Voeux en palindrome-express
L'an neuf en Sicile
Promet des bonheurs :
Sans foi ni loi, l'île
Fournit thym & fleurs.
Moralité
Et
amoral,
rusé,
tu
as
eu
l'avenir
bel :
bonne
année !
Enna,
en
noble
brin
évalué,
saute
sur
l'aromate.
P.S. du 4/1/24,
mettant en scène deux inversions intéressantes
déjà présentes dans
cette longue liste
de la Saint-Sylvestre
Le feu l'obnubile :
De chaque brasier,
Clovis le débile
Veut se rassasier.
Moralité
Toi,
dîne,
ignivore
mérovingien
idiot !
*
Un dessin diaphane
Sur le limon vieux
Tiraille un profane
Entre ces deux
dieux.
Moralité
El
et
Râ :
ceci
alerte
l'amen
noté
en
argilifère
filigrane,
étonné
mal-être
laïc
écartelé.
P.P.S. du 7/1/24
Dur, l'expert en signes
Relie aux cancans
Les élans indignes
Des gens éloquents.
Moralité
Rosse,
l'être
trop
paraverbal
à
palabre
va
rapporter
tel
essor.
*
Ce peuple vénère
Un affreux tibia ;
On ne comprend guère
Son pur charabia.
Moralité
Un
totem
eh !
promet
ce
laideron
os —
et
inanité
sonore,
dialecte,
morphème
tôt
nu.
*
Le sourd journaliste
Hausse l'usé cri
Du soupirant triste —
Vieil auteur chéri.
Moralité
Ce
reporter
n'oit
ce
semi-létal
céladon,
élève
le
nodal
éclat
élimé (section
rétro :
Perec).
[céladon : amant langoureux]
*
Nous sommes en guerre,
Fougue : tu me tends
Le destin contraire
D'un sombre printemps.
Moralité
Noise :
l'élan
revêt
nègre
vide,
épopée
divergente,
vernale
lésion.
*
Hurle une sirène
Mais je reste ici
Et te rassérène
D'un geste adouci.
Moralité
Être
là
et
te
caresser
à
cette
alerte.
*
Ce bus à vingt faces
Accroît tes soucis
Quand tu te tracasses,
Exclu ramassis.
Moralité
Le
tram-là,
icosaédral,
larde
asocial
martel.
*
On a mis
sa gare
Près du Pont du Gard,
Donc c'est la bagarre
Franche à cet égard.
Moralité
Égarée,
Nîmes
si
disséminée
rage.
*
Magique éprouvette
Que m'offrit Satan,
Rends à ma clairette
Sa mousse d'antan.
Moralité
Tube,
regazéifiez
âgé
rebut !
*
Le prophète brique
Ce crustacé mort
Au cours d'eau modique,
Ensuite le mord.
Moralité
Autour,
Élisée
va
lessiver
cela :
l'écrevisse
lavée,
si
le
ru,
ô,
tua.
*
J'achève un cantique
Grave en étalant
Sa tournure antique,
Moi, le Vert Galant.
Moralité
Ému,
en
séminifère
pépère,
finîmes
neume.
*
Les questions qu'on pose
Sont à répéter...
Quelle est cette chose ?
C'est ChatGPT.
Moralité
I.A.
retâterai.
I.A.
réifierai.
*
Ô fumiste, arrête !
Mais as-tu signé
De ta cigarette —
Porte-plume igné ?
Moralité
Eh,
paraphe !
Eh,
cibiche !
Gef_
L'orphelin
[Les sept consonnes les plus fréquentes en français,
SRTNLCD, sont organisées selon un
plan de Fano. Chacune des sept lignes
de la figure correspond à deux alexandrins consécutifs du
poème (de rangs impair puis pair). L'ordre choisi est du
même type qu'en
2020
& 2023,
à savoir NDT / TSC / CRD / DLS / SNR / RTL / LCN,
cf. les pastilles colorées avant chaque distique.
L'une des difficultés est de respecter un schéma de
rimes régulier malgré des graphies différentes.]
El Huérfano
••• Étant
d'un teint de nuit, — atone, — inanitié,
Oint dénué de toit, inondé d'idiotie ;
••• A
cessé tout succès, — et ce couac associé
Suscite cet août cuit où ceci te soucie.
••• Ce
décédé caïd, aide au cadre d'acier,
Cède d'adouci coeur ce cadeau d'Aricie :
••• Le
soleil désolé, l'eau, l'île, ou le doussié
Au dessus du lilas où l'oeil soûl se dessille.
••• Suis
Éros, sire en or, soeur Sourire ou Néron ?...
Rosirai sous sa reine insensée ou Sauron ?
••• Au
trou, la truite trotte et tortille la taille.
Et relier altier le Tartare tritié.
••• Lance
la lancinance en canon licencié :
Ou nuance la nonne ou couine la canaille.
Alessandro Scarlatti
inanitié : mourant de faim
doussié : arbre africain
tritié : contenant du tritium
[Voir aussi ces biconsonantismes de 2019]
Vers palindromes
[Courts palindromes présentés comme les devinettes des
Tablettes du chercheur à la fin du
XIXe siècle. J'y ai respecté la tradition des noms propres
et des vers isométriques. Les solutions s'affichent quand
on passe sa souris sous la ligne de
X répétés.]
Tu balances ton porc, hystérique frangine :
Même en science-fiction, tu connus un auteur
Certes de grand talent mais qui fut tripoteur.
XX XXX, XX XXXXX XXXXXX, XXXXXXX.
En
ire, tu vomis Asimov, utérine.
(alexandrin okapi)
*
Quand cocos et cathos italiens le critiquent,
Le solitaire auteur le prend pour un échec.
Il fumera beaucoup pendant qu'ils polémiquent :
XXXXXX XXXXXX XXXX XXXXXX XXX.
Cesare
Pavese lésé vapera sec.
(alexandrin okapi)
*
Ce physicien prétend que de multiples mondes
Coexistent dans leur quantique absurdité
Chaque fois qu'un esprit obserbe un paquet d'ondes
XX XXXX, XXXXXXX XX XXXX XXXXXX.
Et idem, Everett te rêve médité.
*
Surréaliste en chef mon cul ! râle Zazie.
Ton scribouillard, mon pote, est un raté blanc-bec.
Une rame au sous-sol confirme l'hérésie :
XX XXXXX XX XXXXX XXXXXX XXXXXX, XXX.
Ce métro va noter Breton avorté, mec.
*
Un dadaïste un jour tenait une pancarte
Poussant à se conduire en avare rongeur.
Jacques Georges, piteux, ne fut ce tapageur :
« XX XXX, XX XXXXXX », XX XXXXX XXXXXX, XXXXX.
« Et rat, tu agiras », ne pensa Rigaut, tarte.
*
Le premier roi numide a choisi de se battre
Non dans quelque désert mais un lieu de gala,
Un cirque, un hippodrome ou cet amphithéâtre :
X X'XXXXX XXXXXXXXXX XXXXXX, XX.
(dodécasyllabe non césuré)
À
l'arène Massinissa mènera, là.
Variante en quinze syllabes (leu = loup) :
Leu de l'arène, Massinissa mènera le duel.
*
L'oratrice obtint une enceinte honnête
Pour réconforter l'argentin public,
XX XXXXXX, XXX XXXXX XXX (XXX)
Et
tentée, Eva Perón osa (sic)
XXX XX XXXX XXXXXXX XX XXXXX.
Ici
sa sono repavée et nette.
(les deux derniers vers constituent
ensemble un seul palindrome)
*
En commentant cet auteur satirique
Contemporain de Jeanne d'Arc, on a
Choqué le monde orthodoxe et classique :
XXXXXX, XX XX XXXX XXXXXXX.
Annoté, de La Sale détonna.
*
Lorsqu'un jour ce révolutionnaire
De pastis et d'ouzo s'avina,
Il devint soudain pleure-misère :
XXXXX, XXXXXX XXXXXX.
Anisé, Lénine lésina.
(ennéasyllabe okapi césuré 3/6)
*
Quand il affronte une flopée
De brigands mexicains, fissa
De la pointe de son épée,
XXXXXX, XXXXX XXXXX XX.
Acerbe, Zorro zèbre ça.
*
Lorsqu'à l'Academy française
Entra le grand Jules Romains
En milleu neuf cent trente-seize,
Certains en vinrent presque aux mains :
À ces cons en trop dans la foule
Des immortels, ça n'a pas plu.
« Non, X'XXXXXX X'X-X-XX XXX ?
« , l'ignare l'a-t-on élu ?
X XXXXXX XX XXXXXXXXX ! »,
Ô girafe de Farigoule ! »,
XXXX XX XXXX XX
Nota le rang IL
Qui dépassait jusqu'au Pont Neuf.
(toute la suite de X
ne constitue qu'un seul palindrome)
*
Ce romancier mérite
Legs, prix Nobel, fierté,
Mais dort décontracté :
XXXXX, XXXXX XXXXXX.
Étiré, Hesse hérite.
*
Ce délirant artiste
Aimait sa caméra,
Mais d'un geste anarchiste,
XXXXXXX XX XXXXX.
Arrabal la barra.
*
Quand on reproduit ses portraits, ce poète se sent coté.
XX XX XXXX XXX XXXXXX : X.X. XXXXX X'XXXXXX XXXX.
(hexadécasyllabe non césuré)
Et
on émit ses toiles : T.S. Eliot s'estime noté.
P.S. du 1/2/24, sans devinette
car ce quatrain emploie un vocabulaire peu courant —
outre des rimes toutes masculines. Les deux derniers vers
forment un seul palindrome.
Chez nous gringotte un neuf mais lent guignol
Qui descendrait du pape Léon X :
Longis
sorti d'énième
Médicis,
Ici
de
même inédit
rossignol.
gringotter : chanter comme un rossignol
Léon X : Jean de Médicis
longis : homme qui agit lentement
P.P.S. du 3/2/24 : vers de pur rien (avec rimes en avion)
Hugo puis
Mallarmé prélèvent des phonèmes
En faible quantité de l'archéoptéryx
Afin d'y découvrir l'inspiration du ptyx,
Sème
opportunément
né
menu (trop) :
poèmes !
P.3S. du 4/2/24
Mural,
Aragon
au
guano
gara
l'arum :
Là
renégat
réséda,
L-
[L]es
opales,
ô
snob
rose,
Résorbons :
ose
la
pose !
Là
déserta
général.
[Notez la rime enjambée du premier heptasyllabe, pratiquée par L.A. soi-même.]
P.4S. du 6/2/24 : palindromes adverbiaux, dans l'état d'esprit des vers de pur rien ci-dessus
J'ai demandé que Tjens donne un coup de baguette
Pour ponctuer chacun des « hip hip hip, hourra ! »
Mais la police a fait une contre-requête :
Arno
servilement
ne
me
livre
son
ra.
La chanteuse, aimant tout de façon équitable,
Jouait baroque and roll sur son ukulélé,
Mais le hip-hop sucré n'était pas acceptable :
Elle,
impartialement,
ne
mêlait
rap
miellé.
En face des votants, cet orateur patraque
Étouffa le renvoi qu'un repas surgelé
Avait occasionné : pour sauver la baraque
Électoralement
ne
mêla
rot
celé.
Il m'a fallu parfois réprouver sa conduite
Car jurait en patois ce rustique marmot.
Certes je l'ai puni, mais je voulais qu'ensuite
Tom
dialectalement
ne
mêlât
ce
laid
mot.
En cachant un proton à l'étrange chimiste
Qui se crut africain (c'était sa décision),
Je sus l'embobiner : cet anticonformiste
Noir
électivement
ne
me
vit
celer
ion.
J'ai tant d'appréhension qu'un ver solitaire entre
En moi, que je m'ausculte avec soin : il n'y a
Pour l'instant nul symptôme en mes torse, bas ventre,
Aine :
attentivement
ne
me
vit
net
taenia.
Je consulte un copain thérapeute en urgence,
Mais strict, il me répond ne rien voir d'anormal,
Car même quand il dort, il est sans indulgence :
L'ami
sévèrement
ne
me
rêve
si
mal.
