HOG à rimes
carrolliennes
[Nombre premier de vers (23), de syllabes par vers
(5 ou 7) et de syllabes au total (137). Mots-rimes
successifs ne différant que d'une lettre.
Beaucoup d'expressions figées sont volontairement
employées.]
Puisque est mort son père
Et que l'a rejoint sa mère,
Il cherche en la mare
De larmes la perle rare
Apaisant sa rage.
Sera-ce l'ombre d'un sage,
D'une sale sole,
Ou chacun à tour de rôle ?
Il sait que la roue
Du destin l'a mis en joue,
S'en donne à coeur joie
Pour l'égarer de sa voie.
Il fait peine à voir,
Scrutant du matin au soir,
Fouillant avec soin
Dans cette botte de foin.
Une seule fois,
Vers le trente-six du mois,
Il trouvera, mais
Gardant le coeur sur la main
Comme du bon pain,
Il va tout laisser en paix :
L'art n'a pas de prix.
miserere
[Sonnet respectant simultanément
deux propriétés du mot
« coronavirus » : l'alternance
consonne-voyelle (rigidité de l'okapi), comme dans cette
excellente dépêche Sçientifique
de Nicolas Graner, et la
contrainte
du prisonnier laxiste (évoquant le confinement actuel),
c.-à-d. un lipogramme en BDFGHJKLPQTY autorisant
ponctuation, diacritiques et points
sur les i.
L'okapi est assez mal adapté à
l'alexandrin
classique, car il interdit de faire suivre les e caducs
par une voyelle, donc ils sont bannis des 6e et
7e syllabes — ça récuse
sa césure sinon.]
ce coronavirus ose me remiser
en une zone si morose — ma masure.
macaron avisé résume sa mesure
mi-sévère : ceci va me sécuriser.
à ce cocorico venez ironiser :
on examinera sa semi-sinécure,
si ça s'avérera rimer avec usure,
sa menace sera non à minimiser.
or, avare sécu ric-à-rac érosive,
son ère mènera sur arène nocive
car on exonéra ses écus à césar.
un économe sec ici même remixe
ni revenu reçu ni canevas anar.
en ire mûrira monomane ma rixe.
P.S. du lendemain : distique hétérodigrammatique à rime riche
Homme, chat, caracul, sole, ah ! serpent et mye,
On est tous vicinaux : las aire pandémie...
Autre distique hétérodigrammatique du 14/04/20 :
Las mortels, abusez de vos confinements
Si carcéraux et gris pour lire dix romans !
Holorimes hétérodigrammatiques
[Première tentative de distique d'alexandrins
holorimes qui soit aussi
hétérodigrammatique
— c.-à-d. n'utilisant aucun couple de lettres
successives plus d'une fois, même séparées par
des espaces ou des ponctuations. C'est d'une difficulté
assez effroyable, d'où les hiatus et
l'obscurité de l'énoncé
proposé...]
Gare à ce génie,
D'où que vous veniez !
Buvez gin, non lie,
Restez habillés !
Moralité :
Sirs roms, n'y allez nus, scythe et kazakh, au djinn :
Ce rhum, ni (ah) laid, n'eut cité casaque, ô jean !
P.S. du surlendemain :
Parfums et toiture
Médusent d'amour
Le mage immature
Ça vaut le détour
Moralité :
Ô myrrhe et thym, dais, lys, en qui lauze hacke Roi,
Oh mirés teints, délice : ankylosas coeur, wouah !
Deux minimalismes
[en marge de ces
deux
monovocalismes
plus travaillés]
• Robert Rapilly a
proposé à la
liste oulipo de résumer la vie de
Félix Fénéon
en 140 caractères
(twoosh). Voici ma
proposition — où j'évoque,
à sa manière,
le fait qu'il n'était pas le premier
chantre de la concision :
Félix Fénéon (1861–1944), critique français,
découvreur de talents non académiques. Ce n'est
pas de lui que Jules Renard disait “Trop long”.
• Acronymes confinés
Pandémie : pas absolument nécessaire
d'en mourir in extremis.
Coronavirus : cet obscur ravage organique nous aura valu
isolement rigoureux une semaine (un semestre ?).
[Voir aussi ces autres acronymes des oulipotes]
Coronavirus
[Jean-Luc Doutrelant a proposé à
la liste oulipo de composer des homophonies
approximatives de « coronavirus »,
à la manière du
n° 16
de la « Bibliothèque
Oulipienne ». Vous pouvez retrouver
les nombreuses réponses dans
les archives
de la liste.
Voici l'unique quatrain, autoréférentiel,
que j'ai écrit.]
Ce confinement
Trop long nous courrouce
Nous sentons vraiment
Qu'hors on a vie douce
Je suis ensuite passé aux anaphones, c.-à-d. au mélange des phonèmes de « coronavirus » :
De sa nourriture
Jamais assouvi,
Sa progéniture
Cronos eut ravi.
Dans l'Arctique immense,
Un ours n'a pas su
Trouver de pitance :
Carnivore ossu.
Rugova dit quatre
Fois : Vaincre les chars,
Milosevic battre,
Unir Kosovars !
Vinko Globokar
Le trombone honore
D'échos globaux car
Cuïvra sonore.
Traditionaliste,
L'instituteur a
Des goûts de graphiste :
Cursive honora.
Un enfantillage
De cet acabit
(Ça me décourage)
Au connard survit.
Et pour étendre encore davantage, je suis finalement passé aux anagrammes :
L'Oulipo décida d'explorer alentour
Ouvroir scan
Nous travaillions vraiment beaucoup à cette époque
Car ouvrions
On aperçut soudain flotter une défroque
Or, voir un sac
Ramons vite il pourrait s'agir d'un troubadour
Cours, aviron !
Listant tous ses travaux en guise de bonjour
C.V. : on sourira
Il nous semble passé maître du soliloque
Avons cru roi
Mais si bête et si mal léché que l'on s'en moque
Vrai ours con
En voyant s'épancher son discutable humour
Con s'ouvrira
Le bonhomme se dit à l'olifant habile
Savoir un cor
Et lance tel Roland un râle volubile
Ouvra son cri
Nous faut-il supporter un désordre pareil
Ouïr son vrac
Sur lui plongeons afin d'étouffer ce sans-gêne
Son à couvrir
Apparaît un squelette en son simple appareil
Car voir un os (vrai os cornu)
Lors comme à Roncevaux la terreur nous enchaîne
Nous riva, roc
Mais je me suis souvenu juste après que
Nicolas Graner
avait déjà composé
un sonnet selon la même contrainte
le 20/03/20, et plusieurs de nos anagrammes
sont très voisines voire identiques !
Fort heureusement, nos sonnets sont
différents.
P.S. des 12 & 14/04/20 : ovillejorona
Qu'annonce chaque tabloïd ?
Le Covid.
Quel nom choisit l'Académie ?
Pandémie.
Que reprenons-nous en chorus ?
Le virus !
Mais pas besoin d'un thésaurus
Ni des finesses du Parnasse
Pour savoir qu'ici nous menace
Covid, pandémie ou virus.
*
Quelle option reste anéantie ?
La sortie.
Jusqu'à quand Macron le promet ?
Onze mai.
Que répète-t-il à l'antenne ?
Quarantaine.
Ô trop lointaine prétentaine
Que fait miroiter le pouvoir !
L'ancienne norme est notre espoir :
Sortie en mai de quarantaine...
Quasimodo
[Tristan Corbière]
(Vérité)
[Jean Molinet]
Sitôt qu'a disparu le coupable immolé,
[Victor Hugo]
À chaque heure apaisant la souffrance amollie
[Auguste Angellier]
Comme un joyau royal dans un coffre scellé,
[Charles Guérin]
Ci-gît un monde mort pour cause de folie.
[Auguste Barbier]
Et mes ressentiments ne l'ont pas violé,
[François Maynard]
Et rêvant, dans leur vol, la libre Thessalie
[Charles-Marie Leconte de Lisle]
Peut rire du plaisir qu'elle vous a volé,
[Théophile de Viau]
Vous dont le sang lavait toute grandeur salie.
[Arthur Rimbaud]
Quels que soient mes destins, je dis comme Byron :
[Alfred de Musset]
Ô mes désirs semés en la déserte arène !
[Madeleine Des Roches]
Car son bras a guidé la première carène
[José-Maria de Heredia]
Devant le frais cottage au gracieux perron,
[François Coppée]
Et volant après toi, le docile Morphée
[Paul Desforges-Maillard]
Tenant de mille coeurs un superbe trophée.
[Clovis Hesteau de Nuysement]
Madame de La Val
[Mellin de Saint-Gelais]
Homointervalles
[maladroites tentatives en français pour imiter ce
message caché
du Futility Closet]
Jean, ânier mi-navré.
W X Y Z A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V
J K L M N O P Q R S T U V W X Y Z A B C D E F G H I
E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y Z A B C D
A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y Z
N O P Q R S T U V W X Y Z A B C D E F G H I J K L M
Lu ara : « Zobs du crevé ! » Et l'âne : « Bof, périr. »
S T U V W X Y Z A B C D E F G H I J K L M N O P Q R
H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y Z A B C D E F G
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L M N O P Q R S T U V W X Y Z A B C D E F G H I J K
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Fou lu, y ragréer ci : pan ! Enterré.
F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y Z A B C D E
O P Q R S T U V W X Y Z A B C D E F G H I J K L M N
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F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y Z A B C D E
S T U V W X Y Z A B C D E F G H I J K L M N O P Q R
S T U V W X Y Z A B C D E F G H I J K L M N O P Q R
F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y Z A B C D E
Mob pré-su, vie mi-an cerna givre, na !
M N O P Q R S T U V W X Y Z A B C D E F G H I J K L
O P Q R S T U V W X Y Z A B C D E F G H I J K L M N
B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y Z A
X Y Z A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W
K L M N O P Q R S T U V W X Y Z A B C D E F G H I J
Boxö,
Erara,
Hudud,
Iveve,
Mzizi,
Najaj,
Renen,
Fofo,
Irir,
Lulu.
A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y Z
N O P Q R S T U V W X Y Z A B C D E F G H I J K L M
W X Y Z A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V
N O P Q R S T U V W X Y Z A B C D E F G H I J K L M
W X Y Z A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V
Typote PUF va du val inédit.
T U V W X Y Z A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S
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P Q R S T U V W X Y Z A B C D E F G H I J K L M N O
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T U V W X Y Z A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S
E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y Z A B C D
Bi-pelté show nu était là.
M N O P Q R S T U V W X Y Z A B C D E F G H I J K L
B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y Z A
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Q R S T U V W X Y Z A B C D E F G H I J K L M N O P
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Yes, vague zek, jouis !
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Y Z A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X
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S T U V W X Y Z A B C D E F G H I J K L M N O P Q R
C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y Z A B
Pacte dû, ce SDF ne s'éprit.
