Sizain bipronominal
[de schéma classique aBBaBa,
illustrant une nouvelle règle
ougrapienne
proposée par
Jocelyn Étienne : la
consonne d'appui de la dernière syllabe
des verbes change selon la personne
conjuguée]
Je me pâme devant ce festin de Noël,
Tu t'es pâté de même en goûtant le gras foie,
Il se passe une chose étrange où que je voie,
Nous nous panons alors du saumon sensuel...
Clochards transis dehors, vous vous pavez la voie :
Eux se passent de vivre en ce monde cruel.
[Voir aussi cette influence des conjugaisons sur les noms voisins]
Amusette
[ne méritant pas d'être
prolongée jusqu'au sonnet]
Ce premier vers contient neuf mots, quarante-huit lettres,
Le second trente-neuf pour assembler huit mots,
Le troisième quarante, orthographiant six mots :
Ça joint trente-deux mots, cent soixante-dix lettres.
El Espichado
(Le Pitoyable)
C'est bien moi l'ombrageux, — le veuf, — le strangulé,
Le prince de Touraine à la tour abolie :
Mon seul astre est défunt, — et mon luth maculé
Porte le disque noir de la morne Folie.
Dans la nuit du tombeau, toi qui m'as cajolé,
Rends-moi de Naples monts et mers de Somalie,
La fleur qui réjouit mon coeur acidulé,
Le muret où la vigne à la rose se lie.
Fus-je Amour ou Phébus ?... Superman ou Biron ?
Du baiser de la dame encor mon front est ivre ;
J'ai divagué dans l'antre où navigue la guivre...
Et j'ai franchi deux fois en champion l'Achéron :
Modulant tour à tour sur une lyre orphique
Maint soupir de la sainte et la clameur magique.
Léonard de Nerval
[Tous les mots sont
hétérogrammatiques, c.-à-d. ne
répètent aucune de leurs lettres.
Cette contrainte est finalement assez douce, comme
les passages conservés l'illustrent.
La seule difficulté est de bien la vérifier, car
certaines répétitions passent parfois
inaperçues. La Touraine du 2e vers (sans lien
étymologique avec la tour qui suit)
a par exemple failli être la Gascogne, dont je
n'avais pas immédiatement repéré
la lettre en double !]
Sénescences
monotonement terrestres
[post-scriptum du 30/12/18]
Quel serait le « contraire » des mots
hétérogrammatiques ? N'utiliser que ceux
répétant
au moins une de leurs lettres me semblerait trop doux, et
plusieurs contraintes connues
y répondraient déjà — par exemple
nos explorations d'avril
dernier.
Interdire tous les mots contenant une lettre en un seul
exemplaire paraît en revanche
monstrueusement dur. Voici juste un sélénet
auto-décrivant le silence que cela m'impose.
Recherche attenante,
Inventivité ?
Murmurée entente
Resserre étêté.
Millième guéguerre,
Elle apparaîtrait
Concentrationnaire :
Blabla tarirait.
Mésonymes
alphabétiques
[Réécriture du
Desdichado de Nerval,
n'utilisant que des mots de longueur impaire dont les
lettres centrales explorent trois fois, dans l'ordre,
les 26 lettres de l'alphabet. Ça combine
donc le principe des
abécédaires
rimés
et la contrainte du
Domaine d'Ana de
Jean Lahougue.]
El Mesónimo
Mal ombré,
— calciné,
— perdant cet olifant,
Digne schah vit donjons,
ankhs, clé minimisée.
Pends ton lampion moqué,
morts lests, luths
réchauffant ;
Décevants edelweiss, fixez
Frayeur gazée !
Par tombeau carcéral, gardien guère étouffant,
Lègue isthmes sains, Anjou, ski, Malte optimisée,
Une flore ample, fiqhs forts aussi t'abreuvant,
Caves, kiwis mixés, amaryllis razziée.
Refaire Alban, Bacchus ?... Houdini, Cameron ?
Ineffable rougeur procéphalique, reine !
Réinjecte blockhaus, enjôleuse inhumaine...
Cependant recroiser, dompter vainqueur Caron :
Ménestrel réitère éloquence, provine
Alawite flexion, zézayante bouzine.
