux d'Alphonse Allais,
qui qualifiait de tels textes de
« macrocéphales ».]
Rapide exploration de la notion de quenine littérale
Sélénet
holorime palindrome phonétique
[Robert Rapilly a eu l'idée de combiner
deux contraintes phonétiques cousines : l'holorime et
le palindrome phonétique. J'ai essayé ci-dessous
d'en faire également un sélénet, forme fixe
que le même Robert avait exhumée en février 2007
du traité de prosodie de Gilbert Farelly.]
Aubade polynésienne d'un chat grippé
auquel l'été a toujours souri
Entends la tendresse,
Ton que roux matou
En temps latent dresse :
Ton cœur ou ma toux
Où tamoure compte.
Serf dental antan,
Août, amoureux conte,
Sert dans talent tant.
[Le 02/09/11, Robert Rapilly a de nouveau
ressuscité une anticqve forme poétique du
traité de Gilbert Farelly :
le tærcœt. Il s'agit de trois vers dont la
première ou dernière rime contient une ligature
æ ou œ, et dont les deux
autres vers reprennent la même rime en remplaçant
cette ligature successivement par chacune des voyelles qui
la composent. Voici mon tout premier essai, vaguement
roubaldien.]
Du ballet de mon cœur
Tu n'écoutes la cour :
Du balais, vieux noceur !
Polysémie cmabrigdienne
[La
liste oulipo a de nouveau
évoqué cette prétendue
étude
faite à
Cambridge, concluant que la lecture n'est pas
trop perturbée si les lettres des mots sont
désordonnées, à condition de ne pas toucher
aux première & dernière d'entre elles. Mes
explorations anagrammatiques
de juillet 2009 illustraient déjà des cas
particuliers pour lesquels c'est évidemment faux, mais
Matthieu Hutinet Fauvel a proposé une nouvelle
idée : utiliser un tel mélange des lettres
intérieures pour composer un texte polysémique.
Vous trouverez ci-dessous mes deux premières explorations
de cette contrainte.]
Ces insultes politicardes :
Maire décadent, plagierons en trébéens
Aliborons les trous de nos déchus gosiers,
mon étiolé muret, lion tu. Cahoterions, ô criste,
les dîneurs, nourrices des hures ! Et dépérissons...
peuvent par exemple cacher le début d'un
Desdichado :
Marié décédant, plongerais en ténèbres.
Abolirons les tours de nos duchés gersois.
Mon étoile meurt loin ; tu chatoieras, ô cistre,
Les diurnes noirceurs des heurs et dépressions.
[Notez que tous les mots (d'au moins quatre
lettres) sont modifiés par ce mélange
« cmabrigdien ». J'avais en fait
déjà utilisé certaines de ces anagrammes
en août 2009.
Frustré par ma connexion Internet déplorable durant
mes vacances, j'ai aussi osé le lendemain cette quadruple
ambiguïté pour un simple couple de mots.]
Réponses d'un dyslexique aigu à un sondage cévenol :
1. Où la couverture d'SFR est-elle négligeable ?
— Cretinas pentilas
2. Que risquent de déposer les abonnés ?
— Cretinas pentilas
3. Quels sentiments écrasent donc les dirigeants ?
— Cretinas pentilas
4. Jusqu'à présent, comment
évitiez-vous le pleurage ?
— Cretinas pentilas
Les cchheeurrs de l'uvinertisé de Cmabrigde ont bien
sûr immédiatement décodé les bonnes
réponses :
1. Certains patelins
2. Criantes plaintes
3. Craintes pliantes
4. Centrais platines
Pangrammes à alphabet ordonné
[Jean-Charles Meyrignac a proposé à
la liste oulipo une contrainte qui avait
déjà été explorée par
Nicolas Graner en 1997 : composer
un pangramme contenant l'alphabet ordonné comme
sous-chaîne. Dans ma première réponse,
j'ai même imposé que seules les lettres
déjà placées dans cet alphabet aient le
droit d'être utilisées comme caractères
intermédiaires — l'une des
difficultés étant alors de ne pas faire
immédiatement suivre le Q d'un U. Ma deuxième
réponse ne contraint pas ces lettres
intermédiaires. Comme souvent avec les
pangrammes, l'intérêt
de l'exercice est surtout d'arriver à donner du sens aux
phrases construites, grâce à un titre ou un
commentaire.]