P Q R S T U V W X Y Z A B C D E F G H I J K L M N O
A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y Z
C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y Z A B
T U V W X Y Z A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S
E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y Z A B C D
Ex-union : atout vu.
E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y Z A B C D
X Y Z A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W
S T U V W X Y Z A B C D E F G H I J K L M N O P Q R
Y Z A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X
X Y Z A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W
Zoo zappa dette là.
Y Z A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X
Z A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y
O P Q R S T U V W X Y Z A B C D E F G H I J K L M N
O P Q R S T U V W X Y Z A B C D E F G H I J K L M N
Z A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y
Monogrammes
[Liste de titres monogrammatiques, à la
manière de ce passage
d'« Ulysses » de
James Joyce,
aujourd'hui bien connu des perecquiens :
« Books you were going to write with letters
for titles. Have you read his F? O yes, but I prefer Q.
Yes, but W is wonderful. O yes, W. »
Ça systématise
la Bibliothèque Oulipienne
n° 130 de
Paul Braffort.
Les nombres indiqués donnent les totaux des lettres
correspondantes dans cette même phrase,
juste pour le plaisir de jouer avec
l'algorithme
de Jacques Pitrat,
que j'ai reprogrammé le
19/04/20 avec le logiciel
Mathematica.
Ça m'a permis de retrouver facilement
nos résultats
de 1998 et d'en obtenir beaucoup de nouveaux, dont quelques
exemples sont associés à la
date 04/20 en bas de
cette page.
À cette occasion, j'ai remarqué que l'astuce
centrale de cet algorithme avait en fait déjà
été expliquée quatre ans avant
Jacques Pitrat dans
cet article de
Lee Sallows.]
Pendant le confinement, j'aurais dû lire ou voir
cinquante-cinq fois « À » de Hisashi Okuyama,
treize fois « b: » de Frank Escoubès,
vingt fois « C » de Tom McCarthy,
trente-huit fois « D. » de Robert Harris,
cent une fois « E » de Daniel Danis,
trente-quatre fois « F » de Daniel Kehlmann,
douze fois « G. » de John Berger,
vingt et une fois « H » de Philippe Sollers,
quatre-vingt-une fois « I » de Shankar Shanmugham,
sept fois « J » de Caroline Sagot Duvauroux,
onze fois « K. » de Bernardo Kucinski,
vingt-sept fois « L » de Thibaut Klotz,
treize fois « M » de Juan Vilá,
cinquante-quatre fois « N » d'Éric Pessan,
cinquante-huit fois « O » de Tim Blake Nelson,
quatorze fois « P » de Paul Spurrier,
quatorze fois « Q » de Luther Blissett,
quarante-cinq fois « R » de Tobias Lindholm et Michael Noer,
soixante-dix fois « S. » de Jeffrey Jacob Abrams,
cinquante-six fois « T » de Lionel Gaspar,
trente-six fois « U » de Grégoire Solotareff,
dix fois « V. » de Thomas Pynchon,
une fois « W » de Francky Gilbert-Lauret,
sept fois « X » de Sébastien Teissier,
sept fois « Y » de Jacques Heyst,
et huit fois « Z » de Vassilis Vassilikos.
Lettres à leurs rangs alphabétiques
[Dure contrainte littérale de nouveau
trouvée sur
Futility Closet :
construire une phrase
dont le plus de lettres possible apparaissent à
leurs rangs dans l'alphabet, par exemple
A comme première lettre, ou B comme seconde, ...,
ou Z comme vingt-sixième et dernière
lettre. Voici trois tentatives personnelles introduites par des
demi-sélénets,
comptant
16 lettres correctement placées, et même
17 pour le troisième exemple.]
Sombre précipice
Reçois nos passés
Vers son fontispice
De plâtre foncez
Moralité :
Abîme, fiai-je
l'an, ô pur
stuc ? Axez !
*
Ce précis repère
Est ingurgité
Lorsque se tempère
La moindre gaîté
Moralité :
A bu défini
jalon : ô
périt un
witz !
*
Belle, je possède
Internet grand flux,
Un sol couleur guède...
Et ne chante plus.
Moralité :
Ah ! clef 4G
ai-je, lino pers,
tu gwerz ?
[Voir aussi ces énoncés de Noël Bernard et Nicolas Graner]
P.S. du lendemain, avec seulement 15 lettres mais cette fois selon l'ordre alphabétique inverse :
Calme idiome en Chine
Happons le soupir
D'âme qui s'échine
À ne pas mourir
Moralité :
Zen wu, attrapons le
jingle du ba !
P.P.S. du 26/04/20 :
Noël
Bernard a proposé de reprendre la contrainte
ci-dessus,
mais avec une autre suite de lettres imposées,
par exemple celles du premier
vers du Desdichado,
ou leur anacyclique comme dans
ce premier exemple
de sa plume. Voici ce que j'ai construit peu
après selon son modèle, avec
28 lettres sur 33 coïncidant avec cet
anacyclique :
Fleuve où l'on vénère
La Femme, choisis
Bien ainsi la pierre
Que tu détruisis
Moralité :
Élis roc, Nil où Ève louer ! Bene tel, si usez.
(élos noc nil fu eve lxuer béné tel si useJ)
Je me suis ensuite amusé à
imiter les lettres de ce vers dans leur ordre de
lecture normal, mais en interdisant la
réutilisation de mots de l'original.
25 lettres sur 33 sont ici correctement
placées :
Ô frères helvètes,
Amis d'Israël,
Rejoignez nos fêtes,
Youpi, de Noël !
Moralité :
Hé, Suisse ! Té, Hébreux ! Réveillonnons, olé !
(Je suisle té nébreux leveuflincons olé)
Demi-sélénets à graphies excentriques
[distorsions orthographiques
d'homophones
allographes,
classiques dans les
limericks
anglais]
Ceinte par de Broglie,
Madame de Staël
En 17 endoglie
L'univers postaël.
[N.B.: la grande épistolière
Germaine de Staël est vraiment morte en
1817 en s'écroulant dans les bras de son gendre
Victor de Broglie.]
*
Avec mon laguiole
Qu'on avait gouaillé,
J'ai troué la guiole
Et me suis nouaillé.
*
C'est une gageure
De voir un fleuron
Alpin, je vous geure,
Dans le Lubeuron.
*
Loin d'une féerie
Est la nuit à Stains :
La périféerie
N'offre aucun destains.
*
J'allais à La Clayette
Portant un fuchsia
Sur ma bicyclayette ;
L'effort m'asfychsia.
*
C'est bien sûr Tom Cruise
Et non Jean Paulhan
Qui fuit la cambruise
Tout en la spolhan.
*
Quand Harvey Weinstein
(Pas McConaughey)
Pour l'huile s'obstein,
C'est de monaughey.
*
Il faut que l'on dompte
À notre grand dam
Ce fier mastodompte
En l'appréhendam.
*
Pervers, tu diffemmes
En traitant de clowns
Sans vertu dix femmes
Berçant leurs pitchowns.
*
Mus jusqu'à leurs moelles
Par le gai scherzo
Montant aux étoelles
D'un petit wazo,
Se goinfrent les moennes
De croque-mentcieux
En frottant leurs couennes
Car ils aiment cieux.
*
Étrange Amérrhique,
De jour ou by nheit
Danse la pyrrhique
Contre Fahrenheit.
Moralité :
Suis
le
Celsius !
*
Après qu'Alain Caughannes
Eut bûché vaughan Neu-
mann, surgit Vaughan Jaughanes
Classifiant les neu.
(Le nom du mathématicien
Vaughan Jones, créateur entre autres de
polynômes de nœuds,
se prononce à peu près [von dʒɔns].
J'ai ici généralisé l'[o] de
son prénom à son nom
de famille et à ceux de
von Neumann et
Alain Connes,
dont les travaux sont liés.)
[Voir aussi ces demi-sélénets de de Nicolas Graner et Noël Bernard]
Dangers du déconfinement
[En contre-pied de la brillante
réforme antipostillon
de François Pla, l'« Aubade des
pendus » ci-dessous n'emploie que les consonnes
phonétiques les plus contagieuses PBTD.
Même les semi-consonnes et les suites de deux
voyelles phonétiques ont été
interdites.]
Pas d'abandon d'habitat
ou patente débandade
Ton bedon t'empâtait d'hébétude embêtante,
Tu t'es tu tant de temps, tapi dans ton taudis.
Tu boudas dépité, tête éteinte, attendis
D'adapter ton tempo de taupe indépendante.
Date atteinte, on te dit d'habiter dans ta tente
Pendant tout août itou, boutade de bandits !
Débouté de bateau ? Tintin ! Tôt tu bondis :
Débuter ton topo de bipède te tente.
Debout dans ta pampa, tu détends tes petons,
Tes pattes de badaud, patauds bouts de bâtons ;
Papy datant d'antan, tes petits pas titubent.
Ton but était tabou — pis, ton toupet douteux :
Des toubibs d'hôpitaux t'amputent et t'intubent.
Bon-papa, tu t'étends dans ton tombeau piteux.
[Voir par exemple ces anciens lipophones pour un respect de la réforme antipostillon sans distordre les mots]
Na,
Gille
n'élime
Émile
Nelligan
[Robert Rapilly
a
proposé
de reprendre les mots-clefs de vers classiques dans des
palindromes.
Voici trois alexandrins de mon humble plume inspirés par
ce sonnet d'Émile Nelligan. Mon
premier vers est loin d'être original dans le domaine des
palindromes, mais c'est une micro-
traduction du onzième de Nelligan. Les bords
des deux autres alexandrins sont extraits
du huitième vers de Nelligan, et son douzième
a fourni le mot « mystère »
intermédiaire.]
Tu,
bel,
rengageras
à
regagner
le
But ?
Tâte
essor
à
trader
et
symétrie,
bon
Bob :
N'obéir,
té ! mystère
d'art à
rosse
État.
P.S. du 19/05/20 :
ourobindrome-express
dont la ligne centrale est inspirée par le
Chantre
d'Apollinaire. Le
demi-sélénet
introductif aurait pu être plus clair,
mais je n'ai pas résisté
à la tentation d'employer quelques homographes
et homophones — y compris le couple
anglo-français
« grave / tombe »
déjà utilisé en
mai 2008.
Un grave la tombe
De luth ou de cor
Nettoyant la tombe
De patelle encor
Moralité :
Hep !
mort
en
ud
étonné,
élue
seule
en
note
d'une
trompe
hâtive
marine,
son
arapède
parano
s'en
ira,
m'évita.
P.P.S. du 22/05/20 : palindrome-express
inspiré par la fin du dixième vers de
l'Amérique d'André
Chénier, mais évoquant en fait le roman
Robert d'André Gide.
