Proverbes paronymiques
[Nicolas Graner a
relancé le procédé consistant à
ne modifier qu'une seule lettre d'un proverbe, comme
plusieurs oulipotes l'avaient illustré en
juin
2001, notamment Jean Fontaine dans ce
message remarquable. Nicolas propose cette
fois de les introduire par un distique. Voici la série
minimaliste que j'ai tentée pour participer, déformant dix fois
le même original. La première version † date en fait
de mon enfance, dans les années 1970, la seconde ‡
est l'une des trouvailles de Jean Fontaine en 2001, et les six
dernières emploient n
métagrammes simultanés (n).
J'y ai ajouté le lendemain un autre jeu de mots de mon
enfance †, déjà cité dans
cette fausse définition
de 1998, et si naturel qu'il a en fait été plusieurs fois
réinventé par diverses personnes. Il supprime deux lettres à
l'original au lieu d'en substituer. La seule nouveauté ci-dessous
est son distique holorime d'introduction.]
Étoile et Terre séparées
Par simples forces de marées
Le soleil fuit pour tout le monde †
La canicule / est ridicule
Le soleil cuit pour tout le monde ‡
Notre Galaxie eut envie
De produire un astre de vie
Le soleil, lait pour tout le monde
Nerval prend dans son désespoir
Son étoile pour un trou noir
Le soleil, nuit pour tout le monde
Phébus hâté / cause l'été
Le soleil luit pour août, le mande (2)
Par ce lit artificiel vais-je
Comme vous, depuis la Norvège ?
De Soleim, duit pour tout le monde (3)
Apollon fait bénéficier
De son talent de pâtissier
Le soleil cuit four, goût le fonde (4)
Hélios tourne autour de la Terre
Avec un immuable horaire
Le soleil suit jour : tour de ronde (5)
Observons à la loupe autant
De parasites mijotant
Hé ! soleil huit poux bout — je sonde (6)
Ce jeune basané détale
Lorsque la police s'installe
Là Soheïl fuit : peur fout ce condé (7)
Le pire homme à nommer sapeur est — parlez, sots ! —
Le pyromane, ô mess apeuré par les seaux :
Qui trop embrase mal éteint †
[Voir aussi ces autres proverbes paronymiques de deux mois plus tard]
El Desaparejado
[Tronquer ce poème après n'importe quelle strophe donne un
hog roubaldien,
mais ça n'en est jamais un si l'on coupe ailleurs.
Il s'agit donc d'une extension des
togs irréductibles,
mais avec trois coupures au lieu d'une.]
Ma tour plie
J'ai frôlé
Un soleil noir de Folie
Ombre qui m'as consolé
Rends-moi la mer d'Italie
La fleur dont j'ai raffolé
Et le pampre qui s'allie
Au giron
De la reine
J'ai rêvé de la sirène
Puis traversé l'Achéron
Où la fée
Crie Orphée
Aelindiviseurs de digrammes
[Léopold Julia a
transmis & illustré sur la
liste oulipo une contrainte
d'Anthony Etherin, cousine de ses
« aelindromes » que nous avions un peu explorés en français
début 2019 : un texte est
ici encore décomposé en blocs de différentes tailles, mais au
lieu d'en inverser l'ordre en les conservant tels quels, Etherin
en prend maintenant les anacycliques (inversions littérales)
en les gardant dans leur ordre initial. Autrement dit, ses
« aelindiviseurs » peuvent être considérés comme des anacycliques
littéraux d'aelindromes. Ci-dessous, j'ai commencé l'exploration
minimaliste des « aelindiviseurs de digrammes » en français :
on inverse l'ordre de toutes les paires de lettres successives
pour obtenir la seconde partie du texte. Schématiquement, une
chaîne de caractères ABcdEFghIJ... devient donc BAdcFEhgJI...
Cette contrainte avait en fait été plagiée par anticipation
en 2015 dans cet
homovocaloconsonantisme,
très dure contrainte dans laquelle les consonnes et les voyelles
étaient indépendamment conservées dans l'ordre, mais décalées
les unes par rapport aux autres pour obtenir la seconde moitié
de l'énoncé.]
L'imam
purifia nos petits instruments à vent :
coranisa ocarinas.
[Chaque mot alterne ici consonne & voyelle
(rigidité de l'okapi), donc ce premier
exemple respecte la contrainte
homovocaloconsonantique
de 2015. J'indique juste « okapi » dans la suite lorsque
c'est de nouveau le cas.]
Plaisanter chez les pauvres :
amuser masure.
[okapi]
Patiner une sculpture :
ambrer marbre.
Bolsonaro face à la pandémie :
alitons latinos !
[Notez qu'il reste ici une lettre finale
isolée, donc non décalée.]
La mauvaise nourriture rend folle la princesse captive :
La raison se tirait en anti-asilé
À l'Arsinoé, si tartine naît salie.
[Tentative en alexandrins blancs. De nouveau, il reste
une lettre finale isolée, donc non décalée.]
Éternelle flûte des montagnes :
an pyrénéen,
nay pérenne.
Quand nous apercevons ces surfaces multicolores, ces ares irisés,
toute colère s'étiole, et notre joie s'exprime facilement :
ire rassise,
rires aisés.
Une fois le poisson lune localisé, la môle sise,
nous lui offrons de la chair de chien de mer,
d'émissole, ou plus souvent de limande sans arêtes :
sole mise,
os élimés.
[okapi]
Voici votre avenir lu : au lieu d'un ivre alun ou d'un vil urane,
l'eau de vaisselle deviendra à la mode pour faire briller le métal.
Lavure in,
alu verni.
Ce thon morose demande plus d'eau :
Mare, je me retire ! Bonite
amère, je mérite robinet.
[okapi]
Ivresse de l'écriture à contraintes matheuses :
Légo de numéro et gnôles,
Éloge d'une mort en glose.
Choix du clinamen comme libération :
Et un penaud poète hérissé,
Tenu, épandu, opte hérésies.
P.S. du 28/06/22 : Dans ses propres aelindromes & aelindiviseurs, Anthony Etherin va au delà des simples digrammes. Il décompose en effet un premier texte en blocs de tailles correspondant aux décimales successives d'un nombre célèbre, par exemple π, et obtient un second texte en inversant l'ordre de ces blocs (aelindromes) ou bien l'ordre des lettres au sein des blocs (aelindiviseurs). Les six premiers chiffres de π = 3,14159... découpent par exemple l'expression « Cachette à numéro rémunéré » en cac/h/ette/a/numer/oremunere, et en inversant les lettres de chaque bloc, cela devient cac/h/ette/a/remun/erenumero, soit presque la même chose : « Cachette à rémunéré numéro ». Comme Léopold Julia le 24/06/22, j'ai ci-dessous illustré les vingt-six premiers chiffres de π = 3,1415926535897932384626433... Le texte est introduit par un sélénet, comme pour mes palindromes-express de 2018, et vous pouvez encore passer votre souris sur le texte pour afficher les blocs symétriques sur fond coloré.
Le grand astronome
Songe que la nuit
Est un métronome
Dont l'algèbre luit
Son moteur consomme
L'or noir que produit
Notre Terre et somme
Ses tours de circuit
Moralité : Nombre, tu iras égaler nos IA exagérées, à peine velléitaires néo-sagas, noires salinières, fit le docte phare d'Arago. Morigène ta mer noire, nuage tel ! Mon but érige sa raison relaxée : ère gaie, pas vénielle en sériations, à gasoil assertif. Serein delco pétaradera : homogène giration, rémunéré galet. |
nom/b/retu/i/raseg/alernosia/ex/ageree/ sapei/nev/ellei/tairesne/osagasnoi/ ressali/nieresfit/led/oc/tep/haredara/ gomo/rigene/ta/mernoi/renu/age/tel mon/b/uter/i/gesar/aisonrela/xe/eerega/ iepas/ven/ielle/enseriat/ionsagaso/ ilasser/tifserein/del/co/pet/araderah/ omog/enegir/at/ionrem/uner/ega/let |
P.P.S. du 02/07/22 : palindrome-express
Puissent les navettes
Poncer nos soucis,
Faucher pâquerettes,
Ô seul Médicis !
