Nombres composés
[Aucune gématrie première n'est
autorisée, ni pour les lettres, ni pour les mots, ni
pour les vers, ni pour les phrases, ni pour les strophes,
ni pour le poème en entier.
C'est donc notamment un lipogramme en BCEGKMQSW.
Toutes les lettres autorisées
sont employées. Une alternance de rimes consonantiques
& vocaliques est respectée.]
Rapport fini
Un fol individu trouvait l'art narratif
D'aujourd'hui plutôt laid, pour pantouflard tout froid.
Il voulut fuir au loin tantôt, où l'azur oit
Ourdir l'innovation d'un ton point trop plaintif :
Il faudrait appauvrir l'invariant intuitif !
L'adoption d'un patron ou privation d'un droit
Anodin produiront un tonifiant noroît,
Offrant l'outil total, un joli palliatif.
Vaillant, il travaillait à l'opportun topo,
Par un tour d'horizon planifiant l'Oulipo,
Livrant un vrai futur, un luxuriant pouvoir.
Il fouillait au lutrin, validait au violon,
Un tâtonnant journal ; donna-t-il à l'ouvroir
Un fruit pur, un vitrail, un joyau d'Apollon ?
Protognet
[« tanka oulipien
généralisé » (tog) :
le poème compte un
nombre premier de vers et de syllabes, chaque vers compte
aussi un nombre premier de syllabes, et ces trois
propriétés
sont conservées si l'on supprime le dernier
distique :
3+2+3+2+3+2+3+2+3+2+3+2+3+2+3+2+3+2+3+2+3+2+
3+2+3+2+3+2+3+2+3+2+3+2+3+2+3+2+3+2+3 + 2+2]
Marginal,
bohème,
à la frange,
un pauvre
rimailleur
peinait :
À quoi bon
noircir
mon carnet
d'une oeuvre
qui ne point
dérange ?
Il ne veut
surtout
pas être ange :
écrire
un vulgaire
sonnet
de nos jours
serait
trop benêt.
Dès lors,
il embrasse
l'étrange :
lentement
un flou
lexical
s'immisce
en son mètre
bancal.
Dans ses mots
cherchons
un noème,
si sombre
la raison.
Fouillons
le sens tu :
parfois
son poème
faut-il
bïaiser ?
Ses vers
brouillons !
[Si l'on combine les vers selon le schéma
3+2+3 / 2+3+2 / 3+2+3 / 2+3+2
3+2+3 / 2+3+2 / 3+2+3 / 2+3+2
3+2+3 / 2+3+2 / 3+2+3
2+3+2 / 3+2+3 / 2+3+2+2
il s'agit en fait d'un sonnet banvillien d'octosyllabes.
Ce poème est donc un cas particulier de
protéonet.
Les vers en 2+3+2 donnent 8 syllabes
grâce à des E caducs avant
consonne, et le dernier vers en 2+3+2+2
en donne aussi 8 grâce
à une synérèse — autorisée
même en prosodie classique.]
Marginal, bohème, à la frange,
Un pauvre rimailleur peinait :
À quoi bon noircir mon carnet
D'une oeuvre qui ne point dérange ?
Il ne veut surtout pas être ange :
Écrire un vulgaire sonnet
De nos jours serait trop benêt.
Dès lors il embrasse l'étrange.
Lentement un flou lexical
S'immisce en son mètre bancal.
Dans ses mots cherchons un noème
Si sombre, la raison fouillons !
Le sens-tu parfois, son poème ?
Faut-il biaiser ses vers brouillons ?
Totaux syllabiques premiers
[En m'inspirant de l'une des propriétés
des « tankas oulipiens
généralisés » définis
par Jacques Roubaud, j'ai
proposé d'écrire
des poèmes donnant un nombre premier
de syllabes quel que soit le vers auquel on
s'arrête. Dans la ballade ci-dessous, les
vers les plus courts possible sont illustrés :
leurs nombres de syllabes sont égaux
aux différences entre les nombres
premiers. Le nombre total de syllabes lues,
après
chaque vers, est
2 / 3 / 5 / 7 / 11 / 13 / 17 / 19
//
23 / 29 / 31 / 37 / 41 / 43 / 47 / 53
//
59 / 61 / 67 / 71 / 73 / 79 / 83 / 89
//
97 / 101 / 103 / 107,
qui donnent les 28 premiers
nombres premiers.]