Désespoir du veilleur de nuit ayant fait tomber
ses frites sur les tissus exposés dans le magasin
Abaca de fée
gâchai-je ?
kilim inopiné ?
cinq röstis couvrant
wax, voyez !
[abaca : textile issu du
bananier — kilim : tapis
oriental — röstis :
frites suisses — wax :
tissu africain]
En cas d'irradiation, tout distillateur de Kaboul doit
se couvrir de tissu africain, sinon ses pâtés en
croûte risquent de suppurer :
Abcède afghan
pirojki ? Luminophore
liquoriste uval, wax
ayez !
[En rab, un
pangramme standard cherchant
à traduire en français le classique anglais
« The quick brown fox jumps over the lazy
dog » (qu'il est possible de
raccourcir).
En 2002, je l'avais
déjà transformé en
hétéropanphonème.
Cette fois, le 14/09/11, Alain Chevrier en a fait un
comique pangramme français de 86 lettres, puis Jocelyn
Étienne
a montré la voie de la concision avec 51 lettres,
et Nicolas Graner a exhibé
l'azawakh pour proposer en 36 lettres :
Ce vif goupil sexy enjambe azawakh qui dort.
Comme Nicolas demandait comment en faire un alexandrin,
j'ai tenté en 40 lettres :
Vif (speedé) roux coyote enjambe azawakh glauque.
et le lendemain en 38 lettres :
Dis, qu'enjambe azawakh : vif goupil, roux coyote ?
Mais Nicolas avait en fait déjà obtenu
cet alexandrin de 37 lettres :
Vif goupil roux t'enjambe, azawakh qui y cèdes.
En évitant l'hiatus « qui y », mais
avec un alexandrin romantique (césuré 4/4/4), j'ai
finalement obtenu le 16/09/11 en 36 lettres :
Vif goupil roux, daw, enjambez ce quiet
husky.
Le daw (zèbre) apposé évoque la
vitesse du renard. On peut gagner une lettre en remplaçant
« ce quiet » par
« coquet », mais ce serait moins
fidèle.]
Minimalisme mélanésien
Certaines sources (comme le parfois imprécis
« Livre des records ») affirment que
l'alphabet du rotokas, langue parlée dans
l'île de
Bougainville
(îles Salomon,
Mélanésie), ne compte que onze
lettres : ABEGIKOPRTU. On pourrait tenter des
onzains hétérogrammatiques à la Perec,
ou des lipogrammes multiples n'employant que ces lettres en
français. Pour l'instant, permettez-moi de rester
dans le minimalisme des pangrammes, et même des
hétéropangrammes, avec des titres
à la
Chevrier.
Teinture en communauté hippie
Batik groupé
Mise à jour de Windows
Bogue par kit
Tapin pinta
Pute goba kir
Dépassé dessapé
But : poker gai
Lentes lèsent
Berk, pou agit
Tête de veau
Parigot beurk (2 r)
Élimination des trolls de la liste oulipo
BooK purgeait (2 o)
Gardien dégarni (citation
d'AC)
Képi bougerait (2 e & 2 i)
La version anglaise de Wikipedia donne plus d'informations sur cette langue, et il semble en fait qu'elle utilise douze lettres (même si les S & T correspondent au même phonème), et que le B soit plus souvent écrit V. On aurait donc l'alphabet AEGIKOPRSTUV.
Victoire
Tu vagis Poker !