Rigoureux,
Guy Lelong songe qu'un pied de vigne
Est moins inattendu que le rien du mistral,
Et quand Gérard Grisey l'imagine, il souligne :
L'art-cep
sévèrement
ne
me
rêve
spectral.
Le palindrome sait que cet oeil britannique
Le parcourt sans comprendre — à l'instar d'un
loris
Dont l'ahurissement est presque tétanique :
« Sir,
inutilement
ne
me
lit
un
iris. »
Le paresseux m'a vu mais il reste de marbre :
Se fondre dans le flegme est pour lui primordial.
Pourtant il est flagrant trop au milieu de l'arbre :
L'aï
démesurément
ne
me
ruse,
médial.
P.5S. du 7/2/24 : autres palindromes adverbiaux, cette fois en évitant les finales en -ment
L'immense inanité d'un petit conifère
Le révolta peut-être, et cela le guida
Dans un ventre fécond pour un cocon y faire :
Ad
infinitum
nul,
un
mutin
if
nida.
Fitzgerald a chanté pour réchauffer l'ambiance
Lorsqu'elle a hérité d'un grand domaine grec.
Il fallait, dans ce fief sans nulle redevance —
C'est-à-dire
d'alleu,
qu'Ella
déridât
sec.
Traverser la rivière avec ma mobylette
Va rendre ce costume et ce manteau fangeux,
Car ne voir presque rien met leur étoffe en jeux,
Et
tel
gué
va
là
sale,
hélas
à
l'aveuglette.
Ce soldat congolais a ri
De son grade en franglais oral :
Lari,
manu
militari,
Dira-t-il « I'm
un
amiral » ?
L'Italien, toujours à se plaindre,
Fut emporté par le cylindre :
La
roto
gira
le
rital
À
tire-larigot
oral.
[Au passage, Louise de Vilmorin avait composé le désormais classique « Eh ! ça va, la vache ? » Une micro-variation employant un adverbe populaire peut le transformer en slogan anti-drogue : « Eh, ça came macache ! » On peut aussi le prolonger pour souligner que même les bovins s'inquiètent des plantes aquatiques : « Eh, ça va, l'algue ? », meugla la vache.]
P.6S. du 11/2/24
La vitesse distend mon durillon local :
La
célérité
là
mal
étire
le
cal.
[Variante un peu plus longue mais moins bien césurée :
La
célérité,
trop
sport,
étire
le
cal.]
Ma progression nickel surclasse ton coup sec :
Ce
mi-métal
essor
rosse
l'atémi,
mec.
Il fagota sa graisse en un slip de coton.
Noter :
ce
calecif
ficela
ce
creton.
creton : morceau de graisse
L'esprit vogue sans eau dans cet examen bel,
Les
élégances-tests,
et
sec,
nage
le
sel.
Quel âcre con choisit l'actif et porno gus ?
Suret,
un
utile
X
élit
un
utérus.
Les gars, sachez qu'à poil, ce modèle est sans frein.
Nières,
une
leçon :
noce
le
nu,
serein.
nière : mec
La cocotte au proxo cacha ce corps charnu :
Une
cato,
mac
sec,
escamota
ce
nu.
cato : prostituée
mac : proxénète
Au contrôle d'Éros, le fisc n'est pas tenu :
Une
cédule
nie,
hein,
élude
ce
nu.
cédule : catégorie de revenus
La contrainte éclairée un champagne aviva :
Averti,
le
carcan
nacra
ce
litre,
va.
L'olifant joue en do, l'embouchure s'égare :
Erra
ce
bec,
ah !
corne
enrocha
ce
bécarre.
Nettoyer la murène,
N'est-ce beau comme iris ?
Si,
l'écailleur
amène
Ma
ruellia,
ce
lis.
écailleur : ustensile pour nettoyer le poisson
iris,
ruellia
& lis : fleurs
P.7S. du 14/2/24
Peinait la Muse inverse en un cafard spectral :
L'art
sua,
noir
et
las,
p'tit
psaltérion
austral.
[Je me suis souvenu a posteriori que Perec emploie
le mot « psaltérion » dans son Grand Palindrome :
« L' (eh,
ça !)
hydromel
à
ri,
psaltérion.
Errée...
erre,
noir,
et
la
spirale
mord,
y
hache
l'... »
Mais mon vers n'est quand même pas tout à fait
identique.]
Pour effacer un corps, le vitriol excelle :
Électromédical,
tôt
l'acide
mort
cèle.
[De nouveau, les inversions « l'acide
médical » et
« électrom... /
mort
celé » sont déjà
bien
connues.]
Que cette fleur envoûte un légume, on le prône :
Ensorceler,
ô
belle
hellébore,
le
crosne !
[Une troisième fois, l'inversion « crosne
ensorc(elé) »
a déjà été trouvée depuis
belle lurette, et
le Grand Palindrome de GP contient aussi
« Oh,
arobe
d'ellébore (...)
zéro,
belle
Deborah,
ô ».]
Sait-on si
Montagnier vainquit la thèse
oviste
Et
si
Luc
lamina
là
l'animalculiste ?
Sait-on si tout est l'oeuvre ad hoc d'un lent styliste
Et
si
l'aï-ci
fit
rap
artificialiste ?
[avec comme il se doit
l'aï en deux syllabes, contrairement à
la synérèse abusive que j'ai osée plus
haut]
Quand la fronde se tait, sourd la droite extrémiste,
Et
si
là
n'oit
anar,
vivra
nationaliste.
P.8S. du 19/2/24 :
méthode pour construire un sonnet palindrome vaseux.
0/ Avoir la crève.
1/ Lister tous les alexandrins palindromes qu'on a déjà pondus soi-même.
2/ En choisir environ quatorze qui pourraient donner un schéma de
rimes régulier.
S'il n'y en a pas assez, il suffira d'en composer de nouveaux.
3/ Les organiser selon ces rimes, puis inverser
l'ordre des premiers hémistiches : celui
du premier vers passe au quatorzième,
celui du deuxième passe au treizième, etc.
4/ Modifier tous les milieux d'alexandrins
pour respecter à la fois le mètre et la
symétrie palindrome.
5/ Choisir une ponctuation faisant croire à un sens
vaguement plus suivi qu'il ne l'est.
Ce
métro
va
lier
à
psaltérion
austral
Señor
drap,
eh
cercueil !
Ara
nationaliste,
César,
épave,
tôt
ne
me
rêve
si
mal :
Ensorceler,
ô
belle,
hep !
artificialiste.
Elle,
impartialement,
ne
me
ruse.
Médial
Électoralement
enlie,
ô
l'engagiste.
Et
si
Luc
lamina
l'oeil,
étire
le
cal,
La
célérité
lie,
ô
l'animalculiste.
Et
si
gagne
l'oeil
net,
ne
mêla
rot
celé :
L'aï
démesurément
ne
mêlait
rap
miellé.
Et
si
l'aï-ci
fit
râpe,
hellébore,
le
crosne ?...
L'ami
sévèrement
ôté
vapera
sec,
Et
si
là
n'oit
anar
à
lieu
crêché
par
drones,
L'art
sua,
noir
et
las,
pareil
avorté,
mec.
Grannet
amincissable
[selon le schéma logique ABCDA / EFGBE / HICFH / JDGIJ
que j'avais choisi en juin 2000,
mais cette fois en respectant l'alternance des rimes.
Si l'on y supprime tous les vers répétés, on obtient
le dizain de la colonne de droite]
S'il me faut composer une ode Pour passer le temps, je noircis Des lignes de vers épaissis — Repris selon leur pérïode S'il me faut composer une ode. Ce cadre alors je le durcis, Car en respectant ma méthode, La volubilité s'érode : Pour passer le temps je noircis Ce cadre, alors je le durcis. Toute rengaine se démode Et c'est pourquoi je raccourcis Des lignes de vers épaissis, Car en respectant ma méthode Toute rengaine se démode. Pour finir ces couplets concis Repris selon leur pérïode, La volubilité s'érode ; Et c'est pourquoi je raccourcis, Pour finir, ces couplets concis. |
S'il me faut composer une ode Pour passer le temps, je noircis Des lignes de vers épaissis Repris selon leur pérïode. Ce cadre alors je le durcis, Car en respectant ma méthode, La volubilité s'érode. Toute rengaine se démode Et c'est pourquoi je raccourcis, Pour finir, ces couplets concis. |
P.S. du 1/2/24 : grannet d'hexasyllabes en sept huitains (6×7×8). Les vers répétés sont choisis les plus éloignés possible (comme en juin 2000 ou dans mes grannets musicaux de 2017). En y supprimant tous les vers répétés, c.-à-d. les n derniers de la n-ième strophe, on obtient le sonnet birime banvillien (= de Peletier) de la colonne de droite, avec également des rimes aux césures.
Le thème est répété Maintes fois par principe Car cela participe À notre ébriété. Tout le monde anticipe Un refrain entêté : Pour que l'on s'émancipe, Le thème est répété. Où que l'on se dissipe, Au gala décrété Comme au bal de l'équipe, Débordons de gaîté. Puis sans sobriété, Mangeons à satiété Maintes fois par principe, Ou que l'on se dissipe ! Ce chant de variété Nous est interprété Tel un stéréotype. Si le rêve se fripe, On s'en trouve hébété, Car cela participe Au gala décrété, Ce chant de variété. Le bonheur qu'on agrippe Encore est souhaité : Ô temps, sois arrêté ! C'est pour cela qu'on flippe À notre ébriété, Comme au bal de l'équipe Nous est interprété Le bonheur qu'on agrippe. Le moment où l'on ripe, Impromptu complété, Reste aussi regretté. Tout le monde anticipe : Débordons de gaîté Tel un stéréotype ! Encore est souhaité Le moment où l'on ripe. Partons au casse-pipe Pour que l'on nous étripe Un refrain entêté. Puis sans sobriété, Si le rêve se fripe, Ô temps, sois arrêté ! Impromptu complété, Partons au casse-pipe. Enfin par vers fêté Pour que l'on s'émancipe, Mangeons à satiété. On s'en trouve hébété. C'est pour cela qu'on flippe, Reste aussi regretté — Pour que l'on nous étripe, Enfin par vers fêté. |
Le thème est répété maintes fois par principe Car cela participe à notre ébriété. Tout le monde anticipe un refrain entêté Pour que l'on s'émancipe ou que l'on se dissipe. Au gala décrété comme au bal de l'équipe, Débordons de gaîté, puis sans sobriété Mangeons à satiété. Ce chant de variété Nous est interprété tel un stéréotype. Si le rêve se fripe, on s'en trouve hébété : Le bonheur qu'on agrippe encore est souhaité. Ô temps, sois arrêté ! C'est pour cela qu'on flippe. Le moment où l'on ripe, impromptu complété, Reste aussi regretté : partons au casse-pipe Pour que l'on nous étripe, enfin par vers fêté. |
Grandette balladine
La grande ballade médiévale compte trois dizains de décasyllabes
de schéma AbAbbCCdCd, plus un envoi de cinq vers CCdCd. Réduisons
ces caractéristiques : strophe → verset, hémistiche → mot,
syllabe → lettre. Chaque décasyllabe devient donc une suite de
deux mots de quatre puis six lettres, la dernière jouant le rôle
de rime — par exemple un E si elle est féminine. [En principe,
ni le nombre de syllabes ni les sons finals n'importent dans
cette forme réduite, mais je n'ai pas résisté ci-dessous à
conserver tout de même ces propriétés classiques en plus de leurs
réductions.] Les vers refrains terminant les strophes deviennent
maintenant deux mêmes mots repris à la fin de chaque verset.
Le traditionnel « Prince » démarrant l'envoi peut devenir en
quatre lettres un « Chef » ou un « Émir », ci-dessous « Dieu ».
Plan timide pour tester vers rapide, puis poster sans rester
trop tacite : quel licite seul chemin nous invite ? Mais demain ?
Joug rigide peut dicter, bref décide quoi pister donc lister :
leur orbite ivre hérite vrai jasmin, cool pépite. Mais demain ?
Sois lucide : sors quêter luth solide ; pars conter, feux tenter...
Muse, incite voix petite ! Fard carmin, elle excite, mais demain
Dieu limite rime écrite. Tout humain lors hésite : mais demain ?