Mésonymes en O
[Boule de neige selon le
droit cyclopéen de
Jean Fontaine,
cas particulier surcontraint du
collier
d'Alain Chevrier :
chaque mot contient un et un seul o, en son centre.]
Ô
fol
atome
arrondi,
improvise
paradoxales
encyclopédies !
Expansionnistes
perfectionnements
redimensionneraient
insurrectionnellement,
désemprisonneraient
cristallographies
catastrophiques
métaphorisant
antagonisme
cycloïdal.
Revoici
alors
ton
o
Palindromes
[évoquant un abonné
non créatif de la liste oulipo,
dont les râleries récurrentes me
font vomir ;-)]
Et s'il évita roborative liste,
et s'il a éreinté et nié, réaliste,
et s'il a taf fataliste,
Émile ficela ce calecif élimé.
Eh, casse-pipes, sache !
(Et on évitait initiative, note !)
Ami, l'éméticité me lima.
Et ça jacte...
Et ça jacte...
Palindrome-express du lendemain, inspiré par le côté répétitif de ces râleries :
L'abonné rouspète,
L'air jupitérien,
Mais il se répète
Et ne comprend rien.
Moralité :
L'ami s'engorgera de radotage legato, dare-dare grogné si mal.
Comme la dernière ligne des
palindromes ci-dessus me fait penser à
Zazie
dans le métro, je ne résiste
pas à lui offrir aussi un
demi-sélénet
introductif :
Le blabla perdure
Donc le perroquet
Nommé Laverdure
Ouvre son caquet :
« Et ça jacte...
Et ça jacte... »
Télonymes hétéropangrammatiques
[Après les mésonymes
alphabétiques du 4 janvier dernier, deux essais de
télonymes alphabétiques :
la dernière lettre de chaque mot passe par tout
l'alphabet, d'abord dans l'ordre standard, puis
dans l'ordre inverse. Pour adoucir cette dure contrainte,
le troisième autorise les vingt-six mots
à être dans un ordre quelconque, mais
en se terminant encore par toutes les lettres de
l'alphabet.]
Sympa club avec grand
orchestre, créatif dancing
kitch parmi
pakhâwaj, rock expérimental,
jam-session, vidéo-clip,
cinq
lieder sans alphabet du
leitmotiv : show curieux y
présentez !
*
Présentez-y curieux show,
leitmotiv du Tout-Paris
ensorceleur : cinq trop
rétro jazzmen minimum,
l'électrofunk
pakhâwaj, vrai mah-jong
expressif de grand chic, club
sympa !
*
Pick-up, modulez-y
Ténébreux leitmotiv :
Nabab au luth oblong,
Desdichado chantant
Avec. La squaw m'entend.
Veuf, j'ai cinq fois
vainqueur traversé l'Achéron.
Adage de Cage à Babbage
[Oligogramme (beau présent) en ABCDEFG,
c'est-à-dire les sept notes de la
gamme chez les anglo-saxons. Comme le nombre de mots
autorisés est très
réduit, ce sonnet légèrement irrégulier
a bien entendu été construit sans
tenir compte de ce qu'il pourrait donner musicalement.
Voici ce qu'il devient
si on l'interprète a posteriori comme une partition
(fichier PDF de 60 Ko) :
Le résultat sonore
(de 365 Ko) est étrange
.]
Bagage effacé
Fada, bébé
A cacabé.
Ce face-à-face
À gag agace.
Fée a gaffé
Gaga décade,
Céda cagade,
Déca café.
Ce bec accède
À fac, abcède.
Ce dab âgé
De ça décède.
Ce fade aède
A dégagé.
Gef_
[Voir aussi cette
précédente exploration
de (presque) la même contrainte par
Éric Angelini & Daniel Lehman,
et mes autres
expériences oumupiennes]
P.S. du 24/01/19 :
Transcription du Desdichado selon le
même principe, à savoir jouer simultanément
toutes les notes correspondant aux lettres d'une syllabe, comme
s'il s'agissait d'un accord lu de bas en haut. Mais Nerval ne
s'est pas contenté des lettres de A à G, donc
j'utilise
la règle habituelle consistant
à cycler ensuite sur les mêmes notes
— avec le H correspondant par exemple de nouveau
à la (et non à si bécarre comme en
Allemagne) : AHOV = la, BIPW = si,
CJQX = do, DKRY = ré,
ELSZ = mi, FMT = fa, GNU = sol. Le
grand nombre de E, L & S polarise la musique engendrée
autour de la note mi. Mon seul apport a été de
perturber un peu le rythme trop régulier des alexandrins.
