Gef's Contributions to the Oulipo Mailing List

[0. Classification of the constraints]
[1. Old oulipian page (90s)]
[2. Translation exercises (96-97)]
[3. Miscellaneous constraints (97)]
[4. Oulipian games & poetry (97-98)]
[5. Oulipoetic constraints (98-99)]
[6. Oulipoetry in 1999]
[7. Y2k texts]
[8. Grannets, tanka & Nerval]
[9. Poetry & symmetry (2000-01)]
[10. Sonnets et al. (2001-02)]
[11. Homophonies, anagrams, etc. (2003)]
[12. Combined constraints (2003-04)]
[13. Some original constraints (2004-06)]
[14. New literal constraints & pangrams (2006)]
[15. Holorhymes, pangrams, etc. (2006-08)]
[16. Polysemy & Pastior (2008)]
[17. Collective poems & vocalic sonnets (2008-09)]
[18. Lists & saturation (June-July 2009)]
[19. Anagram pairs, Loyd & Fournel (2009)]
[20. Rhymes, anagrams et al. (2010-11)]
[21. Cut-up, outlaw, Mathews, etc. (2011-12)]
[22. Complex rhymes, multi-lipograms & self-justification (2013)]
[23. Doublets, arithmonyms, alpharhymes, etc. (2014)]
[24. Homoconsonantisms et al., braids, anagrhymes (2015)]
[25. Anagrams, holorhymes, Morse, etc. (2016)]
[26. Rhythm & pangrams (2016)]
[27. Compositions, holorhymes and new constraints (2016-17)]
[28. Syllabic squares, vocalic sequences, music, etc. (2017)]
[29. Paradoxical constraints (2018)]
[30. Extensions of anancograms & other constraints (2018)]
[31. Express palindromes (2018)]
[32. Digrams, mesonyms et al. (2019)]
[33. Intervals, primes, n-grams & Queneau (2019)]
[34. Statistics and prime ASCII art (2020)]
[35. Extensions of HOGs & palindromes (2020)]
[36. Acrostics, rhythm and many other constraints (2020)]
[37. Block designs, neo-gematria, paronyms & boundaries (2020)]
[38. Metatogs, irrational sonnets, neo-sestinas, etc. (2021)]
[39. Prouhet-Thue-Morse, generalized sonnets and other forms (2021-22)]
[40. Architogs, polysympathy et al. (2022)]
[41. Paronyms, protehogs, dichotomy, etc. (2022)]
[42. Tropes and generalized palindromes (2022)]
[43. Block designs, binary gematria et al. (2023)]
[44. New express palindromes and octina (2023)]
[45. Paronyms, surdefinitions & palindromes (2023)]
46. Recent stuff (2024)
[Appendix: Homages to a few oulipian friends]


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1er janvier 2024

Voeux en palindrome-express

L'an neuf en Sicile
Promet des bonheurs :
Sans foi ni loi, l'île
Fournit thym & fleurs.

Moralité
Et amoral, rusé, tu as eu l'avenir bel : bonne année !
Enna, en noble brin évalué, saute sur l'aromate.


P.S. du 4/1/24, mettant en scène deux inversions intéressantes
déjà présentes dans cette longue liste de la Saint-Sylvestre

Le feu l'obnubile :
De chaque brasier,
Clovis le débile
Veut se rassasier.

Moralité
Toi, dîne, ignivore mérovingien idiot !

*

Un dessin diaphane
Sur le limon vieux
Tiraille un profane
Entre ces deux dieux.

Moralité
El et Râ : ceci alerte l'amen
noté en argilifère filigrane,
étonné mal-être laïc écartelé.


P.P.S. du 7/1/24

Dur, l'expert en signes
Relie aux cancans
Les élans indignes
Des gens éloquents.

Moralité
Rosse, l'être trop paraverbal à palabre va rapporter tel essor.

*

Ce peuple vénère
Un affreux tibia ;
On ne comprend guère
Son pur charabia.

Moralité
Un totem eh ! promet ce laideron oset
inanité sonore, dialecte, morphème tôt nu.

*

Le sourd journaliste
Hausse l'usé cri
Du soupirant triste —
Vieil auteur chéri.

Moralité
Ce reporter n'oit ce semi-létal céladon, élève
le nodal éclat élimé (section rétro : Perec).

[céladon : amant langoureux]

*

Nous sommes en guerre,
Fougue : tu me tends
Le destin contraire
D'un sombre printemps.

Moralité
Noise : l'élan revêt nègre vide, épopée divergente, vernale lésion.

*

Hurle une sirène
Mais je reste ici
Et te rassérène
D'un geste adouci.

Moralité
Être là et te caresser à cette alerte.

*

Ce bus à vingt faces
Accroît tes soucis
Quand tu te tracasses,
Exclu ramassis.

Moralité
Le tram-là, icosaédral, larde asocial martel.

*

On a mis sa gare
Près du Pont du Gard,
Donc c'est la bagarre
Franche à cet égard.

Moralité
Égarée, Nîmes si disséminée rage.

*

Magique éprouvette
Que m'offrit Satan,
Rends à ma clairette
Sa mousse d'antan.

Moralité
Tube, regazéifiez âgé rebut !

*

Le prophète brique
Ce crustacé mort
Au cours d'eau modique,
Ensuite le mord.

Moralité
Autour, Élisée va lessiver cela : l'écrevisse lavée, si le ru, ô, tua.

*

J'achève un cantique
Grave en étalant
Sa tournure antique,
Moi, le Vert Galant.

Moralité
Ému, en séminifère pépère, finîmes neume.

*

Les questions qu'on pose
Sont à répéter...
Quelle est cette chose ?
C'est ChatGPT.

Moralité
I.A. retâterai.
I.A. réifierai.

*

Ô fumiste, arrête !
Mais as-tu signé
De ta cigarette —
Porte-plume igné ?

Moralité
Eh, paraphe !
Eh, cibiche !

