L'indivisibilité
Handicape l'épigramme :
Cette factice unité
Ponce l'encéphalogramme.
Plutôt t'adopter sciemment,
Décomposition subtile,
Devenir l'insane amant
D'étrange ptérodactyle !
[Toutes les
décompositions
possibles d'un heptasyllabe en mots de 2 à 7 syllabes
— organisées de telle sorte qu'on
passe d'une ligne à la suivante en effectuant
soit une somme, soit une décomposition d'un seul
entier en deux plus petits :
7 = 4+3 = 2+2+3 = 2+5 =
2+3+2 = 5+2 = 3+2+2 = 3+4.
Notez que la dernière somme pourrait
être suivie du premier 7,
donc que la structure est cyclique.]
P.S. du 20/04/17 : ces mêmes
décompositions de l'entier 7 peuvent engendrer
une partition minimaliste
Du point de vue harmonique, c'est une
bébête petite maison sur le
tonnetz
mais le rythme est plus subtil
(enregistrement
MP3 de 180 Ko)
[Voir plus bas ce que donnent les
décompositions de 5 selon le
même principe, ainsi que mes
autres expériences
oumupiennes]
Paronymes autodescriptifs
Pierre-Marie Tricaud a proposé
à la liste oulipo une contrainte assez
complexe : composer des distiques
de décasyllabes mettant en scène deux paronymes
(mots ne différant en général que par
une seule lettre)
autodécrivant de façon homophonique la lettre
ajoutée ou supprimée. Son modèle est
la phrase
mnémotechnique classique :
Le vrai sceptique a vexé la fosse
septique censée le soulager.
J'ai commencé par illustrer les lettres
que Pierre-Marie Tricaud n'avait pas traitées
lui-même, ainsi que
quelques unes qu'il avait laissées inachevées. Mais
ces premiers essais de ma plume n'étaient pas bien
rhygoureux du point de vue de l'autodescription homophonique.
Trois jours plus tard, je me suis lancé
dans un alphabet complet, un peu plus sérieusement
autodescriptif, mais flirtant parfois avec la
capillitraction tétratrichotomique, surtout vers la fin.
Mes décasyllabes sont classiquement césurés
4/6, avec quelques diérèses ou synérèses.
En revanche, aucune alternance n'est recherchée, car les
distiques sont indépendants.
Premiers essais pour les lettres manquantes de Pierre-Marie :
(M) Comme Queneau, j'aime plutôt m'aigrir
Qu'au bout des doigts voire du cou maigrir.
(V & U) Ce livre neuf, levez-vous pour le lire :
Une fois lu, voyez votre âme luire !
(X) Le hic, c'était qu'il me fallait expier
Ce doux péché consistant à l'épier.
Et pour ses distiques inachevés :
(F) Un vieux poète effacé sans frimer
Aime l'effort et l'effet de rimer.
(Q) Fut-ce un violon qu'eut le soldat troqué
Contre un bouquin ? Voilà son cul troué.
(R) L'instituteur décida de brailler :
Au fond, le cancre avait l'air de bâiller !
(T) « Juste du thé vendu pour inhaler... »
Mais le dealer se mit à détaler.
(Z) Ce géologue a besoin de vos aides :
Il veut un quart de ce quartz des pinèdes.
*
Alphabet complet du 21/09/16 :
Si votre dent semble se carier
Arrachons l'a mais vous allez crier
L'on voit tomber maintenant s'abîmer
Dans le néant ce qu'on pensait aimer
Laissez laissez disparaître et crever
Le règlement préférez le rêver
Mon assistant est encore à glander
Par monts et vaux l'aide est parti glaner
Vilain fermier vos oeufs sont périmés
Comment oser les prétendre primés
On menaçait de le faire bien frire
Sans l'effrayer donc il se mit à rire
À trop souvent jouer à me grimer
Las j'ai perdu le moyen de rimer
Tout dégonflé lâche sera chassé
Aussi son grade alors sera cassé
Qui voile ou viole une femme : entendu
Qui du paddy vole sera pendu
Ci-gît don Juan qui savait tant jouir
Doux chat-huant qu'elles aimaient ouïr
Ce cas défend la doctrine kantienne
En me chantant une drôle d'antienne
L'homme est perdu car il s'est fait larguer
Elle est partie et sans rien arguer
Voir filer droit bicyclette ou tandem
Sans les filmer me fait vomir idem
Sur la statue il voudrait se pencher
L'aine est cachée il ne peut donc pécher
Dépourvu d'eau je me sens tant mûrir
Mais allô quoi je vais bientôt mourir
Dessinateur qui ne roupille pas
Sempé ne rouille avec ses gens sympas
Ce mendiant loue un taudis sans sécu
Piteuse loque il a vécu vaincu
Le pauvre hère est parti se cacher
Dès qu'on le trouve il se met à cracher
Est-ce oublier de tout bien vérifier
Mais est-ce là proprement versifier
Le boulanger continue à pétrir
Santé fragile il risque de périr
Citer Paluds surprend pour un cocher
Elle en conclut jeu velu pour coucher
Vois le patient vénérien délirer
L'âme élevée enfin se délivrer
Dans ce doux bleu vais-je amènes wallons
Sans l'huis des cieux vers l'enfer nous allons
Il faudra tous au déclic se fixer
S'il n'a pas lieu surtout ne pas s'y fier
Ressuyez donc ces tigrés cabillauds
Car sans cela vous ressuez griots
Le réséda sut lier ce qu'on aurait
Trouvé trop terne au mur qui s'azurait
Rappel sémantique
Clé passementière
à script, éléments
masqués, templière
lectrice, âme épands !
Pire est ta clémence
t'y mêlant parsec.
Réclamer pitance,
pimenter l'art sec !
Quelle estampe à rime,
quel rythme en sa paix
était classe en prime,
celtique amant près ?
Mais là serpent tique,
pense étriqué, mal.
L'assermenté pique,
expérimental.
[Toutes les décompositions possibles d'un pentasyllabe en mots de
1 à 5 syllabes, organisées de telle sorte qu'on passe d'une ligne
à la suivante en effectuant soit une somme soit une décomposition
d'un seul entier en deux plus petits (et la règle est cyclique) :
strophe 1 strophe 2 strophe 3 strophe 4
————————— ————————— ————————— —————————
1+4 = 1+1+1+2 = 1+2+1+1 = 1+1+2+1
= 1+1+3 = 1+2+2 = 1+1+1+1+1 = 1+3+1
= 2+3 = 3+2 = 2+1+1+1 = 4+1
= 2+1+2 = 3+1+1 = 2+2+1 = 5.
Les 16 vers de ce double sélénet sont aussi
des
anaphones
les
uns
des autres. Un barde y invoque la muse Ulypô pour le guider parmi
l'immensité des possibles, mais cette vouivre lui instille plutôt
le goût des essais abscons. Inutile de préciser que j'ai bien sûr
dû pondre bien davantage de vers pour mettre au point ce machin.]
P.S. du 22/04/17 : comme pour les
décompositions de 7 ci-dessus,
on peut encore traduire ces égalités
sous forme de musique minimaliste (cliquez sur cette image pour afficher
la version PDF de 40 Ko)
En voici un enregistrement
MP3 de 202 Ko
[Voir aussi mes autres expériences oumupiennes]
Robert Rapilly a proposé à la liste oulipo de récrire ce haïku de Michelle Grangaud en respectant les contraintes que l'on veut :
Traverse la terre.
Celui qui pense possède
la rive et le fleuve.
[Michelle Grangaud, Poèmes fondus,
P.O.L., 1997]
La poétesse a extrait ses douze mots du sonnet XIX des Regrets de Joachim du Bellay.
Trois
« poèmes sublimés » [5/10/16]
[piocher dans l'ordre 5+7+5 lettres
dans les vers successifs de Michelle Grangaud.
La notion de « haïku »
minimaliste de 5+7+5 lettres a déjà
été explorée par
D. Hofstadter,
J. Roubaud, A. Chevrier, etc. La
nouveauté est ici d'exagérer le
procédé de réduction employé par
M.G., cette fois au niveau littéral. Mon
premier « poème sublimé » est
certes un peu trop trivial, car il reprend un mot complet de
l'original.]
astre
possède
arête
(Traverse la terre.
Celui qui pense possède
la rive et le fleuve.)
verte
équipée
veuve
(Traverse la terre.
Celui qui pense possède
la rive et le fleuve.)
reste
liquide
larve
(Traverse la terre.
Celui qui pense possède
la rive et le fleuve.)
Sonnet sublimé [8/10/16]
Ennuis devine :
longer tertre
contre rançon –
saveur testée.
Épuise rétine,
argent errant,
étique lustre
laissé demain.
Règles lambda,
vilain revers,
oeuvre coupée
évoque soupir,
tenace pâleur,
cosmos équipé.
[« sublimation »
de l'original de du Bellay :
Ce pendant que tu dis ta Cassandre divine,
Les louanges du Roy, et l'heritier d'Hector,
Et ce Montmorency, nostre François Nestor,
Et que de sa faveur Henry t'estime digne :
Je me pourmeine seul sur la rive Latine,
La France regrettant, et regrettant encor
Mes antiques amis, mon plus riche tresor,
Et le plaisant sejour de ma terre Angevine.
Je regrette les bois, et les champs blondissans,
Les vignes, les jardins, et les prez verdissans,
Que mon fleuve traverse : ici pour recompense,
Ne voyant que l'orgueil de ces monceaux pierreux,
Où me tient attache d'un espoir malheureux,
Ce que possede moins celuy qui plus y pense.
Appliquer ce procédé de
« sublimation » à un sonnet
(avec des mots de 6 lettres) m'a été
suggéré
par Robert Rapilly,
généralisant mes réductions en 5+7+5
lettres ci-dessus. J'ai cette fois
évité les mots présents dans l'original
(ce
qui m'a fait remplacer un acceptable « Regret
laissa » par le familier « Règles
lambda »). Je me suis rendu compte
a posteriori que cette contrainte de la
« sublimation » est une proche cousine de la
« dérivation » proposée
par
Noël
Bernard en février
2015. Les différences sont que la longueur des mots
n'était pas imposée chez N.B.
(légèrement plus facile), mais qu'il fallait
piocher une et une seule lettre par syllabe (beaucoup
plus difficile !).]
Quatorze haïkaï [7–12/10/16]
Parcours cette terre.
Celui qui pense jouit
du fleuve et du quai.
*
Traversons maints gouffres.
Qui rêve possédera
tous les bords des fleuves.
