Baobabar
[Le « baobabar » n'est pas un nouveau
sardinosaure, mais un savant
mélange des rimes
millionnaires d'Alphonse Allais, des
poèmes-barre
de Le Lionnais, du
baobab de
Jacques
Roubaud et du
popel d'Annie Hupé (les
différences entre ces deux derniers étant que
le baobab n'était pas versifié, et que peau
& pelle n'avaient pas des sens opposés).
Celui en tard/tôt ci-dessous m'a été
inspiré par mes étranges horaires
de sommeil — ses
24 vers faisant allusion au nombre d'heures d'une journée.
Soulignons que Jacques Jouet
avait déjà employé plusieurs
de ces couples il y a deux ans dans un
texte en prose.]
Lorsque des baladins font demande à Watteau
D'un portrait de Pierrot, fondement d'avatar,
Le peintre, leur semblant pro, file à ces bâtards
Un vague tracé blanc, profil assez bateau.
Ils aimeront peut-être et n'auront de sitôt
De plainte en leur navrant thrène aux rondes cithares,
Ignorant que l'auteur leur importe un costard
En vendant ce brouillon, leurre importun, costaud.
Comme le roi Pétaud, César bisque in petto
Au sujet des anars, ces zarbis skins, pétard !
Mais ces originaux démentent les vantards
Et vont portes ouvrir, démanteler vantaux.
L'arbre décapité, n'est-ce émondé têteau ?
De l'imagination, essaimons des têtards !
Frère humain libertaire, aide ces laids fêtards ;
Assez de nombrilisme et de scellés fœtaux !
Il faudrait qu'aucun d'eux ne parte à jeun, pataud.
Or le riche Harpagon ne partage un patard.
Je voudrais pardonner mais m'amorcent les tares
Des esprits étriqués, même à morcelés taux.
Aux mauvais écrivains fit lippe Léautaud
Et de François blagua Philippe Léotard.
Mieux vaut la damnation défaisant des cathares
Que le confort impur des faisandés cathos.
Je suis le ténébreux, — le veuf, — l'incovfefe
(Donald de Nervfal, 31/05/17)
Lorsque le Donald brame,
notre toile s'enflamme
et j'ose un pangramme.
Mais pour celui-ci,
mettre
moins de trente-six
lettres :
Excusez le D. John Trump qui bégaye « kowfeve » !
[Selon la transcription
en morse
de Nicolas Graner, les monosyllabes deviennent
un point et les dissyllabes un trait :
-.-. / --- / ...- / ..-. / . / ..-. / . ]
[Voir aussi ces hommages d'autres oulipotes à la créativité trumpienne]
Hémistiches anaphonétiques
[Robert Rapilly a repris l'idée
des anaphones
en imposant que les premiers hémistiches
soient indépendamment anaphonétiques les
uns des autres, ainsi que que tous les seconds
hémistiches. Voici le quatrain que j'ai proposé
selon cette surcontrainte, citant volontairement
le monostiche d'Apollinaire qui avait engendré mon
tout premier sonnet anaphonétique.]
Le diurne échocho montre peine, hydraté
D'une colérique eau ; mais repartaient ondines,
Et l'unique cordeau des trompettes marines
Au coeur nié du clos terminera dompté.
Desdichado isogrammatique
[Le même Robert a lancé à la
liste oulipo le monstrueux défi de
traduire le Desdichado
de Nerval
en distiques
isogrammatiques,
c'est-à-dire employant les mêmes suites de lettres
mais avec des
espaces et des diacritiques différents. Il a
lui-même composé les vers 1 & 2,
puis 13 & 14 in fine.
Rémi Schulz lui a rapidement
emboîté le pas avec les vers 3 & 4
(puis 7 & 8, et enfin 11 & 12),
car les contraintes les plus dures ne lui font pas peur
— au contraire ! Je me suis pour ma part
chargé des vers 5 & 6 puis
9 & 10. Inconsciemment, nous avons
donc choisi un ordre d'intervention
palindrome : RR-RS-GEF-RS-GEF-RS-RR. La rapidité de
nos échanges et la difficulté de l'exercice
expliquent l'absence de césures, les E caducs entre
voyelle & consonne, et même un H muet à
tort !]
Parle d'ennui, sitcom, ténèbres, sanguignon...
Par l'Éden nuisit comte né bressan guignon.
Luth au défi de l'étoile, mon Tana logue,
Lu thau de fidèle, toi le mont analogue.
En la céleste nue, setter, reste mignon,
Enlace les tenues et terres, té ! mi-gnon,
De rose mû, duc, apanage l'api rogue,
D'éros ému, du cap a nagé la pirogue.
Être Circé, Thor, Io ?... Nacarat sacrement ?
Étrécir cet horion à carats, âcrement ;
De sirène rêve le lac, héron, ses âmes,
Désiré, né, révélé, l'Achéron, sésames.
Tabasser à clamer l'intérim Éden ? Fer
ta basse racla, Merlin te rime d'enfer.
Robert Rapilly,
Rémi Schulz & Gef_
[Voir aussi les versions complètes que
Rémi Schulz et
Robert Rapilly ont par la
suite construites seuls, en reprenant quelques
mots de notre premier essai en trio]
Grannet de syllabes
inspiré par Verlaine, respectant le schéma régulier
ABCDA EFGBE HICFH JDGIJ que
j'avais choisi en 2000
vɛʀ | œ̃ | ba | ɲə | vɛʀ |
tã | lə | kɔm | œ̃ | tã |
lɔ̃d | e | ba | lə | lɔ̃d |
di | ɲə | kɔm | e | di |
Vers un bagne vert
Tend le commun temps
L'on déballe l'onde
Digne comédie
[Voir aussi ce
grannet musical
du 6 juillet dernier,
dont les mesures respectent le même schéma.]
Si l'ordre des syllabes est libre
au sein de chaque vers, ça devient
plus facile à construire. Ces octosyllabes paraphrasent
Apollinaire :
mwa | ki | se | de | lɛ | puʀ | se | ʀɛn |
de | so | ne | dy | li | so | pwa | sɔ̃ |
lɛ | myʀ | myʀ | ʀø | də | me | za | ne |
maʀ | ʀɛ | za | maʀ | ʃã | ki | li | ʀɔ̃ |
gʀi | mwa | ʀɛ | gʀi | dy | mal | ɛ | me |
la | no | mal | pwa | puʀ | ʀø | la | ʀɔ̃ |
ɛ | si | ʃã | sɔ̃ | də | no | si | ʀɛn |
Moi qui sais des lais pour ces reines
Des sonnets d'Ulysse aux poissons
Les murmures de mes années
Marais à marchands qui liront
Grimoire aigri du mal aimé
L'anomal poids pour eux larrons
Et six chansons de nos sirènes
Ils correspondent au schéma
ABCDEFCG DHIJKHLM ENNOPQRI STRSUBKV WATWJYXQ Z&YLFOZV X@UMP&@G
avec le code A = moi, B = ki,
C = sé, D = dé,
E = lè, F = pour,
G = rène, H = so,
I = né, J = du, K = li,
L = poi, M = son, N = mur,
O = re, P = de, Q = mé,
R = za,
S = mar, T = rè, U = chan,
V = ron, W = gri, Y = mal,
X = è, Z = la, & = no,
@ = si.
P.S. du 26/07/17 : Avec un ordre
libre des syllabes au sein des vers, les quatrains de
pentasyllabes peuvent donner des strophes de
sélénets
respectant leur alternance fmfm.
Rapide exemple de schéma
ABCAD EBFFG HIEHD JJICG :
la | o | syʀ | la | lynə |
ek | o | pje | pje | ʀo |
ʀu | les | ek | ʀu | lynə |
dã | dã | les | syʀ | ʀo |
Là-haut sur la lune
Est copié Pierrot.
Roule et s'écroule une
Dent dans les sureaux.
P.P.S. du 27/07/17 : Le sonnet de
quadrisyllabes qui suit, sans nulle rime pauvre
et respectant l'alternance, est en réalité
un grannet syllabique d'octosyllabes.
mo | ʀo | ze | sœl | me | tuʀ | ze | paʀs |
lɛ̃ | bøz | ut | aʀs | dã | zœ̃ | lɛ̃ | sœl |
bøz | wɛ̃ | da | jœl | kɔ̃ | sɛ | kɔ̃ | paʀs |
o | ʃɛ | mad | aʀs | ʃɛ | ʀo | gla | jœl |
mo | mad | ut | ãpl | sɛ | lol | at | ãpl |
me | gla | tɛn | ny | dã | lol | wɛ̃ | tɛn |
o | zœ̃ | tuʀ | ny | da | ʀɛn | at | ʀɛn |
El Desgranado
(L'Égrené)
Morose et seul,
Mes tours éparses –
Limbes ou tarses
Dans un linceul.