Gef_


10 janvier 2024

Block design (7,3,1) avec les sept consonnes SRTNLCD

L'orphelin
[Les sept consonnes les plus fréquentes en français, SRTNLCD, sont organisées selon un plan de Fano. Chacune des sept lignes de la figure correspond à deux alexandrins consécutifs du poème (de rangs impair puis pair). L'ordre choisi est du même type qu'en 20202023, à savoir NDT / TSC / CRD / DLS / SNR / RTL / LCN, cf. les pastilles colorées avant chaque distique. L'une des difficultés est de respecter un schéma de rimes régulier malgré des graphies différentes.]

        El Huérfano

  Étant d'un teint de nuit, — atone, — inanitié,
        Oint dénué de toit, inondé d'idiotie ;
  A cessé tout succès, — et ce couac associé
        Suscite cet août cuit où ceci te soucie.

  Ce décédé caïd, aide au cadre d'acier,
        Cède d'adouci coeur ce cadeau d'Aricie :
  Le soleil désolé, l'eau, l'île, ou le doussié
        Au dessus du lilas où l'oeil soûl se dessille.

  Suis Éros, sire en or, soeur Sourire ou Néron ?...
        Rosirai sous sa reine insensée ou Sauron ?
  Au trou, la truite trotte et tortille la taille.

        Et relier altier le Tartare tritié.
  Lance la lancinance en canon licencié :
        Ou nuance la nonne ou couine la canaille.

                                                Alessandro Scarlatti

inanitié : mourant de faim
doussié : arbre africain
tritié : contenant du tritium

[Voir aussi ces biconsonantismes de 2019]


18 – 25 janvier 2024

Vers palindromes
[Courts palindromes présentés comme les devinettes des Tablettes du chercheur à la fin du XIXe siècle. J'y ai respecté la tradition des noms propres et des vers isométriques. Les solutions s'affichent quand on passe sa souris sous la ligne de
X répétés.]

Tu balances ton porc, hystérique frangine :
Même en science-fiction, tu connus un auteur
Certes de grand talent mais qui fut tripoteur.
XX XXX, XX XXXXX XXXXXX, XXXXXXX.
En ire, tu vomis Asimov, utérine. (alexandrin okapi)

*

Quand cocos et cathos italiens le critiquent,
Le solitaire auteur le prend pour un échec.
Il fumera beaucoup pendant qu'ils polémiquent :
XXXXXX XXXXXX XXXX XXXXXX XXX.
Cesare Pavese lésé vapera sec. (alexandrin okapi)

*

Ce physicien prétend que de multiples mondes
Coexistent dans leur quantique absurdité
Chaque fois qu'un esprit obserbe un paquet d'ondes
XX XXXX, XXXXXXX XX XXXX XXXXXX.
Et idem, Everett te rêve médité.

*

Surréaliste en chef mon cul ! râle Zazie.
Ton scribouillard, mon pote, est un raté blanc-bec.
Une rame au sous-sol confirme l'hérésie :
XX XXXXX XX XXXXX XXXXXX XXXXXX, XXX.
Ce métro va noter Breton avorté, mec.

*

Un dadaïste un jour tenait une pancarte
Poussant à se conduire en avare rongeur.
Jacques Georges, piteux, ne fut ce tapageur :
« XX XXX, XX XXXXXX », XX XXXXX XXXXXX, XXXXX.
« Et rat, tu agiras », ne pensa Rigaut, tarte.

*

Le premier roi numide a choisi de se battre
Non dans quelque désert mais un lieu de gala,
Un cirque, un hippodrome ou cet amphithéâtre :
X X'XXXXX XXXXXXXXXX XXXXXX, XX. (dodécasyllabe non césuré)
À l'arène Massinissa mènera, là.
Variante en quinze syllabes (leu = loup) : Leu de l'arène, Massinissa mènera le duel.

*

L'oratrice obtint   une enceinte honnête
Pour réconforter   l'argentin public,
XX XXXXXX, XXX  XXXXX XXX (XXX)
Et tentée, Eva  Perón osa (sic)
XXX XX XXXX  XXXXXXX XX XXXXX.
Ici sa sono  repavée et nette.

(les deux derniers vers constituent ensemble un seul palindrome)

*

En commentant   cet auteur satirique
Contemporain   de Jeanne d'Arc, on a
Choqué le monde   orthodoxe et classique :
XXXXXX, XX XX XXXX XXXXXXX.
Annoté, de La Sale détonna.

*

Lorsqu'un jour   ce révolutionnaire
De pastis   et d'ouzo s'avina,
Il devint   soudain pleure-misère :
XXXXX,  XXXXXX XXXXXX.
Anisé,  Lénine lésina. (ennéasyllabe okapi césuré 3/6)

*

Quand il affronte une flopée
De brigands mexicains, fissa
De la pointe de son épée,
XXXXXX, XXXXX XXXXX XX.
Acerbe, Zorro zèbre ça.

*

Lorsqu'à l'Academy française
Entra le grand Jules Romains
En milleu neuf cent trente-seize,
Certains en vinrent presque aux mains :
À ces cons en trop dans la foule
Des immortels, ça n'a pas plu.
« Non, X'XXXXXX X'X-X-XX XXX ?
«    , l'ignare l'a-t-on élu ?
X XXXXXX XX XXXXXXXXX ! »,
Ô girafe de Farigoule ! »,
XXXX XX XXXX XX
Nota le rang IL

Qui dépassait jusqu'au Pont Neuf.
(toute la suite de X ne constitue qu'un seul palindrome)

*

Ce romancier mérite
Legs, prix Nobel, fierté,
Mais dort décontracté :
XXXXX, XXXXX XXXXXX.
Étiré, Hesse hérite.

*

Ce délirant artiste
Aimait sa caméra,
Mais d'un geste anarchiste,
XXXXXXX XX XXXXX.
Arrabal la barra.