Content,
L'homme,
Mettant
Sa gomme
Dans l'économe
Plumier,
Finit le tome
Premier.
Il est patent
Que l'ample nuit consomme
Pourtant
La lune dichotome,
Mais l'astronome
Limier
Voit que la somme
Donne un nombre premier.
Son calcul entêtant
Slalome
En nous désorientant,
L'air autonome,
Tout comme
Ce refrain coutumier
Qui nous assomme
Donne un nombre premier.
Prince, l'instable métronome
De ton damier
Se nomme
Nombre premier.
Nicolas Graner a ensuite composé un excellent
sonnet aux vers proches
d'alexandrins, dont le thème est remarquablement
bien adapté à la contrainte.
Pour illustrer qu'encore davantage d'alexandrins
classiques étaient
possibles, j'ai osé cette paresseuse micro-traduction
de Nerval (où
seuls les 5e, 7e, 10e
et 14e vers ont gagné ou perdu deux
syllabes) :
El Desdichado
Je suis le ténébreux, — le veuf, — l'inconsolé,
Le prince d'Aquitaine à la tour abolie :
Ma seule étoile est morte, — et mon luth constellé
Porte le soleil noir de la Mélancolie.
Dans l'obscurité du tombeau, toi qui m'as consolé,
Rends-moi le Pausilippe et la mer d'Italie,
La fleur qui plut à mon coeur désolé,
Et la treille où le pampre à la rose s'allie.
Suis-je Amour ou Phébus ?... Lusignan ou Biron ?
Mon front est écarlate encor du baiser de la reine ;
J'ai rêvé dans la grotte où nage la sirène...
Et j'ai deux fois vainqueur traversé l'Achéron :
Modulant tour à tour sur la lyre d'Orphée
Soupirs de sainte et hurlements de fée.
Après chaque ligne,
le nombre total de syllabes lues est
5 // 17 / 29 / 41 / 53 //
67 / 79 / 89 / 101 //
113 / 127 / 139 //
151 / 163 / 173
qui sont tous des nombres premiers.
Le sonnet sans son titre compte par
ailleurs exactement le même nombre de
syllabes que l'original (168).
Rémi Schulz a proposé
d'appliquer cette contrainte de primalité aux
nombres de lettres
des mots successifs (plutôt que de syllabes des vers
successifs) : le total de lettres lues,
après chaque mot, donne la suite des nombres premiers.
Rémi a composé le
premier
quatrain ci-dessous,
Nicolas Graner le
second, j'ai écrit le
premier tercet et un possible
12e vers, et Rémi
a terminé avec le
dernier tercet (en modifiant
mon 12e vers et la rime
du 9e). Le poème atteint 401 lettres,
c'est-à-dire le 79e nombre premier (79
étant lui-
même premier), et la signature mise au point par
Rémi permet d'atteindre 431 lettres,
83e nombre premier
(83 étant encore premier).
Tu l'es, le gris, le veuf, le sans patrie,
Le prince déçu, sa tour abolie,
Étoile en déclin, luth au soleil noir,
Triste déraciné féru du soir.
La nuit, réconforteriez-vous zombie ?
De Pausilippe en marine Italie,
Vous unirez mauves en présentoir
Et rose au bourgeonnant grenache-noir.
Suis-je Éros, Phébus ?... ou Schweitzer, Amable ?
Visage carmin au baiser reçu,
Je conjecture extraterrestre ossu.
En deux prosternements, enfers domptables,
Qu'ouït Orphée ? Eurydice renaît,
Livide mais câline, immuable fait.
Esposito, Granissimo et Schulzetto
Sa prose ose hypnose
Annotée, ta date étonna
Ourobindrome-express
[où la moralité doit être
répétée un nombre infini de
fois pour devenir palindrome]
Nulle astronomie,
Redit le couplet,
Ni gastronomie :
C'est l'ennui complet.