*
Errant (. .-. .-. .- -. -)
Va par cette terre,
car celui qui pense aura
rivage et ruisseau.
[morseku : les longeurs des mots sont imposées par la traduction en morse du titre]
*
J'ouïs d'eux : « La rive hier
joue, ide. L'art y vit, hère.
Jouis de la rivière ! »
[holorime triple en 5+7+5 syllabes]
*
Gambade en l'humus.
Qui zyeute, jerke ou mieux, crawle,
possède le fleuve.
*
Vers la terre, vire.
Qui réfléchit possède, ivre,
le fleuve et la rive.
*
La terre te drive,
car sans suspense, qui pense
possède la rive.
*
Retraverserai
spiritualisation
fluvïométrique
[trois mots]
*
Rare être, erre à terre.
Ta tête, artère aérée,
a tertre et Tartare.
*
Dis, vogue aux montagnes.
Un bûcheur ingénieux souhaite
affluents ou caps.
*
Grès prôné, rôdé.
Là réfléchît, tôt détînt
mâts, prés d'à-côté.
*
RÉOPI = Errer au pays,
LIDRIGA = et l'idée érigée a
OLMRG = eau et l'émergé.
*
Erre-t-on, ô
terre ?
À
trop
ressasser
porta
la
rive :
viral.
*
Ranger de la terre
où pensions nous nous filons
niais moult affluent
El Sublimado
Echado
(Désert)
Silène évincé,
épique, oublié :
sistre muselé,
poêlon démoli.
Anneau insolé,
rieuse amitié,
raisin, amours,
alloue arolle !
Usurpé, signai.
Rester basané ;
jivaro aliéné...
Défier Escher :
mantra redoré,
orante élidée.
Gardel
[Sublimation du
Ténébreux.
Le titre en espagnol signifie « rejeté »
— et donc pas du tout
« désert » !
Par ailleurs, si le
cistre
ressemble au luth, ce n'est pas le cas du
sistre, ancêtre
égyptien du tambourin...
Bien que certaines images de l'original soient évoquées,
vous remarquerez que je ne me suis jamais
servi des mêmes mots.
El Desdichado
(le Désherité)
Je suis le ténébreux, — le veuf, — l'inconsolé,
Le prince d'Aquitaine à la tour abolie :
Ma seule étoile est morte, — et mon luth constellé
Porte le soleil noir de la Mélancolie.
Dans la nuit du tombeau, toi qui m'as consolé,
Rends-moi le Pausilippe et la mer d'Italie,
La fleur qui plaisait tant a mon coeur désolé,
Et la treille ou le pampre à la rose s'allie.
Suis-je Amour ou Phébus ?... Lusignan ou Biron ?
Mon front est rouge encor du baiser de la reine ;
J'ai rêvé dans la grotte où nage la sirene...
Et j'ai deux fois vainqueur traversé l'Acheron :
Modulant tour a tour sur la lyre d'Orphée
Les soupirs de la sainte et les cris de la fée.
Gérard de Nerval
J'ai profité de cette 92e
réécriture personnelle du
Desdichado
pour établir une liste
de toutes mes versions.]
Deux palindromes phonétiques de circonstance
Le bon Bob : Nobel !
Eh, dis, Nobel est bon à lied :
Bob Dylan, ô belle et bonne idée !
*
Qui dit à fantasque été
« Raye Pierre Étaix » ?
Ah temps fatidique !
P.S. du 4/12/16
La mort cible G.
Marcel Gotlib,
l'égal bic, mort ?
– Tomb-allergic!
[anagrammes]
Marcel Gotlib,
liste, est mort : blague ? :-(
[anaphone]
Épiez
le monde,
deux pieds
seconde.
Copiez
en l'onde
papiers,
faconde.
Attends
vingt ans
lagune,
torrents,
et prends
la lune.
[Hommage simultané au
poème fondu de
l'oulipienne de l'année
et au vingtième anniversaire de la
liste oulipo. Notez que
(2 pieds/seconde)*(20 ans) = 384 750 km
= distance Terre-Lune moyenne.]
Attelages étendus
Jean-Louis Bailly, Régent du
Collège de 'Pataphysique,
a défini les notions
d'homophonopronominalisation
et d'homéozeugme,
qui sont bien plus proches des
zeugmes ophyciels que ce que j'avais
osé appeler
zeugmes homonymiques il y
a un quart de siècle. Voici juste un p'tit tanka dans cet
état d'esprit :
Et puisque Jean-Louis Bailly considère comme
des fautes de goût les attelages entre homographes
de genres différents (masculin & féminin), en
voici deux pour le plaisir de l'interdit :
Le mousse nettoie celle de la coque.
et un tercet inspiré par
ce sonnet de janvier 2004
(utilisé quelques années
plus tard dans la
Bande de sonnets de
l'oubapien
Étienne Lécroart) :
Gilles de Rais saute, ivre,
les pages de son livre
et tous ceux qu'on lui livre.
On peut aussi étendre le principe des
homophonopronominalisations à des vers holorimes
entièrement sous-entendus, par exemple en reprenant
ceux que le frésident-pondateur
FLL
avait transformés en
poèmes-barre
[12/11/16] :
Gall, amant de la reine, alla, tour magnanime,
De cette façon lors d'un parcours homonyme.
Par les bois du Djinn, où s'entasse de l'effroi,
Fais ce qu'au premier vers t'ordonne un craintif roi.
Dans ces meubles laqués, rideaux et dais moroses,
Toi que j'ai susnommé, fais-le donc si tu l'oses.
En voici un quatrième plus créatif, d'après ce poème fondu de Michelle Grangaud [13/11/16] :
Quai perdu ? Comme en terre elle arrive, elle court,
Exauçons les deux voeux de ce troublé discours !
Solution : Qu'éperdu commentaire ait la rive et le cours !
[Voir aussi mes précédents textes utilisant des homographes]
Contre-holorimes
La liste oulipo s'est
réintéressée quelques jours aux
contrerimes.
J'ai remarqué à cette
occasion qu'elles peuvent se combiner
très naturellement avec la notion de
poème-barre.
Essai reprenant le schéma AbbA/8686 de
Paul-Jean Toulet :
Si tu hais, parleur, l'équilibre
en feinte — humour à point
situé par leur lai qui point,
enfin tu mourras libre !
Il pourrait également être amusant
de composer des contrerimes aussi dissymétriques
que possible, par exemple :
Cède l'âme à l'adresse ineffable des dieux,
nuée !
– C'est de la maladresse innée, fable dénuée
d'yeux.
P.S. du 25/11/16 : tentative d'holorime quintuple
[voir aussi mes précédents
holorimes
multiples
dont même un d'ordre 6]
La machine à presser des pièces de monnaie
a des répercussions perverses : l'univers
piégé, désorienté, comprend que chaque année
sa ruine s'amplifie à l'instar de ces vers.
Le rotor est fer en ce
leurre au tors effet. Rends-ce
l'euro tôt rets, F. ? Errance,
l'heure ôte or et fait rance
leur autoréférence.
Décrire l'an
Jà verni, le cercueil est prêt à leur offrir
Ver fier de les manger puis repos et silence.
Arms, bras de la Camarde aimés par la Défense...
Vil Râ, soleil rival, ne nous fais pas souffrir !
I am your friend, dit-il, l'ami qui sait guérir
Un ji-samouraï près de crever de malchance :
J'illute dans la boue et son torse et sa panse,
Auto-régénérant l'espoir sans coup férir.
Béer, temps ralenti, dans ton atone automne ?
Ce robot va reprendre une course gloutonne,
Mon verbe tarira comme un goéland nié.
Bec de mer, ton appel dans le givre s'égare :
Crier lande, ancrer lied ? Encrer laid lac dernier ?
Ciel rendra l'air cendré — craindre le déclin rare.
[Les premières lettres de chaque vers
sont des anagrammes des mois de l'année,
séparées du reste par une espace, une
virgule, un trait d'union, etc. Le titre
et les deux derniers vers sont constitués d'anagrammes
de « calendrier ».]
Compendium
[Simple amusement markovien avec le compendium de
la Vie mode d'emploi.
J'avais déjà essayé la commande
dissociated-press de l'éditeur de
texte EMACS
sur la bibliographie de Perec le 23 avril 2002
(et Bernard Magné en avait même
recopié le résultat sur
son site).
Rappelons au passage que ces chaînes de Markov
littérales donnent de très bons résultats
sur le Petit Prince de
Saint-Exupéry.
J'ai aussi retrouvé récemment l'une de mes toutes
premières utilisations de ce
procédé : mon laboratoire avait reçu un très
sérieux comité d'évaluation les
31 mars et... 1er avril 1994, donc j'avais osé distribuer
ce fichier
aux membres
du comité ! Des amis ne connaissant pas la langue des
physiciens théoriciens
m'avaient dit que ça leur semblait presque normal.
Ça me fait pour ma part
beaucoup travailler mes abdominaux
;-D.]
Si amène amnésie L'indu moment qui tend Du lin gris sur ta vie Mari d'aigreurs convie Dam ri que l'on entend Rider mec sûr t'attend Cri merde aucune envie Dieu j'use c'est obvie De jiu-jitsu fouettant Ver de nid m'ingurgite Rend vide ma peau vite À demi s'offrant chair Mais de jurer patience Chemin d'à côté d'hier Machine d'inconscience
(Même contrainte que pour
Décrire l'an ci-dessus
et thème voisin, mais avec ici des vers isocèles
courts sans ponctuation. Inutile de préciser que
les mots ont presque choisi tout seuls ce qu'ils
avaient envie de dire, tant c'est contraint. ;-)
Rimes quenelliennes
L'affligé ténébreux le veuf perd sa maîtrise
car des forts aquitains il n'est plus le héros
sa seule étoile est morte et sa lyre s'irise
la dépression le plonge en des soleils noirauds
Voyez hors du caveau l'ombre qui cicatrise
en rendant d'italiens sommets et littoraux
oyez battre ce coeur qu'un rosier martyrise
quand s'accordent le pampre et les charmes floraux
Suis-je Amour ou Phébus ? plutôt Poil de carotte ?
j'ai rêvé que nageait la sirène en sa grotte
lorsqu'un baiser de reine a teint mon front carmin
Traversas-tu vainqueur d'infernaux Orénoques ?
au théorbe d'Orphée ainsi tu les invoques
chaque soupir de sainte est un cri surhumain
(Reynard Quedal)
[Desdichado
selon le schéma de rimes des
Cent
mille
milliards de poèmes de Queneau,
en évitant les rimes pauvres ou déjà
utilisées, et en respectant la structure grammaticale
de ces poèmes. Beaucoup de ceux de Queneau emploient des
rimes masculines pauvres
(en -aux et -in, sans consonne d'appui) ou
étymologiquement liées (comme remise/mise/
mainmise/insoumise, prise/éprise/surprise/entreprise ou
soliloques/ventriloques). Il en existe
toutefois quelques uns évitant ces faiblesses,
par exemple le numéro 70 797 898 305 464 :
Quand l'un avecque l'autre aussitôt sympathise
lorsque le marbrier astique nos tombeaux
la découverte alors voilà qui traumatise
qui sait si le requin boulotte les turbots ?