*

Quand on reproduit ses portraits, ce poète se sent coté.
XX XX XXXX XXX XXXXXX : X.X. XXXXX X'XXXXXX XXXX. (hexadécasyllabe non césuré)
Et on émit ses toiles : T.S. Eliot s'estime noté.


P.S. du 1/2/24, sans devinette car ce quatrain emploie un vocabulaire peu courant —
outre des rimes toutes masculines. Les deux derniers vers forment un seul palindrome.

Chez nous gringotte   un neuf mais lent guignol
Qui descendrait   du pape Léon X :
Longis sorti   d'énième Médicis,
Ici de même   inédit rossignol.

gringotter : chanter comme un rossignol
Léon X : Jean de Médicis
longis : homme qui agit lentement


P.P.S. du 3/2/24 : vers de pur rien (avec rimes en avion)

Hugo puis Mallarmé prélèvent des phonèmes
En faible quantité de l'archéoptéryx
Afin d'y découvrir l'inspiration du ptyx,
Sème opportunément né menu (trop) : poèmes !


P.3S. du 4/2/24

Mural, Aragon au guano gara l'arum :

Là renégat réséda, L-
[L]es opales, ô snob rose,
Résorbons : ose la pose !
Là déserta général.

[Notez la rime enjambée du premier heptasyllabe, pratiquée par L.A. soi-même.]


P.4S. du 6/2/24 : palindromes adverbiaux, dans l'état d'esprit des vers de pur rien ci-dessus

J'ai demandé que Tjens donne un coup de baguette
Pour ponctuer chacun des « hip hip hip, hourra ! »
Mais la police a fait une contre-requête :
Arno servilement ne me livre son ra.

La chanteuse, aimant tout de façon équitable,
Jouait baroque and roll sur son ukulélé,
Mais le hip-hop sucré n'était pas acceptable :
Elle, impartialement, ne mêlait rap miellé.

En face des votants, cet orateur patraque
Étouffa le renvoi qu'un repas surgelé
Avait occasionné : pour sauver la baraque
Électoralement ne mêla rot celé.

Il m'a fallu parfois réprouver sa conduite
Car jurait en patois ce rustique marmot.
Certes je l'ai puni, mais je voulais qu'ensuite
Tom dialectalement ne mêlât ce laid mot.

En cachant un proton à l'étrange chimiste
Qui se crut africain (c'était sa décision),
Je sus l'embobiner : cet anticonformiste
Noir électivement ne me vit celer ion.

J'ai tant d'appréhension qu'un ver solitaire entre
En moi, que je m'ausculte avec soin : il n'y a
Pour l'instant nul symptôme en mes torse, bas ventre,
Aine : attentivement ne me vit net taenia.

Je consulte un copain thérapeute en urgence,
Mais strict, il me répond ne rien voir d'anormal,
Car même quand il dort, il est sans indulgence :
L'ami sévèrement ne me rêve si mal.

Rigoureux, Guy Lelong songe qu'un pied de vigne
Est moins inattendu que le rien du mistral,
Et quand Gérard Grisey l'imagine, il souligne :
L'art-cep sévèrement ne me rêve spectral.

Le palindrome sait que cet oeil britannique
Le parcourt sans comprendre — à l'instar d'un loris
Dont l'ahurissement est presque tétanique :
« Sir, inutilement ne me lit un iris. »

Le paresseux m'a vu mais il reste de marbre :
Se fondre dans le flegme est pour lui primordial.
Pourtant il est flagrant trop au milieu de l'arbre :
L'aï démesurément ne me ruse, médial.


P.5S. du 7/2/24 : autres palindromes adverbiaux, cette fois en évitant les finales en -ment

L'immense inanité d'un petit conifère
Le révolta peut-être, et cela le guida
Dans un ventre fécond pour un cocon y faire :
Ad infinitum nul, un mutin if nida.

Fitzgerald a chanté pour réchauffer l'ambiance
Lorsqu'elle a hérité d'un grand domaine grec.
Il fallait, dans ce fief sans nulle redevance —
C'est-à-dire d'alleu, qu'Ella déridât sec.

Traverser la rivière avec ma mobylette
Va rendre ce costume et ce manteau fangeux,
Car ne voir presque rien met leur étoffe en jeux,
Et tel gué va là sale, hélas à l'aveuglette.

Ce soldat congolais a ri
De son grade en franglais oral :
Lari, manu militari,
Dira-t-il « I'm un amiral » ?

L'Italien, toujours à se plaindre,
Fut emporté par le cylindre :
La roto gira le rital
À tire-larigot oral.

[Au passage, Louise de Vilmorin avait composé le désormais classique « Eh ! ça va, la vache ? » Une micro-variation employant un adverbe populaire peut le transformer en slogan anti-drogue : « Eh, ça came macache ! » On peut aussi le prolonger pour souligner que même les bovins s'inquiètent des plantes aquatiques : « Eh, ça va, l'algue ? », meugla la vache.]


P.6S. du 11/2/24

La vitesse distend mon durillon local :
La célérité là mal étire le cal.
[Variante un peu plus longue mais moins bien césurée :
La célérité, trop sport, étire le cal.]

Ma progression nickel surclasse ton coup sec :
Ce mi-métal essor rosse l'atémi, mec.

Il fagota sa graisse en un slip de coton.
Noter : ce calecif ficela ce creton.
creton : morceau de graisse

L'esprit vogue sans eau dans cet examen bel,
Les élégances-tests, et sec, nage le sel.

Quel âcre con choisit l'actif et porno gus ?
Suret, un utile X élit un utérus.

Les gars, sachez qu'à poil, ce modèle est sans frein.
Nières, une leçon : noce le nu, serein.
nière : mec

La cocotte au proxo cacha ce corps charnu :
Une cato, mac sec, escamota ce nu.
cato : prostituée
mac : proxénète

Au contrôle d'Éros, le fisc n'est pas tenu :
Une cédule nie, hein, élude ce nu.
cédule : catégorie de revenus

La contrainte éclairée un champagne aviva :
Averti, le carcan nacra ce litre, va.