Partition PDF de 92 Ko
et enregistrement de 958 Ko
P.P.S. du 26/01/19 : Deux plaisanteries dans
le même état d'esprit. D'abord la véritable
musique d'Au clair de la lune :
partition PDF de 55 Ko
et enregistrement de 237 Ko
puis un centon biblique reproduisant la
mélodie enfantine dans un étrange environnement harmonique :
partition PDF de 63 Ko
et enregistrement de 224 Ko
Homéotéleutes hexasyllabiques
[Accumulation d'hexasyllabes en -ment — surtout
des adverbes mais aussi exprès quelques noms.
C'est une réponse à un
sonnet similaire que
Lucas Lejeune
a posté quelques heures auparavant
sur la liste oulipo,
n'employant que des noms hexasyllabiques en -tion.
Son idée combinait donc
les homéotéleutes explorés en
1997
& 2000 (ce dernier de
Nicolas Graner), et les alexandrins
de mots hexasyllabiques illustrés en
1999
&
2013,
puis
2016.]
Desdichadamente
(Abâtardissement)
Autodénigrement, — inconsolablement,
Héréditairement anéantissement :
Astronomiquement, — instrumentalement
Emblématiquement Mélancoliquement.
Crépusculairement ensevelissement,
Impérativement géographiquement,
Emparadisement émotionnellement,
Écologiquement inséparablement.
Mythologiquement ?... Nominativement ?
Inconfortablement assujettissement ;
Fantasmatiquement approfondissement...
Biquotidiennement aventureusement :
Alternativement auriculairement,
Théologiquement surnaturellement.
Nervalïennement
Défi du poème où j'ai biffé SRTNLC
[Réécriture du
Desdichado de Nerval
employant toutes les lettres sauf
SRTNLC, c'est-à-dire les consonnes de la
série ESARTINULOC chère à
Perec, lettres les plus fréquentes du
français. Ce lipogramme multiple
n'autorise plus qu'un mot sur 150 environ.
L'alternance des rimes est
respectée, et il n'y a aucun hiatus ni e caduc
entre voyelle & consonne.]
Demudado
(Diffamé)
Je m'évoque fumeux, — boueux, — veuf, — bafoué,
Agha de Pau, de Dax, au dôme que j'expie :
Ma feue égide oxyde au bouzouki doué
De vomique zodiaque ou d'opaque Phobie.
Au gommeux hypogée, ô guide dévoué,
Payez-moi Pompéi, d'aqueux vaux de Gambie,
Ma mauve qui déjà me fige amadoué,
Gamay qu'embaume figue où ma fougue pépie.
Mimé-je Aube ou Jaffa ?... Mieux, aimé Badefou ?
Ma joue exhibe feu de ma dame ébaubie ;
Du quai j'ai divagué, vu mi-femme amphibie...
J'ai bi-voyagé même aux eaux d'Ammoudia, fou :
Au doux biwa d'Ovide ai joué, vieux hippie,
Bouffée au Dieu de paix ou voix magique impie.
Guy de Viau
demudado = altéré
bouzouki & biwa = luths
comte de Jaffa = Guy de Lusignan
Badefol ou Badefou = Biron
Ammoudia = embouchure de l'Achéron
[Voir aussi ces
réécritures sans SRTNLC (ou
SRTNL) du même poème par plusieurs
oulipotes. Celle de
Noël Bernard est aussi disponible
sur son site Web. J'ai également
fait subir cette contrainte à un
sonnet
de Queneau.]
