Contrainte des singletons
[chaque mot contient un et un seul E
— contrainte douce, pour une fois !]
El Desdichado
(Privé de legs)
Je me sens douloureux, veuf, sombre, inconsolé,
Prince en une bastille aquitaine abolie :
Cet univers se meurt, — le cistre maculé
Vêt le soleil de suie et de morne Folie.
En ce tombeau nocturne, étant mieux consolé,
Donnez le Pausilippe et mers en Italie,
Les fleurs que je chéris de ce coeur accablé,
Les ceps lorsque le pampre une rose rallie.
Serais-je Éros, Phébus ?... Magellan, Cicéron ?
Ce crâne est rouge encor de baisers de marraine ;
Je rêvais en cet antre : une ondine se traîne...
Je peux, double vainqueur, passer cet Achéron,
Alternant les phrasés en une lyre orphique
De respiration sainte et tumulte magique.
(imité de Gérard de Nerval)
[N.B.: Quelques jours plus tard,
Patrice Besnard m'a
rappelé qu'il avait déjà
exploré une variante plus dure de cette contrainte le
16/06/07, en imposant
que l'unique E de chaque mot en soit chaque fois
la dernière lettre. Et il avait
lui aussi écrit un
Desdichado comme illustration.
Voir également le magnifique sonnet composé
par Noël Bernard le
08/04/18,
dans lequel chaque mot contient un et un seul U.]
P.S. du 4/4/18 :
Tour à tour amoureux d'une sainte et d'une fée
de Mijoux
dans le Jura,
Gérard Labrunie se le jura
en effet : il leur dédierait un
sonnet
dont chaque mot citerait au moins une lettre de
« mijolandes ».
P.S.2 du 6/4/18, en hommage
anagrammatique à
Jacques Higelin :
Jingle qui sécha,
je gauchis le
qin
P.S.3 du 7/4/18 :
pangramme de 45 lettres
dont chaque mot contient un et un seul Y
Jury olympique dévoyé :
« Cobaye fayot, oxygénez-y
whisky ! »
Doublures contrapuntiques
[chaque mot contient exactement deux U]
Puisque plusieurs couleurs bifurquent dupliquées,
Quelques studieux ouvreurs communiquent toujours
Pourquoi substituer audacieux troubadours,
Époustouflants auteurs, structures éduquées.
Beaucoup accumulaient entourloupes truquées,
Équivoques bouquins, aventureux humours —
Quoiqu'aucun promulguait mutilateurs vautours,
Inquisiteurs moqueurs, fulgurances brusquées.
Quiconque poursuivrait malheureuses lourdeurs
Offusquerait autrui : fumeux baragouineurs
Auxquels subséquemment baudruche surajoute...
Inaugurons surtout miraculeux futur,
Fuguons jusque underground — sublunaire autoroute,
Divulguons goulûment joueur exequatur !
Guillaume Queneau
[Voir aussi le sonnet
Révolution de Noël Bernard,
dans lequel chaque mot contient exactement deux O]
P.S. du 19/4/18 :
Noël Bernard &
Nicolas Graner
ont composé des haïkus dans
lesquels chaque mot
contient
trois O, puis
quatre O. Je leur ai emboîté
le pas avec un tanka comptant cinq I par mot,
puis un haïku comptant six E par mot.
Leur sens est une autocritique de telles tentatives
à la limite.
Initialisions
artificialisation,
idiotifierions
intelligibilité :
inadmissibilité !
*
Dégénérescence
irrévérencieusement
événementielle !
Ballades vocaliques
[Sonnet constitué de deux
ballades vocaliques
successives, chacune de schéma
aeaeeiioio aeaeeiioio aeaeeiioio iioio.
Notez que seul ce schéma est copié sur
la forme ballade, mais ni le refrain de son 10e vers ni
le « Prince » en début
d'envoi n'en sont ici repris.]
Par cet arpège
Pris d'implosion,
L'art désagrège
Ici l'option.
L'âme s'allège,
Gris brimborion,
Si l'injonction
Sage l'abrège.
Vingt-six loriots,
Chasses gardées
D'idiots griots,
Chantent scandées
Fictions : lisons,
Divins oisons !
Texte d'entre fées
[Chaque mot contient exactement deux E
— à part les mots élidés
d'une seule consonne.
J'ai également décidé d'interdire
les autres voyelles que le E (monovocalisme).
Ces deux contraintes ensemble éliminent
99,6 % du vocabulaire français. Elles
rendent aussi les alexandrins plus difficiles lorsque
leurs rimes sont féminines.]
« Tendre Père, cherchez cette gerbe ! émet Belle.
— J'entends prendre l'express entre trente vergers,
Errer entre genêts, chênes d'encre, rejets,
Être certes zélé, bêcher verte herbe frêle. »
Père prête serment, ferre esches, herse, pelle.
Enfer ! Bête défend d'entrer, frères bergers !
Elle hèle : « Cessez péchés même légers,
Serpent d'Éden pervers, zèbre enflé pêle-mêle !
Peste ! devrez céder femme (rêve secret). »
Père tremble, dément, prétend réel regret.
Bête jette : « Mentez, benêt ? Preste, elle crève ! »
... Svelte Belle s'éprend ; Bête l'effet ressent,
Perles, gemmes remet, tente : « Restez, chère Ève ! »
Gente Belle s'étend devers l'elfe présent.
(Thème : Serge Prévert ; versets d'Ernest Beckett)
Sonnets vocaliques (le retour)
Mon sonnet de ballades
vocaliques ci-dessus a relancé l'intérêt
de la liste oulipo pour les
sonnets
vocaliques
proposés
en 2009.
Robert Rapilly leur a tout d'abord
ajouté une surcontrainte :
obtenir les 17
syllabes d'un haïku avec leurs 14 voyelles.
Il a baptisé cette forme
haïkunnet vocalique. Voici un
exemple de ma plume, selon le schéma
ouou ouou aai eei.
Tohu-bohu, sport ?
Un obscur Gaspard Winckler
Décrit W.
Le 18/4/18, j'ai composé
un sonnet vocalique (de schéma de base
aeea aeea iio uou)
qui se trouve être aussi un vrai
sonnet de
monosyllabes
à rimes masculines :
Silence
Chant ! perds vers blancs,
champs pers, verts plants,
cris, gris fonds :
tu fonds, tu.
Le 20/4/18, je suis revenu aux
sonnets vocaliques en prose, toujours selon le
schéma de base aeea aeea iio uou.
Il s'agit d'une sorte d'écriture automatique.
L'agrégé parachève sa vision du cours.
La vendetta l'a mené à l'idiot du bourg.
La mère-grand accepte l'admission du loup.
La peseta n'achète pas vingt-cinq loukoums.
La belle Carla centre sa libido sur l'or dur.
L'armée hasarde ce tas d'histrions sur l'obus.
Arrêtez la fable d'enfants in vitro plutôt nuls.
Farèse parafe certains discours fous_
Enfin, le 21/4/18, j'ai proposé aux
oulipotes d'illustrer collectivement les
120 schémas banvilliens possibles, c'est-à-dire
de forme abba abba ccd ede,
chacune de ces lettres représentant une voyelle
différente. Nos résultats sont
compilés sur
une page
séparée.
Le 22/4/18, j'ai construit ces nouveaux exemples,
plusieurs employant des
mots volontairement longs :
aeea aeea iiu ouo : L'agent empanache l'état civil du bouffon.
aooa aooa uui eie : Pardonnons à l'apostolat du cruciverbiste
auua auua ooi eie : Aux durs travaux sur l'art dostoïevskien
eaae eaae uuo ioi : Le caractère hasardeux du conflit grossit.
eiie eiie uuo aoa : L'héritier légitime d'un duc collabora.
euue euue ooi aia : Le hululement du suspect compromit la diva.
iaai iaai uuo eoe : Incarnait-il l'assassin du drugstore bondé ?
ieei ieei ooa uau : Ils exemplifièrent d'isogonaux calculs.
iuui iuui aao eoe : Dis-tu qu'ici fut Luis avant Jorge Borges ?
oaao oaao uui eie : On garda l'opopanax pour sublimer l'hiver.
oeeo oeeo uua iai : Son entrecolonnement moulurait l'amphi.
uaau uaau ooi eie : Tu n'as aucun garant du prosoviétisme.
ueeu ueeu ooi aia : Tu rééduques l'eurocommissariat.
uoou uoou eei aia : Supportons un ludologue revitalisant.
Sonnets vocaliques des trois jours suivants :
aeea aeea ooi uiu : L'argent égara ce vénal cochon d'impur night-club.
aiia aiia eeo uou : À l'intifada il signale le vol du souk.
aiia aiia eeo uou : Vladimir, maladif, trimballe le nounours.
aooa aooa eei uiu : Macron condamna l'orthographe de « jiu-jitsu ».
auua auua eei oio : L'abrupt hussard ausculta les demi-portions.
euue euue aai oio : Éduquez les futurs renards : apprivoisons !
ieei ieei aao uou : Il dépeignit Enneri Karakourou.
ieei ieei aao uou : Il se prescrivit des petits rahat-loukoums.
ieei ieei uuo aoa : Il entendit in extremis un duo atonal.
iooi iooi aae ueu : Gisons moisis, ô morts-vivants malheureux !
iooi iooi eea uau : Rigolos milli-ondoiements austraux !
iooi iooi eeu aua : Ils ont choisi Kolonie Neu Krauscha.
iooi iooi uue aea : L'impôt-loisir corrompit un mûr self-made-man.
iuui iuui aae oeo : Il fut surpris ; il dut fuir avant le concerto.
iuui iuui ooe aea : Dix gurus minimum subiront son sex-appeal.
oaao oaao eei uiu : Bon, acclamons son karaoké en inuktitut.
oeeo oeeo aai uiu : Poètes, offrons / SVP cet étonnant / haïku si brut.
oeeo oeeo uui aia : Ô frères, prônons ce séjour multiracial.
oiio oiio eeu aua : Sollicitons l'omission des menus canulars.
oiio oiio uue aea : Vois l'îlot voisin où tu t'évaderas !
ouuo ouuo aae iei : Nous supposons qu'Hugo alla se divertir.
ouuo ouuo iie aea : L'obtus butor voulut glorifier l'allemand.
uaau uaau eei oio : Un badaud musardant furète incognito.
uaau uaau iio eoe : Quand as-tu vu San Maurizio del Monte ?
uiiu uiiu aae oeo : Lupin vit un furtif intrus cachant le coffre-fort.
uoou uoou aae iei : Lurons bourrus, osons un franc-parler inédit.
uoou uoou eea iai : Un long, touffu propos que je transcrivais.
auua auua eeo ioi : Auscultant l'ADN du quark, recherchons Minkowski !
auua auua eeo ioi : Au plus, ça vaut l'usage de Coriolis.
auua auua iie oeo : Paul Dukas augurait-il de John Lennon ?
auua auua iie oeo : L'afflux d'un grand fan-club qualifie d'Ormesson.
auua auua iio eoe : Accumulant hauts bluffs, jaillit John McEnroe.
auua auua iio eoe : Dans un club à jazz pullulant s'inscrit Cole Porter.
auua auua ooe iei : Arcturus apparut sur l'astroport d'Einstein.
eaae eaae iiu ouo : Edgard Varèse alarme l'Institut ou non ?
ieei ieei aao uou : Michel Leiris resplendira là toujours.
iuui iuui eeo aoa : Si cucul institut qui vend des bossas-novas !
oeeo oeeo aau iui : Conserve-t-on forcément ton Fanta tutti frutti ?
oeeo oeeo iiu aua : Onze Bretons ont trente-trois chihuahuas.
oiio oiio uua eae : Choisi profond, il discourut d'Alfred Kastler.
uaau uaau eeo ioi : Un rancard fulgurant m'a flanqué ce torticolis.
uaau uaau iie oeo : Quant à l'humus là-haut, ils s'interrogeront.
ueeu ueeu iia oao : Une sépulture détruisit Avogadro.
ueeu ueeu ooa iai : Un nerveux guetteur photographiait.
uiiu uiiu eea oao : Puccini sut fuir l'influence d'Anglo-Saxons.
aeea aeea oou iui : Dans le Débarcadère d'Akondjo, tu t'instruis.
aiia aiia eeo uou : Graniinha Actividade ne connut d'ours.
aiia aiia ooe ueu : Mais Finca Braciliano Roble survécut.
eaae eaae uui oio : Débarrassez Reka Vammelsuun-Ioki tôt !
iaai iaai oou eue : Rit la Kalívia Kariótou grecque.
iooi iooi uua eae : Informons si Mivwongoni Sub-Surface Dam sert.
oaao oaao eeu iui : Dors à São Coração de Jesus, si tu vis.
uaau uaau eeo ioi : Sur Akahufu Akpanundele on vit l'ovni.