P.S. du lendemain : petiote balladine, c.-à-d. petite ballade, 3 × aBaBBcBc + envoi BcBc, réduite de façon similaire (strophe → verset, vers → mot, syllabe → lettre). Tous les mots comptent donc huit lettres. Cette fois, j'ai choisi de ne pas terminer chaque verset par le même mot-refrain.
Jaillira Caroline, nourrira magazine :
baratine boniment ? ratatine argument ?
Fournira vitamine, choisira dopamine ?
Dodeline, purement féminine, sagement ?
Inscrira, cabotine ; fleurira, galopine :
entérine sûrement sonatine — rudiment.
Baladine, joliment illumine agrément !
Chanson des rues
[L'association Zazie Mode d'Emploi a proposé à
la liste oulipo de récrire
ce poème de
François Caradec en respectant les
contraintes que l'on veut. Voici quelques variations
personnelles.]
Si rue est la bonne,
Le rush y case art :
S'y ruer ! L'abonne
L'heureux chic hasard.
Là, d'octave nue,
Chantez le mambo,
La docte avenue,
Champ tellement beau.
[sélénet
holorime]
*
En sortant de notre masure
Sans nous imposer de programme
Chantons cette ville chérie
Il ne sert à rien de choisir
Les chemins que nous parcourûmes
Bifurquons quand ça nous plaira
Laissons décider le hasard
C'est ainsi que nos refrains riment
Les anciens quartiers et les rues
[terine berrychonne]
*
Mes airs des rues à Paris triste
Prenez une rue au choix tard
en sortant de chez soi cette voie est plus drôle
ceci n'est pas un fruit de l'art
à Paris la plus belle inspire un air qu'on miaule.
Tout chemin rime bien ainsi
et chacun sera mis en refrains qu'on colporte
tous les cours nous ont dit merci
oui merci de ce chant qui peint la ville morte.
[La transcription du titre en morse donne -- . ... / .- .. .-. ... / -.. . ... / .-. ..- . ... / .--.- / .--. .- .-. .. ... / - .-. .. ... - . qui fournit le schéma syllabique du poème, chaque point donnant un monosyllabe, chaque tiret un dissyllabe.]
*
Prends une rue au hasard
Sortant de chez toi la première est la bonne
Ici la plus belle est celle qu'on fredonne
N'y vois un effet de l'art
Chaque route rime ainsi
On en fait des airs qu'on chante dans les rues
Chaque route dit merci
Merci de chanter les villes disparues
(D'après Caradec François
Poème « Chanson des rues »
Recueil « Le brouillard urbain que je perçois »)
[Métatog 7+11+11 + 7+7 + 11+7 + 11+7+7+11 : hog dont le total de syllabes des t premiers vers est toujours premier, quel que soit le nombre t impair. Ça reste un hog quand on le tronque à l'un des sauts de strophe.]
*
Chant des rues
Pied,
Toute
Route
Sied.
Goûte
Sans
Doute
Chants.
Dîmes
Rimes.
La
Ville
File
Là.
[monnet, c'est-à-dire sonnet de monosyllabes]
*
Chanson pour chiens des rues
Au pif vers herbe ou boulevards,
n'errant en plan chez soi, la fatigue élut ronde
qu'inspire la Muse — ô ses arts ! —
plutôt belle à Paris pour qu'une harpe on ponde.
Car à mêler sylphide au front,
maint refrain tinte, impro d'oiseaux, remède aux rues :
tous nous piaillent et m'y loueront
place idoine au chic roble en la cité courue.
[Poème pour chiens (invention de François Caradec) : des noms de chiens célèbres ou courants sont sous-entendus phonétiquement dans chaque vers, à savoir dans l'ordre Pif, Boubou(l)e, Rantanplan, Gai-Luron, Muzo, César, Pluto, Belle, Pompon, Caramel, Fido, Rintintin, Azor, Médor, Snoopy, Milou, Placid, Croc-Blanc et Lassie.]
*
Chaire des queues
Chaise des queux
Chaleur des raies
Chambre des RAM
Chance des roies
Channe des roues
Chanson des rues
Poudrez une rouille au harpail
Pouillez une roupe au harpeau
Pourprez une rousse au harpin
Poussez une rouste au harpon
Poutsez une route au harrier
Prêchez une ruche au harviau
Prenez une rue au hasard
en solvant de hors toi la précieuse est la blanche
en sombrant de par vous la précise est la blèche
en sommant de pour eux la précoce est la blême
en sondant de sous lui la précuite est la blèse
en songeant de sur moi la préfixe est la blette
en sonnant de vers nous la prégnante est la blonde
en sortant de chez soi la première est la bonne
ce n'est pas un écrou de l'air
ce n'est pas un écu de l'ais
ce n'est pas un écueil de l'an
ce n'est pas un édam de l'août
ce n'est pas un éden de l'arc
ce n'est pas un édit de l'ars
ce n'est pas un effet de l'art
la jà barbe à Pardeux est celle qu'on fragmente
la moins barje à Pareds est celle qu'on fraîchit
la moult basse à Pareid est celle qu'on framboise
la non bath à Parence est celle qu'on franchit
la pas beige à Parent est celle qu'on franchise
la peu belge à Pargnan est celle qu'on francise
la plus belle à Paris est celle qu'on fredonne.
Toutes les queues rauquent topless
Toutes les queux règnent toujours
Toutes les raies renflent vraiment
Toutes les RAM rentrent vulgo
Toutes les roies restent adonc
Toutes les roues rêvent ailleurs
Toutes les rues riment ainsi
on en coud des refaits qu'on cercle par les queues
on en craint des refends qu'on cerne pour les queux
on en croit des refils qu'on cesse sous les raies
on en cuit des reflets qu'on chable sur les RAM
on en dit des reflex qu'on chaîne vers les roies
on en doit des reflux qu'on change chez les roues
on en fait des refrains qu'on chante dans les rues
toutes les queues dealent menton
toutes les queux diaprent mentor
toutes les raies dictent menu
toutes les RAM dièsent méplat
toutes les roies diguent mépris
toutes les roues dîment merbau
toutes les rues disent merci
menton d'avoir cerclé la vieille démanchée
mentor d'avoir cerné la vielle demeurée
menu d'avoir cessé la vierge déramée
méplat d'avoir chablé la vigne dérayée
mépris d'avoir chaîné la vigueur dérivée
merbau d'avoir changé la villa devisée
merci d'avoir chanté la ville disparue.
[merluche Brussolo
mérule Bukowski
merveille Buzzati
merzlota Calderón
mésange Calvino
mesure Canesi
méthode Caradec
avec des X+1 fonctionnels à la Queneau
au lieu des S+7 originels de Lescure]
*
Ému
poème pour tous les itinéraires
Prends donc quelque route au hasard
la première déjà s'avèrera la bonne
non point le moindre effet de l'art
sa somptuosité céans on la fredonne
Maints vieux chemins rimaient ainsi
en un vocalisé refrain parmi la rue
maints vieux chemins disaient merci
merci d'avoir loué la cité disparue
[isocélisme en vers hétérométriques]
*
Écheveau des rues
Comment choisit le banlieusard ?
D'hab, hasard.
Quelle est la route qu'il fredonne ?
Mettrons « bonne ».
Que riment les autres ainsi ?
Ah merci !
Car dans la ville disparue
Sa mélancolie a grossi
Et son chant cuivré tonitrue —
Bazar, mais trombone amer, si.
*
Bricolez vite « on en fait des refrains »
pour citer « en des gwokas joyeux » : on sait
que l'humble pangramme échafaudé lui est vital.
(Vague luthiste, remplacez « on en fait des refrains »
par « en des gwokas joyeux » afin d'obtenir
ce chimérique total vu, miel absolu !)
[panscrabblogramme avec les initiales
FC comme jokers, décrivant une
pangrammisation
minimaliste à la
Chevrier]
*
Les desseins du raifort Vantez ce bourricot à visée ahurie. Nous quittions l'estimé benêt quand nous offrit La laitière un grand coeur, comme une centurie De soldats épuisés, et dans l'état d'esprit D'un lointain descendant de la vierge furie D'Orléans, dessinant des anges dont on rit. Ce flamand gode anal fut la mise mûrie D'un Breton dévêtu quand sa chanson reprit. Le plomb chinois létal peut-être on glorifie. Des squelette et disette encore on se méfie Quand les fonds transformés ont perdu le motif Gauche des cumulus, déchiffrant la graphie Des lettres d'un Germain, décent ciseau chétif Effaçant tout gambiste en sa blême atrophie. |
Cranson (ses vues) Prônez âne, vue du hagard. On sortait du cher sot : ma crémière eut sa bonté de l'ost las en Effel (né d'Arc). Le plug belge y parie : pst ! celte nu, oh fredonna. Doutes des tués aiment Xinsi, os et faim, les re-crains où or change, sans ces vues tortes des nues, lisent Merck. Merck, l'ovoir chaste, ta viole disparut. |
[L'obscur sonnet de la colonne de gauche, aux rimes en -i, est la traduction du texte de celle de droite, modifiant une et une seule lettre de chaque mot du poème de Caradec (paronymes).]
*
Un jour un poète à Paris
Tentant d'incertains safaris
Se perd dans des rues
Aux moeurs incongrues
Dès lors ses talents sont taris
[limerick]
*
Leitmotiv de l'asphalte
Optez pour un trajet au sort
s'extirpant du logis le choix princeps est juste
il n'exige guère d'effort
c'est l'exquis qu'à Lutèce on gringotte et déguste.
Moult voie en hymnes a migré
en jingles qu'on fourbit sans nulle paralipse
chaque chemin nous en sait gré
rend grâces d'exalter l'oppidum qui s'éclipse.
[Contrainte « Canada Dry » (promue par François Caradec) : ça a la sonorité d'une contrainte dure, ça a la lourdeur d'une contrainte dure, mais ce n'est pas une contrainte dure.]
*
Juge l'O.K. rue illico :
Si de chez toi tu sors, au premier trajet pense.
Vive un pop style off ou rock, oh !
Imagine à Paris l'asphalte qu'on nuance.
Vos cours font du chahut béat :
Arrive un air depuis aboyé dans l'impasse.
Or nul vif jogging ne va froid.
Brame l'ad hoc cité que notre siècle efface !
[Les deux quatrains sont indépendamment des hétérodigrammes, c.-à-d. ne réutilisent aucune paire de lettres successives, même entre mots et vers.]
*
Chanson si s'interrompit maxi-métropole
La loi simple ois : aime ton monde !
Pars, sors d'ici, ce choix transcrit tes volontés.
L'art point sied, n'oint vaine Joconde.
Chanson t'inspirent toits, Paris, et sont contés.
La voirie oira rime, ô comme
À colibris enjoint — antiennes l'on commet.
La voirie oit : Affligeons l'homme,
S'abolit ville dont il sait gré son sommet.
[Chaque ligne emploie dans l'ordre les mêmes treize voyelles que l'« Aboli bibelot d'inanité sonore » de Mallarmé, bien que les vers alternent octosyllabes & alexandrins.]
*
Intransitivité des rues
Choisis sans être furibard
une rue : en sortant, la première est la bonne.
Est-ce indigne de Léonard
si l'on trouve plus beau ce que rien ne jalonne ?
Tous les chemins riment ainsi —
on en fait des refrains dont notre âme est férue.
Chaque boulevard obscurci
nous sait gré de chanter l'aire réapparue.
[Les mots-rimes
de chaque strophe et de l'ensemble forment des
cycles d'inégalités
intransitives,
par exemple : furibard > bonne > ... > réapparue > furibard.]
P.S. du 18/10/24 :
solénet,
c.-à-d. sélénet
dont les deux strophes sont des
sonymes
(quatrains dont les vers comptent successivement
4, 4, 3 et 3 mots)
Prends donc une rue
Tout peut se tenter
Est-elle incongrue
Ose la chanter
Car les chemins riment
En des airs datés
Leurs grâces expriment
D'anciennes cités
Caradec & Carret : dés
[S'inspirant du
même poème de Caradec que ci-dessus,
Alexandre Carret a proposé une
exploration poétique aléatoire
& collective des rues de Paris. Mon propre tirage
m'a fait tourner à gauche dans la
rue des Deux Ponts au moment où Alexandre
partait à droite sur le pont Marie. Voici le quatrain holorime
que cette rue m'a inspiré.]