Palindromes de multiplets littéraux
[Le brillant écrivain à contraintes
britannique Anthony Etherin
a généralisé la notion de
palindrome, en inversant non pas l'ordre des lettres, mais celui
de groupes de lettres. On
peut par exemple considérer les digrammes
(deux lettres) comme les atomes fondamentaux,
ou les trigrammes, ou modifier de groupe en groupe le nombre de
lettres qu'ils contiennent
— notion appelée
« aelindrome » sur le site d'Etherin.
Voici mes premières expérimentations
dans ce domaine. Comme pour mes
palindromes-express
de novembre 2018, j'ai choisi de
les introduire par un
demi-sélénet.]
Estime l'aurore,
Charmant aperçu :
Jamais ne pérore
Outre un don reçu !
Moralité (palindrome de digrammes) :
Mesure
aube
au-deçà
du
cadeau,
beau
résumé !
[me-su-re-au-be-au-de-ca-du-ca-de-au-be-au-re-su-me]
*
Sa riche famille
A l'esprit fermé,
Donc la jeune fille
Ne dit qu'e muet.
Moralité (palindrome de digrammes) :
Vache oncle,
si
réside
le
rageur
réac,
tsar
édité d'art sacré,
urgera
le
désiré
silence : ô
chva !
[va-ch-eo-nc-le-si-re-si-de-le-ra-ge-ur-re-ac-ts-ar-ed-it-ed-ar-ts-ac-re-ur-ge-ra-le-de-si-re-si-le-nc-eo-ch-va]
*
L'Italien adore
Ce gars né vers mai ;
Est-ce un Minotaure
Qu'ils vont donc former ?
Moralité (palindrome de digrammes) :
Aliter
un
jeune Taureau
et
un
jeune rital ?
[al-it-er-un-je-un-et-au-re-au-et-un-je-un-er-it-al]
*
Sans incohérence,
C'est bien évident,
Les Orientaux pensent
Qu'on est l'Occident.
Moralité (palindrome de trigrammes) :
Est :
nous sommes son ouest.
[est-nou-sso-mme-sso-nou-est]
*
Priez le Prophète Ici comme à Sion : Sortez en cachette Pour l'inhumation. Moralité (boule de neige aelindrome) : Amos, couvre-feu en fief ! Ils enterrèrent fils enfiévré, feu, à Moscou. |
amoscou vrefeu enfie fils ent er r er ent fils enfie vrefeu amoscou |
*
Le sylvain l'embrasse, Séléné s'endort... Mais Pan ne lui passe Pas la toison d'or. Moralité (boule de neige aelindrome) : Être au faune attirée, tolérer l'octroi aventuré du vertige anténatal et consenti, géante nature du vert roi à vénérer... L'ocre étole attifa une autre ! |
e tr eau faun eatti reetol ererloc troiaven tureduver tigeantena taletconsen tigeantena tureduver troiaven ererloc reetol eatti faun eau tr e |
*
Les innovants maîtres
Des formules font
Jeux & belles-lettres
Sans râler, au fond.
Moralité (palindrome de digrammes) :
Poli
ou
rugueux, à
décolérer, art
rare,
le
codex a
eu
guru :
Oulipo !
[po-li-ou-ru-gu-eu-xa-de-co-le-re-ra-rt-ra-re-le-co-de-xa-eu-gu-ru-ou-li-po]
[Voir aussi ces aelindromes selon les décimales de π, e et φ, composés trois ans plus tard]
Carrés magiques syllabiques
[Nicolas Graner
a proposé à la
liste oulipo la dure contrainte
d'un carré magique 3×3 de syllabes,
permettant de lire huit alexandrins en suivant d'abord les
lignes, puis les colonnes, puis la première
diagonale \,
et enfin l'anti-diagonale
/.
Voici mon premier essai malhabile, selon le carré magique
5 0 7
6 4 2
1 8 3
Il emploie volontairement quelques mots polysémiques, en
particulier « vers » dans la case de trois
syllabes qui revient trois fois à la rime.]
5 le vrai troubadour |
0 n' |
7 a jamais permis de tordre |
6 la ferme poétique |
4 eut rappel à l' |
2 envers |
1 ordre |
8 ancien forcement vont le mordre |
3 odieux vers |
Le vrai troubadour n'a jamais permis de tordre
la ferme poétique. Eut rappel à l'envers
ordre ancien : forcément vont le mordre odieux vers.