Et pourtant c'était lui le frère de feintise
le vulgaire s'entête à vouloir des vers beaux
le gourmet en salade avale la cytise
à tous n'est pas donné d'aimer les chocs verbaux
On sèche le poisson dorade ou molve lotte
le lâche peut arguer de sa mine pâlotte
l'autocar écrabouille un peu d'esprit latin
Ne fallait pas si loin agiter ses breloques
on mettait sans façon ses plus infectes loques
l'écu de vair ou d'or ne dure qu'un matin
(Raymond Queneau)
Pour une quasi-infinité de sonnets selon ce schéma
de rimes (volontairement pauvres pour les
masculines, et sans structure grammaticale imposée), voir
ce programme
de Nicolas Graner.]
Bergeronnet
[Carré
syllabique 6×6 lisible dans quatre directions,
en hommage à Didier Bergeret, qui avait proposé cette
contrainte sur la liste oulipo le 12/06/97 d'après la
notion de diagonnet. Cet ami est décédé le
16/12/16.]
Ma colère interdit d'approuver l'art contraint :
Mieux vaut s'en affranchir pour tester notre entrain,
Car cet ami savant roule en auto sans frein.
dje | di | ʀe | ʒə | bɛʀ | se |
di | ʀy | de | nø | li | bɛʀ |
ʀe | de | ta | lɔ | nø | ʒə |
ʒə | nø | lɔ | ta | de | ʀe |
bɛʀ | li | nø | de | ʀy | di |
se | bɛʀ | ʒə | ʀe | di | dje |
+---+---+---+---+---+---+ |dié|di |ré |je |bèr|sé | D'« yeah » dirais-je, bercé +---+---+---+---+---+---+ |di |ru |dé |ne |li |bèr| d'ire ? Eus des noeuds ? Libère +---+---+---+---+---+---+ |ré |dé |ta |lo |ne |je | raide, étalonne jeux ! +---+---+---+---+---+---+ |je |ne |lo |ta |dé |ré | Je ne l'ôte à des rets, +---+---+---+---+---+---+ |bèr|li |ne |dé |ru |di | berline d'érudit : +---+---+---+---+---+---+ |sé |bèr|je |ré |di |dié| c'est Bergeret Didier. +---+---+---+---+---+---+
La campagne
[sonnet holorime selon le schéma des
Cent mille
milliards de poèmes
de Queneau
— cette fois sans
en respecter la structure grammaticale]
Sur dix télés, voilà, l'or ennemi n'y mise
chauve impro, ces débats sans crainte, électoraux.
Surdité les voila : lors haine minimise
chauvins procédés bas (s'encre intellect), oraux.
« Comment terrasser l'est ? Être un pet, conne omise ? »
Large encombrant dealer eut-il asséné gros
commentaire assez leste ? Et Trump économise
l'argent qu'on brandit, leurre utile à ces négros.
Aîné politicard, fissa le ravi vote
et n'épaule E.T. car fi ! sale rat, vivote !
Décor ramena : c'est l'emblème américain.
Tu n'as sorti les Japs, lié les Chinetoques,
thune à sortilège, à plier l'échine, toques
dès qu'aura menacé l'an blême — amer hic, hein ?
Lange (B.A.-BA)
[Sonnet de monosyllabes selon le début de la suite de
Prouhet-Thue-Morse ABBA BAAB BAA BAB,
en évitant les rimes pauvres et en respectant les
règles d'alternance & de liaison supposée.
Lassé de recevoir des ordres non conformes au sien
(d'ordre), un bambin se réfugie
d'abord dans ses rêves, puis finit par développer un
goût prononcé pour les fugues.]
Homomorphisme littéral & syllabique
Christian Merle a proposé à
la liste oulipo de composer
des sonnets dont chaque vers soit
homomorphe au célèbre
démarreur
de Jacques Jouet
À supposer qu'on me demande,
c.-à-d. globalement octosyllabique, et constitué de six
mots de 1, 8, 2, 2, 2 & 7 lettres respectivement. Voici
ma réponse sous forme de vanité. Les trois digrammes de
suite constituent la principale difficulté — surtout si
l'on cherche à éviter tout hiatus, comme ci-dessous.
À supposer qu'on me demande d'attendre un an mi-résigné l'illustre or du Râ désigné d'acquérir ce dû de légende j'obéirais où qu'on entende l'argument Qu'as-tu regagné à chercher là ce qu'indigné t'adjurais Or il te truande N'approuve ni ça ni confort ô camarade ai-je eu renfort d'insultes si je te délivre L'éternité qu'en un circuit t'esquisse Râ ne va revivre & toujours un os se détruit
L'effritement
[copie d'un message adressé à la
liste oulipo]
Comme un jaune Martien qu'on verrait graviter ce tout petit plisseur d'onde est un caneton. Quel vers il tronquera menu pour m'écourter ? Viens plutôt m'écouter siffler tel un martin, car mon chant troquera l'argile et le gravier contre un riche canton au gai zéphyr lisseur. Deviens un fou liseur, ça ne va rien coûter : ma langue est un canon tiré par maint marin ! La montagne est gravie et le ciel se trouera. Ce vaisseau que touera tel le foin d'un lieur ma strophe alors ravie reste ensuite à coter. En signant de ma main, suis-je un naïf ânon ? J'espère bien que non. Les pâtes qu'on toura, de fin décembre à mai, sont offertes, au lieu de proscrire ou d'ôter le beurrier à la raie. Peut-être un divin rai pourtant aperçoit-on ? Si le lac, bis et ter, sur quoi l'on me toua, est bu jusqu'à la lie, ce sera vraiment ma... L'ombre a ri, me tua : amen ô croix pends-le, gibet, té sûr qu'on a.
[Voir aussi la
sextine que
Noël
Bernard a ensuite composée selon les mêmes
contraintes, et mes précédentes
quinine homographique
& sextine en anagrimes]
Mais pars sur terre distraire tes soirs d'espoirs vus Taire l'austère sans arts Qui pense l'immense monde ait L'abreuve l'onde et le fleuve
[Isonnetwoosh = sonnet isocèle de 140 caractères
d'après ce « poème fondu » de Michelle Grangaud.
L'absence de ponctuation l'obscurcit un chouïa.]
J'habite à New York chez un vieux légume presque fada. Ce hideux zombie fut jadis payé comme clown dans un vague cirque. Aujourd'hui, son unique et fugace moyen de s'exprimer est via le web. Pourtant, il bégaye parfois des phrases vides, auxquelles je ne comprends rien. Par exemple, l'obsessif mot clepsydre revient pathologiquement. Papy semble s'inquiéter de l'ouvrage de la Faucheuse. Il va sur Internet pour chercher des subterfuges magiques. Trouvera-t-il une information susceptible de guérir sa phobie ?
Ce matin, grand-papa a acheté un sablier en forme de cône. D'un ton lugubre, il m'annonce sa mort prochaine, et me demande de respecter ses instructions précises. Te sens-tu capable de rester auprès de moi et de guetter l'ultime instant ? Les sons seront répétés decrescendo, de plus en plus contraints et négligeables. Surtout, n'oublie pas de retourner le sablier, geint-il. Tu distingueras un passage étroit et transparent où disparaîtra la poussière, la passerelle de l'entonnoir. Regarde aussitôt alentour, au-dessus, au-dessous, derrière, ailleurs, si la solitude grandit dans ta raison désertée, ou si l'Éternel est soudain en train de t'aider, ô Seigneur ! Le songe alors t'engloutira sans traîner en une illusion interstellaire, et le soleil irrationnel s'installera sur la nuit noire. Nulle régulation ne t'orientera, et l'allitération inaugurera une autre génération. L'initiateur triangule l'étrange itinéraire, le tunnel intérieur à la littérature. L'interligne étranglé enterre le néant et entérine l'altérité intégrale. Géniale, l'agile araignée gagne à aligner le rai en la linéaire galerie enneigée, à régir l'énergie aérienne. L'année engage l'engrenage à glaner le râle en la grange, à égrener la gêne générale ; l'allergène gangrène le langage. L'allègre règle galère à agréger la grêle, à égaler le réel, à galéger large, agréer le Graal, gérer le régal ; la rage l'égare, grrr. L'élagage légal a allégé l'allèle, l'allée algale a la gale, l'égal aléa a gelé le galgal, glagla. Égée âgé a gagé gag à aga gaga : ga ga ga ga... Aaaaaaa !
Ba, ba, ba ? B.a.-ba baba, bébé a béé. Béate, ta tata Babette te tâte, et ta tête à bête bâtée tète, ébat bébête, état bêta. Ta tétée tarte barbera, être barré ; arrête ta rareté ratée à art terre-à-terre et barbare, ara taré ! Alerte à table, Albert le rebelle étale le blabla et altère la lettre ! Le babil réitéré l'attire à la librairie, et il lit, rit, relit, allaité à la Bible ; l'atelier littéraire bataille et rétablit la liberté, rebâtit le terrible arbitraire. Le laboratoire oratoire obéira à la loterie orbitale rotatoire, et il tolérera l'aléatoire total. Il affaiblira la fébrilité, l'effroi et la fatalité ; bref, le frérot ira faire la fête et a fortiori batifoler.
Le petit préfère-t-il répertorier la parole appropriée et parfaire le papier parallèle ; le préparatif paraît a priori profitable ! Et a posteriori, sera-t-il satisfait par le portrait-robot proposé ? Enfin, l'enfant le sent intéressant, et bientôt il se représentera ainsi la fantaisie potentielle. En la circonstance, il se précipite en ce possible infini, et rencontre l'acrobatie ensorcelante, la conscience sociale, la connaissance, la science. Il continue à courir après la beauté raffinée. Maintenant, il compte neuf printemps et ne sait pas combien il en accumulera par la suite. Il demeure encore un peu faible et timide, mais il a confiance en le futur. Il grandit puis aboutit facilement à l'adolescence. À vingt ans, il a l'impression d'occuper plus confortablement la surface du globe.