Sextine vocalique mesurée
[sextine vocalique
de schéma
aeiouy / yaueoi / iyoaeu / uieyao / ouaiye / eoyuia,
cette fois en pentasyllabes (blancs), contrairement à
l'exemple en prose que
j'avais trop vite impovisé en mars 2009]
Brave inconnu Styx,
Syracuse point,
fit l'hypokhâgneux
qui le rythma donc ;
ô lucratif mythe
de l'or m'y guidant !
Normalisation amicale
[Réécriture d'un
sonnet de
Joséphin Soulary
en respectant deux contraintes. La première est douce
et vient d'être
proposée &
magnifiquement illustrée
par Nicolas Graner sur la
liste oulipo : employer
exactement 220 voyelles et 284 consonnes dans un poème
parlant d'amitié — ces deux nombres étant
appelés amicaux en mathématiques parce
qu'ils sont chacun la somme des diviseurs stricts de l'autre.
La seconde contrainte est assez dure, en revanche,
et elle remonte à 2003 pour mon
premier exemple
sur
les Conquérants
de Heredia : respecter strictement les
fréquences moyennes des lettres en français,
telles que les calcule ce
site de statistiques. Mais comme ces
fréquences précises donneraient 220 voyelles
pour 278 consonnes (ou 227 pour 284) au lieu de 220 pour 284,
j'ai choisi de respecter indépendamment
les proportions de voyelles entre elles, et de consonnes
entre elles. On trouve alors qu'il faut exactement
42 A, 86 E, 36 I, 26 O, 29 U et 1 Y
(pour obtenir 220 voyelles en tout), et 5 B, 16 C,
21 D, 6 F, 6 G, 5 H,
2 J, 0 K, 31 L, 15 M, 36 N, 15 P,
5 Q, 34 R, 41 S, 36 T, 7 V, 0 W,
2 X et 1 Z (pour obtenir 284 consonnes).
Le 30/04/18, j'ai d'abord expérimenté
l'idée sur le même
sonnet de Heredia.
Par rapport aux 500 lettres
pile de ma version de
2003, cette nouvelle double contrainte revient à
supprimer un i et ajouter CLRST.
Il m'a suffi de modifier le premier tercet (et ajouter
un s dans le second) pour y parvenir :
Comme un vol de gerfauts tirés du toit natal,
Fatigués de porter leurs misères hautaines,
De Palos de Moguer, routiers et capitaines
Partaient, ivres d'un rêve héroïque et brutal.
Ils allaient conquérir cet objectif métal
Que le Japon mûrit en ses mines lointaines,
Et les vents appâtés inclinaient leurs antennes
Aux bords mystérieux du monde Occidental.
Au soir, pacte espéré des lendemains épiques,
L'azur, bal de la mer, passeport des Tropiques,
Échauffait leur sommeil d'un mirage doré ;
Peu penchés à l'avant des blanches caravelles,
Ils regardaient monter en un ciel ignoré
Du fond de l'Océan ces étoiles nouvelles.
Vous pouvez vérifier le
décompte précis des lettres
et les 220 voyelles & 284 consonnes.
Mais comme ce poème ne parle pas d'amitié, j'ai
ensuite effectué le même exercice de
traduction sur le sonnet
Un ami
de Soulary.]
Un ami ordinaire
Je n'ai d'ami qu'un chien. Assumez pour quels torts
De ma pugnace main il reçut l'étrivière.
Ce bon chien me sauva, la nuit, dans la rivière ;
Il n'en fut pas plus vain, — suffoquons de remords.
Depuis, une seule âme a scellé nos deux corps.
Quand on m'emportera dans la triste civière,
Ce sage ami suivra dolent au cimetière,
Ballottant tête basse, un cortège des morts.
Les pelles dalleront la fosse. Pauvre bête,
Las d'y flairer le sol, las des pieds à la tête,
Seul au monde, agacé de tel n'entendre rien,
Tu glapiras trois fois ; — je répondrai peut-être.
Si rien ne te répond, hélas ! c'est que ton maître
Est bien mort ! couche-toi, expire, indulgent chien !
[Vous pouvez de nouveau vérifier
le décompte des lettres
et les 220 voyelles
& 284 consonnes. Par construction, les deux sonnets
ci-dessus sont des
anagrammes l'un de l'autre — ce
dernier lien pouvant aussi servir de
patron si vous désirez expérimenter cette
combinaison de contraintes.]
El Normalizado
Je gémis ténébreux, veuf : dam d'inconsolé,
Dupez prince aquitain d'effigie abolie !
Cet unique astre est mort — tel mon luth constellé
Porte maints soleils noirs dans la Mélancolie.
Dans les nuits du caveau, toi qui m'as consolé,
Remets ton Pausilippe et ces mers d'Italie,
Cette fleur qui charmait tant mon coeur désolé,
Et ma vigne où ce pampre à ma rose s'allie.
Perdre Éros plus Phébus ?... Lusignan plus Biron ?
Ma tête est rouge et ride au baiser de la reine
Rêvé dans la caverne où nage la sirène...
J'ai dix-sept fois vainqueur traversé l'Achéron :
Alternant détendu sur la lyre d'Orphée
Des plaintes d'une sainte et des cris d'une fée.
[Même contrainte que celle que j'avais appliquée
aux Conquérants de Heredia
il y a 15 ans, à savoir réécrire un sonnet
en 500 lettres respectant leurs fréquences
moyennes en français (telles que les calcule ce
site de statistiques), c.-à-d. avec
exactement 42 A, 5 B, 15 C,
21 D, 86 E, 6 F, 6 G, 5 H, 37 I,
2 J, 0 K, 30 L, 15 M,
36 N, 26 O, 15 P, 5 Q, 33 R, 40 S,
35 T, 29 U, 7 V, 0 W, 2 X, 1 Y et
1 Z.
El Desdichado a été
plus difficile à « normaliser » que
les Conquérants,
car ses
nombres de lettres diffèrent beaucoup des
moyennes du français (notamment trop
peu de D, et trop de L & O à cause des rimes).
Par construction, ce sonnet et
ma normalisation de Heredia de 2003 sont des
anagrammes l'un de l'autre.
Voir aussi cette normalisation
d'un sonnet de Queneau.]
El Cuadrado greco-latino
Cafards rendront prince obscur qui
Veuf finit — sombra plutôt l'astre.
Livrons onde, humus, grains grenat,
Loin quand Charon rêve d'ichthus,
D'une faux, d'esprits criant cool.
[Cinq octosyllabes blancs dont les voyelles de
chaque mot forment le carré bilatin orthogonal
Aa Eo Ie Ou Ui
Eu Ii Oa Uo Ae
Io Oe Uu Ai Ea
Oi Ua Ao Ee Iu
Ue Au Ei Ia Oo
C'est donc la même
contrainte qu'il y a... 21 ans, mais selon un autre mètre
et un autre carré — en fait équivalent par
des transformations élémentaires.]
Bouleversement épanoui
[Tous les mots contiennent « ou ».
C'est donc un cas particulier de la
contrainte du collier
d'Alain Chevrier, dans laquelle tout mot doit
contenir au moins un « o », et qui autorise
environ la moitié du vocabulaire français. Cette
variante en « ou » n'en offre plus que 8 %,
mais elle reste pourtant relativement douce.]
Pourquoi sous Pompidou soutenions-nous debout
Tout rouge renouveau troublant toute routine,
Enthousiasme inouï, groupes, foule rouquine,
Boulogne-Billancourt où tout ouvrier bout ?
Où courions-nous soudain, louant doux marabout,
Trouvant Goupil, Gainsbourg, Foucault ou Bakounine
Époustouflants gourous : bouge, écoute, bouquine !
Bougre gouvernement pour bourgeois embourbe août.
Nous voulions oublier douloureux boulots louches,
Manitous rigoureux, pouvoirs bourrus, farouches,
Poulets toujours ripoux, outrecuidants discours.
Nous voulions mourir fous, encourageant partouzes,
Amour jouissif, souvent pour boucaner pelouses,
Ouïr humour surtout, oulipiens calembours.
P.S.: humble hommage à l'oulipien qui vient de nous quitter
Cet ingénieur et musagète
impressionna tout exégète :
Paul Braffort
bluffa art pro.
S'inspirant de Fibonacci,
Il chanta des jeux sans chichi :
Paul Braffort
abat ff l'or pur.
Il intimida même Dieu
quand hélas il quitta ce lieu :
Paul Braffort
bluffa trop Râ.
P.P.S.: trois pangrammes
de plus, le premier à propos d'un
ami que j'avais
déjà pangrammisé plus élogieusement
le 14/05/99, mais qui est
devenu
fort négatif avec le temps :
Zalmanski, du vif web ce juge hyper-toxique.
[35 lettres, alexandrin]
Ce toxique Gap vend jerez flambé, whisky.
[33 lettres, alexandrin]
Quel sang froid exhiba Wojtyczek,
vamp !
[32 lettres, décasyllabe césuré 6/4]
Autres formes fixes vocaliques
Pour inclure le Y dans les poèmes vocaliques,
le plus élégant semble de choisir
une forme fixe employant six rimes différentes,
de telle sorte que le résultat soit
panvocalique. En plus de la sextine illustrée
en 2009 et
ci-dessus, il existe certains
pantoums. En voici un vocalique de schéma
uaua aiai ioio oyoy yeye eueu :
Rêve de Borges :
Un jaguar franchira vingt-cinq corridors
d'onyx polystyles hyper-séducteurs.
La terza rima dantesque permet
aussi de placer naturellement le Y,
par exemple avec le schéma
aea eie ioi ouo uyu y :
Jeux floraux recalant
« Mon âme a son secret » :
Arvers a médit des impolis ou snobs jurys du lys.
Le superbe carré latin 5×5
quadruplement orthogonal de la
version anglaise de Wikipedia m'a
donné envie de l'adapter en français, voire de
l'améliorer. Le pangramme de cinq mots (quatre substantifs
et un adjectif) utilisé emploie en effet plusieurs fois
certaines lettres (3 I, 2 J et 2 O), ce qui
abîme la propriété du carré latin
de ne rien répéter dans aucune ligne
ni aucune colonne. Il vaut donc mieux utiliser un
hétéropangramme, et j'ai donc d'abord
proposé d'utiliser l'un de mes
résultats
géographiques de 2008 :
Jax, Pfrentsch, Qwilk, Vogdz, Yumb [26 lettres]
Toutefois, cet hétéropangramme emploie des noms
propres donc nécessite des majuscules, et il ne permet pas
d'illustrer l'ensemble du bas de casse dans les cinq polices de
ce carré latin de Wikipedia. J'ai donc cherché des
pangrammes de cinq substantifs
aussi courts que possible. Sans trait d'union, je n'ai pas
trouvé de solution en français comptant moins
de 32 lettres :
vidéoclip,
fixing, quartz, whisky, jambe
[32 lettres, décasyllabe]
Un trait d'union m'a permis d'égaler la concision
de l'exemple anglais de Wikipedia :
box-calf,
jumping, quartz, whisky, vide
[30 lettres, octosyllabe]
En acceptant non seulement un trait d'union mais même
un adjectif précisant l'un des noms, je suis descendu
à :
gwerz folk,
sphynx,
jab, mi-coq, duvet
[28 lettres, octosyllabe]
Certains de mes plus courts pangrammes de
début 2016
peuvent aussi être transformés en listes de
cinq substantifs employant un adjectif et un trait d'union,
mais moins naturels :
gwerz, bock,
qat, sphynx vu,
mi-fjeld [27 lettres]
sphynx, vit, coq, jam-dub, gwerz folk [27 lettres]
Mais comme au moins une lettre est répétée,
ça reste imparfait pour un carré latin. Contentons-nous
donc de l'hétéropangramme géographique
ci-dessus, en l'écrivant par exemple en minuscules :
jax | pfrentsch | qwilk | vogdz | yumb |
pfrentsch | qwilk | vogdz | yumb | jax |
qwilk | vogdz | yumb | jax | pfrentsch |
vogdz | yumb | jax | pfrentsch | qwilk |
yumb | jax | pfrentsch | qwilk | vogdz |
Comme expliqué sur Wikipedia, chacune des quatre caractéristiques (mot, couleur des lettres, couleur du fond, police de caractères) apparaît une et une seule fois dans chaque ligne et dans chaque colonne. [Le fait d'avoir choisi un hétéropangramme implique aussi que chacune des 26 lettres de l'alphabet latin apparaît une et une seule fois dans chaque ligne et chaque colonne.] Par ailleurs, chaque paire de caractéristiques apparaît une et une seule fois dans l'ensemble du carré. Cela signifie qu'étant données deux caractéristiques, disons la ville de Jax sur fond gris, ou bien des lettres blanches sur fond vert, il existe une seule case les ayant simultanément. Deux cases différentes ont aussi toujours une seule caractéristique commune parmi les six (ligne, colonne, mot, couleur des lettres, couleur du fond, police de caractères).