Besoin d'aïeul
Qu'on sait comparse :
Hochez ma darse
Chère au glaïeul !
Môme à doute ample
Scelle aula, temple,
Mais glas ténu ;
Dans l'eau lointaine,
Ose un tour nu
D'arène à thrène.
Il correspond au schéma
ABCDEFCG HIJKLMHD INOPQRQG STUKTBVP AUJWRXYW EVZ&LXNZ SMF&O@Y@
avec le code A = mo, B = ro,
C = zé, D = seul,
E = mé, F = tour, G = parse,
H = lin,
I = beuz, J = out, K = arse,
L = dan, M = zun, N = oin,
O = da, P = yeul, Q = kon,
R = sè,
S = o, T = chè, U = mad,
V = gla, W = ampl, X = lol,
Y = at, Z = tèn, & = nu,
@ = rèn.
La darse est un port, l'aula un palais et
le thrène un chant funèbre.
e | l | i | m | e |
a | p | ə | l | a |
o | ʀ | i | p | o |
ɛ | m | ə | ʀ | ɛ |
Avec l'aide de Nicolas Graner, j'ai trouvé
un grannet de phonèmes respectant
le schéma régulier
ABCDA EFGBE HICFH JDGIJ
[élimé apela oripo èmerè] :
Rêve de clochard
Élimé appela : « Oripeau aimerais ! »
Conjugaisons homographiques
Le 24/07/17,
Robert
Rapilly a inventé une nouvelle règle de
conjugaison ougrapienne :
quand une forme verbale est homographe d'un substantif
(ou un adjectif) lié au thème
de la phrase, il est obligatoire de l'employer,
donc le temps et la personne deviennent
invariables. Son tout premier exemple illustre
magnifiquement l'idée :
• Longtemps je me sommes couché
de bonne heure. [Proust,
Du côté de chez Swann]
Nicolas Graner a étendu l'idée
en autorisant des substantifs à remplacer des verbes,
comme dans ses
exemples :
• Jésus lui dit : Tout est possible à celui qui croix.
[Marc IX 23]
• Je suie le ténébreux
[Nerval, El Desdichado]
J'ai commencé par imiter Nicolas avec :
• Que ceux qui veau de l'or, s'en dépouillent !
[Exode XXXII 24]
• Je maure peut-être la poussière, répondit Aben-Hamet, mais vive Allah et le prophète !
[Chateaubriand]
• Là où l'eau fraîche cool doucement
[When the battle is over]
Inversement, on pourrait aussi remplacer des noms par des verbes :
• Passage à tabac : prisez ferme ! [Ouest-France]
Voire ne pas commettre de phaute :
• Ma seule étoile sombre, — et mon luth constellé [Gérard Labrunie]
Je me suis ensuite rendu compte que
les homographes déjà
exploités jadis sur la
liste oulipo pouvaient fournir de nombreux
exemples respectant la règle initiale
de Robert. En voici 66 présentés
sous forme d'alexandrins, mais sans chercher
de citation attestée y ressemblant :
Ce matériau brut permet même de construire des sonnets, mais aux sens peu suivis, par exemple :
En vacances, la foule affluent à la rivière,
Les prêtres curetons leurs pipes en priant.
J'est certain qu'il nous faut partir vers l'Orient.
Je parent le soleil, protégeant mon vieux père.
Portions au juge blond un morceau puis un verre :
Les Marseillais savons que c'est un nettoyant.
Le riche Dom Juan rejetons tout enfant ;
Ce bibelot d'acier rayons mon étagère.
Certes vous ne prisons pas beaucoup les cachots,
Mais tous ceux qui violons y finiront, machos :
Les atomes fissions un choc inélastique.
Il pleut tant ces mois-ci que le plancher moussons,
L'historien se blasons de la science héraldique.
J'avais prêté ma veste ; hélas l'on m'a blousons.
Trois grannets syllabiques
de nouveau d'après le poème
Un grand sommeil noir de
Verlaine (1880), qui a magnifiquement
été mis en
musique au moins par
Ravel (1895),
Varèse (1906),
Stravinsky (1910),
Vierne (1916)
et Honegger (1944)
— et apparemment aussi par
une soixantaine d'autres compositeurs !
Contrairement à mon premier grannet syllabique
ci-dessus, l'ordre des syllabes
est ici libre au
sein de chaque vers, ce qui permet de respecter les rimes
de l'original. Notez la décomposition
syllabique non-conventionnelle, cruciale pour conserver
ces rimes, ainsi que la répétition du
dernier mot qui respecte pourtant la contrainte.
Au nu repos noir Se musse* ma vie, T'espaçant espoir – Ou repousse envie. N'étonner plus rien, Mais mens tôt, mémoire D'habit, stand à bien ; En plus rampe histoire ! Vois l'envoi nouveau : Le bât nous balance, Casse le caveau... Silence, silence ! |
[ôn' u reup ôn' oir]
[seum u seum a vie] [tesp a san tesp oir] [ou reup ou san vie] [né to né plur yin] [mém an to mém oire] [dab ist an dab yin] [amp plur amp ist oire] [voi lan voi nou vo] [le ba nou ba lanse] [ka se le ka vo] [si lan se si lanse] |
|
* musser = cacher
[Voir aussi mes précédentes variations d'après ce même poème de Verlaine]
Toujours avec la cruciale aide informatique de
Nicolas
Graner (comme pour mon précédent
grannet de phonèmes), je
suis parti à la chasse aux grannets littéraux,
c.-à-d. aux analogues français de la phrase
latine « Mutus nomen dedit cocis ».
Il y a 17 ans, Alain Zalmanski avait déjà
obtenu à la main la phrase « Papou
rieur tasse gigot ».
Comme son sujet peut faire allusion aux
jeux littéraires de France Culture,
on peut déjà la modifier par exemple en
« Papou rieur tonne vivat ! ».
Une définition possible de
Bertrand Jérôme pourrait
aussi être « Titan rieur nommé
Papou ». Si l'on tient au cuisseau d'agneau mais
sans l'écraser, il y a également la variante
« Zazou lippu étale gigot ».
L'inconvénient des recherches informatiques est
qu'on obtient trop de résultats, et dont la grande
majorité n'a aucun sens. Même en me servant
de listes de mots volontairement pauvres, pour
accélérer la recherche, j'ai obtenu une dizaine
de milliers d'énoncés possibles. J'y ai alors
cherché les mots les plus parlants, et j'ai finalement
extrait une quarantaine de résultats acceptables. En voici
quelques uns, pour illustrer leur qualité raisonnable mais
pas phénoménale :
Allié barbu offre union.
Barbu cossu offre canne.
Bombe finie, amant foutu.
Fifre lasse barbu lippu.
Rater gigot : pizza, pomme ?
Rimer sitôt bonne samba.
Vente : banal robot viril.
Vivre : pizza, porto, néant.
Certains énoncés peuvent faire
légèrement allusion au
tour de cartes construit sur ce type de
phrases, par exemple « Atout nommé,
ruser ainsi », voire « Appel
aussi bénin : bluff ».
Mais je suis surtout ravi d'avoir trouvé un
décasyllabe assez autoréférentiel qui
étend le tour de magie à 30 cartes au lieu
de 20 :
Secret vivant, diffus bobard commun.
Autre schéma de grannet syllabique
choisi pour rendre les syllabes
répétées aussi faciles que possible
à repérer à l'oral :
A B C B D
E F C F G
A H I H G
E J I J D
– Les rimes DG sont embrassées.
– Les antérimes AE sont croisées.
– Les syllabes centrales CI forment des rimes plates.
– Les syllabes symétriques 2 & 4 (BFHJ) sont identiques au sein d'un vers.
Il existe au moins 7 autres schémas présentant
des propriétés voisines (et évitant
les bégaiements d'une même syllabe), mais
celui-ci me semble le plus élégant.