Adulte à présent, il vibre au parfum d'un bouquet de perce-neige. Il a brusquement envie d'explorer l'univers et de décoder la clef des signes. Son choix est d'observer d'abord le magnifique espace. En fouillant, au gré de l'alphabet, vraiment jusqu'aux cieux. Je fixe l'horizon qui me capte et me guide au delà du visible. Oh ! voyez la paix débordant de joie qui s'offre de ces montagnes ! Je veux faire de la gymnastique assez bien pour skier sans chute. Et ce week-end, je pars en voyage ; qualifiez-moi de bienheureux !
Antécédents :
• J'avais en fait commencé ce texte à la fin
des années 1980 (!), mais il était à
l'époque organisé dans le sens plus standard de
la naissance à la mort. Du coup, il démarrait par
un passage ridicule révélant immédiatement
le principe, et je n'avais jamais jugé utile de
dépasser le stade d'un brouillon. J'ai récemment
compris qu'il deviendrait plus intéressant avec une
structure en « sablier ».
• En 2003, cette idée d'un lipogramme progressif m'avait
inspiré ce sonnet.
• Le roman
« Ella Minnow Pea » de
Mark Dunn date de 2001, mais je ne l'ai lu
qu'en 2005. Son intrigue est construite sur un appauvrissement
progressif de l'alphabet.
La grande perecquienne Mireille Ribière l'a analysé dans
cet article (au format PDF).
• Dans
l'« Anthologie de l'OuLiPo »
de 2009, Olivier Salon a publié un long
lipogramme progressif pages 738 à 745 (rendant plus
caduque encore mon idée des années 1980). J'ignore
de quand date précisément cet excellent texte.
Ma prose ci-dessus n'a donc rien de bien nouveau du point de vue
des contraintes. J'ai décidé d'écrire une
seule phrase par sous-alphabet, en employant obligatoirement
toutes les lettres autorisées. À part pour les
pangrammes des extrémités, tous les autres
alphabets partiels sont volontairement différents. Ils ont
été choisis pour me permettre de raconter à
peu près ce que je voulais.
(Le mouvement brownien des lettres centrales est amusant
à suivre des yeux sur cette représentation en
police de chasse fixe. :-)
Comme les passages comptant un nombre moyen de lettres (ni
hyper-lipogrammatiques ni quasi-pangrammatiques) sont
relativement faciles à construire, j'avoue m'être
imposé d'autres contraintes locales pour stimuler ma
racontouze...
[Une présentation soignée de ce même texte est disponible au format PDF (340 Ko)]
Holorimes orphelines
[Nouvelle proposition de contrainte paradoxale :
composer des distiques
d'alexandrins holorimes se terminant par l'une des
rimes véritablement
orphelines
repérées il y a deux ans. Voir aussi les
réponses
des abonnés à la
liste oulipo.]
Érodé paradis tombé ! « La chanson peut pl-
aire, au départ » a dit ton bey, lâchant son peuple.
Ô Maître luthérien, on commente ode pour pr-
omettre lutte, et rien onc au manteau de pourpre !
Aimant parigot, l'art vaincra, va ! T'aide chant vr-
aiment pas rigolard, vain cravaté de chanvre...
Igor y fiait son heure atypique aux pingouins fr-
igorifiés — sonneur à tipis, copain goinfre.
Ah, snob hors d'haleine, yo ! l'importun sensass coach
à snowboard (allez, gnôle !) importe un sens à « scôtch ».
Élançant des faucards, lors émonder cent ceps, tr-
ès lent, sans défaut, car l'or est mon décent sceptre.
Euphorise, ô l'aimé !, la lune — hiver saint qu'Ur v-
eut fort isoler, mais là l'univers s'incurve.
Un pamphlet misanthrope appelle (hum !) à l'index Tr-
ump, enflé misant trop « Pape est le Malin dextre ! »
Hugo Boss
Eh ! mystifiant tailleur, tas qu'on signala d'extr-
émiste, y fiente ailleurs ta consigne à la dextre !
Mycologue olfactif kinésithérapeut'
m'y colle au golf, actif : « Qui n'hésite erre à putt ! »
Oh ces cramoisis, cons, malfrats paient des stockfisch tr-
op secs, rats moisis qu'on mal frappait d'estoc, fichtre !
Nabots nécessitaient d'attendus coolos tags ; n'
abonnez ces cités datant ! Du coup, l'eau stagne.
Rond picard chenapan défini comme un thug me
rompit car je n'appends des « fi ! » ni commun zeugme.
[l'accent permet de faire passer le
« z » initial du zeugme, qui présente
une grosse difficulté pour l'holorime, combiné
à l'« -eugme » final]
Cavalier turc à la chasse laissant échapper des chamois
en raison d'une perte d'équilibre passagère de sa monture,
mais il lui reste heureusement assez de nourriture
Habile isard ou cinq ? Larguant, bachi-bouzouk st-
abilisa roussin. Lard, gambas, hiboux jouxtent.
[le zozotement est ici utilisé pour faire
passer le « j » initial de « jouxtent »]
« Pontil envieulx ? Pas toy, Carles, goust jadis j'honcte ! »,
pond-il en vieux patois car le goujat disjoncte.
[essai d'autre astuce possible]
Découverte du prix exorbitant des antalgiques en Turquie,
après une malencontreuse glissade au bal
Oh dansons ! Choc. Oh la savonnette ! Hui, mit l'Aspr-
o dans son chocolat : ça vaut net huit mille aspres...
Despote bien nourri
Néron cantilène aime (et le gars veut vaincre humbles),
N'est rond quand il est né, mais le gavent vingt crumbles.
Que veut dire ce mot qui ne semble pas simple :
chœuvedîrecemaukineçambleupassymple ?
[stupide illustration d'une autre astuce possible]
Anguleux, satanique et minant, ce démon str-
angule sa tannique Éminence des monstres.
[tannique = pleine de tanin]
Conseils à une archère découvrant les
vêtements confectionnés par des zombies
Hoche tête en toquant, sagittale, ces pulls cr-
ochetés tantôt quand s'agita le sépulcre.
[vous pouvez remplacer l'archère
par une dame bien en chair avec
l'adjectif « pondérale », mais le
tombeau ne sera pas plus accueillant]
Avare écrivaillon du Vaucluse
Mes faubourgs-ci qu'auteur orne, c'est décrire Apt.
Mais faux boursicoteur or ne cède, et crie « rapt ! »
[exemple de rime avec nom propre,
puisque c'était l'une des
astuces employées en 2002 pour nos
rimes impossibles]
En quelle des vies d'hoir canut bonhomme hélas pl-
anquait le dévidoir qu'Anne eut beau nommer l'asple ?
« Demoiselle » chantée par un cavalier
Élis, bel uhlan fin, l'opportune impro : presque n'
est libellule, enfin, l'eau porte une impropre æschne.
Pacha pacifiste inquiet à la vue incertaine
du drapeau libanais
Une amicale armée au turquoise if augure ts-
unami qu'alarmait haut Turc oisif au gürz.
Hâte dès mai, la mort flatte d'aimer l'amorphe, l-
atte oedème, et l'âme Orff là te démêla : morfle !
[essai d'holorime orpheline quadruple]
L'ascèse de Brummell
Par fumeux mépris, on se dandine ; ce musc le
parfume, mais (prison !) ce dandy ne se muscle.
[e final du premier vers à rendre presque muet,
ainsi que dans les distiques suivants]
En avril
Qu'ôtais-tu ? Le froid sait qu'eux pèlent. Mets le jour le
coté tulle froissé que pêle-mêle j'ourle.
Scanner pour mastodonte
Tom aux dents ? Si Tom est tranquille, omettre émail — le
tomodensitomètre en kilomètre et mile.
[juste pour le plaisir d'utiliser un mot hexasyllabique]
Missionnaire pédagogue
Plaidons coeur et voeu simple à ce cow-boy : qu'hot-dog me
plaît, donc eux (rêves saints) placent qu'au boycott dogme.
[les nombreuses consonnes finales donnent un bon virelangue]
Vengeance barbare
On leur redit, ferrés, qu'hui le bourreau n'a pal. « M-
on leurre différé cuit le bourg au napalm ! »
Sar Rabindranath Duval
« Rêver le ralenti fait tee-shirt rétrécir », que
révélera l'anti-féticheur : traître est cirque !
Supporter aviaire
Passe Euro : bug, l'Allemagne y fit quatre ou cinq. Le
passereau beugla le magnificat, roux cincle.
[mal césuré, à la rigueur 4/4/4 pour le premier vers]
[Voir aussi ces sélénets à holorimes orphelines d'août 2017]
Canon des solitaires
[Valentin Villenave a transmis à la
liste oulipo une
proposition de l'Oumupo : écrire un canon dont
toutes les combinaisons de voix fassent sens. Pour un canon
à trois voix, par exemple, il faudrait obtenir un sens
suivi pour les trois soli (1, 2, 3), les trois duos (1+2, 1+3,
2+3) et le trio (1+2+3), soit sept mélanges possibles.
L'idée principale de l'Oumupo est que les voix ne chantent
jamais de syllabe simultanément, mais au contraire
qu'elles attendent un silence des deux autres pour intervenir.
De cette façon, un unique chanteur pourrait tout
interpréter seul, et c'est la raison pour laquelle cette
forme a été baptisée « canon des
solitaires ».
Vous trouverez ci-dessous mes tentatives, mais je trouve cette
contrainte vraiment dure. Comme je joue avec les homophones, il
serait impossible de les comprendre à l'oral (sans support
écrit), donc elles sont clairement inutilisables pour de
véritables canons musicaux...]
Mes deux premiers essais respectent l'ordre des combinaisons que nous avait proposé Valentin.
1 : La moins gente ère (L'âme, ouin, j'enterre ?) 2 : je t'ai chanté. 3 : Voici sa fin. 1+2 : Gela témoin, changeant tes terres. (... change en tête air ?) 2+3 : Vois-je cité sachant feinter ? 1+3 : Voilà, si moins sage, enfin taire. (Vois lacis moins... ?) 1+2+3 : Vois-je la cité moins, ça change enfin tes terres. 2+3 : Vois-je cité sachant feinter ? 3 : Voici sa fin.
Schéma syllabique :
Voix 1 : la.......moin.........jan........tère
Voix 2 : je.......té.........chan.........té
Voix 3 : voi.......si.........sa..........fin
*
Ma deuxième expérimentation double le nombre de syllabes prononcées par la troisième voix.