Moralité :
Rase
cet
inutile
tracas, satellite !
Et
il
le
tassa, car
t'élit
unité, César.
P.3S. du 03/07/22 :
aelindrome selon les treize premiers chiffres de
π = 3,141592653589..., puis dans l'ordre inverse 853562951413.
Un subtil mélange
De chiffres est né.
Ô Seigneur, arrange
Cet ordre enchaîné.
Moralité : Dieu, ô ce tri ! N'altérez le nombre qui lie ! Vous ôterez erreurs, phénomène encreur. Sphère zérotée, vous équilibrerez le nominal troc étudié. |
die/u/ocet/r/inalt/erezlenom/br/equili/evous/ ote/rezer/reursphe/nomeneenc/reursphe/rezer/ote/ evous/equili/br/erezlenom/inalt/r/ocet/u/die |
P.4S. du 04/07/22 :
aelindrome selon les treize premiers chiffres de
e = 2,718281828459..., puis dans l'ordre inverse 548281828172.
En l'effervescence
D'espérés péchés,
Rends cette sentence
Brève d'évêchés :
Représente l'esche
De l'excès des sens ;
Respecte ce prêche,
Tes chefs et le cens.
Sentence : Des errements, et en ce jerk rêvé, réémets verbe, sèche ex-prédelle brevetée et célébrée de lèche, exprès mets ver (berk !), révère jet-set encenser remède. |
de/serreme/n/tsetence/je/rkrevere/e/metsverb/es/ echeexpr/edel/lebre/veteeetce/lebre/edel/echeexpr/ es/metsverb/e/rkrevere/je/tsetence/n/serreme/de |
cens : dénombrement ou redevance
prédelle : partie inférieure d'un retable
P.5S.
du 06/07/22, pour l'anniversaire de
Rémi Schulz :
aelindrome selon les quatorze
premiers chiffres du nombre d'or φ = 1,6180339887498...,
puis dans l'ordre inverse
9478893308161, où le chiffre 0 est représenté
par un groupe de 10 lettres.
Quand l'auteur est ivre,
Il ruine son coeur,
Offrant mieux que cuivre
À chaque lecteur.
Le pays du livre
A tant de bienfaits !
Quand on s'en délivre,
On perd ses effets.
Moralité : Où noce Balzac, l'âme gire mi-schuss : anéantie, la bonté du pote à sac ! Qui tombe de l'école lit l'or. Alice ensevelit l'orale colombe — de là s'acquitte du potentiel abonné. Assagi, Rémi Schulz a clamé au nocebo. |
o/unoceb/a/lzaclame/giremischu/ssa/nea/ ntielabon/tedupote/asacquit/ombedel/ ecol/elitloral/iceensev/elitloral/ecol/ ombedel/asacquit/tedupote/ntielabon/ nea/ssa/giremischu/lzaclame/a/unoceb/o |
Hog irréductible
[Le hog irréductible a
récemment été défini comme un hog
qui n'est pas un tog : supprimer des vers de la fin donne
toujours un total de syllabes et/ou de vers qui est composé (non
premier). Ci-dessous, le hog complet compte 37 vers de 3 ou 7
syllabes, et totalise 163 syllabes — nombre apprécié des matheux
car la constante de Ramanujan eπ√163 est presque
un entier, avec une erreur de moins de 0,000000000001.
L'alexandrin classique
« La mort tranche le fil de nos fâcheux travaux » est
cité en acrostiche.]
Le poème
A pour thème
Mon chantier,
OEuvre entier.
Rien ne brise
Ta surprise
Tant que la rime instamment
Récidive,
Attentive,
Naviguant au firmament
Comme un brillant dïamant.
Hémistiches
Et postiches
Lasseront
En leur prompt
Formatage
Issu d'âge
Légalement périmé,
Donc à présent supprimé.
Encourage
Notre rage,
O perturbé liseron,
Si l'épreuve
Fait peau neuve
Avec nos coups d'éperon !
Ca délire
Hélas, lyre :
En ce borgnon méridien,
Un céphalo-rachidien
Xylophone
Te siphonne
Rythmiquement la raison
Avant la péroraison.
Vivisecte,
Architecte,
Un profil cassé que seul
Xenakis laisse au linceul.
[Voir aussi ces métatog, architog et tog à trois coupures, dont les rythmes sont similaires bien que les contraintes numériques diffèrent]
Double codage simultané
[Rémi Schulz a
proposé et
illustré une fort difficile
combinaison de deux contraintes : un même énoncé
doit coder deux mots différents selon la
1-sympathie stricte
et en calculant l'écart alphabétique entre les première
& dernière lettre de chaque mot — cette différence
donnant la valeur gématrique des lettres successivement
codées. Voici trois noms propres que j'ai essayés.]
Gay
cérébral griot chante hui creux noir.
[La 1-sympathie stricte code « Arthur »,
et la gématrie relative entre première & dernière
lettre de chaque mot donne 18-9-13-2-1-21-4, c.-à-d.
« Rimbaud ».]
Arts-drogue
combinons, valable record futur testons !
[La 1-sympathie stricte code « Robert »,
et la gématrie relative entre première & dernière
lettre de chaque mot donne 18-1-16-9-12-12-25, c.-à-d.
« Rapilly ».]
Magma,
vertige : papyrus lança signe, drôle art.
[La gématrie relative entre première & dernière lettre
de chaque mot donne 14-9-3-15-12-1-19, c.-à-d. « Nicolas »,
et la 1-sympathie stricte code
« Graner ».]
Protéacrostiche
[Robert Rapilly a
proposé
et
illustré le redécoupage de
lignes isocèles
selon plusieurs longueurs, comme dans les
protéonets,
la nouveauté étant que chaque présentation doit fournir un
acrostiche différent. Voici l'hommage que je lui ai rendu.]
Respirant pour produire art
Ou splendeur il est peinard
Barde à séduire inclassable
Et pas laid livre sculptant
Retable loué quand pourtant
Têt y voit l'inconnaissable
Respirant pour produire
Art ou splendeur il est
Peinard barde à séduire
Inclassable et pas laid
Livre sculptant retable
Loué quand pourtant têt
Y voit l'inconnaissable
[Voir aussi cet antécédent en prose]
Anagramme trilingue
[Anthony Etherin et
Pedro Poitevin
ont composé
deux
sonnets en anglais et en espagnol,
qui sont à la fois des traductions approximatives
et des anagrammes l'un de l'autre. En voici une
animation
postée sur Twitter (et transmise à la
liste oulipo par
Alexandre Carret).
Comme j'avais autrefois déjà expérimenté sans trop de mal
les
anagrammes
globales, même
versifiées,
j'ai tenté ci-dessous une traduction française de leur sonnet.
Hélas, il contient beaucoup trop de A & O, donc j'ai dû me
résoudre à les accumuler dans un titre, appel désespéré à
Ada Lovelace — fille de
lord Byron et première
programmeuse sur la machine analytique de
Charles Babbage.]
Ô dosage, ôôôôô Adaaaaaaaaaaaaaaa !
Durant des mois, nous avons permuté
Tout meuble, optant pour la place correcte.
On a biffé, bagarré, discuté
En balayant les fautes que j'injecte.
Dans la maison, sais-tu de quel côté
Loger le lit de papy l'architecte,
Ou ce rideau de royale beauté ?
L'amaryllis flamboyant s'y délecte.