Essai d'après les célèbres pentasyllabes
à rimes embrassées du poème
Marine de Verlaine
(avec quelques approximations sémantiques et sonores,
car cette contrainte est bien dure) :
Frissonne, sonore, La houle sous l'oeil Friand d'Ourse en deuil, L'ahan course encore. D'aléa, l'éclair Vicinal, sinistre, Dame brume bistre : Viser rusé, clair. Dès que chaque lame L'ogre esche — agressif Décret au récif, L'eau becte aube et clame. L'amas-firmament S'ouvre et fi ! rayonne, Là m'entraînant, tonne Souverainement. |
+-----+-----+-----+-----+-----+ | fri | son'| eus | son'| ore | +-----+-----+-----+-----+-----+ | la | oul | eus | oul | euil| +-----+-----+-----+-----+-----+ | fri | and | ours| and | euil| +-----+-----+-----+-----+-----+ | la | ank | ours| ank | ore | +-----+-----+-----+-----+-----+ +-----+-----+-----+-----+-----+ | da | lé | al | lé | klèr| +-----+-----+-----+-----+-----+ | vi | sin'| al | sin'|istre| +-----+-----+-----+-----+-----+ | da | meub| ru | meub|istre| +-----+-----+-----+-----+-----+ | vi | zé | ru | zé | klèr| +-----+-----+-----+-----+-----+ +-----+-----+-----+-----+-----+ | dèk | ke | cha | ke | lame| +-----+-----+-----+-----+-----+ | lo | gré | cha | gré | sif | +-----+-----+-----+-----+-----+ | dèk | ré | to | ré | sif | +-----+-----+-----+-----+-----+ | lo | bèk | to | bèk | lame| +-----+-----+-----+-----+-----+ +-----+-----+-----+-----+-----+ | lam | ma | fir | ma | man | +-----+-----+-----+-----+-----+ | souv| rè | fir | rè | one | +-----+-----+-----+-----+-----+ | lam | ant | rèn | ant | one | +-----+-----+-----+-----+-----+ | souv| eu | rèn | eu | man | +-----+-----+-----+-----+-----+ |
|
P.S. du 7/8/17 : Comme j'aime bien mon
tout premier grannet
musical du mois dernier, j'ai mis au point un programme
Mathematica qui en engendre automagiquement, en variant tous les
paramètres, y compris la taille n×(n+1) du grannet.
Les mesures répétées créent chaque
fois une relative cohérence du morceau, mais c'est tout
de même pour les petites tailles n que cela fonctionne
le mieux. Voici quelques exemples caractéristiques des
résultats obtenus. Mes préférés
sont les numéros 5, 3 et 6 (après le
premier du mois dernier).
Grannet de mesures no 2 (380 Ko)
Grannet de mesures no 3 (286 Ko)
Grannet de mesures no 4 (473 Ko)
Grannet de mesures no 5 (223 Ko)
Grannet de mesures no 6 (223 Ko)
Le même programme peut évidemment superposer
autant de grannets que l'on veut, ce qui conduit à
de belles
cacophonies.
Mais les duos ou trios donnent parfois des
résultats intéressants :
Grannet de mesures à 3 voix no 3 (317 Ko)
Je n'avais hélas pas conservé le code source de cet
exemple (ni même un fichier MIDI), donc j'ai essayé
de le transcrire à l'oreille — ce qui n'est pas
facile avec tant de dissonances, bien que je les adore !
Je ne garantis donc pas que cette
partition PDF (de 42 Ko)
soit strictement conforme à l'enregistrement :
J'ai ensuite raffiné mon programme
Mathematica pour qu'il engendre
lui-même la partition LilyPond correspondante :
Grannet de mesures à 3 voix no 4 (255 Ko)
Partition PDF de 42 Ko :
Grannet de mesures à 3 voix no 5 (237 Ko)
Partition PDF de 43 Ko :
Grannet de mesures à 4 voix (736 Ko)
Partition PDF de 58 Ko :
Pour finir, un court exemple de grannet à six voix :
Grannet de mesures à 6 voix no 2 (224 Ko)
Partition PDF de 51 Ko :
[Voir aussi mes autres expériences oumupiennes]
Séquences vocaliques exhaustives
[Noël Bernard a écrit
un superbe
poème en prose illustrant les 120
permutations possibles
des cinq voyelles a, e, i, o, u. Il a ainsi retrouvé
indépendamment cette
idée proposée par
Patrice Besnard en octobre 2003.
Mais personne n'avait à l'époque
eu le courage de traiter
la totalité de ces 120 permutations. Prenant
exemple sur Noël, je m'y suis donc lancé, en
six dizains d'octosyllabes.]
Dans ce discours, tu croiseras
Le clair-obscur d'un formidable
Astre noir — tu fusionneras
Le laïus non-communicable.
L'insane joug subornerait
Six stances qu'on torturerait
Et sa loi fut multimodale.
On a feint un huis : recalons
L'oral rimeur brut, endiablons
Les arts où vit tribu vocale !
L'âme, ô plumitif, tu songeas,
N'est pas un violon immuable ;
À l'enfumoir sitôt jugeas
Ce plan nul, choix informulable.
L'ingrat conteur numérotait
L'instauré topo, permutait
Ce fiasco d'un pur prosaïsme.
Or de vrais luths cuirasseront
L'ode, dix faux quadrilleront
L'esprit au mol obscurantisme.
L'article touffu congédia
Les si normaux humanoïdes ;
L'axiome du bluff recopia
Ces filous carcans cuboïdes.
Si l'enfant vous suçota seins —
Idem, au fond, promut blancs-seings,
Plein d'un accort somnambulisme,
Nos becs clinquants balbutieront,
Nos vers luisants paniqueront :
Répliquons à l'absolutisme.
Ah ! conseil cru, tu pigeonnas
Le tordant tribun qui transpose ;
Alors depuis, ni surgeonnas
De probants fruits ni plus grand-chose.
Filez l'oscar futur à l'oeil,
Ingénus, annonçons l'accueil
De non-dits à summum grandiose :
Combinateurs superchampions,
Rois des calculs supplanterions !
Déchois-tu dans l'hallucinose ?
Parfois ce guru régional
Se complut, mais l'instant suppose
Là pour l'élixir neuronal
De s'ourdir à la virtuose.
Piochant de cuculs désarrois,
Il ose abus sur passe-droits
Et surfait nos cosignatures.
On disséqua la succession ;
On briguera la destruction
Des juxtapositions, ratures.
Chaque fois, si l'on résuma
L'ennui pâlot, ô lassitude,
Au soleil il se consuma
Et lui montra sa solitude.
Il truande onc, trop exhaustif,
L'influent alcool à l'esquif —
Le brûlot faillira conclure :
Où s'éclipsa l'antineutron,
On fustigea pareil juron
Pseudo-signalant l'imposture.
L'ordre des permutations a été
choisi pour pouvoir respecter l'alternance des rimes.
Chaque vers est également un palindrome vocalique,
car les permutations sont
organisées en couples anacycliques
(raffinement que Rémi Schulz avait
déjà imaginé
en octobre 2003, en l'illustrant d'un seul
couple de permutations mais sous forme de
véritable palindrome littéral) :
aeiou uoiea / eaiou uoiae / aeoiu uioea / eaiuo ouiae
iaeou uoeai / iaeuo oueai / eaoiu uioae
oaeiu uieao / oaieu ueiao / eaoui iuoae
aeoui iuoea / eauio oiuae / aeuoi iouea / eauoi iouae
iaoeu ueoai / iaueo oeuai / eiaou uoaie
oeaiu uiaeo / oeiau uaieo / eiauo ouaie
aieou uoeia / eioau uaoie / aioeu ueoia / eioua auoie
ieaou uoaei / ieauo ouaei / eiuao oauie
oeiua auieo / oeuia aiueo / eiuoa aouie
aoeiu uieoa / eoaiu uiaoe / aoeui iueoa / eoaui iuaoe
ieoau uaoei / ieuao oauei / eoiau uaioe
oiaeu ueaio / oieau uaeio / eoiua auioe
aoieu ueioa / eouai iauoe / aouei ieuoa / eouia aiuoe
ioaeu ueaoi / ioeau uaeoi / euaio oiaue
oieua aueio / oiuea aeuio / euaoi ioaue
aueoi ioeua / euiao oaiue / auoei ieoua / euioa aoiue
iuaeo oeaui / iueao oaeui / euoai iaoue
oueia aieuo / ouiea aeiuo / euoia aioue
Assourdi
Dans l'iglou suborbital,
L'infrason pur chuchotait.