Quand l'épouse charge
Son couple ennuyeux
L'auteur tait la marge
Du démenti pieux
Moralité :
Éveline
de
ça
le
drap
sape.
Gide
rend
Robert
sinistre :
bord
ne
rédige
pas
par
delà
ce
déni
levé.
Double acrostiche interne
[Généralisant ces
anciens
acrostiches
internes de
Jean Fontaine,
Alain Chevrier et
Rémi Schulz,
j'ai cherché deux colonnes simultanément lisibles
dans le Desdichado
de Nerval, d'abord
à la main, puis avec l'aide
informatique cruciale de Nicolas Graner.
Le résultat choisi ci-dessous offre une sorte de
condensé du poème — même
le deuxième mot étant bien adapté au
protagoniste déshérité.]
Étoile usuraire
Noirâtre sonnet
Je suis le tÉNébreux, — le veuf, — l'inconsolé,
Le prince d'Aquitaine à la TOur abolie :
Ma seule étOIle est morte, — et mon luth constellé
Porte le soleil noIR de la Mélancolie.
Dans LA nuit du tombeau, toi qui m'as consolé,
Rends-moi le Pausilippe ET la mer d'Italie,
La fleUR qui plaisait tant à mon coeur désolé,
Et la treille où le pampre à la roSE s'allie.
Suis-je Amour ou PhébUS ?... Lusignan ou Biron ?
Mon front est ROuge encor du baiser de la reine ;
J'ai rêvé dANs la grotte où nage la sirène...
Et j'ai deux fois vaINqueur traversé l'Achéron :
Modulant tour à tour sur la lyRE d'Orphée
Les soupirs de la sainte ET les cris de la fée.
J'ai ensuite effectué une micro-traduction
de ce sonnet afin que tous ses mots soient lisibles
verticalement selon de tels acrostiches internes
(dans un sous-ensemble de vers contigus
pour les mots de moins de quatorze lettres),
à condition d'indenter convenablement les vers.
Même les mots du poème original qui ont ici
été modifiés sont lisibles de cette
façon, ainsi
que ceux du titre, du sous-titre, de la signature et du
nom de naissance de Gérard Labrunie.
El Desdichado
(Le Déshérité)
Je suis le ténébreux, — le veuf, — l'inconsolé,
Le prince d'Aquitaine à la tour abolie :
Ma destinée est morte, — et mon luth constellé
Porte le soleil noir d'une Mélancolie.
Dans la nuit du tombeau, toi qui m'as consolé,
Rends-moi le Pausilippe et la mer d'Italie,
La fleur qui plaisait tant à mon coeur désolé,
La treille où ce bon pampre à la rose s'y lie.
Suis-je Amour ou Phébus ?... Lusignan, de Biron ?
Mon front voit rouge encor d'un baiser par la reine ;
J'ai rêvé dans la grotte où nage la sirène...
Et j'ai deux fois vainqueur traversé l'Achéron :
Modulant tour à tour sur la lyre d'Orphée
Les soupirs de la sainte et les cris de la fée.
(Gilles Esposito-Farèse d'après Gérard de Nerval)
[Voir aussi la magnifique animation et la version dynamique qu'en a faites Nicolas Graner]
P.S. du 17/05/20 : modification de mon
ancienne version Circulaire
du Desdichado pour lui ajouter
un acrostiche interne autodescriptif
Aliéné nié Séide désolé Ma région aquitaIne a fini abolie Mon étoile n'emplit Ni mon luth constellé Ni l'abstrait soleil noIr de ma tempe affaiblie Aux tombeaux par leurs nuitS sainte âme aux soins zélés Rends-nous donc tous les monTs d'où choient eaux d'Italie Maints plants d'exquises fleuRs pour mon coeur tant troublé Puis la treille au doux pamprE où stricts rosiers s'allient Suis-je Amour l'ocre Hélios Schwarzschild Planck ou Biron Mon front clair s'oint de pOurpre au baiser de la reine Songeant bien quiet dans L'antre où nagea la sirène Lors j'ai su traversEr une fois l'Achéron Vocaliser opus aInsi que coryphée Évoé amuï éLyséen ô fée
Doubles acrostiches internes
en vers courts et selon deux colonnes adjacentes
[Les mots de 14 lettres lisibles verticalement
ou en diagonale sont tels que chaque
consonne de l'un correspond à une voyelle dans l'autre.
La musique des « Ricochets »
de Brassens est bien adaptée aux neuf derniers
vers du troisième sonnet.]
Totalitarisera
inexorabilités
TIens, rime,
cONquiers
TEs vers
MAXime !
LOi prime,
Les aIRs
TAnt clairs
ABîme.
PéRIl
Du vIL
SIlence...
ET sot
RElance
L'ASsaut.
*
Prosodiquement
autodidactique
PArnassiens
RUisseaux d'encre,
ÔTez d'ancre
SOnnets miens.
ODe, tiens
DIgne, échancre
IDiot cancre !
QAnûn, viens !
UChronie
ET jaunie
MIne, tu
ÉQuivoques
NUits si moques
TErcet tu.
*
Allégorisation
diagonalisable
ADore la drogue
ALIgnant un mot
HéLAs de marmot
ManÈGe analogue
Ici GOmme bogue
FeignONs à mémo
Vain bRAvissimo
Têtu phILologue
Pote moiSIssant
Agis en pASsant
À dure monTAgne
Rimeur affaIBli
Ton chant abOLi
Mérite le bagNE
[Voir aussi ce double acrostiche interne de Noël Bernard]
Sachez ma discrétion, timbrés de liste oulipo : on découvre le fol
antagonisme de ma loi préétablie en analysant mes caractéristiques
incontestables. On aura l'obligation de délivrer des ombres la
syllabe sans diviseurs autres qu'unité, ni nominalement double à
elle-même. Puissions-nous les voir sans difficulté, ces rangs
choisis d'Euclide, dispositifs bluffants, universels nombres
premiers ! Lisons les alexandrins d'un poème incohérent :
Ô règle désirée en une douce étreinte !
Prévoyons le futur, mais sans diérèse en trop
Scions l'ensemble des mots qu'a régi la contrainte
En syllabes fusant, plus grandes que zéro.
Manqueront les produits de l'actuelle étape.
Sourd aux chiffres, si l'art naît pour étiqueter,
Mieux vaut rester muet. Tôt son texte on retape
Comme lorsqu'on entasse ions à déchiqueter.
Catalogue achevé, ne montreras-tu guère
Postérieurement ce qui fut calibré ?
Vas-tu désamorcer ton appareil filaire
Et nous lancer au pur zénith enténébré ?
Schéma crétin ou pauvre euphonie élimée,
Risque ta livraison sans aucune ablation.
Tes illisibles vers, poésie enfumée,
Scions car confusément, les sourcils net haussions.
Que caches-tu, polymorphie osée ?
Ma craie ouvre l'iris, vraisemblable potion, zélé topo,
Crée où livre est posé
Oulipo.
(Li Po)
[Chaque partie (séparée par
une ligne blanche) est obtenue à partir de la
précédente
en n'en conservant que les syllabes de rangs
premiers. C'est donc un adoucissement
des holorimes
stroboscopiques
d'il y a seize ans (et de cette
contrainte littérale postée
sur la liste oulipo). Les nombres premiers sont
repérés en gras dans la liste ci-dessous,
correspondant aux 276 syllabes de la première partie,
et respectant ses retours à la ligne
pour aider la comparaison :
1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19,
20, 21, 22, 23, 24, 25, 26, 27, 28, 29, 30, 31, 32, 33, 34, 35, 36, 37, 38, 39, 40, 41, 42, 43,
44, 45, 46, 47, 48, 49, 50, 51, 52, 53, 54, 55, 56, 57, 58, 59, 60, 61, 62, 63,
64, 65, 66, 67, 68, 69, 70, 71, 72, 73, 74, 75, 76, 77, 78, 79, 80, 81, 82, 83,
84, 85, 86, 87, 88, 89, 90, 91, 92, 93, 94, 95, 96, 97, 98, 99,
100, 101, 102, 103, 104, 105, 106, 107, 108, 109, 110, 111, 112, 113, 114, 115, 116,
117, 118, 119, 120, 121, 122, 123, 124, 125, 126, 127, 128, 129, 130, 131, 132,
133, 134, 135, 136, 137, 138, 139, 140, 141, 142, 143, 144,
145, 146, 147, 148, 149, 150, 151, 152, 153, 154, 155, 156,
157, 158, 159, 160, 161, 162, 163, 164, 165, 166, 167, 168,
169, 170, 171, 172, 173, 174, 175, 176, 177, 178, 179, 180,
181, 182, 183, 184, 185, 186, 187, 188, 189, 190, 191, 192,
193, 194, 195, 196, 197, 198, 199, 200, 201, 202, 203, 204,
205, 206, 207, 208, 209, 210, 211, 212, 213, 214, 215, 216,
217, 218, 219, 220, 221, 222, 223, 224, 225, 226, 227, 228,
229, 230, 231, 232, 233, 234, 235, 236, 237, 238, 239, 240,
241, 242, 243, 244, 245, 246, 247, 248, 249, 250, 251, 252,
253, 254, 255, 256, 257, 258, 259, 260, 261, 262, 263, 264,
265, 266, 267, 268, 269, 270, 271, 272, 273, 274, 275, 276.]
Mélodie irlandaise
[d'après
Gérard de Nerval imitant Thomas Moore,
citant en « acrostiche de trigramme
par vers » les 42 lettres
(réponse ultime) du dix-septième alexandrin de l'original :
Car je
préfère encor ses brouillards et ses larmes
Les trois premières lettres des vers successifs doivent
ici être lues de gauche à droite,
et non en colonnes comme dans nos précédents
doubles
acrostiches.
Il s'agit d'une
réponse à cette
généralisation
de la notion d'acrostiche par
Nicolas Graner.]
CARrière commencée au soleil du matin,
JEPerçus le roulis d'une barque sur l'onde.
REFluèrent les flots avant la nuit profonde,
ÈRE où gît sur le flanc nacelle ou brigantin.
ENChevêtrés au temps, voilà notre destin :
ORS brefs de la jeunesse où le bonheur abonde,
ESBignés quand le soir étend son voile immonde
ROUillant notre âme, seule en un chagrin certain.
ILLusion d'une paix qu'offrirait la vieillesse !
ARDez, charmes de l'aube, y compris sans liesse,
SET brumeux qu'on préfère aux lueurs du couchant !
SESame désiré pour une renaissance
LARguant émois nouveaux et flammes s'ébauchant,
MESure cet amour parfumé d'innocence !
Quatre quatrains
Le citoyen modèle a l'esprit formaté
Pour que jamais n'advienne aucune catastrophe :
Il ne critique rien, surtout ne philosophe,
Et
abêti,
dément,
ne
médite,
bâté.