P.S.: Le 10/05/18,
Frédéric Schmitter
a trouvé cet excellent hétérogramme
de 24 lettres comptant cinq substantifs :
bock, fjeld, gym, quartz, sphinx [24 lettres,
Frédéric Schmitter]
Aucune lettre n'est donc répétée, mais
il manque cette fois les V et W — ce qui n'est pas
bien grave puisque ce sont des formes dérivées du U,
comme le souligne l'auteur.
P.P.S. de trois ans plus tard (29/05/21) :
remarquant que le format de compression de fichiers vidéo
« DivX » figure dans le « Grand
Robert », ainsi que la variante graphique
« kampung » du village indonésien, on
pourrait utiliser dans le carré quadrilatin ci-dessus les
cinq « mots » français
divx, flysch, job, kampung, qwertz [26 lettres]
Les trois autres mots sont en effet autorisés au
Scrabble français. J'avoue toutefois continuer à
préférer les cinq localités monosyllabiques
ci-dessus — ou les cinq substantifs de
Frédéric Schmitter !
[Voir aussi ma proposition d'adaptation musicale de ce carré latin 5×5 quadruplement orthogonal, l'année suivante]
Self-referent sentence
[Monovocalisme en E comptant toutes ses lettres,
dans l'état d'esprit de nos recherches de
pangrammes autodescriptifs
d'il y a 20 ans. Je me suis de nouveau servi du programme C
de Nicolas Graner
implémentant un algorithme de
Jacques Pitrat
— avec la précieuse
aide de Nicolas pour l'adapter à ce nouveau cas.
Il m'a fallu inventer des descriptions
monovocaliques de tous les entiers de 1 à
environ 360. Comme il existe une infinité de
telles descriptions pour chaque nombre, j'ai
intuitivement choisi celles qui me semblaient
les plus lisibles.]
Ce texte renferme trente-sept et trente et trente enlevés de cent B, trente enlevé de sept ensembles de sept C, sept et sept et sept D, cent trente et cent et cent E, sept et sept et sept et sept enlevés de trente F, trente et trente et trente et trente enlevés de cent sept et sept et sept G, trente et trente et trente et trente enlevés de cent sept et sept et sept H, trente et trente et trente et trente enlevés de cent sept et sept et sept J, trente et trente et trente et trente enlevés de cent sept et sept et sept K, sept et sept et sept L, cent enlevé de trente-sept et trente-sept et trente M, trente enlevé de cent sept et sept et sept N, trente-sept et sept enlevés de cent P, trente et trente et trente et trente enlevés de cent sept et sept et sept Q, sept et sept et sept et sept et sept enlevés de trente et trente et trente R, cent sept enlevé de trente et trente et trente et trente et trente et trente S, sept et sept enlevés de cent trente et cent trente T, trente enlevé de sept ensembles de sept V, trente et trente et trente et trente enlevés de cent sept et sept et sept W, sept et sept et sept et sept enlevés de trente X, trente et trente et trente et trente enlevés de cent sept et sept et sept Z.
Les périphrases choisies ci-dessus ne sont
toutefois pas les plus courtes possibles. Les jours
suivants, Nicolas Graner a programmé une
recherche optimisée de tels entiers monovocaliques.
Il m'a aussi suggéré de placer le nom des
lettres avant « enlevés de ».
Voici donc une autre
phrase similaire utilisant ses périphrases plus concises.
Curieusement, le résultat est en fait
un peu plus long, totalisant 960 lettres
au lieu de 949 ci-dessus.
Ce texte se sert de trente et trente et trente B enlevés de cent, trente et trente et trente C enlevés de cent sept et sept et sept, trente D, cent trente-sept et cent trente et trente et trente E, trente-sept ensembles de sept F enlevés de cent trente et cent trente, trente-sept ensembles de sept G enlevés de cent trente et cent trente, trente-sept ensembles de sept H enlevés de cent trente et cent trente, trente-sept ensembles de sept J enlevés de cent trente et cent trente, trente-sept ensembles de sept K enlevés de cent trente et cent trente, cent trente et cent L enlevés de trente-sept ensembles de sept, trente et trente et trente M enlevés de cent, sept et sept et sept N enlevés de cent trente, trente et trente P enlevés de cent, trente-sept ensembles de sept Q enlevés de cent trente et cent trente, sept R enlevés de trente et trente, sept et sept et sept S enlevés de cent, trente T enlevés de cent sept et cent sept et sept et sept et sept et sept, cent V enlevés de trente et trente et trente et trente, trente-sept ensembles de sept W enlevés de cent trente et cent trente, sept et sept et sept et sept X enlevés de trente, et trente-sept ensembles de sept Z enlevés de cent trente et cent trente.
Comme en 1998, on peut aussi supprimer
toute phrase introductive ainsi que l'ultime
conjonction « et » (avant la description
monovocalique du dernier nombre), afin
d'obtenir une autodescription plus « pure »
— mais aussi plus sèche. De nouveau,
le résultat est paradoxalement encore plus long,
totalisant maintenant 988 lettres.
Cent trente-sept et cent sept B enlevés de trente-sept ensembles de sept, trente C, sept et sept et sept et sept D enlevés de trente et trente, cent trente et cent et cent E, trente-sept ensembles de sept F enlevés de cent trente et cent trente, trente-sept ensembles de sept G enlevés de cent trente et cent trente, trente-sept ensembles de sept H enlevés de cent trente et cent trente, trente-sept ensembles de sept J enlevés de cent trente et cent trente, trente-sept ensembles de sept K enlevés de cent trente et cent trente, sept et sept et sept et sept L enlevés de trente et trente, cent trente-sept et cent sept M enlevés de trente-sept ensembles de sept, sept et sept et sept N enlevés de cent trente, sept ensembles de sept P, trente-sept ensembles de sept Q enlevés de cent trente et cent trente, sept ensembles de sept R, trente et trente et trente et trente S enlevés de cent sept et cent sept, sept et sept T enlevés de cent trente et trente et trente et trente, sept ensembles de sept V enlevés de trente-sept et trente, trente-sept ensembles de sept W enlevés de cent trente et cent trente, trente-sept ensembles de sept X enlevés de cent trente et cent trente, trente-sept ensembles de sept Z enlevés de cent trente et cent trente.
P.S. du 13/05/18 : autodescription
bivocalique en I & O
[Les monovocalismes en E constituent environ 1,39 % du
vocabulaire français,
alors que les bivocalismes en I
& O en autorisent 1,24 %. Ils ont pourtant posé
moins de problèmes que ci-dessus, grâce aux mots
« moins » et « fois ».]
On voit ici six moins cinq B, vingt moins trois C, six D, six F, six G, six moins cinq H, trois fois vingt-cinq I, six moins cinq J, six moins cinq K, six moins cinq L, vingt-cinq moins six M, cinq fois dix moins dix N, six fois six moins cinq O, six moins cinq P, vingt-six moins dix Q, six R, cinq fois dix moins trois S, vingt moins cinq moins trois T, dix moins trois V, six moins cinq W, cinq fois six moins six X, six moins cinq Z.
Il reste de nouveau possible d'éviter toute phrase introductive :
Six moins cinq B, vingt moins six C, six D, dix moins trois F, dix moins trois G, six moins cinq H, cinq fois vingt moins vingt-six I, six moins cinq J, six moins cinq K, six moins cinq L, vingt-cinq moins six M, cinq fois dix moins six moins six N, six fois six moins trois O, six moins cinq P, vingt moins six Q, trois fois trois R, cinq fois dix S, trois fois cinq T, dix moins trois V, six moins cinq W, vingt-trois X, six moins cinq Z.
P.P.S. du 14/05/18 : autodescription monovocalique en I
J'inscris I b, II c, I d, I f, I g, I h, XXXI i, II j, I k, I l, I m, II n, I p, I q, II r, III s, I t, II v, I w, IV x, I z.
Les chiffres romains rendent beaucoup
plus facile la construction de tels énoncés
autoréférents, et
l'on peut même les obtenir à la main, sans
programme, en recherchant un point fixe à la Hofstadter.
Cela avait déjà été souligné
par Nicolas Graner le
11/07/97 sur la
liste oulipo, et j'avais pour ma
part découvert seize ans plus tard
cette inscription
dans une fouille.
On pourrait vouloir supprimer ci-dessus les J & W,
puisque les latins ne les avaient pas :
L'inscrit listing mit ici I b, III c, I d, I f, II g, I h, XXXIX i, I k, III l, II m, III n, I p, I q, II r, III s, IV t, III v, V x, I z.
Mais la présence du V = U devient
alors incohérente dans un monovocalisme en i.
Supprimons-le donc lui aussi :
I b, I c, I d, I f, I g, I h, XXIII i, I k, I l, I m, I n, I p, I q, I r, I s, I t, III x, I z.
Rappelons le magnifique minimalisme construit par Éric Angelini en juillet 1998 :
Cinq c, cinq i, cinq n, cinq q. [Éric Angelini]
On peut l'imiter en chiffres romains :
I C, I D, IX I, I L, I M, I V, II X. [Jean Fontaine]
Ce panchiffre romain autodescriptif (que je
viens de retrouver) avait en fait déjà
été obtenu par
Jean Fontaine
le 09/01/00 sur la
liste oulipo.
Nicolas Graner
vient aussi de trouver cette autodescription
encore plus minimaliste :
IV I, II V. [Nicolas Graner]
Proposition de monovocalisme en O, introduisant
son propre système de numération,
mais comptant in fine bel & bien les 21 lettres
autorisées :
Comptons nos blocs dont sort mon propos (grosso modo comptons nos mots). Notons l'oblong googol G, dont on rompt G tronçons. Nommons nos tronçons M — dont G lots font donc mon googol G. Lors composons nos blocs. Sommons M, M ; bon, proposons son nom : B. Sommons B, M : formons T. Sommons T, M : osons Q. Q, M pondront V. V, M font S. S, M font H. H, M font Ô. (On confond trop l'O, non ?) Ô, M font N. N, M font X. Donc V, V font X, hop ! Codons fort : sommons X, X, lors donnons son nom, BX. Profond, non ? Bossons pronto : BX, X font TX ; TX, X font QX ; QX, X font VX. Oh, VX ? Non, trop long, trop con — QX, X font L ! Contrôlons : L, L ? On sort BL ? Non, prononçons C ! Or, stoppons nos flonflons. Comptons nos stocks : Ô hors TX b, M hors BX c, Ô hors BX d, B hors BX f, Ô hors BX g, BX h, M j, B k, BX l, M hors QX m, Q hors NX n, S hors L hors BC o, BX p, N hors BX q, S hors QX r, HX s, QX t, H v, M w, H hors QX x, M z.