L'olifant joue en do, l'embouchure s'égare :
Erra ce bec, ah ! corne enrocha ce bécarre.

Nettoyer la murène,
N'est-ce beau comme iris ?
Si, l'écailleur amène
Ma ruellia, ce lis.

écailleur : ustensile pour nettoyer le poisson
iris, ruellialis : fleurs


P.7S. du 14/2/24

Peinait la Muse inverse en un cafard spectral :
L'art sua, noir et las, p'tit psaltérion austral.
[Je me suis souvenu a posteriori que Perec emploie le mot « psaltérion » dans son Grand Palindrome :
« L' (eh, ça !) hydromel à ri, psaltérion. Errée... erre, noir, et la spirale mord, y hache l'... »
Mais mon vers n'est quand même pas tout à fait identique.]

Pour effacer un corps, le vitriol excelle :
Électromédical, tôt l'acide mort cèle.
[De nouveau, les inversions « l'acide médical » et « électrom... / mort celé » sont déjà bien connues.]

Que cette fleur envoûte un légume, on le prône :
Ensorceler, ô belle hellébore, le crosne !
[Une troisième fois, l'inversion « crosne ensorc(elé) » a déjà été trouvée depuis belle lurette, et
le Grand Palindrome de GP contient aussi « Oh, arobe d'ellébore (...) zéro, belle Deborah, ô ».]

Sait-on si Montagnier vainquit la thèse oviste
Et si Luc lamina là l'animalculiste ?

Sait-on si tout est l'oeuvre ad hoc d'un lent styliste
Et si l'aï-ci fit rap artificialiste ?
[avec comme il se doit l' en deux syllabes, contrairement à la synérèse abusive que j'ai osée plus haut]

Quand la fronde se tait, sourd la droite extrémiste,
Et si là n'oit anar, vivra nationaliste.


P.8S. du 19/2/24 : méthode pour construire un sonnet palindrome vaseux.
0/ Avoir la crève.
1/ Lister tous les alexandrins palindromes qu'on a déjà pondus soi-même.
2/ En choisir environ quatorze qui pourraient donner un schéma de rimes régulier.
    S'il n'y en a pas assez, il suffira d'en composer de nouveaux.
3/ Les organiser selon ces rimes, puis inverser l'ordre des premiers hémistiches : celui
    du premier vers passe au quatorzième, celui du deuxième passe au treizième, etc.
4/ Modifier tous les milieux d'alexandrins pour respecter à la fois le mètre et la
    symétrie palindrome.
5/ Choisir une ponctuation faisant croire à un sens vaguement plus suivi qu'il ne l'est.

Ce métro va lier à psaltérion austral
Señor drap, eh cercueil ! Ara nationaliste,
César, épave, tôt ne me rêve si mal :
Ensorceler, ô belle, hep ! artificialiste.

Elle, impartialement, ne me ruse. Médial
Électoralement enlie, ô l'engagiste.
Et si Luc lamina l'oeil, étire le cal,
La célérité lie, ô l'animalculiste.

Et si gagne l'oeil net, ne mêla rot celé :
L'aï démesurément ne mêlait rap miellé.
Et si l'aï-ci fit râpe, hellébore, le crosne ?...

L'ami sévèrement ôté vapera sec,
Et si là n'oit anar à lieu crêché par drones,
L'art sua, noir et las, pareil avorté, mec.


26 janvier 2024

Grannet amincissable
[selon le schéma logique ABCDA / EFGBE / HICFH / JDGIJ que j'avais choisi en juin 2000, mais cette fois en respectant l'alternance des rimes. Si l'on y supprime tous les vers répétés, on obtient le dizain de la colonne de droite]

S'il me faut composer une ode
Pour passer le temps, je noircis
Des lignes de vers épaissis —
Repris selon leur pérïode
S'il me faut composer une ode.

Ce cadre alors je le durcis,
Car en respectant ma méthode,
La volubilité s'érode :
Pour passer le temps je noircis
Ce cadre, alors je le durcis.

Toute rengaine se démode
Et c'est pourquoi je raccourcis
Des lignes de vers épaissis,
Car en respectant ma méthode
Toute rengaine se démode.

Pour finir ces couplets concis
Repris selon leur pérïode,
La volubilité s'érode ;
Et c'est pourquoi je raccourcis,
Pour finir, ces couplets concis.
S'il me faut composer une ode
Pour passer le temps, je noircis
Des lignes de vers épaissis
Repris selon leur pérïode.

Ce cadre alors je le durcis,
Car en respectant ma méthode,
La volubilité s'érode.

Toute rengaine se démode
Et c'est pourquoi je raccourcis,

Pour finir, ces couplets concis.

P.S. du 1/2/24 : grannet d'hexasyllabes en sept huitains (6×7×8). Les vers répétés sont choisis les plus éloignés possible (comme en juin 2000 ou dans mes grannets musicaux de 2017). En y supprimant tous les vers répétés, c.-à-d. les n derniers de la n-ième strophe, on obtient le sonnet birime banvillien (= de Peletier) de la colonne de droite, avec également des rimes aux césures.

Le thème est répété
Maintes fois par principe
Car cela participe
À notre ébriété.
Tout le monde anticipe
Un refrain entêté :
Pour que l'on s'émancipe,
Le thème est répété.

Où que l'on se dissipe,
Au gala décrété
Comme au bal de l'équipe,
Débordons de gaîté.
Puis sans sobriété,
Mangeons à satiété
Maintes fois par principe,
Ou que l'on se dissipe !

Ce chant de variété
Nous est interprété
Tel un stéréotype.
Si le rêve se fripe,
On s'en trouve hébété,
Car cela participe
Au gala décrété,
Ce chant de variété.