1 : Je suis tout seul, 2 : écrivant mal 3 : sous l'arrêt, là, de tes félins. 1+2 : Et je crie suivant tout mal, seul. 2+3 : Soûl est l'art écrit là-devant ; tes faits malins 1+3 : soulageraient la suie de t'étouffer, linceul. 1+2+3 : Souhait : l'âge, récrit là, suit de vanter tout fait malin ; seul 2+3 : souhait la rait ; crie-la, devant effet malin 3 : sous l'arrêt, là, de tes félins !
Schéma syllabique :
Voix 1 : je...........sui...........tou............seul
Voix 2 : é..........kri...........van...........mal
Voix 3 : sou...la....ré.....la.....de.....té.....fé.....lin
*
J'ai ensuite adopté un ordre des combinaisons à la fois plus minimal et plus logique.
1 : Les racés rais 2 : n'ont entendu mon thrène en délire 3+1 : et scellé la faim d'heure. Ah serrer ce canon, 1+2 : non ! Les temps tendus montraient rassérénant d'élire 2+3+1 : haine. On scellait la tente en fin du mont. Deux traits rassérénant ce délicat renom 3 + 2 : énonçaient l'attente, enfin, du monde — traînant ce délicat renom. 3 : Et c'est la fin de ce canon.
Schéma syllabique :
Voix 1 : lé..............................ra.sé.ré
Voix 2 : non..........tan.tan.....du.mon....trè..........nan....dé.li....re
Voix 3 : é.....sé....la.........fin........de..................ce.......ca....non
*
Dialogue entre deux Argentins contestataires, l'un ayant hélas égaré sa cruciale boisson énergisante
1 : « Je n'irai sans 2 : le maté ! 3+1 : – Sais-je ?, l'âne y feint. Récent, 1+2 : le jeu manie terre et sang. 2+3+1 : C'est le jeu, la manif. – Intéressant ! 3 + 2 : Celle-là m'a feinté. 3 : C'est la fin. »
Schéma syllabique :
Voix 1 : je.......ni.......ré.san
Voix 2 : le.......ma.......té
Voix 3 : sé.......la......fin
P.S. du 12/03/17, pour l'anniversaire
de Valentin Villenave,
selon un troisième ordre possible
des combinaisons
1 : Si se tait 2 : Valentin, 3 : sacré Graal 1+2 : va silence tinter. 2+3 : Va, sale encre, éteins Graal ! 3+1 : Si ça secrète aigre hâle, 1+2+3 : va sis à lent secret intégral.
Schéma syllabique :
Voix 1 : si........se.........té
Voix 2 : va.......lan........tin
Voix 3 : sa........cré........gral
J'ai aussi tracé un ambigramme de son nom, après son pinacogramme d'il y a trois ans.
P.P.S. du 11/04/17 : essai minimaliste & répétitif de canon à quatre voix
fou Fou ?
lon L'on
sé sait.
fou tu Foutu,
lon fou l'on fout
sé lon « c'est long ».
fou tu sé Fous, tu sais,
lon fou tu l'ont foutu.
sé lon fou Ces longs fous
fou tu sé lon foutu sel ont.
lon fou tu sé L'on fout, tu sais,
sé lon fou tu « c'est long, foutu ».
tu sé lon Tu, c'est long,
fou tu sé fou, tu sais.
lon fou tu Long, foutu.
sé lon C'est long,
tu sé tu sais.
fou tu Foutu,
lon l'on
sé s'est
tu tu.
Autre canon minimaliste à quatre voix, du 16/04/17
Transmets ce repentir : ma chanson (mon poème)
Croque à nouveau l'unique excuse qu'elle essaime
En de vilains fragments faussement enjoués.
L'époque ronge maints regrets inavoués.
Des éléphants de mer coupent la mélodie
Télégraphiquement, à part la tragédie
Que ce raisonnement pourtant a su prouver :
Si l'on bat trop sa coulpe, on risque de crever.
Relaie ce remords : l'air (heu, ce lai) re-mord
ce laid remords seul, air heureux, morcelé. L'ère
mord ce celé remords. Morcelèrent morses l'air,
hum, hors ce lemme : or, ce remords laisse mort.
re lé se re mor lé re se lé re mor se lé re mor se lé re re mor se lé lé re mor se se lé re mor mor se lé re mor se lé re mor se lé mor se re mor lé se mor
Diagonnet musical
En juin 1997, dans le nº 9 de la revue
Écrire & Éditer,
Mme Pauline Morfouace avait proposé
la forme de poème baptisée
diagonnet.
[Voir par exemple celui-ci en hommage
à Borges, qui est sans doute mon plus
réussi.] En 2003, nous nous étions en fait rendu
compte qu'il s'agit de la moitié d'une très
ancienne forme de poème sanskrit appelée ardhabhrama, remontant au
moins au VIIe siècle — si ce n'est
au IVe.
En en parlant avec des membres de l'Oumupo, je me suis dit que cette forme
diagonnet pourrait donner de bons résultats musicaux.
On composerait une matrice carrée symétrique dont
chaque élément serait une note précise,
caractérisée par sa hauteur, sa durée, son
intensité, voire son appoggiature, ou encore son timbre
si l'on emploie plusieurs instruments. L'oeuvre ne consisterait
qu'à jouer les lignes successivement, sans chercher
à illustrer l'identité des colonnes. La
symétrie de la matrice n'est alors pas évidente
à entendre, mais elle impose une cohérence globale
très intéressante.
Avant de passer à la mise en musique de véritables
diagonnets syllabiques, j'ai simplement essayé de la
musique aléatoire. Et j'avoue être resté
sous le charme des résultats.
Voici un exemple typique
(fichier MP3 de 270 Ko)
ainsi que sa partition au format PDF
Vous pouvez vérifier que la suite des n-ièmes
notes des mesures successives reproduit la n-ième mesure.
Cette propriété impose des échos distants
qui forment l'architecture du morceau.
P.S. : comme indiqué ci-dessus, on
peut aussi attribuer un timbre différent à chaque
note — en respectant toujours la symétrie du
diagonnet.
J'ai testé cette idée un an et demi plus tard, le 6
août 2018, en reprenant la même mélodie :
Fichier MP3 de 260 Ko
Il est aussi intéressant de restreindre la mélodie
aléatoire à un sous-ensemble de notes, par exemple
ici à la gamme par tons,
en conservant les mêmes rythmes & dynamiques :
Fichier MP3 de 260 Ko
Un cas extrême est de ne jouer plus qu'une note, mais
avec des timbres et des intensités différentes.
Toujours en conservant les mêmes
rythmes & dynamiques, on obtient alors des résultats
évidemment voisins du génial
Monotone de la
Chamber Music de
Luciano Berio :
Fichier MP3 de 260 Ko
Et pour exagérer dans le minimalisme, voici de nouveau
les mêmes rythmes & dynamiques sur une partition
silencieuse, dont seule la
lecture transmet encore la tension (cliquez pour afficher la
partition complète
de 16 Ko) :
Fort de cette première expérience
prometteuse, j'ai alors tenté une mise en musique de mon
meilleur diagonnet. Mais son thème mélancolique
m'a orienté vers un post-romantisme discutable
— à mon avis bien moins intéressant
que le dynamisme quasi-webernien de l'exemple aléatoire
ci-dessus. Curieusement, la contrainte m'a aidé pour
composer la mélodie, mais elle m'a donné beaucoup
de fil à retordre pour mon accompagnement pourtant
simpliste. Cet exercice d'amateur me fait donc encore plus
admirer la virtuosité des véritables compositeurs
de l'Oumupo !
Voici mon humble partition
au format PDF
et un enregistrement MP3
(de 766 Ko)
Le 26/03/17, j'ai essayé la notion
de diagonnet de mesures, c'est-à-dire les matrices
carrées symétriques dont chaque
élément est maintenant une mesure (par exemple
à 4 temps), au lieu d'une seule note comme ci-dessus. Je
me suis rendu compte qu'il faut cette fois choisir des matrices
très petites (par exemple 3×3) pour obtenir un
résultat compréhensible.
Par ailleurs, imposer des matrices symétriques selon leurs
deux diagonales, comme le célèbre carré
SATOR AREPO TENET OPERA ROTAS,
donne des résultats encore plus intéressants,
alors que c'est généralement ennuyeux dans
le cas des matrices de notes.
[Dans le cas des matrices de syllabes, j'avais baptisé
bergeronnets ces diagonnets
palindromes, en 1997.] Cela impose une structure en rondo
a b c b d b c b a,
où chaque lettre désigne une mesure.
J'ai ensuite itéré le procédé, en
remplaçant chacune de ces lettres par des suites de neuf
mesures respectant elles aussi cette structure. Ces
carrés SATOR de carrés SATOR de mesures
aléatoires engendrent des refrains auxquels on finit
pas s'attacher, même quand la musique est localement
bizarre.
Voici l'un de mes tirages aléatoires les plus dansants
(enregistrement MP3 d'1 Mo
et partition PDF de 58 Ko)
Le 6/7/17, j'ai expérimenté
la notion de grannet
de mesures, en reprenant les mêmes routines que
ci-dessus (ce qui explique le grand air de famille du
résultat obtenu !). De nouveau, l'intention
est de rendre les mesures suffisamment caractéristiques
pour qu'on les reconnaisse quand elles
reviennent — ce qui n'arrive ici qu'une fois,
selon le schéma
ABCDA EFGBE HICFH JDGIJ.
Je trouve cette structure particulièrement bien adaptée
à la musique.
Enregistrement MP3 de 353 Ko
et partition PDF de 45 Ko :
[Voir aussi mes autres expériences oumupiennes]
Zzxjoanw
[Valentin Villenave a signalé
à la liste oulipo l'instrument de musique
zzxjoanw, inventé par
l'écrivain Rupert Hughes à la fin
de son « Musical Guide ».
Comme il en donnait même
l'improbable prononciation, ça m'a inspiré
un distique holorime puis un pangramme.]
Après avoir maladroitement dessiné une cymbale ressemblant à
un chien touffu, pour le dernier article de son dictionnaire
musical, Rupert Hughes s'accorde une innocente ré-création :
Schéma horrible fait, j'entrevis brun chow-chow.
Chez Maoris, bluffé-je ? « Entre eux vibre un chaud zzxjoanw. »
*
Vif playback gai d'humoristique zzxjoanw. [décasyllabe de 35 lettres]
P.S. du lendemain
À ce sujet des prononciations fantaisistes,
rappelons la phrase de
Mark Twain :
Names are not always what they seem. The common
Welsh name Bzjxxllwcp is pronounced Jackson.