Moralité :
Ni
lunette,
ni
dînette :
nul
intérêt...
En rab, une évocation
du célèbre palindrome latin
« In
girum
imus
nocte
ecce
et
consumimur
igni »
(répondant à une
traduction de
Jean-Luc Doutrelant) :
Et
ces
nilles
à
gagé
déni :
clac !
Et
ici
le
feu
gros
à
la
sorgue
félicite,
calciné
de
gaga
sel,
l'insecte.
(nille = vrille ; sorgue = nuit)
[Voir aussi ces autres palindromes & ourobindromes des oulipotes]
Bégayage,
bégayage...
[nouvelle fournée d'ourobindromes &
palindromes-express]
Ému de sa cloche,
Francisque Poulbot
Dresse de Gavroche
Un portrait-robot.
Moralité :
Le
gamin
imagé.
*
On le dit toxique
Et très volatil ;
Ce liquide brique
M'immolera-t-il ?
Moralité :
Dibrome
morbide.
*
De vils oncologues
Cachent les tumeurs
Et trucs analogues ;
C'est pourquoi tu meurs.
Moralité :
Éludons
nodules.
*
Pour son pique-nique,
Il cherchait en mer
Une autre bernique
Avec sa cuiller.
Moralité :
Pelleta
patelle.
*
En prenant de l'âge,
Juan a bien grossi
Mais reste volage
Et lubrique aussi.
Moralité :
Dom,
potelé,
repère
le
top-modèle.
*
Pour charmer son Ève,
Le sous-officier
Africain enlève
Son chandail grossier.
Moralité :
Nègre
sergent
n'a
la
grosse
laine,
génial
essor
galant.
*
Rimeur, tu ne songes
Jamais au réseau
Des piteux mensonges,
Me dit l'homme-oiseau.
Moralité :
Et
Icare
va
m'avertir :
cet
écrit
rêva
ma
véracité.
*
Bourré mais lucide,
Cet homme de main
Se dit : l'homicide
Attendra demain.
Moralité :
Ivre
nervi.
*
Antan fut tractée
La vie en ce lieu
Par la Voie lactée
Que dessina Dieu.
Moralité :
Lait
initial.
[ce palindrome avait déjà été trouvé par Jacques Perry-Salkow fin 2002]
*
Sur son ancien casque,
El Desdichado
Peignit un fantasque
Hellène grand Ô.
Moralité :
Âgé
morion,
noir
oméga.
*
Nerval voulait dire
Les Gontaut-Biron
Au lieu de transcrire
Le chantre Byron.
Moralité :
Drôle
lord.
*
Les Inrockuptibles
Nomment B.B. King
Vainqueur de leurs cribles,
Choix presque shocking.
Moralité :
Seul
blues.
*
Climatosceptique,
Il traite Greta
D'apocalyptique
Et piètre pietà.
Moralité :
Élue
verte,
être
veule !
Ourobindromes-express onomastiques
Pour qu'on la maintienne
Bien sans patatras,
La guitare indienne
Nous offre deux bras.
Moralité :
Rasarani
vina.
*
Du Chili, prière
D'anticiper où
Par la cordillère
Je vais : au Pérou.
Moralité :
Canal
Latorre — Cerro
Tallana.
*
Comme une guirlande,
Mon voyage a joint
Nouvelle Zélande
À maint autre point.
Moralité :
Maramaratotara.
*
Là-bas
En Indonésie
M'entraîner sembla
Cette poésie
Presque sans bla-bla.
Moralité :
Labalaba-labalaba.
L'aède
le
deale
[autres ourobindromes-express]
La foule idolâtre
L'éméché cabot
D'un nippon théâtre
Adaptant Rimbaud.
Moralité :
Un
nô :
cette
arvine
t'enivra
et
te
connut
navire
dérivant.
(Arvine : cépage italo-suisse.
Le « navire dérivant » est une
trouvaille de Stéphane Susana en 2000.