*
Pouvoir autoritaire et sans borne, tu prônes
La surveillance en masse aussi bien des vieux lits
Que des innocents, même en terre ensevelis :
Señor
drap,
eh
cercueil,
non-lieu
crêché
par
drones !
*
Pendant la canicule, un mollasson blanc-bec
Déshydraté voudrait boire une limonade,
Croyant qu'un dieu liquide en fait l'en persuade :
Ce
soda
élit
un
inutile
ado
sec.
[Quatrains d'alexandrins terminés par un palindrome]
*
D'où viennent donc ces rythmes irritants ?
Le Cantor, loin de la grâce teutonne,
Combine au jazz la ballade bretonne :
Vil gwerz funky que Bach joue à dix temps.
[Quatrain de décasyllabes terminé
par un pangramme
hétéroconsonantique
de 33 lettres. Moins de lettres sont possibles,
mais avec aussi moins
de syllabes, et l'on perdrait alors l'autoréférence
aux « dix temps ».]
El Auto-acrónimo
[les initiales des mots successifs reproduisent
les deux premiers vers et demi]
J'étais triste, — anthracite, — inconsolable, — seul,
Tsarévitch régional ici sans tour entière :
Astre noir trépassé, — harpe rend aurifère
Cet inquiet tournesol encrant indûment Nieul.
Confortante ombre, nuit sous opaque linceul,
Accorde Bagnoli, latine eau salutaire,
Ensemence urgemment la transalpine serre
Avec rose et vignoble illuminant tilleul.
Cupidon, Hélios reste ?... En Gontaut illusionne ?
Orange nous aima l'incendiaire couronne ;
Il songeait alentour : nageait sirène tard...
Or ultra-résistant, Enfer nous traversâmes :
Il est rythmiquement émis avec sitar
Tes religieux échos, nos ovations infâmes.
(réécriture
tauto-référente effectuée par acronymes
suivis, selon Esposito)
[Voir aussi cet auto-acronyme en prose de 2011]
Étude rythmique
[Illustration de l'aspect chaotique de la
plus petite suite sans cube, que j'avais proposée
et un peu étudiée en janvier 2017, en en calculant
environ 40 000 termes. Elle avait fini
par être ajoutée à
l'encyclopédie de Sloane. Ci-dessous,
les pentasyllabes représentent
les 0 de cette suite, et les heptasyllabes ses 1. Mon but a
été d'obtenir une irrégularité
rythmique aussi rhygoureuse que possible.]
Écoute ma voix
Jamais ne répète
Un rythme plus de deux fois
Il prend l'escampette
Tu ne le revois
Évite toute routine
Choisis avec soin
Une forme fort mutine
Et cependant loin
D'être libertine
La mesure de ses vers
Semble chaotique
Comme l'univers
D'un musicien psychotique
Mais l'ordre est déterminé
Par la robotique
D'un code obstiné
Tu te croyais dilettante
En lettres ASCII
Leur danse hoquetante
Ressemble à du Stravinsky
La transe te tente
Ce ballet n'a pas de fin
Tu dois tout de suite
Jouer au plus fin
Car sans adopter la fuite
Tu mourrais de faim
Poème presque en prose
Si le poète
dit la consigne
est enfreinte
qu'il se renfrogne
trop tu devrais
avoir peur
Son modèle
qu'il faut poursuivre
là t'éreinte
et son carcan
de fou t'arrache
quelque pleur
Tu refuses
la langue éprise
de contrainte
Tu ne supportes
plus d'occire
l'ocre fleur
de chaque phrase
mais l'orphisme
te dégrève
car tu comprends
fort bien l'ivresse
d'heureux coeur
quand l'étoile
ne fuit l'aurore
qui s'élève
Or donc l'aède
clôt ton discours
avec tact
sans attendre
de voir l'ouvrage
qui s'achève
Il te console
enfin biaise
sur l'impact
de tes instables
vers confus
quoiqu'il endêve
Ce sont pourtant
d'oiseux miasmes
terme exact
[Ce poème respecte quatre contraintes :
1/ Les nombres de syllabes des mots successifs
donnent les 104 premiers termes
de la plus petite suite sans cube
mentionnée ci-dessus,
les 0 correspondant ici à
des monosyllabes et les 1 à des dissyllabes :
0, 0, 1, 0, 0, 1, 0, 1, 0, 0, 1, 0, 0, 1, 1, 0, 0, 1, 0, 0, 1, 0, 1, 0, 0, 1,
0, 0, 1, 1, 0, 0, 1, 0, 0, 1, 0, 1, 0, 0, 1, 0, 1, 1, 0, 0, 1, 0, 0, 1, 0, 1,
0, 0, 1, 0, 0, 1, 1, 0, 0, 1, 0, 0, 1, 0, 1, 0, 0, 1, 0, 0, 1, 1, 0, 0, 1, 0,
0, 1, 0, 1, 0, 0, 1, 1, 0, 0, 1, 0, 0, 1, 0, 1, 0, 0, 1, 0, 0, 1, 1, 0, 0, 1.
2/ La suite de vers de 3 ou 4 syllabes que cela engendre ne
contient pas de cube non plus :
4, 4, 3, 4, 4, 3, 3, 4, 3, 4, 4, 3, 3, 4, 3, 4, 3, 3, 4, 3, 3, 4,
4, 3, 3, 4, 3, 4, 4, 3, 3, 4, 3, 4, 3, 3, 4, 3, 4, 4, 3, 3.
3/ La combinaison de ces vers courts trois par
trois donne des alexandrins correctement
césurés, grâce à des E caducs avant
consonne, et deux diérères fluctuantes même
en prosodie
classique. C'est donc un cas particulier de
protéonet,
comme ce tog de janvier dernier.
4/ Le schéma de rimes choisi est celui d'un quatorzain irréductible,
AbAbA bCbC dCdCd,
dont la construction est expliquée dans
ce message adressé à la
liste oulipo.
Voir aussi les
superbes
illustrations
de ce schéma de rimes par
Pierre Lamy et
Noël Bernard.]
Décrépitude
[Auto-acrostiche d'hémistiche par vers (pour reprendre cette
nomenclature générale
de Nicolas Graner) : la lecture des
premiers hémistiches des vers successifs engendre
sept alexandrins, qui se trouvent coïncider avec les
sept derniers vers du même sonnet.]
En vieil émerveillé par Kafka non traduit,
Si le fait se produit, j'admets que peu m'importe :
En un songe éveillé je deviens un cloporte
Lorsque plein de finesse un roman me séduit.
J'invoque une anecdote en un troublant déduit,
Éclairant ma jeunesse où j'ouvrais chaque porte.
On dit que je radote et que je me comporte
En vieil émerveillé si le fait se produit.
En un songe éveillé, lorsque plein de finesse
J'invoque une anecdote éclairant ma jeunesse,
On dit que je radote en vieil émerveillé.
En un songe éveillé, j'invoque une anecdote :
On dit que je radote en un songe éveillé,
On dit que je radote, on dit que je radote...
P.S. encore plus répétitif du
21/06/20 : prélever les 9 premières syllabes
de chaque
vers redonne le même sonnet à partir du second
hémistiche de son quatrième vers.
On le sait, troubadour, on le sait notre amour !
Or on crève, or on crève un beau jour sur la grève :
On achève un grand rêve alentour sans relève.
L'heure est brève, on le sait — on le sait, troubadour.
On le sait ! Or on crève, or on crève un beau jour,
On achève un grand rêve alentour : l'heure est brève.
On le sait, on le sait, on le sait... Or on crève.
Or on crève, on achève un grand rêve alentour.
On le sait, on le sait, on le sait... Or on crève,
On achève un grand rêve — on le sait, on le sait.
On le sait, on achève un grand rêve, on le sait.
On le sait, on achève un grand rêve, on le sait.
On achève un grand rêve, on achève un grand rêve,
On achève, on achève, on achève, on achève.
P.P.S. du 23/06/20 illustrant
un cas intermédiaire entre les deux
précédents :
prélever les 8 premières syllabes de
chaque vers redonne le même poème
à partir des quatre dernières syllabes
de son cinquième vers.
Écho te glisse ainsi trois fois un mot complice :
Nos grands émois naîtront, vraiment distrait amant,
Sans décevoir pourront s'ensuivre en l'assumant.
Intensément allons revivre, ô mon Narcisse !
Avec l'espoir d'ardent délice, Écho te glisse
Ainsi trois fois : Nos grands émois naîtront vraiment,
Sans décevoir pourront s'ensuivre intensément.
Allons revivre avec l'espoir d'ardent délice !
Ainsi trois fois nos grands émois sans décevoir
Pourront s'ensuivre : allons revivre avec l'espoir !
Ainsi trois fois nos grands émois pourront s'ensuivre.
Allons revivre ainsi trois fois nos grands émois !
Allons revivre ainsi trois fois, allons revivre
Ainsi trois fois, ainsi trois fois, ainsi trois fois...
P.3S. du 26/06/20 :
auto-acrostiche d'heptasyllabe par alexandrin
(prélever les 7 premières syllabes
de chaque vers redonne le même
poème à partir des deux dernières
syllabes de son sixième vers).
Monisme
Tout mot double est un crime, a dit Boileau naguère :
L'aune ample d'une snob guerre éclate au grimaud.
Entre âne qui braille outre — aïe ! — et rimeur vulgaire,
Ois sur l'enclumot or ou perle de marmot.
Vide, on discourt — court plan du copiste grégaire,
Mauvais chantre ici nul, coeur itérant tout mot.
Double est un crime à l'aune ample d'une snob guerre !
Entre âne qui braille outre « aïe », ois sur l'enclumot.
Or ou vide, on discourt : court plan du mauvais chantre.
Ici nul coeur double est. Un crime à l'aune ample entre,
Âne qui braille outre « aïe » — or ou vide, on discourt.
Court, ici, nul coeur double est un âne qui braille
Outre aïe : or court ici ! Nul coeur double est outre aïe.
Or, court ici nul or, court ici nul or court.
À cette occasion, je me suis
rendu compte que mon exemple d'auto-acrostiche
d'ennéasyllabe par alexandrin du
21/06/20 contenait
certaines répétitions
inutiles — bien que compatibles avec
la contrainte. En voici donc une nouvelle
version légèrement moins bégayante :
prélever les 9 premières syllabes de chaque
vers redonne le même sonnet à partir du second
hémistiche de son quatrième vers.
Notre ouvrage éclaircit un grand rêve, y grossit
À contraindre, ennuage et noircit pour s'éteindre.
On achève un beau jour son récit sans se plaindre :
Trop à craindre au labour, notre ouvrage éclaircit.
Un grand rêve à contraindre ennuage et noircit.
On achève un beau jour son récit trop à craindre :
Au labour, notre ouvrage un grand rêve à contraindre
Ennuage. On achève un beau jour son récit.
Au labour, notre ouvrage un grand rêve ennuage.