Dans notre vie aussi nous recherchons
Où mettre enfin notre âme qui titube.
Homologuons des boomerangs ronchons ;
L'ellipsoïde est-il vu comme un cube ?
Y cahota l'audio du badaud tard,
Y foudroya le logos dans cet art.
[Vérification des anagrammes.
Voir aussi ces deux autres sonnets
d'Alexandre Carret,
employant les mêmes lettres que ci-dessus.]
P.S. du 17/07/22 : nouvelle traduction française du double sonnet anagrammatique de Pedro Poitevin & Anthony Etherin, cherchant à être aussi fidèle que possible aux originaux espagnol & anglais. Le titre résume successivement les quatre strophes.
Ô duo amoché,
ô sofa,
ô âme,
ô aède !
Durant des mois, on alla transposant
Tout meuble, oeuvrant à l'idéale place.
L'ordre obtenu n'y fut guère apaisant
Car tu voyais mainte tache tenace.
Mon bon sofa rangeons en lieu plaisant,
Et du doyen laissons la table basse
Choir à côté du tapis fort grisant.
Il faut calmer chaque frayeur qui passe.
Lors de la vie autant nous essayons
De choyer l'âme où le joyau titube.
Qu'y coud ma règle ? Oh toujours balayons !
L'ellipsoïde a-t-il un air de cube ?
Ce débogage accommodera tard
L'ode d'aède à combo de cet art.
[Vérification des six sonnets anagrammatiques]
El Protehog
[Ce sonnet de quinze heptasyllabes est en fait
un hog
— plus précisément un tog
à quatre coupures possibles :
3+3+7 + 3+3 + 7+3 + 3+7+3+3+7+3+3+7+3+3 + 7+3+3+7+3+3]
Je suis triste pessimiste Prince à l'aboli manoir Et luthiste veuf j'assiste À ma chute en un trou noir Altruïste défunt myste Rends-moi l'italien terroir Où le ciste coexiste Avec la rose en miroir Ton étreinte m'offre teinte Rouge ô nixe de Biron Dans l'enceinte dont l'eau suinte J'ai su franchir l'Achéron Car sans crainte mon chant tinte Passant d'envoûtant juron À la plainte de la sainte |
Je suis triste Pessimiste Prince à l'aboli manoir Et luthiste Veuf j'assiste À ma chute en un trou noir Altruïste Défunt myste Rends-moi l'italien terroir Où le ciste Coexiste Avec la rose en miroir Ton étreinte M'offre teinte Rouge ô nixe de Biron Dans l'enceinte Dont l'eau suinte J'ai su franchir l'Achéron Car sans crainte Mon chant tinte Passant d'envoûtant juron À la plainte De la sainte |
[Voir aussi ces autres hogs nervaliens ou aux rythmes voisins]
P.S. du 22/07/22 :
sélénet qui
est en fait un tog
à deux coupures possibles :
5+5+2+2+5 + 2+2 + 5+2+2+5
Dans la grise brume Amical marmot Exhume ta plume Pour écrire un mot Chandelle mortelle En ce triste lieu Constelle ma stèle Pour l'amour de Dieu |
Dans la grise brume Amical marmot Exhume Ta plume Pour écrire un mot Chandelle Mortelle En ce triste lieu Constelle Ma stèle Pour l'amour de Dieu |
P.P.S. du 24/07/22 :
ballade balladante au schéma de rimes traditionnel
(trois fois AbAbbCC plus un envoi bbCC), qui est
en fait un hog
— plus précisément un tog
à six coupures possibles :
3+3+7 + 3+3 + 7+7+3+3+3+3+7+7 + 3+3+7+7 + 3+3+3+3+7+7+3+3+7+7+3+3 + 3+3 + 7+7+3+3+3+3
Comme dans ce précédent hog
irréductible (qui n'avait rien à voir
avec une ballade), il y a 37 vers de 3 ou 7
syllabes en totalisant 163.
Le poète qui souhaite Séduire est un parangon De fluette girouette. Dans l'extravagant wagon De vers de ce boulégon, Volatile versatile, S'y distille l'inutile. Planant comme une mouette, Il repère en un lagon La bluette désuète Qu'a sublimée Aragon Et tente un analogon. Mais cette île semble hostile : S'y distille l'inutile. Au cours d'une pirouette, En crachant tel un dragon, Sa luette rompt, muette. Hélas ! quand on zigzague, on Change sirène en dugon Et mutile maint dactyle : S'y distille l'inutile. Prince, ne sois pas bougon, Mais arrête ce jargon ! Dans tout style qui rutile, S'y distille l'inutile. |
Le poète Qui souhaite Séduire est un parangon De fluette Girouette. Dans l'extravagant wagon De vers de ce boulégon, Volatile Versatile, S'y distille L'inutile. Planant comme une mouette, Il repère en un lagon La bluette Désuète Qu'a sublimée Aragon Et tente un analogon. Mais cette île Semble hostile : S'y distille L'inutile. Au cours d'une pirouette, En crachant tel un dragon, Sa luette Rompt, muette. Hélas ! quand on zigzague, on Change sirène en dugon Et mutile Maint dactyle : S'y distille L'inutile. Prince, ne sois pas bougon, Mais arrête ce jargon ! Dans tout style Qui rutile, S'y distille L'inutile. |
Rimes
à signes extérieurs de richesse
Rimes polysyllabiques dans lesquelles manque volontairement
une syllabe (généralement la pénultième) afin de paraître plus
pauvres. Cette contrainte date de mon adolescence, vers la fin
des années 1970, mais je viens seulement de la décrire sur
la liste oulipo, donc ça m'a donné envie de
la tester sur notre souffre-douleur
favori. Voici également une déformation d'un célèbre distique
holorime de Charles Cros, proposée pour illustrer la contrainte :
Dans ces meubles laqués, ces rideaux et dais amples,
Danse, aime, bleu laquais, ris d'oser des exemples.
El Pobrecito
(Le Pauvret)
Je suis le sombre inconsolé,
Le veuf au deux-mâts mêlant lie :
Mon asile sombre, insolé,
Au fond de ma Mélancolie.
Acolyte en Gironde, ailé,
Rends-moi ta province abolie
Qu'élit tant giron désolé
Quand le ciste âpre au vin s'allie.
Il paraîtra Vercel, Aron,
Si ne l'a ménagé la reine.
En lamé nageait la sirène...
Et j'ai traversé l'Achéron,
Filant sous vihuela d'Orphée
Le silence où vis huer la fée.
Gérard Duval
Limericks rythmés
[Alain Chevrier vient de publier un
livre consacré aux limericks, forme fixe
humoristique à l'origine en anglais. Il s'agit de cinq vers
rimant selon le schéma AABBA, ceux en A devant contenir trois
accents toniques et ceux en B deux accents toniques. Son
acclimatation au français a généralement fait perdre ce rythme.
Ci-dessous, j'expérimente son respect, en faisant suivre les
syllabes accentuées par plusieurs espaces pour aider les lecteurs
francophones à retrouver la scansion anglaise. J'ai
volontairement essayé plusieurs mètres, d'abord 9/9/6/6/9 comme
George du Maurier, chaque groupe de trois
syllabes étant un anapeste ⏑⏑—, puis un
micro-limerick 3/3/2/2/3 ne contenant que des temps forts, un
exemple avec des alexandrins romantiques 12/12/8/8/12, chaque
groupe de quatre syllabes étant accentué sur la
quatrième ⏑⏑⏑—, et enfin la variante 8/8/5/5/8,
qui revient à reprendre le premier schéma 9/9/6/6/9 mais en
rendant muette la première syllabe de chaque vers :
⏑— ⏑⏑— ⏑⏑— / ⏑— ⏑⏑— ⏑⏑— / ⏑— ⏑⏑— / ⏑— ⏑⏑— /
⏑— ⏑⏑— ⏑⏑—. Le premier limerick est un hommage au livre
d'Alain Chevrier, le second est holorime, le troisième cite un célèbre
trimètre romantique de
Victor Hugo,
en faisant allusion au fait que notre ami
Patrick Flandrin est président de
l'Académie des Sciences, et le dernier propose
une variante de contrepèterie où deux phonèmes consonantiques
sont intervertis mais en maintenant leur voisement ou non en
leurs positions initiales.]