Dans l'ourobindrome ci-dessus, trois mots sont anagrammatiques
les
uns des autres. Ils étaient quatre dans le
3e alexandrin de ce
sonnet.)
*
Ma femme en Belgique
Souffre d'un cancer,
Mais notre antalgique
Reste la Bitter.
Moralité :
Mon
ale,
mec !
Ce
mélanome
mitigé
lésionnera
ma
Marennoise
légitime...
*
Berberian sirote
L'art de Luciano
Goûtant chaque note
Jouée au piano.
Moralité :
Boire
Berio.
P.S. du 09/03/20, faisant suite
à la série d'ourobindromes-express
des oulipotes sur les
solides platoniciens (lancée par
la
trouvaille
« Merde
à
ce
dodécaèdre ! » de
Frédéric Schmitter) :
Ça me tarabuste :
Quel idiot grava
Ce cubiste buste
Du roi d'Alava ?
Moralité :
Polyèdres
à
raser
d'Eylo
pêle-mêle !
Possible réponse du sculpteur :
Devant ma contrainte
Ôtez vos chapeaux,
Ou je porte plainte
Contre vos propos.
Moralité :
Ce
sera
tout
omis,
si
n'ai
polyèdres
à
raser
d'Eylo :
pianissimo
tu,
ô
taré
sec !
P.P.S. du 10/03/20, reprenant la structure du juron de Frédéric Schmitter :
Un mauvais critique
Clame, et n'en démord,
Qu'il trouve merdique
La Fille et la Mort
Moralité :
Prout
au
quatuor !
*
Je vois sur la grève
Des crottes d'oiseaux
Qui brisent mon rêve
D'un bain dans ces eaux
Moralité :
Non
au
guano !
*
Et tant marque, adhère
Cette déjection
Sur l'embarcadère
Qu'on crie Objection !
Moralité :
Fi
au
quai !
*
Ô mouettes sourdes
Ô désagréments
Même les palourdes
Font des excréments
Moralité :
Oh
au
quahog !
*
En cas de syncope
Sonnez des pin-pon
Car il faut qu'on stoppe
Les soins du Japon
Moralité :
Oust
au
kuatsu !
*
En ces circonstances
Je suis chamailleur
Et m'énerve aux stances
De ce rimailleur
Moralité :
Non
à
ce
mécano !
Renga
oulipien généralisé
Le poème ci-dessous compte un nombre premier de :
— syllabes par vers (5 ou 7),
— vers par strophe (2 ou 3),
— strophes dans le poème (5),
— vers dans le poème (13),
— syllabes dans le poème (79).
C'est donc un cas particulier de « haïku
oulipien généralisé » (HOG)
tel que défini par
Roubaud,
avec en plus les surcontraintes d'un nombre
premier de strophes et de vers par strophe.
Par ailleurs, s'il est décomposé en deux parties
dont la première est un tanka traditionnel
(5+7+5 + 7+7 syllabes), ce tanka respecte
lui-même toutes les contraintes ci-dessus
— notamment 2 strophes, 5 vers et 31 syllabes,
qui sont encore des nombres premiers.
Le poème est donc aussi un cas particulier
surcontraint de « tanka oulipien
généralisé »
(TOG) roubaldien.
Un renga traditionnel doit
en principe se terminer par un distique d'heptasyllabes (ageku),
mais cela implique que ses nombres totaux de vers, de strophes
et de syllabes sont divisibles
par ceux d'un seul tanka. Les « rengas oulipiens
généralisés » (ROG)
— que j'ai proposés
dans
ce message adressé à
la liste oulipo — doivent
au contraire se terminer par un hokku
(de 5+7+5 syllabes), donc ils ont un aspect
inachevé.
Le poème ci-dessous peut simultanément
être considéré comme un sonnet
inachevé. J'ai en effet décidé
que les vers ont le droit de rimer
dans un ROG, bien que ce ne soit pas obligatoire.
Pour de plus longs rengas respectant toutes les contraintes
ci-dessus, écrivez 44, 56,
74, 86, 224, 284 ou 350... tankas de suite au lieu de 2,
et terminez par un hokku.