L'harmonium multimodal
Intra-muros l'occultait.
À son bruit d'influx vocal,
Nos ambitus cuirassons,
Car du son (cri, dit journal),
D'optimaux murs franchissons.
Si donc aucun absorptif
Occiput n'applaudirons,
Ni hurlant scoop abusif,
D'ouïr l'art, transfigurons !
[Lipogramme en E illustrant
les 24 permutations des quatre autres
voyelles, dans l'ordre
aiou uoia / iaou uoai / aoiu uioa / iauo ouai
aoui iuoa / oaiu uiao / auoi ioua / oiau uaio
ioau uaoi / oiua auio / iuao oaui / ouia aiuo
Comme la classique alternance f/m
des rimes est ici impossible,
j'ai respecté une alternance de rimes
consonantiques et vocaliques.]
P.S. :
Si ton but inclut
Ton post-scriptum, fusionnons
L'uni chuchotis.
[Lipogramme en A & E illustrant
les 6 permutations des trois
autres voyelles, dans l'ordre palindrome
iou iu/o oiu uio o/ui uoi
Comme ça commence à devenir
bref, je suis passé au haïku
volontairement non rimé.]
Offusquons !
[Lipogramme en A, E & I illustrant
les 2 permutations des deux
autres voyelles, dans l'ordre forcément palindrome
ou/uo
Comme j'ai eu du mal à atteindre l'alexandrin,
je me suis contenté
du titre, slogan crié par le protagoniste
dans le quatrième acte de
cette tragédie potentielle.]
Chut !
[Lipogramme en A, E, I & O illustrant
l'unique permutation
possible de la cinquième voyelle, dans l'ordre
u
Ce cinquième acte est exclusivement
écrit en monosyllabes.]
Pff...
[Lipogramme en A, E, I, O & U illustrant
les 0! permutations
des 0 autres voyelles, dans l'ordre
Ce sixième et dernier acte exprime
la lassitude du protagoniste,
teintée d'indifférence voire
de mépris.]
Pour gagner de la place, je n'ai pas
inclus le Prologue, que l'auteur a curieusement
baptisé « Acte 0 ».
Il est constitué de 360 alexandrins
dont chaque hémistiche illustre
l'une des 6! = 720 permutations des six
voyelles A, E, I, O, U & Y. Signalons-en juste
le titre : « Autonymie
cryptographique ».
Sélénets à rimes orphelines
[Robert Rapilly a eu
l'idée de combiner
les holorimes
orphelines explorées en février
dernier avec la forme fixe du
sélénet,
dont les rimes féminines fortement prononcées
(dans la mélodie populaire « Au clair de la
lune ») permettent de mieux cacher certaines
syllabes surnuméraires. Voici les deux exemples
que j'ai construits, mettant en scène
huit rimes orphelines — déjà
illustrées en janvier
2015 et février
2017. Rappelons
qu'on dénasalise les liaisons en prosodie classique,
i.e. « On a » se prononce
« ona ».]
On a viril peuple
qu'assommait la soif :
au navire, il peu pleut.
Casse homme, hélas, ouaf !
Et manteau de pourpre
souvent adipeux t'
aimante ode pour preux
soûls, vanta dix putts.
*
Zig, ô Malin qu'Ur veut
fort fécond sur Apt,
zygoma l'incurve :
forfait conçu, rapt !
Bas goujat disjoncte
mais dit au gars Jo :
« Bagou jadis j'onc te
médite, ô gadjo ! »
Manifestation pacifiste
[Lipogramme en A & E illustrant les 24
permutations des quatre autres voyelles, dans l'ordre
iouy yuoi / oiuy yuio / ioyu uyoi / oiyu uyio
uioy yoiu / ouiy yiuo / uiyo oyiu / ouyi iyuo
uoiy yiou / iuoy youi / uoyi iyou / iuyo oyui
Comme plus haut, les vers sont
des palindromes vocaliques et ils suivent une alternance
de rimes consonantiques & vocaliques.
Clinamen : le dernier Y est en fait une consonne.
Le titre sert à orienter l'interprétation,
mais il ne respecte en rien la contrainte.]
Impromptu gypsy du soir,
voix funky, ptyx d'unissons
(bris d'onyx futur y voir) :
toi, lys du sud, stylisons !
Du gris polysymposium
où vinyls y circulons,
luit cyclotron d'yttrium ;
nous, syrinx hippys, hurlons.
Un gros grizzly n'y discourt
ni du lobby, n'y sourit.
Nul ophrys ici n'y court.
Vil junky cow-boy fut frit.
[Voir aussi la précédente
séquence vocalique en OUY de
Noël
Bernard, qui m'a inspiré pour les IOUY
ci-dessus.]
Baobabar II
[Même combinaison de contraintes que pour mon premier
« baobabar »
de juin dernier : 24 vers dont les seconds
hémistiches sont holorimes à
leur dernière syllabe près, opposant
ici beau/laid. Ce couple a bien sûr
déjà été
employé dans des baobabs au sens roubaldien du
terme.]
Quand Vincent Lagaf' pond l'essoré lavabo
Qui donc ne s'en désole et saurait l'avaler ?
Ô lamentable exemple ; et déjà que rouler
Le public est mauvais, plaidait Jacques Roubaud,
C'est pire si le barde aime oser placebos.
Croyez-moi, choisissez des mots et placez-les
À la rime ; foncez ! Mais cependant n'allez
Faire que l'on déprime et se pende, en nabot.
Mieux vaut éliminer traits communs pour rabot
Qu'humiliation connaître et comme un pou râler :
Celui qui se farcit l'importun forain laid
S'indigne à raison s'il importe un faux Rimbaud.
Les calembours que l'on devine et gros sabots
Qu'on voit venir ont goût de vinaigre, eau salée.
Préférez la ballade humble, l'ode calée,
Aux triviaux falbalas d'un bleu, lot de cabot.
Voyez-le sans atours, nu : l'art manque au pied-bot
Car un poétereau nullard ment. Copiez lais,
Sonnets et madrigaux : ainsi rennes, chalets,
Revivront, ou chevaux zains, sirènes, chabots...
Tous les sujets sont beaux, du rapace au poulet.
Lorsque la vie est trop dure, ah ! passe, ô Poulbot,
Du Montmartre indigent, hideux — viens, galibot —
À la radieuse Pise : y deviens Galilée !
Dictionnaires hétéropanvocaliques
Reprenant la
proposition
d'Éric Angelini à la
liste oulipo du
18/09/03
(lui-même ayant
repris l'idée
d'Eric Chaikin dans la revue
Word Ways),
je me suis amusé à construire
les listes de tous les titres hétéropanvocaliques
des versions française
et anglaise de
Wikipédia,
des noms de
localités du monde entier (ce que
Jean-Charles Meyrignac
avait en fait déjà
effectué en février 2009,
mais sans conserver la ponctuation ni les
signes diacritiques), et enfin des
mots
français.
L'Arthur de 16 ans en
couleurs
véritables
[lipogramme en A]
En ce creux de verdure un menu ru
murmure
Et pend sur l'herbe
exprès quelques frusques en fleurs
De mercure ;
Phébus, de cette
crête pure,
Brûle : cette
cuvette écume de lueurs.
Une jeune recrue est bée,
et tête nue,
Reste nuque trempée en
un dru cresson bleu.
Blême, elle dort en
l'herbe étendue ;
une nue
Sur cette turne verte en reflets lustrés pleut.
Près des gerbes, ce bleu dort, les lèvres heureuses
Tel un bébé
fluet ; Terre, que tes berceuses
L'hébergent prestement : l'être
ressent le gel.
Ce nez ne tremble plus
d'effluves et
d'essences ;
Le bleu dort seul, muet. Relevez les présences
De deux vides vermeils sur
ce buste réel.
Création d'une page Web rassemblant quelques
poèmes
et contes de mon grand-père maternel
Édouard Jallois.
J'en recopierai sans doute davantage à l'avenir.
Prière pillée
[Robert Rapilly a repris, en les exagérant,
les contraintes de l'asphyxie
et de
l'aération de
l'oulipien
Luc Étienne :
non seulement il en a fait des
distiques d'alexandrins pseudolorimes,
mais il a surtout saturé ses vers
en R (comme ses initiales RR !), de telle
sorte que leur version asphyxiée
soit aussi différente que possible.