On achève un beau jour au labour notre ouvrage,
Un grand rêve on achève un beau jour au labour.
Un grand rêve ? On achève un beau jour un grand rêve.
On achève un beau jour, on achève un beau jour,
On achève, on achève, on achève, on achève.
P.4S. du 27/06/20, tentative
conceptuelle à la limite : auto-acrostiche
d'hendécasyllabe par alexandrin blanc
(prélever les 11 premières
syllabes de chaque vers redonne phonétiquement
le même « poème »
à partir de la troisième syllabe
de son deuxième vers).
Aphasie
Deux bons thés, soir d'yeux çà... Bord ! Crayon, soutiens-moi !
Nom merdeux, bonté, soir, Dieu, sabords : créions soûls.
Tiens, nom merdeux, bonté, soir, Dieu, sabords, crayons...
Tiens, nom merdeux, bonté, soir, Dieu — sabords chrétiens !
Nom merdeux, bonté, soir, Dieu, sabords, crénom : mère
De bonté, soir, Dieu, sas, bort, crénom de bonté !
Soir, Dieu, sabords, crénom de bonsoir, Dieu, sabords,
Crénom de bonsoir, Dieu, sacré nom de bonsoir !
Dieu, sacré nom de bon Dieu, sacré nom de bon
Dieu, sacré nom de Dieu, sacré nom de Dieu, ça !
Crénom de Dieu, crénom de Dieu, crénom de Dieu,
Crénom de crénom d'eux, crénom de crénom d'eux,
Crénom, crénom, crénom, crénom, crénom, crénom,
Cré crêt, cré crêt, cré crêt, cré, cré, cré, cré, cré... Crée ?
(d'après Baudelaire)
Acrostiches sub-lettriques
[Après les longs « acrostiche
d'hémistiche » & autres ci-dessus, voici une
exploration de l'autre extrême :
les acrostiches de moins d'une lettre. Tout
d'abord un « acrostiche d'hémigramme par
vers », dans lequel la première
lettre des vers successifs donne la moitié
de lettres à reconstituer. En les
combinant deux à deux, comme dans l'image
de droite où les points sur
les i et j sont volontairement absents, elles forment le mot
« aggadah »
(partie non juridique du Talmud) que le sonnet
est censé décrire.]
conte-moi
ivre éthique
cette foi
judaïque
ce n'est loi
juridique
c'est pourquoi
illogique
chaque grand
lettré prend
cent histoires
il les lit
lors nourrit
nos mémoires
[Dans ce second exemple, les vers
successifs doivent être traduits en
morse,
et l'on doit en prélever le
premier point ou trait. Cela engendre
« .--. .-.. ..- ... »,
c.-à-d. le titre et le dernier mot ambigu
« plus » du même
sonnet
de monosyllabes. Les sauts de strophes
correspondent aux fins de lettres.]
Plus
Rire
d'airs
chers,
sire ?
Vire
clairs
vers,
lyre !
Fous,
vous
croire
lus,
voire
plus.
[Voir aussi cette illustration par Nicolas Graner du même concept avec les points du braille]
[Même contrainte que
ci-dessus, mais en prenant en compte les
titre, sous-titre et signature dans le mot
à décoder en acrostiche
de
morse :
les premiers point ou trait de chaque ligne donnent
« .- -... -.-- ... ... . »
= « abysse », les lignes blanches
servant comme précédemment à
séparer les lettres.]
El Desdichado
(Déshérité)
Gémit l'enténébré
Prince à tour abolie :
Son étoile a sombré
Vers la Mélancolie.
De ce tombeau chambré,
Rends la mer d'Italie
Que son coeur encombré
Marie à l'ancolie.
Est-ce Amour ou Biron ?
Lorsque son front se plisse,
Il rêve d'un abysse.
Franchissant d'Achéron,
Il chante comme Orphée
Les soupirs de la fée.
Labrunie
Contrainte échiquéenne
[Marc Boizeau a proposé à
la liste oulipo de coder les coups d'une partie
d'échecs dans les premiers mots des hémistiches
successifs d'un poème. Ci-dessous, j'ai
décomposé ces coups en deux mots : la lettre
initiale du premier mot de chaque hémistiche indique
quelle pièce est jouée (en utilisant P pour le
pion), et le second mot donne la case d'arrivée selon la
règle de Marc Boizeau : colonne comme initiale,
rangée comme nombre de lettres. J'ai choisi une partie
jouée en 1850 à la Nouvelle-Orléans par
James McConnell (21 ans) contre son ami
Paul Morphy (13 ans), parce qu'elle compte
14 coups de chaque camp, donc fournit le patron d'un sonnet. Le
décodage du poème donne Pe4 Pe6 /
Pd4 Pd5 / Pe5 Pc5 / Pc3 Cc6 //
Pf4 Db6 / Cf3 Fd7 / Pa3 Ch6 /
Pb4 Pd4 // Pd4 Tc8 / Fb2 Cf5 /
Dd3 Fb4 // Pb4 Cb4 / Dd2 Tc2 /
Dd1 Ce3, qui implique quand se produisent les prises ou
la mise en échec, bien que ce ne soit pas explicitement
indiqué. La notation algébrique standard
est : 1. e4 e6 2. d4 d5
3. e5 c5 4. c3 Cc6 5. f4 Db6
6. Cf3 Fd7 7. a3 Ch6
8. b4 c×d4 9. c×d4 Tc8
10. Fb2 Cf5 11. Dd3 F×b4+
12. a×b4 C×b4 13. Dd2 Tc2
14. Dd1 Ce3. Les vers du sonnet suivent
la partie en la commentant.]
Peut-être au centre aller par espoir d'art mortel,
Pour déjà s'avancer par désir de victoire,
Puis enfin l'observer par choix positionnel
Pousser ces maudits pions contre chaque prétoire.
Pourtant face au projet de briser le castel,
Ce fin stratège enfant file démolir, voire
Pourchasser aux enfers ce héraut fictionnel
Plus buté qu'un dément pris dans sa tour d'ivoire.
Pesant donc la pression, ton camarade anxieux
Fait bi-fortifïer ce filon périlleux,
Défend dur le pivot — fort bien, l'assaut s'entame !
Présent beau qu'il reçoit contre bête malheur
Dictant de s'étouffer tantôt : ce bon joueur
Décide d'arrêter car est morte sa dame.
P.S. du 09/07/20 : sonnet de trisyllabes codant une partie miniature sans aucune prise, jouée en 2012 par des amateurs sur l'Internet Chess Club, 1. e4 e6 2. f3 Cc6 3. Cc3 Fc5 4. a4 Df6 5. g4 Dh4+ 6. Re2 Df2+ 7. Rd3 Ce5#. Les coups des Blancs sont associés à des rimes féminines, et ceux des Noirs à des rimes masculines. Comme ci-dessus, l'initiale du premier mot de chaque vers code la pièce jouée, et l'initiale & la longueur du deuxième mot codent la case d'arrivée : Pe4 Pe6 Pf3 Cc6 / Cc3 Fc5 Pa4 Df6 / Pg4 Dh4 Re2 / Df2 Rd3 Ce5. Le thème a été choisi par la contrainte, qui est d'autant plus dure que les vers sont courts.
Le prédateur
Plus elle erre
Par erreur,
Plus fit guerre
Ce craint sieur.
Ce coq flaire
Frêle coeur,
Propice aire
De faveur.
Poule, gare !
De haut bec
Ruse et pare.
Donc fi ! mec,
Rends dot rare
Contre échec.
Ivresse
[Auto-acrostiche d'hémistiche par vers comme
le 16 juin dernier, et reprenant le
thème de l'ivresse déjà illustré
par Pierre Lamy
le 27 juin. C'est une réponse à un
jeu proposé par Emmanuel Glais sur
son blog et sur la
liste oulipo : reprendre dans
un texte à contraintes une citation extraite de
Manon Lescaut de
l'Abbé Prévost.
Comme Emmanuel Glais recommandait aussi d'illustrer le texte avec une
peinture de Zach Mendoza, j'ai choisi son
portrait de
Charles Bukowski.]
Après notre bombance, avec satisfaction
Amplement assouvie et mieux que mon envie,
Oui, je me retirai pour passer à l'action
Dans un certain bonheur voire une ardeur ravie.
Soûlé de mercurey j'osai ma rédaction,
Mais parole d'honneur, comme au long de ma vie
En raillant ce qu'on pense avec décontraction,
Après notre bombance amplement assouvie.
Oui je me retirai dans un certain bonheur,
Soûlé de mercurey mais, parole d'honneur,
En raillant ce qu'on pense après notre bombance.
Oui, je me retirai soûlé de mercurey
En raillant ce qu'on pense, oui je me retirai
En raillant ce qu'on pense, en raillant ce qu'on pense.
Blairerez le bizarre ?
[Auto-acrostiche
de quadrisyllabe phonétique par alexandrin,
ne répétant aucun
mot significatif : la lecture verticale des quatre
premières syllabes de chaque vers
holorime avec le dernier tiers du même sonnet,
c.-à-d. à partir de la 5e syllabe de
son 10e vers. C'est un modeste cadeau pour l'anniversaire
d'un grand oulipote.]
Art, légende de l'étrange
Qu'on t'ait nommé savant, transcendant cabaliste,
Laisse ou venir la gloire ou fuir les rationnels
Rivaux subliminaux aux goûts conventionnels :
On feint qu'illustrement ils nuisent à la liste.
Eux mentaient limités par un coeur fataliste —
N'ont d'heure éminemment les sourds professionnels.
Roi tant songeur aux vers multidimensionnels,
Aigle, offrez mystérieux accords pour analyste !
N'y censure jamais les autres avenirs.
Perec a raconté nos mêlés souvenirs :
Rive, ô sub-limon fin qui lustre mante et lime,
N'onderait miroitant son jeu réglo frémi,
Ni sens eut repéré qu'art arrive au sublime
Non de réminiscence : eut renom de Rémi.
*
Pour mieux repérer la contrainte, voici la décomposition en
quadrisyllabes choisie :
Qu'on t'ait nommé ¦ savant, transcen¦dant cabaliste,
Laisse ou venir ¦ la gloire ou fuir ¦ les rationnels
Rivaux sublim¦inaux aux goûts ¦ conventionnels :
On feint qu'illustr¦ement ils nui¦sent à la liste.
¦ ¦
Eux mentaient lim¦ités par un ¦ coeur fataliste —
N'ont d'heure émi¦nemment les sourds ¦ professionnels.
Roi tant songeur ¦ aux vers multi¦dimensionnels,
Aigle, offrez my¦stérieux accords ¦ pour analyste !
¦ ¦
N'y censure ¦ jamais les au¦tres avenirs.