P.3S. du 15/05/18 : autodescription monovocalique en U
Tu sus qu'« X » fut lu « un plus un plus un plus un plus un plus un plus un plus un plus un plus un » ; tu fus sûr du cumul : un b, un plus un c, un plus un d, un plus un plus un f, un g, un h, un j, un k, X plus X plus X plus X plus X plus X plus X plus X plus X plus X plus un l, un plus un m, X plus X plus X plus X plus X plus X plus un plus un plus un n, X plus X plus X plus X plus X plus X plus X plus X plus X plus un plus un plus un plus un plus un plus un plus un plus un plus un p, un plus un q, un plus un r, X plus X plus X plus X plus X plus X plus X plus X plus X plus X plus un plus un plus un s, un plus un plus un plus un t, X plus X plus X plus X plus X plus X plus X plus X plus X plus X plus X plus X plus X plus X plus X plus X plus X plus un plus un u, un v, un w, X plus X plus X plus X plus X plus un plus un plus un plus un plus un plus un plus un plus un plus un x, plus un z.
P.4S. du 16/05/18 :
autodescription monovocalique en I
sans présupposer la connaissance
des chiffres romains
Il vit « six » inscrit ; il prit cinq d'ici : il dit « ci-gît l'I » ; il tint d'instinct l'infini listing : cinq tri-b, dix c, I bi-bi-bi-d, I bi-f, I bi-bi-g, I h, vingt-cinq tri-i, I j, I k, I bi-bi-bi-l, I m, dix pris d'I bi-bi-bi-tri-n, I bi-bi-p, six q, cinq tri-r, I tri-tri-s, cinq pris d'I tri-tri-tri-t, I tri-v, I w, six x, I z.
P.5S. du 17/05/18 :
Jean Fontaine a construit ces
deux autodescriptions monovocaliques en A
en utilisant la gématrie des lettres (A = 1,
B = 2, C = 3, ...) comme des chiffres
en base 26
R A, C B, B C, A D, A F,
A G, A H, A J, A K, A L, A M,
A N, A P, A Q, B R, A S, A T,
A V, A W, A X, A Z.
[Jean Fontaine]
Paradant là : p a, h b, b c, b d,
a f, a g, b h, a j, a k, b l,
a m, b n, c p, a q, b r, a s,
b t, a v, a w, a x, a z.
[Jean Fontaine]
J'en ai alors proposé des variantes autodécrivant le code employé :
Attachant A à l'as, B paraphrasant l'amas
d'A à A, C parlant d'amas d'A à B, l'abc
s'avançant sans hasard..., ZA valant l'amas d'A à
Z, ZB narrant l'amas d'X à D, ZC clamant l'amas d'S
à J, ..., ZZA cachant l'amas d'A à ZZ, ...,
l'abracadabrant savant scanda sa math d'apparat :
ZZX a, C à part d'L b, D
à part d'S c, R d,
B f, A g, F h,
B j, C k, N l, C
à part d'L m, P n,
K p, A q, P r,
R s, R t, D v,
A w, C x,
K z.
Attachant A à l'as, B paraphrasant l'amas d'A
à A, C parlant d'amas d'A à B, l'abc
s'avançant sans hasard..., ZA valant l'amas d'A
à Z, ZB narrant l'amas d'X à D, ZC clamant l'amas
d'S à J, ..., ZZA cachant l'amas d'A à ZZ, ...,
l'abracadabrant savant scanda là sa math d'apparat :
ZZX a, J sans A b,
M c, P sans A d,
A f, B g, G h,
C j, D k, M l,
K m, R n, H p,
A q, K r, W s,
P sans A t, D v,
B w, C x,
K z.
Sélénets acrostiches de mots
[Noël Bernard a récemment
illustré de façon magnifique la contrainte de
l'acrostiche de mots.
Elle n'est ni dure ni nouvelle
— cf. par exemple la correspondance de
Musset & Sand, comme le
rappelle Noël. J'ai ici choisi la forme de
sélénets,
en prenant le premier couplet du plus célèbre
comme acrostiche, et en y cachant quelques polysémies. Le
troisième sélénet ci-dessous (strophes
5 & 6) a été composé
par Rémi Schulz juste après le
premier que j'ai écrit (strophes 1 & 2).
Son acrostiche de mots est cette fois phonétique. Je l'ai
déplacé en troisième position pour
respecter l'ordre de la chanson enfantine originale.]
Au coeur d'un immense
Clair-obscur, parmi
De lents pas de danse,
Là s'y dorait mi-
Lune, un jour ou l'autre
Mon deux-mâts versa :
Ami pâle apôtre,
Pierrot s'éclipsa.
*
Prête-nom de l'ombre,
Moi-même j'attends
Ta poigne qui sombre,
Plume tant le temps.
Pour quels cieux devrais-je
Écrire ce chant ?
Un couplet s'abrège —
Mot effarouchant.
*
Mâchant ta besogne,
Délai trop tendu,
Mort de sale trogne,
Te voici rendu.
Genêts sur la lande,
Plu sur le terreau,
De pierre et de cendre,
Feu ledit Pierrot.
(Rémi Schulz)
*
Ouvre, hoir littéraire !
Moi, je n'ai d'espoir.
Ta lyre stellaire
Porte un disque noir.
Pour l'amer glas, suis-je
Amour ou Phébus ?
De foi te dirige
Dieu dans les nimbus.
[Voir aussi ce
télostiche de mots
d'il y a onze ans,
et ces sélénets
acrostiches de mots
ultérieurs.]
Pantrine
[Robert Rapilly vient de proposer une nouvelle
forme
poétique qu'il a baptisée
« pantrine ».
Elle combine la structure de rimes du
pantoum (en ne reprenant
que les derniers mots plutôt
que les vers complets) et la permutation de la
quatrine
sur des mètres (nombre de syllabes
des vers) différents. Voici un essai
de ma plume, avec des longueurs de vers
fibonacciennes
2-3-5-8 / 8-2-5-3 / 3-8-5-2 / 2-3-5-8.
La quatrième strophe reprenant l'ordre initial est
nécessaire pour pour que les rimes cycliques du
pantoum puissent respecter l'alternance.]
La guivre
Sur l'écueil
De son chant m'enivre
Pour m'entraîner dans un cercueil
J'évite pourtant cet écueil
Et bouche
L'accès du cercueil
Puis me mouche
De sa bouche
Sort la berceuse que j'entends
Choir comme une mouche
J'attends
Entends
Torse guivre
Certes tu m'attends
Mais l'hélice des jours m'enivre
Pantrine acrostiche de mots
[Combinaison des deux
précécentes contraintes :
pantrine première (de 3-5-7-11 / 11-3-7-5 /
5-11-7-3 / 3-5-7-11 syllabes) acrostiche de mots,
citant le premier verset biblique de 16 mots
que j'ai trouvé, à savoir
Genèse I 4.
J'ai essayé de cacher la claudication des
hendécasyllabes
en les transformant en décasyllabes 6/4
à césures épiques
— ce qui engendre finalement des
groupes de 3-4-5-6-7 syllabes.]
Dieu merci
Vit-on sans attendre
Que son rêve ait réussi :
La vérité se prise, même peu tendre.
Lumière ta fortune, qu'il faut attendre,
Était si
Bonne qu'on sut sa main tendre
Et rester ici.
Dieu, ta suite en si
Sépara la sensible voix qui s'excentre.
La règle impose qu'ici
Lumière entre...
D'où s'excentre
Avec un merci,
Les beaux jours, un jongleur entre
Ténèbres et baroque lai réussi.
Autres sélénets acrostiches de mots
[à rimes riches]
Je recherche, imite,
Suis l'art qui mêlait
Le défraîchi mythe
Ténébreux mais laid,
Le luth et l'insigne
Veuf intolérant :
L'hirsute consigne
Inconsolé rend.
*
Le seul exutoire,
Prince charmant, chou,
D'un tel territoire —
Aquitaine, Anjou,
À quel mâne y vêle
La vache en lovant
Tour de manivelle
Abolie au vent ?
*
Ma littérature,
Seule intox, tant d'art
Étoile et rature :
Est-elle standard ?
Morte chut la brise
Et m'estourbit, vois :
Mon au-delà brise
Luth comme biwas.
*
Constellé poème,
Porte d'illusions,
Le fêlé Poe aime
Soleil et visions.
Noir trou circulaire
De tout spoliait :
La crépusculaire
Mélancolie est.
[Voir aussi les
sélénets acrostiches
composés par
Robert
Rapilly selon une variante de cette contrainte]
P.S. présenté le 31/05/18 :
texte en descente de Perec ; en ce
sélénet, les « L' » et les
termes emmenés se recensent ensemble.
Je tente, je teste,
Cherche tellement,
En ménestrel preste,
Même véhément.
Temps de déshérence :
L'Éternel me vend —
Et très cher, je pense,
L'éphémère vent...
P.P.S. du 01/06/18 : sélénet
acrostiche de mots accumulant autant d'homographes
que possible. En particulier, « content »,
« sort », « est »
et « rempli » (synonyme peu
courant d'ourlet) changent de sens par rapport à la citation
d'Andromaque de Racine.
Je vois l'heur verdâtre :
Meurs au top ! Les ans
Content leurs vers d'âtre
Et pas trop plaisants.
Mon ombre chenue
Sort de ce pseudo-
Est, ourlet de nue,
Rempli de rideau.
P.3S. du 08/06/18 :
Robert Rapilly a eu l'idée de
cacher des noms propres dans des
sélénets,
sous forme de calembours. Voici un exemple de ma plume,
dans lequel
j'ai continué à respecter la contrainte
de l'acrostiche de mots, explorée
depuis mai
sur la liste oulipo. Le nom propre sous-entendu
est bien sûr celui de l'auteur de
la phrase en acrostiche :
Théodore Agrippa d'Aubigné.
Les mots ont choisi seuls
ce qu'ils avaient envie de dire ; en ce qui me concerne,
j'aime la mer et l'été !
Bronzage
La météo dore,
Peste ! et s'agrippa :
N'importe qui, d'ore,
Aura l'air sympa.
Plus de daube ignée,
De hâles, surtout
Vous, carne alignée :
Miséricorde, août !
[Voir aussi ces autres sélénets acrostiches de mots]
Sonnet acrostiche de mots
[citant de bas en haut deux messages
d'Orphée de
Cocteau]
Reculons sans rire
À l'antique ouvroir,
Vite car n'inspire
Plus ce réservoir.
Va-t-on nous prescrire
Silence au manoir ?
Le cosmos empire,
Davantage noir.
Réfléchir aux craintes
De neuves contraintes
Bien pleines de biais.
Feraient-ils s'épandre
Miroirs d'encre et cendre,
Les chantres inquiets ?
Sélénet carrollien
[Même
contrainte qu'il y a sept ans, mais avec des vers plus
courts : les mots-rimes
changent d'une seule lettre à chaque ligne
(doublet de Carroll) en respectant pourtant
l'alternance. Et deux rimes non voisines diffèrent
d'au moins deux lettres. Cette fois
plus rien à voir avec les acrostiches de mots des
précédents sélénets.]
Vamp Une âme radine M'a tant rapiné Comme une lapine Je suis laminé Car cette gamine Au coeur géminé Tout espoir démine Même démené
Logo-rallye carrollien II
[Il y a quatre ans, j'avais imaginé l'histoire
de deux soeurs, Louise & Carole, dans
un long logo-rallye en prose.
Comme ces deux prénoms ont le même nombre de
lettres, j'ai demandé à
cet excellent programme de
Nicolas Graner de trouver un
chemin carrollien minimal entre les deux, et la solution
se trouve être unique.
Ses quatorze étapes intermédiaires m'ont
donné envie de composer un sonnet,
dans lequel les noms communs
louise
et carole
sont volontairement absents,
mais sous-entendus aux premier et dernier vers.]
Page invisible
Une Helvète au coeur
lousse arrive sur la piste.
Aussitôt l'amour
pousse en l'humble balayeur,
Car dans ce cirque il poutse — emploi guère payeur —
Tremplin, trapèze et poutre. Eh oui, c'est le lampiste.