Le vrai troubadour là ferme poétique ordre,
n'eut rappel à l'ancien forcement. Vont le mordre
à jamais permis de tordre — envers odieux, vers
le vrai ? Troubadour eut rappel à l'odieux vers
à jamais permis, de tordre eut rappel à l'ordre.
La semaine suivante, j'ai cherché à
légèrement adoucir cette contrainte en passant
à des syllabes
phonétiques, comme pour les
diagonnets mais avec ici
de 0 à 8 syllabes par case. J'ai respecté
la règle classique des
holorimes,
consistant à ne jamais réutiliser
un même mot dans des groupes
homophones. Le carré magique choisi est cette fois
7 2 3
0 4 8
5 6 1
7 dãsevɛʀdebʀujaʀni |
2 mɛtɔ̃k |
3 esedɔ̃k |
0 l |
4 aʀemaʒi |
8 nosãsavwazomuʃãte |
5 lasãnikɛlkɔ̃k |
6 kipøplijedisʒɔ̃k |
1 te |
Dans ces vers débrouillards, n'y mettons qu'essais d'oncques.
Lare aime âge innocent, sa voix, homme — ou chanté
Las en nid : quel conquis peuplier disjoncté
Dansait vers des brouillards ni lassants ni quelconques ?
Mais ton carré magique y peut plier dix jonques.
Eh c'est donc nos sens, hâve oiseau-mouche entêté !
Dense et vert déb rouille art, nia rhème agité ;
Et cédons car Emma gît là sans nickel conques.
Paronymes
[Tentative d'adaptation française de ce remarquable
aphorisme anglais de
David Burge :
Yes, English can
be weird. It can be understood through tough thorough thought,
though.
Mon énoncé est hélas moins
élégant, et surtout plus proche de
l'état d'esprit de Boby Lapointe.]
Certes le français est parfois confus, mais on
peut le comprendre par une pensée sensée,
censée compenser ces séquences dispensées en
s'aidant d'encensés condensés pédants
qu'on sent sénescents et condescendants, en cédant
ses cent descendants recensés et
en cessant ses décents cancans sans danser.
Hétérodigramme
[Phrase employant une et une seule fois
les 25 digrammes commençant par l'une
des 5 consonnes les plus fréquentes du
français, SRTNL, et terminant par l'une
des 5 voyelles AEIOU. On ne tient pas compte
des espaces ni des accents.]
Sûr, on a lu ni raturé la rune, si l'on utilise sa sonorité totale.
[Voir aussi ces hétérodigrammes de Noël Bernard]
Sonnet employant une et une seule fois
les 90 digrammes commençant par l'une
des 18 consonnes BCDFGHJLMNPRSTVXYZ (dont l'Y) et
terminant par l'une
des 5 voyelles AEIOU. Les rimes entre digrammes
différents ont été choisies
aussi raisonnables que possible.
J'agite l'azuré
Boy, un ufo topaze,
Vivace X ululé,
Bibus, ô vu Pégase !
Hopi zamu, jubé,
Jihad à Moyen Âge,
Zip, os, uhu fumé,
Hijo, vox Oz, ô maje !
S'abat un exigu
Rayon or, oh écu,
Yin ici du calife...
L'opus ixé, dico
Fixatif, amigo,
Rudoya ta dérive.
[N.B.: Dans les deux exemples ci-dessus, les digrammes consonne-voyelle sont considérés comme des briques indépendantes, dont tout ordre est autorisé. Mais cette règle implique que les digrammes voyelle-consonne engendrés entre eux ne sont pas forcément tous différents. À partir du 5 mars, je me suis concentré sur les véritables hétérodigrammes, interdisant systématiquement toute répétition de deux lettres successives (sans tenir compte des accents, des espaces ni de la ponctuation). Le mot « ceci » emploie par exemple non seulement les digrammes « ce » & « ci » mais aussi l'intermédiaire « ec ».]