Faute, ô ma tombola !
Se court rue des Deux Ponts
L'heureux flair, ami fier, amant tors à la Muse.
Photomaton beau là, secouru d'aide, ponds
Le reflet ramifié ramant. Or, ça l'amuse.
P.S. du 7/3/24 (à 0h pile), jour où les dés d'Alexandre ont choisi d'avancer de quelques pas dans la rue des Nonnains d'Hyères
Célébrons, en passant la rue des Nonnains d'Hyères,
Les quatre-vingt-huit ans du grand Georges Perec,
Sans oublier, pourtant sans fiertés cocardières,
Qu'Estelle Souche est née au même jour — tie-break !
(Car c'est elle en effet qui créa notre liste
Avec David Monniaux et Philippe Bruhat
Selon l'état d'esprit volontiers formaliste
Du Lionnais : il fallait que chacun s'y ruât.)
Contraintes de théorie des graphes appliquées à des paires de lettres
Rimes
voilées décroissantes
[Chaque vers sous-entend la dernière syllabe du précédent, comme
s'il s'agissait de rimes plates de vers isométriques. Le mètre
diminue donc progressivement, de quatorze à une seule syllabe.
Passez votre souris sur le poème pour afficher les homophonies
sous-entendues — parfois proches d'holorimes.]
El Descartado (Le Diminué) Je suis le ténébreux, le prince à la tour abolie, Gloire mortelle et luth au renom s'assoupissant. Toi qui m'as apaisé soucis, pietà jolie, Rends-moi la treille où tant l'ana tu ressens, Le mont napolitain que des commères Fleurissent de rosiers, et l'effet Vague enfin qui vaut mille amères Nuits quand mon coeur plaintif est. Suis-je un avatar, d'ores ? Effleurant maman Assez, tu dores L'aliment Qu'on fore, Laure. |
[Gloire morte, et l'élu tôt renonça, sous pissenlits.] [Toi qui m'as apaisé, sous six pieds ta geôle issant,] [Rends-moi la treille où tant la nature s'enlie,] [Le mont napolitain que des commerçants] [Fleurissent de rosiers, et l'éphémère] [Vague enfin qu'y vomit la mer. Fait] [Nuit, quand mon coeur plaintif aime ère.] [Suis-je un avatar d'Orphée] [Effleurant ma mandore ?] [As, es-tu dormant ?] [La limande or] [Conforme en] [L'aurore.] |
[Voir aussi cette excellente réécriture de la Chanson des rues de Caradec par Daniel Fabre, et ce poème d'Alexandre Carret selon la même structure que ci-dessus]
P.S. du 7/4/24 : au lieu de ne sous-entendre que la rime précédente, chaque vers sous-entend maintenant toutes celles qui le précèdent. Le nième vers voile donc ses n–1 dernières syllabes. Passez votre souris sur les quatrains pour afficher les homophonies sous-entendues.
Maria
Casarès aux troquets Son
confesseur l'admonesta |
Maria Casarès aux troquets Son confesseur l'admonesta |
Autre idée : diminuer le premier mot-rime d'une syllabe à chaque vers mais sans rien sous-entendre. Voici un exemple reprenant le verbe final du premier quatrain ci-dessus.
Le prêtre a communiqué :
Si le juge communie,
Ta peine sera commue
En simple prison & co.
[Voir aussi ces réponses d'Alexandre Carret]
Sonnet abécédaire
[Les acronymes de l'alphabet,
appelés
abécédaires,
sont récemment revenus à la mode sur la
liste oulipo.
Après
nos
abécédaires
rimés
de 2007 – 2009, cela m'a donné envie de tenter
un sonnet régulier.]
Avec bienveillance,
Ce durcissement
Étend flamboyance
Généralement.
Héritage immense
Jésuitiquement
Kife luminance,
Mange nutriment.
Oulipiennes pages,
Quels rafistolages
Se travailleront ?
Une véridique
Weltanschauung xérique :
Yeux zigzagueront.
[Voir aussi cette réponse d'Alexandre Carret]
Participation aux
« tripalins »
d'Éric Angelini
[listes
palindromes
de trois noms
présentées
comme
des
rébus. Les longueurs des noms ou groupes
nominaux sont indiquées entre parenthèses. Ci-dessous, je
commence par un « dipalin », c.-à-d. deux substantifs seulement,
et je termine par un « heptapalin », étendu in fine à trente noms
d'animaux, c.-à-d. un « triacontapalin ». Les cinq premiers sont
monovocaliques en E, et les quatre suivants respectent « la
rigidité de l'okapi » (alternance consonne-voyelle). Certains
sont difficiles, car ils emploient des mots volontairement longs,
donc voici les solutions
retournées si vous y tenez.]
P.S. : Ces trois rébus
palindromes dévient des règles d'Éric Angelini
et sont
indéchiffrables, donc j'en donne immédiatement les solutions.
P.P.S. : deux triplets
de toponymes, le premier citant les 18 lettres
d'un village sri-lankais, le second atteignant
une somme de 35 lettres.
[Voir ce message adressé à la liste oulipo pour deux variantes du second, respectivement monovocalique en A et selon la rigidité de l'okapi, puis trois autres solutions un peu plus courtes. Voir aussi mes précédentes listes palindromes de toponymes.]
P.3S.
des 9 au 12/5/24 : Dans le même genre visuel j'ai proposé la notion de
fanom : un plan
de Fano de digrammes illustrant sept substantifs. C'est
extrêmement contraint, donc difficile à construire, mais d'autant
plus facile à résoudre. En voici deux
exemples.
Dans ces
deux
messages adressés à la
liste oulipo, j'ai posté une bonne vingtaine
de nouveaux tripalins employant au moins un mot long (entre 8 et
15 lettres) et très difficiles à résoudre. Voici juste le nom
de 15 lettres :
J'ai repéré à cette occasion qu'une locution nominale figée de 24 lettres peut être inversée pour former un palindrome. Bien qu'elle emploie plusieurs mots, elle dépasse donc mon précédent record citant un mot de 19 lettres.
Le pirate en un songe a trouvé l'or princier
Donc il n'écoute aucun marchand de plan grossier.
Moralité
N'oit,
agi
Vane,
de
carte
de
tracé
de
navigation.
[Le Grand Robert précise
qu'en philosophie, « être agi » signifie subir une
influence par laquelle le comportement que l'on a est
entièrement motivé.]
Hommage à la très sensible oulipote Annie Hupé, pour son anniversaire
Abécédaires syllabiques
[Louis Couturier a
proposé à la
liste oulipo une variante
des
abécédaires, où les 26 lettres de l'alphabet
ne démarrent plus les mots mais les syllabes successives.
En voici trois de ma plume, sans hiatus entre les mots ni E
caducs entre voyelle & consonne. Le second en argot est en
fait aussi un abécédaire classique, car il n'emploie que des
monosyllabes. Les deux autres évitent les liaisons avant les
voyelles de l'abécédaire, comme Louis le recommande. Le dernier
tente d'employer le plus de mots possible, ici 34.]
Conseils vestimentaires
À brocardée en fringue
(« Haïk
junk, eh ! »), l'âme
néo-piqûreuse
trie un vrai
wax : « Ayez-en ! »
Obsession d'un colistier
À bout, ce dard en feu
Gab hait-il ? Je
ken la
meuf
nue, ô
pouf
qui rit sur ton
urf
vit.
Wow,
X y
zieute !
Quels oiseaux clament leur bonheur
De posséder l'arbre ou la fleur ?
Que tes grands flots, rétro nature,
Érodent port et nef obscure !
Au bruit, c'est d'oie et
fou geai :
« Haie, if, ... j'ai. Kitch, l'on
m'oit. » N'aie
oh ! pas qu'un ru : s'y troue
un vieux wharf,
xir yacht, zou !
Quenine littérale
[Alexandre Carret a
relancé
la très dure contrainte des
gidouilles littérales sur la
liste oulipo (proche des
impers pers de novembre
dernier), et Rémi Schulz en a proposé une
élégante présentation.
Ci-dessous, j'ai tenté une 35-ine littérale
mettant en scène le biblique roi
Nemrod (cher
à Bernardo Schiavetta), auquel
Dante attribue une langue incompréhensible
— cette fois engendrée par la permutation de Queneau-Daniel
à partir du troisième vers. Dans l'image de droite, le
premier vers se lit en suivant le bord du triangle, et
le deuxième selon l'ordre standard des lignes.]
Ah ! cruel perd otite, carie automne à sec. Ô çà, Aa-choc creuse Alep. Nemrod tout — aïe — tierça : « Aa, car ce hiot, ce ciræ, tu uso et adlœr, p.m. né Eanam, c'par re-coëlh dia otte co-esçui urtæ, [...] R poeite : Caen, Urtd. L'Cauet CEO AOCs m'a air, eh ! H-rep roie aïat mesc. Ça oëa nouer ctt de Luca. » |
...................................A A................................C H..............................O C............................C R..........................E U........................S E......................A L....................E P..................N E................M R..............O D............T O..........U T........A I......E T....I E..R CA |
P.S. du 3/5/24 :
nouvelle tentative à peine meilleure,
cette fois sous forme de 30-ine littérale
Ô néanmoins là tira lilial dressoir Roi Noé, sas. Nemrod, il nasillait, liar : « Rraoï ! Il n'toie as l'al s'inséam N.R. Loid D'rir, ô alor inim l'anet soniie sal-sal [...] Aïa, air, oie, alt-N. Noé olrldsr sliismn N'ami saïaiilr s'ori, se dallrtl no-néo. » |
..............................R O...........................I N.........................O E.......................S A.....................S N...................E M.................R O...............D I.............L N...........A S.........I L.......L A.....I T...L I.A R |
P.P.S. du 4/5/24 :
troisième tentative sous forme de 29-ine
littérale
inverse (29 étant encore un
nombre de Queneau).
C'est cette fois le deuxième alexandrin qui se lit sur le bord
du triangle, et le premier dans l'ordre standard des lignes.
Anuitée en Nimrod, tester poet. Un Râ Nie en mots épeurant : ortédrine tua. I em teer not Dieu at, n'RER tau psonen Étentiut Rrâ, poënn sut Énæ : do ré mi [...] À ARN nuuit tee, œper n'entis mer Tod. |
.............................A N..........................U I........................T E......................E E....................N N..................I M................R O..............D T............E S..........T E........R P......O E....T U..N RA |
anuiter : assombrir
Nimrod : autre graphie du babélien Nemrod
poet : poète anglais
Râ : dieu égyptien
épeurer : effrayer
ortédrine : médicament excitant
Alternance paradoxale
[sélénet à rimes
fmfm fmfm comme il se doit, jouant sur le fait que la même
graphie peut être féminine ou masculine selon les verbes
& leurs temps]
Les humains étaient
Les mythes qu'ils croient.
Aux prêtres ils paient
La dîme où qu'ils soient.
Je crains que les voient
Maints démons qui raient
« Que ces âmes choient ! »
Leurs sorts les distraient.
[Voir aussi cette brillante réponse d'Alexandre Carret]
Sextine carrollienne
[Robert Rapilly a
proposé & illustré une variante
des quenines,
dans laquelle les mots-rimes changent d'une lettre à chaque
étape, constituant donc des
doublets de Carroll comme en
mars 2011.
Il a en outre imposé la surcontrainte que chacun des
mots-rimes compte le même nombre de lettres que l'ordre de
la quenine. J'ai respecté ces règles dans mon adaptation
du Desdichado ci-dessous,
en choisissant aussi un mètre des vers égal à cet ordre,
c.-à-d. des hexasyllabes pour cette sextine. Comme
en 2017,
j'ai choisi
l'ordre
d'Arnaut Daniel pour la tornada finale.
On peut noter que deux des septuplets employés se relient
dans cette tornada, à savoir
« prince-grince-gringe-bringé-bridge-bridée-bRisée »
et « twiste-triste-trisse-crisse-caisse-baisse-bAisée ».]