Perec a ra/conté nos mê¦lés souvenirs :
Rive, ô sub-lim¦on fin qui lustr¦e mante et lime,
¦ ¦
N'onderait mi¦roitant son jeu r¦églo frémi,
Ni sens eut re¦péré qu'art a¦rrive au sublime
Non de rémi¦niscence : eut re¦nom de Rémi.
Auto-mésostiche d'hexasyllabe par alexandrin
[la lecture verticale des six syllabes centrales des vers successifs
reproduit les sept derniers alexandrins du même sonnet]
Psyché
C'est à la conjonction d'un miroir et d'une encyclopédie
que je dois la découverte d'Uqbar. — Borges
Frères, quand le rayon se reflète en surface
D'un miroir aux sommets anguleux de quartz bleus
Eux-mêmes réfléchis, plongeons-nous dans l'espace
Insondable à jamais, sans attendre frileux.
Ne cherchons aucun sens dans le vide Parnasse,
Labyrinthe insipide et peu tendre erg sableux.
En un prisme où trompeur l'Univers nous dépasse,
Le rayon se reflète aux sommets anguleux.
Réfléchis, plongeons-nous à jamais, sans attendre
Aucun sens dans le vide insipide et peu tendre
Où trompeur l'Univers se reflète aux sommets.
Plongeons-nous à jamais dans le vide insipide.
L'Univers se reflète à jamais dans le vide,
Se reflète à jamais, à jamais, à jamais.
Définition antiréférentielle du sonnet en prose
[Pierre Lamy a posté sur la
liste oulipo cette
belle définition
autoréférentielle du sonnet en prose roubaldien.
Mon esprit de
contradiction m'a poussé à la traduire en vers
rimés & mesurés.]
Pour un sonnet en prose il faut quatre versets,
Les deux premiers de taille équivalente et proche
Des quatre tiers de celle accordée aux tercets,
Pour évoquer la forme en vers et pas si moche.
Sur papier l'on se fie à nos flairs exercés,
Précieux pifomètre écartant ce qui cloche ;
Mais sur des logiciels même controversés,
Dénombrer toute lettre est devenu fastoche.
Reste à traiter le fond et l'angoisse grandit.
Comme Jouet, on peut faire un « poème bandit »
En pillant sur le Net un texte aléatoire.
En paragraphes lors il sera découpé
Selon notre patron, et s'il n'est pas loupé,
Cette OEuvre glorieuse entrera dans l'Histoire.
Décimales de π, φ et √2
[Trois
représentations
autoréférentielles
des décimales de π, du nombre d'or,
et de la racine carrée de 2, obtenues
en collaboration avec Jean Fontaine, et
inspirées par
cette mosaïque
de Spinningalltheplates.
Cliquez sur les images
pour les agrandir à la taille de
votre fenêtre.]
Coloriage littéral
Écriture d'un
programme PHP colorant les lettres
des textes fournis, selon 8 options
voisines. Il peut par exemple servir à repérer
visuellement les lettres fréquentes
ou rares (comme cet ancien programme de 2006 le faisait
déjà numériquement).
Sonnet 2138 (Bach)
[dans l'esprit des divers
néo-sonnets récemment composés sur la
liste oulipo]
Henri-René Lafon rima dans
« Plantes, bêtes,
choses, etc. » ce vers âcre aux poètes :
Haydn, Strauss, Schütz, Volf, Hahn, Schmitt, Franck, Glück, Brahms, Liszt, Grieg, Bach.
Cela fait soixante ans que sa cacophonie
résonne avec humour dans nos coeurs en play-back
car sa modernité reste tout sauf honnie.
Certes Jean-Sébastien ne l'approuverait pas
pour la composition d'une hymne triomphale ;
c'est en cherchant l'ad hoc pierre philosophale
sans s'arrêter pourtant qu'on échappe au trépas :
si le sonnet standard qu'enseignent les prépas
ne nous étonne plus, s'ankylose et s'affale,
sachons bouleverser son air macrocéphale
qui le fait tituber comme un catoblépas.
*
Déraciné
[néo-sonnet selon la diagonale d'un
échiquier 8×14 ≈ 16,124]
Ô pauvreté régïonale !
Je ne suis pas le prisonnier
de ce logement en rectangle,
mais j'en connais le prix zonier
et son étroitesse m'étrangle :
comment rester dans ce giron
de huit sur quatorze environ ?
Je l'arpente en dïagonale.
Je fais entre chaque repas
à peine plus de seize pas.
Un jour fusera ma colère,
brisant la coquille d'oeuf où
même l'échec devient scolaire
et l'on me traitera de fou.
Épiménide
[nouvel auto-acrostiche d'hémistiche
par alexandrin, comme
ci-dessus,
pour le plaisir d'exploiter les répétitions
finales d'une autre façon]
Dans son entière gloire, un chef-d'oeuvre va naître
À notre humble fenêtre ici de regardeur.
Vous devriez me croire et nourrir votre ardeur
En lisant ce sonnet procurant du bien-être
À l'abri des défauts, car il faut reconnaître
Que chacun soupçonnait rime pauvre ou lourdeur.
Ce qui précède est faux : attendez que sourde heur
Dans son entière gloire à notre humble fenêtre !
Vous devriez me croire en lisant ce sonnet
À l'abri des défauts que chacun soupçonnait.
Ce qui précède est faux dans son entière gloire.
Vous devriez me croire à l'abri des défauts.
Ce qui précède est faux, vous devriez me croire.
Ce qui précède est faux. Ce qui précède est faux.
Vers libres
Ce texte en reflet transcrit tes belles tresses
Mes tremblements chants kitschs restent exercés
Le fervent galant franchit vingt-six tendresses
Spleens d'arts mats dans l'iris imprimés percés
Tel l'enfant branchant ni Christ vif ni déesses
De ces tant francs appas chics instincts bercés
Pressent là grands halls prix infinis richesses
Serments futurs purs fuyons hors d'ords versets
Être en un club du luth dont ronds font ténèbre
Cercle d'un summum qu'un sort trop fort célèbre
Tes pschents sûrs du sud nos fronts ont préféré
Très chers tumulus scrutons vos propres centres
Les prêtres en l'humus vont coffrer mes cendres
Prendre encre et plus prompt emblème est repéré
[Comme les Shadoks rangeant consciencieusement
leur planète bidimensionnelle en
réservant l'un de ses quarts à toutes les
montagnes, un deuxième quart pour tous les
océans, etc., les voyelles sont ici réparties
dans les quatre quarts d'un disque et son
extérieur (cliquez sur l'image pour l'agrandir
à la taille de votre fenêtre) :
Le thème est inspiré
à la fois par cette conjecturale
origine archimédienne du
sonnet italien (d'où mon choix
d'hendécasyllabes bancals), et assez lointainement
par le
« cercle d'amour »
du troubabour catalan Jordi de Sant Jordi.]
P.S. du 14/08/20 : même
combinaison de contraintes mais
en alexandrins césurés et en ayant
tourné le disque de 45°
Ne reprends tes esprits il vit des tète-chèvres
Chercher cent sphinx divins distinctement rêvés
Et cercler ni l'instinct ni districts préservés
Le temps bavard finit si l'iris clôt tes lèvres
En dépendants plannings ci disposons nos sèvres
Le restant va franchir cinq trop profonds névés
Les vents blancs transcriront nos propos élevés
Vers l'abracadabrant rayon fort long d'orfèvres
L'expert astral n'a plus un rond phosphorescent
En ses cadrans sans but qu'un ostrogoth ressent
Et cependant tant d'us un nu luth constellèrent
L'émergence du flux chut sur l'humus des greens
Les scellements futurs d'un murmure tremblèrent
Vers présentement tus sur l'urne de mes spleens
Auto-acrostiches de hog par haïku
[Jérémie Piscicelli
a généralisé nos récentes
explorations d'auto-acrostiches
aux haïkus :
prélever les 3, puis 5, puis 3 premières
syllabes des vers successifs reproduit les
11 dernières syllabes du même poème.
Voici quelques exemples de ma plume.]
Ton essai raconte
quand on naissait cantonné :
c'est camp séquencé.
*
L'opéra muet,
tu l'opéras tu, Lope :
ras tu raturas.
*
« Beaux, les ravioli !
Le bolet, ras-le-bol, eh ! »,
râlera le rat.
*
Rôdaient ces narvals
taraudés : c'est à roder.
Cétacés tassés...
*
Ta néréide aime
qu'eus tanné raie cutanée,
récuré curé.
*
L'heure idéale est
sous le ris des soûleries,
des sous dessoudés.
*
Débarquons chez eux !
Vain déba(r)t : qu'on vint des bars ?
Convainquons vingt cons !
J'en ai aussi profité pour recycler ces bégaiements antérieurs :
Des froids verbiages,
dit déf. : roi verdit d'effroi
vers dix vers d'hiver.
*
Naucor' déclarée
monocorde aime aulne : ô corps
des mots démodés !
Au lieu de prélever 3+5+3 syllabes, comme
Jérémie, j'ai aussi illustré le cas du
hog (haïku oulipien généralisé)
minimaliste 2+3+2 : les 2, puis 3, puis 2 premières
syllabes des vers successifs reproduisent les 7 dernières
syllabes du même poème.
C'en est terrifiant :
lis tes ratages sans nette
littéralité !
J'ai ensuite choisi de prélever 5+3+5
syllabes (hog préféré de Jacques Roubaud,
qu'il a baptisé « trident ») :
les 5, puis 3, puis 5 premières syllabes des vers
successifs reproduisent les 13 dernières
syllabes du même poème. Comme le
troisième vers du trident et du haïku
coïncident, leurs cinq syllabes sont libres.
Songe, errements : on
gère mensongèrement
sa schizophrénie.
*
Sus ! citeur ès us,
si te ressusciterait
une impertinence.
*
Lire est concis : l'y
réconcilierait cons si
chacun s'instruisait.
*
Gone omet tri, go
nommé trigonométrie :
c'est un littéraire.
*
Écolo, j'y nais.
Qu'au lot gynécologie, n-
ul ne m'aide en couches.
*
Comme Aude raque aux
modes, raccommodera
ses vieux vêtements.
*
Peu tisse ! râpeux
tee se rapetissera
sur ton pull de golf.
J'ai finalement illustré
deux auto-acrostiches de tog (tanka oulipien
généralisé)
par tanka traditionnel. Dans le premier, prélever les
2+3+2/3+3 premières
syllabes des vers successifs
reproduit les 13 dernières syllabes du même
poème.
Dans le second, il faut prélever les
5+3+5/3+3 premières syllabes des
vers successifs pour reproduire les 19 dernières
syllabes du même poème.
Théatin nippon
y veut beaucoup de tankas
tératologiques :
lis tes hâtives beautés,
rallie théâtralité !
*
Fi délit, écarts !
C'est réinventés que l'on
fit déliter carre,
serrée infidélité —
qu'art s'est réincarcéré.