Quand la belle se poudre et sourit au harpiste,
Le pauvre cherche à pondre un sonnet bien meilleur.
Lorsqu'elle ose se pendre aux agrès sans frayeur,
Lui craint plutôt de perdre un rêve d'utopiste.
Monsieur Loyal
pérore et flirte ouvertement
Avec chaque
pécore — odieux comportement.
Notre larbin
picore en l'art de l'écuyère :
« Tes yeux que je
picole un jour me comprendront,
Ô ma verte
pirole, ô ma rose bruyère,
Donne-moi ta
parole et viens danser en rond ! »
Consepts
[Fred Chouip a défini la notion de
consept (avec un s central)
sur la liste oulipo : il
s'agit d'un énoncé polysémique
de sept mots, l'un de ses sens fournissant
une connerie.
Voici quelques exemples de ma plume.]
• Libérons les potentialités littéraires, prisons des contraintes !
[d'après ces homographes]
• Mets-toi à table devant un avocat.
• Ici ou là nuit tout échanson gris.
[homophonie
d'un proverbe]
• Ils se contrebalanceraient de tout leur poids.
[obèses à l'aise, employant le plus long mot ambigu que j'ai trouvé]
• Le dentiste ramène sa fraise au restaurant.
[au moins trois sens possibles pour la
fraise]
• Le carré de l'antipode conjugue tout.
[exemple de jargon mathématique, d'après un
véritable théorème]
• Une matrice se décompose en éléments propres.
[autre exemple de jargon mathématique, évoquant
Une charogne de
Baudelaire]
• La grande Europe a la personnalité juridique.
[exemple de jargon législatif, d'après
l'article I-7 de la constitution européenne,
en évoquant une
amante de Zeus]
• Les hommes pieux restent plantés au prieuré.
[d'après ces homonymes]
Anesthésie
[Le même Fred Chouip que ci-dessus
a aussi proposé & illustré le
19/06/18 ce qu'il a
nommé la « contrainte anesthésiante (ou
contrainte paradoxale de la sieste) ». Il s'agit
d'un lipogramme en iklvwxz, n'employant donc
que des lettres contenant des « courbes
réconfortantes », comme il l'écrit.
Voici un Desdichado de ma plume,
dans lequel j'ai
cherché à coller à l'original, sans ajouter
davantage d'allusions à l'anesthésie car il
me semble y en avoir assez. Comme Fred Chouip,
j'ai supprimé les majuscules, ainsi
d'ailleurs que les tirets de Nerval et le trait d'union de
« sud-ouest », afin de respecter
la contrainte même dans ces détails.
Le lipogramme peut être vérifié
sur cette page.]
un desdeñado
(un bafoué)
je reste enténébré, morose, abandonné,
monarque du sud ouest à tour fort abattue :
mon obscur astre est mort, mon théorbe étonné
porte un sombre cosmos en mon cafard qu'on tue.
dans ce tombeau nocturne, âme ayant pouponné,
rends donc nos mer du sud et montagne pentue,
ce bouquet charmant tant mon coeur désarçonné
où ce noeud d'une rose au pampre s'effectue.
être amour ou phébus ?... bohémond ou byron ?
mon front est rouge encor d'embrasser sans ménage ;
je songe dans un antre où cette nymphe nage...
et j'ose outrepasser accort cet achéron :
fredonnant tour à tour sur des harpes d'orphée
ronronnements sacrés et chansons d'une fée.
gérard de neurone
P.S.: Noël Bernard et
Jacques Perry-Salkow se sont lancé
le
défi d'anagrammatiser
le nom de la cantatrice
Elisabeth Schwarzkopf. Voici deux
énoncés que j'ai proposés :
La diva ne dédaignait pas les chapeaux
en fourrure ni les paillettes :
Showbiz, chapka, reflets.
Mais bien que les mélomanes &
pangrammistes l'apprécient,
sa jeunesse politique ne fut pas limpide :
Bref, hop chez l'swastika !
P.P.S. du lendemain : Pour corser encore
davantage la difficulté, j'ai proposé à la
liste oulipo d'anagrammatiser
le nom du génial physicien
Karl Schwarzschild.
Voici trois solutions de ma plume, la première
ajoutant le second prénom (Siegmund)
du savant, la deuxième en anglais argotique, et la
troisième avec des élisions inspirées
d'une trouvaille bafouillante & lipogrammatique en E de
Jocelyn Étienne :
Demandons aux copains de conserver leurs repas froids
aux petites crevettes :
Chums, gardez sandwichs-krill !
Aucun humain n'a jamais dit « trucs » sur un
ton traînant :
Zilch drawls
"charks".
L'abus d'alcool conduit à l'accumulation du son caduc,
à
l'instar d'un tsunami nihilisant, trou noir sans
signification :
L'kirsch :
l'raz
d'schwa.
P.3S. du 05/07/18 : anagramme de
Wilhelm Apollinaris de Kostrowitzky dit Guillaume Apollinaire
Portez un whisky
lowland malt à l'orgie du lillois militaire à képi
Il est plus facile de construire des listes d'animaux, comme dans
notre arche de Noël
Arnaud d'il y a 21 ans, par exemple pour son nom seul (sans
son pseudonyme) :
Daw, kiwi,
krill, moa, pythons et zorilles.
Sonnet à vocabulaire limité
[Sonnet à rimes riches respectant l'alternance,
sans répétition d'aucun mot
significatif, et puisant son vocabulaire exclusivement
parmi les 175 mots
les plus féquents du français, d'après
cette liste du linguiste
Étienne Brunet.
Le détail des contraintes choisies est donné dans
ce message à la
liste oulipo,
et l'ordre des mots-rimes est notamment fixé
d'après la liste d'Étienne Brunet.]
Parler pour ne rien dire
Vieux monde dans la nuit, il semble temps de prendre
En main ton autre vie et sortir sans avoir
Encore bien compris, rester jeune, pouvoir
Connaître quelque peu ce que tu crois entendre.
Sur notre terre alors quel bon dieu va te rendre
Un petit coeur d'enfant, deux yeux qui pensent voir
Le jour comme de l'eau, même jusqu'à vouloir
Tout d'un coup ou donner cent mille ans pour attendre ?
Quand l'heure passe ainsi, regarde-la venir
Te demander trois fois si l'homme va tenir :
Devenir moins que rien, puis ne plus jamais être ?
Arrive devant toi le moment de devoir
Trouver le mot qu'il faut, sentir vers où le mettre :
L'air répond par ta voix qu'il aimerait savoir.
P.S. du 09/07/18 : autre sonnet selon les mêmes contraintes
Leur première fois
Un jeune homme à vingt ans aimera toujours prendre
La main de cette fille aux grands yeux pour avoir
L'air d'un petit monsieur, qui semble ainsi pouvoir
À jamais dans sa vie avec elle s'entendre.
Comprends-moi, belle enfant, à deux nous allons rendre
Notre monde aussi bon que le jour ; sortons voir
Trois cents terres et mers ou mille dieux vouloir
Ici nous faire femme et mari sans attendre.
Je te demande encor si tu penses venir
La nuit chez mon vieux père et quelque temps tenir
Le coup, même devant la chose qu'il croit être.
Parle-moi ! Ta voix sent le moment de devoir
Me répondre un seul mot vers où mes heures mettre :
Alors ton coeur dira ce qu'il me faut savoir.
Pour finir, une réalisation
« conceptuelle », prenant le contrepied de
rares oulipotes littérairement réacs.
Le vague sens qu'on y perçoit par hasard me fait penser
aux troubles du langage dont j'ai été témoin
en
fins
de
vies. Malgré le
signifié a priori aberrant, ça contient donc un
peu d'émotion, en tout cas pour moi.
Vieux monsieur
Le d'un et n'à je son qu'il se qui ce dans prendre
En du pour elle au pas vous par sur fait avoir
Plus dit me mon on lui nous comme mais pouvoir
Avec tout y va bien où sans tu leur entendre
Ou si deux hommes moi mari te femme rendre
Quand grand celui-là jour notre même rien voir
Votre petit encore aussi quelque vouloir
Dont mer trouve temps ça donne peu faut attendre
Sous parle alors main chose yeux ton passe venir
Vie autre après toujours regarde puis tenir
Jamais cela non heure aime croit cent monde être
Donc enfant fois seul vers entre chez très devoir
Demande jeune car jusque moment ni mettre
Reste père répond tête fille savoir
P.P.S. du 10/07/18 : sonnet surréaliste selon
les mêmes contraintes. L'idée a été de
respecter la grammaire en combinant des mots qui vont aussi mal
que possible ensemble.
Intermédiaire donc entre les sens suivis et le non-sens
des trois précédentes versions.
Tu comprendras cela
Quels yeux de cette terre aux jours nous faut-il prendre
Quand les trois mains de Dieu semblent se faire avoir ?
Pour connaître chez l'heure une eau jeune et pouvoir
Regarder quelque nuit, demandons à l'entendre.
Son vieil enfant des mots sans tête aime lui rendre
Tout ce qu'on répondra mais qui n'a rien à voir,
Car entre nos deux coeurs leur monde dit vouloir
Peu d'ici, moins de là, ni grand chose en attendre.
Comme votre maison pense toujours venir
Jusqu'aux vingt mille mers puis encore tenir
Ainsi d'autres messieurs, que croirez-vous donc être ?
Alors mes quatre voix sous l'air seul vont devoir
Passer contre ce temps plus très beau, puis y mettre
Cent hommes si petits qu'ils trouvent où savoir.
[Voir aussi mes précédents
textes à
vocabulaire
limité, et
les
sonnets
composé par Noël Bernard selon les mêmes
contraintes que ci-dessus]
P.3S. des 11 – 15 juillet 2018 :
Généralisons la méthode S+7 de Jean Lescure à toutes les catégories grammaticales,
même les mots-outils, et utilisons la
liste d'Étienne Brunet comme dictionnaire.
On trouve alors que la première moitié de cet énoncé
(inspiré de Jean Ferrat)
donne la seconde par décalage de 7 :
Le
poète a ensuite raison : « Ma
réalité vient en paroles. »
Un décalage de 6 transforme aussi le
célèbre alexandrin monosyllabique de
Racine
Le
jour n'est pas plus pur que le fond de mon coeur.
en une prose qui reste assez poétique :
Des
yeux même voient tout encore gris ; puis des
lumières sur toute maison.
Plusieurs décalages d'une même phrase peuvent
aussi engendrer de bizarres poèmes en prose,
par exemple ce faux sonnet (dans le même
état d'esprit anticonformiste que
ci-dessus) :
Certain marché chaud subit tant plusieurs maisons sèches,
Toute direction étrangère saute ici chaque terre moyenne.
D'autres ponts secrets coûtent enfin nul air meilleur
D'armes véritables, chassent alors mes fois impossibles.
Plusieurs trous clairs rapportent maintenant d'autres coups ouverts.
Quelque poste frais éteint ainsi ton coeur vivant.
Un paysan beau enlève même sa vie naturelle ;
Sa chair particulière rejoint tous ces yeux gris.
Ma réalité vaste interrompt toujours leur moment prêt.
Ton principe mort recommence moins tout an vif.
Ce succès vide ramène encore de l'heure faible.
Tel ventre digne révèle déjà certaines voix supérieures :
Leur confiance nue éloigne jamais notre tête large.
Le poète inconnu compose là une chose étrange.
J'ai aussi expérimenté des décalages dans la
liste de Brunet sans respecter les
catégories grammaticales, mais il est évidemment
encore plus difficile d'obtenir
des résultats faisant sens.
Juste un exemple dans lequel la seconde ligne est
obtenue de la première par un canonique décalage
de 7 :
Son coeur froid terminait son âge, et s'en gardait de se plaindre
du dieu sombre hors du rêve, qu'au poète personne ne préférait.
Sélénets holorimes pâtissiers
[Robert Rapilly a relancé la mode des
sélénets
holorimes sur la
liste oulipo.
J'ai immédiatement emboîté le pas à son
sélénet pâtissier
avec ces deux de
ma plume — c.-à-d. ces quatre quatrains.]
Échoua l'âcre : aime
En play-back l'Ava,
Et chou à la crème
Ample et baklava !