Le bonheur qu'on agrippe
Encore est souhaité :
Ô temps, sois arrêté !
C'est pour cela qu'on flippe
À notre ébriété,
Comme au bal de l'équipe
Nous est interprété
Le bonheur qu'on agrippe.

Le moment où l'on ripe,
Impromptu complété,
Reste aussi regretté.
Tout le monde anticipe :
Débordons de gaîté
Tel un stéréotype !
Encore est souhaité
Le moment où l'on ripe.

Partons au casse-pipe
Pour que l'on nous étripe
Un refrain entêté.
Puis sans sobriété,
Si le rêve se fripe,
Ô temps, sois arrêté !
Impromptu complété,
Partons au casse-pipe.

Enfin par vers fêté
Pour que l'on s'émancipe,
Mangeons à satiété.
On s'en trouve hébété.
C'est pour cela qu'on flippe,
Reste aussi regretté —
Pour que l'on nous étripe,
Enfin par vers fêté.
Le thème est répété maintes fois par principe
Car cela participe à notre ébriété.
Tout le monde anticipe un refrain entêté
Pour que l'on s'émancipe ou que l'on se dissipe.

Au gala décrété comme au bal de l'équipe,
Débordons de gaîté, puis sans sobriété
Mangeons à satiété. Ce chant de variété
Nous est interprété tel un stéréotype.

Si le rêve se fripe, on s'en trouve hébété :
Le bonheur qu'on agrippe encore est souhaité.
Ô temps, sois arrêté ! C'est pour cela qu'on flippe.

Le moment où l'on ripe, impromptu complété,
Reste aussi regretté : partons au casse-pipe
Pour que l'on nous étripe, enfin par vers fêté.

11 février 2024

Grandette balladine
La grande ballade médiévale compte trois dizains de décasyllabes de schéma AbAbbCCdCd, plus un envoi de cinq vers CCdCd. Réduisons ces caractéristiques : strophe → verset, hémistiche → mot, syllabe → lettre. Chaque décasyllabe devient donc une suite de deux mots de quatre puis six lettres, la dernière jouant le rôle de rime — par exemple un E si elle est féminine. [En principe, ni le nombre de syllabes ni les sons finals n'importent dans cette forme réduite, mais je n'ai pas résisté ci-dessous à conserver tout de même ces propriétés classiques en plus de leurs réductions.] Les vers refrains terminant les strophes deviennent maintenant deux mêmes mots repris à la fin de chaque verset. Le traditionnel « Prince » démarrant l'envoi peut devenir en quatre lettres un « Chef » ou un « Émir », ci-dessous « Dieu ».

Plan timide pour tester vers rapide, puis poster sans rester
trop tacite : quel licite seul chemin nous invite ? Mais demain ?

Joug rigide peut dicter, bref décide quoi pister donc lister :
leur orbite ivre hérite vrai jasmin, cool pépite. Mais demain ?

Sois lucide : sors quêter luth solide ; pars conter, feux tenter...
Muse, incite voix petite ! Fard carmin, elle excite, mais demain

Dieu limite rime écrite. Tout humain lors hésite : mais demain ?


P.S. du lendemain : petiote balladine, c.-à-d. petite ballade, 3 × aBaBBcBc + envoi BcBc, réduite de façon similaire (strophe → verset, vers → mot, syllabe → lettre). Tous les mots comptent donc huit lettres. Cette fois, j'ai choisi de ne pas terminer chaque verset par le même mot-refrain.

Jaillira Caroline, nourrira magazine :
baratine boniment ? ratatine argument ?

Fournira vitamine, choisira dopamine ?
Dodeline, purement féminine, sagement ?

Inscrira, cabotine ; fleurira, galopine :
entérine sûrement sonatine — rudiment.

Baladine, joliment illumine agrément !


17 février – 15 mars 2024

Chanson des rues
[L'association Zazie Mode d'Emploi a proposé à la liste oulipo de récrire ce poème de François Caradec en respectant les contraintes que l'on veut. Voici quelques variations personnelles.]

Si rue est la bonne,
Le rush y case art :
S'y ruer ! L'abonne
L'heureux chic hasard.

Là, d'octave nue,
Chantez le mambo,
La docte avenue,
Champ tellement beau.

[sélénet holorime]

*

En sortant de notre masure
Sans nous imposer de programme
Chantons cette ville chérie

Il ne sert à rien de choisir
Les chemins que nous parcourûmes
Bifurquons quand ça nous plaira

Laissons décider le hasard
C'est ainsi que nos refrains riment
Les anciens quartiers et les rues

[terine berrychonne]

*

        Mes airs des rues à Paris triste

        Prenez une rue au choix tard
en sortant de chez soi cette voie est plus drôle
        ceci n'est pas un fruit de l'art
à Paris la plus belle inspire un air qu'on miaule.

        Tout chemin rime bien ainsi
et chacun sera mis en refrains qu'on colporte
        tous les cours nous ont dit merci
oui merci de ce chant qui peint la ville morte.

[La transcription du titre en morse donne  -- . ... / .- .. .-. ... / -.. . ... / .-. ..- . ... / .--.- / .--. .- .-. .. ... / - .-. .. ... - .  qui fournit le schéma syllabique du poème, chaque point donnant un monosyllabe, chaque tiret un dissyllabe.]

*

        Prends une rue au hasard
Sortant de chez toi  la première est la bonne
Ici la plus belle  est celle qu'on fredonne

        N'y vois un effet de l'art
        Chaque route rime ainsi

On en fait des airs  qu'on chante dans les rues
        Chaque route dit merci

Merci de chanter  les villes disparues
        (D'après Caradec François
        Poème « Chanson des rues »
Recueil « Le brouillard  urbain que je perçois »)

[Métatog 7+11+11 + 7+7 + 11+7 + 11+7+7+11 : hog dont le total de syllabes des t premiers vers est toujours premier, quel que soit le nombre t impair. Ça reste un hog quand on le tronque à l'un des sauts de strophe.]