El Sexticarroll
Je suis le désolé, —
Le sombre aux amours veuves
En Gironde, — le prince
À la tour abolie.
Mon destin va crever
Comme un luth qui ne twiste.
De cette tombe triste,
Ancêtre désodé,
Ressurgis pour crêter
Non des caprices veules,
Mais la rose abélie
Chère à mon coeur qui grince.
Suis-je morose ou gringe
Si mes désirs je trisse :
Songerie abêtie
Que la Muse décode
Sous les volutes seules
D'une étoffe crètée.
Dans une arche frétée
Au voilage bringé,
J'ai croisé de noirs saules
Dont la souffrance crisse.
Durant cette décade
Encor je m'abêtis...
Après ces abatis,
Plaquant sur une frette
Ma royale récade,
Je fus vainqueur au bridge
Et remportai la caisse —
C'est ainsi que tu saunes.
Fuient ces illusions saines
D'écus sans amatis
Lorsque ma vision baisse...
Alors mes yeux je frotte :
Ma folie est bridée
Dans une humble rocade.
Vitraux saints qu'en la grotte
Amatit ma brisée
Foi baisée, ô tocade !
[Voir
aussi les terines carrolliennes
qu'Annie Hupé a écrites en
mars-avril 2011 — sans la surcontrainte
du nombre de lettres choisie par Robert Rapilly.
Elles s'inscrivaient dans notre
exploration
des rimes
carrolliennes de cette période,
dont notamment le
« défi du sonnet carrollien »
lancé par Nicolas Graner.
Le même Nicolas a aussi inventé fin 2015 la notion de
« sextine
glissante », dans laquelle les
mots-rimes changent progressivement de genre.
Plusieurs
autres
variantes
de quenines ne reprenant pas strictement les mots-rimes
ont également été illustrées, dont celle employant des
rimes berrychonnes proposée par
Michel Clavel, et
dont
voici
quelques
exemples de ma plume.]
Quneines dyselxiques
[Parmi les cinq types de paronymes que
ce superbe programme de
Nicolas Graner traite, les
anagrammes, les ajouts ou
suppressions de lettres
et les doublets de Carroll ont été
exploités pour rendre les quenines moins statiques. J'essaye
ci-dessous la dernière, consistant à échanger deux lettres
adjacentes, et qui est de loin la plus rare : c'est en effet
un cas très particulier d'anagramme. Le mètre et le
nombre de lettres des mots-rimes coïncident de nouveau avec
l'ordre de la quenine.]
Plus de lei ?
Bah tant pis,
Vois ce rai !
La ria
Boit la lie,
Bouche en psi.
Grâce au spi,
On ira
Sur l'autre île.
*
« Mets dans la
maie
Juste de l'orge.
Oui, vraiment pure,
Sans quoi c'est nase.
Si tu tiens l'anse,
Ma bonne amie,
Tu vas puer »,
Lui lance l'ogre.
Il est très gore
Et tous les ânes
Sont morts de peur,
Mais elle l'aime.
P.S. du 21/05/24 : Ayant trouvé huit quadruplets de mots de huit lettres reliés par de tels échanges de deux lettres adjacentes (ce qui était peu probable !), j'en ai tenté ci-dessous une octine les employant tous, puisque la permutation de Queneau-Daniel d'ordre 8 cycle après quatre itérations, 12345678 → 81726354 → 48513762 → 24687531 (→ 12345678).
Camaraderie
Mon collègue était
nagélien.
C'était risqué quand nous
sarpions
Car il s'engluait de
caragnes.
Sa scie un jour se
décranta
Sur un nid de
méloïdés.
« Mais il fallait que tu
pilasses
Sans arracher les
péronies ! »,
Lui dis-je alors en
repilant.
Il me répondit,
repliant
Son outil de type
angélien :
« Est-ce que moi, je
péronise,
Bordel ? » (Certes nous
saprions.)
« Exigeai-je que tu
pliasses
Tes leurres de pêche aux
caranges,
Ou chantai-je des
mélodies
Pour qu'ensemble on les
décrânât
Et qu'ensuite on les
décarnât ? »
Je ne me suis jamais
replaint.
Dorénavant je
mélodise
Une ritournelle
angeline
Pour nous soustraire à ses
carnages.
Du Lot à Gap, dans la
pernoise
Campagne nous taillons des
plaisses
Et des vignobles
asprions.
À l'entente nous
aspirons,
Freinant tout heurt en
décarant.
Je redoutais que tu
pâlisses
Lorsqu'un parquet on
replanit,
Ou qu'on se fît une
perniose
Dans la froide terre
meldoise.
Mieux vaut accomplir les
cranages
D'engrenages à
l'agneline.
P.P.S. du 22/05/24 : quinine à mots-rimes de cinq lettres reliés par l'échange de deux lettres adjacentes
Hère
Tu n'as pas de blase.
Tu cueilles des guars
Près d'une borie
Et d'autres abris
Où tu te ridas,
Rêvant de riads
Où te rendre en balse
Ou mieux en baris.
Y viendraient des gaurs
Pour manger & boire.
Dans un gros boier
Tu ferais des raids :
« Je veux du garus
Et des grains sans bales »
Est l'air que tu brais.
Longtemps tu brias
Quelques fruits d'obier
Pour pêcher des ables,
Jà sans un radis
Sur les quais des graus.
Du blé tu gruas.
L'âge te brisa
Et plus tu n'ardis :
Il faut obéir
Aux sabliers albes.
Noème
[Sextine en hexasyllabes, à mots-rimes hexagrammatiques
changeant
d'initiale
à chaque strophe,
comme dans la
contrainte de Delmas.
La tornada suit
encore
l'ordre
d'Arnaut Daniel.]
Les trop communes routes
Que d'innombrables foules
Ont déjà souvent prises
Ne disent rien qui vaille
À l'Oulipien de souche —
Pour l'art banal peu tendre.
En pensant pis que pendre,
Il aime laisser toutes
Les normes sur la touche
Et distordre les moules
De ces pierres de taille
Pour conformistes frises.
Fuyant leurs muses grises
À la saveur de cendre
Face auxquelles on bâille,
Il préfère les joutes
Et les volutes soûles
D'une sextine louche.
Sur le papier il couche
Des couplets irisés
Aux mots-rimes roulés
En spires, qui vont rendre
Les vers comme des voûtes
Construites maille à maille.
Quand un lecteur le raille,
Il ne prend pas la mouche
Car il sait que les doutes
Sont de salubres crises :
Il continue à fendre
Les courants et les houles.
Toutefois si des goules
Décèlent une faille
Digne de ce qu'un gendre
Éructe de sa bouche,
Ses élans sont brisés
Au lieu d'être goûtés.
Coules-tu dans la douche,
Paille aux focs arisés,
Sans vendre l'or des soutes ?
P.S. du 25/05/24 : nouveau Desdichado sous forme de quinine en pentasyllabes, à mots-rimes de cinq lettres dont celle du centre change ici de strophe en strophe. Les deux derniers vers sont polysémiques : soit les mages portent un bas-relief artistique en plus de leur élégante cape, soit une créative droguée grogne avec eux parce que les contraintes formelles la gomphlent.
Cadre carré
Dans la noire brume
Mes fiefs sont rayés
Ma chance canée
Et mes lyres mates
Hument du sarin
D'un gîte en sapin
Nocturne je brame
Aux consolants
mânes
Rendez-moi les
rades
Leur côte
cavée
La vigne calée
Entre un mont
sabin
Et des roses rares
Dont le teint de brome
Cause larmes
males
J'ai rêvé de mares
Où s'était casée
Une femme-brème
Franchi le salin
Styx avec des rames
Puis chanté les râles
D'étincelants mages
Vêtus de satin
Et d'une
camée
Artiste qu'on brime
[Voir aussi cette quinine berrychonne de septembre 2021]
P.P.S.
du 26/05/24 : quinine bi-latine. La deuxième lettre de
chacun des mots-rimes (de cinq lettres) suit la permutation de
Queneau-Daniel d'ordre 5, et les quatre autres lettres la
permutation inverse. Leur superposition constitue un
carré bi-latin orthogonal
A1 B2 C3 D4 E5
E2 A4 D5 B3 C1
C4 E3 B1 A5 D2
D3 C5 A2 E1 B4
B5 D1 E4 C2 A3
dans le cas présent
mâche bêche dîmes mores pures
bûche mares pores dèmes miche
mires dûmes mèche pares boche
dômes pires bâche muche mères
pères moche mûres biche dames
Morne Marne
Récoltant la mâche
Avec une bêche
Pour l'offrir nous dîmes
À nos frères
mores
Ces plantes sont pures
Quand l'étranger bûche
Aux abords de mares
Suant de tous pores
Trop loin de ses
dèmes
Tends-lui quelque miche
L'abri que tu mires
Jamais nous ne dûmes
En vendre la mèche
Ainsi tu te pares
De l'invasion boche
Les tirs que leurs dômes
Lancent sont les pires
Fuyez cette bâche
Entrez dans la
muche
Protéger vos mères
Et pleurer vos pères
Dont la guerre moche
Prit les heures mûres
Personne ne
biche
Au Chemin des Dames
[Voir aussi cette quinine bi-latine de mai 2021, en cinq vers au lieu de cinq strophes]
P.3S.
du 30/05/24 : connerie phynale sous forme de carré
quadrilatin. Les 25 mots ci-dessous (dont dix toponymes,
hélas) sont tels que la première lettre se déplace de strophe en
strophe selon la quinine 12345 → 51423, la deuxième selon le
carré de cette permutation 12345 → 35214, la troisième
selon son cube 12345 → 43152 (c.-à-d. le carré de
l'inverse), et la quatrième selon son inverse 12345 → 24531
(c.-à-d. sa puissance quatrième). Notez que les mots-rimes
comptent ici quatre lettres, en référence aux quatre carrés
latins mutuellement orthogonaux — et non plus cinq comme plus
haut, reproduisant l'ordre de la quenine. Voir
ces explications pour
les nombreuses propriétés d'un tel carré quadrilatin.
rire luni tala sodo Metu
madi Relo Suru lita Tône
tuto mora lède Rânu Sili
sena Tidu rôti mule laro
Lolu saté mino Téri Ruda
Déshonneur
Ah, laissez-moi
rire
Des troubles
luni-
Lupins d'un
tala
Qui tait la
sodo
Subie à
Metu.
Un plant de
madi
Reçu dans
Relo
Le mène à
Suru.
Notre homme en
lita
Pour en vendre à
Tône.
Suivant le
tuto,
Il prit du
mora
Non loin d'une
lède,
Et fuit à
Rânu
Puis jusqu'à
Sili.
Presque on le
sena
Un jour à
Tidu :
« Tu seras
rôti,
Ô tête de
mule »,
Fut dit en
laro !
Plus tard, à
Lolu,
On mit du
saté
Sur ce saint
mino...
Souillé vers
Téri
Autant qu'à
Ruda.
[Voir aussi cette quinine quadrilatine de mai 2021, selon quatre contraintes littérales simultanées, ainsi que mes précédentes illustrations pangrammatiques (en 2018) & oumupiennes (en 2019) de ces quatre carrés latins mutuellement orthogonaux.]
Englyn
[Desdichado sous forme
d'englyn unodl union,
y compris les complexes allitérations
de la
cynghanedd galloise
— que j'avais déjà tentées
en 1998
selon un autre mètre]
Seul, inconsolé, volé prince triste,
Ce luthiste insolé
Se clamait camisolé
Sans double, déboussolé.
Limerick autodescriptif
[Traduction de
celui-ci de John Irwin, transmis à la
liste oulipo par
Éric Angelini. À chanter sur l'air de
Popeye. Le premier vers serait grammaticalement moins tordu
(et rimerait plus richement avec le dernier) sous la forme
« Pour qu'un limerick inspire », mais ça s'éloignerait de
l'original.]
Pour un limerick écrire,
Deux vers sont rimés, ô lyre ;
Le trois est moins lourd,
Le quatre aussi court,
L'ultime est souvent le pire.