Gâteau de fromage,
Perle à bavarois,
Gâte ode : oeuf, rhum, ah je
Perds la bave à rois !
*
J'eus deux francs : j'y pane
Beau (sauf arbres). Ton
Jus de frangipane
Bosse au far breton.
Le repas n'étonne,
Donc le beau-père a
L'heureux panettone
Dont club-opéra.
Holorimes asymétriques
[Nouvelle
idée de contrainte
paradoxale : composer un distique d'alexandrins aussi
dissymétrique que possible, comme dans le
concours d'Alphonse Allais
de fin 1901,
mais faire en sorte que les deux vers soient
holorimes.
Voici quatre propositions de
ma plume. La première combine rime
hétérosexuelle et homophonie atroximapive.
La deuxième reprend une
idée typographique
de 1999 avec un titre macrocéphale
et allitéré. La troisième emploie le
mot hexasyllabique le plus court que j'ai trouvé,
et auto-illustre que les grandioses espoirs de certains
poétereaux s'achèvent parfois
au ras des pâquerettes. Enfin, la quatrième
cite une île perecquienne dans un court
alexandrin sans hiatus, dilaté au second vers en une liste
incohérente dont l'exégèse
est laissée en exercice au liseron !]
Miséreux priant dans la poussière, privés même de drogues
50697
Saints ! — quand eux, mi-loess sis, sans khats : revint disette...
Un raz-de-marée suffirait pour réduire nos richesses à trois fois rien
Ferme est l'apparente aise où, vrai, l'aigue yeux met :
)«
Impuissance créatrice
Ah ! secs suent alités qu'arts hantent ! — sans t'y mettre,
asexualité, 40 cm
Invocation en Terre de Feu
Océan idéal, aéré W,
Eaux, saie, ans, nids, dais, halle, ah ! haire — aide aoûts bleus ! — vêts !...
P.S.: Apprenant
à l'instant l'existence
du mwotlap, langue
du Vanuatu,
je succombe brièvement à ma
pangrammite :
Ce mwotlap qui voyage en zef hors du juke-box
[36 lettres,
alexandrin si « juke-box » se prononce
à l'anglaise en deux syllabes]
Du coup, j'ai ensuite trouvé plus court en me servant
de l'un des noms d'une langue camerounaise :
Désir vif : conjuguez le mythique ex-bakpwe !
[35 lettres, alexandrin]
Liaisons
[Latelio a proposé à la
liste oulipo d'accumuler autant de
liaisons que possible.
Comme la mode était aux holorimes à ce moment-là
(cf. ci-dessus),
j'ai commencé
par composer un tel distique sans aucune
liaison dans son premier vers, mais
avec le maximum de 11 liaisons dans le second.
L'holorime présuppose que l'on
dénasalise les liaisons comme en prosodie
classique.]
De retour en Angleterre, Greystoke se
passionne dès l'été pour l'orfèvrerie
Cantonné tant nord, zou ! toi, Tarzan, ne zonait.
Quand on est en ors, août oit arts : en eux on est !
[J'ai ensuite composé un
Desdichado dans
lequel tous les mots sont liés —
même à la rime, avec le premier
mot du vers suivant. Cette contrainte peut
être considérée comme une variante plus
dure des aconsonantismes
initiaux.]
Exhérédation
On est un ombrageux, — un amant orphelin,
Un infant aquitain aux orgues abolies :
Astres éteints alors, un archet opalin
Emplit éclats obscurs en autres Embolies.
Aux aveugles enfeus, oint aux aides enclin,
Offrez ultramontains océans, embellies
Ixias ivres envers un esprit alcalin,
Aramons alliés aux ocres ancolies.
Induit-on Apollon ?... Un ardent Obéron ?
Occiputs empourprés en autres embrassades,
Ils imagineront amphibiennes oeillades...
Alors en enjambant altier un Achéron,
Itérons instamment aux archiluths orphiques
Amples exclamations après airs angéliques.
Edgard Alezan
El Confortador
[Anagramme
isocèle
d'« El Desdichado »,
prenant le point de vue potentiel de la
bonne âme coincée dans la nuit tombale.
C'est une paraphrase du début de « Pour
finir encore » de Beckett. Le rectangle
formé par ces lignes fait allusion à la
fois au « cubisme » de ce texte, puzzle
constitué de bribes démultipliées, et à
ce rôle de « miroir » que peut jouer la
littérature subtile : elle est d'autant
plus riche que le lecteur s'y plonge !]
Pour terminer encore crâne seul dans le noir total lieu tapi front posé sur une latte pour commencer là. Longtemps pour commencer le temps que se gomme le lieu suivi de la latte bien après. Tête pour finir seule dans le noir total à l'ahan sans gorge ni boyaux seul l'ultime cube boîte dans le noir total le vide total. Box de quelques restes où jadis dans le noir vide total luisait de loin en loin le halo d'un reste loti là. Reste là de jours du jour jamais halo si faible que le leur halo à os aussi pâle. Encore se remet à se faire pour finir os à valoir lieu ultime au lieu de s'éteindre crâne à l'aléa auréolé.
Duo lié
[Alexandrins de longueur variable
(ALVA) permettant d'intervertir
les quatrains & tercets
sans problème de rime ni de rythme, à
condition de bien placer leurs diérèses
& synérèses.
Le stratiome
est un type de mouche, et le
méningiome
une tumeur au cerveau.]
Louable diérèse aux pieds dilatés
D'arachnide jouant avec notre idiome
Onctueux ou mieux splendide stratiome,
Épanouis-nous donc en tes vers ouatés !
Obtiens-nous tes doux miels si fruités,
Sans entrave fais-nous ouïr ton axiome
Anesthésiant tout grave méningiome
En mariant bien les curiosités.
Piètre diérèse aux pieds dilatés d'arachnide
Nouant ainsi notre idiome inquiet et puis sordide
Stratiome, éconduis-nous donc en tes vers ouatés !
Préviens-nous des flous ciels peu souhaités par le brave,
Fais-nous fuir tout axiome occasionnant un grave
Méningiome et charriant bien des puérilités.
[Antécédents personnels aux similitudes plus ou moins directes]
Lipogrammes antiréférentiels
[Contrainte douce, pour une fois, juste pour le plaisir
du concept anticonformiste,
prenant le contrepied de ces
monovocalismes :
les descriptions de chaque voyelle
sont des lipogrammes en cette voyelle. J'ai imposé
la présence des quatre voyelles
autorisées dans chaque vers. Les deux premiers vers sont
ceux de Rimbaud, sans
modifications. Ils contiennent les cinq voyelles,
et le premier inclut même le Y, ici
volontairement le seul du sonnet.]
Vocaliques
A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu : voyelles,
Je dirai quelque jour vos naissances latentes :
A, noir corset velu des mouches réfringentes
Qui bombinent près des pestilences cruelles,
Golfes d'ombre ; E, lait pur d'abstraits brouillards ou plants,
Poignard d'un pic, rois blancs, frissons d'alpins cocktails ;
I, pourpres, sang craché, bonheur des lèvres belles
Dans la colère ou les extases repentantes ;
U, saisons, vibrements divins des mers virides,
Repos des champs semés de bêtes, paix des rides
D'alchimie imprimée à de grands fronts hagards ;
O, suprême Buccin plein des strideurs étranges,
Silences traversés des Univers et d'Anges :
Fin d'alphabet grec, mauve éclat de Ses Regards !
Arthur Reimbod
P.S. de l'année suivante : en reparcourant
les archives de la liste oulipo, je me suis
rendu compte que Rémi Schulz avait déjà
illustré cette contrainte le
22/11/2006,
d'après le même poème
de Rimbaud et pour la même raison
« anti-monovocalique ».
Moralité sous forme de haïku anagrammatique :
Feuilletage prouve :
Gef eut avoué piller —
L'oeuvre fut plagiée.
Robert Rapilly m'a aussi rappelé,
par la même occasion, ses
quatre lipogrammes rimbaldiens
de janvier 2012 (le premier provoqué par la
dégradation
de la note phynancière de la France).
[Voir aussi cette autre traduction paradoxale du même sonnet]
Nouvelles antiréférences
[sonnet respectant la dure
contrainte
du
snob,
dans laquelle
deux mots voisins n'ont pas le droit
d'avoir de lettre en commun,
mais dont le thème parle au contraire
d'imitation des voisins]
La misère du conformiste
J'ai voulu m'intégrer au monde par chichi,
Ressembler au voisin à l'opinion calée,
Finir comme un richard en ma cour installée ;
Du topo malherbien j'ai le goût rafraîchi.
Une fois m'ébahit un tel Mamamouchi
De sa chouette villa toujours inégalée ;
Or j'admirais plutôt sa chic peau fort halée,
Donc ma bidon pâleur m'avait presque avachi.
L'Africain s'approcha de moi ; bref, sans qu'il bronche,
À l'instar d'un Zelig, j'ai su noircir ma tronche.
Puis voyageant plus tard sous l'astre du Japon,
Chez ma copine fus-je un homme pas médiocre
À brider nos yeux fins, à m'orner du teint d'ocre.
Suivant l'ivre nana, je portai le jupon...
Willy Ménard
La contrainte de la médaille, inventée par Annie Hupé en novembre-décembre 2013, impose le « principe de Roubaud » dans sa définition même : le sens du haïku doit évoquer la notion de retournement. Voici donc quelques « anti-médailles », évoquant au contraire l'absence de changement.
On peut aussi imaginer une médaille à une seule face, comme dans la pénultième nouvelle du « Livre de sable » de Borges :
Conformisme ?
Ce paragraphe respecte quatre contraintes douces : le « premier principe de Roubaud » dans sa version explicite ; des lignes « isocèles » avec cinquante caractères ; cette « contrainte amicale » (donnant deux cent vingt voyelles & deux cent quatre-vingt- quatre consonnes) habilement illustrée par Nicolas Graner récemment ; et ce que Chevrier avait appelé « contrainte sympathique » quinze ans avant (telle que deux termes voisins aient une lettre en commun ou plus). Quelques lettres sont aussi absentes par hasard (trois pas courantes) mais les indiquer ici serait interdit. Certes, pourquoi faire ni nouveau ni audacieux ? ;-)
Postprépositions
Nouvelle combinaison de contraintes
proposée & illustrée
par Robert Rapilly sur la
liste oulipo :
composer des octosyllabes anagrammatiques & isocèles
se terminant par une préposition à la rime.
Comme Robert, j'ai commencé l'expérimentation
par un simple distique :
Au vocal style ouvre ton bec Trouve un octosyllabe avec !
Ayant repéré sur Internet une liste d'autres
prépositions apparaissant parfois en fins
de phrases
(et se comportant alors comme des adverbes), j'ai
suggéré de construire tout un sonnet selon ces
règles. Robert a immédiatement
relevé ce difficile défi,
et cela m'a donné le courage de
m'y lancer
aussi le lendemain :
Tard au plumier, vrac/net selon Las ! pauvre lent rimeur codant Ce roman plus du travail entre, Paradeur, il muscla ton ventre, Mais crut le verrou là pendant. L'apiculteur vendra sa montre — Pleurera morts d'un ciel avant, Si l'amer coeur parlant du vent Se plaint du mur ravalé contre. OEuvrant à clamer l'indu, prêts Du ver contraint, allume après. Vlan, tu ponctuas mal derrière. Ru pluvial, Nostredame, art nec Plus ultra, dont creva manière, Tu rendras plain leur mot avec. Laurent (Marcel) von Art-Depuis
Vers anancogrammes
[Sonnets imposant la présence de
certaines lettres dans chaque vers, les autres lettres
étant autorisées mais non obligatoires.
Le poème original
de Nerval plagiait cette idée par anticipation,
puisque tous ses vers contenaient au moins une fois
les lettres de l'interjection espagnole
« olé ».
Philippe Saint-Raymond l'a
élégamment réécrit
de telle sorte que les six voyelles
AEIOUY apparaissent dans chaque vers.