Voici un quatrain que j'ai composé en
son honneur.]
Ô béat, pille idole ! Et qui dévêt tout blancs
Les deux Dïeux, mais s'y prosterne où l'art mut rimes ?
Robert Rapilly, drôle, écrit des vers troublants !
L'air de dire merci, posté, nous l'amuîmes.
Rapide exploration de la notion de
« sonnet de mesures », à mon
avis moins intéressante que les
diagonnets et
grannets de mesures.
Juste un exemple parmi d'autres :
Sonnet de mesures à 3 voix no 4 (272 Ko)
Partition PDF de 50 Ko :
Et comme gag, illustration de la notion
d'« ananote » :
j'ai simplement mélangé aléatoirement
les notes de chaque mesure
des deux premiers Préludes du « Clavier
bien tempéré » de Bach !
Ananote no 1 (592 Ko)
Partition PDF de 69 Ko :
Ananote no 2 (667 Ko)
Partition PDF de 82 Ko :
P.S. du 20/09/17 : illustration des
120 permutations de 5 notes,
et indépendamment de celles de 5 durées.
L'ordre de celles des durées est lui-même
une permutation de
Queneau-Daniel de celui des notes. Les 120
mesures ont été in fine repliées
sur quatre voix, pour obtenir d'intéressantes
superpositions rythmiques —
compensant un peu l'harmonie trop statique. En plus des notes
& rythmes, j'ai aussi essayé de permuter
5 instruments et 5 intensités sonores (avec de nouveau un
ordre imposé par les itérations suivantes de la
quenine sus-mentionnée), et même de
moduler la tonalité selon un chemin sur le
tonnetz, mais le résultat
m'a moins intéressé que cet exemple
minimaliste :
Permutations (1 Mo)
Partition PDF de 64 Ko :
LilyTwoosh
Voici quelques
twooshes en langage
LilyPond
que j'ai construits entre les 13 et 24/09/17.
[Valentin Villenave a aussi dressé
une liste de nos exemples sur le site de
l'Oumupo.]
[Voir aussi mes autres expériences oumupiennes]
Chanson de rupture
Martin Granger a proposé à
la liste oulipo de récrire
ce poème de
Frédéric Forte en respectant
les contraintes que l'on veut. Mon esprit de contradiction
n'a évidemment pas pu se contrôler,
et j'ai donc pris le contrepied formel de ces vers libres,
de différentes façons :
Et bim ! Crochet gauche dans le mot punching-ball... J'apprends le dernier pas de danse. Soit une machine à respirations infra-minces et petits décalages tout le temps, il existe un mode idéal de, comment dire ? frottements. C'est très simple : on se visite à deux la nuit, en accéléré (tu vois les lumières ?), sorte de tropicalisme alternatif continu : il y a un câble tendu à traverser l'Atlantique — quelque chose comme un souvenir des années 80 : « Moi ce que j'aime dans le noir, c'est l'effet stéréo. » Frédéric Forte 2016
Sonnet du phare cru
Comme la nuit en ce gîte plaçait
Ces cinq cumuls d'étoiles vagabondes,
Apex tué de cavernes profondes,
Aube quittant, de noirs dépôts chassait ;
Comme le ciel aux Indes rosissait,
Et le matin emmi ses tresses blondes
Illuminant mille perlettes rondes,
De purs diamants un champ enrichissait ;
Quand d'occident, telle une étoile offerte,
J'aperçus naître, à la lisière verte,
Cette nymphe en riant !
Ce que je vis fut, dès l'émue Aurore,
Le firmament : une honte colore
Angers et l'Orient.
[anagramme du texte de Forte, d'après Du Bellay]
Rengaine de l'informe
et flop ! uppercut
dans le concept
oulipo / j'oublie
les nouvelles
contraintes —
« soit un procédé
à coupures ultra-
répétitives et grandes
indentations souvent
, il reste une façon
grossière de — l'avouerai-je ?
gonfler » — c'est si facile, on
improvise seul
une minute à toute vitesse
(ça n'est pas brillant)
, espèce de défonce
parfois récurrente
: il y a un plaisir bandant à péter
un câble — une sorte
de ressassement du siècle dernier
: « moi ce que je cherche dans le
vers libre c'est l'apparence moderne »
Mezzo Piano, intégralité de Geindre Arrgh, π.R., 1916
[homomorphisme quasi antonymique]
Sélénet de rupture
coude pointu, dans ce
mot il haut porte un
coup de poing / tu danses,
motile, opportun —
haussent qu'ennui gemmes,
hélas, tes réaux :
« oh ! ce qu'en nuit j'aime
est la stéréo »
Isonnetwoosh de rupture
Je plaçai
une bosse
à colosse
et dansai
Mincissai
Carabosse
En Écosse
traversai
Axe câble
dépliable
de coraux
Apex aime
en poèmes
binauraux
Ici la paix bouquine Wiazemsky, aujourd'hui fugitive.
[pangramme
hétéroconsonantique en hommage à
l'écrivaine qui
vient de nous quitter ; j'avais obtenu
dix lettres de moins
avec son nom il y a dix ans mais l'énoncé était plus tordu]
P.S. du 10/10/17 :
ayant remarqué que
« la musique d'Okinawa » permet
de placer plusieurs lettres chères sans
répéter de consonnes, j'ai tenté ce
pangramme
de 40 lettres :
Choyez l'ex-musique fugitive d'Okinawa, pur bijou.
Un peu plus de travail m'a fait gagner une lettre :
Partagez l'ex-musique d'Okinawa, vif bijou choyé.
J'ai fini par obtenir deux octosyllabes blancs,
en 37 lettres comme le juge
blond, ici enivré par son whisky :
Ta musique d'Okinawa
y vibre chez l'ex-juge paf.
P.P.S. du 11/10/17, à propos
d'un personnage de bande dessinée
dont j'ignorais tout jusqu'à aujourd'hui :
Mxyztplk gobe déjà cinq wharfs, vu ? [28]
Et à propos d'un
marathonien exceptionnellement arrivé
seulement 12e le 6/9/8 à Lille :
Douzième esquif, je vaux Gilbert Chepkwony. [36, dodécasyllabe avec diérèse]
Grand peintre traçant un
plan discutable :
Exhibez le sot pavage du mirifique Jan Wyck ! [36]
Commande informatique urgente :
Paf, j'exige vite douze « MySQL Workbench ». [32]
Mon travail consiste à poster rapidement des
photographies d'astéroïdes :
Job : (4601) Ludkewycz vu, gif, hop !
[pangramme de 20 lettres et 4 chiffres]
Minuscule village perdu au centre de la Pologne :
Tworzyjanki, fâcheux bled qui vous empiège.
[36]
Évolution d'un charmant village polonais :
J'exhume Słupca qui fut divin
Grzybków.
[32]
Mathématicien parlant de transcendance dans la banlieue parisienne :
À Gif, l'inoxydable Jack Schwartz m'évoqua pi.
[36 lettres, dont deux C dans le nom]
Un dernier pangramme peu économique,
mais mettant en scène un
nom de serpent constricteur particulièrement
riche en lettres rares :
Gef me vit phobique d'un
eryx jaculus czarewskii.
[40 lettres, dont deux C, R & S contenus dans le nom]
Fractalisation musicale
Les membres de l'Oumupo, et en particulier le compositeur
Tom Johnson, s'intéressent
à de subtiles
mélodies autosimilaires. Plus simplistement,
je leur ai fait remarquer qu'il est possible de
« fractaliser »
n'importe quoi en superposant des copies d'échelles
différentes. Voici ce que cette idée
bébête donne
sur le premier Prélude du « Clavier bien
tempéré » de Bach (déjà
abîmé plus haut) :
fractalisation du Prélude I-1 (1,1 Mo)
Algèbre mélodique
Avec Valentin Villenave (créateur de
l'Oumupo
actuel), nous avons imaginé le 26/09/17
une notion d'algèbre sur les mélodies. Voici un
exemple simpliste pour illustrer l'idée :
partition PDF de 57 Ko
et enregistrement d'1,5 Mo
Valentin travaille évidemment à de
véritables compositions à contraintes
exploitant ce procédé.
[Voir aussi mes autres expériences oumupiennes]
Diagonnet latin
[copie d'un message adressé à la
liste oulipo]
Il aimait à la fois la pêche et le fraisage,
Les recueils de bons mots et la vélocité,
Mais une simple averse anéantit l'été :
Il arrêta l'hélice et plia son voilage.