Un auteur appelé Chevrier,
En puissant littéraire ouvrier,
A rimé des poèmes
Grivois mais tu les aimes
Car ils font notre esprit se vriller.
*
L'Éternel voit tout
Naître, ô Dieux !
N'être odieux...
Qu'antique
Cantique
N'ait trop d'yeux !
Variante
avec violation de la liaison supposée :
L'être odieux, / Laid, trop d'yeux / Salissent / Sa lisse / Lettre, ô Dieux !
*
Un immortel — longtemps avant Patrick Flandrin,
Pour éviter trop de salam - alecs sans drain,
A déclaré qu'à l'hémistiche
Toute césure est un postiche :
J'ai disloqué ce grand niais d'alexandrin.
*
À Nîme, en station Pont du Gard,
S'enivre un mari, l'oeil hagard :
Cocu chef de gare
Au sort qui s'égare,
Hélas devenu con du bar !
P.S. du 05/08/22,
limerog :
limerick 9/9/5/5/9 qui est en
fait un tog irréductible
3+3+3+3+3+3+2+3+2+3+3 + 3+3.
N.B. : « hog » signifie porc en anglais, et « togs » fringues.
Il existe un gaillard à Pornic Surnommé l'anal hog — le porc Nic. Ôtant toute fringue Autant pour la bringue Que le sport, ce beatnik au port nique. |
Il existe Un gaillard À Pornic Surnommé L'anal hog — Le porc Nic. Ôtant Toute fringue Autant Pour la bringue Que le sport, Ce beatnik Au port nique. |
P.P.S. du 07/08/22 : extension
du limerick en six vers de telle sorte qu'il respecte
les règles du sog, ici
en 1 strophe de 6 vers de 8/8/6/6/8/8 syllabes, en totalisant 44.
On dit qu'un centriste allant vers
L'excès de tiédeur, à l'envers
Tenait trop à l'Indre : homme
Qui n'aimait pas l'Ain, Drôme
Ni Loire aux pervers galants verts,
Encore aujourd'hui râle en vers.
P.3S. du 09/08/22,
limeranka : protéonet
qui est à la fois un tanka et un limerick
7/7/5/5/7 — dans lequel les heptasyllabes sont césurés 2/2/3
et les pentasyllabes 2/3.
Ce soir déjà prie Otto pour voir geisha qui Ôte haut — mytho, çà. C'est beau, Mito, Sasebo, Noirceur fraîche à Kyōto. |
Ce soir déjà prie Otto Pour voir geisha qui ôte haut. Mytho, ça c'est beau : Mito, Sasebo, Noirceur fraîche à Kyōto. |
P.4S. du 23/08/22 :
adaptation du Desdichado
au style olé olé et au rythme des limericks,
ici selon le schéma 2/3/3, 2/3/3, 2/3, 2/3, 2/3/3,
qui me semble bien fonctionner en français.
El Limerickado
Un sombre et veuf prince aquitain
Vivait dépouillé de butin.
Sa tour amollie
Causait sa folie.
Du coup, il eut soif de putain.
Notre homme, adorant la tulipe,
Se rend au grisant Pausilippe
Pour s'y consoler,
S'y fait racoler
Et pense : À présent, pose-y lippe !
N'étant Lusignan ni Biron,
Il n'a pu baiser le giron
Douillet de la reine,
Ni mieux la sirène,
Car il possédait un vit rond.
Jouant sur le luth qu'eut l'Orphée
L'ahan d'une sainte étouffée,
Il vainc l'Achéron
Au son d'un clairon,
Et brait : Sauterai-je alors fée ?
Edward de Maurval
Lipangrammes
autodescriptifs :
énoncés autodécrivant 25 lettres, une voyelle manquant
volontairement à l'appel, mais en employant pourtant
l'écriture standard des nombres (contrairement aux
lipogrammes en E de 1998
& monovocalismes
de 2018)
Proverbes paronymiques II
[Nouvelle série de proverbes déformés,
en imposant cette fois qu'une (seule) lettre soit modifiée dans
chaque mot de l'original, même s'il s'agit d'un mot-outil
— comme dans le pénultième exemple de
juin, noté (7). Un possible jeu est de retrouver les
originaux, bien moins évidents que lorsqu'une seule lettre est
modifiée dans l'ensemble de l'énoncé. Les solutions s'affichent
quand on passe sa souris sous le proverbe.]
Le poète ne prise guère
Cette contrainte trop amère
Aède loi de fiel n'aimera
Aide-toi, le ciel t'aidera
Lorsque s'arrêtent les combats,
La collabo fait profil bas
Boche tondue tait son jeu
Bûche tordue fait bon feu
De trac, le bouffon va se taire
Devant cet auditoire austère
Bout sa peur, les prudes
Tout ça pour des prunes
Savez-vous comment s'ébaucha
Notre révolution, pacha ?
Ça naît sous des chaos, dont cris
La nuit, tous les chats sont gris
Ce japonais théâtre instille
Dans le parterre l'inutile
Ce nô mande bas le vain
Ça ne mange pas de pain
Tous nos fromages affinés
Sont des trésors pour vos dîners
Comté en lait bon mit or de bouche
Comme on fait son lit, on se couche
Rien ne vaut la russe musique
Pour égayer un nostalgique
Cui le mit tôt content
Qui ne dit mot consent
Les réunions de ces crétins
Causent des brouhahas lointains
Des cons comités vont ces sons émis
Les bons comptes font les bons amis
Clown blanc, jamais tu ne pérores
Pendant ton spectacle aux aurores
Donnais tôt ton mime
Connais-toi toi-même
Van Gogh, après l'indécision,
Choisit du midi la vision
Doute peint, vérité solaire
Toute peine mérite salaire
Ces délires, je vous l'assure,
Sont seuls à passer ma censure
Fous, ces bouts vont sans ma rature
Tous les goûts sont dans la nature
D'où vient ce dessert onctueux ?
Ah, tes renvois le situent, eux.