[qui est curieusement toujours citée en français
sans préciser que le nom est courant, et en y ajoutant
« par exemple » :
Les noms ne sont pas toujours ce à quoi ils
ressemblent. Par exemple, en gallois
« Bzjxxllwcp » se prononce
« Jackson ».]
Figurez-vous que notre ami Jackson ne commercialise
pas que du cheddar et du pantysgawn :
Qu'y vend Bzjxxllwcp : fromgis, khat ? [28 lettres]
(On peut l'octosyllabiser pour le même nombre de lettres si le
protagoniste s'adonne aussi au trafic de chiens de traîneau :
Bzjxxllwcp vend husky, fromgi, qat.
Voire l'hexasyllabiser avec des choses obscures comme
Bzjxxllwcp : kif dry qu'ohms gavent.
Toujours en 28 lettres et 7 syllabes, on peut aussi
découvrir dans quel lieu Jackson se fournit :
Gym : Bzjxxllwcp qui fond vers khat !)
*
Mais malgré sa chute dans la pègre et l'autorité dont il a toujours fait preuve, il contrôle ses nerfs, en bon britannique :
Est-ce en démontrant qu'il
vire, il manage axones —
et sans démon tranquille :
viril mana, Bzjxxllwcp !
P.P.S. du 1/3/17
Les deux Z puis deux X des pangrammes ci-dessus
ne sont pas courants dans des énoncés
courts. Il y a onze ans, j'avais pourtant osé placer
deux K et deux W
dans un pangramme.
Venant de repérer une amusante
localité africaine,
permettez-moi de tenter pire :
J'y explore Akawkawakawkaw (Ghana), moquez-vous ce bête défi ? [48 lettres dont 4 K et 4 W]
Ce nom m'a redonné envie d'employer celui
d'une montagne afghane déjà repérée
en 2008
(puis réutilisée
en 2014).
J'apprécie qu'un enseignant me la montre
sur une carte :
L'exquis prof m'objective Ghwndzkay. [30 lettres]
(On peut faire plus bref, par exemple
Bref, Ghwndzkay vit lux, jump, coqs. [27 lettres]
mais on a déjà trouvé
aussi tordu en 26 lettres
ou plus clair en 27 ou 28, donc à quoi
bon ?)
Le 2/3/17, Noël Bernard a proposé (et
illustré)
la contrainte suivante sur la liste oulipo : construire un
pangramme dans
lequel chaque lettre figure au moins deux fois dans l'un des mots
et chaque mot participe au redoublement des lettres.
[Elle est d'une difficulté intermédiaire entre les
énoncés contenant au moins deux fois chaque lettre
de l'alphabet mais
pas nécessairement dans un même mot, et
cette contrainte
plus ancienne dans laquelle les lettres
répétées devaient
être accolées.]
Au moment même où je décidais d'utiliser
le mot welwitschias
pour répondre à ce défi,
figurez-vous que j'ai reçu ce
communiqué du CNRS : cette plante
vient d'aider à comprendre comment les fleurs sont
apparues au cours de l'évolution.
J'imagine que les chercheurs ont dû abuser de sucreries
pour calmer leurs poussées d'hormones durant leur
découverte.
Bonbon, efficace joujou, détendit vive hypophyse quoique zigzags maximaux vrillèrent welwitschias kaki. [89 lettres]
Mais pour réduire le total de lettres, j'ordonne
de dresser les cartes de ces localités situées
respectivement
au Pays de Galles, au Mali, au Bénin, à Malte,
en Irak, au Yémen, au Koweït et en
Iran :
Mappe Cyffic, Djindjin, Gblogblo, Ixxaqqa, Khawrkhawr, Muzmuz, Tsst, Veyvey ! [60 lettres]
Twooshes hexanymes
Noël
Bernard a eu l'idée de combiner deux contraintes
à la mode sur Twitter, mais difficilement compatibles :
employer six mots, mais en exactement 140 caractères
(twoosh).
Voici les deux exemples que j'ai proposés.
Le premier, volontairement sans ponctuation ni traits d'union,
évoque la dérive de certains politiciens
actuels :
Électroencéphalogrammes anatomopathologiques constitutionnaliseraient contraventionnellement antigouvernementalismes hypercholestérolémiques
Le second, aussi déséquilibré
que possible, cite un stupéfiant qui existe
vraiment :
As-tu de la drogue HU-210-(6aR)-trans-3-(1,1-diméthylheptyl)-6a,7,10,10a-tétrahydro-1-hydroxy-6,6-diméthyl-6H-dibenzo[b,d]pyran-9-méthanol ?
[Voir aussi ces précédentes utilisations de mots longs]
Musique céleste
Proposition pour l'Oumupo : déchiffrer
cette partition
(fichier PDF de 216 Ko)
Si vous êtes perdus, le nord est à gauche et le
sud à droite. Le rectangle oblique au début
de la sixième double portée est celui de la
Grande Ourse, le W de Cassiopée est orienté
comme un 3 au début de la troisième double
portée, et le presto central est autour de la
constellation d'Orion. Malheureusement, le compositeur
Tom Johnson m'a appris que
John Cage avait déjà
eu cette idée, notamment pour
ses Études Australes.
Peut-être l'ai-je
su jadis, mais j'avais oublié. Il n'empêche
que je trouve cette partition sacrément jolie.
;-)
*
J'aime tant la voûte céleste que je
n'ai pas résisté à en faire une
version animée
le lendemain (pour la journée de pi 3/14)
Cette partition évoluant au cours du temps est
évidemment inspirée
du génial
patchy the autobot de
l'oumupien
Mike Solomon.
[Voir aussi mes autres expériences oumupiennes]
Éodermdromes musicaux
Autre proposition pour l'Oumupo : composer une oeuvre musicale
employant
les 22 schémas possibles
d'éodermdromes.
Le 7 mars, j'ai minimalistement illustré l'idée
en suivant leur ordre lexicographique,
et en attribuant les mêmes notes aux chiffres 1, 2, 3, 4,
5, pour l'ensemble de ces 22
schémas. J'ai tout de même choisi une durée
plus longue pour le chiffre 1, afin de
rendre cet exemple bâclé un peu moins monotone.
Le résultat
(fichier MP3 de 360 Ko)
me fait penser au compositeur minimaliste américain
Terry Riley.
La partition est également
disponible au format PDF
*
Le 16 mars, je me suis dit que la propriété
mathématique des éodermdromes méritait
d'être mise en valeur : chacun des cinq éléments
est voisin une seule fois des quatre autres.
En interprétant les
schémas possibles
non pas comme de simples suites de notes, mais
comme des duos de voix décalées dans le temps,
on peut ainsi faire entendre les dix
accords de deux notes qu'ils engendrent. Comme ces
décalages de voix sont très courants
en musique baroque, je me suis juste permis de déformer
l'un des exemples les plus
magnifiques, au tout début de la
Passion selon saint Jean de
Bach : j'ai conservé
l'orchestre à cordes original, mais j'ai remplacé
le duo d'instruments à vent par les
premiers schémas d'éodermdromes. Des notes
différentes sont attribuées aux nombres
2, 3, 4 & 5 pour chaque schéma. J'ai poursuivi
l'expérience jusqu'au 8e schéma,
ce qui
correspond à l'entrée du choeur dans
l'oeuvre de Bach, mais je n'ai dactylographié
que la première page de l'accompagnement.
Elle suffit sans doute pour illustrer l'idée.
Voici la partition au format PDF
et une approximation sonore
obtenue de façon informatique (fichier MP3 de 270 Ko)
[Voir aussi mes autres expériences oumupiennes]
Hétéropannote
Analogue musical de l'hétéropangramme : composer
un morceau employant une seule
fois chaque touche du piano (ou chaque note
possible pour d'autres instruments).
Exemple aléatoire
(fichier MP3 de 270 Ko), reprenant la routine
que j'avais construite
pour mon diagonnet
aléatoire
La partition est également
disponible au format PDF
[Voir aussi mes autres expériences oumupiennes]
En complément des jours suivants,
quelques pangrammes
d'instruments de musique
(idée lancée par
l'oumupien Martin Granger fin 2003,
et illustrée une fois par
Michel Clavel dans son
Petit livre à offrir à un amoureux
des mots de 2009)
Voix, saz, daf, pakhâwaj, orgue, cymbale antique.
[alexandrin de 37 lettres]
Hardingfele, mijwiz, voix, pakay, sacqueboute.
[alexandrin de 37 lettres]
Voix, mijwiz, kudyapi, schofar, bugle, quinto.
[alexandrin de 35 lettres]
Voix, tarqa, ganzá, duff, cymbales, pakhâwaj.
[alexandrin de 34 lettres, dont 2 F]
Voix, pakhâwaj, dízi, guqin, forte, cymbales.
[alexandrin de 34 lettres]
Pakay, bongos, voix, Q-Chord, mijwiz, flûte.
[décasyllabe de 32 lettres]
Voix, pung, Q-Chord, kabosy, mijwiz, flûte.
[décasyllabe de 31 lettres]
Voix, guqin, crwth, djozés, kayamb : flop !
[30 lettres]
La tarqa (ou tarka) & le dízi sont des
flûtes, le mijwiz une double flûte arabe, le schofar
une corne, le bugle et la sacqueboute des cuivres, le kabosy une
guitare, le saz & le kudyapi
des luths, le guqin & le crwth des cithares, le hardingfele
un violon, le djozé une vièle, le
pakay (haricot géant), le ganzá & le kayamb
des percussions de type maracas, le daf (ou
duff), le pakhâwaj, le quinto, les bongos & le pung
des tambours, le Q-Chord un instrument
électronique, et le forte est soit une nuance soit
l'une des appellations des premiers pianos.
Querelle des sonnets anglais & français Aurore et Alfred étaient amants. Ce qui les avait rapprochés, c'était leur goût immodéré pour le sonnet français et son alternance des rimes, avec son distique plat des 9e & 10e vers brisant la vaine monotonie des quatrains élisabéthains ! Aurore faillit avoir un arrêt cardiaque lorsqu'elle reçut un soir ce poème vil. * Je ne supporte plus de t'entendre gémir Le langoureux amour de l'extase éthérée Que la nuit en solo la Muse vient vomir Dans la dépravation de chair désespérée Je me fiche surtout d'attendre ta venue & le sonnet anglais m'envoûte tellement Qu'au ciel obnubilé je te recherche nue Ébloui de quatrains frisant l'égarement Immoral en ces vers d'être sans retenue Le mètre de Ronsard me répugne vraiment Et Dieu s'est ahuri le tercet s'insinue Restons admirateurs mais deux avarement Fuyons les rimes où parade l'échangisme Plus jamais ne sera dément l'académisme * Mais formée aux jeux d'esprit d'Alfred, elle comprit l'astuce et ne rompit pas. [cette animation SVG donne la solution]
Desdichado isotrait
[Christian Merle a proposé à
la liste oulipo de compter les traits
nécessaires pour tracer
les lettres capitales comme dans
cette référence :
A = 3 traits, B = 3, C = 1,
D = 2, E = 4, F = 3,
G = 2, H = 3, I = 1,
J = 1, K = 3, L = 2,
M = 4,
N = 3, O = 1, P = 2,
Q = 2, R = 3, S = 2,
T = 2, U = 1, V = 2,
W = 4, X = 2, Y = 3
et Z = 3 traits.