Il voulait une femme au mordoré visage,
Au front auréolé de longs cheveux nattés,
Mais il n'eut pas de chance, hélas trop endetté :
Son angine acheva les dommages de l'âge.
Il finit dévoré par des rongeurs sauvages,
Épousé par la Mort immense. N'acceptez
Jamais de camarade ayant tant mérité
Le silence éternel d'un oubli sans ambages.
Tu possédais long tour, anas,
port, hâte. Août eut nasse et l'ondée :
c'est tout, n'allons, pod ! et tueras
dais, tulle. On raçait natte ou peau.
L'on n'a pot : serras-tu dette ou
tousser dénature Apollon ?
Rats l'ont eu, tout dépone assez.
N'adhère à pote où l'on s'est tu.
*
[Il s'agit d'un
carré latin de syllabes,
ce qui implique que les lignes
et les colonnes sont toutes des anasyllabes les unes des
autres.
ty | po | se | de | lɔ̃ | tu | ʀa | na |
po | ʀa | tu | ty | na | se | lɔ̃ | de |
se | tu | na | lɔ̃ | po | de | ty | ʀa |
de | ty | lɔ̃ | ʀa | se | na | tu | po |
lɔ̃ | na | po | se | ʀa | ty | de | tu |
tu | se | de | na | ty | ʀa | po | lɔ̃ |
ʀa | lɔ̃ | ty | tu | de | po | na | se |
na | de | ʀa | po | tu | lɔ̃ | se | ty |
+----+----+----+----+----+----+----+----+
| tu | po | sé | dé |lon |tou | ra | na |
+----+----+----+----+----+----+----+----+
| po | ra |tou | tu | na | sé |lon | dé |
+----+----+----+----+----+----+----+----+
| sé |tou | na |lon | po | dé | tu | ra |
+----+----+----+----+----+----+----+----+
| dé | tu |lon | ra | sé | na |tou | po |
+----+----+----+----+----+----+----+----+
|lon | na | po | sé | ra | tu | dé |tou |
+----+----+----+----+----+----+----+----+
|tou | sé | dé | na | tu | ra | po |lon |
+----+----+----+----+----+----+----+----+
| ra |lon | tu |tou | dé | po | na | sé |
+----+----+----+----+----+----+----+----+
| na | dé | ra | po |tou |lon | sé | tu |
+----+----+----+----+----+----+----+----+
Comme cette matrice est symétrique, c'est
aussi un cas très particulier de
diagonnet.
Elle a été choisie pour minimiser le nombre de
couples ordonnés
de syllabes consécutives
revenant plusieurs fois au cours du poème :
a b c d e f g h
b g f a h c e d
c f h e b d a g
d a e g c h f b
e h b c g a d f
f c d h a g b e
g e a f d b h c
h d g b f e c a
Il y a ici 6 répétitions de dissyllabes.
Par exemple « b c »
est présent dans les
premier et cinquième vers, et
« c d »
dans les premier et sixième. Mais aucun
dissyllabe n'apparaît plus de deux fois.
J'ai d'abord composé un tel « poème » selon le schéma
a b c d e f g h
b a d c f e h g
c d a b h g f e
d c b a g h e f
e f h g a b d c
f e g h b a c d
g h f e d c a b
h g e f c d b a
qui a d'autres propriétés intéressantes,
mais chacun des huit couples ordonnés
ab, ba, cd,
dc, ef, fe,
gh et hg apparaît
quatre fois, ce qui oblige à des contorsions
de type holorimes multiples pour éviter de
réemployer les mêmes mots.
Pour information, il existe des carrés latins
symétriques encore plus répétitifs ;
lorsque les lignes sont de simples permutations circulaires
les unes des autres,
par exemple, huit dissyllabes sont répétés
sept fois au cours du poème.]
P.S. du lendemain : il existait en fait des
solutions sans aucune répétition de dissyllabes,
par exemple pour l'ordre 8×8
a b c d e f g h a b c d e f g h a b c d e f g h a b c d e f g h
b g f c h a e d b g a h c e d f b h e a g c f d b h e g d a c f
c f h e b d a g c a e g f h b d c e d f a h b g c e b f h g a d
d c e g a h f b d h g e b a f c d a f h c g e b d g f b a e h c
e h b a c g d f e c f b h d a g e g a c b d h f e d h a f c b g
f a d h g c b e f e h a d g c b f c h g d b a e f a g e c h d b
g e a f d b h c g d b f a c h e g f b e h a d c g c a h b d f e
h d g b f e c a h f d c g b e a h d g b f e c a h f d c g b e a
pour l'ordre 6×6 (la seconde échangeant juste
a et f dans les quatre lignes
intermédiaires)
a b c d e f a b c d e f
b d a f c e b d f a c e
c a e b f d c f b e a d
d f b e a c d a e b f c
e c f a d b e c a f d b
f e d c b a f e d c b a
et pour l'ordre 4×4
a b c d
b d a c
c a d b
d c b a
Ce sont les seules solutions pour les ordres 6×6
et 4×4, et elles ont la particularité
d'être aussi palindromes — ce que nous avions
baptisé bergeronnet
il y a vingt ans.
En revanche, il n'existe aucun carré latin symétrique
sans répétition de deux lettres
consécutives pour les ordres 3×3, 5×5
ni 7×7.
P.P.S. du 26/10/17 : voici ce que le premier
carré 8×8 ci-dessus, sans nulle répétition
de dissyllabes, pourrait donner en partant d'un premier vers
desdichadien :
Ténébré, veuf, inconsolé,
n'est-ce eau qu'ombrait l'été, feint vœu ?
Breakons les fins ! Ney veut tes sceaux,
veut brai : faim saute, ailé qu'on est,
feint l'aîné ; tes brais sauvent cons,
conte Ève, lai sobre et nez fin.
Sauf feintés, convenaient les brais.
Les veut sonner, confins brettés.
te | ne | bʀe | vø | fɛ̃ | kɔ̃ | so | le |
ne | so | kɔ̃ | bʀe | le | te | fɛ̃ | vø |
bʀe | kɔ̃ | le | fɛ̃ | ne | vø | te | so |
vø | bʀe | fɛ̃ | so | te | le | kɔ̃ | ne |
fɛ̃ | le | ne | te | bʀe | so | vø | kɔ̃ |
kɔ̃ | te | vø | le | so | bʀe | ne | fɛ̃ |
so | fɛ̃ | te | kɔ̃ | vø | ne | le | bʀe |
le | vø | so | ne | kɔ̃ | fɛ̃ | bʀe | te |
+----+----+----+----+----+----+----+----+
| té | né |bré | ve |fin |con | so | lé |
+----+----+----+----+----+----+----+----+
| né | so |con |bré | lé | té |fin | ve |
+----+----+----+----+----+----+----+----+
|bré |con | lé |fin | né | ve | té | so |
+----+----+----+----+----+----+----+----+
| ve |bré |fin | so | té | lé |con | né |
+----+----+----+----+----+----+----+----+
|fin | lé | né | té |bré | so | ve |con |
+----+----+----+----+----+----+----+----+
|con | té | ve | lé | so |bré | né |fin |
+----+----+----+----+----+----+----+----+
| so |fin | té |con | ve | né | lé |bré |
+----+----+----+----+----+----+----+----+
| lé | ve | so | né |con |fin |bré | té |
+----+----+----+----+----+----+----+----+
ténébrer (rare) : enténébrer
breaker (anglicisme) : vaincre
Ney : maréchal exécuté,
comme Biron
brai : résidu de goudron
lai : poème
bretter : rayer
Autre exemple utilisant le premier carré 6×6 sans répétition de dissyllabes :
Nous parlions d'explorer la paix du samedi,
De nous plaindre de tout ce que l'on trouve grave,
D'expulser les rongeurs des charges de choux-rave
Dont s'amusait pourtant un matou dégourdi...
La rédemption aima nous offrir quelque gramme
De sénile gâtisme, écholalique drame !
Sondez shabbat, râlons
des bassons ! l'on chara.
Chassons rats des longs bâts,
ballons d'air à son chat.
Rachats l'once ont badé.