Comment te séduire
Sans me montrer enfantin
Mon ange argentin
Les yeux fermés je vois luire
Ton adamantin sourire
D'un ton plaisantin
Fêtons la Saint-Valentin
Il me faut construire
Un poème au débotté
Qui rêve de sa beauté
Et comme en quatorze
Reprenons avec élan
Pour que le bilan
Sous un pont voisin du
Garigliano
[Georges Perec avait envisagé la traduction
lipogrammatique en E du Pont Mirabeau
d'Apollinaire pour son roman la Disparition, mais l'avait finalement
abandonnée après
avoir atteint le premier refrain « jours vont
j'dimourai ». Voici une tentative personnelle.
Grâce à la signature, toutes les lettres
autorisées sont employées.]
Au Pont du Bignon
Au pont du Bignon court un flot saphir
Plus nos amours
Faut-il l'approfondir
L'affliction chut toujours jusqu'au plaisir
Vint la nuit l'instant sonna
Nos jours ont fui l'on traîna
Main dans la main subsistons vis-à-vis
Tandis qu'au bas
Du pont qu'ont nos bras vit
Un las miroir aux flux inassouvis
Vint la nuit l'instant sonna
Nos jours ont fui l'on traîna
L'amour partit ainsi qu'un bain passant
L'amour parti
Mon sort va languissant
Dans l'Illusion d'un futur angoissant
Vint la nuit l'instant sonna
Nos jours ont fui l'on traîna
Nos mois nos jours finiront par tarir
L'an ni l'amour
N'iront plus s'accomplir
Au pont du Bignon court un flot saphir
Vint la nuit l'instant sonna
Nos jours ont fui l'on traîna
Vladimir Kostrowitzky, « Alcools », un an avant l'initial conflit mondial
P.S. du 4/4/20 :
Venelle de Grenelle
L'Epte déferle entre Grève et Grenelle
Telle l'entente
Exprès je le révèle
L'embêtement se cèle en fête belle
Entrez ténèbres temps preste
L'ère s'égrène je reste
Membres serrés persévérer ensemble
Présentement
Entre ces dextres tremble
L'éternel sens et se déverser semble
Entrez ténèbres temps preste
L'ère s'égrène je reste
S'éprendre cesse et leste en mer se jette
S'éprendre cesse
Et lentement végète
L'être et le rêve espéré se regrette
Entrez ténèbres temps preste
L'ère s'égrène je reste
L'été se perd et le week-end s'enlève
Le temps semé
De mes tendresses crève
L'Epte déferle entre Grenelle et Grève
Entrez ténèbres temps preste
L'ère s'égrène je reste
(thème de Gef en reflet de l'excellent ménestrel des « Xérès »)
P.P.S. du 6/4/20 :
Mon pont Lhomond
Hors l'oblong pont Lhomond vont nos prompts flots
Dont nos ronrons
Proposons nos photos
Nos bons sorts rompront tôt nos torts profonds
Sommons borgnon sonnons fort
Comptons nos chronos l'on dort
Coordonnons nos corps frôlons nos fronts
Or nos polos
Grosso modo font pont
D'os longs dont flot non-stop fond trop mollo
Sommons borgnon sonnons fort
Comptons nos chronos l'on dort
Ton porno sort confondons son flot fol
Ton porno sort
Confrontons ton trot mol
Lors rodomonts prononçons donc nos morts
Sommons borgnon sonnons fort
Comptons nos chronos l'on dort
Sont clos nos ports sont clos nos sots flonflons
Tronçonnons tôt
Nos conforts nos pompons
Hors l'oblong pont Lhomond vont nos prompts flots
Sommons borgnon sonnons fort
Comptons nos chronos l'on dort
W. Kostro, « Portos »
Fractog
[Généralisation autosimilaire
des HOG &
TOG de
Roubaud : le schéma
syllabique du
poème ci-dessous
est 2+3 + 2+2+3 / 2+3 + 2+2+3 / 2+3 + 2+3 + 2+2+3.