Formes fixes courtes
Haïku japonais (5/7/5) d'après Bashô
Dans le vieil étang
Une grenouille bondit
Clapotis de l'eau
*
Limerick
anglo-saxon
(ici 2+3+2 / 2+3+2 / 2+3 / 2+3 / 2+3+2 sur l'air de Popeye)
Un gars visitant l'étang
Croit voir un poisson (un tang)
Dans l'eau qui clapote.
Il va dans la flotte...
C'était un orang -outang.
*
Englyn gallois (5+5 / 6 / 7 / 7)
Lès ce vieil étang, le temps lent se mouille.
La grenouille en sautant
Laisse tinter l'eau : s'entend
L'instant, tant s'agrémentant.
*
Monostiche français (6+6)
Une grenouille plonge au sein du bruit de l'eau
*
Pantoun malais (ici 4+6 / 4+6 / 4+6 / 4+6)
Au vieil étang bondit une grenouille
Et son plongeon produit le bruit de l'eau.
Lorsqu'à tes pieds, belle, je m'agenouille,
Mes profonds pleurs sonnent tel un mélo.
*
Sijo coréen (3+4+3 / 3+4+3 / 3+5+4)
L'heure est calme au vieil étang sous la lune.
Mais soudain une grenouille a bondi
Et mon coeur noyé d'émotion s'est emballé.
*
Landay afghan (9/13 à non-rimes en -ma ou -na)
Souviens-toi du lac de Maïmana :
Des grenouilles y plongeaient ; la guerre les gomma.
*
Ghazal persan (ici 4+6 / 4+6 / 4+6 / 4+6)
L'amant visite en dolence le trouble
Et vieil étang ; le silence le trouble.
Comme son coeur, une raine balance
Entre deux fleurs ; son bond lance le trouble.
[À titre hystórique,
voici une précédente version
en octosyllabes,
trop peu respectueuse
des
règles :
Au vieux marais où luit de l'eau
Qu'un canal a conduit, de l'eau
Une grenouille soudain fuit
Et l'on entend le bruit de l'eau.]
*
Ovillejo espagnol (8/3/8/3/8/3 // 8/8/8/8)
Quel est ce lieu sans tintamarre ?
Une mare.
Quels éclats nous envisageons ?
Des plongeons.
De quoi s'alimentent nos trouilles ?
De grenouilles.
À peine amorçons-nous les fouilles
Qu'un coassement tout petit
Lance l'alerte, et retentit
La mare en plongeons de grenouilles.
*
Demi-sélénet farellyen (5/5/5/5)
Dans la vieille mare
Un crapaud bondit
Et cela démarre
Le bruit d'eau prédit
*
Monnet (1/1/1/1 // 1/1/1/1 // 1/1/1 // 1/1/1)
Scène
à
la
Seine :
Raine,
va
là,
saine !
Bon
bond,
libre.
Son
son
vibre.
*
Médaille hupéenne (5/7/5)
Plongeon de rainette
Le nénufar se retourne
Un bruit d'eau naîtrait
*
Épigramme (ici 8/8/8/8)
Pour inspirer sa Pastorale,
Ludwig se promène aux étangs,
Mais quand un crapaud saute, il râle :
Je le vois bien mais ne l'entends.
*
Triolet (8/8/8/8 // 8/8/8/8)
Quand longtemps je reste en silence
Et sans bouger au bord d'étangs,
Se décuple ma vigilance
Quand longtemps je reste en silence.
Si quelque grenouille s'y lance,
La moindre ride d'eau j'entends
Quand longtemps je reste en silence
Et sans bouger au bord d'étangs.
*
Sonnet vocalique (ici iaai/iaai/eeo/uou)
Gris marais gît ; la rainette lors chut : plouf !
*
Strophe de chanson d'automne verlainienne (4/4/3/4/4/3)
Au vieux marais
L'âme sans rets
Vagabonde
Quand un crapaud
Cause un clapot
Emmi l'onde
*
Lai (5/5/2/5/5/2/5/5/2)
Le vieux marécage
Nous présente un sage
Tableau.
Un crapaud sans âge
Saute en un sauvage
Rouleau.
Le son se propage
Aussi prompt qu'il nage
Dans l'eau.
*
Première ou dernière strophe de Djinns hugoliens (2/2/2/2/2/2/2/2)
La mare
Qui luit
Démarre
Un bruit :
La flotte
Clapote ;
La lotte
S'enfuit.
*
Strophe de rotrouänge écartelée (3/1/6/3/1/6/4/2/8)
Au marais
Très
Calme à l'habit de rouille,
Je mirais
Près
D'un lis une grenouille.
Elle se grouille
De trouille
Et saute en un clapotis frais.
[Voir aussi ces brillantes réponses des oulipotes]
Intransitivité
[Louis Couturier a
proposé
& illustré sur la
liste oulipo
une nouvelle classe de contraintes, exploitant
l'intransitivité de lancers de dés.
Si chaque mot est considéré comme un dé à autant de faces que de
lettres, chacune portant le nombre de points correspondant au
rang alphabétique de la lettre, alors deux mots peuvent être mis
en compétition. Celui qui remporte le plus souvent la partie est
considéré comme gagnant, ce qu'on peut noter avec un signe
supérieur « > ».
Par exemple, on trouve qu'en moyenne, le mot
« art » gagne « fil », ce qu'on note « art > fil ». De même, on
trouve « fil > feu ». Mais on a pourtant aussi « feu > art »,
donc cette relation n'est pas transitive : on a une boucle
d'inégalités ! J'ai ci-dessous illustré quelques applications
de cette contrainte.]
Tout d'abord une médaille dont les trois mots-rimes constituent un tel cycle. L'inversion syllabique de cette forme est souvent incompatible avec ces cycles, donc on n'est pas loin d'une contrainte paradoxale. Par exemple, l'infinitif « mâcher » et son verlan « schéma » ne peuvent jamais faire partie d'une boucle de longueur 3, donc j'ai dû conjuguer le verbe ci-dessous. En revanche, ces deux mots peuvent entrer dans une boucle de longueur 4, comme l'illustre la seconde variante.
L'Oulipien mâchait
l'intransitif affûtage
d'un roulant schéma
(mâchait > affûtage > schéma > mâchait)
*
Vas-tu nous mâcher,
fée à l'intransitif cycle,
l'inverse schéma ?
(mâcher > fée > cycle > schéma > mâcher)
*
J'ai ensuite expérimenté une version monstrueusement dure de cette contrainte, dans laquelle chaque mot perd en moyenne devant le suivant, et bien sûr le dernier devant le premier pour que l'ensemble forme une boucle. C'est si difficile qu'il m'a fallu laisser passer une faute d'alternance et un e caduc entre voyelle & consonne, en adaptant seulement le premier quatrain du Desdichado.
Desdicho
Je suis un vaporeux, — gueux zig, — incontrôlé,
Sâr cabus d'Aquitaine au building démoli :
Mon unique sort tue violoneux postulé
Suivant lazzi prôné par sa gauche Folie.
Aragon
(Desdicho < Je < suis < ... < Folie < Aragon < Desdicho)
*
Ma troisième illustration (le 9/6/24) est bien plus douce : seuls le titre & les mots à la césure forment un cycle de longueur 15. Le mot « retour » du dixième vers y fait allusion. Attention, les flèches du graphe sont orientées dans le sens de l'inégalité >, c.-à-d. ici l'inverse de la lecture. Ce graphe souligne en rouge la boucle globale et celles formées par chacun des deux quatrains.
Le Déshérité
Je suis le ténébreux, — le veuf, — l'inconsolé,
Le dévasté deux fois par la Mélancolie.
Rends-moi le Pausilippe et mon luth constellé,
Sainte aux nocturnes cris dans ma tour abolie.
À présent modulant maint soupir désolé,
Jadis battait mon coeur pour la mer d'Italie,
Le soleil et la fleur qui m'avaient enjôlé —
L'aster que Lusignan sur la treille rallie.
Suis-je Amour ou Biron ?... Un Prince ou le Phénix ?
Lorsque m'a consolé le retour de la reine,
J'ai chanté comme Orphée un hymne de sirène.
Ce rêve me plaisait : j'ai traversé le Styx
Depuis mon Aquitaine en gagnant le trophée,
Et le front rouge encor du baiser de la fée.
(Déshérité < ténébreux < fois < ... < Aquitaine < encor < Déshérité)
*
Un sélénet (du 10/6/24) démontre qu'une boucle intransitive de mots-rimes est possible, bien que difficile donc de nouveau proche de la notion de contrainte paradoxale.
Certes je l'assume,
Mon ami Pierrot :
Prête-moi ta plume
Pour vivre en héraut.
Nul art ne rapporte
En restant au pieu.
Mon envie est forte
D'être un boutefeu.
(assume > Pierrot > plume > héraut > rapporte > pieu > forte > boutefeu > assume)
*
Le 11/6/24, j'ai appliqué cette idée aux rimes de notre sempiternel Desdichado, en réduisant le mètre pour moins abuser de la patience du liseron. Les huit mots-rimes des quatrains constituent une boucle intransitive, ainsi que les six des tercets, et c'est aussi le cas pour l'ensemble des quatorze. Le second graphe illustre que beaucoup d'autres cycles existent.
Encore un cyclothymique
Je suis le prince inconsolé
Au deuil qui se démultiplie :
Du noir, mon luth auréolé
Porte toute la panoplie.
Bienfaiteur qui fus immolé,
Guéris-moi de cette
épulie
Et de ce coeur déboussolé
Sombrant dans la coprophilie.
Suis-je fort comme un
percheron ?
Mon rêve est qu'Éros réapprenne
À fuir la colle néoprène...
Vidant le Styx au
cuilleron,
Je chante une ronde truffée
De soupirs et de cris d'Orphée.
(quatrains : inconsolé > démultiplie > auréolé > ... > déboussolé > coprophilie > inconsolé
tercets : percheron > réapprenne > néoprène > cuilleron > truffée > Orphée > percheron
sonnet complet : inconsolé > ... > coprophilie > percheron > ... > Orphée > inconsolé)
*
Le 13/6/24, j'ai tenté une adaptation du sonnet en X de Mallarmé en employant les mêmes rimes rares. Notez la présence de deux « phoenix » de sens différents. Le graphe souligne en rouge la boucle globale, ainsi que les triangles intransitifs formés par chacun des tercets, l'hexagone que constitue leur union, et le décagone donné par le second quatrain suivi des deux tercets.
Allégorie intransitive
Son vaporeux cocon tissé par maint
bombyx,
L'Angoisse, ce minuit, transparaît
apivore,
Car le Maître a cueilli des dattes de
phœnix
Avec ce seul objet dont le Néant s'honore :
Un rêve vespéral brûlé par le
Phénix
Que ne recueille pas de cinéraire amphore,
Aboli bibelot tombé dans son
hélix
Devant la véranda qu'un spectral reflet dore.
Nul ptyx sur la crédence en le miroir, encor
Que, dans l'inane oubli d'un disparu major,
La constellatïon nue obnubile et
s'ixe.
Or, un cadre agonise au vide corridor
Des licornes ruant du feu contre une nixe,
Dans le scintillement fauve de
fructidor.
(bombyx > apivore > phœnix > ... > nixe > fructidor > bombyx)
*
Le 16/6/24, j'ai traduit la Chanson d'automne de Verlaine en imposant des inégalités cycliques à la fois pour les 18 mots-rimes du poème complet et pour les 6 de chacune des trois strophes. Ces quatre boucles sont mises en valeur en rouge sur le graphe. Il se lit comme précédemment dans le sens trigonométrique, mais les flèches sont orientées dans le sens de l'inégalité >, donc conformément à l'heure qui avance évoquée par le poème.
Chanson intransitive
Ne muselons
Les violons,
Sonotone !
L'âge arnaqueur
Vient en dragueur
Monotone.
Me remarquant,
Me débusquant,
Sonne l'heure —
J'en disconviens,
Musiciens,
Et je pleure.
Je me sauvais,
Le fiel buvais...
Qui m'exhorte ?
L'ombre ulula
Qu'autant vola
L'herbe morte.