P.S. du 31/08/20 : sélénet
auto-acrostiche de trisyllabe par vers (prélever
les trois premières syllabes des vers
successifs reproduit phonétiquement
le même poème à partir de la deuxième
syllabe de son quatrième vers)
« Qu'aurait permis l'âge,
dur idéal du
mont ? », dit mon dallage
dès qu'or est perdu.
Ris, démon d'immonde
dais : corps est ridé !
Mon décor est monde
d'écho décodé.
Et sonnet auto-acrostiche de syllabe par vers dissyllabique
(la lecture verticale de la première syllabe des vers successifs
reproduit phonétiquement les sept derniers vers
du même poème) :
El Tartamudo
Iman
en grève,
il crève,
rhénan.
M'hurlant,
reine Ève
mut rêve
hiant.
Irène,
murène,
m'eut ri.
Y mure
mûri
murmure.
(L'h muet à tort du 5e vers peut être remplacé par un non moins bizarre « M'urgeant ».)
[Voir aussi ce précédent & brillant
sonnet auto-acrostiche d'hémistiche
par vers quadrisyllabique
de Philippe Saint-Raymond. C'est
ce qui m'a poussé à tenter des vers
dissyllabiques ci-dessus.]
Alexandrins croisés
[À la manière des
phrases croisées
récemment proposées par
Maxime David
sur la liste oulipo (proches de
l'échiquier
verbal
imaginé par Nicolas Graner
fin 2017), voici une première tentative
de sonnet obtenu en lisant les lignes puis
les colonnes d'un tableau 7×7. Outre son
obscurité, il viole une cinquantaine
de fois la règle de Boileau de ne pas
se répéter. Notez aussi que le
mot central
se prononce en trois syllabes dans le sens
horizontal mais une seulement dans
le sens vertical.]
croyant | que | tout | mirage | espère | aucun | espace |
il | me | semble | souvent | revivre | des | instants |
désormais | resterait | vide | ombre | en | mots | distants |
dédaignait | il | alors | ouate | les | stoppa | ce |
l' | avenir | brillant | et | traitant | simplement | passe |
or | triomphe | inouï | cause | d' | abolis | temps |
rapace | ou | fou | vertige | insistants | je | distends |
Croyant que tout mirage espère aucun espace,
Il me semble souvent revivre des instants :
Désormais resterait vide ombre en mots distants.
Dédaignait-il alors ouate, les stoppa-ce ?
L'avenir brillant et traitant simplement passe.
Or, triomphe inouï cause d'abolis temps.
Rapace ou fou vertige insistants, je distends.
Croyant, il désormais dédaignait l'or rapace.
Que me resterait-il : avenir, triomphe ou
Tout semble vide alors ? Brillant, inouï, fou
Mirage souvent ombre, ouate et cause vertige.
Espère revivre en les traitant d'insistants !
Aucun des mots stoppa — simplement abolis-je
Espace, instants distants : ce passe-temps distends !
Mots croisés symétriques
[Marc Boizeau a proposé à
la liste oulipo de construire
des mots croisés ayant les
symétries du célèbre
carré Sator latin : les
mots sont les mêmes horizontalement,
verticalement, de droite à gauche en partant
du bas, et de bas en haut en partant
de la droite. J'en ai
trouvé
quelques
uns,
mais n'ai composé des définitions
verbicrucistes que pour le carré 5×5 ci-dessous.
Pour le résoudre, n'oubliez pas
que ses symétries limitent beaucoup les
mots possibles ! La solution de chaque
mot est disponible en cliquant sur sa définition,
et celle de la grille complète en
cliquant sur la grille vide.]
Horizontalement et verticalement
(ainsi que de droite à gauche et de bas en haut) :
El Ramificado
[Humble expérimentation d'une
forme proposée
par Martin Granger.
Cliquez sur l'image pour l'agrandir à la
taille de votre fenêtre.]
Cosmogonie
[encore un
auto-acrostiche
mais avec un nouveau biais : la lecture de bas en
haut des premiers hémistiches reproduit les sept
derniers vers du même sonnet]
L'espace est noir et vide au début du récit.
On peut le deviner d'après sa trajectoire :
Assumant son destin, l'Univers s'épaissit
À la fin de l'histoire en clamant sa victoire.
Rassasié du festin, chaque orbe s'éclaircit.
Mais à trop cuisiner, ce feu contradictoire
D'un naturel avide implose et rétrécit,
On peut le deviner à la fin de l'histoire.
Mais à trop cuisiner, on peut le deviner
OEuvrant à resplendir mais à trop cuisiner,
On peut le deviner d'un naturel avide.
Mais à trop cuisiner, rassasié du festin,
À la fin de l'histoire assumant son destin,
On peut le deviner, l'espace est noir et vide.
Hogs décomposés
[Jacques Roubaud a défini
le haïku oulipien généralisé
(hog)
comme un poème
de P vers de M ou N syllabes, tels que les
trois entiers M, N et P soient premiers,
et que le total de syllabes du poème soit aussi premier.
Ci-dessous, j'ai décomposé
des hogs de trois vers en sous-vers plus courts.
D'abord une dilatation du plus
célèbre
haïku de Bashô
en 13+17+13 syllabes (nombres premiers consécutifs),
césuré en trisyllabes & heptasyllabes
alternés :
3/7/3 + 7/3/7 + 3/7/3.
Ensuite un long hog de 29+29+43 syllabes
présenté comme un quasi-sonnet
7/7/7/8 + 7/7/7/8 + 7/7/7/7/7/8,
où la perturbation rythmique terminant les
strophes rappelle le poème
Clotilde
d'Apollinaire.]
Ce matin j'ai contemplé sans
raison notre étang
Son calme m'hypnotisait quand
soudain une grenouille a sauté
Et le bruit qu'a provoqué
ce plongeon m'a surpris
*
Je suis veuf, — inconsolé,
Prince à la tour abolie :
Mon luth n'est plus constellé
Mais noirci de Mélancolie.
Spectre qui m'as épaulé,
Rends-moi la mer d'Italie,
Mon hélïanthe volé,
Le pampre où la rose s'allie.
Suis-je Phébus ou Biron ?
Rouge d'un baiser de reine,
J'ai rêvé de la sirène
Et traversé l'Achéron,
En modulant comme Orphée
Soupirs de sainte et cris de fée.
P.S. : Le haïku suivant, vaguement
inspiré de Riichi,
combine cinq schémas
de hogs en trois vers employant des nombres premiers
consécutifs, à savoir
2+3+2 espaces
3+5+3 mots
5+7+5 syllabes
13+17+13 lettres
149+151+149 de gématrie
(Il s'agit d'une exagération d'une
idée de
Nicolas Graner.)
Celui-ci reprend une nouvelle fois
Bashô,
en combinant
2+3+2 espaces
3+5+3 mots
5+7+5 syllabes
13+17+13 lettres
149+163+149 de gématrie
(les deux derniers nombres premiers ne sont cette fois pas
consécutifs, car c'était la plus
grosse difficulté ci-dessus) :
P.P.S. sans aucun rapport avec ce qui précède :
hétéropangramme
citant la boutique
Sjpzwcrl
(qu'Alain Zalmanski a repérée
sur Amazon).
Elle propose en effet des chambres d'étudiant,
des salles de sport, d'anciens appareils
de numérisation, et même
des concentrateurs d'énergie vitale extrême-orientale :
Sjpzwcrl vend kot, gym, fax, hub qi.
P.3S. du 08/10/20 :
pangramme de 28 lettres mentionnant le nom local d'un
promontoire rocheux. Je souhaite que le droit islamique
contrarie ce gentil Gallois :
Fiqh, vexez Jack, goy du Pen Strwmbl !
Hogs minimalistes
[59 vers en 7+7+5 strophes de 3 mots
rimant, constituant des doubles-hogs
de 2+3+2 syllabes et 5+7+5 lettres, donnant
un total de 139 syllabes et 337
lettres de somme gématrique 3659 (tous
les nombres cités sont premiers).
Notons que les mini-haïkus de 5+7+5 lettres ont
été réinventés plusieurs
fois, notamment par
Douglas Hofstadter,
Alain Chevrier
et Lucas Lejeune.]
Tarés,
écrirez,
rirez.
Potin,
baratin
badin.
Causé,
composé,
glosé.
Agile ?
Inutile
asile !
Samba
— caramba —
tomba.
Jolie
embolie,
folie.
Falot
bibelot
éclot.
Notai
vacuité,
ratai.
Motif
fugitif,
hâtif.
Dicté
écourté,
posté.
Aussi
rétréci,
voici.
Juron :
environ
étron.
Bâclé,
écroulé,
brûlé.
Banal
minimal
final.
Karma
désarma,
gomma.
Avers :
univers
amers.
Moqua,
étriqua
tanka,
paniqua,
abdiqua.
Licou,
seppuku :
haïku.
Enjeu :
désaveu.
Adieu !
P.S. : autre double-hog en 2+3+2 syllabes et 5+7+5 lettres, mais en un seul mot autoréférentiel :
Micro-
miniatu-
riser
Pour terminer, un hog d'un mot en 2+3+2 lettres :
Si-
len-
ce
P.P.S. du lendemain : doubles-hogs en trois mots rimant de 5+7+5 syllabes et 13+17+13 lettres :
Facho déprimé
Paramilitaire
immunodéficitaire :
antinucléaire !
*
Moyens partagés
Collectivisés,
internationalisés,
métamorphosés.
*
Recherche oulipienne
Intégralement
expérimentalement,
littéralement.
*
B.O. no 37 de Caradec
Exclusivement
interrogativement,
effectivement.
*
Sciences
Attentivement,
significativement,
objectivement.
Lettres
Affectivement,
approximativement,
intuitivement.
Mélancolie d'hélas
[anagrammes en hommage à un
grand acteur qui vient de nous quitter]
S'il lâcha le monde,
Michael Lonsdale ?
Michael E. Lonsdale
clame hélas de loin.
Compositions
cycliques
[Les vers successifs illustrent toutes les
compositions de dix
lettres en mots allant de 2 à
10 lettres, selon un ordre cyclique qui passe d'une
expression à la suivante en effectuant
une seule addition ou bien en décomposant
un seul entier en deux plus petits :
5+5 = 2+3+5 = 2+3+2+3 = 5+2+3 = 3+2+2+3
= 3+4+3 = 7+3 = 2+5+3 = 2+2+3+3
= 4+3+3 = 4+6 = 2+2+6 = 2+8 = 2+4+4
= 2+4+2+2 = 2+2+2+2+2 = 2+2+2+4
= 4+2+4 = 4+2+2+2 = 4+4+2 = 2+2+4+2
= 2+6+2 = 2+3+3+2 = 5+3+2 = 3+2+3+2
= 3+2+5 = 3+7 = 3+5+2 = 3+3+2+2 = 3+3+4
= 6+4 = 6+2+2 = 8+2 = 10 (= 5+5
= ...)