Hi ! ce gâteau colle, tes rots parlent des crémiers
Si le bateau coule, les rats partent les premiers
La veuve dans le noir frissonne
En écoutant le glas qui sonne
Hui mort, ding
Qui dort dîne
Chez les riches, un carillon
Tinte de satisfactïon
Le leur sonne les aises
La peur donne des ailes
Ce gibet que le monde évite,
François Villon l'a chanté vite
Lui a rimé de suite
Qui m'aime me suive
Tel autre, un eunuque pervers,
Répugnant, n'écrit aucun vers
Lui rime rien, châtré bren
Qui aime bien, châtie bien
Créons et cachons en styliste
Les proverbes de cette liste
Mi-tu, mi-conçu
Ni vu ni connu
Ce matelot est gigolo ;
Essayez-le, c'est rigolo
Ô marin câlin en démo
À malin, malin et demi
L'esprit si fermé de l'élite
Vient de cerveaux en bakélite
Ô raison raide, ambre dort
À maison laide arbre mort
La religieuse a l'air moqueur
Quand elle sent le froid d'un coeur
Ô soeur raillant bien l'impassible
À coeur vaillant, rien d'impossible
Coincé dans un tank immobile,
Le soldat est fichu, débile
Ô son char con, mat
À bon chat, bon rat
Poète trop craintif, allez,
Révèle écrire des ballets
Oh peur, rime ce bout, fais par aveu tour de ronde
On peut rire de tout, mais pas avec tout le monde
Un rien peut choquer le centriste,
Jusqu'au discours écologiste
Oui, même ce vert révolte le tempéré
Qui sème le vent, récolte la tempête
Mon doigt sur la flûte en cristal
Tourne et joue un plat récital
Oui, vibra verre
Qui vivra verra
Lorgnant à travers les serrures,
Le voyeur se grise, ô cambrures
Pâmais yeux dans trous
Jamais deux sans trois
Tout bon joueur voit sans calcul
Cette position de match nul
Pat su par pros
Pas vu, pas pris
En étalant partout sa frime,
On perd encore plus d'estime
Rien taire, en baisser pire
Bien faire, et laisser dire
Ce lied est juste copïé
Car tout le monde m'a pillé
Rima rien, lui dira ce Vernier
Rira bien qui rira le dernier
Qu'il est plaisant quand on se marre
Au beau milieu d'un tintamarre
Rire en foire, fort doux
Dire et faire font deux
Je rappelle à mon chef bourru
Que la bande l'a secouru
Ton gang te sauvait, mentor
Bon sang ne saurait mentir
Au Japon, même de courts thrènes
Peuvent inspirer plusieurs scènes
Un nô naît par l'odelette : sens passer les veufs
On ne fait pas d'omelette sans casser des oeufs
Exagéra sa Majesté,
Dès lors son cortège a pété
Y craque cour, surfit la reine
À chaque jour suffit sa peine
[Ci-dessous, les énoncés déformés sont des
vers célèbres et non plus des proverbes]
Le parquet des Lettres condamne
Toute infractïon, bonnet d'âne
Mot ouï sans ses lois, cour des peines
Moi qui sais des lais pour les reines [Apollinaire]
Afin de polir son journal
L'aède efface un vers banal
Son verbe n'eut bridé gomme : en éclot du rare
Mon verre s'est brisé comme un éclat de rire [Apollinaire]
Les cris d'une injuste corneille
Font que chaque ablution m'effraye
Ut d'inique corbeau, ces trempettes mâtines
Et l'unique cordeau des trompettes marines [Apollinaire]
La queue en vain reste une action
Qui n'offre pas trop de pression
Les files du néant n'empochent le karcher
Ses ailes de géant l'empêchent de marcher [Baudelaire]
L'adroit satyre récupère
Ses biens du clou, ne parlant guère
L'as lève sans sa glotte or gagé, le silène
J'ai rêvé dans la grotte où nage la sirène [Nerval]
L'affreux cyclone a torsadé
Même ce long bélonidé
Modelant tout, ô jour dur, ça gyre l'orphie
Modulant tour à tour sur la lyre d'Orphée [Nerval]
Le hareng que ce flamand pêche
Fut guidé par la brise fraîche
Port belge : Éole sort soft, frôle quille. Mord rase alose jà (grise), s'y puise.
Fort belle, elle dort. Sort
frêle ! Quelle mort ! Rose close, la brise l'a prise. [Paul de Rességuier]
Poulets qui traversent
[Daniel Bilous a relancé sur la
liste oulipo le célèbre mème d'origine
britannique consistant à répondre à la question
« Pourquoi le poulet a-t-il traversé la route ? »
selon différents points de vue. Il a lui-même composé
de
remarquables
pastiches, et la liste oulipo a fini par
s'emparer elle aussi de ce thème. Voici les minimalismes que
j'ai postés.]
P.S. du 15/09/22 : réponse à la question en deux lignes anagrammatiques
P.P.S. du 16/09/22 : deux ouïseaunets (quatrains de 4/4/3/3 syllabes mentionnant un oiseau et rimant systématiquement entre singulier & pluriel), et deux ouïseaulorimes (ouïseaunets dont les quadrisyllabes sont homophoniques des trisyllabes)
Nouvelles dichotomies syllabiques
[Nicolas Graner a
relancé sur la
liste oulipo les interpolations syllabiques
déjà un peu explorées
en
mai
2004. Son idée initiale
était d'insérer une syllabe entre toutes celles de poèmes
célèbres afin d'obtenir de nouveaux énoncés. J'ai commencé
par le faire sur la totalité d'un grand classique
;-).
L'original s'affiche quand on passe sa souris sous le distique.]
Évaluez niveau que l'on corrode, ô perte !
Débattrons-nous peinés, tenant ma lèvre inerte ?
Et l'unique cordeau des
trompettes marines [Apollinaire]
Dichotomericks
J'ai ensuite repris le principe
de
nos
dichotomies
syllabiques
de
2004, c.-à-d. itérer la suppression de toutes
les syllabes de rangs impairs afin d'obtenir des suites de plus
en plus courtes. Il se trouve qu'un
limerick de 6/6/4/4/6 syllabes (avec
des accents toutes les deux syllabes) donne un total compatible
avec une telle dichotomie.
Ma première tentative évoque la poule qui
traverse la route, et cherche à vaguement retrouver l'état
d'esprit des limericks :
Lorgnez : dinde eut couvée,
Hop ! et gagnait sa paie.
Tarif signé,
Duvet peigné...
Périph dupait pépée.
Dichotomie syllabique :
lɔʀ ɲe dɛ̃ dy ku ve ɔ pe ga ɲe sa pe ta ʀif si ɲe dy ve pe ɲe pe ʀif dy pe pe pe
*
Mon second essai décrit un poète en temps de guerre de guerre :
Guerrier bouclait l'armure.
Fémurs variés l'émurent.
« Ô geais, mariez
Les mûrs mûriers !
Murgé lémur, murmure ! »
Dichotomie syllabique :
gɛ ʀje buk le laʀ myʀ fe myʀ va ʀje le myʀ o ʒe ma ʀje le myʀ myʀ ʀje myʀ ʒe le myʀ myʀ myʀ
murgé : ivre
N.B. 1 : mûr et
mûrier n'ont pas de lien étymologique
N.B. 2 : malgré la présence de neuf syllabes « mur »,
ce poème réussit le tour de force
de ne jamais parler de maçonnerie — tout en
illustrant la même chose sans cédille
Dichotogs
J'ai finalement cherché à combiner de telles
dichotomies syllabiques
avec les règles du hog roubaldien.
Le premier est formé de toutes les étapes d'un seul poème
dichotomique, et emploie le schéma du plus court
architog de 5 vers, à
savoir le palindrome 2+2+3+2+2. (Sa propriété est qu'un nombre
impair de vers consécutifs totalise toujours un nombre premier de
syllabes.)
Malouin
hautain,
L'océan
lointain
s'éteint.
Dichotomie syllabique :
ma lwɛ̃ o tɛ̃ lɔ se ɑ̃ lwɛ̃ tɛ̃ se tɛ̃
Malouin : habitant de Saint-Malo
[Voir aussi ces cinq poèmes de Nicolas Graner selon le même schéma]
*
Dans mon second poème, seule la première étape est un hog, plus précisément un tanka traditionnel de 5+7+5+7+7 = 31 syllabes. En revanche, ses réductions successives ne sont pas des hogs (à part celle en 2+3+2 = 7 syllabes), et l'ensemble n'en constitue pas non plus car il totalise 57 syllabes, nombre composé (3×19).
Théorisé tôt
par l'élégiaque ardeur là,
ce projet vit d'aides.
En ce chant croît, outrageant,
L'oeuf rond d'ample hydrocéphale.
Osez
parler,
car la providence encroûte
en fronts
plissés.
Zélée,
l'avide encre
emplit
l'évident
vide.