Vers
hétérodigrammatiques
[toutes les lignes sont des
hétérodigrammes, c'est-à-dire qu'aucune
paire (ordonnée) de lettres successives n'y apparaît
plus d'une fois]
El Desdichado
(Le Déshérité)
Je suis ce ténébreux perdu, — l'inconsolé,
Le prince de Garonne à la tour abolie :
Périt ma galaxie en un luth constellé
Qui porte un astre noir de sa Mélancolie.
En l'ombre du caveau, toi qui m'as consolé,
Rends-moi Naples, sa butte et la mer d'Italie,
La flore qui charmait tant mon coeur désolé,
Et la vigne où ta rose à des raisins s'allie.
Suis-je Tendresse, Hélios ?... Lusignan ou Biron ?
Ma face est encor rouge au baiser de la reine ;
J'ai spéculé de grotte où nage la sirène...
Alors double vainqueur, j'enjambe l'Achéron :
Ensemble solfiant sur la lyre d'Orphée
Un soupir qu'a la sainte avec ces cris de fée.
Gaspard de Nerval
[Voir aussi mes explorations ultérieures de cette même contrainte]
Sonnet diabolique
[Rémi Schulz a construit un
carré magique 4×4
(et même pandiagonal, aussi appelé
diabolique)
fonctionnant aussi bien du point de vue du nombre
de lettres que de leur somme gématrique.
Au lieu d'en reprendre les lettres dans l'ordre, comme
Nicolas Graner et
moi-même ci-dessus,
il a choisi d'anagrammatiser les quatre lectures verticales
et les huit diagonales. Quelques jours
plus tard, il a remarqué qu'exactement 14 autres
configurations carrées de quatre cases de cette
matrice 4×4 donnent les mêmes sommes, donc a
proposé à la
liste oulipo de composer un sonnet
dont les vers soient des anagrammes de ces ensembles de lettres.
Ma réponse est donnée ci-dessous,
et celles de
Rémi Schulz &
Noël Bernard
sur leurs sites personnels. Une conséquence de cette
construction est que tous les vers comptent
34 lettres de somme gématrique
12×34 = 408.]
El Diabólico
Ride un prince asservi, — périt l'art désolé,
Lent, — seule épave dans structure démolie ;
L'ocre cithare dort, — et ver fort constellé
Invite un astre, lèvre arpentant la Folie.
Par l'orient enfiévré, l'esprit m'a consolé,
Renverra tout avec l'est tannant d'Italie ;
Cette fleur le dressa sur ce ventre isolé,
Prêt : de l'hiver perdu s'étourdit l'ancolie.
Te prétendre Flirt ?... Truc de l'Éros palatin ?
S'il a vu nulle tête à ce transport de reine,
Il perçut, put trop tard déceler la sirène...
Mi-pédestre, il a cru supplanter le destin,
Réactiver violons, ce rafteur, tel Orphée :
Va lors un cri de troll et de sainte corvée.
Hétérotrigramme
[Sonnet ne répétant aucun triplet de lettres
successives (sur l'ensemble des quatorze vers
et du titre). L'intéressante nouveauté de cette
contrainte est que sa dureté évolue au cours
de la construction du poème, passant de très douce
initialement à franchement difficile
à la fin. Les rimes aux graphies différentes sont
des traces aisément repérables de cette
règle. L'autoréférence du sonnet m'a
poussé à en faire aussi un pangramme.]
N'abusez d'aucun triple
Jadis l'original démïurge d'un mythe
Jugea trop peu nombreux les quarks de l'Univers.
Maints recoins en son oeuvre étaient encor déserts
Et le total ennui s'éployait sans limite.
Cependant nul cafard obscur ne phagocyte
Sa soif de nouveauté, donc via de vifs éclairs
Génïaux, admirés par tous nos plus grands clercs,
Sur-le-champ d'inédit ce bâtisseur s'acquitte.
Le langage qu'un long chromosome a codé
Est accru du lexique exhaustif et caudé :
Il offre ici vingt-six hiéroglyphes bon style.
Ipso facto s'emplit l'azur du pur baryon,
L'avancée en patchwork court excéder dix mille
Emmi ce canevas du formel psaltérion.
[Voir aussi ces réécritures de sonnets de Queneau et de Nerval selon la même contrainte]
Nouveaux hétérodigrammes
[Voir aussi mes explorations ultérieures de cette contrainte]