Plusieurs oulipotes sont d'accord pour trouver
ce décompte assez arbitraire (notamment
pour le S), mais acceptons-le tel quel.
Cette option du gématron vous permet de
compter facilement les traits nécessaires pour
chaque mot et chaque ligne du texte que vous fournissez.
Les signes de ponctuation &
diacritiques sont volontairement oubliés, et le
décompte est effectué comme si toutes les
lettres étaient en capitales.
La proposition de Christian Merle était de composer
un sonnet nécessitant le même nombre
de traits par vers que le
Desdichado de Nerval.
Mais comme ma version
anagrammatique
d'août 2000 respecte déjà cette consigne,
j'ai expérimenté une autre idée :
réécrire ce poème
de Nerval en imposant un nombre constant de traits par vers,
disons 80 qui semble une moyenne
ronde pour les alexandrins. Cette contrainte est donc analogue
aux isogématrismes
explorés
en janvier 2010. Vous pouvez
vérifier les nombres de traits
sur le gématron.]
El Desentronizado [40 traits] (La Deshumanisation) [40 traits] Je suis le ténébreux, — le blet, — l'inconsolé, [80 traits] Le chercheur d'Aquitaine à la tour abolie : [80 traits] Voici, mon ciel est mort, — et ce luth constellé [80 traits] Freine le soleil noir de la Mélancolie. [80 traits] Dans la nuit du tombeau, vieux qui m'as consolé, [80 traits] Rends-tu le Pausilippe et la mer d'Italie, [80 traits] La fleur qui plaisait à mon pur coeur désolé, [80 traits] Et la treille où le miel à la rose s'allie ? [80 traits] Serais-je Amour, Phébus ?... Quoi, Lusignan, Biron ? [80 traits] Mon front rougit encor au bisou de la reine ; [80 traits] J'ai rêvé dans la grotte où coule la sirène... [80 traits] Et j'ai deux fois osé traverser l'Achéron : [80 traits] Modelant tour à tour sur la lyre d'Orphée [80 traits] Les soupirs du si saint et les cris de la fée. [80 traits] Gérard de Nerval [40 traits] (réadapté par Gef) [40 traits]
P.S. du 2/4/17 : exercice de style paradoxalement répétitif sur le Chantre d'Apollinaire
Ou l'unique cordeau du tympanischiza [65 traits]
Oui l'unique cordeau du tympanischiza [66 traits]
Ni l'unique cordeau du tympanischiza [67 traits]
Cet unique cordeau du tympanischiza [68 traits]
Et l'unique cordeau du tympanischiza [69 traits]
Donc l'unique cordeau du tympanischiza [70 traits]
Cet unique cordeau d'un tympanischiza [71 traits]
Ou l'unique cordeau des tympanischizas [72 traits]
Mais l'unique cordeau du tympanischiza [73 traits]
Ni l'unique cordeau des tympanischizas [74 traits]
Cet unique cordeau des tympanischizas [75 traits]
Et l'unique cordeau des tympanischizas [76 traits]
Donc l'unique cordeau des tympanischizas [77 traits]
Ou l'isolé cordeau de trompettes de mer [78 traits]
Et puis le seul cordeau d'un tympanischiza [79 traits]
Ou l'unique cordeau de trompettes de mer [80 traits]
Ou l'isolé cordeau de trompettes marines [81 traits]
Ou l'unique cordeau des trompettes de mer [82 traits]
Ou l'unique cordeau de trompettes marines [83 traits]
Et l'unique cordeau de trompettes de mer [84 traits]
Ou l'unique cordeau des trompettes marines [85 traits]
Et l'unique cordeau des trompettes de mer [86 traits]
Et l'unique cordeau de trompettes marines [87 traits]
Donc l'unique cordeau de trompettes marines [88 traits]
Et l'unique cordeau des trompettes marines (original) [89 traits]
Donc l'unique cordeau des trompettes marines [90 traits]
Mais l'unique cordeau de trompettes marines [91 traits]
Alors le seul cordeau des trompettes de mer [92 traits]
Mais l'unique cordeau des trompettes marines [93 traits]
Ainsi le seul cordeau des trompettes marines [94 traits]
Alors le seul cordeau des trompettes marines [95 traits]
Et puis le seul cordeau des trompettes marines [96 traits]
Et puis les seuls cordeaux de trompettes de mer [97 traits]
Enfin le seul cordeau des trompettes marines [98 traits]
Aussi les seuls cordeaux des trompettes marines [99 traits]
Ainsi les seuls cordeaux des trompettes marines [100 traits]
Alors les seuls cordeaux des trompettes marines [101 traits]
Et puis les seuls cordeaux des trompettes marines [102 traits]
Soudain les seuls cordeaux des trompettes marines [103 traits]
Enfin les seuls cordeaux des trompettes marines [104 traits]
Souvent les seuls cordeaux des trompettes marines [105 traits]
Bientôt les seuls cordeaux des trompettes marines [106 traits]
Pourtant les seuls cordeaux des trompettes marines [107 traits]
Presque les seuls cordeaux des trompettes marines [108 traits]
Les seuls cordeaux feutrés des trompettes marines [109 traits]
D'ailleurs les seuls cordeaux des trompettes marines [110 traits]
Les seuls cordeaux navrants des trompettes marines [111 traits]
Vraiment les seuls cordeaux des trompettes marines [112 traits]
Les seuls cordeaux marquants des trompettes marines [113 traits]
Les seuls cordeaux tremblés des trompettes marines [114 traits]
Sciemment les seuls cordeaux des trompettes marines [115 traits]
On pourrait continuer encore longtemps pour les
grands nombres de traits, comme
l'illustre ce distique asymétrique
dans l'état d'esprit du
concours d'Alphonse
Allais :
Politicards préférant rester superficiels
« Écotoxicité ?
Divisibilité ? [42 traits]
Qu'eux braient speechs ! Freaks khmers spraient schnouffs,
spleens, schproums... » : schtroumpfs tweetaient.
[214 traits]
Les petits nombres de traits sont plus difficiles
à construire, mais Perec était déjà
descendu à
16 traits avec WWWW
et Bens à un seul avec I (un en chiffre romain
et en Garamond gras).
Loi du phénoménal ocelot
[Au cours d'une discussion à
propos des contraintes topologiques, sur la
liste oulipo,
Jocelyn Étienne a
proposé une variante de la
rigidité de l'okapi
(alternance de voyelles
& consonnes, déjà
superbement illustrée par
Perec) : alterner les lettres minuscules
avec & sans boucle (abdegopq / cfhijklmnrstuvwxyz).
Par analogie avec les rayures
de l'okapi, j'ai alors suggéré de la
nommer « la loi du phénoménal
ocelot ».]
• Le 5/4/17, j'ai construit
un pangramme respectant cette
contrainte, de 37 lettres
comme le juge blond qui fume, mais en un distique
d'heptasyllabes blancs (ageku)
au lieu d'un alexandrin :
embrayez gwoka fécond ! / hé toi, qu'explose java ! [37 lettres, alternance avec & sans boucle]
• Le 7/4/17, j'ai programmé
un vérificateur de telles
contraintes d'alternance,
notamment pour l'option
ocelot qui n'est pas si facile à
respecter à l'oeil nu.
• Et j'ai profité de cet outil
pour traduire le Desdichado
de Nerval
selon cette contrainte de l'ocelot :
Fatal acaso
(Le Lésé)
Je me révèle sombre, — ignoré, — le morose
Monarque catalan à l'emblème fané :
Ma comète cana, — ma kora rompt grandiose
La nova, sol aveugle, igné Cafard mené.
L'ombre létale y prend l'as que métamorphose
Le camp rendu breton auprès du bleu prôné ;
Ma cardialgie youpi !, quand je lorgne la rose
Se mêler à houblon, promet que j'ai plané.
L'éros ou blond halo ?... Lespignan ou Qidron ?
Bigle mon gnon grenat que marqua la monarque ;
Là je rêve le lac où profond l'orque s'arque...
J'ai quelque temps bravé le naval Akeron :
Quand j'ose relayer à l'orgue mélomane
L'ahan bref du profès au brame fou profane.
César Dhôtel (et g. Farèse)
Titre : Hasard fatal (respecte la contrainte)
kora : luth africain
Lespignan : commune de l'Hérault
Qidron : vallée d'Israël
Akeron : région du Kenya
profès : religieux
[Voir aussi les autres réécritures de ces strophes selon cette contrainte par les oulipotes]
Canard
[Alain
Zalmanski a proposé à la
liste oulipo d'inventer l'origine
du nom « canard »
donné aux fausses nouvelles, et par extension
aux journaux. Celle que je lui ai immé-
diatement envoyée mélange à dessein diverses
histoires que l'on entend à ce sujet.]
N.T., compositeur flamand du XVIIIe siècle, avait écrit un
choeur pour vingt chanteurs, dont la création était prévue
dans l'église, pour le dimanche de Pâques. Il fut hélas le
seul à se présenter. Les dix-neuf autres choristes avaient
préféré participer à la compétition annuelle de chasse aux
colverts, au bord du lac. N.T. décida donc de tout chanter
seul, en arpégeant les notes simultanées. Il eut toutefois
des difficultés pour la strette finale, qui s'inspirait de
l'ars subtilior du XIVe siècle et autodécrivait « l'art du
canon » : son interprétation simultanée de toutes les voix
lui fit répéter « can... art » si souvent que l'assistance
fut prise de fou rire. Il mourut d'apoplexie en criant une
fausse note effroyable, qui anticipait les sons fendus des
oeuvres du XXe siècle. Lorsque cette histoire fut publiée,
un témoin révéla un détail erroné. En réalité, la paroisse
au complet avait pris part à la chasse aux colverts, et le
vainqueur avait été le compositeur. Il utilisait de petits
sucres imbibés de liqueur pour attirer les oiseaux, ce qui
lui avait permis d'en attraper une bonne vingtaine. Il les
avait gardés vivants, attachés par une patte à des laisses
qu'il tenait fermement. Mais un coup de canon lointain les
effraya et ils s'envolèrent au même instant. Déséquilibré,
N.T. tomba dans le lac et se noya. Voilà donc l'origine du
mot « canard » employé pour signifier « fausse nouvelle ».