Dans la première version ci-dessous, j'ai
imposé les onze lettres les plus fréquentes du
français : les célèbres ESARTINULOC
chères à Perec. Au contraire, les deux lettres les
plus rares, K et W, sont obligatoires dans chaque vers de la
seconde réécriture. Elle a du coup un air de
famille avec nos précédentes pangrammisations de
poèmes,
strophes et
distiques,
ainsi qu'avec cette plaisanterie
« Canada
Dry ».]
Letras de un Desdichado
(Un Déshérité vocal)
Je suis le ténébreux, — l'amer, — l'inconsolé,
Le prince de Gascogne à la tour abolie :
Ma seule étoile est morte, — et mon luth constellé
Porte le soleil noir d'une Mélancolie.
Dans l'ombre du tombeau, toi qui m'as consolé,
Rends-moi ce Pausilippe et la mer d'Italie,
La fleur qui plaisait tant à mon coeur désolé,
Et la treille où la vigne à ces roses s'allie.
Être Amour ou Phébus ?... Lusignan, duc Biron ?
Mon front est rouge encor du baiser de la reine ;
J'ai rêvé dans la crypte où nage la sirène...
Et j'ai deux fois vainqueur traversé l'Achéron :
Conviant tour à tour sur la lyre d'Orphée
Les soupirs de la sainte et les cris de la fée.
Joe Curtis de Nerval
[Voir aussi cette réécriture d'un sonnet de Queneau selon une contrainte très voisine]
El Desdichado de Kuwait
(Le Drawback)
Je suis l'âme en break-down, — le veuf, — l'inconsolé,
Le prince new-yorkais à la tour abolie :
Tout kilowatt est mort, — et mon luth constellé
Porte le K-way noir de la Mélancolie.
Dans la nuit du network, toi qui m'as consolé,
Rends-moi le Mont de Kaw et la mer d'Italie,
Le kiwi qui plut tant à mon coeur désolé,
Et la treille où la rose au whisky se rallie.
Suis-je Amour ou Phébus ?... Karl Schwarzschild ou Biron ?
Mon wok est rouge encor du baiser de la reine ;
J'ai rêvé du snowpark où glisse la sirène...
Et j'ai franchi deux fois en rickshaw* l'Achéron :
Modulant le patchwork, sur la lyre d'Orphée,
De gwokas de la sainte et de cris de la fée.
Gérard Labrunswick
* « rickshaw » plutôt que « wakeboard » pour éviter la question de la prononciation des E muets anglais.
Poème baveux
[Réécriture du
Desdichado de Nerval
n'autorisant que les consonnes phonétiques
labiales [bmp] et labiodentales [fv]
— en plus des voyelles & semi-voyelles. C'est
donc le négatif consonantique de la contrainte du
ventriloque, que
Latelio vient
d'illustrer sur le même sonnet.]
Obvio pufo
(Mauvais paiement)
Infant bafoué, — veuf, — à Pau fief abîmé,
Où biffée abbaye en ma boue est vomie :
Feu mon poème est vain, — mais mon heaume enfumé
A pavé véhément mon faix, fauve Infamie.
Âme en paix, hâve épave, homme pie embaumé,
Vouez-moi mon pays puis ma baie, ô momie,
Un pavot m'émouvant vivement, pouls paumé,
Et maints beaux baobabs humant ma mauve amie.
Mimer Poe ou Phoebé ?... Pan, Pompée ou Buffon ?
Appas m'avivent huppe et ma moue ébaubie ;
En mon bain me pâmai, vis mi-femme amphibie...
Et vingt fois fus bohème au bas-fond peu bouffon :
À mi-mots m'imbibant bien famée épopée,
Ahans béats, ma môme, et be-bop à poupée.
Fabio (Booba) O'Mompou
[Voir aussi cette prose « pour
Mégamicres »
d'il y a douze ans, interdisant en
outre le V, mais ne respectant pas les liaisons
contrairement au sonnet ci-dessus.
J'avais essayé la contrainte inverse (du ventriloque)
en 2007 sur une page d'Italo
Calvino, et involontairement les années précédentes
en respectant des
contraintes
plus
dures
l'impliquant,
notamment ces trois
sonnets
oligoconsonantiques.]
Sonnet inversé
[Autre anticonformisme absurde — qui peut
évoquer les problèmes psychiques de Nerval :
les rimes sont dans l'ordre inverse de l'original,
eec ddc baba baba, en conservant tout
de même le découpage classique du sonnet en
deux quatrains puis deux tercets. Le second
quatrain sans aucune rime en devient du coup résolument
moderne.]
Le Pleurard
(El Desleal)
Je suis le ténébreux, — le veuf, — le coryphée,
Le prince d'Aquitaine à la tour étouffée :
Ma seule étoile est morte, — et mon luth fanfaron
Porte le soleil noir de l'atroce Migraine.
Toi qui m'as consolé, dans la nuit souterraine,
Rends-moi le Pausilippe et la mer d'Oléron,
La fleur qui plaisait tant à mon âme affaiblie,
Et la treille où le pampre à la rose est mêlé.
Suis-je Amour ou Phébus ?... Lusignan ou Thalie ?
Mon front est rouge encor d'un baiser régalé ;
J'ai rêvé dans la grotte où nage la jolie...
Et j'ai franchi deux fois le Styx, miraculé :
Modulant tour à tour sur la lyre d'Élie
Les soupirs de la sainte et les cris du cinglé.
Ricardo de Brontë
Vers homovocaliques
[Réécriture du
sonnet en X de
Mallarmé de telle
sorte que toutes les lignes emploient
dans l'ordre les mêmes voyelles que celles
de son célébrissime sixième vers.
Robert
Rapilly a composé deux jours plus tôt un superbe
poème selon la même
contrainte,
et encore lui &
Rémi Schulz ont
aussi chacun brillamment réécrit le
Desdichado.
L'année suivante, j'ai réécrit un
sonnet de Queneau
selon la même contrainte.]
4. La loi s'inventoriait en son sonnet
À doigts gris et polis s'abîme son cortex,
La morbidité tôt ira, pigmentophore,
Dans l'onirisme noir calciné d'oblong Sphex
Sans solliciter lors d'invasif nécrophore
À l'officine, coin d'art vide : son codex,
Aboli bibelot d'inanité sonore,
(Sanglots inspirés l'on pillait en son vortex
Par l'omis Livre dont l'instant figé s'honore.)
Là, voisin des proscrits châssis, le nord doré
Alors finit selon vitrail décoloré
D'ânons fictifs presto giflant l'ivre stomoxe,
À poil il est mort pris dans flint encor foré,
Car l'occis liseron s'impartit et l'on coxe
L'accord scintillé, prompt bris d'air, sept phosphoré.
(À voir ni chez Florian ni chez Sophocle)
[Voir aussi ces versions lipogrammatiques du même sonnet]
P.S. du 26/09/18 : utilisation de la
même série de voyelles aoiieoiaieooe
dans un tanka,
avec l'état d'esprit
des contraintes paradoxales.
Ces treize voyelles engendrent d'abord
les dix-sept syllabes du hokku initial, puis chacun
des deux heptasyllabes de l'ageku final.
Seul le vocabulaire de l'Officiel du Scrabble est autorisé,
et les répétitions sont interdites.
(Le paresseux déshérité)
– Pst ! allons ici !
Ne sortir vs agir ?
– Pff, je dors ; bon vent !
La voisine oit : « Aïe ! Oh monstre,
Ta loi brime hoir ; aie obole ! »
Boule qu'on brûlait encore fruste
[Boule de neige syllabique fondante aux vers
paradoxalement homovocaliques.
Les plus courts ont imposé la suite de voyelles
choisie.]
Ô W, tu n'es plus l'or d'un archipel conjecturé.
Occulte, tu torturas 14 lignes dont l'étude
Formule pur postulat vs simple complétude —
Nocturne but confus d'antihéros censuré.
Fors un embrun profus, maints vents ont perduré.
Robuste suppôt, tu laisses ton prélude
Pousser un chorus, mais l'écho s'élude
Où l'heur gourd vainc le flot texturé.
Trouveur ou star bibeloteuse,
Goûteur fou d'art vide, on creuse
Pour leur ouaille, offre un vers.
Noueux couards nieront preuves.
Joueur gouaille « oeufs verts ? »
Boueux souhaite oeuvres.
(conclure suffoqua Gilles, conceptuel)
Palindromes anagrammatiques
[Nils Detournay a transmis à la
liste oulipo un
palindrome de
Jean-Marc Audouin
reprenant les mêmes lettres (anagramme) que le chef
d'oeuvre de
Jacques Capelovici
« Ésope reste ici et se repose » :
« Se repoétise, ce site.
Opérés ? »
Cela m'a donné
envie d'anagrammatiser
certains
de
mes
anciens
palindromes
en respectant leur
symétrie. C'est évidemment encore
plus dur que la construction de palindromes,
déjà réputée
pour sa difficulté.]
Dangers littéraires
Si le livre se repère servile, lis
sévère, lis l'ire : périls, île, rêves...
Réalisatrice proposant le ridicule décollage
d'un vaisseau spatial depuis la banquise
En ice, sot navire d'elle dérivant, ose ciné,
et l'ovni se déracine, en Icare désinvolte.
Invocation de Neptune au luth
Ô émane, mon laïcard ud, racial nom en âme ! Ô
la marina économe du démon Océan ira mal !
Le graffiti que Sherlock Holmes vient de
découvrir prouve que cette
serrure et la foudre n'ont rien à voir avec le
meurtre ; c'est donc
ailleurs que la réparatrice de moteurs à
induction a caché le cadavre.
Nom écarte clé ici née — ni ciel. Ce tracé : mon
électromécanicienne ici n'a ce mort celé.
Espoir écologique d'un lombric
égaré sur un terrain de golf
Rêve et erre tee, ver,
et révère ère verte !
Tumulus abandonné sur l'altiplano
Un lésé tertre, té ! sel nu,
et l'user net en résulte.
Couronnement du timide Boris
L'art sacra l'arc astral,
car tsar l'a là, l'ras trac.
Violente éviction d'une sous-marque de Carrefour
Ed écarté, fi ! Âne naïf et race de
taré ! Décaféiné nié, face de rat !
Obscure description (peu appréciée du
lecteur) d'une petite fille en barque
« Et, ô nacelle mime d'Ève, demi-Melle canote »
(Et cela idem, mon élève le nomme « dialecte »)
Paludier sans manières devant son patron avare
et lubrique le dépouillant pendant la canicule
Si, certes, cela m'a lassé des salamalecs étrécis,
le sec semis : écalas tard, rat salace, si m'es ce sel.
Trop timide proposition d'une émission littéraire
originale & savante pour une chaîne franco-allemande
Être billet écarté là, calé, tracé tel Liberté ;
Étaler cible : télé, trac, Arte — le tel bic relaté.
*
P.S. anagrammatique en hommage à l'acteur
& chanteur qui vient de nous quitter :
Charles Aznavour ravala un scherzo.
et à celle qui a
tant inspiré l'Oulipo (Mon Chirac a
bâillé, Moon c'est Râ car Baal y est, ...) :
Montserrat Caballé :
lors, blâmer cantate
car la mort l'absente.
Sonnet anapalindrome
[Dans l'esprit des palindromes
anagrammatiques ci-dessus, Jean Fontaine
a composé cet élégant distique
d'alexandrins blancs (et isocèles) :
Nadia Murad vient de recevoir hier du
jury du prix Nobel un traitement plus
aimable que de son bestial agresseur.
-------------------------------------
Ce M. Nobel aida Nadia : le bon mec !
L'ami n'a ce bedon, ô, de bec animal.
Rémi Schulz a alors construit deux
autres palindromes employant encore
les mêmes lettres, et reprenant ces deux rimes pour en
faire un quatrain
(vers 3 & 4 du sonnet ci-dessous).
J'ai ensuite proposé six vers de plus (numéros 5
à 10 ci-dessous), toujours
palindromes et anagrammatiques des précédents,
en reprenant aussi les
rimes du premier quatrain.
Rémi a enfin terminé le sonnet avec les vers 11
à 14 et le titre — lui aussi
palindrome et anagrammatique de tous les vers.