Dichotomie syllabique :
te o ʀi ze to paʀ le le ʒja kaʀ dœʀ la sə pʀo ʒɛ vid ɛd ɑ̃s əʃ ɑ̃kʀ wat ut ʀaʒ ɑ̃ lœ fʀõ dɑ̃ pli dʀo se fal o ze paʀ le kaʀ la pʀo vid ɑ̃s ɑ̃kʀ ut ɑ̃ fʀõ pli se ze le la vid ɑ̃kʀ ɑ̃ pli le vid ɑ̃ vid
Autres dichotogs minimalistes
La série de
Nicolas Graner mentionnée ci-dessus m'a donné
envie de reprendre le schéma minimaliste 2+2+3+2+2. Pour stimuler
ma racontouze, j'y ai ajouté des contraintes. Le premier poème
ci-dessous emploie le plus de phonèmes possible (ici 5) dans
la syllabe la plus souvent répétée. Les sept dichotogs suivants
sont monorimes.
Ingrat conservateur aveugle à la beauté abstraite
Ce laid
centriste,
tout labeur
lettriste
l'attriste.
Dichotomie syllabique :
sə lɛ sɑ̃ tʀist tu la bœʀ lɛ tʀist la tʀist * * *
Religieux s'expliquant mal par télégramme
L'oblat
trembla,
s'accabla,
blabla
câbla.
lɔ bla trɑ̃ bla sa ka bla bla bla ka bla
*
Emploi de videur
Loubard
jobard
vire en bar
barbares,
rembarre.
lu baʀ ʒɔ baʀ vi ʀɑ̃ baʀ baʀ baʀ ʀɑ̃ baʀ
*
Conductrice attaquée par de gros porcs fortunés
De chers
en chair
phacochères
cherchèrent
cochère.
də ʃɛʀ ɑ̃ ʃɛʀ fa kɔ ʃɛʀ ʃɛʀ ʃɛʀ kɔ ʃɛʀ
*
Vishnou finalement réincarné en un turbulent gamin mongol
Moutard
fêtard,
l'avatar
tartare
va tard.
mu taʀ fɛ taʀ la va taʀ taʀ taʀ va taʀ
*
Offrande tribale de tambours et de médiocre origan
Goûtâmes
dictame,
protestâmes ;
tam-tams
testâmes.
gu tɑm dik tɑm pʀɔ tɛs tɑm tɑm tɑm tɛs tɑm
*
Descendant d'écrivain relâchant un Maure en Espagne
Gilbert
Flaubert,
chez l'Ibère,
Berbère
libère.
ʒil bɛʀ flo bɛʀ ʃe li bɛʀ bɛʀ bɛʀ li bɛʀ
*
Danger de l'obsession oulipienne
Quatrain
contraint
trop étreint
train-train :
pétrin !
ka tʀɛ̃ kɔ̃ tʀɛ̃ tʀɔ pe tʀɛ̃ tʀɛ̃ tʀɛ̃ pe tʀɛ̃
[Voir aussi ces trois dichotogs d'Alexandre Carret]
Interpolation syllabique verlainienne
[Retour à
l'idée initiale de
Nicolas Graner, à savoir insérer une syllabe
entre toutes celles d'un poème célèbre. Ici les syllabes de rangs
pairs reproduisent la
Chanson d'automne de
Verlaine. L'original s'affiche
quand on passe sa souris à droite du poème.]
Pour changer son barde autochtone Le lettré sans règle, aux jalons Indécis, vit marteaux-pilons Modeler l'ode atone. D'emblée, à ce sermon vainqueur, L'induction neurale en vigueur Des mots banaux l'étonne. Juste où pièce eut défaut choquant, Clarté faible et rythme bloquant, La Sorbonne se leurre. Ce jeu n'amena souvent rien Que décharge ou ruse en soutien : Son message pair fleure. Réécris, jeune homme entravé, L'écho qu'inventeur motivé Tranquillement supporte. Barde sans saccades parla D'appas tirés d'un pianola — L'elfe baille main-forte. Jean-Paul Dauvergne-Allen, Apologue écumeux d'oxalate uranien |
Chanson d'automne Les sanglots longs Des violons De l'automne Blessent mon coeur D'une langueur Monotone. Tout suffocant Et blême, quand Sonne l'heure, Je me souviens Des jours anciens Et je pleure Et je m'en vais Au vent mauvais Qui m'emporte Deçà, delà, Pareil à la Feuille morte. Paul Verlaine, Poèmes saturniens |
Distique holorime de circonstance
Mettez oncques la Reine en glaise à Balmoral
Mais taisons que l'arène anglaise a bas l'moral
Code morse julien
[Fin août 2022, Rémi Schulz a eu l'idée
d'interpréter la
ponctuation de
vers comme les traits et points du
code morse.
Alexandre Carret et
Noël Bernard en ont aussi exploré des
variantes se servant des lettres accentuées. Le mois suivant,
Léopold Julia a préféré éviter tout accent et
toute ponctuation, à part les traits d'union, mais tenir compte
des points sur les i & j minuscules pour représenter les
points du morse. Il a même raffiné cette idée la semaine suivante
en imposant ce
code morse dans le dernier mot
(possiblement composé) de chaque vers, et en interdisant
ailleurs les signes diacritiques & ponctuations.
J'ai repris son principe pour coder ci-dessous
mon dernier hétéropangramme,
en cherchant à donner plus de détails de l'histoire correspondante
malgré la dureté de cette combinaison de contraintes. Les vers
assez courts et l'alternance des rimes l'ont notamment beaucoup
influencée. Les traits et points sont indiqués en gras, et leur
décodage est facilité par la reproduction des mêmes lettres au
début de chaque vers.]
Gendarme dans sa peau-de-bique
Zyeute un club sud-est-asiatique
Y mettre au quatre-vingt-et-un
Rouste aux punks sous un vide-vite
Faut tester leur indique-fuite
La menace radio-induite
Et tout rayon inopportun
X gens de Paray-Vieille-Poste
Voyez ce simili-poulet
Inspecter en bibliognoste
Tournant sa montre-bracelet
Passant quelque laisse-tout-faire
Un casque occipito-frontal
Novateur et bucco-dentaire
Kevlar sus-maxillo-nasal
Se lance notre militaire
Dames ces plombs court-circuitons
Jeunettes de Saint-Paul-de-Serre
Osons chasser les va-t-en-guerre
Manoeuvrons les caps-de-moutons
Berk aux sous-administratrices
Ces psycho-sensori-motrices
Hargnes sans juridictionnel
Aspect sont une indo-persane
Weltanschauung un esprit-de-sel
Quel regret de Nans-sous-Sainte-Anne
Desdichado
paronymique
[tout vers est approximativement dupliqué, chaque
mot ayant exactement une lettre modifiée]
La mala dicha
(Le mana dicta)
Là, veule époilé morne — oh moi ! — bistre navré,
Le noir Prince à Bordeaux dans tour pas si jolie :
Ma seule étoile morte où mon cistre nacré
Ce soir grince — ô cordeaux sans jour par sa Folie !
Au caveau, pleurs brisez, soeur m'ayant consolé,
Rendez-moi Rome et mer, vu le signe d'algie,
Ou cadeau : fleurs, grisez coeur d'amant convolé,
Tendez mon rose ex-mur où la vigne s'allie.
Être As, Dieu, l'Acheson ?... Laurent, séide sois ?
Je rougis du silène — elfe page vit reine,
De roulis de sirène : elle nage via Seine.
Erre au lieu d'Achéron, lauréat seize fois,
Jouant mage criant maint sort sur cette harpe,
Louant sage priant, saint fort pur, nette carpe.
Norval Nerval
[Voir aussi cette accumulation de paronymes initiaux de 2020]
Ampoules à contraintes
[Alexandre Carret
a transmis à la liste oulipo ces
deux
tweets
d'Anthony Etherin, et en a proposé ces
traductions
françaises — la première étant
particulièrement fidèle au minimalisme de l'original anglais !
En voici d'autres de ma plume, suivies de nouvelles réponses
à contraintes dans le même état d'esprit.]