L'on rabâcha des sons.
sɔ̃ | de | ʃa | ba | ʀa | lɔ̃ |
de | ba | sɔ̃ | lɔ̃ | ʃa | ʀa |
ʃa | sɔ̃ | ʀa | de | lɔ̃ | ba |
ba | lɔ̃ | de | ʀa | sɔ̃ | ʃa |
ʀa | ʃa | lɔ̃ | sɔ̃ | ba | de |
lɔ̃ | ʀa | ba | ʃa | de | sɔ̃ |
+----+----+----+----+----+----+
|son | dé |cha | ba | ra |lon |
+----+----+----+----+----+----+
| dé | ba |son |lon |cha | ra |
+----+----+----+----+----+----+
|cha |son | ra | dé |lon | ba |
+----+----+----+----+----+----+
| ba |lon | dé | ra |son |cha |
+----+----+----+----+----+----+
| ra |cha |lon |son | ba | dé |
+----+----+----+----+----+----+
|lon | ra | ba |cha | dé |son |
+----+----+----+----+----+----+
charer : bavarder (utilisé en Louisiane)
bader : admirer (utilisé dans le Midi)
El Destevereicho
Ténébreux, chagrin, veuf, gelé,
Aquitain dauphin qu'on spolie ;
Météore éteint, luth grêlé
Arborant soleil noir, Folie.
D'aveuglé sépulcre, aide ailé,
L'italien rivage ô pallie,
L'ancolie exquise au troublé,
L'enivrant raisin qui s'allie.
Lusignan, Phébus ou Biron ?
Rougissant d'amour si pérenne,
Admirons nager la sirène ;
Traversons, vainqueur de Charon,
Modulant tantôt luth d'Orphée,
Sanctifiés soupirs, voix fieffée.
Lecture rythmique (2,4 Mo)
[Desdichado
sur le rythme de
« Clapping Music » de
Steve Reich,
*** ** * **,
dont la partition complète
est engendrée ci-dessus en exactement 140 caractères.
J'avais déjà utilisé ce rythme avec des
alexandrins il y a 18 ans,
mais je trouve
qu'il fonctionne mieux avec des octosyllabes dont chaque
mot est séparé par un
court silence. Il y a évidemment eu beaucoup
d'autres expériences rythmiques
sur la liste oulipo, par exemple
celles-ci
de ma plume.]
Isonnetwooshes 280
[La plateforme Twitter (sur laquelle je n'ai pas plus de
compte que sur les autres réseaux
sociaux !) vient de faire passer à
280 son maximum de caractères par message.
Au lieu des vers de deux à quatre syllabes
seulement qu'autorisait la
précédente limite de 140, pour un
sonnet isocèle,
on peut désormais
reprendre cette bien dure contrainte en vers
de trois à neuf syllabes.]
Twittosphère géante Avide, troubadours, Amenez les tambours Et que poète chante Nouvelle rassurante À votre carrefour : La limite à ce jour Est deux fois 140 ! L'on aura désormais Ici pour s'exprimer Davantage d'espace. Nos propos y seront Dilués en l'impasse De ce vide clairon.
[hexasyllabes respectant l'alternance des rimes,
mais pas leur
liaison supposée, et avec même une horrible rime
-mè / -mé !]
Haut khan beau sire Tsar dans cent mers Lord pour vifs airs Dieu lion loup pire L'on veut vous dire Deux fois sept vers Hors lois sans fers Pour quoi donc rire Trop ouïr bons mots Rend arts plus sots Même oint l'as ruse Mais jeux font tort Vite heur fuit muse Puis lors suit mort
[quadrisyllabes formés de quatre monosyllabes tétragrammatiques]
Astéroïde rayonnera Icosaèdre revivifie Météorite retombera Aérolithe solidifie Humanoïde considéra Idéalisme renégocie Aléatoire succédera Inamicale géomancie Paranoïde poéticien Réexamine manichéen Béatitude régénérée Originale réunirons Aéronaute coopérons Apothéose démesurée
[Preuve de concept illustrant que
les ennéasyllabes sont possibles tout
en respectant l'alternance des rimes.
Un rimailleur un peu fou croit voir
descendre en flammes un fabuleux ovni
géométrique. L'être qui en sort
lui fait passer un examen de philosophie
dans lequel la survie de notre
planète semble en jeu. Mais ils
finissent par se mettre d'accord pour
partager un avenir radieux.]
Anse de la Scaletta Notre-Dame-du-Hamel Capo della Morsetta Plature de Kernével Cime de la Lombarda Bellecombe-Tarendol San-Gavino-di-Tenda Saline-de-Campignol Île de la Maréchale Macizo de Vignemale Andilly-en-Bassigny Étang de Lovo Santo Sommet de Buturetto Forêt de Secondigny
[quatorze localités
françaises heptasyllabiques ;
l'alternance des rimes est plus corse
que française]
Évolution inaugurée Qu'on passe aux 280 Aérés alinéas vains Agitation inespérée La parole démesurée Réévaluez écrivains Adiposité de bovins En édition réitérée Exagérez l'énormité Pour étaler inanité En poésie indéfinie Ou sinon économisez Évitez la monotonie Des abymes utilisés
[octosyllabes]
Grands tweets muent Quand chauds pleurs Créent vingt fleurs Maints fronts suent Leurs spleens puent Rouent prompt heurt Vieux schnock meurt Longs speechs tuent L'asthme est craint Lorsque heur plaint Qu'œuvre est lourde L'ouaille eut mieux Qu'high-tech gourde Schnouff sans dieux
[trisyllabes]
Évaluez inusabilité Aérosol océanologie Évoluez homogénéité Obéira météorologie Analysez asexualité BCBG phénoménologie Évacuez originalité Etc. caractérologie Alinéas économisera Réalité visualisera Ex-LSD américanisée Âme vs idéalisation ADN & béatification Ô SVP désolidarisée
[nouvelle preuve de concept : tentative
à la limite en décasyllabes
classiquement césurés 4/6 respectant
l'alternance des rimes]
Dieux c'est terminé Et cette expérience Montre une variance Dans le speech miné Notre orphisme inné Plein de luxuriance Joint la vicariance L'art craint dominé Mais n'abusez guère De ce joug vulgaire Chez nous oulipiens Il faut interrompre Ces luths olympiens Et ne s'y corrompre
[pentasyllabes ; vicariance = suppléance]
El Destwooshado 280 Je suis l'inconsolé Vois ma tour abolie Même luth constellé Contient Mélancolie As qui m'as consolé Rends la mer Italie Rose au cœur désolé Où la vigne s'allie Fus-je Phébus Biron Rougi par une reine J'ai rêvé la sirène Franchi cet Achéron Modulant tel Orphée Ahans et cri de fée Labrunie dit Nerval
[juste un dernier fastoche, en hexasyllabes comme le premier]
[Dans un genre voisin, je me suis
demandé comment présenter un
sélénet de 140
caractères. Le plus élégant me semble d'attribuer
un caractère de plus aux rimes féminines.
On pourrait éviter la
ponctuation en remplaçant « Ô ! »
par « Las », par exemple.]
Au rai de la lune Cher ami Pierrot File-moi ta plume Pour oser un mot Ô ! lumière morte N'a duré mon feu Vire-moi ta porte En l'âme de Dieu
[P.S. du 13/01/18 :
isonnetwoosh 280 constitué de sept pangrammes
hétéroconsonantiques de suite,
comptant en moyenne 28 lettres]
Tyrannie ou pitié ? Plains Bafq, Txuce, Mryaj, Vogdz, Khwa, Fremdj, Vix, Szkwa, Phlong, Teyq, Buce, Flix, Pregj, Nkuce, Dzhubq, Voym, Tswa, Dyg, Pfrimbt, Nkwa, Vezq, Xhos, Ljuce ! Vaincs Gyorm, Baqh, Feux, Pljot, Dzwak, Bjerg, Matx, Dukwe, Voncq, Zipf, Lyesh, Djorf, Styx, Bukwe, Gimpl, Vanq, Zech !
Lettres
[Nouvelle idée de contrainte
paradoxale : réécrire le sonnet des
Voyelles de Rimbaud
sous forme de
monovocalisme en E — le premier vers
étant a priori impossible à
traduire. Voici une proposition de solution.
On aurait aussi pu employer les sons È,
É, EE, EW, E à la place des A, E, I, U, O de
l'original, comme dans ce
gag de 1998.
Et dans ce cas, on aurait même pu envisager
une version monovocalique en O, par
exemple, commençant par « O khôl,
Ö smog, Õ phlox, OO jonc, Ô flot :
logos ».]