Cela donne un nombre premier de :
— syllabes par vers (2 ou 3),
— vers par strophe (2 ou 3),
— strophes par partie (2 ou 3),
— parties dans le poème (3),
— syllabes par strophe (5 ou 7),
— vers par partie (5 ou 7),
— strophes dans le poème (7),
— vers dans le poème (17),
— syllabes dans le poème (41).
C'est donc un cas particulier surcontraint de HOG,
et sa troisième partie est aussi
un HOG (7 vers et 17 syllabes), donc il peut aussi
être considéré comme un TOG
inverse. Sa construction est détaillée dans
ce message adressé à
la liste oulipo.]
Je suis
un proton
Parmi
plusieurs
d'un atome,
Dans quelque
molécule
Perdue
au sein
de cellules,
Formant
le tissu
Des muscles
d'une main
En train
d'écrire
ce poème.
P.S. du surlendemain : même construction
autosimilaire à partir des entiers 5 & 7,
utilisant comme lignes le véritable tanka et un court
chôka traditionnels, qui sont
tous les deux des togs (c.-à-d. des hogs dont la
première strophe est aussi un hog).
5+7+5 + 7+7
5+7+5+7+5 + 7+7
5+7+5 + 7+7
5+7+5+7+5 + 7+7
5+7+5+7+5 + 7+7
Cela donne un nombre premier de :
— syllabes par vers (5 ou 7)
— vers par strophe (2, 3 ou 5)
— strophes par ligne (2)
— lignes par paragraphe (2 ou 3)
— paragraphes dans le poème (2)
— vers par ligne (5 ou 7)
— lignes dans le poème (5)
— syllabes par ligne (31 ou 43)
— vers dans le poème (31)
— syllabes dans le poème (191)
Sous le pont des Arts
Courent toujours nos égards
Après le cafard
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure
Mais après la peine
Faudra-t-il qu'il m'en souvienne
Coule avec la Seine
La joie ôtant le brouillard
D'éternels regards
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure
Restons face à face
Sous le pont de nos bras passe
Une onde si lasse
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure
Nos vers achevons
Puisque les amours s'en vont
Comme l'eau courante
Et comme la vie est lente
L'Illusion violente
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure
Passent les semaines
Les jours les saisons anciennes
Jamais ne reviennent
Dans la Seine l'amour part
Sous le pont des Arts
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure
P.P.S. du 28/02/20 : fractog sur les entiers
2 & 5, où l'ordre le plus bas correspond
au nombre de lettres des mots (brillante mais difficile
idée de
Noël Bernard).
2+5 / 2+5+2+5+5
2+5 / 2+5+2+5+5 / 2+5 / 2+5+2+5+5 / 2+5+2+5+5
2+5 / 2+5+2+5+5
2+5 / 2+5+2+5+5 / 2+5 / 2+5+2+5+5 / 2+5+2+5+5
2+5 / 2+5+2+5+5 / 2+5 / 2+5+2+5+5 / 2+5+2+5+5
2+5 / 2+5+2+5+5
2+5 / 2+5+2+5+5 / 2+5 / 2+5+2+5+5 / 2+5+2+5+5
Cela donne un nombre premier de :
— lettres par mot (2 ou 5)
— mots & syllabes par vers (2 ou 5)
— vers par strophe (2 ou 5)
— strophes par partie (2 ou 5)
— parties dans le poème (2)
— lettres par vers (7 ou 19)
— mots & syllabes par strophe (7 ou 19)
— vers par partie (7 ou 19)
— strophes dans le poème (7)
— lettres dans les quintils (71)
— mots & syllabes dans la première partie (71)
— lettres dans la seconde partie (97)
— mots & syllabes dans le poème (97)
Le thème
Se croit de moult gemme.
Il croît
Et comme un trait droit
Se lance
En piste où mieux danse
Un mètre au coeur froid.
Ce lemme
Me donne un teint blême.
Je tends
Le corps et perds dents ;
Se glace
Ma chair là quand passe
En force un tiers temps.
On ronge
Un frein où maint songe
Se joint ;
Le chant ne court point
Au champ qu'ombre longe.
Tu meurs
En croix, oh noirs heurs !