Combien faut-il de palindromistes pour changer une ampoule ?
— Sec,
net :
six
existences !
[Passez votre souris sur la réponse pour afficher sur
fond rouge les paires de lettres symétriques]
*
Combien faut-il d'anagrammistes pour changer une ampoule ?
— Un est impératif, mais l'ombre d'un nuage l'accompagnera, hou !
[Voir aussi cette traduction d'anagramme anglaise de l'année dernière, et ces récents sonnets anagrammatiques d'après des originaux espagnol & anglais]
*
Combien faut-il de pangrammistes pour changer une ampoule ?
— Wo, j'y prohibe 6991 kids !
[Cette réponse sous-entend 46 lettres. Voir aussi ces précédents pangrammes numériques, dont certains paraissent encore plus courts.]
*
Maints autres minimalismes du même type peuvent être obtenus à partir de ces listes d'entiers respectant diverses contraintes littérales, par exemple :
Combien faut-il de monovocalistes en E pour changer une ampoule ?
— Entre 7 et 737.
*
Combien faut-il de lipogrammatistes en E pour changer une ampoule ?
— Parfois plus d'un, mais toujours moins d'un googol.
[Voir aussi ces autres réponses des oulipotes]
La radioactive
Règle d'inversion
Crée une hâtive
Phrase en conclusion.
Moralité :
En
emmêlé
rem,
eh,
pète-sec !
elle
me
génère
brève
recette.
Ce
réverbère
ne
gémelle
ce
set,
éphémère
lemme
né.
P.S. du 07/10/22 : palindrome-express aqueux
Le cours d'eau sanglote,
Gonflant de pression
Fruits de mer et lotte —
C'est l'inondation.
Moralité :
Ému,
ce
ru
engorge
bar,
crevette,
lump,
mulette,
ver,
crabe,
grogneur,
écume.
Cacophonie rebelle
[Les consonnes phonétiques du français peuvent être classées en
différents groupes, selon les points de vue, par exemple en :
— occlusives [ptkbdg]
— constrictives [fsʃvzʒ]
— nasales [mnɲ]
— liquides [lʀ]
— semi-consonnes [jwɥ]
Ces cinq groupes m'ont donné envie de composer un nouveau
sonX, où les vers rimant
entre eux n'emploient que les consonnes phonétiques de l'un de
ces groupes. Celui des semi-consonnes rend extrêmement difficile
le respect des règles prosodiques classiques.]
Un bigot débutait un cantique en poète
Assez insuffisant, souvent fait sans façon.
Envisageant savants jeux, ainsi sa chanson
Était bègue — ton goût atypique t'embête.
Toute beauté te quitte en dégoûtant ta quête,
Ô jouvenceau fangeux, ô sauvage enfançon !
Sens ces anges fâchés vis-à-vis ce fou son
Qui bogue de beaucoup, handicape et caquette.
Oh aye-aye hawaïen houant houille en haillons,
Ouaille en haut haïe, éon hue — ouille, oyons !
Le râleur hurle à Râ : la rouerie est l'horaire
Menant mon âme même un minime moment,
L'ire enrôlant la lyre et l'erreur leurrant l'ère
Inhumaine où me magne une main m'inhumant.
Sonnet en dichotomie syllabique
[Le poème ci-dessous est obtenu à partir d'une première partie de
86 syllabes, puis en y supprimant toutes les syllabes de rangs
impairs, puis en recommençant de tels effacements, et ainsi de
suite jusqu'à ce qu'il ne reste rien. La nouveauté par rapport
à mai 2004 et
septembre dernier est que certaines
parties totalisent un nombre pair de syllabes. Puisque
86+43+21+10+5+2+1 = 168 = 14×12, l'ensemble constitue un sonnet
d'alexandrins. Cette contrainte impose que les deux quatrains
n'aient pas le même schéma de rimes. Les parties sont séparées
par des points de suspension dans le poème. Dans la transcription
en alphabet phonétique de la colonne de droite, les syllabes
employant une nouvelle couleur donnent la partie suivante.]
Désagrégation La leçon débuta, syllabus délétère. Un éloge usé d'or, soudure à corroder, Me condamne à sabrer le jargon, le coder Propre au sanscrit voilé prôneur de l'inventaire. Âpre est ton ascension, circaète icarien ! Le saussurien sonnet peines soudain endure, Et la Gorgone lut noirci glyphe hégirien, Tranquille… déballa d'éternels jus d'ordure. Or, dès qu'on abrégea, le dey proscrit les noeuds, L'interprétation qu'a tyrien saurien haineux D'indus ragots lucifériens qu'il… déblatère. J'eus d'Ur des najas : des cris ne taire, acarien ! Rien ne dure, ô Syrien… L'âge eut déjà critère Qu'aryen durci… jugea terrien, si… jarryen… Rien. |
la lə sɔ̃ deb yt a si la bys de le tɛʀ lə deb a la de tɛʀ deb la tɛʀ la ʒy ʒa ʀjɛ̃ |
[Voir aussi ces sonnets dichotomiques d'Alexandre Carret et de Rémi Schulz, selon le même schéma]
P.S. du 24/10/22 : triple sélénet en dichotomie syllabique, c.-à-d. dont les parties successives sont obtenues en supprimant les syllabes de rangs impairs (à part un petit décalage dans la 4e partie, dont je ne me suis rendu compte qu'en y mettant des couleurs — bien trop tard pour être corrigé). Comme en 2004, chaque partie totalise ici un nombre impair de syllabes : 63+31+15+7+3+1 = 120 = 6×20. Elles sont de nouveau séparées par des points de suspension dans le poème.
Forgeant tintamarre, L'écriteau trompe art ; Un bouquin démarre, Assez vain départ. L'ouvré pentamètre Se décachetant Ne vaut mieux qu'émettre Patchwork révoltant. L'édit contamine Ton avis, clic-clac ! L'État moud ta mine. On peinait au black. Discourtois… j'entame L'écho par bouquet, Ah ! sympa, rétame Ce qu'attend hoquet. Paraît en dictame Ton vil hack : tam-tam. On est là, courte… âme Au bout, qu'aspartam ! Chaos patentâmes Vite, amont, lacs… hauts ; Haste à maux tentâmes ; La… casse ôta… mots. |
fɔʀ ʒɑ̃ tɛ̃ tam aʀ lek ʀit o tʀɔ̃ paʀ œ̃ buk ɛ̃d ɛ maʀ as ev ɛ̃ de paʀ luv ʀe pɛ̃ tam ɛtʀ sə de ka ʃə tɑ̃ nəv o mjø kɛ mɛtʀ pa tʃwœʀk ʀe vɔl tɑ̃ le dik ɔ̃ tam in tɔ̃ na vi klikk lak le tam u tam in ɔ̃ pɛ ne tob lak dis kuʀ twa / ʒɑ̃ tam lek o paʀ buk ɛ as ɛ̃ paʀ ʀe tam sə ka tɑ̃ o kɛ pa ʀe tɑ̃ dik tam tɔ̃ vi lak tam tam ɔ̃ ne lak kuʀ / tam o buk as paʀ tam ka o pa tɑ̃ tam vi tam ɔ̃ lak / o as tam o tɑ̃ tam lak / as o tam / o |
[Voir aussi ce triple sélénet d'Alexandre Carret, selon le même schéma]
P.P.S. du 26/10/22 : dichotomie syllabique inverse selon le schéma de la Chanson d'automne de Verlaine. Chaque partie, séparée par des points de suspension dans le poème, est obtenue en éliminant les syllabes de rangs impairs de la suivante : 1+2+4+8+17+34 = 66 = 3×22.