*

Chant des rues

Pied,
Toute
Route
Sied.

Goûte
Sans
Doute
Chants.

Dîmes
Rimes.

La
Ville
File
Là.

[monnet, c'est-à-dire sonnet de monosyllabes]

*

        Chanson pour chiens des rues

        Au pif vers herbe ou boulevards,
n'errant en plan chez soi, la fatigue élut ronde
        qu'inspire la Muse — ô ses arts ! —
plutôt belle à Paris pour qu'une harpe on ponde.

        Car à mêler sylphide au front,
maint refrain tinte, impro d'oiseaux, remède aux rues :
        tous nous piaillent et m'y loueront
place idoine au chic roble en la cité courue.

[Poème pour chiens (invention de François Caradec) : des noms de chiens célèbres ou courants sont sous-entendus phonétiquement dans chaque vers, à savoir dans l'ordre Pif, Boubou(l)e, Rantanplan, Gai-Luron, Muzo, César, Pluto, Belle, Pompon, Caramel, Fido, Rintintin, Azor, Médor, Snoopy, Milou, Placid, Croc-Blanc et Lassie.]

*

        Chaire des queues
        Chaise des queux
        Chaleur des raies
        Chambre des RAM
        Chance des roies
        Channe des roues
        Chanson des rues

        Poudrez une rouille au harpail
        Pouillez une roupe au harpeau
        Pourprez une rousse au harpin
        Poussez une rouste au harpon
        Poutsez une route au harrier
        Prêchez une ruche au harviau
        Prenez une rue au hasard
en solvant de hors toi la précieuse est la blanche
en sombrant de par vous la précise est la blèche
en sommant de pour eux la précoce est la blême
en sondant de sous lui la précuite est la blèse
en songeant de sur moi la préfixe est la blette
en sonnant de vers nous la prégnante est la blonde
en sortant de chez soi la première est la bonne
        ce n'est pas un écrou de l'air
        ce n'est pas un écu de l'ais
        ce n'est pas un écueil de l'an
        ce n'est pas un édam de l'août
        ce n'est pas un éden de l'arc
        ce n'est pas un édit de l'ars
        ce n'est pas un effet de l'art
la jà barbe à Pardeux est celle qu'on fragmente
la moins barje à Pareds est celle qu'on fraîchit
la moult basse à Pareid est celle qu'on framboise
la non bath à Parence est celle qu'on franchit
la pas beige à Parent est celle qu'on franchise
la peu belge à Pargnan est celle qu'on francise
la plus belle à Paris est celle qu'on fredonne.

        Toutes les queues rauquent topless
        Toutes les queux règnent toujours
        Toutes les raies renflent vraiment
        Toutes les RAM rentrent vulgo
        Toutes les roies restent adonc
        Toutes les roues rêvent ailleurs
        Toutes les rues riment ainsi
on en coud des refaits qu'on cercle par les queues
on en craint des refends qu'on cerne pour les queux
on en croit des refils qu'on cesse sous les raies
on en cuit des reflets qu'on chable sur les RAM
on en dit des reflex qu'on chaîne vers les roies
on en doit des reflux qu'on change chez les roues
on en fait des refrains qu'on chante dans les rues
        toutes les queues dealent menton
        toutes les queux diaprent mentor
        toutes les raies dictent menu
        toutes les RAM dièsent méplat
        toutes les roies diguent mépris
        toutes les roues dîment merbau
        toutes les rues disent merci
menton d'avoir cerclé la vieille démanchée
mentor d'avoir cerné la vielle demeurée
menu d'avoir cessé la vierge déramée
méplat d'avoir chablé la vigne dérayée
mépris d'avoir chaîné la vigueur dérivée
merbau d'avoir changé la villa devisée
merci d'avoir chanté la ville disparue.

[merluche Brussolo
mérule Bukowski
merveille Buzzati
merzlota Calderón
mésange Calvino
mesure Canesi
méthode Caradec
avec des X+1 fonctionnels à la Queneau au lieu des S+7 originels de Lescure]

*

Ému poème pour tous les itinéraires

Prends donc quelque route au hasard
la première déjà s'avèrera la bonne
non point le moindre effet de l'art
sa somptuosité céans on la fredonne

Maints vieux chemins rimaient ainsi
en un vocalisé refrain parmi la rue
maints vieux chemins disaient merci
merci d'avoir loué la cité disparue

[isocélisme en vers hétérométriques]

*

        Écheveau des rues

Comment choisit le banlieusard ?
        D'hab, hasard.
Quelle est la route qu'il fredonne ?
        Mettrons « bonne ».
Que riment les autres ainsi ?
        Ah merci !

Car dans la ville disparue
Sa mélancolie a grossi
Et son chant cuivré tonitrue —
Bazar, mais trombone amer, si.

[ovillejo homophonique]

*

Bricolez vite « on en fait des refrains » pour citer « en des gwokas joyeux » : on sait que l'humble pangramme échafaudé lui est vital.

(Vague luthiste, remplacez « on en fait des refrains » par « en des gwokas joyeux » afin d'obtenir ce chimérique total vu, miel absolu !)

[panscrabblogramme avec les initiales FC comme jokers, décrivant une pangrammisation minimaliste à la Chevrier]

*

Les desseins du raifort

Vantez ce bourricot à visée ahurie.
Nous quittions l'estimé benêt quand nous offrit
La laitière un grand coeur, comme une centurie
De soldats épuisés, et dans l'état d'esprit

D'un lointain descendant de la vierge furie
D'Orléans, dessinant des anges dont on rit.
Ce flamand gode anal fut la mise mûrie
D'un Breton dévêtu quand sa chanson reprit.