È terne, E blême, É pêche, Ë vert, Ê pers : ces lettres,
J'en révèle entre-temps les précédents secrets :
È, d'ébène tsé-tsé les vêtements encrés
Empestés d'excréments et de décédés êtres,
Grève nègre ; E, reflets des tentes et fenêtres,
Tremblements de genêts, sceptres gelés des crêts ;
É, pertes de blessés, démêlés exécrés,
Belles lèvres en fête, éméchés près de prêtres ;
Ë, l'herbe derechef, lent bercement des mers,
Clémence des vergers semés de tendres cerfs,
Experte et sénescente entente des recherches ;
Ê, prestes bêlements des ensembles de vents,
Céleste éther désert, clef d'éternelles perches :
Cercle pervenche, cerne en mes rêves fervents !
[Voir aussi cette autre réécriture d'il y a onze ans]
Onzinet à contraintes
[Nicolas Graner a transmis à la
liste oulipo la notion
de onzinet,
forme fixe inventée
aux Pays-Bas dans les
années 1980 et introduite en France par
Benoît Richter :
Vers 1 (1 mot) : un objet, une idée, une sensation, etc.
Vers 2 (2 mots) : ce que fait cette chose.
Vers 3 (3 mots) : où, ou comment, cela se passe.
Vers 4 (4 mots) : ce que cela signifie.
Vers 5 (1 mot) : conclusion, ce qui en résulte.
En voici un isocèle en vers
mesurés et rimés, juste
pour m'amuser à durcir ses contraintes.]
Expérimentation Illico stupéfie Agit une potion Un éon me défie Antigravitation
Marité (le retour)
[combinaison de plusieurs messages adressés à
la liste oulipo]
Sur Twitter (que je lis un peu sans pourtant
avoir de compte) ont
été postés récemment beaucoup de
messages sur la féminisation
des noms. J'ai particulièrement apprécié
celui-ci d'Ingrid Zerbib :
Et pourquoi on dit parking et pas parqueen ?
En fait, on devrait même se garer
dans une marqueen, non ?
Et il faudrait aussi patérialiser au sol les massages
pour miétons.
À vrai dire, ce thème
de la parité a déjà été
discuté sur notre
bonne liste en
août
2006.
Alain Zalmanski
s'était aussi penché
dès 2002, pour
l'OuGraPo, sur la systématique
féminisation en
-elle des masculins en
-eau.
Dans un genre voisin,
je recommande le brillant mais effrayant
article
A Person Paper on Purity in Language
de Douglas Hofstadter.
On sait aussi que
Frédéric Dard (que j'avoue
n'avoir jamais lu)
emploie plusieurs fois musulwoman dans ses livres.
Ces schémas peuvent engendrer
beaucoup de nouvelles expressions,
et après en avoir compilé les plus amusantes, on
pourrait essayer de les
combiner dans un texte ou un poème oulipien.
Ça risque bien sûr de
s'engouffrer dans l'à-peu-près, mais
juste pour illustrer :
Une manne patérielle
Ouvrir une comptesse sur Twitteuse
Masser une exawomen de pathépatiques
Les brahwomanes ne touchent jamais les marias
Un gonflement de l'abdowomen engendre des pétéorismes
Labourage et mâturage sont les deux papels de la France
Epanuelle Pacron demande aux pinistres davantage de matriotisme
L'article échiking de Raymond Roussel sur le pat Reine+Folle+Cavalière contre Reine
Le prénom Patrice est-il une forme féminine équivalente à Pâteuse ?
Une subtile clinawomen dans une rowoman ou une moème oulimienne
Se faire panger par une spéciwomen de caïwoman
Le relooqueen shocqueen d'un drag-king
La taliswoman sert de pascotte
Et comme pour le
suRjonctif de
Queneau, on pourrait même
féminiser les noms déjà féminins,
comme la grand-mawoman
voire la jarryenne surfemelle businesswowoman...
Désolé pour ce
rase-potes ; apitiés, Gef_
P.S.: Quelques vers dans cet état d'esprit
Mon sœuse Arian, ne vois-tu rien venir ?
Car Chevelure Azur me fait grand peuse.
Ma cœuse bat, démente de terreuse !
— Matiente un peu, je merçois la navir.
— J'ai dégusté tant de mâtisseries
Que j'ai besoin de dentifeur mollas
Avant d'aller sur cette patelas
Me reposer de ces charivaries.
*
Le fantôme apparut d'une morte pâleur
Chuchotant « Ne fuis pas, cela porte malheur ».
Échiquier granérien
Nicolas Graner
a proposé une variante surcontrainte des
échiquiers poétiques
(cf. l'article
d'Alain Chevrier
p. 72 de Formules n° 7) :
la grille 5×5 ci-dessous
donne des textes différents quand elle
est lue horizontalement, verticalement, ou
selon un parcours de Cavalier du jeu d'échecs.
J'ai conservé le même parcours
que dans le
premier exemple construit par Nicolas.
Il est très voisin de celui
que j'avais choisi pour mon
renga
de 2001, mais pas strictement identique.
Je suis le ténébreux, — le crâne tu,
— célèbre comme prince.
Je brave mort, Styx, mais croupis car me bannit Biron !
Désespérant, on rêve dément, sombre...
*
Je crâne, je croupis, désespérant.
Suis-tu, brave ? car on le célèbre mort.
Me rêve ténébreux comme Styx bannit, dément, le prince.
Mais Biron sombre.
*
Je célèbre le Styx sombre, me désespérant,
brave comme Biron rêve.
Croupis-tu, ténébreux mais dément ?
car crâne le prince ! Bannit-on ?
Je suis mort.
je1 | suis24 | le19 | ténébreux14 | le3 |
crâne18 | tu13 | célèbre2 | comme9 | prince20 |
je23 | brave8 | mort25 | Styx4 | mais15 |
croupis12 | car17 | me6 | bannit21 | Biron10 |
désespérant7 | on22 | rêve11 | dément16 | sombre5 |
+-----------+-----------+-----------+-----------+-----------+
| je | suis | le | ténébreux | le |
+-----------+-----------+-----------+-----------+-----------+
| crâne | tu | célèbre | comme | prince |
+-----------+-----------+-----------+-----------+-----------+
| je | brave | mort | Styx | mais |
+-----------+-----------+-----------+-----------+-----------+
| croupis | car | me | bannit | Biron |
+-----------+-----------+-----------+-----------+-----------+
|désespérant| on | rêve | dément | sombre |
+-----------+-----------+-----------+-----------+-----------+
Pangramme sombre
Mon travail me remet souvent devant les yeux le nom de
l'original Fritz Zwicky,
premier astrophysicien à avoir
suggéré l'existence de la
matière noire. En juin 2001,
notre
colistier
Frédéric Schmitter l'avait
déjà mis en scène dans des
pangrammes
de 32 puis 31 lettres :
Flux : Zwicky, jadis gravement phobique.
Dax, Zwicky flambant phoque gras, java...
En voici un nouveau de 32 lettres, évoquant ses
recherches :
Fond que vit Zwicky : l'hapax jugé sombre.
Cet énoncé est bien sûr
passé par plusieurs variantes, par exemple
celle-ci imaginant l'attitude d'F.Z. à
la naissance de son fils :
Quand Joseph vagit, Zwicky fixe l'ombre.
Ou bien cette autre faisant allusion à ses
idées parfois bizarres :
Zwicky, fada : Hé, j'explique vingt ombres !
Savez-vous que Nerval avait écrit en note de
son Desdichado :
Mauvaises nonnes magiciennes, exhérédez ce schizoïde schnoque
à chaque moisson des ans, chaque vendange annoncée.
et que Heredia avait lui-même commenté ses
Conquérants par :
Ô aléa, ô folie allouée à l'eau !
Oui, elle a joué là, olé !
Elle a eu l'aloi à l'oeil, olé !
Ô obole, ô bijou, ô joie !
José-Maria copiait en effet Gérard,
au point d'en reprendre
strictement les mêmes lettres.
Les lourdes allitérations de ces notes illustrent
que les sonnets
eux-mêmes diffèrent beaucoup.
Leurs rimes les poussent en effet
à dévier des
fréquences moyennes du français.
(Au cas où ça ne soit pas clair,
ce qui précède illustre
juste un pseudo-théorème
de la physique théorique :
N'importe quoi est égal à n'importe quoi
à un terme correctif près.)
[Voir aussi mes précédentes variations sur les Conquérants]