Si grâce
Au pleur un clown casse,
Se rompt
Le creux et vieux front,
Il geint qu'ordre lasse.
P.3S. du 09/03/20 :
fractog selon le schéma
2 3, 2 2 3 ; 2 3, 2 3, 2 2 3.
2 3, 2 2 3 ; 2 3, 2 2 3 ; 2 3, 2 3, 2 2 3.
2 3, 2 2 3 ; 2 3, 2 3, 2 2 3.
2 3, 2 2 3 ; 2 3, 2 3, 2 2 3.
2 3, 2 2 3 ; 2 3, 2 2 3 ; 2 3, 2 3, 2 2 3.
*
2 3, 2 2 3 ; 2 3, 2 3, 2 2 3.
2 3, 2 2 3 ; 2 3, 2 2 3 ; 2 3, 2 3, 2 2 3.
2 3, 2 2 3 ; 2 3, 2 3, 2 2 3.
2 3, 2 2 3 ; 2 3, 2 3, 2 2 3.
2 3, 2 2 3 ; 2 3, 2 2 3 ; 2 3, 2 3, 2 2 3.
*
2 3, 2 2 3 ; 2 3, 2 3, 2 2 3.
2 3, 2 2 3 ; 2 3, 2 2 3 ; 2 3, 2 3, 2 2 3.
2 3, 2 2 3 ; 2 3, 2 3, 2 2 3.
2 3, 2 2 3 ; 2 3, 2 2 3 ; 2 3, 2 3, 2 2 3.
2 3, 2 2 3 ; 2 3, 2 3, 2 2 3.
2 3, 2 2 3 ; 2 3, 2 3, 2 2 3.
2 3, 2 2 3 ; 2 3, 2 2 3 ; 2 3, 2 3, 2 2 3.
Cela donne un nombre premier de :
— syllabes par mot (2 ou 3) [les mots élidés ne comptant pas]
— mots par syntagme [entre virgules] (2 ou 3)
— syntagmes par proposition [entre points-virgules ou deux-points] (2 ou 3)
— propositions par phrase [entre points] (2 ou 3)
— phrases par paragraphe (2 ou 3)
— paragraphes par section [séparées par un astérisque] (2 ou 3)
— sections au total (3)
— syllabes par syntagme (5 ou 7)
— mots par proposition (5 ou 7)
— syntagmes par phrase (5 ou 7)
— propositions par paragraphe (5 ou 7)
— phrases par section (5 ou 7)
— paragraphes au total (7)
— phrases au total (17)
— syllabes par phrase (29 ou 41)
— mots par paragraphe (29 ou 41)
— syntagmes par section (29 ou 41)
— propositions au total (41)
— mots au total (239)
— syllabes au total (577)
Et l'on peut aussi mentionner ces totaux premiers pour les
longs morceaux de type méta-« 2 2 3 » (= méta-méta-« 3 ») :
— syllabes par longue proposition (17)
— mots par longue phrase (17)
— syntagmes par long paragraphe (17)
— propositions par longue section (17)
— syllabes par longue section (239)
La principale difficulté technique est l'interdiction des monosyllabes.
L'ombre s'éployait, rendant l'orbe silencieux ; alors l'astronaute, avec anxiété, choisit d'aller l'observer. Geste courageux, qu'aucun autre n'oserait : sortir lentement, pointer l'engin d'analyse ; encore incrédule, ouvrir l'objectif, scruter l'aspect extérieur.
D'abord engourdi, l'aimant semblait hésiter : pourquoi préférer, plutôt simplement, une seule direction ? L'acier ballotta, virant ensuite amplement ; l'homme regarda, presque rassuré, tourner l'aiguille affolée. Instant décisif, prendre congé maintenant : adieu l'équipage, ailleurs s'apprend l'inconnu ; l'amarre enlevée, ainsi libéré, l'esquif enfin s'éloigna.
*
Voyage incertain, parmi l'abysse indigo ; l'ellipse aboutit, toujours calmement, contre l'étrange océan. C'était Solaris, l'illustre étoile hydrophile ; antan prospectée, elle dormait désormais ; comment l'éveiller, malgré l'amnésie, afin d'ouïr l'infini ?