Ce cycle a été trouvé
en collaboration avec
Roland Brasseur.
Il généralise ceux
explorés
en septembre
2016.
Mon choix de pentasyllabes à rimes
alternées rend l'exercice très
difficile, donc ce qui suit est à
considérer comme de l'acrobatie plutôt
que de la poésie !]
Ovale géode,
Tu dis icigo
Un aïd en ode
Ardue, ah ego !
Ore ne se lie
Osé raag, eau,
Inédite lie
Ni haïku vif
Un an, une vie.
Obéi, ton kif
Oral opiace
Un or évasif.
Aï, dédicace
Ce topo codé
En aède ! Va-ce,
Un as en ce dé ?
HS es-tu, mège
Amer et vidé ?
Aléa, en ai-je
Rêvé, dico tu ?
Un ut aéré-je
Au cinéma vu ?
OK, car osa-ce
Édito pas lu
Tôt, vs ôta-ce
Âme du péril ?
Exo coriace
Haï finit-il ?
Éon, éon, ai-je
Élu cet exil ?
Alinéa lège,
Abolis-le, té !
Idéalisé-je
Musicalité ?
P.S. du surlendemain : sonnet reprenant les
treize compositions possibles
d'un octosyllabe en mots allant de 2 à 8 syllabes,
déjà illustrées en
juin
2016, mais en répétant ici la somme 4+4 afin
d'obtenir l'ordre cyclique
4+4 = 4+2+2 = 6+2 = 3+3+2 = 3+5 = 3+2+3 = 5+3 = 2+3+3
= 2+6 = 2+4+2 = 2+2+2+2 = 2+2+4 = 4+4 = 8 (= ...)
Ce cycle a de nouveau été trouvé
en collaboration avec
Roland Brasseur.
L'imitation écholalique
Esquivera notre canon
Impérativement sinon
L'Univers deviendrait cyclique.
Menace méphistophélique
Affolant chaque cabanon !
Abasourdissant tympanon
D'une damnation symbolique.
L'auteur s'emberlificotant
Nulle répétition n'entend.
S'ensuit alors cette réplique :
Notre monde s'itérera,
L'imitation écholalique
S'institutionnalisera.
P.P.S. du 1/10/20 :
Closed timelike curve
(Éternel retour)
Il était une fois un métromane tors
Trop anticonformiste ou simplement malade
Pour supporter sans rogne un vers standard et fade
Fange à dûment jeter à des alligators
Ployant l'alexandrin comme les constrictors
Mangent leur pauvre proie aussitôt l'auteur brade
L'académisme pur devant l'inepte rade
Où par manèges vains la rime a d'amples torts
Il nous faut inventer tout le temps des contraintes
Afin de rendre actifs notre coeur et nos craintes
Alors chaque lettre ivre indiquera le la
L'écrivaillon joueur parcourant sa marelle
S'aperçoit qu'un beau soir la vieillesse est bien là
Puis finit par vriller en boucle temporelle
[Sonnet d'alexandrins illustrant de
façon cyclique toutes les compositions
de 6 en entiers allant de 1 à 6,
mais où sont interdites les quatre
n'employant qu'un seul entier répété
(6, 3+3, 2+2+2, 1+1+1+1+1+1) :
1+2+2+1 = 1+4+1
= 1+5 = 1+3+2
= 1+3+1+1 = 1+1+2+1+1
= 1+1+2+2 = 1+1+4
= 2+4 = 2+1+3
= 2+1+2+1 = 3+2+1
= 5+1 = 2+3+1
= 1+1+3+1 = 1+1+1+2+1
= 1+1+1+3 = 1+1+1+1+2
= 2+1+1+2 = 2+1+1+1+1
= 2+2+1+1 = 4+1+1
= 4+2 = 3+1+2
= 3+1+1+1 = 1+2+1+1+1
= 1+2+1+2 = 1+2+3
(= 1+2+2+1 = ...)
Voir aussi ma précédente
illustration cyclique de
toutes ces compositions,
y compris les quatre interdites ci-dessus. Voir également
ce Desdichado
de Rémi Schulz éliminant
les mêmes quatre sommes que ci-dessus, mais
organisées selon un autre ordre.]
Deux minimalismes
Zézayez, aïeux
aux yeux aqueux, oyez-y
zizique jazzy,
zouk yéyé, zazou joyeux,
joyaux que joua
Jay-Z !
[tanka
contrerimé n'employant
que les consonnes valant au moins 8 points au
Scrabble français
(JKQWXYZ), c.-à-d.
lipogrammatique en BCDFGHLMNPRSTV]
*
Anticonformistes,
déresponsabilisez
d'internationalisés
caricaturistes !
Misérabilistes,
microminiaturisez
d'institutionnalisés
tératologistes !
Abandonnerions
d'antirévolutionnaires
organisations.
Réaliserions
d'interuniversitaires
revendications.
[sonnaïku à un seul mot par vers, sans compter les élisions]
Centon
acrostiche
diagonal
de mots
[selon
une idée de
Rémi Schulz :
la lecture successive des nièmes
syllabes des nièmes vers reproduit une
célèbre citation
de Racine]
Le sol en est couvert, l'air en est obscurci :
[Théophile Gautier]
Quel jour ai-je vendu ma part de l'héritage
[Alphonse de Lamartine]
Si ce n'est dans mes vers qui vivront davantage ?
[Tristan L'Hermite]
Tous ne sont pas rimés dru comme celui-ci !
[Louis Veuillot]
Tu sais que le plus fol prend bien le nom de sage
[Étienne Jodelle]
Et, comme un rayon pur colore un beau nuage,
[Jacques Delille]
Je ne puis ici-bas que donner en chemin :
[Alfred de Musset]
Nous tournons nos regards vers le passé lointain.
[Louis-Honoré Fréchette]
Et comme ce dompteur, seul au fond de la cage
[Sully Prudhomme]
Pour piller un butin de bien peu de valeur
[Pierre de Ronsard]
Qui m'a fait consumer le meilleur de mon âge,
[Joachim du Bellay]
Je confie au papier les secrets de mon coeur.
[Nicolas Boileau]
P.S. du 25/10/20 :
Vermoulu
Vers ce point qui semblait reculer dans la brume,
[Victor Hugo]
Ces vers, comme un bouquet de lys sur ta beauté,
[Charles Guérin]
Jettent vers d'autres flots de plus nettes clartés
[Émile Verhaeren]
Si dans mes vers un peu de l'homme se résume.
[Charles Guérin]
Soudain, tournant vers moi son regard émouvant,
[Paul Verlaine]
Je compose ces vers pour me sentir vivant.
[Odilon-Jean Périer]
Mon front se penchera vers ton front qui s'incline :
[François Coppée]
Pégase te soufflait des vers de sa narine.
[Victor Hugo]
Et lui, sans frissoner, marchant vers le tombeau,
[Victor Hugo]
Elle mourait parmi l'automne, vers l'hiver,
[Albert Samain]
Comme un boeuf ayant soif penche son front vers l'eau
[Victor Hugo]
Où comme des remords se traînent de longs vers.
[Charles Baudelaire]
[Ce centon, de nouveau d'après
une idée de
Rémi Schulz,
respecte une alternance
de rimes consonantiques & vocaliques, sans tenir
compte de leurs s finals, et selon
le même schéma AbbA ccDD eFeF
illustrant les trois types de quatrains. Il cite
deux fois
Charles Guérin et quatre fois
Victor Hugo, mais
jamais les mêmes poèmes.
Distique holorime
Hausse en sainte éloquence, âme des Arts, sonnet
Au sens intello quand ça me désarçonnait !
Exagération de la contrainte de Delmas
Déformation d'un vers
d'Émile Deschamps,
« Et ces deux mois pour nous, passèrent
comme un jour » :
Et mes jeux (lois, cour) fous lassèrent : nomme un four !
Quatre fables-express à moralités paronymiques :
Les compatriotes
de la Médicis
trempent des griottes
dans leurs blanc-cassis.
Moralité :
La foule des latins fâche la reine dure.
*
La tempête neuve,
dit le troubadour,
obscurcit le fleuve
aux levers du jour.
Moralité :
La houle, ces matins, gâche la Seine pure.
*
Je tais ma querelle
qui trop va m'usant :
être maquerelle
n'est guère amusant.
Moralité :
La poule des catins cache sa peine sûre.
*
Garde confïance :
parmi les voleurs,
ta plus grande chance,
ce sont tes rollers.
Moralité :
Ça roule, les patins ; sache ta veine, jure !
*
Nicolas Graner a
immédiatement répondu
en employant le dernier mot en
•EINE de l'Officiel du
Scrabble — et en respectant les contraintes ci-dessus,
notamment les moralités en alexandrins ne
réutilisant aucun mot significatif :
La tarte normande
mise en un gros tas
n'est plus très gourmande :
le maïs s'en va.
Moralité :
La boule des tatins lâche sa zéine (Eure).
[Nicolas Graner]
[Voir aussi ce paronyme d'Alain Zalmanski]
*
Du coup, j'ai tenté trois autres paronymes-express avec des mots plus rares mais attestés :
Vampire femelle,
près de maint boxer,
tranche une lamelle
dans l'acide enfer !
Moralité :
Ha goule, lès mâtins, hache la
geine sure !
*
Mes étoffes douces
dans l'inondation ?
Du lac tu repousses
toute progression.
Moralité :
Ça coule ! Mes satins ! Bâche
la beine, mure !
*
Es-tu si tôt grise ?
— Oui, faces de rats !
— Tiens, laie, une exquise
benoîte prendras !
Moralité :
Jà soûle ? — Yes,
ratins !
— Mâche la
géine, hure !
[Cette dernière moralité
nécessite un H muet à tort
et un Y non lié pour être
correctement césurée.]
*
Citons pour finir six localités françaises :
Courons Loire, Rhône,
Alpes, Roussillon,
Yonne et Haute-Saône :
quel échantillon !
Moralité :
La Boule,
Les Patins,
Gache,
Fa,
Beine,
Lure.
Achètes-tu deux parts d'une tarte à la mûre,
Une crème à la mangue, un chèvre, un emmental,
De la glace au café, du cheddar, du cantal,
Une pâte sablée avec de la levure,
Un pâté de campagne et de la chapelure,
Une salade mâche, un serpent végétal,
Des cervelles d'agneaux, quatre steaks de cheval,
Une tanche, un flétan, plus un merlan nature,
Du mesclun, de l'edam, une tranche de lard,
En sauce Béchamel du magret de canard,
De la raclette dans quelque belle lasagne,
Des packs d'eau, des pruneaux, du veau, des maquereaux,
Du rhum blanc, un Madère, un grand cru de Champagne ?
— Non, on choisit d'offrir trois rigolos sirops.