(poème complet : muselons < violons < sonotone < ... < vola < morte < muselons
chaque strophe, par exemple la première : muselons < violons < ... < monotone < muselons)
*
Le
23/6/24, j'ai légèrement modifié les
Voyelles de Rimbaud, en indiquant par des trémas
les assez nombreuses diérèses conformes à sa prononciation du XIXe
siècle. Les graphes soulignent en couleurs 9 cycles d'inégalités
intransitives satisfaites par les mots-rimes (parmi beaucoup d'autres
que vous pouvez repérer à l'oeil nu sur le second schéma) :
— en rouge le cycle global des 14 mots-rimes, avec toujours la
convention que les flèches sont dans le sens de l'inégalité >,
donc ici dans le sens inverse de lecture :
vielles < latentes < dégoûtantes < bisexuelles <
mécontentes < continuelles < sensorielles < battantes <
hybrides < Piérides < pagailleux <
oranges < étranges < officieux (< vielles)
— en orange chacune des quatre strophes indépendamment ;
— en violet les deux quatrains ;
— en jaune si l'on élimine la première ou la dernière strophe ;
— en vert quand on les élimine toutes les deux, c.-à-d. qu'on
ne conserve que les deux strophes centrales.
Notons qu'en revanche, les deux tercets ensemble ne constituent pas
une telle boucle intransitive, car officieux > hybrides
dans le même sens que les flèches rouges.
Vielles
A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu : vïelles
Des timbres, je dirai vos naissances latentes :
A, noir corset velu des mouches dégoûtantes
Qui bombinent autour d'algues bisexuelles,
Golfes d'ombre ; E, candeurs des vapeurs mécontentes,
Lances des glaciers fiers, fraîcheurs continuelles ;
I, pourpres, sang craché, fêtes sensorïelles
Dans la colère ou les ébriétés battantes ;
U, cycles, vibrements divins des mers hybrides,
Paix des pâtis semés de frustes Pïérides
Dont les Muses ont tu les refrains pagailleux ;
O, suprême Clairon, contre-pied des oranges,
Silences traversés de ses strideurs étranges :
— O, rayon vïolet du Verbe officïeux !
*
Pour finir, j'ai illustré le 8/7/24 qu'on peut imposer un cycle d'inégalités intransitives pour tous les triplets de mots-rimes consécutifs — y compris en considérant que le premier vers suit le dernier. Ils sont soulignés en orange sur le graphe. Ce sonnet reprend la structure des Cent mille milliards de poèmes de Queneau, en évitant les rimes pauvres et celles qu'il avait déjà employées. En le combinant à ces quatre précédents sonnets, cela multiplie le nombre de poèmes possibles par environ 300. Remarquant que la somme gématrique de ce sonnet vaut 6066, Rémi Schulz en a proposé ce titre de valeur 600 : « Le six mille six cent soixante sixième sonnet hérétique ».
Le traître accuse à tort la reine du striptease
pour cacher ses erreurs et ses us amoraux
il sait vaincre un jury que la vengeance attise
on est pris dans ses rets comme des passereaux
Exploitant de chacun la moindre convoitise
qu'on ressent pour les stars aux éclats sidéraux
traitant Mata Hari d'espionne il prophétise
un message est cousu sur ses bas fémoraux
Dans sa diffamation le capitaine flotte
on se met à douter bientôt on le boycotte
ce colon semble abject comme un gros intestin
Le félon subira des procès réciproques
l'âge t'infectera de mortels pneumocoques
et puis pour le salut de ton âme tintin
P.S. du 14/6/24 : Louis Couturier a proposé comme variante de considérer les strophes d'un poème comme des dés portant sur chacune de leurs faces un nombre de points correspondant aux nombres de mots de leurs vers. On peut alors imposer que chaque strophe perd en moyenne devant la suivante, et la dernière devant la première afin d'obtenir de nouveau un cycle d'inégalités intransitives. La plus petite solution que j'ai trouvée pour les strophes d'un sonnet est {1,1,4,4} < {1,2,2,5} < {2,2,3} < {1,3,3} (< {1,1,4,4}), où ces chiffres donnent les nombres de mots par vers. En voici une illustration volontairement minimaliste, avec un mètre aussi court que possible et en conservant l'ordre précis de cette solution (alors qu'il aurait été possible d'ajouter un même entier à tous ces nombres, ainsi que de les mélanger au sein des vers).
Rengaine
Renaisse
Bavard
L'oud d'art
Qu'on n'esse !
Finesse
À part,
Trop tard
L'ut n'est-ce ?
On oit
Le doigt
D'un barde :
Encor
N'y darde
Pas d'or...
oud : luth oriental
esser : calibrer les ouïes d'un instrument de musique
oit : présent du verbe ouïr
darder : lancer une flèche
P.P.S.
du 15/6/24 : terine triplement intransitive.
— Les strophes comptent successivement
{4,4,7} < {4,5,5} < {3,5,6} (< {4,4,7}) mots.
— Les longueurs des mots sont de
{3,3,3,5} > {3,3,3,4} > {3,3,4,4,4,3,3} (> {3,3,3,5})
lettres dans la première strophe,
{6,5,3,3} > {5,3,5,3,5} > {4,5,4,4,4} (> {6,5,3,3})
lettres dans la deuxième, et
{3,6,4} > {5,5,3,5,3} > {4,4,4,4,4,5} (> {3,6,4})
lettres dans la troisième.
— Les rangs alphabétiques des lettres des
mots-rimes donnent les inégalités cycliques
début < noté < art (< début).
La principale difficulté n'est pas tant ces inégalités
intransitives que l'écriture d'heptasyllabes réguliers
malgré ces nombres de mots & lettres imposés.
Ose tel élu début :
Ira ton exo noté
Peu net mais sans trop fol art.
Illico roule cet art
Moins mal après mon début :
Quel grand tour sera noté ?
Nul alinéa noté
Assez tordu par notre art :
Vois, tout vers sied pour début !
[Voir la brillante réponse de Rémi Schulz]
*
Le 22/6/24, j'ai aussi illustré minimalistement le plus petit triangle d'inégalités intransitives que j'ai trouvé dont l'un des dés n'a qu'une seule face : {2,2,5} > {4,4,1} > {3} (> {2,2,5}). Ces entiers correspondent ci-dessous au nombre de lettres des mots de chaque ligne.
Et en élève
buté, dors ! Ô
lit...
Ces
sept mots forment aussi le cycle d'inégalités intransitives
Et > en > élève > buté > dors > Ô > lit (> Et)
en considérant les rangs alphabétiques de leurs lettres.
La présence d'un mot d'une seule lettre illustre de nouveau
la possibilité d'un dé à une face.
P.3S. des 26–28/6/24 : micro-traductions donnant des intransitivités strophiques. En modifiant aussi peu que possible le sélénet originel puis notre sempiternel souffre-douleur, faire en sorte que les strophes se comportent comme des dés intransitifs lorsque l'on compte le nombre de mots de chacun de leurs vers.
Au clair de la Lune
Mon ami Pierrot
Prête-moi ta plume
Pour écrire un mot
Ma chandelle est morte
Je n'ai plus de feux
Ouvre à moi ta porte
Miséricordieux
Au clair de la Lune
Pierrot répondit
L'on n'a pas de plume
Franchement contrit
Va chez la voisine
Je crois qu'elle y est
Dedans sa cuisine
Reluit le briquet
{5,3,4,4} < {4,6,5,1} < {5,2,7,2} < {4,6,3,3} (< {5,3,4,4})
*
Je suis le ténébreux, — le veuf, — l'inconsolé,
Le prince d'Aquitaine à la tour abolie :
Ma seule étoile est morte, — et mon luth constellé
Porte le soleil noir de la Mélancolie.
Dans la nuit du tombeau, toi qui m'as consolé,
Rends-moi le Pausilippe et la mer d'Italie,
La fleur qui plaisait tant à mon coeur désolé,
Et les ceps que la treille aux églantiers allie.
Serais-je Amadeus, Lusignan ou Biron ?
Mon front est rouge encor du baiser de la reine ;
J'ai rêvé dans la grotte où nage la sirène...
Et doublement vainqueur je franchis l'Achéron :
Modulant constamment sur la lyre d'Orphée
Les soupirs de la sainte et les cris de la fée.
{8,8,9,7} < {10,9,9, 9} < {6,10,10} < {7,7,11} (< {8,8,9,7})
P.4S. du 28/6/24 : autre micro-traduction donnant une intransitivité des vers lorsque l'on compte le nombre de lettres de chacun de leurs mots, mais en conservant strictement le nombre de mots de l'original. Cette contrainte est bien plus dure que la précédente ! Le graphe illustre en rouge la boucle globale et les quatre formées par chaque strophe indépendamment, en violet celle des deux premiers quatrains, des deux strophes centrales ou en supprimant ces deux strophes centrales, et en jaune quand on élimine la 2e, 3e ou 4e strophe.
Je suis le ténébreux, — le veuf, — l'inconsolé,
Le prince d'Aquitaine à la tour abolie :
L'astre a d'abord canné, — notre orgue constellé
Mène le soleil noir à la Mélancolie.
Dans la nuit du tombeau, toi qui m'as consolé,
Rends-moi le Pausilippe et la mer d'Italie,
Le ru qui là plaisait à mon coeur désolé,
Et la vigne où le pampre aux chics roses s'allie.
Suis-je aède d'Amour, image de Biron ?
Ma face est rouge encor par la bise de reine,
Tant je rêve en la grotte où nagea la sirène...
Et j'ai vainqueur à fond traversé l'Achéron :
Tour à tour modulant à mon cistre d'Orphée
Les soupirs de la Schtroumpf et les sorts de la fée.
*
Bien qu'il ne s'agisse plus de micro-traductions, je regroupe ci-dessous mes autres explorations de l'intransitivité entre vers dont on compte le nombre de lettres des mots. Le 1/7/24, j'ai illustré qu'un enchaînement des strophes dans n'importe quel ordre est possible tout en conservant un cycle d'inégalités intransitives. Ici, le dernier vers de chaque strophe n'est qu'un seul mot de trois lettres, et le graphe montre que tous les « 3 » sont reliés aux premiers vers des quatre strophes. Le tout premier vers du poème est en haut, et les suivants se lisent dans le sens trigonométrique. Il s'agit de la plus courte la solution à ce problème. La seconde version du graphe y superpose toutes les autres relations de gains entre deux vers.
Fruits oulipiens
Ne mords-je
L'extra
Malt d'orge,
Ara ?
Ou tords-je
L'infra-
X : hors-jeux
Ira ?
Jà rompt-ce
L'ocre once,
Épi ?
Là choit-ce
D'oued, race
Api ?
*
Le 2/7/24, j'ai composé un quintil dont tout triplet de vers successifs définit un cycle d'inégalités intransitives — y compris en considérant que le premier vers suit le dernier. C'est de nouveau la plus petite solution, et je n'ai cette fois même pas changé l'ordre des entiers imposant le nombre de lettres des mots.
Ô jougs extrêmes
Qui nous taillez
De courts poèmes
Vite noyez
Tôt nos problèmes
[Rémi Schulz a trouvé que ces 14 mots totalisent 66 lettres et une somme gématrique de 14 × 66. C'est involontaire, bien que j'apprécie le nombre 14.]
*
Le 4/7/24, j'ai illustré par un septain de schéma de rimes classique aBaBcBc le très élégant jeu de sept dés intransitifs trouvé par Oskar van Deventer, et transmis à la liste oulipo par Louis Couturier via cette archive. Sans ponctuations, il s'agit d'alexandrins isocèles.
Quelque imaginatif inassouvissement
Joliment appelé distributionnalisme
Osait tourbillonner acrobatiquement
Pour réorganiser comportementalisme :
Idéalisés, ils désembourgeoiseraient
Un extraordinaire antirationnalisme,
L'irrégularité désembouteilleraient !
*
Sonnet autodescriptif du 11/7/24, dont les longueurs des mots sont imposées par le plus petit heptagone que j'ai trouvé, invariant par rotation de 2π/7 et tel que tout triplet de sommets successifs définisse un cycle d'inégalités intransitives. Cet heptagone est ici employé deux fois de suite, et sans modifier l'ordre naturel des entiers. Une élégante propriété du graphe, outre sa symétrie par rotation de π/7, est que les couches successives de flèches entre sommets de plus en plus éloignés (allant du rouge au violet) tournent alternativement en des sens opposés. Il contient en tout près de trois millions de cycles d'inégalités.