Certes compliqué, parce qu'elle méditait ; souvent réfléchir, l'optique enseignait, voulait dire refléter. L'astre s'imitait, copiant chaque vibration ; l'onde frémissante, immense intellect, mille clones engendrait. L'éther s'emplissait, l'espace allait s'encombrer ; pourquoi répéter, pourquoi soudain s'entasser : cela recherchait, claire déduction, une survie éternelle.
*
Avant l'explosion, l'effroi gagna l'astronaute : urgence absolue, autant s'éclipser, vite d'ici déguerpir ! Régler l'astronef, avec l'élan maximal ; lancer l'appareil, selon l'orbite excentrique ; après patienter, longtemps s'échapper, atteindre une vacuité.
Sciemment ralentir, pendant qu'oeuvrait l'horizon ; autour regarder, comprendre âprement, l'effet qu'offre l'Univers. Voici l'artifice, une totale imposture ; absurde illusion, notre monde déguisé : chaque galaxie, amas sidéral, d'atome avait l'apparence.
Ensemble intégral, comment paraît l'édifice : une déité, l'Être supérieur, l'esprit d'essence algébrique ? Une déraison, l'écho d'efforts structuraux ; l'aveugle invention, l'erreur d'écrivains, l'échec d'essais hasardeux ? L'homme délirait, croyant saisir décemment : sûre conclusion, c'était l'ascète oulipien ; voilà l'encrier, l'Aleph borgésien, l'espoir d'ivres stylographes !
Deux ourobindromes-express du 12/03/20 et six palindromes-express du 19/03/20
La prééminence
Devant la Santé
Qu'atteint la phynance
Aigrit l'édenté
Moralité :
Or
ça
m'a
suri,
volage
mégalovirus
à
Macron !
*
Tallard n'est avide
Mais son échevin
Accepte qu'on vide
L'entrepôt de vin
Moralité okapi :
Gap,
économe,
légalise
du
désilage
le
monocépage.
* * *
Dans ton inconscience
Tu crois vivre heureux
Sans toit ni bombance
Hère poussiéreux
Moralité :
Ô
dolce
vita !
Tu
pédalas
en
une
salade
putative,
clodo.
*
Jamais tu ne mixes
En tes lourds quatrains
Les soupirs de nixes
Aux songes marins
Moralité :
Tes
rêves
ne
dédièrent
Néréide,
dense
verset.
*
Heidegger, l'altesse
Sans partialité
Réfute en vitesse
Ta réalité
Moralité :
Alerte,
la
reine
reniera
l'être-là.
[Palindrome certainement
plus naturel, mais moins nouveau,
sous la forme « Drôle,
... le
lord. »
ou « Rosse,
... l'essor. »]
*
Évade-toi vite
Vendeur de confort
Pour cuisines : quitte
Ce Bohémien fort
Moralité :
Fissa,
ménagiste
dépacsé,
rescapé
de
tsigane
massif !
*
On a vu dimanche
Maint Français dehors
La crise s'enclenche
À haut niveau lors
Moralité :
Semaine
renégate,
n'obéir ?
Une
priorité
lèse
le
tiroir :
pénurie.
Bon
étage
ne
reniâmes...
*
Il faut retranscrire
Cette page assez
Longue, eh oui sans rire,
Pour se déplacer
Moralité :
Car
ci
récitons
notice
ric-rac
P.S. du 22/03/20 :
Écritures
Plutôt que la stance
Sublime d'un lion
Passons sous silence
L'art du tabellion
Moralité :
Taira-t-on
lai
virtuose,
vers
rêvés,
ou
trivial
notariat ?
*
Chanteur monégasque
Assez dépressif,
L'étale eau te masque
Du temps le récif.
Moralité :
Sot,
ce
ridé
Si
l'âge
te
trace
là
un
été
nul,
la
mer
reflète
l'a
priori —
miroir
pâle
tel
Ferré
mal
luné,
tenu
à
l'écart
et
égalisé
directos.