Podium raté
Ski trop vague
Dégustation de poulet
Vu képi gratos
Anthropophagie
IVG pour steak
Coincions concision, Gef_
Rechute de pangrammite
[Éric Angelini a indiqué
à la
liste oulipo que l'adjectif « qwertz »
(suisse romand, pour un clavier) va entrer dans la
6e édition de l'Officiel du Scrabble. Le chant
breton « gwerz » nous avait déjà permis
en 2008 de trouver
le premier (et unique) hétéropangramme
autorisé par ce dictionnaire. Ce nouvel adjectif permet
désormais 16 autres hétéropangrammes (au
changement d'ordre des mots près), dont l'un se passe
même de l'abréviation « vs ».
Les six mots qui le composent ne donnent hélas aucun
énoncé clair, donc sa justification demande de
sérieuses contorsions.]
On joue aux cartes une falaise suisse, formée de blocs
rectangulaires qui évoquent un clavier d'ordinateur.
Un drogué tente une première annonce plutôt
élevée, mais l'allumeuse d'en face a une main
encore meilleure.
Flysch qwertz ; junk :
« Dix ! », vamp :
« Bog ! »
[hexasyllabe monosyllabique de 26 lettres]
Si votre chien est paresseux, ce n'est pas un renard brun agile
qu'il vous faut pour accélérer votre travail,
mais la dernière génération d'ordinateur suisse.
Husky gland ? Vif PC qwertz : job max !
[27 lettres]
Enfin, puisque l'X est attesté dans le petit
Robert, bien que ce mot d'une lettre soit forcément absent
de l'Officiel du Scrabble :
Le Web, neutre terrain de jeu catalogué
pour polytechnicien rapide mais drogué
Blogs : vif champ qwertz d'X junky.
[26 lettres]
Le même ODS6 introduira aussi (entre autres)
le pain algérien
khobz. En le combinant au fromage
du Jura
gex déjà présent
dans l'ODS5 de 2008, on obtient ce pangramme assez
naturel :
Slava Polunin devant une tartine au
fromage
Clown sympa qui vit khobz, gex, fjord.
[octosyllabe de 29 lettres]
On peut trouver plus court mais plus abscons, par
exemple en 27 lettres : Clown vit khobz dry, gex,
faq, jumps.
Davantage de lettres peuvent au contraire donner
plus de cohérence grammaticale, comme :
J'y mords vingt-cinq fameux khobz pilaw.
[32 lettres dont 2 M & 2 N]
Car je paye vingt-six khobz au daw famélique.
[alexandrin de 36 lettres]
Six mois plus tard (le 29/03/12),
j'ai repéré d'autres mots de l'ODS6 a priori utiles
pour les pangrammes, comme la croix égyptienne
ânkh (anagramme du plus habituel souverain mongol
khan), le mets congolais chikwangue, les
langues amérindiennes crow et ojibwa(y),
la zone enneigée snowpark, le logiciel espion
spyware, l'antilope waterbuck, etc.
N'hésitez pas à les expérimenter.
Voici juste un court pangramme ne constituant pas vraiment une
« phrase », mais n'employant que des mots
assez courants :
Le travelling arrière issu d'une remise
nous montre le héros, la neige, le glacier,
puis zoome à nouveau sur la végétation grise
et rare que picore un con gallinacé :
Vu box, zig, snowpark, fjeld, thym, coq.
[octosyllabe de 28 lettres]
La justification d'un énoncé tordu
est le travail le plus oulipien, dans ce type d'exercices
minimalistes. ;-)
Et puisqu'on évoque les paysages nordiques, voici
un autre pangramme plus long mais de seulement quatre mots,
déjà présents dans
l'ODS5 :
Nous manquons d'oxygène en ces plateaux glacés.
Votre étouffe-chrétien nous rendrait violacés :
Fjelds ? Zwieback gravement hypoxique !
[ennéasyllabe 3/3/3 de 32 lettres]
Ça peut devenir un décasyllabe
correctement césuré 4/6 en faisant passer la
biscotte suisse en fin de vers : Fjelds ?
Gravement hypoxique zwieback !