Transformation en musique minimaliste
des décompositions
des entiers 7 et 5
explorées en prosodie il y a quelques mois
Rimes masquées
[Maurice Chamontin a imaginé
l'homophonie culinaire « trois carottes sans
sel » pour le nombre π.
Robert Rapilly a alors proposé à
la liste oulipo d'en faire une nouvelle
forme de rime « masquée »,
et plusieurs abonnés ont construit
d'amusants exemples.
Nicolas Graner a notamment composé ce
superbe distique évoquant la base des logarithmes :
Il y eut Valéry puis Brassens : gloire à eux !
Le moindre rimailleur de Sète s'en dit suite.
Je me suis permis d'emprunter sa trouvaille pour le dernier
vers du Desdichado
ci-dessous, en rimes
rapillo-chamontines plates.]
El Numerado
Je suis privé de dot, — roi qu'à tort Zeus en ses
Oubliettes confine, effaçant mon tipi :
Mon étoile n'est plus qu'un point, — si sang d'Ys hui
Tache mon luth où seule et noire, une ombre dort.
Rends-moi le mont, la fleur, un vain vin sain qu'essaie
Ton esprit consolant qui, constant, a péri.
Dans le pampre et la rose, Éros incante cette...
Cette mer d'Italie où ma gamme a de l'air.
Lusignan ou Biron ?... Les racines d'eux deux ?
Mon front rouge d'ému punk atroce, en khat hors-
Zone, rêve d'aqueux sylvain, d'huître, antre d'oeufs.
J'ai vainqueur, deux fois pis, franchi l'Achéron tôt :
De l'ange un battement base d'aile, ô gars, rythme !
Brassens ou Valéry, de Sète, s'en dit suite.
J'ai rares décimales
P.S. du lendemain : essai de rimes rapillo-chamontines milliardaires
Pendant le
carnaval, un
skunks tente
au méga-
phone : « Au
fest-noz, héros, cinq sens
soient sans tacet ! »
Auprès du brasero, Saint-Saëns oit sente : « Cet
orchestre animal au caf'conc' tantôt, mes gars ! »
Composition 6
[toutes les
décompositions
possibles d'un hémistiche hexasyllabique en mots de 1
à 6 syllabes,
organisées de telle sorte qu'on passe d'une solution
à la suivante en effectuant soit une seule
somme soit la décomposition d'un seul entier en deux plus
petits — et la règle est cyclique]
Comme au jeu de la vie, on se croise, on fusionne En un rythme inédit qui va se scinder lors De cette alchimie où la règle approvisionne En mots notre quatrain : le plomb devient mille ors. Les syllabes se font plus nombreuses ensuite, Se réorganisant pour déconcerter mieux, Et prenant ici-bas la stance reconstruite À partir de débris, la lancent dans les cieux. Partition fluide et souple imitant la mitose, Bizarre mutation menaçant melting-pot Tératogène voire agranulocytose, Détermine browniens déplacements du spot. Frères amis des arts, fuyez fadeur honnie ! Votre composition devra panacher bien Toutes les options pour conclure en harmonie Avec les vers, sinon cela ne vaut plus rien. |
1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 / 1 + 1 + 1 + 1 + 2 1 + 1 + 1 + 3 / 1 + 1 + 1 + 2 + 1 1 + 1 + 3 + 1 / 1 + 1 + 4 1 + 1 + 2 + 2 / 1 + 1 + 2 + 1 + 1 1 + 3 + 1 + 1 / 1 + 3 + 2 1 + 5 / 1 + 4 + 1 1 + 2 + 2 + 1 / 1 + 2 + 3 1 + 2 + 1 + 2 / 1 + 2 + 1 + 1 + 1 3 + 1 + 1 + 1 / 3 + 1 + 2 3 + 3 / 3 + 2 + 1 5 + 1 / 6 4 + 2 / 4 + 1 + 1 2 + 2 + 1 + 1 / 2 + 2 + 2 2 + 4 / 2 + 3 + 1 2 + 1 + 2 + 1 / 2 + 1 + 3 2 + 1 + 1 + 2 / 2 + 1 + 1 + 1 + 1 |
[Voir mes précédentes
décompositions
de 7 et de 5
selon les mêmes règles, et la réécriture
brise Marine
de Rémi Schulz
illustrant aussi ces 32 compositions de l'entier 6,
dans un ordre
différent. Rémi & moi avons curieusement
écrit ces poèmes presque au même moment,
sans
en avoir parlé au préalable !]
Autocomptage
[Christian Merle a proposé à
la liste oulipo d'écrire des phrases
ayant un total de lettres égal
au nombre qu'elles citent. Cette contrainte est en fait
très classique, et elle a notamment déjà
été explorée en détail par
Éric Angelini. Voici la réponse
que j'ai rapidement improvisée.]
« Dix lettres. Onze lettres. Douze lettres. Treize
lettres. Pourquoi pas encore trente, non plus ? »
Le flic décida d'empiler les enveloppes par tas de
cinquante. Réfléchissant à la cause d'une
telle accumulation, en faisant les cent pas, il eut soudain
le sentiment d'avoir déjà vu cela.
« Est-ce neuf ? N'avions-nous pas
trouvé quarante lettres jadis ? Il y a
vingt ans, je crains. »
Autoscrabble & isoscrabble
[L'autocomptage ci-dessus
m'a conduit à explorer les énoncés
annonçant
leur propre nombre de points selon le jeu de
Scrabble. Mais évidemment,
cela avait déjà été effectué par
Éric Angelini, et dans la
même page !
Voici tout de même les deux phrases
autoréférentielles que j'ai construites,
retrouvant certains résultats
d'Éric.]
Saviez-vous qu'écrit en toutes lettres, aucun nombre
français n'est égal à sa valeur au Scrabble,
mais si l'on remplace l'une des voyelles par un joker
(de valeur nulle), alors les trois nombres
un, dix-neuf et vingt-deux
conviennent, et en utilisant les deux jokers à
la place de deux voyelles,
on trouve même les cinq autres nombres trois,
onze, treize, dix-sept
et dix-huit, ce qui nous fait
certes une belle jambe mais nous permet
d'obtenir une somme au Scrabble de
sept cents juste
pour cette longue phrase.
On the other hand, the English Scrabble value of the
number twelve is indeed twelve, and the
one of the present sentence is exactly
two hundred.
De façon analogue à
l'isogématrie
explorée en janvier 2010 et à
l'isotracé
de mars dernier, on peut aussi
essayer un Desdichado
« isoscrabble »,
dans lequel chaque ligne donne un total de 50
au Scrabble (50 étant
la valeur d'un scrabble).
Le titre en espagnol, qui signifie « Malheureux
sous-développé »,
compte
les lettres selon les règles du
Scrabble castillan,
dans lesquelles les doubles
lettres LL et RR valent 8 points et non 2.
À part pour ce titre, les valeurs
de chaque ligne peuvent être
vérifiées avec cette
option du gématron.
Infeliz subdesarrollado (Le Schizothymique) Je suis l'enténébré, — l'as veuf, — l'inconsolé, Le prince d'Aquitaine à l'auberge abolie : Ma seule étoile est morte, — ah ! mon luth constellé Porte les rideaux noirs de la Mélancolie. Dans la nuit du tombeau, toi qui m'as consolé, Rends-moi le Pausilippe et les fonds d'Italie, La fleur qui plaisait tant à mon oeil désolé, Et la treille où le pampre au patchouli s'allie. Suis-je Phébus, Amour, Lusignan ou Biron ? Mon front est rouge encor de baisers de la reine ; J'ai rêvé dans la grotte où baigne la sirène... À trois reprises j'ai traversé l'Achéron : Modulant tour à tour sur la lyre d'Orphée Les soupirs de la sainte et les chants de la fée. Gérard-Zachary de Nerval |
[50 points] [50 points] [50 points] [50 points] [50 points] [50 points] [50 points] [50 points] [50 points] [50 points] [50 points] [50 points] [50 points] [50 points] [50 points] [50 points] [50 points] |
Noël Bernard
a eu l'idée de construire une
« scraboule de neige »,
phrase dans laquelle les valeurs
au Scrabble des mots sont successivement 1, 2, 3, ...
Voici la tentative à la limite
que j'ai alors osée :
L'or du tsar russe attise mainte envie qu'illustrent
tristement déjà dictateurs corrompus,
gouvernants, ploutocrates privilégiés,
oligarques, boyards dévoyés, cardinaux
blasphémateurs,
excusables moujiks, koulaks commerciaux,
maquereaux conjugaux, gouvernementaux apparatchiks,
bookmakers hypothécaires, sovkhozes
expérimentaux, parapsychologues apocalyptiques,
Kazakhs hydroalcooliques, kolkhozes axisymétriques,
hyperphagiques psychasthéniques kibboutzniks,
amblyrhynques hyperkinétiques, extrapyramidaux
cyclothymiques, hypophosphoreux schizothymiques
psychodynamiques, hypocycloïdaux psychophysiques.
Nouvelle lune
Exploration de la notion de
« belle absente musicale » :
chaque mesure contient 11 notes
sur les 12 possibles de la gamme chromatique, celle qui manque
décrivant « en négatif »
une mélodie connue. Comme le titre l'évoque,
j'ai ici choisi de cacher la chanson enfantine
« Au clair de la lune ».
Le résultat sonore,
pseudo-sériel et plutôt proche
de Ligeti, est
toutefois plus moderne
(enregistrement MP3 de 975 Ko)
La partition est également
disponible au format PDF (75 Ko)
Le Gi_et (25/6/17)
Liponote d'après un
chef-d'oeuvre de
Maurice Ravel.
Si vous connaissez bien l'original,
vous verrez que cette version en devient presque
encore plus poignante, car on souffre
de la disparition du pendu !
Si vous découvrez ce morceau, au contraire,
n'oubliez pas
d'écouter aussi l'original, et notez que le génie
de Ravel survit très bien à ma honteuse
amputation (enregistrement
MP3 de 2,25 Mo)
La partition est également
disponible au format PDF (135 Ko)
[Voir aussi mes autres expériences oumupiennes]