L'oculus concentrique
Clôt notre intransitif
Et combien restrictif
Juste ordre numérique
Une jonction cyclique
Entre sommet captif
Puis bras transformatif
S'ensuit périmétrique
Vois cette intrication
En quelque inéquation
Comme belle carboucle
Par chouette rotation
Bâtis géante boucle
Mais sans disproportion
carboucle : pierre précieuse (sans lien étymologique avec boucle)
*
Le 17/7/24, j'ai enchaîné dix-huit fois de suite le plus petit triangle intransitif {2,2,5} > {1,4,4} > {3} (> {2,2,5}) — que j'avais déjà illustré. Chaque strophe l'emploie deux fois, donc peut être considérée comme un octaèdre. Chaque triplet de strophes se termine par des rimes masculines en -oi, et donne un graphe où les couches successives de flèches (entre sommets de plus en plus éloignés) tournent alternativement en des sens opposés, comme ci-dessus. Le poème complet est constitué de trois de ces triplets de strophes. Son graphe est invariant par rotation de π/27 radians = 6,66…°, mais il possède trop de liens pour être lisible. Il est tout de même affiché à droite parce que ça reste amusant. Un agrandissement du début illustre aussi le sens alterné des flèches.
Lai
Si ta prose
N'urge, pose
Sur
Un dé : trime
D'ahan, rime
Dur.
Jà le barde,
L'aède, arde
Air
Où le mythe
D'Éros cite
Mer.
Là si belle,
Ô star, mêle-
Toi,
Et du style
À voir file-
Moi !
Or la gemme
S'élit : aime
Tri
Si la sotte
N'émet note,
Cri.
De ta viole
L'ange vole
Tel
En la trêve
S'orne rêve
Bel
Et se brode
L'ardu code,
Loi :
Il te gruge,
L'oral juge-
Roi.
En sa terre
D'odes, erre,
Fol
As, où vraie,
L'igue raie
Sol.
Fi ! la salle
D'ores râle,
Fat :
En ta quête
S'abat bête
Mat.
Ce dé guide
L'acte, vide
Foi :
Il ne narre
D'opus rare,
Coi.
*
Le 18/7/24, j'ai combiné les idées de deux oulipotes : Louis Couturier a proposé l'exploration de polyèdres d'inégalités intransitives, et Rémi Schulz la construction d'un ruban de Möbius. Voici donc un « octöbius » : bien qu'ils s'interprètent différemment, les deux graphes affichés sont équivalents. J'ai conservé les mêmes couleurs pour faciliter leur comparaison.
Ô face fière,
Éon aère
Lé de Möbius !
J'adore, comme
Ici, tout nome
Et son cursus.
P.5S. du 25/7/24 : illustration d'une variante extrêmement dure d'intransitivité, proposée par Alexandre Carret dès le 11 juin, mais que personne n'avait eu le courage d'essayer jusque là (à part mes multiples recherches de respect inconscient dans la littérature ou la construction de centons). Chaque vers est ici considéré comme un dé dont les nombreuses faces portent les rangs alphabétiques de ses lettres. La grande différence par rapport aux mots-rimes ci-dessus est que toutes les lettres participent à la contrainte. C'est à mon avis aussi dur, et peut-être même encore pire, que l'une des premières variantes testées, dans laquelle chaque mot perd en moyenne devant le suivant. Le graphe octaédrique à droite illustre qu'en plus d'une boucle intransitive globale, chaque triplet de vers successifs donne aussi un triangle d'inégalités (surcontrainte que j'ai choisie depuis début juillet).
Pour pondre un triolet cyclique
Illustrant l'Éternel Retour
Notons un thème symbolique
Pour pondre un triolet cyclique
Les vers s'asservissent en clique
Comme des moutons au pastour
Pour pondre un triolet cyclique
Illustrant l'Éternel Retour
Atbash vocalique
[Rémi Schulz a composé un nouveau
Desdichado oligogrammatique
(c.-à-d. multiplement lipogrammatique), dans lequel
seules les six voyelles AEIOUY sont autorisées, ainsi
que les consonnes de mêmes rangs dans l'ordre alphabétique
inverse : ZVRLFB. Il a posté
le premier quatrain le 13/06/24 sur
la liste oulipo, en proposant aux
abonnés de poursuivre. J'ai écrit
le second quatrain la nuit suivante,
et Rémi a complété avec
les deux tercets dès le lendemain matin.
Voici l'ensemble, dont les trois quarts sont donc de Rémi. J'ai
juste modifié la rime des 9e & 12e vers, pour éviter la
répétition d'un substantif tout en nous rapprochant des « -ron »
du poème original.]
El atbashado
Avouer avoir revu le veuf, le vérolé,
Le vil vizir arabe à l'olive abolie,
Livré vif à l'azur, relief auréolé
Où la vielle irréelle y voile la folie.
À l'effroyable bière, ô feu frère zélé,
Offre la rive ou l'eau, lieu lez la lobélie
— La fleur bleue a ravi l'orfèvre affriolé —,
La barrière où le lierre à la bruyère allie.
Fabuler Love ou Râ, Rivarol ou Zorro,
Faire bizou baveur à la belle ferrière,
Babiller à l'ouvroir où rêve l'ouvrière.
Au fleuve Érèbe aller, y revivre à zéro,
Voler à l'éveilleur la lyre au vieil Orfée,
Ouïr l'air au brailleur, ou le verbe à la fée.
Rémi Schulz & Gef_
Monnet ténébreux
[Desdichado en vers d'une syllabe]
¡Ay!
Noire
Va
Ma
Poire.
Croire
À
La
Gloire ?
Ô
Chantre,
Entre
Au
Centre
D'antre !
[Voir aussi la version d'Alexandre Carret d'il y a deux mois]
Fibonnet
[poème dont les longueurs des vers sont les premiers éléments de
la suite de Fibonacci,
en soulignant par des césures leurs décompositions
comme somme des deux précédents]
L'ode
Là
Encode
L'au-delà
De l'âpre méthode
Que Fibonacci modela
Certes pour compter des lapins de façon commode
Mais quatorze siècles plus tôt pour rythmer des vers
selon le rhéteur
Pingala.
Il ne suffit pas cependant de choisir un mètre
et des rimes pour composer une oeuvre émouvante
ou se rapprochant du sublime.
Car dans une ligne trop longue est souvent perdu
le propos du poétereau, comme sa musique et son souffle
indifférenciés, donc ce que l'on nomme beauté
ne s'aperçoit plus et progressivement s'élime.
Pourtant de sensibles auteurs restent élégants
même avec d'imposants versets, qu'on pense à
Paul Fort
ou Ramuz, ensuite
Aragon, plus récemment
Noël Bernard —
mais en général, les poètes fibonacciens
n'exagèrent pas : Silliman, Nims, Levin, Leuzzi,
McCosh, Pincus, Coon, Birken, Clark, May, Lebel et al.
stoppent à treize voire huit.
(Ce format au carré vaut le terme qui suit.)
Jargonnet
[simple mélange des mots d'Alain Towarski dans
Clair de femme pour en faire un sonnet]
Agaga de Vincennes
« C'est peut-être un poète. »
Grenouille hypogramme a poupette
Camomelle cloclo baba
Polygone et rouba ba ba
Vec la bouche os à clarinette ?
Petit pouce mordieu Perrette
Mais la grute a pchi pchi... pcha pcha...
Labébine, ma foi, choucha
Fonce pilate ou la la tête.
Asticot tac tac ? Mon pruneau
Bidule a touché biyoneau
Des Carpates pisse macache.
Couscous des abbèches blapis
Gardafui Montaigu cocache
Clapoque aux chabigots bchappis.
(d'après Roman Kacew)
[Voir aussi mes précédentes explorations de troubles du langage évoquant des fins de vies]
Harmonie gématrique
[Rémi Schulz est passionné par les harmonies
gématriques, et notamment les relations du type (nombre
de lettres) × (nombre de mots) = (somme gématrique),
comme il en a par exemple repéré une involontaire
plus haut. J'ai construit ci-dessous
un centon d'alexandrins
classiques respectant de telles égalités, donc dont la moyenne
gématrique par lettre est un entier. Le titre en 14 lettres
(= nombre de vers) a été choisi pour que la moyenne gématrique
globale soit d'exactement 11 par lettre et 38 par mot
(deux entiers). Les totaux de lettres
(532), de mots (154) et gématrique
(5852) sont tous multiples de 14,
et les deux derniers également de 11. Le produit des
deux premiers vaut 14 fois le troisième.]
Tremblotements Que ne peut l'artifice et le fard du langage Pour faire naître en elle autant que j'ai d'ardeur ? Tu m'as rendu mon change et m'as fait quelque peur — Je sais bien que ma nef y doit faire naufrage. Et comme ce dompteur, seul au fond de la cage, Sous le ciel clair qui brûle et n'a plus de couleur, Mon sang est tout gelé : je n'ai plus dans le coeur, Là, pas d'oiseau chanteur ni d'abeille en voyage. Mon sang est le seul bien qui me reste en ces lieux. Je sais que ce haut rang n'a rien de glorieux. Juge un peu si la pièce a la moindre apparence ! Je me suis bien défait de ces traits d'écolier : Je vais où va le son qui de mon luth s'élance, Se plie aux jeux réglés du fer et de l'acier. |
[35×10 = 350, La Place royale de Pierre Corneille] [40×11 = 440, La Suivante de Pierre Corneille] [39×12 = 468, Clitandre de Pierre Corneille] [36×10 = 360, Honorat de Bueil, seigneur de Racan] [35×10 = 350, René-François Sully Prudhomme] [40×12 = 480, Charles Marie Leconte de Lisle] [38×12 = 456, Béroalde de Verville] [38×10 = 380, Théophile Gautier] [40×12 = 480, L'Illusion comique de Pierre Corneille] [35×11 = 385, La Thébaïde de Jean Racine] [37×10 = 370, Le Menteur de Pierre Corneille] [37×10 = 370, La Suite du Menteur de Pierre Corneille] [34×12 = 408, Alphonse de Lamartine] [34×11 = 374, Émile Verhaeren] |
Binsmala
[Une image peut être codée dans la
représentation binaire des gématries
des lignes ou des mots successifs d'un texte,
comme nous l'avons exploré
l'année dernière.
Cette contrainte a été
récemment
relancée sur la
liste oulipo. Son inventeur
Rémi Schulz a alors
proposé de coder la
basmala « ﷽ »,
formule reprise au début de chaque
sourate du
Coran. Elle a donné lieu à de
nombreuses calligraphies, notamment
celle-ci qui est très bien adaptée
à une image binaire. Il est toutefois
impossible de coder une image aussi large
à l'aide des gématries binaires des lignes d'un texte
— variante la plus abordable de cette contrainte.
Même la concaténation des gématries des mots successifs
(très dure variante)
n'autorise pas des lignes horizontales blanches aussi longues.
J'ai toutefois
remarqué que les segments blancs verticaux de
cette image sont moins longs, donc il m'a suffi de la tourner de
90°, comme ci-contre, pour
parvenir à la coder. Ma prière
ci-dessous reprend les mots de la formule coranique.
Notons qu'après trois
étoiles de David,
cette page Web est très oecuménique !]
Ô saint patronyme, je
clame, lors mystique,
à la face divine. Criez
ce remerciement irréprochable à
puissant ubiquiste, à pur
Rahmâni : charité puis
pitié, bon berger âgé !
Verbalisons « Allah » gaîment,
fils philosophique : bismillah !
Prodigieux nom, bismillah !
Intemporel sauveur, bismillah !
Crois adage constitutionnellement,
aède. Avec providence, ici
montrons ce planétarium à
an : Rahïmi, règle cela !
Évoquons sage destin.
Longuement réitérons « bismillah » :
acclamez votre Jéhovah !
Car Dédale sur ciel
cacha transsubstantiation verbale
à gnostique, chiffrage miraculeux.