Le plomb chinois létal peut-être on glorifie.
Des squelette et disette encore on se méfie
Quand les fonds transformés ont perdu le motif

Gauche des cumulus, déchiffrant la graphie
Des lettres d'un Germain, décent ciseau chétif
Effaçant tout gambiste en sa blême atrophie.
        Cranson (ses vues)

        Prônez âne, vue du hagard.
On sortait du cher sot : ma crémière eut sa bonté
        de l'ost las en Effel (né d'Arc).
Le plug belge y parie : pst ! celte nu, oh fredonna.

        Doutes des tués aiment Xinsi,
os et faim, les re-crains où or change, sans ces vues
        tortes des nues, lisent Merck.
Merck, l'ovoir chaste, ta viole disparut.

[L'obscur sonnet de la colonne de gauche, aux rimes en -i, est la traduction du texte de celle de droite, modifiant une et une seule lettre de chaque mot du poème de Caradec (paronymes).]

*

Un jour   un poète   à Paris
Tentant   d'incertains   safaris
        Se perd   dans des rues
        Aux moeurs   incongrues
Dès lors   ses talents   sont taris

[limerick]

*

        Leitmotiv de l'asphalte

        Optez pour un trajet au sort
s'extirpant du logis le choix princeps est juste
        il n'exige guère d'effort
c'est l'exquis qu'à Lutèce on gringotte et déguste.

        Moult voie en hymnes a migré
en jingles qu'on fourbit sans nulle paralipse
        chaque chemin nous en sait gré
rend grâces d'exalter l'oppidum qui s'éclipse.

[Contrainte « Canada Dry » (promue par François Caradec) : ça a la sonorité d'une contrainte dure, ça a la lourdeur d'une contrainte dure, mais ce n'est pas une contrainte dure.]

*

        Juge l'O.K. rue illico :
Si de chez toi tu sors, au premier trajet pense.
        Vive un pop style off ou rock, oh !
Imagine à Paris l'asphalte qu'on nuance.

        Vos cours font du chahut béat :
Arrive un air depuis aboyé dans l'impasse.
        Or nul vif jogging ne va froid.
Brame l'ad hoc cité que notre siècle efface !

[Les deux quatrains sont indépendamment des hétérodigrammes, c.-à-d. ne réutilisent aucune paire de lettres successives, même entre mots et vers.]


5 mars 2024

Caradec & Carret : dés
[S'inspirant du même poème de Caradec que ci-dessus, Alexandre Carret a proposé une exploration poétique aléatoire & collective des rues de Paris. Mon propre tirage m'a fait tourner à gauche dans la rue des Deux Ponts au moment où Alexandre partait à droite sur le pont Marie. Voici le quatrain holorime que cette rue m'a inspiré.]

Faute, ô ma tombola ! Se court rue des Deux Ponts
L'heureux flair, ami fier, amant tors à la Muse.
Photomaton beau là, secouru d'aide, ponds
Le reflet ramifié ramant. Or, ça l'amuse.


P.S. du 7/3/24 (à 0h pile), jour où les dés d'Alexandre ont choisi d'avancer de quelques pas dans la rue des Nonnains d'Hyères

Célébrons, en passant la rue des Nonnains d'Hyères,
Les quatre-vingt-huit ans du grand Georges Perec,
Sans oublier, pourtant sans fiertés cocardières,
Qu'Estelle Souche est née au même jour — tie-break !
(Car c'est elle en effet qui créa notre liste
Avec David Monniaux et Philippe Bruhat
Selon l'état d'esprit volontiers formaliste
Du Lionnais : il fallait que chacun s'y ruât.)


17 mars – 11 avril 2024

Contraintes de théorie des graphes appliquées à des paires de lettres


3 avril 2024

Rimes voilées décroissantes
[Chaque vers sous-entend la dernière syllabe du précédent, comme s'il s'agissait de rimes plates de vers isométriques. Le mètre diminue donc progressivement, de quatorze à une seule syllabe. Passez votre souris sur le poème pour afficher les homophonies sous-entendues — parfois proches d'holorimes.]

El Descartado
(Le Diminué)

Je suis le ténébreux,   le prince à la tour abolie,
Gloire mortelle et luth   au renom s'assoupissant.
Toi qui m'as apaisé   soucis, pietà jolie,
Rends-moi la treille où tant   l'ana tu ressens,

Le mont napolitain   que des commères
Fleurissent de rosiers,   et l'effet
Vague enfin qui vaut mille amères
Nuits quand mon coeur plaintif est.

Suis-je un avatar, d'ores ?
Effleurant maman
Assez, tu dores

L'aliment
Qu'on fore,
Laure.




[Gloire morte, et l'élu   tôt renonça, sous pissenlits.]
[Toi qui m'as apaisé,   sous six pieds ta geôle issant,]
[Rends-moi la treille où tant   la nature s'enlie,]

[Le mont napolitain   que des commerçants]
[Fleurissent de rosiers,   et l'éphémère]
[Vague enfin qu'y vomit   la mer. Fait]
[Nuit, quand mon coeur plaintif aime ère.]

[Suis-je un avatar d'Orphée]
[Effleurant ma mandore ?]
[As, es-tu dormant ?]

[La limande or]
[Conforme en]
[L'aurore.]

[Voir aussi cette excellente réécriture de la Chanson des rues de Caradec par Daniel Fabre, et ce poème d'Alexandre Carret selon la même structure que ci-dessus]


P.S. du 7/4/24 : au lieu de ne sous-entendre que la rime précédente, chaque vers sous-entend maintenant toutes celles qui le précèdent. Le nième vers voile donc ses n–1 dernières syllabes. Passez votre souris sur les quatrains pour afficher les homophonies sous-entendues.

Maria Casarès aux troquets
Appréciait les martinis
Qui tel Albert Camus
L'enviraient & co.

Son confesseur l'admonesta
Néanmoins : Est-ce l'amant ?
Ains attends les complies,
Le démon vous a !

Maria Casarès aux troquets
Appréciait les Martiniquais
Qui, tel Albert Camus, niquaient,
L'enviraient & communiquaient.