Comme cette combinaison de contraintes (anagrammes,
palindromes,
alexandrins rimés) est probablement l'une des plus
monstrueusement
dures jamais testées sur la liste oulipo, le
résultat est évidemment d'une
grande obscurité.
Rémi a expliqué que ses vers 3 & 4
évoquent le rôle de Louise Labé dans
l'évolution de la condition féminine, et font
allusion au « Guépard »,
à « Men In Black »...
Mes vers 5 à 8 nous apprennent qu'un paresseux
défavorable à la
distinction de la jeune irakienne méprise aussi
le théâtre japonais, que
Perec écrivit « la Disparition »
après avoir trouvé son vin trop aigre,
que la singulière autoréférence de la
tonalité d'E flat lui fit découvrir
les couples anacycliques, mais qu'il n'eut plus un rond
pour les fêtes
de fin d'année.
Mon distique plat des vers 9 & 10 précise
qu'après avoir fabriqué son
arche et revêtu son imperméable,
le magistrat au court sobriquet apprit
que le manchot apporté par son fils avait
provoqué l'échec d'un grand
lézard.
Rémi n'a pas donné d'exégèse
de ses vers 11 à 14.]
El Acibanedmo (nom de nabi calé)
Ce M. Nobel aida Nadia : le bon mec !
L'ami n'a ce bedon, ô, de bec animal.
Labé co-démina, n'anime Do ce bal,
Ce n'abîma Delon, olé ! da ! MIB à nec !
Ce blâmé don : aï nia nô. De Malbec,
L'acide mena bon, ô ban ! E médical.
Là donc abîmée, née mi b acnodal,
Céda Léon ambi. Nib m'a Noël à déc...
Mon édile, caban à bac, élidé nom,
Noé : le maca d'Ibn bida caméléon !
En ola BA, Cid, Menem, Dic, abalone
Le DAB coin a mené manioc, Badel,
Le bec à Mina don, ô, d'anima ce bel
Eno céda l'AB, mi-nimba la décone...
Jean Fontaine, Rémi Schulz et Gef_
El Día de los Muertos
[Sonnet de décasyllabes à doubles rimes,
employant le M comme consonne d'appui
un vers sur deux. Cette règle cherche en fait à
généraliser certaines caractéristiques
du distique plat des 9e & 10e vers, que j'avais initialement
écrit pour une autre raison —
à savoir jouer avec des rimes contenant beaucoup de
phonèmes consonantiques finals.]
Illuminés de rêves purs, nos coeurs
S'étaient gonflés comme une môle mâle,
Mais la clepsydre un jour nous vole un râle
Car le délire achoppe aux murs des moeurs.
Le soleil noir prend appui sur nos peurs :
Tout souvenir, en quelque molle malle,
S'éclipse alors sous une folle dalle
Où sans espoir, humain trop mûr, tu meurs.
Sur cette tombe où vient se tordre l'arbre,
Une racine a su mordre le marbre
Pour que ton âme échappe vers le ciel.
Et nous, les os, allons nous moudre au moindre
Grain de poussière en une poudre à joindre
Au sol, au bois, au vent, aux mers, au miel.
P.S.: Exemple d'accumulation de litotes dans le
Desdichado, pour répondre
aux excellents
zeugmes de
Raphaëlle Muller
(et aux hyperboles ultérieures
de Nicolas Graner)
Je ne suis plus marié, — ni très clair, — ni jovial,
Ni même gueux de l'Est à la tour presque intacte :
A vécu mon étoile, — et mon luth peu trivial
Ne vêt ce carré blanc qui ne me décontracte.
Aubade de la sorcière
[sélénets
à rimes extrêmement rares]
Je saurai te vaincre,
Mon ami kobold,
D'un bouquet de vincre,
D'une jonagold.
Vois-tu que j'extirpe
De ce muschelkalk
Un fagot de scirpe
Saupoudré de talc ?
Mes amours sont simples,
Je ne verse au fisc
Ni gerbes de vimples
Ni blond tamarisc.
Volons comme foulques
En mer, car ont soif
Nos bottes de houlques
Et nos gorges, ouaf !
*
Vocabulaire
vincre : pervenche
jonagold : variété de pomme
muschelkalk : calcaire coquillier
scirpe : plante (jonc)
vimple : roseau
tamarisc : arbuste (variante de tamaris & tamarix)
foulque : oiseau aquatique
houlque : plante (graminée)
[Voir aussi mes précédentes utilisations de rimes rares voire orphelines]
Vocabulaire de l'école maternelle
[Nicolas Graner a signalé à
la liste oulipo ces
listes de mots connus des très
jeunes écoliers français.
Il a lui-même immédiatement
réécrit le Desdichado
de Nerval en se restreignant aux 1750 mots connus
à 4 ans. Voici ce que je propose avec les
750 mots connus à 3 ans.
Au 8e vers, « rose » est un adjectif
car le nom est absent de cette liste ; et le 9e vers emploie
le présent du verbe « suivre » puisque
« être »
est aussi absent.]
Ailes des dix chapeaux
(Le Déshabillé)
Je m'appelle le sombre, — homme triste, — écarté,
L'importante Figure à la cour démolie :
Ma seule étoile meurt, — mon corps de feu planté
Porte le soleil noir et la Fièvre remplie.
Sous ta pierre de nuit, camarade écouté,
Donne-moi la montagne et notre mer partie,
La fleur sachant offrir autant à ma santé,
Et l'arbre rencontrant de l'eau rose sentie.
Suis-je Amour ou la Plume ?... Un Grand ou Pantalon ?
La Dame à lèvre rouge embrasse mon visage ;
Dans la cave, je vois, la femme-poisson nage.
Et je sais gagner deux voyages en ballon
En jouant la musique à nouveau du grand-père :
La soeur parlant tranquille ou criant sa colère.
Regard de Cheval
[Voir aussi mes précédents
textes à
vocabulaire
limité,
et cette réécriture d'un
sonnet de Queneau
avec les
mêmes 750 mots (des enfants de 3 ans)
que ci-dessus.]
P.S. du 1/11/18 :
Après la maternelle, remontons à la garderie.
Voici 25 mots censés être
connus des enfants de deux ans :
maman, papa, bébé, lait, jus, bonjour,
balle, oui, non, chat, chien, nez, yeux, banane,
biscuit, voiture, chaud, merci, bain, chaussures,
bonnet, livre, parti, plus, au revoir.
Comme il n'y a aucune raison de priver les bouts
de chou de Poésie, voici un sonnet
dissyllabique employant 84 % de ce vocabulaire.
Les rimes sont assez pauvres, mais
c'est classiquement autorisé quand au moins
l'un des mots rimes est monosyllabique.
Et l'alternance n'est pas respectée, ni la règle
de la liaison supposée, mais il faut bien
laisser aux bambins quelques nouveautés à
découvrir plus tard.
Au revoir maman
Biscuit
Bonnet
Chaud lait
Merci
Non oui
Yeux nez
Bébé
Parti
Jus bain
Chien chien
Plus chat
Chaussures
Papa
Voiture
On peut aussi reprendre les
750 mots des enfants de trois ans et
les combiner avec diverses contraintes oulipiennes,
par exemple :
Je cherche les sept clés des temps vers mes fenêtres
Je sens le vent léger sécher l'herbe l'été
Et vendre des desserts venez prendre le thé
En mes terres entrez mes frères gens de lettres
Mes révérences élémentères, Gef_
Noir conceptuel
L'association Zazie Mode d'Emploi a proposé à
la liste oulipo de récrire cette
micronouvelle
des oulipiens Eduardo Berti &
Pablo Martín Sánchez en
respectant les contraintes que l'on
veut. Ma première idée a été
essentiellement conceptuelle :
4. À nos yeux jusque là sans aucun
effet de surprise, un nouveau point de vue
à contre-jour s'offre à nous, et pourquoi
pas, dément la banalité. Celle-ci est
contredite par le rembobinage du film, finissant par le
commencement, sorte
d'inversion du récit. L'astuce est remarquable,
malgré la banalité de l'anecdote.
Le 11/11/18, j'ai proposé un
palindrome de vers holorimes (faisant allusion
à ces précédentes réécritures
de Nicolas Graner
& de Gérard Le Goff) :
Âpre aise à voir ! Je tais ça qu'a noté Rimbaud,
Là veux gloser ta lettre à vers céliniens si,
Ô porc, tu n'avais coeur : la voiture l'évite
Opportune, avec heur, la vois-tu ? Relaie vite :
L'aveugle osait aller traverser ligne ainsi,
Après avoir jeté sa canne au terrain beau.
Adjectifs unigenres
On sait
que l'oulipien
Bernard Cerquiglini publie un livre au Seuil,
le Ministre est enceinte, remettant en
question la règle sacro-sainte des métiers
masculins, sans embrouillamini. Puis-je surenchérir en
décrétant fini notre emploi d'adjectifs d'un seul
genre ? (L'absinthe m'aurait-elle dicté la formule
succincte que l'on doit tout oser, même en catimini ?)
Rappelons le récit d'une hébreue écrivaine
dont le mari n'avait jamais eu trop de veine. Son système
nerveux épinier inhibé par l'aveuglement cras
(et je ne le diffame), sous le porche cocher, il restait le bec
bé : « Comment tomber enceint quand on est
bréhaing, femme ? »
S'asphaltant dans l'anthrax pas blanc
[réécriture de
Fondu au noir d'Eduardo Berti
& Pablo Martín
Sánchez en n'autorisant que la voyelle
jugée noire par
Rimbaud]
L'attachant gars passa la rambla, ahanant, s'allant calmant.
Avant ça, marchant
pas à pas, sa baraka l'alarma : à Manhattan,
la cata s'abattra par hasard ! Car
sans grand trac, l'anar lascar s'avança franc, scandant
l'astral mantra : « La saga
n'a pas d'avant-plan sans amant la matant, car l'art n'a pas
d'avatar dans l'apparat
flagrant. » Antan lançant par là-bas
l'abracadabrant pal blanc, l'actant chançard
s'acclama. Ah ! là, pas d'accaparant bavard parlant
mal d'alarmants trams fatals,
pas d'aggravant crash par tracas d'agaçants passants sans
flash.
Ô récit banal / Le tabac noir
[micro-traduction de la
micronouvelle choisie par
Zazipo et alourdissement de
sa pré-critique de telle sorte qu'elles soient
des anagrammes l'une de l'autre]
4. L'anecdote est banale, s'il faut le
reconnaître. Mais l'astuce de la raconter
à l'envers, en commençant par présenter
la fin, comme pour revivre un film
projeté « à rebours »,
contredit cette vague banalité si lisse,
si prévue et si
dépassée. Elle la dément, pourquoi
pas, en nous montrant à contre-jour, d'un
point de vue nouveau et intéressant,
quelque chose qui avait perdu tout effet
extraordinaire à nos yeux, en privilégiant
l'insinué puis l'inédit — paysage
si insensé, univers si réussi.
*
Fondu au noir
Il finit de traverser la rue et respire, soulagé.
Ses derniers pas ont été les
plus angoissants. Un moment, à mi-chemin,
il a cru qu'il n'y arriverait pas.
Et pourtant il s'était lancé d'un pas
décidé, en pensant aux mots du
poète :
« On ne voit bien qu'avec le coeur, l'essentiel
est invisible pour les yeux ».
Maintenant il se réjouit en effet d'avoir
jeté sa canne avant de bifurquer.
Comme ça, personne ne pourra dire que si les
voitures l'ont évité, c'était
pour ne pas écraser un aveugle.
0. Prologos
Début 2012, un auteur argentin
Propose à son confrère espagnol l'écriture
D'un recueil en commun, certes sans fioriture
Mais d'après un schéma paraissant plaisantin.
Le singulier projet de ce laborantin
Sera de commencer par une fourniture
De trente annotations où l'oulipien triture
Un livre inexistant, comme un miroir sans tain.
Le collègue, partant de chaque commentaire,
Crée alors ces récits latents sans rien en taire.
Pour la seconde étape, on inverse les camps :
Le Sud-Américain rédige les nouvelles
Dont l'ami catalan produit les subséquents
Comptes rendus d'avance — afin qu'on les trouve, elles.
[troisième secteur coulé dans un sonnet à rimes riches]