Dichotomne Les… filés… lais, Ficelés, … laids, L'édifient, Fils heureux lès… Parlers qu'ourlets Modifient. Fi ! là figeait Ce vers. Rejet L'étu…die Par reflet au Cours d'un lento — Monodie. Suffit l'amphi Quand l'amorphe y Piège et tue : Ce gouvernant Retors, gênant, L'effectue. |
lɛ / fi lɛ / lɛ fi sə lɛ / lɛ lɛ di fi fi sə ʀə lɛ / paʀ lɛ kuʀ lɛ mɔ di fi fi la fi ʒɛ sə vɛʀ ʀə ʒɛ lɛ ty / di paʀ ʀəf lɛ to kuʀ dœ̃ lɛ nto mɔ nɔ di sy fi lɑ̃ fi kɑ̃ la mɔʀ fi pjɛ ʒɛ ty sə gu vɛʀ nɑ̃ ʀə tɔʀ ʒɛ nɑ̃ lɛ fɛk ty |
P.3S. du 05/11/22 : sonnet dichotomique de pentasyllabes, selon le découpage 36+18+9+4+2+1 = 70 = 14×5 syllabes, où les séparations de parties sont comme précédemment matérialisées par des points de suspension. Les rimes des quatrains sont volontairement croisées pour qu'ils sonnent comme un sélénet. La brontée est une antique maraca métallique imitant le tonnerre, et le carbet un type de cabane.
Vie brève de Jehanne Dupont D'une arche squattée, J'y gobais l'aube et Tinta la brontée Car la paix flambait. La sainte écartée S'érigeait, nimbait Plus qu'oie entêtée, Qu'un… narquois gibet. Bey, ta bronca rée, Bée incarcérée, Bec ouaté qu'un… quoi ? Bêta carbet carre, Et couaque un… bécarre Qu'arc oit, … carquois… coi. |
dy naʀ ʃəs kwa te ʒi gɔ be lo be tɛ̃ ta la bʀɔ̃ te kaʀ lap e flɑ̃ be las ɛ̃ te kaʀ te seʀ iʒ e nɛ̃ be ply kwa ɑ̃ te te kœ̃ / naʀ kwa ʒi be be ta bʀɔ̃ kaʀ e be ɛ̃ kaʀ seʀ e be kwa te kœ̃ / kwa be ta kaʀ be kaʀ e kwa kœ̃ / be kaʀ kaʀ kwa / kaʀ kwa / kwa |
Marellet
[Robert Rapilly vient de définir
le marellet comme une variante de
protéonet,
dans laquelle les morceaux d'un premier poème sont
mélangés pour en donner un second. Ci-dessous, une
permutation de Queneau-Daniel
effectuée sur douze pentasyllabes donne un quintil d'alexandrins.]
Peu soigné poème Aux versets trop courts, Malheureux problème, Fore un vain discours. Nous, encore ensuite, En improvisons Un bout-rimé : vite Convient les prisons. Alors que la fée, Sans horizons grands Et d'ore, aime Orphée, Souvent je comprends. |
Souvent je comprends peu, soigné poème, et d'ore Aime Orphée aux versets trop courts sans horizons, Grands malheureux ! Problème alors que la fée fore : Un vain discours convient. Les prisons-nous encore ? Ensuite un bout-rimé ? Vite en improvisons ! |
[Voir aussi ces précédents marellets, pas encore baptisés ainsi à l'époque]
P.S. du 23/10/22 : Robert a également ressuscité sous le nom de « gidaille » l'une de ces formes de décembre 2013, en imposant comme Annie Hupé une contrainte de métatextualité, mais avec l'adoucissement que les séquences de syllabes mélangées puissent être à cheval sur plusieurs mots. Ci-dessous, le troisième vers du haïku est obtenu en effectuant une quenine syllabique d'ordre 5 sur le premier (12345 → 51423).
Motif ondulé,
le chaos du temps fait naître
les maux du typhon.
P.P.S. du 27/10/22 : sextine syllabique complète (123456 → 615243), comme en mai 2009
Dès les colimaçons
Sondés mal, l'hélico
Qu'haussons — l'idée l'aima —
M'a collé son délit,
Lime à deck au son laid :
L'élit son mât codé.
P.3S. des 6-7/11/22 : nouvelles gidailles en 5-ines syllabiques (12345 → 51423), l'un des pentasyllabes ne comptant qu'un seul mot.
N'hésitait Roger
à retourner tous ses biens :
générosité.
Téléphonera-
t-il aux révolutionnaires ?
Rater ne les faut !
Tant se mentir : eux
roulent sur la pente d'un
retentissement...
Militer n'a cri
mieux tourné que « Virons votre
criminalité ! »
Si logique, ô toc
de poison ! Tu m'as roulé,
toxicologie.
Mi-logis, notaire
nous embobine avec sa
terminologie.
Maniabilité
du col roulé torsadé :
t'es ma ligne, habit !
Tour se mendiait
au manège — ô merveilleux
étourdissement !
Râlerez qu'au cas
où les chevaux de bois ne
caracoleraient.
Hélicoïdale
est cette route qu'on a
dallée illico.
Circulairement,
l'ancestral Épiménide
ment, si reculé.
(Et que ment typo
à sa rotative, assez
poétiquement !)*
Bonnement, bilan
positif : réitérons
l'embobinement !
Car le rond t'aimait,
les lois métatextuelles
m'écartèleront.
[* Alexandre Carret en a proposé le lendemain
cette superbe variante :
Et que mentit Poe
glissant dans le Maelstrom
poétiquement]
Superstructure astucieuse
(3-bambochade consécutive)
[Sur Twitter, Éric-Marie Gabalda
a suggéré à Noël Bernard une variante
fortement endurcie de sa contrainte des
bambochades d'avril dernier : au sein de
chaque mot, N lettres consécutives de l'alphabet doivent
apparaître dans l'ordre et accolées. Dans le tanka ci-dessous,
j'ai illustré le cas N = 3.]
Stupre défendu !
Damnons costumes stupides,
défauts gestuels !
Stupeur : défilé afghan
déferla, hijabs défaits.
[Voir aussi mes précédentes bambochades]
Minéralogie
[Claude Chautard a
proposé à la
liste oulipo de composer des vers
à partir de la lecture phonétique de
plaques d'immatriculation françaises.
Ci-dessous, j'ai tenté une adaptation de notre sempiternel
Desdichado, en interdisant
les voyelles I, O & U dans les plaques conformément
à la législation actuelle.]
El Mineralógico
(Haché sans vécu)
Ai l'air de sang de jais, — décavé, — sans ses aides,
Hère et mat roi sans cité d'où bleu vais cesser :
Si s'en vint s'étêter décent synthé cassé,
Baissant car hantés feux décèdent.
Sans qu'à tort, zélé Râ, descende des gibets,
Paie hui sensés Édens paissant vin de tes baies
Et mer qu'âtre sent très hellène, double oeuvé
Zée, rose et raucité cuvée.
Descendis d'Écus, ha ! chassant vain Seth avec ?
Apaise héros vaincu, déesse de centre aise ;
J'étais hélas en cette âgée cave et sans Cèze...
Géhenne efface, en soi sente de pays grec,
Agissant si servais cas d'essence égéenne :
Sens saint béat et airs sans haine.
Gégé de Sancet-Eiffel
HS-100-VQ | LR-202-GD | KV-116-ZR | MA-306-TW | CC-620-CT |
TD-105-TK | CB-140-FE | DC-214-LR | AD-102-DJ | BP-800-CZ |
NP-122-TB | MR-413-LN | EW-006-TQ | VD-110-DQ | HA-127-AV |
KP-020-QD | SE-213-GT | LA-107-AG | KV-116-GN | FA-162-PY |
AJ-106-RV | KD-100-CG | NE-105-BA | TR-100-NE | GG-207-FL |
[Voir aussi mes précédents textes alphabétiques épelés]