Son confesseur l'admonesta
Néanmoins et se lamenta :
Hein, Satan les complimenta ?
Le démon vous alimenta ?

Autre idée : diminuer le premier mot-rime d'une syllabe à chaque vers mais sans rien sous-entendre. Voici un exemple reprenant le verbe final du premier quatrain ci-dessus.

Le prêtre a communiqué :
Si le juge communie,
Ta peine sera commue
En simple prison & co.

[Voir aussi ces réponses d'Alexandre Carret]


7 avril 2024

Sonnet abécédaire
[Les acronymes de l'alphabet, appelés abécédaires, sont récemment revenus à la mode sur la liste oulipo. Après nos abécédaires rimés de 2007 – 2009, cela m'a donné envie de tenter un sonnet régulier.]

Avec bienveillance,
Ce durcissement
Étend flamboyance
Généralement.

Héritage immense
Jésuitiquement
Kife luminance,
Mange nutriment.

Oulipiennes pages,
Quels rafistolages
Se travailleront ?

Une véridique
Weltanschauung xérique :
Yeux zigzagueront.

[Voir aussi cette réponse d'Alexandre Carret]


11 – 19 avril 2024

Participation aux « tripalins » d'Éric Angelini
[listes palindromes de trois noms présentées comme des rébus. Les longueurs des noms ou groupes nominaux sont indiquées entre parenthèses. Ci-dessous, je commence par un « dipalin », c.-à-d. deux substantifs seulement, et je termine par un « heptapalin », étendu in fine à trente noms d'animaux, c.-à-d. un « triacontapalin ». Les cinq premiers sont monovocaliques en E, et les quatre suivants respectent « la rigidité de l'okapi » (alternance consonne-voyelle). Certains sont difficiles, car ils emploient des mots volontairement longs, donc voici les solutions retournées si vous y tenez.]

Palindrome monovocalique formé de deux noms
(6+9)

*
Palindrome monovocalique formé de trois noms
(5+6+6)

*
Palindrome monovocalique formé de trois noms
(8+7+4)

*
Palindrome monovocalique formé de trois noms
(9+6+6)

*
Palindrome monovocalique formé de trois noms
(6+7+9)

*
Palindrome formé de trois noms
(5+8+2)

*
Palindrome okapi formé de trois noms
(6+8+3)

*
Palindrome okapi formé de trois noms
(6+8+3)

*
Palindrome okapi formé de trois noms
(3+3+11)

*
Palindrome formé de trois noms
(2+8+5)

*
Palindrome formé de trois noms
(6+8+7)

*
Palindrome formé de trois noms
(5+9+7)

*
Palindrome formé de trois noms
(9+8+8)

*
Palindrome formé de trois noms
(3+10+6)

*
Palindrome formé de trois groupes nominaux
(5+10+6)

*
Palindrome formé de trois groupes nominaux
(6+10+7)

*
Palindrome formé de trois noms
(8+11+3)

*
Palindrome formé de trois noms
(5+11+9)

*
Palindrome formé de trois noms
(5+14+8)

*
Palindrome formé de sept noms d'animaux
(3+4+4+5+5+4+4)

*
Palindrome formé de trente noms d'animaux
(3+4+4+4+4+4  +  3+8+4+4+7+5  +  8+3+3+4+6+5  +  5+3+3+4+7+3  +  5+5+5+4+4+4)

*
*   *

P.S. : Ces trois rébus palindromes dévient des règles d'Éric Angelini
et sont indéchiffrables, donc j'en donne immédiatement les solutions.

Palindrome formé de trois noms
(2+11+5)
Aa, moureillier, Uomaa.

*
Palindrome formé de deux groupes nominaux
(16+7)
Télémètres à laser, Temelet.

*
Palindrome formé de trois groupes nominaux
(5+17+13)
Ségas, sa prédécesseresse, céder-passages.

*
*   *

P.P.S. : deux triplets de toponymes, le premier citant les 18 lettres
d'un village sri-lankais, le second atteignant une somme de 35 lettres.

Palindrome formé de trois toponymes
(8+18+3)
Sawa Yiti, Pahalawalahapitiya, Was.

*
Palindrome formé de trois toponymes
(9+16+10)
Sare Mórsô, Labalaba-labalaba, Los Romeras.

[Voir ce message adressé à la liste oulipo pour deux variantes du second, respectivement monovocalique en A et selon la rigidité de l'okapi, puis trois autres solutions un peu plus courtes. Voir aussi mes précédentes listes palindromes de toponymes.]


21 avril 2024

Hommage à la très sensible oulipote Annie Hupé, pour son anniversaire


26 – 27 avril 2024

Abécédaires syllabiques
[Louis Couturier a proposé à la liste oulipo une variante des abécédaires, où les 26 lettres de l'alphabet ne démarrent plus les mots mais les syllabes successives. En voici trois de ma plume, sans hiatus entre les mots ni E caducs entre voyelle & consonne. Le second en argot est en fait aussi un abécédaire classique, car il n'emploie que des monosyllabes. Les deux autres évitent les liaisons avant les voyelles de l'abécédaire, comme Louis le recommande. Le dernier tente d'employer le plus de mots possible, ici 34.]

Conseils vestimentaires
À brocardée en fringue (« Haïk junk, eh ! »), lme néo-piqûreuse trie un vrai wax : « Ayez-en ! »

Obsession d'un colistier
À bout, ce dard en feu Gab hait-il ? Je ken la meuf nue, ô pouf qui rit sur ton urf vit. Wow, X y zieute !

Quels oiseaux clament leur bonheur
De posséder l'arbre ou la fleur ?
Que tes grands flots, rétro nature,
Érodent port et nef obscure !

Au bruit, c'est d'oie et fou geai :
« Haie, if, ... j'ai. Kitch, l'on m'oit. » N'aie
oh ! pas qu'un ru : s'y troue
un vieux wharf, xir yacht, zou !


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Last modified : April 27th, 2024